L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
20 août : le Maroc célèbre le combat du sultan Mohamed V pour l'indépendance
Ce jour férié au Maroc rappelle la destitution du sultan Mohamed V, le 20 août 1953, et son exil forcé par les autorités françaises. Cette date marqua un tournant dans la lutte pour l’indépendance.
Ce jour férié au Maroc rappelle la destitution du sultan Mohamed V, le 20 août 1953, son arrestation par les autorités françaises qui occupaient le Maroc et sa déportation, avec sa famille, vers la Corse puis vers Madagascar. Ce faisant, Paris écartait un sultan qui avait pris le parti des nationalistes prônant l’indépendance du pays, pour le remplacer par un cousin plus docile : Mohamed ben Arafa. Cet événement va provoquer un sursaut nationaliste du peuple marocain et le début du mouvement politique qui conduira à l’indépendance. Rétrospectivement, c’est le début d’un processus irrésistible de décolonisation du Maroc. Les Marocains célèbrent cette journée comme le Jour de la Révolution du Roi et du Peuple (ذكرى ثورة الملك والشعب).
Tout avait commencé quand le Palais, en coordination avec le mouvement nationaliste, avait présenté le 11 janvier 1944 le Manifeste de l’indépendance. Le discours du souverain lors de sa visite à Tanger, le 9 avril 1947, encourageant à la lutte pour l’indépendance, suivi d’importantes manifestations, notamment dans le nord du Maroc, avait convaincu le gouvernement français de neutraliser le monarque alaouite. Le soulèvement du 16 août 1953 dans l’Oriental déclencha la réaction de Paris : quatre jours plus tard, Mohamed V était destitué. On le sait, le coup de force des Français a provoqué l’inverse de ce qui était attendu. L’exil forcé du sultan a véritablement dopé le mouvement anticolonial. La France devra céder à la révolte des Marocains et se résoudre à faire revenir Mohamed V sur son trône. Il ne rentra que le 16 novembre 1955 et l’indépendance ne sera acquise que le 18 novembre 1956 avec la fin du protectorat français. Le sultan prendra alors le titre de roi du Maroc.
Traditionnellement, le roi Mohamed VI, petit-fils de Mohamed V, adresse un discours dans la soirée aux citoyens marocains. Le 20 août est aussi l’une de ces journées où le roi accorde sa grâce à des citoyens condamnés, souvent pour raisons politiques. Une manière de montrer que son régime, fut-il souvent arbitraire comme l’avait été Paris à l’égard du sultan, sait aussi lâcher du lest face à la contestation.
Deux autres dates célèbrent la marche vers l’indépendance du Maroc : le 11 janvier et le 18 novembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 août 2024
Dans notre catalogue : Géopolitique du Maroc par Kader Abderrahim
27 juillet : la fin de la guerre de Corée
Chaque 27 juillet, la Corée du Nord fête sa « victoire », le même jour les Américains célèbrent la Journée nationale de l'armistice des vétérans de la guerre de Corée, une commémoration créée par Barak Obama.
Chaque 27 juillet, la Corée du Nord fête sa « victoire », le même jour les Américains célèbrent la Journée nationale de l'armistice des vétérans de la guerre de Corée (Korean War Veterans National Armistice Day), une commémoration créée par Barak Obama pour honorer 1,8 million d'Américains qui ont combattu pendant la guerre de Corée. Parmi eux, près de 37 000 personnes sont mortes, plus de 103 000 ont été blessées, plus de 7 000 ont été capturées et plus de 8 000 ont été portées disparues.
Le 27 juillet 1953, ce n’est qu’un armistice qui a été signé, créant une zone démilitarisée entre les deux Corées. Mais la paix n’a jamais été établie, le nord et le sud du pays sont toujours officiellement en guerre. Celle-ci avait débuté le 25 juin 1950 par une tentative d’invasion du Sud, pro-américain par le Nord communiste, soutenu par l’URSS. La Corée fut un des points chauds de la guerre froide. Elle en est aujourd’hui l’ultime vestige.
Chaque 27 juillet, en Corée du Nord, on célèbre le Jour de la Victoire dans la Grande Guerre de Libération de la Patrie (조국해방대전 승전의 날) à grand renfort de défilés militaires, dépôt de fleurs et de gerbes et des spectacles de danse. Aux États-Unis, on organise des cérémonies à travers le pays, en particulier au Mémorial des anciens combattants de la guerre de Corée à Washington, DC.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 juillet 2024
29 mai : le marathon de l’Everest
Ce matin à 7 h, s’élance le marathon le plus haut du monde. Son point de départ est à 5401 m d’altitude, c’est l’une des courses les plus difficiles au monde. Il a lieu chaque année le 29 mai depuis 2003 pour marquer l'anniversaire de la première ascension du mont Everest par Tenzing Norgay et Sir Edmund Hillary, en 1953.
Ce matin à 7 h, s’élance le marathon le plus haut du monde. Son point de départ est à 5401 m au-dessus de la mer, c’est l’une des courses les plus difficiles au monde. Le Tenzing Hillary Everest Marathon (THEM) a lieu chaque année le 29 mai depuis 2003, année du cinquantenaire de la première ascension du mont Everest par Tenzing Norgay, Sherpa népalais, et Edmund Hillary, alpiniste néo-zélandais, le 29 mai 1953. Depuis, le Marathon de l’Everest (एभरेस्ट म्याराथन) a eu lieu chaque année à la même date sauf en 2015, quand la course a été reportée en raison d'un tremblement de terre dévastateur qui a frappé le Népal.
Le signal de départ du marathon est donné au camp de base du mont Everest sur le glacier du Khumbu et à proximité immédiate de la célèbre cascade de glace du Khumbu. La course mène sur des sentiers de montagne accidentés et des sentiers de yaks jusqu'à Namche Bazar, la "capitale Sherpa" à 3440 m. En 2006, Deepak Rai a établi le précédent record du parcours avec un temps de 3h28.
L'édition 2024 est la 19e édition de l’événement, pour célébrer le 71e anniversaire de l'ascension réussie du mont Everest par Sir Edmund Hillary et Tenzing Norgay Sherpa. Les coureurs du monde entier peuvent participer aux catégories de leur choix, notamment 70 km pour l’Extreme Ultra, 42 km pour le Full Marathon et 21 km pour le Half Marathon. Les horaires de départ du marathon diffèrent selon chaque catégorie. L'ultramarathon commence à 5h, tandis que le marathon complet commence à 7h et enfin le semi-marathon commence à 8h. Le dénivelé total entre le point de départ et le point d'arrivée peut atteindre 1620 m. Le point le plus bas de l'itinéraire se trouve à Laubisasa, situé à 3439 m d'altitude. Le nombre de participants est limité à 250 car l’Everest souffre aujourd’hui d’une surfréquentation, au point que le Népal envisage régulièrement de restreindre son accès. Le site officiel
En 2008, après la mort d’Hillary, a été instituée la Journée internationale de l'Everest, célébrée également chaque 29 mai, pour commémorer les réalisations d'Hillary et de Tenzing et honorer leur héritage, ainsi que pour célébrer tous les alpinistes qui ont atteint le sommet et honorer la mémoire de ceux qui sont morts en essayant. La célébration est dirigée par l'Himalayan Trust, une organisation humanitaire internationale à but non lucratif créée par Sir Edmund Hillary pour apporter des soins de santé, de l'eau potable et une meilleure éducation aux communautés du district de Solukhumbu au Népal. En avril 2014, une avalanche sur le mont Everest avait tué 16 guides népalais. Le Trust a immédiatement créé un fonds pour soutenir les familles des personnes tuées dans la catastrophe. Le fonds comprend un programme de bourses pour les enfants des victimes, garantissant qu'ils reçoivent une éducation complète et les aidant à explorer d'autres opportunités d'emploi.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 mai 2024
9 novembre : le Cambodge fête son indépendance
Il y a 70 ans aujourd'hui, le Cambodge proclamait son indépendance à l’égard de la France. C’était le 9 novembre 1953, la France qui dominait le pays depuis 1863, était empêtrée depuis 1946 dans une guerre coloniale en Indochine à laquelle elle souhaitait mettre fin. Le Cambodge fête son indépendance mais n’est-il pas, un quart de siècle plus tard, retombé sous la coupe d’une autre puissance ?
Le Jour de l'indépendance (ថ្ងៃបុណ្យឯករាជ្យជាតិ) est un jour férié qui marque l'anniversaire de la déclaration d'indépendance du Cambodge à l’égard de la France, le 9 novembre 1953. Cette fête est surtout célébrée dans la capitale, Phnom Penh. La veille au soir, une veillée aux chandelles rend hommage aux patriotes qui ont sacrifié leur vie pour l'indépendance des colonies françaises. La journée commence par la levée du drapeau national et l'allumage d'une torche commémorative au Monument de l'Indépendance. La cérémonie est présidée par le roi du Cambodge en sa qualité de commandant en chef des forces armées. La soirée, un défilé de gala a lieu devant le Palais Royal. Un grand feu d'artifice marque la fin des événements festifs. Chaque année, les étudiants et les travailleurs disposent de deux jours chômés pour l’occasion.
La tutelle française a duré 90 ans. Les Français aiment bien rappeler que c’est le roi de l’époque, Norodom Ier, qui a sollicité le protectorat de la France de peur de voir son royaume disparaître, absorbé par celui du Siam (aujourd’hui la Thaïlande) qui avait amputé le Cambodge de sa partie occidentale que la France permit de récupérer. Le traité de protectorat de la France sur le Cambodge a été signé le 11 août 1863. La France qui était déjà présente au Tonkin, en Annam et en Cochinchine, y trouvait son intérêt dans le fait de damer le pion aux Anglais que l’on savait manipulant le roi du Siam et de pouvoir contrôler le cours du Mékong, fleuve qui facilite l’accès à a Chine.
La France aurait sauvé le Cambodge d’une disparition, mais là où le souvenir devenir plus amer, c’est quand la France assiège le palais et menace le roi Norodom, l'obligeant à signer une convention qui le dépossède de tous ses pouvoirs. C’était le 17 juin 1864. La France faisait du Cambodge non plus un protectorat mais une colonie en l’intégrant dans l’Indochine française. Paris va par deux fois modifier la succession dynastique pour mettre sur le trône la personnalité lui semblant la plus docile. L’exploitation et l’oppression du pays ont provoqué plusieurs mouvements de révolte dès 1885. Comme dans le reste de l’Asie du Sud-est, la domination japonaise à la faveur de la Seconde guerre mondiale a permis de rompre temporairement de lien avec la France et faire naître des aspirations à l’indépendance. En 1949, le roi Norodom Sihanouk exige que la France mette fin aux traités de tutelle signés en 1863 et 1884. La guerre d’Indochine a débuté en 1946. Du côté du Cambodge, des bandes armées de khmers issarak (milices indépendantistes) opérant dans l’Ouest depuis la Thaïlande et à partir de 1947, coordonnera son action avec le Việt Minh. L’Armée populaire vietnamienne va très vite prendre l’initiative, même sur le sol cambodgien. Le roi dénonce l'attitude des Français et menace de s'entendre avec le Việt Minh. Le 8 novembre 1953, Norodom Sihanouk qui s’était réfugié en Thaïlande, puis dans l’est du pays, fait une rentrée triomphale dans Phnom Penh. Le lendemain, l’indépendance était proclamée. Il faudra de nouveaux transferts en matière diplomatique et économique, début 1954, pour consacrer la pleine indépendance du royaume, et surtout que les accords de Genève, en juillet 1954, pour que cette indépendance soit reconnue internationalement.
Le Cambodge qui fête, ce jour, son indépendance n’en a pas fini avec les tutelles extérieures. C’est une intervention vietnamienne, le 7 janvier 1979, qui faisait tomber le terrible régime khmer rouge et permettait l’occupation du pays par le Vietnam. Hun Sen qui est arrivé au pouvoir sous la tutelle de Hanoï est toujours à la tête du Cambodge, même si le dictateur a cédé à son fils, Hun Manet, le poste de Premier ministre, en juillet 2023. L’ombre du Vietnam sur le Cambodge est toujours là.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2023
5 novembre : les derniers martyrs du Risorgimento
Il y a 70 ans, les 5 et 6 novembre 1953, six personnes décédaient à Trieste sous les balles de l’armée britannique lors de manifestations en faveur du rattachement de cette ville à l’Italie. La mémoire des « Ragazzi del 53 » (les garçons de 1953) est célébrée à chaque anniversaire comme celle des derniers martyrs de l’unité italienne.
Il y a 70 ans, les 5 et 6 novembre 1953, six personnes décédaient à Trieste sous les balles de l’armée britannique lors de manifestations en faveur du rattachement de cette ville à l’Italie.
À l’issue de la Seconde guerre mondiale, l’Italie qui s’était alliée à l’Allemagne nazie s’est vue amputée de plusieurs territoires en faveur de la Yougoslavie, pays dont les partisans avaient lutté contre le nazisme. Le sort d’une région restait en discussion. Le Traité de Paris, en 1947, avait créé un Territoire libre de Trieste (FTL), un territoire indépendant sous l’égide de l’ONU, destiné à faire tampon entre l’Italie, encore faible et isolée, et la Yougoslavie, dirigée par Tito prêt à envahir l’ensemble du territoire en balance. Jusqu’en 1918, Trieste a été une grande cité cosmopolite austro-hongroise dont la population est principalement italienne et slave. Les deux États voisins étaient en mesure de revendiquer ce port qui fut le débouché maritime de l’Autriche. Ce sont les troupes Tito qui ont chassé l’armée allemande de la ville en 1945. Les Triestin ont un mauvais souvenir de ces combats de rue et des quarantes jours d’occupation yougoslave sous forme de revanche à deux décennies de pouvoir fasciste italien qui persécuta les Slaves.
Le 3 novembre 1953, à Trieste, à l'occasion de l'anniversaire de l'annexion de la ville au Royaume d'Italie en 1918, le maire Gianni Bartoli a contrevenu à l'interdiction d’arborer le drapeau tricolore italien sur l'hôtel de ville. Des officiers anglais, au nom de l’ONU, sont immédiatement intervenus pour l'enlever et le réquisitionner. Le lendemain, des manifestations improvisées ont revendiqué le caractère italien de la ville. Elles ont été aussitôt violemment réprimées par la police municipale, dirigée par les Anglais. Le 5 novembre, les étudiants proclament la grève générale et manifestent. Une voiture de police reçoit des jets de pierres, la situation dégénère dans l’église San Antonio. Un officier anglais ouvre le feu et la police suit son exemple : Piero Addobbati et Antonio Zavadil meurent, tandis que des dizaines d'autres garçons sont blessés. Les traces de balles resteront visibles sur deux côtés de l'église jusqu'à sa rénovation en 2012.
Le 6 novembre, la ville est traversée par une foule immense, déterminée à s'attaquer à tous les symboles de l'occupation anglaise : des voitures et des motos de police sont incendiées, ainsi que le siège du « Front pour l'indépendance du territoire libre de Trieste ». Les manifestants arrivent surla place de l’Unité italienne et tentent d'attaquer le bâtiment de la Préfecture, siège de la police civile : les policiers réagissent en tirant à nouveau sur la foule, blessant des dizaines de personnes et tuant Francesco Paglia, Leonardo Manzi, Saverio Montano et Erminio Bassa.
Ces événements vont obliger la diplomatie à trouver une solution : onze mois plus tard, en 1954, le mémorandum de Londres Territoire libre de Trieste est divisé entre une zone A (qui comprend Trieste), attribuée à l'administration civile italienne, et la zone B, attribuée à l'administration civile yougoslave. Trieste revenant à l’Italie (le 26 octobre 1954), cet épisode est perçu comme le dernier d’un Risorgimento qui a occupé l’Italie pendant plus d’un siècle. La mémoire des « Ragazzi del 53 » (les garçons de 1953) est célébrée à chaque anniversaire comme celle des derniers martyrs de l’unité italienne. L’épisode est d’autant plus douloureux que l’Italie a perdu en 1945 des territoires acquis dans les années 1920. La zone B est aujourd’hui partagée entre la Slovénie et la Croatie. Cette dernière a également hérité d’autres portions italiennes du littoral adriatique (Rijeka, Zadar…).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 novembre 2023
26 juillet : Cuba célèbre la geste de Fidel Castro
La date du 26 juillet est présente partout dans l'île, sur les murs, le long des routes, dans les manuels scolaires… C'était en 1953, un jeune avocat nommé Castro et quelques compagnons lançaient une attaque contre la caserne de la Moncada, à Santiago de Cuba. Le projet était de provoquer le renversement du dictateur Batista. Mal préparée, l’opération a tourné au désastre mais elle n’en est pas moins considérée comme le début de la lutte révolutionnaire qui conduira Castro au pouvoir six ans plus tard.
La date du 26 juillet est présente partout dans l'île, sur les murs, le long des routes, dans les manuels scolaires… C'était en 1953, un jeune avocat de 26 ans nommé Castro et quelques compagnons lançaient une attaque contre la caserne de la Moncada, à Santiago de Cuba. Le projet était de provoquer le renversement du dictateur Fulgência Batista qui avait instauré un régime autoritaire l’année précédente, sous l’égide des États-Unis.
Fidel Castro prévoyait de reprendre deux bâtiments voisins de la caserne Moncada : le Palais de Justice, avec un groupe commandé par Raul Castro, son frère, et un hôpital militaire par la troupe dirigée par Abel Santamaria. Un troisième groupe devait lancer l'attaque sur la cible principale et était commandé par Fidel Castro, lui-même.
Mal préparée l’opération tourne à la catastrophe. La plupart des insurgés sont tués. Fidel est arrêté et emprisonné. Lors de son procès, assurera sa propre défense. De celle-ci, on retiendra la fameuse phrase de conclusion "L'histoire m'absoudra". Il sera condamné à 15 ans de prison, mais en 1955, les prisonniers politiques seront finalement amnistiés. Fidel et son groupe s'exilent au Mexique, où ils rencontreront Che Guevara. Ensemble, ils vont créer un premier mouvement de guérilla, le Mouvement du 26 juillet, qui débarquera à Cuba le 2 décembre 1956 et parviendra à son but le 1er janvier 1959. Deux autres dates de la geste de Fidel Castro qui font l’objet de célébration nationale. Même si elle a tourné au désastre, l’opération du 26 juillet 1953 est considérée comme le début de la lutte révolutionnaire qui conduira Castro au pouvoir six ans plus tard. Son régime lui a survécu mais, comme fossilisé, il connaît aujourd’hui un désenchantement certain, ce qui n’empêche pas les commémorations de demeurer vivantes.
Le Día Nacional da Rebeldía Cubana (Journée nationale de la rébellion cubaine) fait l’objet chaque année de grandes célébrations, mais pour ce 70e anniversaire, les manifestations s’étalent sur plusieurs jours. Les commémorations ont commencé le week-end dernier et se poursuivent toute la semaine. Les journées du 25 au 28 juillet ont été déclarées fériés et chômées par le gouvernement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
17 juin : l'ancienne fête nationale allemande aurait encore du sens aujourd'hui
Le 17 juin a été la fête nationale de la République fédérale allemande, la RFA, de 1954 à 1990. Cette date fait référence à un contexte politique totalement révolu. À l’heure où Moscou menace à nouveau les libertés et la paix dans la partie orientale de l’Europe, de la Finlande à l’Ukraine, cette fête allemande aurait toujours du sens. Certains regrettent sa suppression et l’oubli de cette mémoire.
Le 17 juin a été la fête nationale de la République fédérale allemande, la RFA, de 1954 à 1990. Cette date fait référence à un contexte politique totalement révolu : elle rappelle la révolte des ouvriers allemands contre un régime sous tutelle de Moscou. l’Allemande de l’Est, la République démocratique allemande (RDA), était inféodée à l’URSS depuis la défaite de l’Allemagne nazie en 1945 et l’occupation de sa partie orientale (à l’exception des quartiers ouest de Berlin) par les troupes soviétiques.
Depuis 1949, l’Allemagne était divisée en deux. Très vite l’écart s’est creusé entre les eux États. La partie orientale du pays, vivant sous dictature communiste avait un niveau de vie bien plus faible qu’à l’ouest ce qui a entraîné la révolte ouvrière du 17 juin 1953. Staline était mort quelques mois plus tôt, le 5 mars, le peuple allemand s’était mis à espérer un desserrement de la tutelle russe. La riposte fut sanglante : les chars soviétiques ont rétabli l’ordre au prix d’une vingtaine d’exécutions sommaires et de milliers d’arrestations, 2000 insurgés sont emprisonnés, certains pour de longues années. L’année suivante, en 1954, l’Allemagne de l’Ouest qui n’avait plus de fête nationale (depuis l’abolition du 1er mai de l’époque nazie) fera du 17 juin sa fête nationale. À l’Est, il n’était pas question de commémorer un tel événement : la fête nationale était le 7 octobre date de la fondation de la RDA. Moscou avait repris le régime en main à l’aide de ses nombreux agents présent sur place, notamment un certain Vladimir Poutine, qui étaient là pour perpétuer l’emprise de l’URSS sur la partie orientale de l’Europe.
Ces deux fêtes ont été supprimées en 1990, suite à la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, pour être remplacées par le 3 octobre, une date purement administrative. Certains regrettent, aujourd’hui encore, la disparition de la fête nationale du 17 juin, surtout depuis que Moscou menace à nouveau les libertés et la paix dans la partie orientale de l’Europe, de la Finlande à l’Ukraine.
Pour en savoir plus : lire l’ouvrage de Patrick Guelpa : 17 juin, La fête des Islandais, la mémoire des Allemands et autres histoires…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
14 mai : les 70 ans de Norodom Sihamoni, roi du Cambodge
C’est un monarque un peu désenchanté qui célèbre aujourd’hui son anniversaire. Trois jours de festivités masquent la rigueur d’un régime autoritaire, réprimant toute opposition, mais sur lequel le roi Norodom Sihamoni n’a aucune prise.
Le jour est férié au Cambodge pour l’anniversaire du souverain (ព្រះរាជពិធីបុណ្យចម្រើនព្រះជន្ម ព្រះបាទនរោត្តមសីហមុនី). À cette occasion, de nombreux bâtiments gouvernementaux sont décorés des portraits du roi et du drapeau national. Ce soir du 14 mai, un impressionnant feu d'artifice a lieu devant le Palais Royal de Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Les festivités durent trois jours, les Cambodgiens pour organiser des fêtes en famille ou entre amis.
Roi sans pouvoir, sous un régime de dictature, Norodom Sihamoni est né le 14 mai 1953. Il est le fils du roi Norodom Sihanouk et de sa deuxième épouse Norodom Monineath Sihanouk. Son nom de Sihamoni est issu de la contraction de Sihanouk et Monineath. Il a passé la majeure partie de sa vie hors du Cambodge, notamment en France, de 1988 à 2001, où il enseignait la danse classique.
Il est devenu roi le 14 octobre 2004 après l’abdication de son père. S’il a été choisi parmi les fils du roi Sihanouk, c’est en raison de son caractère discret pouvant s’accommoder du régime autoritaire de l’indéboulonnable Hun Sen. Le roi n'est pas marié et n'a pas d'enfant. Celui qui pourrait être le prince héritier du Cambodge est Norodom Ravichak, le fils du demi-frère aîné du roi, décédé en 2021.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
5 mars : Staline, mort il y a 70 ans, se porte de mieux en mieux
Staline est mort le 5 mars 1953. Des milliers de personnes viennent lui rendre hommage, partout en Russie. La nostalgie de l’URSS est largement entretenue par le régime du dictateur Poutine. Lequel a encore, récemment, inauguré une nouvelle statue de son homologue soviétique.
Chaque année, pour l’anniversaire de la mort de Staline (годовщина смерти сталина), Vladimir Poutine évoque le grand homme, la Grande Guerre patriotique et la Grande Russie, dénommée URSS, sur laquelle il régnait. L’hymne soviétique, dans une version rénovée, est à nouveau utilisé. Une nouvelle statue de Staline a encore été inaugurée par Poutine en janvier 2023. L’image du dictateur soviétique a été complètement remise au goût du jour par le dictateur russe.
Chaque 5 mars, la foule des admirateurs du « Petit père des peuples » se presse dans un coin de la place Rouge pour lui rendre hommage. Staline est responsable de la mort et de la déportation de plusieurs de dizaines de millions de personnes. Et pourtant, il continue d’être admiré en Russie par une partie croissante de la population. Les mauvais
souvenirs sont désormais bannis des manuels scolaires. Il n’est plus question des purges (700 000 personnes exécutées rien qu’en 1937-1938) ni des déportations, du Goulag, des famines, de la censure et de la propagande. En décembre 2021, l’association Mémorial a été dissoute. C’est elle qui depuis les années 1980 avait courageusement raconté l’histoire des millions de victimes du dictateur soviétique. Que va faire Poutine de l’extraordinaire fond de documentation des exactions de Staline qu’elle avait constitué en quatre décennies d’investigation ? De Staline, la jeunesse ne doit connaître que sa gloire de co-vainqueur de la Seconde Guerre mondiale et la puissance d’une URSS qui dominait un espace allant de l’Allemagne à la Mongolie. Selon un sondage de l’institut Levada publié en 2019, plus de 70% de la population russe estime que Staline a joué un rôle positif dans l’histoire du pays. Ils étaient deux fois moins nombreux au début des années 2000. Des nostalgiques de l’époque soviétique viennent ainsi fleurir tous les ans sa tombe sur la place Rouge, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, le 5 mars 1953. Et ils sont de plus en plus nombreux à le faire.
En décembre 2021, lors du traditionnel dernier tournoi de hockey de l’année, à Moscou, l'équipe russe est entrée sur la glace vêtue d'un uniforme soviétique, enthousiasmant un public qui agitait le drapeau soviétique. Nostalgie quand tu nous tiens ! Berlin 1953, Budapest 1956, Prague, 1968, Gdansk 1981,… Minsk 2020, Kiev 2022… la logique est la même aux yeux du bon peuple russe.
En Géorgie, à Gori dans sa ville natale, on n’a déboulonné sa statue qu’en 2010. Pour finalement la ressortir en 2013 et la placer devant le musée qui a été constitué à sa gloire. Chaque 5 mars, des centaines de personnes viennent lui rendre hommage. Une cérémonie est organisée dans une église, avant un bon repas pris dans le meilleur hôtel-restaurant de la ville, chez “Joseph”, bien sûr. On peut y déguster les plats préférés de Staline et réserver sa chambre.
À Kaspisk, au Daghestan, une rue de la ville a été renommée en l'honneur de Staline… Staline est aussi largement fêté pour son anniversaire officiel, chaque 21 décembre ainsi que le 9 mai, journée où il est mis à l’honneur par Vladimir Poutine, lequel a pris ses distances avec Lénine qu’il accuse d’avoir entrainé la perte de l’URSS en en faisant dès l’origine un État fédéral, mais pour mieux valoriser Staline, le héros de Stalingrad. En janvier 2023, le dictateur Poutine inaugurait encore une nouvelle statue de son glorieux prédécesseur, c’était à Volgograd, l’ex-Stalingrad, bien sûr. Dans le discours que Poutine sert aux Russes, le vainqueur de 1945 a éclipsé le tyran de la Grande Terreur. S’attaquer à Staline revient, pour Poutine, à participer au complot ourdi par les Occidentaux visant à faire de la Russie un pays de second rang. Le discours de la Grande Patrie et de la Russie éternelle fonctionne sur la majeure partie de la population qui n’en a jamais connu d’autre. Le culte du grand homme n’est pas sans rappeler les sentiments qui animaient autrefois la paysannerie russe à l’égard du tsar Nicolas II.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
3 février : les 70 ans du terrible massacre de Batepá à São-Tomé-et-Principe
L’archipel de São-Tomé-et-Principe commémore un terrible massacre opéré par les colonisateurs portugais qui fit des centaines de morts, le 3 février 1953 autour du village de Batepá.
Ce matin, une grande marche pour la liberté relie la capitale São Tomé à la zone de Fernão Dias, district de Lobata, au mémorial du Massacre-53 (ou massacre de Batepá), lieu de la principale cérémonie sur la plage de Fernão Dias. Chaque année, le 3 février, la république São-Tomé-et-Principe commémore un terrible massacre opéré par les colonisateurs portugais qui fit des centaines de morts, le 3 février 1953 autour de Batepá, un village situé près de Trindade, à une dizaine de kilomètres de Sao Tomé, la capitale du pays. Cette année, c’est le Premier ministre, Patrice Trovoada, qui conduit la marche.
En ce jour de 1953, des colons portugais du gouvernement ont assassiné des centaines de créoles - indigènes de São Tomé - sous prétexte d'un complot communiste. Ce massacre est une réponse aux manifestations des créoles (ou filhos da terra) qui refusaient de travailler dans les conditions difficiles de la récolte du café, qu’ils percevaient comme une forme d’esclavage. Avec l'abolition de l'esclavage en 1875, l'archipel s’est en effet retrouvé confronté à une pénurie de main-d’œuvre en raison du boom du cours du cacao. Les autorités coloniales ont dû faire venir des contractuels (serviçais) d'Angola, du Cap-Vert et du Mozambique. Ces derniers, manipulés par les autorités coloniales, ont aussi participé aux massacres dirigés par Carlos Gorgulho, le gouverneur, représentant du gouvernement portugais. Ces massacres de Batepá se soldèrent par des centaines de morts, voire un millier, à cause de la violence armée, de l'étouffement dans les cellules des prisons, de la torture et même des incendies volontaires.
La terrible répression menée par les autorités coloniales portugaises a fortement contribué à l'émergence d'un sentiment nationaliste santoméen qui aboutira à l'indépendance en 1975.
La république de Sao Tomé-et-Principe commémore chaque année les événements tragiques du 3 février 1953, sous le nom de Martires da Liberdade (Fête des martyrs de la Libération). La première commémoration date du 3 février 1975, avant même l'indépendance, proclamée le 12 juillet 1975. La principale cérémonie se déroule au mémorial de Fernão Dias, dépôt de gerbe et ravivage de la flamme, suivit d’une messe en plein air. La journée est fériée et chômée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 décembre : la journée de tous les dangers en Iran
En principe, c’est une commémoration officielle de la République islamique aux accents nationalistes, très anti américains et, en même temps, une journée de contestation étudiante contre le régime. Ce 7 décembre sera-t-il celui du renversement de la dictature des mollahs ?
En principe, cette journée est une commémoration officielle de la République islamique aux accents nationalistes, très anti américains, mais cette année où le régime est au bord du gouffre, rien n’est vraiment prévu. D’autant qu’en même temps, le 7 décembre est aussi, traditionnellement, une journée de contestation étudiante contre le régime des mollahs, dans les universités comme dans la rue.
Cette année, la situation a vraiment dérapé, le point de non-retour est peut-être atteint pour le régime. Une grève générale a été lancée lundi. Non seulement les étudiants ne vont plus en cours mais même les bazars ont baissé les rideaux, à Téhéran et jusque dans les villes les plus reculées. Comme annoncé, les 5 et 6 décembre sont des journées de grève générale et la journée du 7 est celle des manifestations dans tout le pays… La jeunesse est aujourd’hui soutenu pas toutes les générations.
La Journée des étudiants (روز دانشجو ) était à l’époque du Shah, une journée de manifestation contre la dictature et son soutien américain. Depuis quelques années, elle a repris des accents protestataires contre le régime de la part des étudiants. Le 7 décembre 2019, trois semaines après la répression sanglante de novembre, les étudiants iraniens s’étaient rassemblés dans plusieurs universités pour montrer que la lutte se poursuivait. Un rassemblement devant converger la place Azadi (Liberté) de Téhéran est annoncé.
Le 7 décembre 1953, les étudiants de l’université de Téhéran manifestaient contre la visite du président américain Richard Nixon venu recevoir un titre de docteur honoris causa, mais surtout contre l’allégeance à son égard du jeune shah tout juste rétabli sur son trône (près le renversement par les Américains du gouvernement du Dr Mossadegh). La police a fait feu sur les étudiants en grève, tuant trois d’entre eux. Depuis la commémoration de la mort de ces trois activistes n’a jamais cessé, tout en prenant des colorations différentes selon les époques : inspirées par l’exhalation de la prise d’otages du personnel de l’ambassade américaine, dans les années 1980 ; puis par mouvement vert à la fin des années 2000 ou par les révoltes arabes en 2011… sans jamais se départir d’une profonde animosité à l’égard des États-Unis, vieille de plus d’un demi-siècle, mais cette année, 2022, le combat est tout entier dirigé contre le régime des mollahs. En dépit de la répression et du nombre de morts parmi les manifestants, la peur a véritablement changé de camp.
Mise à jour 8 décembre 2022 : La sœur de l’ayatollah Ali Khamenei, Badri Hosseini Khamenei a offert son soutien aux manifestants. « Le peuple iranien mérite la liberté et la prospérité, et son soulèvement est légitime et nécessaire pour faire valoir ses droits », a-t-elle affirmé. Les étudiants ont également reçu le soutien de l’ancien président iranien, Mohammad Khatami a exprimé son soutient particulièrement au slogan « Femmes, vie, liberté ». « Un beau message » selon lui « qui montre un mouvement vers un avenir meilleur ».
Le régime n’est pas tombé ce 7 décembre, mais la révolte qui a débutée le 14 septembre avec la mort de Jina Mahsa Amini, de poursuit. Ces trois jours de grève lui ont donné un second souffle…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
5 avril : la Corée du Sud organise sa reforestation
C’est le Jour des Arbres (Singmogil, 식목일). Ce dimanche, chaque famille doit en principe aller planter un arbre pour la reforestation du pays.
C’est le Jour des arbres (Singmogil, 식목일) en Corée. Ce lundi, chaque famille doit en principe aller planter un arbre pour la reforestation du pays. Les Coréens qui ne sont pas confinés pourront se conforter à cette tradition qui revient tous les ans, le 5 avril.
On doit cette initiative au gouvernement de Séoul qui, au lendemain de la guerre de Corée, se lança dans un vaste programme de reboisement. En 1953, les forêts étaient dévastées. Cette célébration officielle sert de rappel au respect de la nature et de l'environnement. Elle demeure une coutume très populaire au sud et a été reprise par le régime nord-coréen. La journée du 5 avril, toutefois, est une journée officielle mais n’est plus fériée depuis 2006 (en raison de la mise en œuvre du système de la semaine de travail de cinq jours en Corée du Sud), sauf pour certaines entreprises comme Kia ou Hyundai ou quelques institutions qui offrent la journée à leurs employés.
La date du 5 avril a été choisie pour son importance historique. Selon la tradition c’est un 5 avril, que la dynastie de Silla aurait unifié la Corée au VIIe siècle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde