L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1947, Taïwan, 28 février, massacre Bruno Teissier 1947, Taïwan, 28 février, massacre Bruno Teissier

28 février : le massacre du « 228 » à Taïwan, symbole des années de dictature

Depuis vingt ans, le 28 février est un jour férié à Taïwan (le 2-28) qui commémore un massacre qui remonte à 1947 et fait resurgir toute la mémoire des quatre décennies de dictature du KMT qui ont suivi.

 

Depuis vingt ans, le 28 février, Peace Memorial Day (和平纪念日) est un jour férié à Taïwan qui commémore un massacre qui remonte à 1947. Ce jour-là, une altercation entre un membre du Kuomintang (KMT) et une vieille femme vendant des cigarettes de contrebande avait dégénéré en émeute populaire et en tuerie. Le nombre des victimes se comptait en dizaines de milliers.

Le KMT était le parti de Tchang Kaï-chek, l’adversaire nationaliste de Mao. Vaincu par les communistes, le parti, puissamment armé, s’était replié sur l’île de Taïwan où il avait pris le pouvoir. La population était exaspérée par cette occupation « continentale » et multipliait les manifestations. Le 28 février, l’ordre a été donné de tirer sur la foule des manifestants en colère. La répression dans les milieux d’opposition durera jusqu’en mai 1947 et fera quelque 20 000 victimes.

Ce massacre du « 228 » (二二八事件) a été le prélude à près de quatre décennies d’une dictature du KMT. La loi martiale n’a été levée qu’en 1987 et il a fallu attendre 1995 pour que le tabou soit levé, que des excuses officielles soit prononcées et que l’on envisage de dédommager les familles des victimes. Depuis 2003, l’événement fait l’objet de commémoration officielle. En 2011, un Musée du 228 a été inauguré (le site du Mémorial dédié à l’événement).

Quant au KMT, c’est aujourd’hui un parti conservateur qui a tourné la page de la dictature. Il est revenu au pouvoir en 2008, par les urnes, et il est resté la première force politique taïwanaise jusqu'en 2016. Le KMT est maintenant dans l’opposition, mais dirige la plupart des villes du pays. En 2018, a été mise en place la Commission indépendante de justice transitionnelle, par l'administration du président Tsai Ing-wen (蔡英文) dont la tâche est de reconstituer les actions du régime KMT entre le 15 août 1945 et le 6 novembre 1992, afin de dresser un tableau aussi complet que possible des crimes commis par l'État. Comme en Espagne, le souvenir de la dictature est un passé qui ne passe pas et resurgit sans cesse tant que tout n’a pas été exposé, raconté, dévoilé. En 2019, un homme s’en était pris à la statue de Chiang Kai-shek au Memorial Hall (中正 紀念堂) la veille du 28 février, pour protester contre la lenteur de la justice transitionnelle. Depuis, cette statue est protégée par la police chaque 28 février car beaucoup demandent qu’elle soit retirée de l’espace public.

À Taipei, les militants marchent depuis Nanjing West Road dans le district de Datong à partir de 09h00 , ce 28 février 2023. Le programme des manifestants est de passer devant plusieurs points de repère de la ville, notamment la maison de thé Tianma, l'ancienne succursale du Monopoly Bureau Taipei, le mémorial Taipei 228, l’ancienne station de radiodiffusion de Taipei (qui est aujourd'hui le musée commémoratif de Taipei 228) et l'Executive Yuan. Chaque année, des centaines de personnes pourraient participent pacifiquement aux manifestations. Pour ce 228 Memorial Day, les autorités ont fermé des routes le long du parcours de la marche de protestation à partir de 15h00 le 27 février.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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The Horrifying Inspection (恐怖的 檢查), gravure de Huang Rong-can

The Horrifying Inspection (恐怖的 檢查), gravure de Huang Rong-can

Le gouvernement de Taïwan organise une cérémonie commémorative au Mémorial de l'incident du 228

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1947, Italie, 10 février, massacre Bruno Teissier 1947, Italie, 10 février, massacre Bruno Teissier

10 février : la Journée du souvenir du massacre des italiens d’Istrie

La Giornata del ricordo, instaurée en 2004, invite à se souvenir des victimes italiennes des massacres opérés par les forces yougoslaves entre septembre 1943 et mai 1945. La plupart ont été jetées dans les foibe, ces cavités naturelles du littoral adriatique, parfois encore vivantes…

 

La Giornata del ricordo (le Jour du souvenir) instaurée en 2004, invite à se souvenir des victimes italiennes des massacres opérés en Istrie et alentours par les forces yougoslaves entre septembre 1943 et mai 1945. La plupart ont été jetés dans les foibe, ces cavités naturelles du littoral adriatique, parfois encore vivantes. Ainsi ont péri quelque 1500 à 2000 personnes, selon les historiens ; 10 000, selon les organisations de rapatriés italiens. Ces opérations de nettoyage ethnique n’ont vraiment cessé qu’au début de 1947. La date du 10 février est celle du traité de paix signé à Paris entre la Yougoslavie et l’Italie, en 1947. Le souvenir est très vif en Italie, où de nombreuses associations cultivent cette mémoire. On oublie souvent que des atrocités ont été commises par les deux camps, notamment par les troupes italiennes qui pratiquèrent parfois une stratégie de la «terre brûlée» inspirée des méthodes allemandes. 

Les territoires concernés : l’arrière-pays de Trieste, l’Istrie, Rijeka (Fiume), Zadar (Zara)… ont été acquis par le royaume d’Italie en 1918. 42% des habitants (celle des villes principalement) étaient italiens, 58% étaient slaves (Slovènes et Croates). La région a subi pendant deux décennies une politique d’italianisation à outrance et de racisme à l’égard des Slaves ce qui explique la violence des réactions dans les années qui ont suivi la chute du régime fasciste. Avec l’arrivée au pouvoir des communistes yougoslaves, le processus s’est inversé, les villes ont été slavisées et la population italienne, très pro-fascistes dans les années 1930 et 1940, a été massivement chassée vers la péninsule italienne.

Aujourd’hui, ces régions sont situées en Slovénie et en Croatie, les Italiens n’y représentent plus qu’une petite minorité. Les Italiens réclament des indemnités, Slovènes et Croates leur répondent en chiffrant les victimes yougoslaves du fascisme italien à plusieurs dizaines de milliers. Cette guerre des mémoires profite aux extrêmes droites des différents pays, lesquelles sont très influentes dans les deux pays. Les partis de gauche s’étaient exprimés contre l’instauration d’une telle commémoration en raison de son caractère revanchiste et profasciste.

Peu de temps après l'instauration du Jour du Souvenir en Italie, la Slovénie a décidé de créer un Jour du retour du Littoral à la patrie (Dan vrnitve Primorske k matični domovini), marqué chaque année, le 15 septembre, date d'entrée en vigueur du traité de paix avec l'Italie.

Depuis 2014, on organise, le dimanche plus proche du 10 février, une course à pied de 10 km à Rome dans le quartier de Giuliano Dalmata, appelée la Corsa del Remembrance. En Trieste, la même course est organisée depuis 2017.

La  Foiba di Basovizza à Trieste est le lieu de mémoire le plus important d'Italie concernant cette commémoration. Chaque année, une cérémonie participative et solennelle s’y déroule à partir de 10h30.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1953, Sao-Tomé et Principe, massacre, martyrs, 3 février Bruno Teissier 1953, Sao-Tomé et Principe, massacre, martyrs, 3 février Bruno Teissier

3 février : les 70 ans du terrible massacre de Batepá à São-Tomé-et-Principe

L’archipel de São-Tomé-et-Principe commémore un terrible massacre opéré par les colonisateurs portugais qui fit des centaines de morts, le 3 février 1953 autour du village de Batepá.

 

Ce matin, une grande marche pour la liberté relie la capitale São Tomé à la zone de Fernão Dias, district de Lobata, au mémorial du Massacre-53 (ou massacre de  Batepá), lieu de la principale cérémonie sur la plage de Fernão Dias. Chaque année, le 3 février, la république São-Tomé-et-Principe commémore un terrible massacre opéré par les colonisateurs portugais qui fit des centaines de morts, le 3 février 1953 autour de Batepá, un village situé près de Trindade, à une dizaine de kilomètres de Sao Tomé, la capitale du pays. Cette année, c’est le Premier ministre, Patrice Trovoada, qui conduit la marche.

En ce jour de 1953, des colons portugais du gouvernement ont assassiné des centaines de créoles - indigènes de São Tomé - sous prétexte d'un complot communiste. Ce massacre est une réponse aux manifestations des créoles (ou filhos da terra) qui refusaient de travailler dans les conditions difficiles de la récolte du café, qu’ils percevaient comme une forme d’esclavage. Avec l'abolition de l'esclavage en 1875, l'archipel s’est en effet retrouvé confronté à une pénurie de main-d’œuvre en raison du boom du cours du cacao. Les autorités coloniales ont dû faire venir des contractuels (serviçais) d'Angola, du Cap-Vert et du Mozambique. Ces derniers, manipulés par les autorités coloniales, ont aussi participé aux massacres dirigés par Carlos Gorgulho, le gouverneur, représentant du gouvernement portugais. Ces massacres de Batepá se soldèrent par des centaines de morts, voire un millier, à cause de la violence armée, de l'étouffement dans les cellules des prisons, de la torture et même des incendies volontaires.

La terrible répression menée par les autorités coloniales portugaises a fortement contribué à l'émergence d'un sentiment nationaliste santoméen qui aboutira à l'indépendance en 1975.

La république de Sao Tomé-et-Principe commémore chaque année les événements tragiques du 3 février 1953, sous le nom de Martires da Liberdade (Fête des martyrs de la Libération). La première commémoration date du 3 février 1975, avant même l'indépendance, proclamée le 12 juillet 1975. La principale cérémonie se déroule au mémorial de Fernão Dias, dépôt de gerbe et ravivage de la flamme, suivit d’une messe en plein air. La journée est fériée et chômée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La marche pour la liberté du 3 février (la tradicional marcha da liberdade em honra aos heróis de 53)

Le monument à la mémoire des martyrs du 3 février 1953, œuvre de l’architecte Alexandre d'Alva, érigé en 2015 sur la plage de Fernão Dias, au nord de l'île de São Tomé.

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1937, URSS, Ukraine, Russie, massacre, 15 décembre, Grèce, déportations Bruno Teissier 1937, URSS, Ukraine, Russie, massacre, 15 décembre, Grèce, déportations Bruno Teissier

15 décembre : la diaspora grecque commémore la purge dont elle a été victime en URSS

Le 11 décembre 1937, le gouvernement soviétique ordonnait une vaste purge parmi la communauté grecque. Ce fut l’une des plus sanglante de l’époque de la Grande Terreur en URSS : plus de 90% des personnes arrêtées ont été exécutées. D’autres ensuite ont été déportés en masse.

 

Le 15 décembre 1937, le commissaire du peuple aux Affaires intérieures de l’URSS, Nikolai Yezhov a signé le décret n ° 50215 déclenchant une vague d’arrestation visant la communauté grecque. À l’époque plus de 300 000 Grecs vivaient en URSS. C’est la mémoire de cette purge sanglante qui est commémorée dans la diaspora grecque plus qu’en Grèce elle-même : Ελληνική Επιχείρηση του NKVD 15 Δεκεμβρίου.

Le 20 juillet 1937, une première purge opérée par le NKVD avait visé les Allemands vivant en URSS, puis ce fut les Polonais, le 9 août, puis les Japonais, les Coréens, les Estoniens et Finlandais, les Iraniens et bien d’autres… Mais la plus sanglante de toutes fut sans doute l’ « Opération hellénique », selon le jargon stalinien de la période de la Grande Terreur : plus de 90% des quelque 22 000 Grecs emprisonnés du 15 décembre 1937 à mars 1938 ont été exécutés. Les élites ont été particulièrement visées, on a décapité les théâtres, les écoles de langues grecques… même des communistes grecs réfugiés en URSS pour fuir la dictature de Metaxas. Parmi les victimes de cette première série d’exécutions, figure Konstantin Chelpan, l’ingénieur qui a conçu le moteur du char soviétique T-34 et qui a reçu pour cela le prix Lénine. Ce char d’assaut a été un élément décisif de la victoire soviétique sur les Allemands lors de l’opération Barbarossa. Mais Chelpan n’a pas vécu cette victoire de l’URSS puisqu’il a été exécuté le 4 février 1938, après avoir dû avouer sous la torture qu’il dirigeait une organisation contre-révolutionnaire nationaliste grecque, complotant pour saboter une usine de Karkhiv.

Les persécutions de la communauté grecques ont particulièrement touché Azov, Odessa, la Crimée, Kharkiv, Kyiv, Donetsk et Krasnodar où vivait une grande partie de la communauté grecque soviétique, mais aussi Donetsk et Marioupol, des villes en grande partie grecques. Les campagnes ont été également très touchées par la “dékoulatisation” visant les Grecs, dans le village ukrainien de Stila, par exemple, au printemps 1938, pas un seul homme âgé de 18 à 60 ans n'avait été laissé en vie. Les purges ont duré 13 ans et contrairement à ce qu’ont vécu d’autres peuples comme les Tatars de Crimée, il n’y a eu aucune réhabilitation ultérieure prononcée par les autorités soviétiques. Les vagues d’arrestations suivantes ont surtout conduit à des déportations massives au goulag, principalement dans la Kolyma, dans l’extrême orient sibérien ou dans les steppes du Kazakhstan. Un grand nombre de ces détenus sont morts de maladie, d’autres se sont suicidés. Les morts massives ont commencé à l’automne 1938 avec les grands froids. Une libération à grande échelle eut lieu pendant l’hiver 1947-1948, mais, seule une petite moitié des prisonniers sont rentrés des camps. De 1937 à 1949, Staline a exterminé 38 000 Grecs.

Récemment, en Ukraine on a construit des monuments à leur mémoire et on discutait de faire du 15 décembre un jour de mémoire. Ce jour-là, des Grecs du monde entier ont une pensée pour les victimes, bien oubliée, de l'opération grecque du NKVD. La date est importante pour de nombreux Grecs, en particulier ceux dont les proches ont été tués pendant la purge. Ce n’est pas un jour commémoratif officiel en Grèce où cet épisode de l’histoire a été longtemps occulté. La Grèce aurait pu sauver beaucoup d’entre eux. Une fois passée la purge sanglante du 15 décembre, Staline proposait de laisser partir la communauté grecque d’URSS, mais Metaxas, le dictateur grec d’extrême droite, ne souhaitait pas le rapatriement de communistes grecs. Après des négociations acharnées, 10 000 visas furent tout de même délivrés par Athènes sur 40 000 demandes déposées, principalement accordés à des femmes et à des enfants de Grecs arrêtés. Une partie des malchanceux sont morts en Sibérie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 décembre 2022

 

Des familles réunies pour inaugurer un premier mémorial en Sibérie peu après la chute de l’URSS

Un mémorial à Krasnodar avec la liste des victimes

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1932, Suisse, massacre, manifestation politique, 9 novembre Bruno Teissier 1932, Suisse, massacre, manifestation politique, 9 novembre Bruno Teissier

9 novembre : il y a 90 ans, l'armée suisse tirait sur la foule des manifestants

Le 9 novembre 1932, à Genève, l’armée tirait sur une foule tentant d’empêcher un meeting d’une organisation fasciste. Les 13 morts de cette fusillade sont commémorés chaque année par la gauche genevoise.

 

Le 9 novembre 1932, l’extrême droite fasciste genevoise organisait un meeting à la salle communale de Plainpalais pour une mise en accusation publique de deux leaders de la gauche genevoise : Léon Nicole et Jacques Dicker. Pour empêcher ce meeting, une manifestation ouvrière réunit plusieurs milliers de personnes. Craignant des troubles, le Conseil d’État fait appel à l’armée qui envoie de jeunes recrues inexpérimentées encadrées par des officiers qui leur font croire qu’une révolution de type bolchevique a éclaté à Genève. Pressée par les manifestants devant l’ancien Palais des expositions (actuellement Uni-mail), l’armée tire dans la foule à 21 h 34 sans sommation, assassinant en quelques secondes 13 personnes et en blessant des dizaines d’autres… Les victimes sont surtout des passants et des curieux plus que des militants socialistes.

Aucun soldat ne sera poursuivi, en revanche, le lendemain, Nicole et six autres socialistes sont arrêtés, rendus responsables de ces événements puis écroués à Saint-Antoine. En mai 1933, à l'indignation générale de l'opinion publique, Léon Nicole sera condamné par une cour d'assises fédérale à 6 mois de prison. Une fois relâché, Léon Nicole a repris la direction du parti socialiste genevois et est devenu président du Conseil d'Etat le 1er décembre 1933. Genève a connu le premier gouvernement à majorité de gauche en Suisse. Celui durera jusqu’en 1936.

En 2016, le gouvernement genevois demande la réhabilitation nationale des sept condamnés : Léon Nicole, Auguste Millasson, Francis-Auguste Lebet, Jules Daviet, Albert Wütrich, Francis Baeriswyl et Edmond Isaak par une cour d'assises fédérale le 3 juin 1933 à 6 mois de prison. Ces personnes avaient été défendues par Jacques Dicker, l'arrière grand-père de l'écrivain Joël Dicker. Cette réhabilitation sera refusée par Berne en 2019. Un refus qui n'empêche pas une partie des Genevois de perpétuer leur devoir de mémoire, à chaque date anniversaire.

Cette année, pour les 90 ans du drame, e comité intersyndical et des organisations politiques organisent une cérémonie en leur hommage en réitérant le mot d’ordre « Plus jamais ça ! » La cérémonie commence à 18h devant la Pierre du 9 novembre, en face d’Uni-Mail. Une exposition et une conférence marquent aussi l’événement.

La pierre commémorative a été installée en 1982, pour le cinquantenaire de l’évènement. Elle est régulièrement vandalisée, preuve que les tensions qui ont divisé Genève dans les années 1930, en très le Parti socialiste et l’Union nationale de Georges Oltramare, ne sont pas totalement éteintes.

Aux lendemains de la fusillade du 9 novembre, craignant une remise en cause de l’ordre établi, les autorités procèderont en Suisse à plus de 200 arrestations dans les milieux ouvriers. Des troupes seront mobilisées dans les cantons de Genève, Vaud, Berne et Zürich. Les distributions de tracts et manifestations seront interdites dans la plupart des villes du pays. Les journaux ouvriers seront empêchés de publication, d’autres soumis à relecture. Le drame reste une date charnière de le l’histoire politique de la Suisse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2022

 
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1907, Slovaquie, massacre, 27 octobre Bruno Teissier 1907, Slovaquie, massacre, 27 octobre Bruno Teissier

27 octobre : la Slovaquie commémore un massacre

Ce massacre a été opéré , le 27 octobre 1907, par l’armée hongroise dans un village de Slovaquie, où l’on protestait notamment contre la magyarisation de la Slovaquie.

 

Le Jour de la tragédie de Černová (Tragický deň Černovej) est observé chaque année en souvenir d’un massacre opéré par l’armée hongroise dans un village de Slovaquie, le 27 octobre 1907. À cette époque, l’actuelle Slovaquie n’était qu’une province slave du nord de la Hongrie et elle-même, une partie de l’Empire austro-hongrois.

Les habitants du village Černová voulaient faire consacrer leur nouvelle église par leur curé, Andrej Hlinka. Or celui-ci était en prison car il militait contre la magyarisation de la Slovaquie et pour son indépendance. Le jour de la consécration de l’église, les fidèles ont vu arriver un autre prêtre envoyé par l’évêque de Spiš. En réponse à leur manifestation de mécontentement, l’armée a tiré sur la foule faisant 15 morts, 10 blessés graves et 60 blessés légers. En outre, 38 villageois (22 hommes et 16 femmes) ont été condamnés à 36,5 ans de prison. L'événement a eu une grande répercussion internationale, jusqu’en Amérique où l diaspora slovaque s’est manifestée. La Diète de Vienne décide alors de demander au gouvernement hongrois d'arrêter la persécution des Slovaques.

Un monument, situé dans le cimetière, est dédié au drame de 1907 et ainsi qu’une plaque sur le site de la tragédie. La localité de Černová commémore cet événement chaque année et la journée est également marquée au niveau national.

Figure de proue du mouvement national slovaque, Andrej Hlinka fera une carrière politique après 1918, à la tête du Parti populaire slovaque Hlinka (HSĽS), extrême droite catholique et nationaliste.  Il n'a jamais bénéficié de trop de sympathie dans la société tchèque en tant que politicien autonomiste slovaque pouvant mettre en péril de nouvel État tchécoslovaque. Au fil du temps, la tragédie de Černová est tombée dans l'oubli principalement parce que Andrej Hlinka (1864-1938) en était le principal protagoniste. Mort en 1938, son nom sera occulté de l’histoire officielle entre 1945 et 1989, pour réapparaître ensuite comme figure de proue du mouvement national slovaque. Son portrait figurera sur les billets de 1000 couronnes. L'anniversaire des événements du 27 octobre 1907 est célébré en Slovaquie comme le jour commémoratif de la tragédie de Tchernivtsi (ou Černová).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 octobre 2022

 
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1982, Liban, Palestine, Israël, 17 septembre, massacre Bruno Teissier 1982, Liban, Palestine, Israël, 17 septembre, massacre Bruno Teissier

17 septembre : il y a 40 ans, au Liban, le massacre de Sabra et Chatila

Les Palestiniens commémorent les 3000 morts des deux camps de réfugiés de la banlieue de Beyrouth. Les 16 et 17 septembre 1982, la population civile, sans défense, était massacrée par les phalangistes (extrême droite libanaise) alors que l’accès aux camps était contrôlé par l’armée israélienne.

 

Les Palestiniens commémorent les quelque 3000 morts des deux camps de réfugiés de la banlieue de Beyrouth, en majorité des femmes et des enfants. Les 16 et 17 septembre 1982, la population civile, sans défense, était massacrée par les phalangistes (extrême droite libanaise) .

Cette partie du Liban était alors sous occupation israélienne. Les accès aux camps étaient sous la responsabilité de soldats israéliens, sous commandement d’Ariel Sharon. Ces derniers ont permis l’entrée des phalangistes et laissé s’opérer le massacre sans intervenir pendant pas moins de 38 heures ! Ce nettoyage ethnique par procuration est l’une des pages les plus noires du conflit israélo-palestinien mais aussi de l’histoire du Liban.

Le 28 mars 1991, le Parlement libanais a exempté, rétroactivement, de toute responsabilité pénale les miliciens de toutes les factions libanaises impliquées dans les crimes et massacres commis au Liban par une loi d’amnistie générale, y compris ceux de Sabra et Chatila. Les responsables ne feront l’objet d’aucune poursuite. Ariel Sharon est alors ministre de La Défense d’Israël. Après une enquête officielle, il écopera d’un blâme et finalement démissionnera en février 1983. Plus tard, il deviendra premier ministre. Quant à Elie Hobeika, le chef des phalangistes, il sera plus tard ministre dans plusieurs gouvernements libanais, mais il mourra dans un attentat à la voiture piégée à quelques mètres de son domicile.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1995, Bosnie-Herzégovine, 11 juillet, massacre Bruno Teissier 1995, Bosnie-Herzégovine, 11 juillet, massacre Bruno Teissier

11 juillet : la mémoire de Srebrenica

Cérémonie à la mémoire des 8372 hommes et adolescents musulmans de Bosnie massacrés à Srebrenica par les forces serbes en juillet 1995. Chaque 11 juillet, des dizaines de milliers de personnes se retrouvent au mémorial de Potočari… Cette année, l’ONU organise une commémoration officielle.

 

Cérémonie à la mémoire des 8372 hommes et adolescents musulmans de Bosnie massacrés à Srebrenica par les forces serbes en juillet 1995. Chaque année, le 11 juillet, pour la Commémoration de Srebrenica (Komemoracija u Srebrenici) des dizaines de milliers de personnes se retrouvent au mémorial de Potočari, créé en mémoire des victimes et inauguré en 2003 par Bill Clinton. Dans les années 2010 encore, l'identification et la ré-inhumation des corps se poursuivaient.

Au début de l'été 1995, 25 000 habitants de la périphérie de Srebrenica cherchent à rejoindre le camp de réfugiés installé par les forces des Nations unies. Seuls 5 000 femmes, enfants et personnes âgées peuvent être accueillis par le bataillon hollandais. Le 11 juillet 1995, le général serbe Ratko Mladic et ses troupes entrent dans la zone de Srebrenica pour prendre le contrôle de la ville. "Nous sommes aujourd'hui, 11 juillet 1995, dans la ville serbe de Srebrenica. La veille d'un grand jour pour la nation", annonce-t-il à l'époque devant les caméras de télévision. "Nous allons rendre la ville à la nation serbe. Le temps est venu de prendre notre revanche sur les musulmans", précise-t-il. À l'annonce de cette offensive, des milliers d'hommes et d'enfants se précipitent pour fuir la ville pour rejoindre Tuzla en traversant la montagnes et rejoindre Tuzla, à quelques dizaines de kilomètres au nord-ouest de Srebrenica. L'armée serbe déploie alors ses hommes dans les bois alentour. C'est le début d'une opération génocidaire à l'origine de la mort de milliers de Bosniaques : la plupart sont exécutés d’une balle dans la nuque après avoir été pris par les forces serbes. Lesquelles font appel à des bulldozers pour creuses des fosses où faire disparaitre les cadavres.

Le 11 juillet 1995, plus de 8000 Musulmans bosniaques étaient ainsi massacrés par l'armée serbe à Srebrenica. La Cour internationale de Justice (CIJ) et le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) ont reconnu le caractère génocidaire du massacre (le pire en Europe depuis la Seconde guerre mondiale). En 2015, La Russie mettait son veto à la reconnaissance par l'ONU du caractère génocidaire de ce massacre.

Finalement, l’ordonnateur de ce massacre, le chef des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, a été condamné par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie le 20 mars 2019. Il a malheureusement inspiré des tueurs comme celui de Christchurch. À ce jour, 47 personnes ont été condamnées à plus de 700 ans de prison pour ces crimes.

Jusqu'à présent, 6 671 victimes du génocide commis en juillet 1995 ont été enterrées au Centre commémoratif de Potocari-Srebrenica, tandis que quelques centaines autres victimes ont été enterrées dans d'autres lieux, selon les souhaits des familles des victimes. Environ 1 000 personnes sont toujours portées disparues.

En juillet 2021, le Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine, Valentin Inzko, décide d’utiliser son pouvoir discrétionnaire pour modifier le code pénal et interdire le déni du génocide Srebrenica et des crimes de guerre qui l'accompagnent. Cette décision entraine la protestation des nationalistes serbes, lesquels demeurent dans le dénis des massacres, et le blocage des principales institutions de la Bosnie-Herzégovine. Cette page sombre de l’histoire sombre a également été occultée de l’enseignement de l’histoire en Serbie.

La guerre en Ukraine ravivent aujourd’hui le souvenir de ces massacres que la communauté internationale a été incapable d’éviter.

En mai 2024, l’Assemblée générale des Nations Unies a instaurée une journée intitulée « Journée internationale du souvenir et de la commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995 ». La Mission permanente de la Bosnie-Herzégovine auprès de l'ONU à New York organise aujourd’hui la première commémoration officielle à l'ONU à haut niveau, à l'occasion du 29e anniversaire du génocide des Bosniaques à Srebrenica en 1995. Comme annoncé, la commémoration a lieu dans la salle plénière de l'Assemblée générale des Nations Unies le 11 juillet à 11h00 heure locale (17h00 CET), avec une retransmission en direct sur la télévision de l'ONU.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 juillet 2024

 
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1957, Togo, massacre, lutte pour l'indépendance, 21 juin Bruno Teissier 1957, Togo, massacre, lutte pour l'indépendance, 21 juin Bruno Teissier

21 juin : les Togolais célèbrent les martyrs de la lutte pour l’indépendance

Ce jour férié au Togo fait référence au massacre de Pya-Hodo, le 21 juin 1957. L’armée coloniale tirait dans la foule des manifestants, faisant 20 morts. C’était il y a 65 ans.

 

Ce jour férié au Togo fait référence à un massacre qui a eu lieu il y a 65 ans, le 21 juin 1957. Ce jour-là, une délégation de l’ONU visitait le pays, à Pya-Hodo (dans la Kozah), la population en a profité pour manifester contre la tutelle française qui s’imposait au pays. Devant la colère des manifestants, protestant contre l’arrestation du nationaliste togolais, Bouyo Moukpé, l’armée coloniale a tiré sur la foule qui fréquentait le marché d’Hoda, faisant 20 morts et de nombreux blessés. Les indépendantiste s’opposaient à l’application de la loi-cadre du 23 juin 1956 dite “loi Gaston Deferre”. Le Togo n’était pas une colonie mais un territoire confié par l’ONU à la France. Après ce drame, celle-ci sera contrainte d'organiser des élections sous surveillance d’émissaires onusiens. L’indépendance ne sera toutefois obtenue que le 27 avril 1960.

La commémoration a lieu chaque année, le 21 juin, mais ce Jour des martyrs, férié et chômé ne date que de 2021. Il commémore tous les morts de la lutte pour l’indépendance, pas seulement les victimes du massacre de Pya-Hodo. Dans cette localité du pays kabiyè une stèle de marbre blanc a été érigée. Il y est inscrit « Ils sont morts pour que vive le Togo ». À Lomé, le chef du gouvernement dépose une gerbe à la place des martyrs. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Komi Sélom Klassou devant la stèle de Pya-Hodo, 21 juin 2018

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1992, Bosnie-Herzégovine, massacre, 31 mai Bruno Teissier 1992, Bosnie-Herzégovine, massacre, 31 mai Bruno Teissier

31 mai : la Journée du ruban blanc en Bosnie, souvenir des massacres de 1992

Chaque 31 mai, la Bosnie-Herzégovine se souvient des 3 176 habitants de la ville Prijedor tués ou portés disparus pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine. Chaque année, les autorités locales serbes font tout pour entraver la célébration.

 

Chaque 31 mai, la Bosnie-Herzégovine se souvient des 3 176 habitants de la ville Prijedor tués ou portés disparus pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine.

Parmi eux, 102 enfants, tués entre 1992 et 1995, dont les parents réclament avec insistance l'érection d'un monument, ce que les autorités municipales de Prijedor, contrôlées par les Serbes, refusent toujours.

Rappelons que le symbolisme des rubans blancs remonte au 31 mai 1992, lorsque les autorités serbes de Bosnie à Prijedor (et plus tard dans d'autres localités) ont donné l’ordre, via la radio locale, à la population non serbe de marquer leurs maisons avec des drapeaux blancs et de porter un ruban blanc autour de leurs manches pour que les non-Serbes puissent être repérés dans la rue. Une pratique qui rappelle tragiquement l’étoile jaune imposée aux juifs d’Europe, pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce fut le début d'une campagne d'extermination au cours de laquelle des exécutions massives, des viols et d'autres crimes ont été perpétrés, et le résultat final a été la disparition de 94 % des Bosniaques et des Croates de la municipalité de Prijedor en Bosnie-Herzégovine.

Les crimes à Prijedor avaient commencé par des attaques des forces serbes contre des colonies bosniaques sur Mataruški brd le 22 mai, suivies d'une attaque contre Kozarac le 24 mai, suivie de l'ouverture des camps de Keraterm, Omarska et Trnopolje entre le 26 et le 30 mai, où d'horribles atrocités. Plus de 400 charniers ont été découverts, dont celui de Tomasica, le plus grand charnier des Balkans, découvert en 2013.

La célébration dite du Ruban blanc (Dan bijele vrpce) a débuté en 2012 pour le 20e anniversaire des massacres. Elle consiste en une procession silencieuse des familles des victimes dans les rues de la ville. Cette année, ce 31 mai 2022, pour le 30e anniversaire, les autorités locales (serbes) ont interdit la marche et n’ont autorisé qu’un bref rassemblement sur la place Major Zoran Karlica pendant une durée limitée de 12h00 à 13h00, sous preste de risque de trouble à l’ordre public. Par provocation, ce 31 mai 2022, une organisation de jeunesse serbe avait envisagé d’organiser à Prijedor, une fête d’anniversaire en l’honneur de… Viktor Orbán, le caudillo hongrois, né justement un 31 mai. Fumeux prétexte, juste pour semer le trouble et entraver le travail de mémoire des familles.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mai 2022

 

Manifestation à Zagreb

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1978, Namibie, massacre, 4 mai Bruno Teissier 1978, Namibie, massacre, 4 mai Bruno Teissier

4 mai : la Namibie commémore le massacre de Cassinga

Les Namibiens se souviennent d’un massacre opéré par les forces sud-africaine en 1978

 

Cassinga Day est un jour férié en Namibie qui commémore la bataille de Cassinga, également connue sous le nom de Massacre de Cassinga ou Cassinga Raid, qui a eu lieu le 4 mai 1978, pendant la guerre frontalière de l'Afrique du Sud.

La guerre frontalière sud-africaine était étroitement liée à la guerre d'indépendance namibienne et à la guerre civile angolaise. Cela a commencé en 1966 par un affrontement entre la police sud-africaine et la South West Africa People's Organization (SWAPO). La SWAPO était un mouvement de libération nationale namibien.

Cassinga était une ville abandonnée en Angola utilisée par la SWAPO comme base militaire et camp de réfugiés. Le 4 mai 1978, elle est attaqué par l'aviation sud-africaine. L'attaque a entraîné la mort d'environ 600 personnes, combattants et civils. Parmi les victimes, il y avait de nombreux enfants, adolescents et femmes. Mais aussi des combattants cubains.

La bataille de Cassinga a longtemps fait l'objet de débats houleux, car on ne sait pas si Cassinga était un camp militaire, un camp de réfugiés ou les deux, et par conséquent si le raid était une opération militaire ou un massacre de civils innocents.

Le jour de Cassinga en Namibie est marqué par des cérémonies solennelles qui se déroulent à Heroes 'Acre, le mémorial de guerre officiel du pays situé à l'extérieur de la capitale de Windhoek. Ces cérémonies sont suivies par l'actuel président de la Namibie et d'autres personnalités politiques importantes.

Le 4-Mai est commémorée comme un jour férié dans la région. On vient nettoyer les tombes (restées anonymes). Le gouvernement a promis un mémorial.

 
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1940, Pologne, URSS, Russie, massacre, 13 avril Bruno Teissier 1940, Pologne, URSS, Russie, massacre, 13 avril Bruno Teissier

13 avril : à Katyn, le massacre des élites polonaises sur ordre de Moscou

Pologne célèbre par un jour férié, la Journée du souvenir des victimes du massacre de la forêt de Katyń au printemps 1940 par les Soviétiques.

 

Le 13 avril est désigné en Pologne comme la Journée du souvenir des victimes du massacre de la forêt de Katyń (Dzień Pamięci Ofiar Zbrodni Katyńskiej) en 1940. Longtemps Moscou a nié le crime et en a accusé les nazis. Ce n’est qu’en 1990, à l'occasion du 50e anniversaire du massacre, que l'Union soviétique a officiellement reconnu sa responsabilité dans la mort de plus de 20 000 Polonais sommairement exécutés par le NKVD (le Commissariat du peuple aux affaires intérieures) au printemps 1940.

La Russie est constamment en quête d’un contrôle absolu de ses marges. Suite au Pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939, les troupes de l’Allemagne nazie et celles de l’URSS ont envahi la Pologne, la faisant disparaître de la carte. Chacune occupant une moitié du pays. Le projet, non avoué, était aussi de faire disparaître la Pologne en tant que nation afin de mieux contrôler le territoire. Éliminer les élites était dans l’esprit de Staline, un moyen d’y parvenir. Près d’un demi-million de Polonais sont déportés au Goulag entre septembre 1939 et juillet 1941. Parmi eux, 21 892 personnes sont transportées en camion vers les cinq sites d'exécution. Le plus célèbre se situe dans la forêt de Katyń, près de Smolensk, à 50 km de la frontière biélorusse. Les victimes sont principalement des officiers, mais ont compte aussi des étudiants, des médecins, des ingénieurs, des enseignants… ils sont abattus d’une balle dans la nuque et ensevelis dans des fosses communes. Ceux qui ont écrit une dernière lettre à leur famille avant de mourir ont, involontairement, livré leur adresse. Ce qui a permis aux Soviétiques de déporter 60 667 personnes supplémentaires au Kazakhstan dans conditions inhumaines. Beaucoup ne reviendront pas. Pendant cette période (été 1939- été1941), quelque 150 000 Polonais auront perdu la vie du fait des exécutions et des  persécutions soviétiques.

Pendant la guerre froide, les crimes de Katyn ont été attribués aux nazis qui ont occupé la région à partir d’août 1941. C’est d’ailleurs l’armée allemande qui découvre le premier charnier à ce moment-là. La presse nazie exploite largement, la macabre découverte. Mais l’URSS est dans le camp allié… La controverse durera jusqu’à la fin des années 1980, dans des documents sont découverts fortuitement en Russie, dans le contexte de la glasnost, qui permettent d'établir la responsabilité soviétique dans le massacre de Katyń. Après quelques atermoiements, Gorbatchev présente ses excuses officielles au peuple polonais lors d'une cérémonie organisée au Kremlin, le 13 octobre 1990, à l'occasion de la journée mondiale pour les victimes de Katyń. En 2010, la Douma russe reconnaît la responsabilité directe de Staline en s’appuyant sur des documents conservés dans les archives secrètes du Kremlin prouvent que Staline a bien ordonné personnellement ce massacre. La même année, Vladimir Poutine explique le massacre par une vengeance de Staline pour la mort de 32 000 soldats et officiers russes pendant la guerre avec l'URSS en 1920-1921. Dans le cadre de la réhabilitation de Staline, ce crime est aujourd’hui effacé des manuels d’histoire de la Russie. La chape de plomb sur la vérité historique est retombée.

C’est en 2007 que la Journée du souvenir des victimes du massacre de la forêt de Katyń, a été fixée au 13 avril par le Sejm (la chambre basse du parlement polonais). Elle est depuis commémorée chaque année par un jour férié. En 2010, alors qu’il se rendait sur le site du massacre avec une importante délégation, l’avion du président polonais s’est écrasé près de Smolensk, le 10 avril. Un drame qui donne lieu à d’autres commémorations et d’inévitables rumeurs sur l’origine de l’accident qui a décimé la classe politique polonaise.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1992, Haut-Karbagh, Arménie, Azerbaïdjan, massacre, 10 avril Bruno Teissier 1992, Haut-Karbagh, Arménie, Azerbaïdjan, massacre, 10 avril Bruno Teissier

10 avril : il y a 30 ans le massacre de Maragha, village arménien du Haut-Karabagh

Cette tragédie est un épisode de la guerre qui opposait Arméniens et Azéris depuis 1988.

 

Les Arméniens commémorent le massacre de Maragha (Մարաղայի կոտորած), l'un des plus grands villages du Haut-Karabagh. Cette tragédie est un épisode de la guerre qui opposait Arméniens et Azéris depuis 1988. 

Les forces arméniennes ayant dû battre en retraite, des unités armées azerbaïdjanaises - les détachements OMON (unités de milice à but spécial), appuyées par vingt chars, étaient entrés dans Maragha, où ne vivaient que des agriculteurs, âgés pour la plupart. 43 civils ont été aussitôt assassinés, 53 civils, dont 9 enfants, ont été enlevés, 19 ne sont jamais revenus. On ignore les raisons de ce massacre, certains ont pensé qu’il pouvait s’agir de représailles, suite au massacre de Khodjaly en février de la même année. Le village sera repris par les Arméniens le lendemain, ils y découvrent des dizaines de corps ont certains sans yeux ou sans tête.

La malchance de ce village est de s’être trouvé sur la frontière (et ligne de front) entre le Haut-Karbagh qui s’est autoproclamé in dépendant et le reste de l’Azerbaïdjan. Aujourd’hui, ce village qui a eu plus de 4600 habitants, Arméniens en très grande majorité, n’existe plus, les survivants ont construit un nouveau village Nor Margha, lui-même sera abandonné à son tour par les Arméniens à l’issue de la seconde guerre du Karabagh, en novembre 2020. La région étant aujourd’hui contrôlée par les Azéris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2022

 

Monument dédié aux victimes

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1947, Madagascar, 29 mars, massacre Bruno Teissier 1947, Madagascar, 29 mars, massacre Bruno Teissier

29 mars : il y a 75 ans, les massacres oubliés de Madagascar

Cette journée dédiée aux victimes est fériée à Madagascar où l'on commémore les massacres opérés en 1947 par l'armée française envoyée mater toute tentation indépendantiste de la Grande île…

 

Cette journée dédiée aux victimes est fériée à Madagascar où l'on commémore les massacres opérés en 1947 par l'armée française envoyée mater toute tentation indépendantiste de la Grande île : plusieurs dizaines de milliers de morts (ou centaines de milliers) dans la plus grande indifférence à l'époque (et encore aujourd'hui).

Pendant la nuit du 29 mars 1947, à Madagascar, quasi simultanément, à Moramanga, dans le centre-est et à Manakara, sur la côte sud-est, des groupes d’insurgés qui ne croient plus en l’indépendance de leur pays par la voie pacifique, prennent les armes et commettent de premières attaques. C'était le début d'un an et demi d’insurrection contre l’administration coloniale française, en place depuis un demi siècle, notamment au prix de massacre, comme en 1897.

​​Lors du sommet de la Francophonie de 2016, François Hollande a rendu visite à la stèle des anciens combattants de la Grande guerre, à Anosy, en « hommage », aux victimes des événements de 1947 qu’il avait qualifiés de « répression brutale ». Mais, lors des journées de Commémoration de la Rébellion de 1947 (Martiora Ny tolona tamin'ny), aucun membre du gouvernement français n'est jamais venu en visite à Madagascar. Les massacres de l’année 1947 dans la Grande Ile font partie des trous noirs de l’histoire de France : 90 000 morts selon le commandant des troupes françaises de l'époque ; entre 200 000 et 700 000 morts selon d’autres sources.

Ce mardi 29 mars, une cérémonie de dépôt de gerbes sous la houlette du Président de la République, Andry Rajoelina, se déroule dans plusieurs endroits emblématiques : au Mausolée sis à Avaratr’Ankatso, Antananarivo, où reposent les dépouilles des combattants nationalistes ainsi qu’à Moramanga et Manakara, lieux de l’insurrection. La chanson Madagasikara Tanindrazanay qui a marqué la lutte nationale à cette époque est chantée ce jour-là. Cette commémoration qui a commencé vendredi 25 mars au camp militaire du Ier RM1 à Analakely, à Antananarivo, semble toutefois rencontrer une certaine indifférence de la part des citoyens. Il faut dire qu’en moins de deux mois, la Grande île a été frappée par quatre cyclones : Ana, Batsirai, Dumako et Emnati, qui ont fait des dizaines de milliers de sinistrés.

Ce jour férié et cette commémoration officielle ont été décidés en 1967, à l’occasion du 20e anniversaire du massacre. La célébration de 1947 a été discrète sous la Première république (1960-1975), puis beaucoup plus marqué sous la Deuxième république (1975-92) le régime « révolutionnariste », autoritaire et corrompu, l’avait instrumentalisé pour se construire une légitimité… la commémoration varie selon les périodes, mais le traumatisme demeure ancré dans la mémoire collective, même si seuls les plus anciens s’en souviennent vraiment.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 mars 2022

 
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1959, Malawi, martyrs, massacre, 3 mars Bruno Teissier 1959, Malawi, martyrs, massacre, 3 mars Bruno Teissier

3 mars : le Malawi se souvient de la lutte pour l’indépendance

Le pays commémore le massacre de Nkhata Bay, dans le nord du Malawi, un épisode tragique survenu le 3 mars 1959, de la lutte anti coloniale.

 

Le Malawi commémore un épisode tragique de sa lutte anti coloniale par une cérémonie au mémorial de Nkhata Bay, au nord du pays.

Le pays, appelé autrefois Nyassaland, est occupé par les Anglais au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Les premières rébellions ont eu lieu dès le début du XXe siècle. Les Britanniques ont eu l’idée en 1953 de lier le Nyassaland et les deux Rhodésies ( futures Zambie et Zimbabwe) pour former la Fédération centrafricaine (CAF), avec le projet de préparer une indépendance sous domination blanche comme en Afrique qui Sud en 1948. Cela a suscité des protestations massives de la part des nationalistes africains. L'une des figures majeures de la CAF était Hastings Banda, un médecin formé en Europe. Banda a été élu président du Congrès africain du Nyasaland. Le 3 mars 1959, il provoque un soulèvement contre les autorités britannique qui réplique brutalement : 21 morts parmi les manifestants (massacre de Nkhata Bay dans le nord du Malawi). Et 51 morts et plus d’un millier de blessés parmi les manifestants d’urant l’état d'urgence qui a duré jusqu'en 1960. . Hastings Banda et d'autres dirigeants de la Fédération centrafricaine sont emprisonnés et le parti du congrès lui-même est interdit. C’est l’anniversaire de cet événement qui fut un tournant politique majeur qui est célébré chaque 3 mars pour la Journée des martyrs (Martyrs Day).

En 1962, le gouvernement britannique accorde finalement l’autodétermination au Nyassaland. Banda devient premier ministre le 1er février 1963, alors que les Britanniques contrôlent encore le système financier, la sécurité et le système juridique du pays. La Fédération de Rhodésie et du Nyasaland est dissoute le 31 décembre 1963 et, enfin, le 6 juillet 1964, l’indépendance du Malawi est proclamée. Hastings Banda (1898-1997) restera au pouvoir pendant plus de 30 ans, jusqu’à la chute de sa dictature, en 1994. Son régime a été très éloigné des idéaux de liberté pour lesquels sont morts les martyrs du 3 mars. Son mandat de président « à vie » est marqué par l'assassinat, l'emprisonnement ou l'exil des membres de l'opposition. L’impitoyable docteur Banda était notamment connu pour livrer ses opposants aux crocodiles… Il faudra attendre le 14 juin 1993 pour que les premières élections libres le poussent vers la sortie à l’âge de 96 ans.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mars 2022

 

Un ministre rendant hommage aux héros tombés à Nkhata Bay le 3 mars 1959

Timbre émis en 1964 figurant Hastings Kamuzu Banda et le drapeau national

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1962, France, 8 février, massacre, répression policière Bruno Teissier 1962, France, 8 février, massacre, répression policière Bruno Teissier

8 février : il y a 60 ans, massacre au métro Charonne

Ce 8 février, au métro Charonne, à Paris, un hommage est rendu aux 9 victimes de la répression sauvage du 8 février 1962 lors de la manifestation contre l’OAS et pour la paix en Algérie.

 

Ce 8 février au métro Charonne, à Paris, un hommage est rendu aux 9 victimes de la répression sauvage du 8 février 1962 lors de la manifestation contre l’OAS et pour la paix en Algérie. Chaque année, à cette date plusieurs centaines de personnes se rassemblent devant la nation de métro située place du 8-Février 1962, dans le 11e arrondissement.

Pour ce 60e anniversaire, le Comité Vérité et Justice pour Charonne et plusieurs organisations invitent au rassemblement ce mardi 8 février 2022 à 18 heures, métro Charonne, à Paris
avec Delphine Renard, blessée grièvement lors de l’attentat visant André Malraux ; Jean-François Gavoury, président de l’Association Nationale pour la Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS (ANPROVEMO) ; Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député ; Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

  • La CGT Ratp rend hommage aux victimes le même jour à 17h30 dans la station de métro.

  • Dimanche 13 février à 11h, un dépôt de gerbes sera fait au cimetière du Père Lachaise sur les tombes des victimes (face au mur des Fédérés).

  • Du 1er au 28 février, sur le parvis de la mairie du 11ème arrondissement, place Voltaire, la Ville de Paris a mis en place une exposition intitulée : “Massacre au métro Charonne, le 8 février 1962″.

Le 8 février 1962, alors que la manifestation se terminait, que les manifestants s’engouffraient dans le métro pour rentrer chez eux, la police chargea sans crier gare et avec une violence inouïe. Dans les escaliers de cette bouche de métro, les manifestants ont été piétinés et asphyxiés par les forces de l’ordres, qui leur ont lancé des grilles de fonte, celles qui entourent le pied des arbres de l’avenue. Dans la soirée on apprend qu’il y a eu huit morts, dont trois femmes et un adolescent de 15 ans, 250 blessés dont une centaine sont grièvement atteints. Un mois et demi après, une neuvième victime succombe à ses blessures . Un massacre, un de plus, qui s’est déroulé sous les ordres de Maurice Papon, préfet de police de Paris.

Le 13 février 1962, un million de personnes venues de l’ensemble de la région parisienne et de province assistent aux obsèques des victimes du 8 février dans un immense défilé de la place de la République au cimetière du Père-Lachaise. Le lendemain, les négociations avec le GPRA (Gouvernement provisoire de la République d’Algérie) reprennent et aboutissent au cessez-le-feu le 19 mars 1962.

Les victimes s’appelaient :

  • Jean-Pierre Bernard, il avait 30 ans et était dessinateur aux télécoms à Montparnasse,

  • Fanny Dewerpe, elle était secrétaire et issue d’une famille « décimée par les nazis ». Son mari, André Dewerpe était mort en 1954 des suites des violences policières subies lors des manifestations de 1952. Grièvement blessée lors de la manifestation du 8 février 1962 à Charonne, Fanny mourut à son arrivée à l’hôpital Saint-Louis.

  • Daniel Fery, jeune apprenti de 16 ans…

  • Anne-Claude Godeau, était employée aux Chèques postaux dans le 15ème arrondissement de Paris, elle avait 24 ans.

  • Édouard Lemarchand, employé de presse de 40 ans,

  • Susanne Martorell, employée de presse de 35 ans,

  • Hyppolite Pina, maçon de 58 ans,

  • Maurice Pochard, employé de bureau de 48 ans,

  • Raymond Wintgens, typographe de 44 ans…

Aucun policier ne sera poursuivi. Les enquêtes n’aboutiront pas. Le premier ministre renouvellera aussitôt sa confiance à Maurice Papon, lequel restera préfet de police de Paris jusqu’en janvier 1967. Le 17 juin 1966, une loi d'amnistie sera votée, couvrant les répressions des manifestations de 1961 (le massacre du 17 octobre notamment) et celles de 1962. 

Finalement le 8 février 2022, le préfet Lallemand était présent à la cérémonie, pour la première fois en représentant du président de la République. La responsabilité de la police, aux ordres du gouvernement de l’époque, dirigé par Michel Debré, a clairement été reconnue. Pour la première fois ce massacre était qualifié officiellement de crime d’État.

 
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1972, Irlande, Royaume-Uni, massacre Bruno Teissier 1972, Irlande, Royaume-Uni, massacre Bruno Teissier

30 janvier : il y a 50 ans, le Bloody Sunday en Irlande du Nord

Ce dimanche, à Derry, en Irlande du Nord, on commémore les 14 morts tués par l’armée britannique alors qu’il défilaient pacifiquement, le 30 janvier 1972. Le souvenir d’un passé révolu ? Pas sûr, car le Brexit ne fait que raviver les inquiétudes et les rancœurs.

 

Ce dimanche, à Derry, en Irlande du Nord, on commémore les 14 morts tués par l’armée britannique alors qu’ils défilaient pacifiquement, le 30 janvier 1972 pour demander l’égalité des droits entre catholiques et protestants en Irlande du Nord. La manifestation était organisée par la Northern Ireland Civil Rights Association également pour protester contre l’internement sans procès de nationalistes irlandais dans des camps de détention.

Le souvenir d’un passé révolu ? L’explosion d’une voiture piégée  à Londonderry, le 19 janvier 2019, attribué l’attaque à un groupe républicain dissident, puis la mort par balle d’une jeune journaliste, en avril, est le signe que tout peut reprendre en cas de remise en cause l’accord de 1998  (dit du Vendredi Saint) entre républicains nationalistes (les catholiques) et loyalistes unionistes (les protestants). Londres a longtemps tergiversé mais, finalement, le Brexit n’a pas remis en cause cet accord, tout au moins officiellement.

En 2021, la marche annuelle a été annulée, l’Irlande du nord vivant sous un régime de confinement dû au covid. Ces dernières années, la marche annuelle dans le quartier catholique de Londonderry (Irlande du Nord) attirait moins de monde qu’autrefois. Non que s’estompe le souvenir des 14 manifestants tués pour les droits civiques, des adolescents pour la plupart, mais, Londres a fini par accepter une enquête, dont le rapport a conclu à l’entière responsabilité des soldats anglais. Ce qui a poussé le Premier ministre David Cameron, en 2010, à présenter des excuses et offrir une indemnisation aux familles... 38 ans après le drame. Les familles réclament toujours un procès de tous les responsables. La justice britannique ne poursuit pour le moment qu’un seul soldat qui a obtenu de conserver l’anonymat. 50 ans après le massacre, le procès est toujours en cours… Ces atermoiements sont d’autant plus incompréhensibles que le régiment de parachutistes chargé de l'opération était aussi responsable du massacre à Belfast de 11 personnes dans des circonstances semblables en août 1971.

Une minute de silence est traditionnellement observée, chaque dernier dimanche de janvier, devant le monument dédié au Bloody Sunday (« dimanche sanglant »), le “Bloody Sunday Obelisk Memorial,” 25 Rossville St, Bogside, Londonderry BT48 6LP.

Le Bloody Sunday appartient au passé mais personne n’a oublié, car toute la ville était dehors ce jour-là, le nombre de témoins encore vivants est encore considérable. Ce qui a profondément changé, 50 ans plus tard, c’est qu’aujourd’hui, les catholiques proportionnellement plus nombreux sont sortis des ghettos. Ce sont les protestants qui, à présent, sont sur la défensive. Avec le Brexit, ils ont le sentiment d’avoir été fragilisés. La tension est toujours palpable à Derry (Londonderry pour les unionistes). Pariculièrement en ce début d’année 2022, à l’approche des élections du mois de mai où, pour la première fois, le Sinn Féin, un parti prônant la réunification de l’Irlande, pourrait l’emporter.

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1990, Azerbaïdjan, 20 janvier, massacre, URSS Bruno Teissier 1990, Azerbaïdjan, 20 janvier, massacre, URSS Bruno Teissier

20 janvier : le souvenir du Janvier noir de Bakou

Cette commémoration annuelle rappelle le massacre opéré par les troupes soviétiques, le 20 janvier 1990, pour tenter de mater le soulèvement des Azéris et faire cesser les pogroms visant les Arméniens

 

Cette commémoration annuelle rappelle les massacres opérés par les troupes soviétiques, le 20 janvier 1990, pour tenter de mater le soulèvement des Azéris et faire cesser les pogroms visant les Arméniens. Cette tragédie est appelée Janvier noir (Qara Yanvar) ou  Samedi noir (Qara şənbə).

Depuis quelques semaines, les Azéris perdaient du terrain face aux Arméniens du Karabagh qui revendiquaient leur rattachement à l’Arménie. Ankara avait refusé son aide à Bakou, alors que Moscou était plutôt favorable aux Arméniens. En réaction, de nombreux Arméniens de Bakou ont été massacrés (90 morts) par les Azéris de la capitale azerbaïdjanaise. Dans un sursaut nationaliste, des manifestants azéris avaient le 31 décembre commencé à démonter la frontière avec l’Iran… La situation dans ces confins de l’URSS  semblait tellement incontrôlable que Moscou décida d’intervenir et le fit avec une très grande brutalité. Dans la nuit du 19 au 20 janvier, 20 000 hommes appartenant aux troupes soviétiques du ministère de l’Intérieur ont pris Bakou en lançant un assaut particulièrement violent : on dénombra 137 morts, y compris des femmes et des enfants.

Ces événements du 20 janvier à Bakou étaient sans précédent par leur ampleur et leur brutalité, ils ont été précédés par des attaques antérieures contre des civils à Almaty, au Kazakhstan, et à Tbilissi, en Géorgie, en 1986 et 1989 respectivement, et ont été suivis par le recours à la force à Vilnius, Lituanie, et Riga en Lettonie, en janvier 1991 (commémoré chaque 20 janvier)… En décembre 1991, l’URSS disparaissait de la carte. Les événements de Bakou ont été un tournant majeur dans l’agonie de cet empire communiste. Sans même attendre la fin, l’Azerbaïdjan proclamait son indépendance le 18 octobre. 1991. Ebulfez Elçibey, le leader de la révolte de 1989-1990, sera le premier président de la république d’Azerbaïdjan. Le 22 janvier 51 personnes seront enterrées sur une Coline du quartier de Yasamal, dans ce qui deviendra l’Allée des martyrs.

À l’occasion du vingtième anniversaire du massacre, le 20 janvier 2010, un mémorial a été inauguré à Bakou. Il est connu sous le nom d’Allée des martyrs (Şəhidlər Xiyabanı). Ce lieu regroupe 15 000 sépultures car y repose aussi les martyrs de la guerre d’indépendance et du conflit du Haut-Karabagh.

Le 20 janvier est célébré comme le Jour des martyrs (Şəhidlər Günü), c’est un jour de deuil national. À Bakou, la station de métro de l’ « Armée rouge » est devenue la station du « 20 janvier ». Un nom que porte aussi l’ancienne rue Suvorov.

Depuis janvier 1990, l’œillet est devenu la fleur de deuil. Beaucoup de gens associent les œillets à la tragédie car c'était la fleur la plus cultivée à Bakou à cette époque.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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2014, Pakistan, enfants, massacre Bruno Teissier 2014, Pakistan, enfants, massacre Bruno Teissier

16 décembre : le Pakistan commémore un effroyable massacre d'enfants opéré par les talibans

La Journée à la mémoire des martyrs commémore le massacre du 16 décembre 2014 à Peshawar

 

Triste anniversaire que celui d’un massacre d’écolier, célébré chaque 16 décembre au Pakistan comme la Journée à la mémoire des martyrs. C’était, le 16 décembre  2014, six assaillants vêtus d’uniformes militaires ont pris d’assaut une école de Peshawar où 500 élèves étaient présents. Le bilan fut effroyable, au moins 141 personnes ont été tuées, dont une majorité d’enfants, et une centaine de blessées. L'assaut aura duré près de sept heures. Les assaillants sont passés de classe en classe pour abattre les enfants ou adolescents, et au moins un a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui. Les élèves avaient entre 10 et 20 ans.

L'attaque a été revendiquée par les talibans du Tehreeh-e-Pakistan (TTP) en représailles à une offensive de l'armée pakistanaise dans le nord-ouest de l’Afghanistan. La ville de Peshawar est régulièrement martyrisée par les attaques de terroristes, qui y accèdent via les zones tribales pakistanaises (régions peuplées de Pachtounes, la même ethnie sur laquelle s’appuie le régime taliban de Kaboul). L'école est située dans les faubourgs de Peshawar, à la lisière des zones tribales que revendique l’Afghanistan.

En signe de deuil, tous les établissements scolaires du Pakistan sont fermés chaque 16 décembre pour ce Solidarity Day with the martyrs of the APS.

Aujourd’hui, le Tehreeh-e-Pakistan (TTP), avatar pakistanais des talibans, est de retour sur ses terres origines, le Waziristan, après avoir contribué à la prise du pouvoir des talibans à Kaboul. L’objectif est la destruction du Pakistan lui-même. Toute l’ambiguïté du régime d’Islamabad à l’égard des talibans depuis une vingtaine d’années s’avère aujourd’hui totalement mortifère. Le massacre du 16 décembre que l’on commémore aujourd’hui en est un des symboles. Malgré tout la prise de conscience est tardive et loin d’éteindre unanime.

#APSPeshawar #PeshawarAttack

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1937, Chine, 13 décembre, massacre Bruno Teissier 1937, Chine, 13 décembre, massacre Bruno Teissier

13 décembre : le massacre de Nankin, épisode tragique de la guerre sino-japonaise

Une des pires humiliations pour la Chine que le massacre des habitants de Nankin opéré par l’armée d’occupation japonaise, lors de la prise de la ville, le 13 décembre 1937.

 

La Chine commémore un des grands massacres du XXe siècle. Selon les estimations locales, l’armée d’occupation japonaise aurait massacré quelque 300 000 habitants de la ville de Nankin (aujourd’hui appelée Nanjing) lors de la prise de la ville, le 13 décembre 1937 et dans les jours qui ont suivi. Nankin était alors la capitale de la république de Chine. Même si le bilan a sans doute été un peu surestimé par les Chinois, cet épisode a été un des plus tragiques et des plus humiliants de la guerre sino-japonaise.

Si le massacre de Nankin a profondément marqué la Chine, sa commémoration officielle est très récente, tant l’humiliation a été profonde. C’est en 1995, seulement qu’a été érigé un mur commémoratif sur lequel sont inscrits les noms des 300 000 victimes. Ce n’est qu’en 2014 que date, le 13 décembre, a été désignée comme le Jour commémoratif national pour les victimes du massacre de Nanjing (南京大屠杀遇难者国家纪念日) et érigée en deuil national. Depuis Pékin en fait un élément de propagande contre le Japon.

Depuis chaque année, exactement 10 h 01, les sirènes commencent à retentir et les automobilistes à travers la ville arrêtent leur voiture. Les piétons s’immobilisent eux aussi pendant une minute de silence en souvenir des victimes. Un cérémonial et un défilé militaires sont organisés au mémorial de la ville. Après le discours, 84 adolescents habiles de blanc lisent une déclaration de paix. Six représentants citoyens font sonner la cloche de la paix. Au total, 3 000 colombes blanches sont lâchées pour survoler la place commémorative. Malgré le froid hivernal, des milliers de personnes vêtues de vêtements sombres assistent à la cérémonie commémorative nationale du massacre avec des fleurs blanches épinglées sur la poitrine et défilent pour transmettre leurs condoléances aux derniers survivants encre en vie. Ainsi se déroule ce 84e anniversaire.

Chaque année, le gouvernement japonais est prié de s'excuser auprès des victimes du massacre de Nanjing et de leurs proches survivants et de verser une indemnisation appropriée. Ce qu’il n’a jamais fait. L'un des principaux auteurs du massacre de Nankin, le prince Yasuhiko Asaka, qui commandait les forces japonaises lors de l'assaut final de Nanjing, n'a jamais été inculpé de crimes de guerre.

Dans la diaspora chinoise, des cérémonies prennent un peu plus d’ampleur chaque année. En 2018, la ville de Toronto a inauguré un mur commémoratif du massacre de Nanjing et, depuis, organise une cérémonie.

 
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