L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
17 novembre : la journée du militantisme péroniste
Le mouvement péroniste célèbre, chaque 17 novembre, la Journée du militantisme en commémoration du retour de Juan Domingo Perón au pays, après son exil forcé de 17 ans. L’ancienne président Cristina Kirchner en profite pour faire sa rentrée politique et s’imposer comme le leader de l’opposition.
Voilà Cristina Kirchner repartie en campagne. Elle vient tout juste d’être élue à la présidence du Parti justicialiste (péroniste), elle prendra ses fonctions ce 17 novembre, jour où par tradition on célèbre la Journée du militantisme péroniste (Día de la Militancia peronista). L’ancienne présidente qui vient d’être condamnée à six ans de prison et à l'interdiction perpétuelle d'exercer des fonctions publiques – elle a fait appel –, entame ce dimanche une tournée du pays afin de faire face à la montée en puissance de son filleul politique, le gouverneur de Buenos Aires Axel Kicillof, son ancien ministre de l'Économie, étoile montante du péronisme. Un événement est prévu ce jour à Buenos Aires, Kicillof n’est pas invité.
Le mouvement péroniste célèbre, chaque 17 novembre, la Journée du militantisme péroniste en commémoration du retour de Juan Domingo Perón au pays, après son exil forcé par le coup d'État de septembre 1955. Après plus de 17 ans de bannissement, il est revenu brièvement en Argentine, le 17 novembre 1972, après y avoir été autorisé, mais le 5 février 1973, la dictature le chasse à nouveau du pays.
L'interdiction a définitivement expiré le 25 mai 1973 avec l'avènement du gouvernement démocratique de Héctor J. Cámpora, au cours duquel Perón a pu se réinstaller définitivement en Argentine (le 20 juin 1973) et se porter candidat à la présidence de la république aux élections du 23 septembre 1973. Il triomphera avec le soutien de 62% des électeurs. Mais, il mourra quelques mois plus tard alors qu'il exerçait le pouvoir, le 1er juillet 1974.
Pendant l’exil de Perón des graffitis sur les murs et les tracts avec le slogan « Combattez et revenez » n'ont jamais cessé, même dans les années les plus sombres de la dictature. Le retour de Juan Domingo Perón en Argentine après 17 ans et 52 jours d'exil a tenu en haleine des centaines de milliers de militants. Son retour, le 17 novembre 1972, fut le réveil d'un long cauchemar, un événement qui transforma en réalité un espoir qui fut pendant des années la raison de vivre d'une majorité de militants péronistes qui l’attendaient comme un sauveur. Ce 17 novembre 2024 est une occasion pour les péronistes de relever la tête après leur défaite électorale de 2023, mais aujourd’hui ils ne peuvent compter sur homme (ou de femme) providentiel en exil pour les sauver des folies du président Javier Milei. Ce dernier va peut-être précipiter l’Argentine dans l’abîme, mais il faut néanmoins se souvenir que le décrochage du pays avait débuté à l’époque du président Perón et certaines de ses décisions populistes n’y étaient certainement pas étrangères.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 novembre 2024
12 janvier : la journée des prisonniers politiques ukrainiens
L’anniversaire d’une purge à l’époque soviétique est célébrée depuis un demi siècle comme la Journée des prisonniers politiques ukrainiens. Cette célébration annuelle a pris une dimension particulière à partir de 2014 quand une portion du territoire ukrainien a commencé à être occupée par la Russie et qu’à nouveau des dissidents ont été emprisonnés.
Chaque 12 janvier, l'Ukraine rend hommage aux prisonniers politiques qui ont désobéi au système totalitaire soviétique et sont restés fidèles à leurs principes et idéaux. Ils ont été persécutés en raison de leurs convictions politiques et envoyés dans des prisons et des hôpitaux psychiatriques.
Le 12 janvier 1972, commençait la deuxième plus grande purge de « dissidents » en Ukraine après celle de 1965 : l'opération "Block" (Операція « Блок ») du KGB qui s’est manifestée par une vague simultanée d’arrestations et de perquisitions dans toute l’Ukraine, notamment dans la capitale, Kyiv, mais aussi à Lviv. Des membres bien connus de la résistance anti-totalitaire ont été arrêtés ce jour-là : Ivan Svitlichnyi, Yevhen Sverstyuk, Vasyl Stus, Vyacheslav Chornovil, Iryna et Ihor Kalyntsi, Leonid Plyusch, Mykola Plahotniuk... Cette liste est loin d’être exhaustive de ceux qui ont été persécutés. Près d’une centaine de personnalités ukrainiennes parmi les plus brillantes et les plus indomptables ont été emprisonnées et envoyées en exil en Mordovie, en Sibérie et au Kazakhstan. Ils ont été enfermés dans des hôpitaux psychiatriques, privés de leur emploi ou renvoyés de l'éducation. Les répressions de 1972 mettent fin au mouvement des « sixtiers », les dissidents des années 1960. La plupart des personnes arrêtées le 12 janvier 1972 ont été condamnées en vertu de l'art. 62 du Code pénal de la RSS d'Ukraine « Agitation et propagande antisoviétiques » et ont été condamnées à cinq à sept ans d'emprisonnement dans des camps à régime strict et à trois ans d'exil, mais parfois beaucoup plus comme Ivan Gel, 10 ans de régime strict et à 5 ans d'exil.
C’est en 1975 que le 12 janvier a été déclarée Journée des prisonniers politiques ukrainiens (День українських політв'язнів). Elle l’a été à l’initiative de Viacheslav Chornovil, un des dissidents ukrainiens les plus éminents de l'Union soviétique. Il était l'un des fondateurs et militants du mouvement Sixtiers en Ukraine, qui prônait la renaissance de l'Ukraine, de sa langue, de sa spiritualité et de sa souveraineté. Chornovil a été arrêté pour la première fois en 1967 pour son livre intitulé Woe from Wit , qui documentait l'emprisonnement illégal d'intellectuels ukrainiens. Il a été accusé de diffamation et condamné à trois ans d'emprisonnement. Chornovil a été libéré au bout d'un an et demi dans le cadre d'une amnistie générale.
Après sa libération, Chornovil a effectué plusieurs petits boulots et a poursuivi son militantisme. En 1970, il commence à publier un magazine clandestin intitulé Ukraine Herald . C'est ce qui lui valut d'être arrêté une deuxième fois en 1972. Cette fois, Chornovil fut condamné à six ans d'emprisonnement suivis d'un exil de trois ans.
Cette célébration annuelle a pris une dimension particulière à partir de 2014 quand une portion du territoire ukrainien a commencé à être occupée par la Russie et qu’à nouveau des dissidents ont été emprisonnés comme le cinéaste, écrivain et activiste Oleg Sentsov, Roman Sushchenko, Asan Chapukh et tant d’autres, persécutés en raison de leurs positions pro ukrainiennes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 janvier 2024
22 mai : le jour où Ceylan est devenu une république sous le nom de Sri Lanka
Beaucoup de Sri Lankais regrettent que le 22 mai ne soit plus un jour férié, car ce jour de 1972 est pour eux l’anniversaire de la véritable indépendance de leur pays. Ils récusent le 4 février qui sert de fête nationale, dont ils déplorent l’imposture.
Beaucoup de Sri Lankais regrettent que le 22 mai , le Jour de la République (ජනරජ දිනය), ne soit plus un jour férié, car ce jour de 1972 est pour eux l’anniversaire de la véritable indépendance de leur pays. Ils récusent le 4 février qui sert de fête nationale, dont ils déplorent l’imposture.
La colonie britannique de Ceylan a, en effet, obtenu son indépendance le 4 février 1948, mais le pays nouvellement indépendant est resté un dominion au sein de l'Empire britannique. Le monarque britannique a continué d'être le chef de l'État, le pouvoir militaire est resté aux mains des Britanniques, comme le pouvoir judiciaire puisque le Conseil privé du Royaume-Uni était la cour d'appel suprême. Il faut attendre le 22 mai 1972 pour que Ceylan renie son statut de dominion et change de nom en proclamant la République de Sri Lanka. Cette émancipation politique à l’égard du Commonwealth est l’œuvre de la première ministre Sirimavo Bandaranaike qui fut, en 1960, la première femme dans le monde à être élue démocratiquement à la tête d'un gouvernement. Elle est revenue au pouvoir en 1970 à la tête d’une coalition de centre gauche et a entamé le processus qui a pris deux années. À partir de 1848, le Royaume-Uni, soudoyant une partie de la classe politique, a tout fait pour que la rupture n’ait pas lieu, il faudra attendre 24 ans pour que son ex-colonie se libère totalement de son emprise. L’Inde a opéré la même révolution, dès 1950 et célébre chaque 26 janvier le Republic Day par de grandes festivités.
Outre le changement de chef d’État, le nouveau régime a aussi permis la nationalisation d’immenses plantations de thé et de caoutchouc qui avait été jadis accaparées par les Anglais. Jusqu’en 1972, ces propriétés étaient restées sous leur contrôle en dépit de l’indépendance. C’est donc aussi l’indépendance économique du pays qui est célébré chaque 22 mai. Même si par la suite, le Sri Lanka s’est retrouvé sous l’influence de l’Inde et plus récemment sous la coupe de la Chine auprès de laquelle le pays est aujourd’hui dramatiquement endetté.
Il faut toutefois noter que le régime de 1972 abandonnait l’article 29 de la constitution de 1948, spécifiant la protection des minorités. Le bouddhisme devenait religion d’État et le texte constitutionnel n’était rédigé qu’en cinghalais… autant de germes à la guerre civile que va déchirer le pays de 1983 à 2009. De plus, une nouvelle constitution, en 1978, va faire passer le Sri Lanka d’un régime parlementaire à un régime présidentiel, avec toutes les dérives autoritaires possibles auxquelles le pays n’échappera pas.
Jusqu'à la victoire militaire du 18 mai 2009 qui l'a éclipsée, le 22 mai de chaque année, tous les ministères, administrations, établissements publics et autres institutions de l'État commémoraient la fête de la République. Les chefs de département avec la participation du personnel hissaient le drapeau national et prononçaient un bref discours sur l'importance de cette Journée qui est bien oubliée aujourd’hui.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
20 mai : la fête de l'unité du Cameroun contestée par une partie du pays
C’est un pays en guerre civile qui célèbre chaque 20 mai son unité. La fête nationale est boycottée par la partie anglophone du Cameroun qui réclame le retour au fédéralisme et dénonce avant tout la dictature du président Biya, l’un des plus vieux et des plus anciens chef d’État au monde.
La fête nationale (The National Day) du Cameroun, également connue sous le nom de Fête de l'unité (Unity Day), est célébrée chaque année le 20 mai. En 1972, une nouvelle constitution a été adoptée, à la suite d'un référendum (sujet à caution) organisé le 20 mai par le président Ahmadou Ahidjo. Elle a aboli le système de gouvernement fédéral et remplacé la fédération par un État unitaire sous le nom de République-Unie du Cameroun. En 1984, le pays est devenu simplement la République du Cameroun, le nom qui était celui du seul Cameroun francophone.
Le projet du président Ahmadou Ahidjo était d’instaurer un régime autoritaire à parti unique, il lui fallait pour cela, commencer par abolir l’État fédéral. Son successeur, Paul Biya, qui dirige le pays depuis plus de 40 ans, n’a fait que renforcer le caractère dictatorial du régime.
Le pays était divisé depuis 1916, quand l’ancienne colonie allemande du Kamerun avait été partagée entre Français et Anglais. Le Cameroun francophone, anciennement sous tutelle française a accédé à l'indépendance le 1ᵉʳ janvier 1960, et le Southern Cameroons, le 1ᵉʳ octobre 1961. Les deux parties du territoire ont donc des dates d'indépendance différentes, c’est la raison pour laquelle, c’est la date du 20 mai qui a été choisie comme fête nationale.
La fête nationale est célébrée par des discours prononcés par le président du Cameroun et des représentants du gouvernement, des marches et des défilés, notamment sur le mythique boulevard du 20 mai de la capitale, Yaoundé. Bien que cette journée soit un jour férié, les enfants de tout le pays se rendent à l'école où ils célèbrent la fête nationale, en effectuant des marches en chantant dans les différents quartiers de leurs villes.
Bien que célébrant l’unité, cette fête nationale ne fait pas l’unanimité. Elle est boycottée depuis 2019 par l’opposition anglophone qui, depuis un demi siècle, déplore l’abandon du fédéralisme et estime être victime d’une nouvelle forme de colonisation de la part du pouvoir francophone. Si bien que pays est aujourd’hui en guerre civile depuis plus de cinq ans, le mouvement sécessionniste anglophone, qui a pris les armes, est de plus en plus populaire localement.
Aujourd’hui, l’unité du pays ne tient que par la répression et la force des armes, c’est donc un échec flagrant qui est célébré ce 20 mai. Toutefois, les Anglophones ne réclament pas vraiment la partition du pays mais demandent simplement la démocratie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 avril : Zanzibar commémore l’assassinat de son premier président
Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. La sanglante révolution de 1964 dont il est l’un des initiateurs lui a permis de devenir président de Zanzibar. Avec l’aide de la Chine, il a redistribué les terres et fait construire nombreuses maisons. Il n’a, en revanche, pas ménagé ses opposants. Son fils qui a été élu par deux fois président au tout début du XXIe siècle, cultive sa mémoire.
Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. Fils d’une esclave originaire du Malawi, il est arrivé à Zanzibar alors qu’il était encore un enfant. L’île était alors dominée par une classe politique arabo-persanne qui s’était imposée à l’époque où l’archipel de Zanzibar était une colonie arabe, dépendant du sultanat d’Oman et pratiquant le commerce des esclaves africains. Ce rôle plaque tournante de l’esclavage a duré jusqu’à son abolition, très tardive, en 1890, quand l’île est devenue une colonie britannique.
Abeid Karume est entré en politique en 1954 en devenant maire de la capitale et en adhérant au parti pro britannique Afro-Shirazi, militant contre la domination arabe. Dix ans plus tard, il participe à la très sanglante révolution du 12 janvier 1964 qui renverse le dernier sultan. Karume devient alors le premier président de la république de Zanzibar. Cette révolution d’inspiration socialiste s’attaque à la classe dirigeante arabe qui contrôle toutes les terres. Certaines familles sont largement dépossédées par la redistribution des terres à la population swahilie locale. Ce sont d’ailleurs de jeunes officiers arabes, issus de familles locales humiliées et persécuté Karume, qui ont abattu le président le 7 avril 1972, mettant fin à un régime autoritaire et prochinois. Le cheikh Karume, qui avait récemment changé son titre de président de Zanzibar en président du Conseil révolutionnaire, se trouvait au siège de son parti Afro-Shirazi lorsque des hommes armés ont fait irruption dans la pièce et l'ont tué avec des mitraillettes.
Président de Zanzibar, il était aussi le vice-président de la Tanzanie dont l’île est une composante depuis que Abe Karume et Julius K. Nyerere ont fondé la Tanzanie. Ce dernier a assisté à ses funérailles et la décrété que le 7 avril serait désormais le Karume Day, un jour férié et chômé dans tout le pays, pas seulement à Zanzibar. Ce président autoritaire qui pourchassait les opposants de manière impitoyable, a aussi laissé une œuvre sociale. Il a établi un système d'éducation et de services de santé gratuits pour tous les Zanzibaris, quelle que soit leur race, leur couleur ou leur appartenance ethnique. En dehors de cela, il s'est engagé dans la construction de nombreuses maisons mises à la disposition des habitants de Zanzibar à des loyers très abordables. Karume demeure très populaire. Sa mémoire a été grandement cultivée par son fils. Son premier fils, Amani Abeid Karume, lui a succédé à la présidence pour deux mandats successifs de 2000 à 2010 obtenus démocratiquement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
8 décembre : les Caraïbes anglophones célèbrent 50 ans de collaboration avec Cuba
Voilà 50 ans jour pour jour, quatre petits États des Caraïbes bravaient Washington et nouaient des relations avec Cuba. De cet élan naîtra le Caricom qui regroupe 15 pays, dont les dirigeants sont aujourd’hui réunis à la Barbade autour du président cubain.
C’est une tradition, chaque 8 décembre depuis vingt ans, 15 États non hispanophones des Caraïbes se réunissent avec les représentants de Cuba pour un Journée Caricom-Cuba. La première fois, c’était à La Havane, le 8 décembre 2002. Cette année-là, on célébrait le trentième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques, le 8 décembre 1972, entre La Havane et quatre pays nouvellement indépendants du Royaume-Uni : la Barbade, le Guyana, la Jamaïque et Trinité-et-Tobago. La décision était courageuse car elle a été prise en dépit des pressions concertées de l'Organisation des États américains (OEA) et du gouvernement des États-Unis pour imposer une politique d'isolement, à l'échelle du continent, au Cuba révolutionnaire.
L’anniversaire est d’autant plus important que cet élan de solidarité avec Cuba, vécu comme un défi à l’égard des États-Unis, ne s’est pas arrêté là. Les quatre petits États en ont entraîné d’autres de la région. Et, l’année suivante, en juillet 1973, ils étaient quatorze à participer à la fondation de la Communauté des Caraïbes (Caricom) en juillet 1973, un mécanisme d'intégration auquel appartiennent également Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Belize, la Dominique, la Grenade, Haïti, Monserrat, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Surinam. La Caribbean Community a aujourd’hui son siège à Georgetown au Guyana. Aux Quinze membres, s’ajoutent des membres associés : Anguilla, les Bermudes, les Îles Caïmans, les Îles Vierges britanniques, les Îles Turques-et-Caïques (tous des territoires britanniques). Le tout représente près de 20 millions d’habitants. Hormis au Guyana et en Haïti, tous sont anglophones.
La CARICOM a maintenu une politique et des relations dignes de bon voisinage avec Cuba. Et Fidel Castro a toujours été prompt à envoyer son aide matérielle et humaine (notamment ses brigades de médecins) pour faire face à des événements qui touchaient un pays de la région. Aujourd’hui, plus de deux mille médecins, infirmières, entraîneurs sportifs, ingénieurs et enseignants cubains travaillent dans les pays qui composent la Communauté caribéenne. Il y a actuellement 851 étudiants caribéens à Cuba et plus de 6 000 diplômés caribéens des universités cubaines depuis l'arrivée des premiers étudiants.
Un hommage particulier est rendu aujourd’hui aux dirigeants de la Jamaïque (Michael Manley), de Trinité-et-Tobago (Eric Williams), de la Guyane (Forbes Burnham), et la Barbade (Errol Barrow) qui sont à l’origine de la décision historique dont on fête aujourd’hui le 50e anniversaire à la Barbade, en présence du président cubain, Miguel Díaz-Canel.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
13 mai : Madagascar célèbre le cinquantenaire sa seconde indépendance
Le 13 mai 1972, la Première République malgache était renversée par une révolte populaire réprimée dans le sang. Une date qui a marqué la culture politique de la Grande île, qui commençait à prendre ses distances avec la France, et imposé l’armée au pouvoir.
Le « Mai malgache » ou plus précisément la « Révolution du 13-Mai » ne fait pas l’objet d’un jour férié même si cette date a façonné la mémoire collective de la Grande île. Pour ce 50e anniversaire des évènements du 13 mai 1972, la commémoration ne se limite pas à celle qu’organisent chaque année les « soixante-douzards » (de l’association « Hetsika 13 mai 72 » ), les manifestants qui ont renversé le régime de Philibert Tsiranana. Cette année, l’Université d’Antananarivo, la Fondation Friedrich-Ebert et la Commune Urbaine d’Antananarivo organisent plusieurs journées de commémoration tout au long de ce mois de mai 2022, cependant l’épicentre sera la journée du 13 mai à l’esplanade d’Ankatso le matin et sur le parvis de l’hôtel de ville d’Antananarivo l’après-midi.
Tout avait commencé fin 1971 par des mouvement lycéens, puis début 1972 par une grève des étudiants de l’école de médecine de Befelatanana dont les sortants étaient appelés, à l’époque des « médecins de l’indigénat » et étaient toujours affectés en banlieue, d’où leur frustration. Les manifestations ont pris de l’ampleur et l’allure d’une contestation du régime (la Première République malgache créée sous l’égide de la France). Acculé par la violence , notamment celle de sa propre police, le président Tsiranana avait d’abord envisagé de laisser le pouvoir aux étudiants qui l’ont refusé, puis à l’Église, nouveau refus. Finalement, c’est l’armée qui en a hérité (et, un demi siècle plus tard, ne l’a toujours pas lâché !). Le général Gabriel Ramanantsoa, étant le plus haut gradé de l’époque, est devenu le chef d’État, lors de la « Transition militaire ». Il était notamment reproché à Tsiranana d’être trop influencé par la France si bien que sa chute a été vue par beaucoup comme la deuxième indépendance de Madagascar (après celle officielle du 26 juin 1960). Cette révolution est, en effet, le début d’un processus de « malgachisation » à marche forcée menée par un nouveau président plutôt conservateur. Il ne faut pas confondre avec la révolution qualifiée de socialiste, qui placera la Grande île dans la mouvance soviétique en 1975. Cependant, le renversement, en mai 1972, de la Première République suscite également la résurrection symbolique des victimes de l’insurrection déclenchée le 29 mars 1947, dirigée contre l’occupation française. Dès son accession au sommet du pouvoir, Didier Ratsiraka, en 1975, leur fera ériger un mausolée.
À Antananarivo, les principales cérémonies ont lieu la Place du 13 mai « Kianjan’ny 13 mai », situé devant l’Hôtel de Ville, connu depuis 1972 pour être l’espace urbain de contestation. C’est là que, le 13 mai 1972, des milliers de manifestants se rendirent pour réclamer la libération d’étudiants arrêtés et envoyés au bagne. Les forces de l’ordre ont tiré sur la foule, faisant près de 40 morts et de nombreux blessés. C’est ce que l’on commémore aujourd’hui par des dépôts de gerbes et des programmes culturels qui ont démarré, il y a quelques jours à l’occasion de ce cinquantenaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 mai 2022
30 janvier : il y a 50 ans, le Bloody Sunday en Irlande du Nord
Ce dimanche, à Derry, en Irlande du Nord, on commémore les 14 morts tués par l’armée britannique alors qu’il défilaient pacifiquement, le 30 janvier 1972. Le souvenir d’un passé révolu ? Pas sûr, car le Brexit ne fait que raviver les inquiétudes et les rancœurs.
Ce dimanche, à Derry, en Irlande du Nord, on commémore les 14 morts tués par l’armée britannique alors qu’ils défilaient pacifiquement, le 30 janvier 1972 pour demander l’égalité des droits entre catholiques et protestants en Irlande du Nord. La manifestation était organisée par la Northern Ireland Civil Rights Association également pour protester contre l’internement sans procès de nationalistes irlandais dans des camps de détention.
Le souvenir d’un passé révolu ? L’explosion d’une voiture piégée à Londonderry, le 19 janvier 2019, attribué l’attaque à un groupe républicain dissident, puis la mort par balle d’une jeune journaliste, en avril, est le signe que tout peut reprendre en cas de remise en cause l’accord de 1998 (dit du Vendredi Saint) entre républicains nationalistes (les catholiques) et loyalistes unionistes (les protestants). Londres a longtemps tergiversé mais, finalement, le Brexit n’a pas remis en cause cet accord, tout au moins officiellement.
En 2021, la marche annuelle a été annulée, l’Irlande du nord vivant sous un régime de confinement dû au covid. Ces dernières années, la marche annuelle dans le quartier catholique de Londonderry (Irlande du Nord) attirait moins de monde qu’autrefois. Non que s’estompe le souvenir des 14 manifestants tués pour les droits civiques, des adolescents pour la plupart, mais, Londres a fini par accepter une enquête, dont le rapport a conclu à l’entière responsabilité des soldats anglais. Ce qui a poussé le Premier ministre David Cameron, en 2010, à présenter des excuses et offrir une indemnisation aux familles... 38 ans après le drame. Les familles réclament toujours un procès de tous les responsables. La justice britannique ne poursuit pour le moment qu’un seul soldat qui a obtenu de conserver l’anonymat. 50 ans après le massacre, le procès est toujours en cours… Ces atermoiements sont d’autant plus incompréhensibles que le régiment de parachutistes chargé de l'opération était aussi responsable du massacre à Belfast de 11 personnes dans des circonstances semblables en août 1971.
Une minute de silence est traditionnellement observée, chaque dernier dimanche de janvier, devant le monument dédié au Bloody Sunday (« dimanche sanglant »), le “Bloody Sunday Obelisk Memorial,” 25 Rossville St, Bogside, Londonderry BT48 6LP.
Le Bloody Sunday appartient au passé mais personne n’a oublié, car toute la ville était dehors ce jour-là, le nombre de témoins encore vivants est encore considérable. Ce qui a profondément changé, 50 ans plus tard, c’est qu’aujourd’hui, les catholiques proportionnellement plus nombreux sont sortis des ghettos. Ce sont les protestants qui, à présent, sont sur la défensive. Avec le Brexit, ils ont le sentiment d’avoir été fragilisés. La tension est toujours palpable à Derry (Londonderry pour les unionistes). Pariculièrement en ce début d’année 2022, à l’approche des élections du mois de mai où, pour la première fois, le Sinn Féin, un parti prônant la réunification de l’Irlande, pourrait l’emporter.
27 décembre : la Corée du Nord célèbre sa constitution et son régime
Le Jour de la Constitution socialiste de la République populaire démocratique de Corée commémore l’adoption en 1972 du texte fondateur du régime nord-coréen.
Cette constitution a été adoptée lors de la première session Assemblée populaire suprême le 27 décembre 1972. C’est cette charte qui fait de la Corée un État communiste fondée sur l’idéologie du Juche (développé par son dictateur de l’époque : Kim il Sung). Juche en un ensemble de principes utilisés pour justifier ses décisions politiques : indépendance politique (자주 ; jaju ), l'autosuffisance économique ( 자립 ; jarip ) et autonomie militaire ( 자위 ; jawi).
La Corée du Nord est basée sur un système de direction monolithique dans lequel le « Grand Leader » (le dictateur) contrôle complètement le Parti des travailleurs coréens (KWP ou le Parti), l'État et l'armée, qui forment les principaux organes directeurs du pays. La justification politique pour justifier la règle d'un seul homme a commencé à être développée au début des années 1950 et systématisée dans les années 1960.
Selon l'idée du Juche , les masses populaires, en tant que force motrice du développement historique, ont un pouvoir infini de transformer la nature et la société ainsi que de façonner leur propre destin, mais ce pouvoir ne peut être utilisé qu'avec efficacité et pleinement. potentiel lorsqu'ils sont commandés par un chef qui peut présenter une idéologie révolutionnaire et les guider sur la bonne voie. La théorie du grand leader définit le chef comme le cerveau supérieur des masses populaires et en tant que tel, il ou elle occupe une position absolue et joue un rôle décisif dans le développement historique et les luttes révolutionnaires de la classe ouvrière. En outre, la théorie stipule que les masses populaires doivent être fermement unies au dictateur en termes d'idéologie et de volonté et soutenir avec loyauté la direction unique du leader. En outre, les dix principes pour l'établissement du système de direction monolithique du parti, une loi fondamentale placée au-dessus de la constitution et de toutes les autres lois, et similaire au Décalogue ou aux Dix Commandements, confère à Kim Il-sung et Kim Jong-il un statut semblable à celui de Dieu et élabore en dix articles et 60 clauses les principes et des tâches visant à garantir le règne héréditaire de la famille Kim.
C’est aujourd’hui, le Jour de la Constitution socialiste de la République populaire démocratique de Corée ( 조선민주주의인민공화국 사회주의 헌법의 날 ). La constitution a été amendée huit fois : en 1992, 1998, 2009, 2010, 2012, 2013, 2016 et 2019. Elle avait remplacé la première constitution du pays, calquée sur celle de l’URSS, qui a été approuvée en 1948.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde