L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
25 septembre : hommage aux harkis
Depuis 2003, la France rend hommage aux combattants supplétifs de l’armée française en Algérie. C'est seulement en 2015, que furent reconnues les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France.
Les harkis sont des Algériens qui ont combattu aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’indépendance de leur pays. Certains avaient pris en conscience le parti de la France ; d’autres n’ont pas eu vraiment eu le choix. Capturés les armes à la main, c’était la collaboration ou la mort. À la fin de la guerre, ils étaient 210 000, perçus comme des traîtres à leur patrie. En dépit de sa promesse, le président De Gaulle n’en a fait rapatrier que 42 500 (90 000 si ont compte les familles), les autres ont été abandonnés à leur sort, c’est-à-dire le plus souvent une exécution sommaire. En Algérie, le sujet demeure totalement tabou. Les terroristes et assassins des années 1990 ont été amnistiés, pas les harkis, qui sont toujours victimes de discriminations légales (y compris leurs enfants) et d’insultes régulières de la part des autorités.
En France, beaucoup ont passé des années, voire des décennies, dans des camps : Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), Saint-Maurice-l’Ardoise (Gard), Bias (Lot-et-Garonne) ou dans les 70 hameaux de forestage dans lesquels ils travaillaient pour l’Office national des forêts. Certains vivent encore dans ces camps qui ont été établis pour eux en 1962, après les accords d’Évian.
Pendant quatre décennies, ils ont été totalement oubliés. Après une première loi de reconnaissance des services rendus en 1994, sous le président Mitterrand, Jacques Chirac a reconnu officiellement leur drame et leur sacrifice, c’était le 25 septembre 2000, date qui a été retenue ensuite pour établir une Journée nationale d’hommage aux harkis, en 2003. Une initiative qui les a laissés très insatisfaits car ils attendaient aussi la reconnaissance de l’abandon volontaire dont la majorité d’entre eux ont été l’objet, ainsi que celle de la co-responsabilité française dans les massacres de 1962-1963. Jacques Chirac avait bien reconnu la responsabilité de l’État français dans les déportations de juifs, les harkis n’en attendaient pas moins. Nicolas Sarkozy qui en avait fait la promesse en 2007, ne fera finalement rien. Il faudra attendre, la déclaration du président Hollande en 2015 : « les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France ». Lundi 20 septembre 2021, Emmanuel Macron a demandé pardon aux Harkis et à leurs enfants, annonçant un projet de loi de réparation pour ces Algériens qui ont combattu aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, entre 1954 et 1962. Celle-ci a été votée en février 2022, juste avant le cinquantenaire du 19 mars 1962. La loi du 23 février 2022 reconnaît la responsabilité de la France dans les conditions indignes du rapatriement et de l'accueil des harkis et de leurs familles, rapatriés d'Algérie après les accords d'Évian de 1962.
La loi ouvre également un droit à réparation pour les harkis et leurs familles qui ont séjourné dans des camps de transit et des hameaux de forestage. Selon le gouvernement, 50 000 personnes pourraient bénéficier de cette indemnisation, pour un montant d'environ 310 millions d’euros sur six ans.
Aujourd’hui, les harkis et leurs descendants représenteraient entre 500 000 et 800 000 personnes en France. Des enfants et même des petits-enfants de harkis continuent de s’identifier comme tels. Leur situation reste difficile, d’autant que le terme « harki » demeure une véritable insulte dans la diaspora algérienne comme elle l’est encore en Algérie.
Des cérémonies d’hommage sont organisées dans la majorité des villes de France chaque 25 septembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
26 mars : le jour où les Pieds-noirs ont perdu l’Algérie
Il y a 62 ans des soldats français tiraient sur la foule des manifestants faisant des dizaines de morts parmi les Européens d’Alger qui manifestaient contre l’indépendance de l’Algérie. Ce drame occulté a marqué la fin du rêve d’une Algérie française.
Il y a 62 ans des soldats français tiraient sur la foule des manifestants faisant des dizaines de morts. Les victimes de la fusillade de la rue Isly, à Alger, le 26 mars 1962, étaient des Français vivant en Algérie manifestant contre le processus de décolonisation. Quelques jours plus tôt, le 18 mars, les accords d’Évian avaient décidé un cessez-le feu en vue d’accorder son indépendance à l’Algérie, mettant fin à 17 ans d’une sale guerre qui avait débuté le 8 mai 1945. Les appelés étaient enfin démobilisés, ce que la France célèbre chaque 19 mars. Mais pour les Pieds-noirs, tel qu’on appelait à l’époque les Français vivant en Algérie, le conflit n’était pas achevé. Le Cercle Algérianiste et d’autres associations de Pieds-noirs, souhaiteraient que l’on commémore le massacre du 26 mars, et demandent que cette journée soit inscrite prochainement à l'agenda des commémorations officielles. Ce qui n’est pas le cas, il n’y a pas de commémorations récurrentes, sauf des cérémonies ponctuelles et discrètes, dans diverses localités du sud de la France où vivent de nombreux descendants de Pieds-noirs.
Cela n’a pas empêché les autorités de célébrer le 80e anniversaire du drame en présidence du président Macron qui a dénoncé «une page tragique de notre récit national» et un massacre « impardonnable ». Le président français voulait contrebalancer, dans la mémoire des Pieds-noirs, son qualificatif de « crime contre l’humanité » dont il avait taxé la colonisation, lors d’une visite à Alger en 2017. Une qualification qui n’avait pourtant rien d’exagéré si on se remémore les conditions de la conquête de 1830 et des années qui ont suivi.
Le 26 mars 2022, le président Macron avait rendu hommage aux 800 000 Français d'Algérie, «déracinés au sein de leur propre patrie», mais sans pour autant reconnaître la responsabilité de l’État français dans ce massacre. Il est vrai que les circonstances étaient assez particulières. Quelques jours plus tôt, le 23 mars déjà, des Français avaient tué des Français. Les victimes étaient des soldats du contingent tués par des terroristes français engagés dans l’OAS, la sinistre Organisation de l’armée secrète qui s’était donné pour objectif de saboter de processus d’indépendance de l’Algérie. C’est cette même OAS qui avait appelé la population européenne d’Alger à la manifestation du 26 mars. Malgré son interdiction par le préfet de police, plusieurs milliers de partisans de l'Algérie française ont afflué. Ils se dirigent vers le quartier de Bab-el-Oued, refuge de membres de l'OAS, afin de forcer les barrages installés par l'armée française Le trajet principal passe devant la Grande Poste, à l'entrée de la rue d'Isly. Des soldats du contingent, marqués par la fusillade du 20 mars, étaient chargés du maintien de l’ordre. C’est là que tout a dérapé. Un premier coup de feu est parti. On ne sait d’où, car aucune enquête officielle n’a été faite après le massacre. Soudain, les soldats ont tiré sur la foule perçue comme menaçante. Le bilan officiel est d'une cinquantaine de morts et 150 blessés, sans doute plus, on ne sait pas exactement. Des pieds-noirs se sont aussitôt vengés en lynchant des Algériens du quartier de Belcourt (aujourd’hui Belouizdad)… l’enchaînement de la violence a ruiné tout espoir d’empêcher l’indépendance de l’Algérie. C’est dire si cette date est douloureuse pour ceux qui ont dû quitter un pays où ils étaient établis parfois depuis plusieurs générations, mais établis comme colons, au détriment d’une population autochtone dépourvue de tout droit politique. L'événement a marqué le début de l'exode massif des Européens d'Algérie.
Le soir du 26 mars 1962, le président Charles de Gaulle s'adressait aux Français pour leur demander de voter en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Il ne fit aucune allusion à ce massacre occulté pendant des dizaines d’années. En 2010, toutefois, le gouvernement français a finalement décidé d'inscrire les noms des victimes de la rue d'Isly sur le Mémorial de la guerre d'Algérie à Paris, mais l'État français n'a jamais reconnu de responsabilité dans ces événements dans lesquels les terroristes de l’OAS ont aussi leur part. D’autant qu’après le 26 mars, l’OAS fera encore de nombreuses victimes, tant civiles que militaires. L’indépendance de l’Algérie qui arrivait beaucoup trop tard, était dans le sens de l’histoire. L’opinion publique française voulait tourner la page de la guerre d’Algérie. D’où l’occultation de ce drame, comme d’autres, pendant un demi-siècle. Mais voilà que cette date du 26 mars nous revient, avec tout le refoulé sur le bon vieux temps des colonies cultivé de plus en plus ouvertement par l’extrême droite.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2024
6 août : la fête d’indépendance de la Jamaïque
Après 300 ans de domination britannique, la Jamaïque obtenait son indépendance le 6 août 1962. Les célébrations durent plusieurs jours. Elles ont commencé le 31 juillet au soir, la veille du Jour de l’émancipation qui commémore la loi sur l’abolition de l’esclavage dans les colonies britanniques.
Après 300 ans de domination britannique, la Jamaïque obtenait son indépendance le 6 août 1962. Le mouvement de décolonisation a commencé après la Seconde Guerre mondiale, il s’est accentué avec l’élection de Norman Manley au poste de ministre en chef en 1955. L’indépendance aurait pu être obtenue au sein d’une Fédération des Antilles qui regroupait toutes les entités anglophones de la région, mais le rôle de la Jamaïque au sein de cette union qui a existé du 3 janvier 1958 au 31 mai 1962, était impopulaire. De fait, la Fédération a implosé et c’est séparément que la grande île est devenue indépendante.
Le jour de l'indépendance, les Jamaïcains participent à d'immenses défilés de rue, enfilent des vêtements aux couleurs du drapeau jamaïcain et organisent toutes sortes de manifestations culturelles.
Les célébrations durent plusieurs jours. Elles ont commencé le 31 juillet au soir, la veille du Jour de l’émancipation qui commémore la loi sur l’abolition de l’esclavage dans les colonies britanniques en 1933. Après avoir été une fête nationale sous contrôle britannique, le jour de l'émancipation avait cessé d'être observé comme fête nationale en 1962 après l'indépendance. Il a été rétabli comme jour férié national en 1998. Le 1er et le 6 août sont des jours fériés en Jamaïque, mais les festivités durent une semaine. L’ensemble des évènements est appelé Jamaica Festival. Cette année, comme le 6 août tombe un dimanche, le 7 août sera également un jour chômé.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
9 décembre : la Tanzanie fête avec sobriété, son indépendance et les 60 ans de sa république
L’indépendance du 9 décembre 1961, comme la république du 9 décembre 1962, célébrées aujourd’hui ne concernent en fait que le seul Tanganyika et non l’archipel de Zanzibar. Les deux entités formeront deux ans plus tard, la Tanzanie. Cela peut expliquer la mise en berne des festivités annuelles par les autorités.
Cette année, sobriété oblige, pas de défilé militaire ni de feu d’artifice ni de fastueuse réception au Palais présidentiel, l’argent des festivités sera dépensé plus utilement. Ce n’est pas la première fois que les autorités tanzaniennes prennent ce genre de décision. Cela dit si le 9 décembre est à la fois qualifié de Fête d’indépendance (Independence Day) et de Jour de la République (Republic Day), l’importance de la date est moindre que celle du 26 avril, jour de l’unification du Tanganyika et de Zanzibar pour former la Tanzanie. Les festivités du 26 avril n’ont, quant à elles, pas été annulées.
En effet, le 9 décembre 1961, c’est le seul Tanganyika (c’est-à-dire la partie continentale du pays) qui accède à l’indépendance après avoir été une colonie allemande puis britannique. Le processus de décolonisation avait commencé après la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le Tanganyika est devenu un territoire sous tutelle des Nations unies sous contrôle britannique. En 1954, l'Union nationale africaine du Tanganyika (TANU), le mouvement de lutte pour l’indépendance est créé avec Julius Nyerere comme leader. La TANU remporte les élections au Conseil législatif en 1958, 1959 et à nouveau, en 1960, Nyerere devenant ministre en chef après les élections de 1960. Le 1er mai 1961, le pays obtient finalement son autonomie, suivie de l'indépendance, le 9 décembre 1961. L’année suivante, le 9 décembre 1962, la république est adoptée. On célèbre aujourd’hui le 60e anniversaire de l’événement. Julius Nyerere devient le président de la République mais du seul du Tanganyika car l’archipel de Zanzibar n’obtiendra son indépendance qu’en 1963, mais dans le cadre d’un sultanat qui ne sera renversé que l’année suivante, le 12 janvier 1964.
Le 26 avril 1964, le Tanganyika s'unira à Zanzibar. Le pays a été rebaptisé République-Unie de Tanzanie le 29 octobre de la même année. On comprend que, en fin de compte, la date du 26 avril soit plus importante que le 9 décembre pour l’ensemble du pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2022
9 octobre : les 60 ans d’indépendance de l’Ouganda
Le Jour de l’indépendance de l’Ouganda rappelle l’émancipation du pays le 9 octobre 1962 après 75 ans d’occupation britannique.
Le Jour de l’indépendance (Uganda Independence Day) rappelle l’émancipation de l’Ouganda le 9 octobre 1962 après 75 ans d’occupation britannique.
En 1888, l'Ouganda fut placé sous la charte de la British East Africa Company et devint le protectorat britannique en 1894. Le processus de décolonisation a commencé après la fin de la Seconde Guerre mondiale. De nombreux partis politiques ont commencé à émerger au cours de la seconde moitié des années 1950. L'Ouganda a finalement obtenu l'autonomie le 1er mars 1962, puis son indépendance le 9 octobre suivant.
Un défilé militaire se déroule chaque année à Koloun, un terrain situé à Kampala, la capitale, et dédié aux fêtes. La cérémonie commence normalement à 10h30 après l'arrivée du président ougandais laquelle se déroule tandis que Oh Uganda, Land of Beauty, est joué. Le président inspecte ensuite la garde d'honneur. Puis, les couleurs nationales (noir, jaune et rouge) sont hissées sur un mât.
Le président prononce ensuite un discours. Puis les chefs religieux luis succèdent à la tribune pour prier pour la nation. Le commandant du défilé ordonne alors au défilé de commencer par une marche lente, suivie d'une marche rapide.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
5 juillet : l'Algérie fête son indépendance
L’Algérie célèbre son indépendance acquise le 5 juillet 1962 après plus de sept ans de lutte armée. Cette Fête de l’indépendance et de la jeunesse est aussi le 60e anniversaire d’une indépendance dont la date n’avait pas été choisie par hasard.
L’Algérie célèbre son indépendance acquise le 5 juillet 1962 après plus de sept ans de lutte armée. Pour cette Fête de l’indépendance et de la jeunesse, des concours de poésie (écrite et orale) et de chants patriotiques, projections de films en rapport avec la Révolution (c’est ainsi que l’on évoque en Algérie, l’indépendance du pays), spectacles de théâtre, lectures poétiques et des expositions de photographies marquent la commémoration de cette date phare de l'histoire de l'Algérie dont c’est le 60e anniversaire.
Le 5 juillet 1962, quelques jours après le référendum du 1er juillet qui donnait un « oui » massif, l’indépendance du pays était proclamée par le gouvernement provisoire établi à Alger. Celui-ci n’allait pas gouverner longtemps. Le 22 juillet, un coup d’État militaire opéré par les dirigeants de l’armée de libération allait prendre le pouvoir. 60 ans plus tard, ils ne l’ont toujours pas vraiment lâché. Le logo choisi par le régime pour ce 60e anniversaire de l’indépendance est là pour en témoigner.
Au point, que ces dernières années, les manifestants du Hirak réclamaient une seconde indépendance, la vraie, celle qui les libérerait de la tutelle de l’armée sur leur pays. Mais, en raison de la répression du régime, le mouvement s’est bien essoufflé aujourd’hui. La veille de ces festivité du 5 juillet, Amnesty international a appelé les autorités algériennes à libérer immédiatement les détenus du Hirak, au nombre de 266 personnes au moins.
La date du 5 juillet 1962 n’avait pas été choisie au hasard. Elle est censée effacer la capitulation du dey d’Alger le 5 juillet 1830 après que les remparts d’Alger aient commencé à céder face aux coups de boutoirs de l’armée française qui entamait ainsi une nouvelle guerre de conquête.
Lors du 58e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, les restes de 24 combattants capturés par les Français puis décapités et leurs crânes exposés comme des trophées de guerre au Musée de l’homme à Paris, avaient été restitués à l’Algérie. Mais, les relations entre la France et l’Algérie sont encore loin d’être normalisées. En 2021, le président Macron accusant le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » avait provoqué une crise diplomatique. L’Algérie avait rappelé son ambassadeur en France et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français desservant le Sahel. En février 2022, lors de la commémoration du massacre de Charonne, la situation s’était toutefois quelque peu apaisée. En mai 2022, le président Abdelmadjid Tebboune a félicité Emmanuel Macron pour sa réélection et l’a invité à se rendre prochainement en Algérie, pour intensifier les relations entre les deux pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 juillet 2022
19 mars : hommage aux victimes de la guerre d'Algérie
La France commémore le 60e anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars 1962. En 2012, cette date a été instituée “Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie” mais elle ne fait pas l’unanimité…
La France commémore le cessez-le-feu du 19 mars 1962, une célébration qui ne fait pas l’unanimité. Pour les appelés (1,2 millions) et leur famille, cela marque la fin d’un long et pénible engagement qui longtemps n’a pas eu droit à l’appellation de guerre. La date du 19 mars était célébrée depuis longtemps par les associations d’anciens combattants, mais elle n’a eu droit à une reconnaissance officielle qu’en 2012, pour le 50e anniversaire, comme Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Cette année pour le 60e anniversaire, l’événement est plus marqué qu’à l’ordinaire même si la guerre en Ukraine l’a relégué au second plan.
Le 19 mars comme date de l’hommage national aux morts en Algérie continue cependant à être rejetée par les représentants des « rapatriés » et des harkis. Si le 19 mars évoque la joie du retour des militaires français dans leur famille, il marque également l’amorce d’un drame pour les rapatriés, contraints au déracinement, et le début d’une tragédie pour les harkis, massacrés dans les semaines qui suivirent, au mépris des accords d’Evian. Si bien que le président Chirac avait inventé une nouvelle date d’hommage aux morts de la guerre d’Algérie, le 5 décembre. Mais faute du moindre fondement historique, elle est aujourd’hui peu marquée.
En Algérie, le 19 mars n’est pas férié, ce n’est que la Fête de la victoire (النصر). La vraie fête d’indépendance est le 5 juillet (date sa proclamation en 1962 et anniversaire du début de l’occupation du pays par les Français, le 5 juillet 1830). Avec le Hirak, beaucoup en Algérie rêvaient d’un seconde libération (une seconde indépendance pour certains !), et sont aujourd’hui très déçus que le mouvement se soit enrayé. Le système politique algérien, sclérosé et corrompu, est accusé par la majeure partie de la population d’avoir confisqué la victoire et l’indépendance au profit d’une petite élite.
A Paris, une cérémonie débute 16h30 au mémorial du quai Jacques Chirac qui a été complètement transformé pour l’occasion (remise de décorations, discours de la ministre déléguée aux Armées et dépôt de gerbes) - La cérémonie à l’Arc de Triomphe est à 18h30 (dépôt de gerbes et ravivage de la flamme).
Le 19 mars est dédié aux victimes du conflit : 30 à 35 000 Français (dont 25 000 militaires et 6 à 10 000 civils, ces derniers, en majorité tués après le 19 mars), 350 à 400 000 Algériens selon les historiens (et non un millions et demi d’après le discours officiel) quand aux harkis, les supplétifs algériens de l’armée française, la fourchette pour eux est encore plus large : de 30 à 150 000, selon les sources, et en comptants les règlement de compte après le 19 mars.
12 mars : en Zambie, hommage à la jeunesse combattante
Il y a 60 ans, jour pour jour, le 12 mars 1962, les forces de sécurité britanniques tiraient sur une manifestation de jeunes gens en faveur de l’indépendance de la Rhodésie du Nord, future Zambie.
Il y a 60 ans, jour pour jour, le 12 mars 1962, les forces de sécurité britanniques tiraient sur une manifestation de jeunes gens en faveur de l’indépendance de la Rhodésie du Nord. On relèvera de nombreux morts. L’indépendance ne sera obtenue qu’en 1964, le 24 octobre, le pays devenant la Zambie.
En 1966, pour commémorer cet épisode tragique de la lutte anticoloniale, le gouvernement zambien a fait de cette date un jour férié appelé Journée de la jeunesse zambienne (Zambian Youth Day).
L’usage, chaque 12 mars, est de se rassembler autour de la statue de la liberté de Lusaka, dédiée à ceux qui ont perdu la vie dans la lutte pour l’indépendance. On y dépose une couronne. La statue a été placée devant le nouveau complexe gouvernemental (près du musée national) sur l'avenue de l'Indépendance. C’est un lieu de rassemblement populaire à Lusaka aussi bien le 12 mars que le 25 mai (Journée de l'Afrique) ou bien sûr, le 24 octobre.
La statue a été érigée en 1974 pour célébrer le 10e anniversaire de l'indépendance de la Zambie. Bien que le pays ait connu une transition relativement pacifique, obtenant son indépendance sans guerre civile ni révolution armée, la lutte pour la liberté a été longue. Cela impliquait aussi, malheureusement, une répression violente occasionnelle de la part du gouvernement colonial. C’est ce long cheminement qui est commémoré chaque 12 mars en Zambie.
2 mars : la Birmanie en guerre fête ses agriculteurs
La Journée des paysans est un jour férié dont la date n’a rien à voir avec l’agriculture. Elle a été choisie par le général Ne Win pour célébrer le coup d’État qui l’a porté au pouvoir, le 2 mars 1962, il y a 60 ans aujourd’hui.
Le 2 mars est férié en Birmanie (Myanmar, selon le régime militaire), c’est la Journée des paysans (မြန်မာနိုင်ငံတွင် တောင်သူလယ်သမားနေ့). La date n’a rien à voir avec l’agriculture. Elle a été choisie en 1965 par le général Ne Win pour célébrer le coup d’État qui l’a porté au pouvoir, le 2 mars 1962. Il y a donc 60 ans, jour pour jour. Si on lui sait gré de s’être intéressé aux deux tiers de ses compatriotes qui travaillent dans l’agriculture, la production de riz principalement, et notamment d’avoir réalisé une réforme agraire en leur faveur, cette date évoque aussi la confiscation de la démocratie et la tutelle de l’armée sur le pays. Cette date est un bien triste anniversaire quand on sait que l’armée n’a jamais vraiment quitté le pouvoir et que craignant d’en être écarté le 1er février 2021, elle a repris ferment le contrôle du pays au prix d’une guerre civile et de milliers de morts.
Ne Win, le général socialiste, dont on commémore donc aussi la prise de pouvoir a été lui-même renversé par un autre coup d’État militaire, en 1988, après 26 ans de règne, mais sans pour autant disparaître de la scène politique. La journée des agriculteurs anciennement célébrée le 1er janvier et qu’il avait déplacé au 2 mars, lui a survécu. C’est toujours un jour férié et chômé officiel que célèbre aujourd’hui la junte au pouvoir pour tenter de donner au pays un semblant de normalité.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
8 février : il y a 60 ans, massacre au métro Charonne
Ce 8 février, au métro Charonne, à Paris, un hommage est rendu aux 9 victimes de la répression sauvage du 8 février 1962 lors de la manifestation contre l’OAS et pour la paix en Algérie.
Ce 8 février au métro Charonne, à Paris, un hommage est rendu aux 9 victimes de la répression sauvage du 8 février 1962 lors de la manifestation contre l’OAS et pour la paix en Algérie. Chaque année, à cette date plusieurs centaines de personnes se rassemblent devant la nation de métro située place du 8-Février 1962, dans le 11e arrondissement.
Pour ce 60e anniversaire, le Comité Vérité et Justice pour Charonne et plusieurs organisations invitent au rassemblement ce mardi 8 février 2022 à 18 heures, métro Charonne, à Paris
avec Delphine Renard, blessée grièvement lors de l’attentat visant André Malraux ; Jean-François Gavoury, président de l’Association Nationale pour la Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS (ANPROVEMO) ; Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député ; Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
La CGT Ratp rend hommage aux victimes le même jour à 17h30 dans la station de métro.
Dimanche 13 février à 11h, un dépôt de gerbes sera fait au cimetière du Père Lachaise sur les tombes des victimes (face au mur des Fédérés).
Du 1er au 28 février, sur le parvis de la mairie du 11ème arrondissement, place Voltaire, la Ville de Paris a mis en place une exposition intitulée : “Massacre au métro Charonne, le 8 février 1962″.
Le 8 février 1962, alors que la manifestation se terminait, que les manifestants s’engouffraient dans le métro pour rentrer chez eux, la police chargea sans crier gare et avec une violence inouïe. Dans les escaliers de cette bouche de métro, les manifestants ont été piétinés et asphyxiés par les forces de l’ordres, qui leur ont lancé des grilles de fonte, celles qui entourent le pied des arbres de l’avenue. Dans la soirée on apprend qu’il y a eu huit morts, dont trois femmes et un adolescent de 15 ans, 250 blessés dont une centaine sont grièvement atteints. Un mois et demi après, une neuvième victime succombe à ses blessures . Un massacre, un de plus, qui s’est déroulé sous les ordres de Maurice Papon, préfet de police de Paris.
Le 13 février 1962, un million de personnes venues de l’ensemble de la région parisienne et de province assistent aux obsèques des victimes du 8 février dans un immense défilé de la place de la République au cimetière du Père-Lachaise. Le lendemain, les négociations avec le GPRA (Gouvernement provisoire de la République d’Algérie) reprennent et aboutissent au cessez-le-feu le 19 mars 1962.
Les victimes s’appelaient :
Jean-Pierre Bernard, il avait 30 ans et était dessinateur aux télécoms à Montparnasse,
Fanny Dewerpe, elle était secrétaire et issue d’une famille « décimée par les nazis ». Son mari, André Dewerpe était mort en 1954 des suites des violences policières subies lors des manifestations de 1952. Grièvement blessée lors de la manifestation du 8 février 1962 à Charonne, Fanny mourut à son arrivée à l’hôpital Saint-Louis.
Daniel Fery, jeune apprenti de 16 ans…
Anne-Claude Godeau, était employée aux Chèques postaux dans le 15ème arrondissement de Paris, elle avait 24 ans.
Édouard Lemarchand, employé de presse de 40 ans,
Susanne Martorell, employée de presse de 35 ans,
Hyppolite Pina, maçon de 58 ans,
Maurice Pochard, employé de bureau de 48 ans,
Raymond Wintgens, typographe de 44 ans…
Aucun policier ne sera poursuivi. Les enquêtes n’aboutiront pas. Le premier ministre renouvellera aussitôt sa confiance à Maurice Papon, lequel restera préfet de police de Paris jusqu’en janvier 1967. Le 17 juin 1966, une loi d'amnistie sera votée, couvrant les répressions des manifestations de 1961 (le massacre du 17 octobre notamment) et celles de 1962.
Finalement le 8 février 2022, le préfet Lallemand était présent à la cérémonie, pour la première fois en représentant du président de la République. La responsabilité de la police, aux ordres du gouvernement de l’époque, dirigé par Michel Debré, a clairement été reconnue. Pour la première fois ce massacre était qualifié officiellement de crime d’État.
9 décembre : la Tanzanie fête ses 60 ans d’indépendance
C’est le Jour de l'Indépendance (du Tanganyika en 1961) et le Jour de la République (en 1962)
En réalité, ce n’est pas tout à fait vrai car la Tanzanie n’a été créée qu’en 1964, après l’indépendance de l’archipel de Zanzibar, en 1963, et son union avec le Tanganyika, le 26 avril 1964. Aujourd’hui, le Jour de l’indépendance (Indepedence Day) ne célèbre que celle du Tanganyika, c’est-à-dire la partie continentale du pays qui fut une colonie portugaise, omanaise, allemande puis, finalement anglaise. Contrairement à Zanzibar où se sont déroulée une révolution et une guerre civile meurtrière, l’indépendance du Tangayika s’est faite assez pacifiquement même si une lutte politique fut nécessaire. Celle-ci a été menée par Julius Nyerere à l’origine de l'Union nationale africaine du Tanganyika (TANU), le parti qui a lutté pour l’indépendance. Celle-ci a été obtenue tardivement, le 9 novembre 1961, il y a 60 ans jour pour jour. À cette date une bonne partie de l’Afrique était déjà décolonisée. Un an après, à nouveau le 9 décembre, la République du Tanganyika était créée. Ce jour est aussi le Jour de la République (Republic Day).
La célébration du Jour de l'Indépendance et du Jour de la République sont généralement marqués par des défilés et des fêtes colorées, des concerts folkloriques… La fête avait toutefois été annulée en 2020, en raison de la pandémie et les fonds affectés à l’achat d’équipements hospitaliers. Cette année, pour le 60e anniversaire, la fête se déroulera à Dodoma, la capitale, et surtout au stade Uhuru, de Dar es Salaam, la principale ville, où des dirigeants locaux et internationaux honoreront l'occasion.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2021
27 mars : la Journée mondiale du théâtre
Chaque année, le 27 mars, l’institut international du théâtre (ITI) organise une Journée mondiale du théâtre (World Theatre Day). Cette année après un an de suspension des représentations, en raison de la covid…
Chaque année, le 27 mars, l’institut international du théâtre (ITI) organise une Journée mondiale du théâtre (World Theatre Day). Durant cette journée, amateurs, étudiants et professionnels se réunissent pour célébrer l’importance et la valeur du théâtre. En 2021, après une interruption presque totale des représentations depuis un an, presque partout dans le monde, cette journée prend coloration très particulière…
La date du 27 mars correspond à celle de l'ouverture de la saison «Théâtre des Nations» en 1962 à Paris. Depuis cette année-là, la Journée mondiale du théâtre a été célébrée de nombreuses façons par les centres de l’ITI qui sont plus de 90 à travers le monde. Les théâtres, les professionnels du théâtre, les amateurs de théâtre, les universités de théâtre, les académies et les écoles célèbrent aussi cette journée. Chaque année, une personnalité exceptionnelle du théâtre ou d'un autre domaine est invitée à partager ses réflexions sur le théâtre et l'harmonie internationale. En 1962, c’était Jean Cocteau ; en 2021, c’est Helen Mirren, une actrice britannique.
16 octobre : c'est Boss Day ! Merci patron !
Voilà une date très anglo-saxonne : le Boss Day est le jour où les employés marquent leur sympathie à l'égard de leur patron : une carte de vœux, un petit cadeau... Merci patron ! comme dirait François Ruffin ? En fait, ce n'est pas tout à fait ça…
Voilà une date très anglo-saxonne : le Boss Day est le jour où les employés marquent leur sympathie à l'égard de leur patron : une carte de vœux, un petit cadeau... Merci patron ! comme dirait François Ruffin ? En fait, ce n'est pas tout à fait ça.
Cette fête est née en 1958 à l'initiative de Patricia Bays Haroski qui souhaitait honorer son patron, lequel était aussi... son père dont c'était l'anniversaire ce jour-là. Elle a fait cette proposition à la Chambre de commerce locale. Quatre ans plus tard, en 1962, gouverneur de l'Illinois Otto Kerner a retenu la proposition et proclamé officiellement cette journée (qui n'est fériée ni chômée cela va de soit). Depuis, le Boss Day a gagné en popularité, non seulement aux États-Unis, mais à travers le monde. La journée est, parait-il, observée dans plusieurs pays comme l'Australie, l'Inde, l'Afrique du Sud... En fait, il faut vraiment le prendre au tout premier degré, ce qui explique que la fête ne se soit pas implantée partout.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 octobre 2020