L’Almanach international

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1985, Chili, assassinat d'opposant, 29 mars Bruno Teissier 1985, Chili, assassinat d'opposant, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : la Journée du jeune combattant chilien

Cette commémoration a été instituée par un mouvement d’extrême gauche pour dénoncer la mort des frères Eduardo et Rafael, âgés de 18 et 19 ans, décédés après leur arrestation par la police. Tous deux étaient des combattants contre la dictature d’extrême droite du général Pinochet.

 

La Journée du jeune combattant (Día del joven combatiente) n’est pas une commémoration officielle au Chili. Elle a été instituée par un mouvement d’extrême gauche, le MIR qui luttait contre la dictature de Pinochet.

C'est l'anniversaire de la mort des frères Eduardo et Rafael Vergara Toledo, âgés de 18 et 19 ans, deux militants du MIR. Ces combattant contre la dictature sont décédés après leur arrestation par la police. Les rapports d'autopsie ont révélé que les deux frères sont morts à cause de traumatismes multiples causés par des balles et Rafael a trouvé la mort, après avoir reçu une balle tirée dans la nuque à bout portant. On était le 29 mars 1985, Augusto Pinochet, le général putschiste, était au pouvoir.

Depuis, chaque 29 mars, des rassemblements se forment dans divers quartiers de Santiago pour dénoncer les crimes commis pendant la dictature de l’extrême droite et demander la vérité et la justice pour les violations des droits humains par les services de l’État. Le régime militaire (1973-1990) a causé la mort ou la disparition de quelque 3000 personnes et l’exil de 200 000 Chiliens.

Les années passant, certaines manifestations du 29-Mars dégénèrent en affrontements violents avec la police dans diverses parties de Santiago ou des villes de province, ainsi que dans certaines universités. Beaucoup de manifestions sont encagoulés et comment des actes de vandalisme, des pillages et divers incidents sur la voix publique. Au point que la journée du jeune combattant est parfois surnommée la « Journée du jeune délinquant » (Día del joven delincuente).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2025

De jeunes Chiliens réclament justice pour le meurtre des frères Vergara Toledo (Photo : Paulo Slachevsky)

Le mémorial de Villa Francia, à Santiago, sur le lieu où s’est déroulé le drame

 
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1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier 1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : la Journée des anciens combattants de la guerre du Vietnam

Cette célébration est récente, car les États sont peu enclins à commémorer une guerre perdue. Qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, à côté des quels les 56 000 morts américains ont peu pesé dans la mémoire. Il faudra, en effet, attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam.

 

Cette célébration est récente, car les États sont toujours peu enclins à commémorer une guerre perdue. Et qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, trois millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Les États-Unis ont largué 7 millions de tonnes de bombes et 75 millions de litres d’herbicide de défoliation de la jungle… Le Vietnam est marqué pour des générations par ce terrible conflit qui a duré deux décennies. À côté de ce désastre, les quelque 56 000 soldats américains tués et les 303 000 blessés avaient été un peu oubliés avec le temps. Beaucoup ont très mal vécus cet oubli.

Cette guerre a pourtant profondément marqué une génération d’Américains : le ministère des Anciens Combattants estime qu'aujourd'hui, à plus de 7 millions le nombre d'anciens combattants américains du Vietnam. Le conflit a concerné plus de 10 millions de familles américaines. Jusque-là, les anciens combattants étaient honorés chaque 11 novembre en même temps que ceux de toutes les guerres auxquelles ont participé les États-Unis. Certains États de l’Union organisaient des célébrations le 29 ou le 30 mars. Mais rien au niveau fédéral, jusqu’à cette journée fériée du 29 mars, annoncée en 2012 pour les célébrations du 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam.

Le 29 mars  1973, les dernières troupes américaines combattantes furent retirées du Vietnam et les derniers prisonniers de guerre détenus au Nord-Vietnam arrivèrent sur le sol américain. Le 29 mars fut aussi la date choisie par le président Nixon pour une première Journée des anciens combattants du Vietnam en 1974. Mais il faudra attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam (National Vietnam War Veterans Day), une célébration officielle qui encourage les Américains à arborer le drapeau américain, mais la journée n’est pas un jour férié chômé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2024

Les trois militaires , statue de Frederick Hart, au Mémorial des anciens combattants du Vietnam à Washington, DC

 
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1911, Chine, Taïwan, martyrs, 29 mars Bruno Teissier 1911, Chine, Taïwan, martyrs, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : Taïwan célèbre sa jeunesse

La Journée de la jeunesse fait référence au deuxième soulèvement de Guangzhou contre la dynastie Qing, en 1911.

 

Cette Journée de la jeunesse (台湾青年节) de la République de Chine (autrement dit, Taïwan), est aussi connue sous le nom de Journée commémorative des martyrs révolutionnaires (台湾革命烈士纪念日).

Cette journée fait référence au deuxième soulèvement de Guangzhou contre la dynastie Qing qui, en réalité, s'est produit le 27 avril 1911. Il était dirigé par Huang Xing, un chef révolutionnaire qui devint plus tard le premier commandant en chef de l'armée de Taïwan. La plupart des rebelles étaient des jeunes de divers milieux sociaux. Ils ont compris qu'ils étaient en infériorité numérique, mais ils sont quand même allés au combat. La plupart d'entre eux ont été tués lors du soulèvement, qui s'est terminé de manière désastreuse. Seuls 72 corps ont été identifiés. Ils sont appelés les 72 martyrs. Les morts ont été enterrés dans une fosse commune sous un monticule de fleurs jaunes. Une nouvelle tentative aboutira en octobre 1911 à la fondation de la République chinoise en Chine méridionale.

À l'origine, Taïwan célébrait sa Journée de la jeunesse à la même date que la République populaire de Chine, c’est-à-dire le 4 mai, pour commémorer le mouvement du 4 mai 1919. Mais en 1954, Taïpeh a voulu se démarquer de Pékin et la date a été déplacée 29 mars, car 29e jour du 3e mois du calendrier chinois. De fait aujourd’hui, on célèbre cette journée le 29e jour du 3e mois du calendrier grégorien. En 2011, à l’occasion du centenaire de l’événement, des membres du Kuomingtang avaient demandé que l’on place cette commémoration le 27 avril, date du véritable anniversaire. La question reste en débat. D’autant que certains proposent de rebaptiser la Journée 228, Journée de la jeunesse de Taïwan.

Il y a 80 ans, le 29 mars 1943, la Ligue de la jeunesse du Kuomintang tenait son premier congrès national. Elle estima que les actes des martyrs de Huanghuagang (du nom du cimetière de Canton où ils sont inhumés) avaient plus de valeur que ceux du mouvement du 4 mai (date récupérée par les communistes pour les besoins de leur propagande). C’est pour cela que le 29 mars sera désigné comme la Journée de la jeunesse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La tombe des 72, à Huanghuagang (cimetière de Canton)

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1947, Madagascar, 29 mars, massacre Bruno Teissier 1947, Madagascar, 29 mars, massacre Bruno Teissier

29 mars : il y a 75 ans, les massacres oubliés de Madagascar

Cette journée dédiée aux victimes est fériée à Madagascar où l'on commémore les massacres opérés en 1947 par l'armée française envoyée mater toute tentation indépendantiste de la Grande île…

 

Cette journée dédiée aux victimes est fériée à Madagascar où l'on commémore les massacres opérés en 1947 par l'armée française envoyée mater toute tentation indépendantiste de la Grande île : plusieurs dizaines de milliers de morts (ou centaines de milliers) dans la plus grande indifférence à l'époque (et encore aujourd'hui).

Pendant la nuit du 29 mars 1947, à Madagascar, quasi simultanément, à Moramanga, dans le centre-est et à Manakara, sur la côte sud-est, des groupes d’insurgés qui ne croient plus en l’indépendance de leur pays par la voie pacifique, prennent les armes et commettent de premières attaques. C'était le début d'un an et demi d’insurrection contre l’administration coloniale française, en place depuis un demi siècle, notamment au prix de massacre, comme en 1897.

​​Lors du sommet de la Francophonie de 2016, François Hollande a rendu visite à la stèle des anciens combattants de la Grande guerre, à Anosy, en « hommage », aux victimes des événements de 1947 qu’il avait qualifiés de « répression brutale ». Mais, lors des journées de Commémoration de la Rébellion de 1947 (Martiora Ny tolona tamin'ny), aucun membre du gouvernement français n'est jamais venu en visite à Madagascar. Les massacres de l’année 1947 dans la Grande Ile font partie des trous noirs de l’histoire de France : 90 000 morts selon le commandant des troupes françaises de l'époque ; entre 200 000 et 700 000 morts selon d’autres sources.

Ce mardi 29 mars, une cérémonie de dépôt de gerbes sous la houlette du Président de la République, Andry Rajoelina, se déroule dans plusieurs endroits emblématiques : au Mausolée sis à Avaratr’Ankatso, Antananarivo, où reposent les dépouilles des combattants nationalistes ainsi qu’à Moramanga et Manakara, lieux de l’insurrection. La chanson Madagasikara Tanindrazanay qui a marqué la lutte nationale à cette époque est chantée ce jour-là. Cette commémoration qui a commencé vendredi 25 mars au camp militaire du Ier RM1 à Analakely, à Antananarivo, semble toutefois rencontrer une certaine indifférence de la part des citoyens. Il faut dire qu’en moins de deux mois, la Grande île a été frappée par quatre cyclones : Ana, Batsirai, Dumako et Emnati, qui ont fait des dizaines de milliers de sinistrés.

Ce jour férié et cette commémoration officielle ont été décidés en 1967, à l’occasion du 20e anniversaire du massacre. La célébration de 1947 a été discrète sous la Première république (1960-1975), puis beaucoup plus marqué sous la Deuxième république (1975-92) le régime « révolutionnariste », autoritaire et corrompu, l’avait instrumentalisé pour se construire une légitimité… la commémoration varie selon les périodes, mais le traumatisme demeure ancré dans la mémoire collective, même si seuls les plus anciens s’en souviennent vraiment.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 mars 2022

 
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