L’Almanach international
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5 janvier : la fête de la Lorraine
Les Lorrains savent-ils qu’ils ont une fête nationale ? Une des plus anciennes au monde puisqu’elle date du XVe siècle. Ils ont failli l’apprendre en ce début d’année 2025 dans de bien fâcheuses circonstances…
Les Lorrains savent-ils qu’ils ont une fête nationale ? Une des plus anciennes au monde puisque elle date du XVe siècle. Ils ont failli l’apprendre en ce début d’année 2025 dans de fâcheuses circonstances. En effet, Aurora, un groupe héritier de Génération Identitaire, raciste, antisémite et homophobe avait appelé à une marche aux flambeaux le 5 janvier dans les rues de Nancy pour célébrer cette date. Comme l’Action française et plusieurs autres groupes de l’ultra droite se sont joints à cette initiative, des mouvements d’extrême gauche et des groupes antifa avaient, à leur tour, annoncé une contre-manifestation le même jour… La préfecture a jugé bon d’interdire ces deux manifestations qui risquaient de dégénérer en violences dans les rues de la capitale historique de la Lorraine.
Si les Lorrains ont presque totalement oublié cette fête, c’est que sa célébration a été totalement interdite à partir du moment où la Lorraine a été intégrée au royaume de France en 1766. Pays très centralisateur, la France n’a jamais vu d’un bon œil les fêtes régionales. Les rares dates ont été souvent récupérées par les pires mouvements identitaires, comme la Sainte-Geneviève à Paris, et de ce fait sont ignorées par le reste de la population.
En Lorraine, seul, un petit parti régionaliste, le Parti Lorrain, fondé en 2010, tente de réactiver la fête de la Lorraine. Chaque année, il organise une un rassemblement place Saint-Epvre, devant la statue du duc René II de Lorraine. Et cette manifestation, elle, n’a pas été interdite par le préfet ce 5 janvier. Le choix de ce lieu est une manière de se démarquer des mouvements d’extrême droite qui pris avaient l’habitude de se manifester, chaque 5 janvier, place de la Croix-de-Bourgogne devant le monument commémorant la bataille de Nancy du 5 janvier 1477.
C’est cette victoire lorraine qui a été célébrée chaque 5 janvier, jusqu’à son interdiction. Ce fait d’armes est situé à la marge du roman national français car il concerne des États qui n’existent plus, en premier lieu le duché de Bourgogne. C’était un État puissant à l’époque, il dominait le territoire de la Bourgogne et la Franche comté actuelles ainsi que les Pays-Bas bourguignon, soit l’actuel Benelux. La conquête du Duché de Lorraine, État indépendant, aurait permis à Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, de relier tous ses domaines et de devenir un sérieux rival du roi de France.
Face à la menace, le duc de Lorraine, René II, finit par prendre les devants et déclara la guerre au Téméraire, en mai 1475. Vite défait, René II se réfugie en Suisse. Le duc de Bourgogne se retourne alors contre la Suisse et là son destin va chavirer : il est battu à la célèbre bataille de Morat, le 22 juin 1476. Les Lorrains en profitent alors pour se révolter contre l’occupant bourguignon. Le duché de Lorraine recouvre son indépendance, René II reprend Nancy le 7 octobre 1476. Mais le Téméraire n’a pas dit son dernier mot, et ce sera bien le dernier. Il lance toute son armée contre Nancy qui est assiégée. Mais René II, soutenu par les Alsaciens et des mercenaires suisses, écrase son ennemis lors d’une bataille décisive devant Nancy, le 5 janvier 1477. Charles Téméraire y laisse la vie, on ne retrouvera son cadavre que trois jours plus tard.
La Lorraine conserve son indépendance. L’héritage du duc de Bourgogne fera l’objet d’affrontements entre la France et les Habsbourg lesquels récupèrent les Pays-Bas. La Lorraine sera plus tard cédée à la France par le dernier descendant des ducs de Lorraine. Elle sera ensuite donnée en viager au roi déchu de Pologne, Stanislas Leszczynski. À la mort de ce dernier, en 1766, elle est intégrée définitivement au royaume de France. Il ne sera plus question de célébrer son indépendance chaque 5 janvier comme l’avait ordonné René II qui organisait un grand défilé dans les rues de Nancy pour l’occasion.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2025
Commémoration de la Fête nationale de la Lorraine par le Parti Lorrain, place Saint-Epvre, à Nancy, le 6 janvier 2019 (source : Wikipedia)
Ce monument commémoratif dit Croix de Bourgogne a été érigé en 1928 à l’emplacement où on a retrouvé le corps de Charles le Téméraire. L’extrême droite locale en avait fait un lieu de rassemblement chaque 5 janvier.
8 décembre : la fête nationale des Corses
Le 8 décembre s’est imposé depuis deux ou trois décennies comme la fête nationale de la Corse. Ses racines remontent au XVIIIe siècle mais la tradition, oubliée pendant deux siècles, n’a été réinventée que récemment.
Le 8 décembre s’est imposé depuis deux ou trois décennies comme la fête nationale de la Corse (a Festa di a nazione corse). Les racines toutefois sont beaucoup plus anciennes. Tout remonte à la révolte des Corses contre Gênes qui a débuté en 1729. La Corse à l’époque dépendait de la République de Gênes. Après avoir appelé la France et l’Autriche sans grand succès pour mater l’insurrection, Gênes finit par lâcher prise en 1735.
Selon la légende, le 8 décembre 1735, les principaux chefs de la lutte corse contre l'occupation génoise, se seraient réunis dans un couvent franciscain de Castagniccia, formant une assemblée qui prononçait la volonté d'indépendance de l’île. C’est une légende car il ne s’est rien passé précisément le 8 décembre de cette année-là.
C’est au début de l’année 1735 que la Corse se proclame indépendante et promulgue une constitution qui place l’île sous la protection de la Vierge, celle-ci était patronne de l’île depuis 1736. Ce texte du 30 janvier 1735 déclarait alors : « (...) nous décidons que tous, les armes et les drapeaux dans notre dit royaume, soient empreints de l'image de l'Immaculée Conception, que la veille et le jour de sa fête soient célébrés dans tout le royaume avec la plus parfaite dévotion (...) ». Ainsi le 8 décembre (l’Ottu di dicembri) devenait la fête de la nation corse. C’est à cette occasion qu’un chant religieux célébrant la Vierge Marie fut choisi comme hymne national, le Dio vi Salvi Regina (« Dieu vous garde, Reine »), composé au début du XVIIIe siècle par le jésuite napolitain Francesco de Geronimo.
Cet attachement de la Corse à l’Immaculée conception (Immaculata Cuncezziò) est d’ailleurs bien antérieure à celle du reste de l’Église catholique car c’est en 1854 seulement que cette vieille fête, un peu oubliée, a été érigée en dogme par le pape Pie IX, avec la date du 8 décembre.
Pourquoi ce choix de la Vierge qui contrarie ceux qui préféreraient une référence plus laïque ? Probablement est-ce un emprunt à la République de Gênes où elle était particulièrement vénérée. Ensuite, plus tard, quand la République française s’est voulue laïque, la Corse restée très catholique, a vu dans cette référence religieuse un moyen de se distinguer du continent et d’affirmer son identité propre.
On le sait, l’indépendance de la Corse a tourné court, après quelques retournements de situation, la France prit le contrôle de l’île de Beauté en 1769. Cette fête du 8 décembre tombera alors quasiment dans l’oubli pendant deux siècles, pour ne réapparaître que très discrètement dans les années 1970, dans le cadre du Riacquistu, « la réappropriation » par les Corses de leur passé culturel. Un semblable processus a eu lieu dans de nombreuses régions de France à cette époque, mais en Corse, il a évolué en revendication politique. C’est en 1981 que le mouvement autonomiste Unione di u populu corsu (« Union du peuple corse ») a commencé à revendiquer la date du 8 décembre et à lui donner une valeur politique.
L’adhésion à cette date ne fut pas immédiate, beaucoup auraient préféré fêter le 15 juillet, jour anniversaire de la proclamation de Pasquale Paoli comme chef de la nation corse en 1755, ce qui était politiquement beaucoup plus fort qu’une fête religieuse ressortie de la naphtaline. Mais les mouvements nationalistes, toujours très divisés, s’en sont tenus à la tradition, même s’il s’agit d’une tradition réinventée. Il y a quelques années, l’historien bastiais, Hubert Lenziani a exhumé une autre date dans un article qui relatait l'Assemblée d'Orezza de 1790 : « Une proposition émanant d’un représentant dénommé Pietri propose que le 30 novembre, faisant allusion à l’année 1789, date d’adhésion de la Corse à l’Imperium français, soit décrété fête nationale de la Corse. Ceci est voté à l’unanimité ». D’autres dates auraient pu s’imposer…
L’attachement à faire du 8 décembre un jour férié ne date véritablement que du début du XXIe siècle. Depuis quelques années, beaucoup de commerces corses tirent leur rideau ce jour-là. L'université de Corse-Pascal-Paoli de Corte a été pionnière en accordant la journée du 8 décembre aux étudiants dès 1998. Appuyée par les tenants locaux de la laïcité, l’Éducation nationale n’a jamais cédé pour les autres établissements. Mais face à l’absentéisme des lycéens les plus militants, elle a fini par accepter, en 2004, qu’au sein des établissements scolaires la journée du 8 décembre soit consacrée au patrimoine linguistique et culturel de la Corse, tout en laissant une grande autonomie aux lycéens pour l’organiser. C’est aussi une manière d’intégrer à la culture locale les nombreux lycéens issus de l’immigration, d’autant qu’en Corse le 8-Décembre a aujourd’hui largement perdu son caractère religieux. Même si, désormais, c’est généralement autour du 8 décembre que s’ouvrent les marchés de Noël, une tradition récemment importée du continent.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2024
7 novembre : l’anniversaire de Nestor Makhno
L’anniversaire du début de la révolution d’Octobre n’est plus fêté ni en Russie ni en Ukraine. Mais, le 7 novembre est aussi l’anniversaire d’un héros ukrainien oublié, Nestor Makhno, dont la mémoire n’a été cultivée que par les milieux libertaires occidentaux, en particulier à Paris où il est mort il y a 90 ans.
Jadis, le 7 novembre on célébrait l’anniversaire du début de la révolution d’Octobre (c’est le jour de la prise du Palais d'hiver par les bolcheviks, le 25 octobre 1917 selon le calendrier Julien, 7 novembre pour notre calendrier). Il était fêté avec de grandes parades sur la Place Rouge… Depuis 2004, le jour n’est plus férié ni Russie (remplacé par le 4 novembre) ni en Ukraine.
Discrètement, un héros ukrainien a été sorti de l’oubli après la chute de l’URSS et surtout depuis 2022 et la tentative russe n’anéantir le pays. Il s’agit de Nestor Makhno, un paysan ukrainien qui s’était enthousiasmé de la révolution d’Octobre et qui avait rassemblé une armée de volontaires pour repousser l’occupant austro-allemand et lutter avec les bolcheviks contre les troupes restées fidèles au tsar. Ces deux dangers écartés, les bolcheviks se sont retournés conte Makhno et ses troupes et ont fini par anéantir l’État ukrainien indépendant et anarchiste qu’il avait créé à l’est de l’Ukraine, autour d’Houliaïpole son village natal, aujourd’hui sur la ligne de front entre Russes et Ukrainiens dans l’épuisante guerre déclenchée par Poutine.
Le territoire qu’il contrôlait avec son armée, la Makhnovchtchina, rassemblait quelque deux millions et demi d’habitants. Après une redistribution des terres des koulaks, il fonctionnait sous forme d’une série de communes libre, selon la démocratie directe prônée par les anarchistes. On était loin du modèle que mettait en place Lénine et Trotski. Ce dernier va même lever une armée pour y mettre un terme. Cet État ukrainien libertaire fondé en 1919, disparaît en 1921. Makhno devra s’exiler à Paris et cette éphémère Ukraine libre sera effacée de la mémoire de l’URSS. L’expression de son souvenir sera interdite à l’époque soviétique et son nom oublié à l’est de l’Europe. Seuls les anarchistes occidentaux, en particulier les libertaires anticommunistes de Mai 68, vont maintenir sa mémoire vivante.
Chaque 7 novembre, jour de son anniversaire (День народження Нестора Махна), il est usage de se recueillir devant la case 6685 du colombarium cimetière du Père Lachaise, pour déposer des fleurs ou boire une bière à son souvenir. Chaque année, à cette date, sa dernière demeure est visitée par des anarchistes de toutes origines et des membres de l’extrême gauche (au moins ceux qui ne sont pas pros russes). Nestor Makhno est né le 7 novembre 1888 à Houliaïpole (« le champ de la liberté », en ukrainien) où sa maison natale en partie détruite par des bombardements russes, avait été transformée en musée.
En affirmant son indépendance, après la chute de l’URSS, les nationalistes ukrainiens avaient plutôt cultivé des figures comme Simon Petlioura qui avait lui aussi combattu pour une Ukraine indépendance entre 1918 et 1921, mais discrédités par ses exactions antisémites, ou encore ou Stepan Bandera, qui a collaboré avec les nazis. Makhno, trop libertaire, trop antisystème pour un pays qui sortait tout juste du totalitarisme restait l’oublié de la mémoire nationale. Une première commémoration de Nestor Makhno a toutefois eu lieu dans son pays natal le 7 novembre 1998, à l'occasion du 110e anniversaire de sa naissance. Son nom sera cité en 2013 sur Maidan où son arrière-petit-fils est venu réciter des poèmes. Ici et là des statue à son effigie sont installées…
Mais, c’est l’attaque russe du 24 février 2022 qui a vraiment réveillé sa mémoire. Lui aussi avait levé des bataillons qui ont combattu une armée venue de Moscou. En 2022, plusieurs bataillons ukrainiens levés en hâte pour défendre Kiyv ont pris son nom. Leurs drapeaux noirs flottent aujourd’hui sur la ligne de front et sur les réseaux sociaux ukrainiens.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2024
29 octobre : ne pas oublier Mehdi Ben Barka et Robert Boulin
Mehdi Ben Barka, a été enlevé devant la brasserie Lipp, 151 boulevard Saint-Germain, à Paris par des policiers français et conduit dans une villa appartenant à un truand. Il n’est plus réapparu. Le corps n'a jamais été retrouvé. Celui de Robert Boulin, autre disparu du 29 octobre, a été retrouvé, son assassinat maquillé en suicide.
En ce jour anniversaire de la disparition de Mehdi Ben Barka, un rassemblement se produit devant la brasserie Lipp, 151 boulevard Saint-Germain, à Paris, lieu de son enlèvement par des policiers français. Il fut conduit dans une villa de Fontenay-le-Vicomte, dans l’Essonne appartenant à un truand. Chaque année, il est d’usage de se retrouver sur le lieu même où il a été vu pour la dernière fois. Il n’est plus réapparu. Le corps n'a jamais été retrouvé (tout comme celui de Jamal Khashoggi disparu au consulat saoudien d’Istanbul en octobre 2018).
Dans le cas de Ben Barka, c’était il y a 59 ans, jour pour jour, le 29 octobre 1965. On sait aujourd’hui que l’opération a été menée avec la complicité des services marocains venus spécialement à Paris. L’affaire n’a pas été totalement élucidée. Le sera-t-elle jamais ? Mehdi Ben Barka était le principal opposant politique au roi Hassan II dont le régime virait nettement à l’autoritarisme. Leader tiers-mondiste et panafricaniste, il pouvait gêner les intérêts français en Afrique. Sa famille ne cesse de dénoncer une absence de volonté des deux pays pour faire éclater la vérité. Le sit-in de ce jour est organisé par l’Institut Mehdi Ben Barka-Mémoire Vivante, avec le soutien de nombreuses associations marocaines et européennes des droits de l’homme. Une nouvelle instruction a été lancée, à l’initiative d’un juge français, en 2005, quarante ans après les faits. Elle est toujours en cours !
Rhita Bennani, la veuve de Mehdi Ben Barka est décédé à Paris, le 26 juin 2024, à l’âge de 92 ans. Elle et ses enfants demandent depuis des décennies ce qui est arrivé à leur mari et père, et où se trouve sa sépulture. Ils espèrent qu’Emmanuel Macron reconnaisse enfin la responsabilité de la France, comme il l’a fait récemment dans le cas de Maurice Audin. « Le secret-défense ne doit pas servir à couvrir des erreurs ou des dérapages des services dans des cas où il y a eu mort d’homme. Les familles ont le droit de savoir et il faudrait s’interroger sur ce point » explique Bachir Ben Barka qui a lancé hier un nouvel appel au président français et au roi du Maroc.
D’autres familles sont concernées : celle de Robert Boulin, assassiné en 1979, également un 29 octobre. Initialement classée comme un suicide, l'affaire a été rouverte en 2015 pour « enlèvement » et « assassinat » suite aux nombreuses incohérences relevées. Il y a cinq ans, le 29 octobre 2019, 14 journalistes ayant enquêté sur la mort de Robert Boulin ont adressé une lettre ouverte au président Emmanuel Macron, demandant la déclassification des archives des services de renseignement français et américains concernant cette affaire. Ce 29 octobre 2024, Fabienne Boulin Burgeat, la veuve de l’homme politique assassiné, se rend une nouvelle fois au Tribunal de Versailles pour demander à la juge d'instruction en charge du dossier Boulin, "ce qu'elle compte faire" à la lumière des avancées récentes.
On peut aussi citer l’affaire du juge Bernard Borrel, tué à Djibouti en 1995 ; celle des journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Vernon, tués au Mali en 2013 ; celle des victimes du Bugaled Breiz (5 morts), ce chalutier breton qui a coulé subitement en 2004 ; celle des victimes du crash du vol Ajaccio-Nice (95 morts) en 1968 ou encore de celle de l’explosion de la Maison des Têtes (13 morts) à Toulon en 1989. Le classement d’un dossier en secret-défense empêche sa consultation avant cent ans !
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 octobre 2024
photo B. Teissier
25 septembre : hommage aux harkis
Depuis 2003, la France rend hommage aux combattants supplétifs de l’armée française en Algérie. C'est seulement en 2015, que furent reconnues les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France.
Les harkis sont des Algériens qui ont combattu aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’indépendance de leur pays. Certains avaient pris en conscience le parti de la France ; d’autres n’ont pas eu vraiment eu le choix. Capturés les armes à la main, c’était la collaboration ou la mort. À la fin de la guerre, ils étaient 210 000, perçus en Algérie comme des traîtres à leur patrie et abandonné par la France le 12 mai 1962, en dépit des promesses du président De Gaulle. Finalement grâce à des désobéissance dans l’armée, 42 500 (90 000 si ont compte les familles) ont été rapatriés, les autres ont été abandonnés à leur sort, c’est-à-dire le plus souvent une exécution sommaire. En Algérie, le sujet demeure totalement tabou. Les terroristes et assassins des années 1990 ont été amnistiés, pas les harkis, qui sont toujours victimes de discriminations légales (y compris leurs enfants) et d’insultes régulières de la part des autorités.
En France, beaucoup ont passé des années, voire des décennies, dans des camps : Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), Saint-Maurice-l’Ardoise (Gard), Bias (Lot-et-Garonne) ou dans les 70 hameaux de forestage dans lesquels ils travaillaient pour l’Office national des forêts. Certains vivent encore dans ces camps qui ont été établis pour eux en 1962, après les accords d’Évian.
Pendant quatre décennies, ils ont été totalement oubliés. Après une première loi de reconnaissance des services rendus en 1994, sous le président Mitterrand, Jacques Chirac a reconnu officiellement leur drame et leur sacrifice, c’était le 25 septembre 2000, date qui a été retenue ensuite pour établir une Journée nationale d’hommage aux harkis, en 2003. Une initiative qui les a laissés très insatisfaits car ils attendaient aussi la reconnaissance de l’abandon volontaire dont la majorité d’entre eux ont été l’objet, ainsi que celle de la co-responsabilité française dans les massacres de 1962-1963. Jacques Chirac avait bien reconnu la responsabilité de l’État français dans les déportations de juifs, les harkis n’en attendaient pas moins. Nicolas Sarkozy qui en avait fait la promesse en 2007, ne fera finalement rien. Il faudra attendre, la déclaration du président Hollande en 2015 : « les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France ». Lundi 20 septembre 2021, Emmanuel Macron a demandé pardon aux Harkis et à leurs enfants, annonçant un projet de loi de réparation pour ces Algériens qui ont combattu aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, entre 1954 et 1962. Celle-ci a été votée en février 2022, juste avant le cinquantenaire du 19 mars 1962. La loi du 23 février 2022 reconnaît la responsabilité de la France dans les conditions indignes du rapatriement et de l'accueil des harkis et de leurs familles, rapatriés d'Algérie après les accords d'Évian de 1962.
La loi ouvre également un droit à réparation pour les harkis et leurs familles qui ont séjourné dans des camps de transit et des hameaux de forestage. Selon le gouvernement, 50 000 personnes pourraient bénéficier de cette indemnisation, pour un montant d'environ 310 millions d’euros sur six ans.
Aujourd’hui, les harkis et leurs descendants représenteraient entre 500 000 et 800 000 personnes en France. Des enfants et même des petits-enfants de harkis continuent de s’identifier comme tels. Leur situation reste difficile, d’autant que le terme « harki » demeure une véritable insulte dans la diaspora algérienne comme elle l’est encore en Algérie.
En avril 2024, la CDEH a condamné la France pour avoir infligé à des enfants de harkis du camp de Bias (Lot-et-Garonne) « pour traitement inhumain ou dégradants » de la fait d’avoir grandi dans un camp entourés de barbelés et de leur avoir interdit l’école de la République. Ce jugement de la Cour européenne des droits de l’homme est une première.
Des cérémonies d’hommage sont organisées dans la majorité des villes de France chaque 25 septembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 septembre 2024
8 juillet : hommage à Jean Moulin en gare de Metz
Comme chaque année, une cérémonie a lieu en gare de Metz pour commémorer l'anniversaire de la mort de Jean Moulin. Son décès, survenu dans le train le conduisant en Allemagne, a été enregistré en gare de Metz en 1943.
Comme chaque année, une cérémonie a lieu en gare de Metz pour célébrer l'anniversaire de la mort de Jean Moulin. Son décès, survenu dans le train le conduisant en Allemagne, a été enregistré en gare de Metz en 1943.
Arrêté le 21 juin par la Gestapo, le chef du Conseil national de la résistance aurait été interrogé, torturé et finalement déporté vers l'Allemagne. Il serait décédé de ses blessures dans le train, peu avant la frontière. Sa mort est enregistrée en gare de Metz... Cela dit, rien n'est moins sûr. En fait personne ne sait exactement où Jean Moulin est mort, certains se demandent même s'il était vraiment présent dans ce train-là.
Une exposition permanente en hommage à Jean Moulin, située dans la salle de réunion qui porte son nom à la préfecture de la Moselle, rappelle chaque jour le parcours de ce haut fonctionnaire qui a réuni les opposants à l’occupation nazie, jouant ainsi un rôle essentiel dans la libération de la France et la reconstruction du pays au lendemain de la guerre.
Le 8 juillet 2014, avait été inaugurée une statue en hommage à Jean Moulin. Le monument est une œuvre de l’artiste allemand, Stephan Balkenhol. Depuis le 21 juin (anniversaire son arrestation) dernier, une affiche aux traits de Jean Moulin est installée sur la façade de la préfecture.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 juillet 2024
La statue de Jean Moulin en gare de Metz.
10 juillet : hommage aux 80 de Vichy
Un rassemblement officiel se déroule chaque année en hommage aux 80, les députés qui ont refusé d'accorder les pleins pouvoir à Pétain, au Casino de Vichy.
Un rassemblement officiel se déroule chaque année en hommage aux 80, les parlementaires (vingt-trois sénateurs et cinquante-sept députés ) qui ont refusé d'accorder les pleins pouvoir à Pétain, au Casino de Vichy.
Le 10 juillet 1940, Pétain demandait au Parlement de mettre fin à la République. Bien sûr, la demande n'était pas rédigée ainsi. Le héros de 1918 — vingt-deux ans plus tôt — avait travesti son dessein : il a sollicité du Parlement les pouvoirs constituants, afin de rédiger une nouvelle constitution qui devait être approuvée par de nouvelles assemblées. En réalité, fort de ce vote, il a, le lendemain, pris tous les pouvoirs. Seuls quatre-vingts parlementaires ont voté non. Le Comité est né de la volonté de Jean Marielle pour leur rendre hommage. Plus tard, les parlementaires qui avaient quitté la France pour l'Afrique du Nord où le combat pouvait continuer, ont été associés à cet hommage.
En effet, le 19 juin 1940, le gouvernement français décide de partir à Alger pour se soustraire à l’avance allemande. Les parlementaires reçoivent l’ordre de gagner le Verdon, sur l’Atlantique, où un paquebot, le Massilia, affrété sur les instructions du gouvernement, est mis à leur disposition. Vingt-sept parlementaires - vingt-six députés et un sénateur - embarquent le 21 juin 1940 à destination de Casablanca. Ils espèrent voir transférer le siège des pouvoirs publics dans les départements d’Algérie, afin de poursuivre la lutte contre l’ennemi sur les terres africaines françaises. Pétain fera un autre choix, celui de demeurer en France et de collaborer.
Outre la cérémonie annuelle du 10 juillet à Vichy qui a désormais pris un éclat particulier depuis que le Président de l'Assemblée nationale et le Président du Sénat la président alternativement, le Comité entretient la mémoire de ces parlementaires.
http://www.80-vichy.fr
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 juillet 2024
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29 juin : c’est la Saint-Pierre, la fête des pêcheurs
Dans les ports de Provence et du Languedoc, la Saint-Pierre est la fête des pêcheurs, occasion d’une procession traditionnelle transportant la statue de saint Pierre de l’église jusqu’au port. Cette fête est également très populaire sur les côtes latino-américaine, notamment au Pérou et en Équateur, mais aussi dans les Caraïbes.
Dans les ports de Provence et du Languedoc, la Saint-Pierre est la fête des pêcheurs, occasion d’une procession traditionnelle transportant la statue de saint Pierre de l’église jusqu’au port, comme c’est le cas à Antibes, à Sète, à Nice ou au Grau du Roi. Le 28 au soir, dans le petit port de Gruissan, la sérénade traverse les rues du village avec la « musicalité maritime » bien connue du réveil gruissanais. Le lendemain, c’est le « jour de gloire ». Le cortège part de la Prud’homie, jusqu’à l’église Notre Dame de l’Assomption pour célébrer la grand’messe. C’est là, que les pêcheurs gruissanais portent la barque d’apparat (symbolisant le travail) et un cierge allumé (qui exprime la foi) jusqu’au buste du saint placé dans le chœur de l’église.
Certaines localités, comme Cassis, la Seyne-sur-Mer ou Antibes, ont cependant déplacé la fête au dernier week-end de juin, ce qui permet aux festivités de s’ouvrir par un feu d’artifice le vendredi soir et de se terminer le dimanche soir par une grande sardinade et une soirée dansante. À Agde, pour des raisons touristiques, la fête a même été reportée au premier week-end de juillet. Cette année, elle débutera le vendredi 7 juillet avec arrivée de la statue de Saint-Pierre à 21h par le fleuve Hérault avec animations, danses traditionnelles, peña… Place de la Marine. Le lendemain, au Grau d’aide, la sardinade sera accompagnée de musiques gitanes. Le dimanche, une gerbe sera jetée à l’eau en mémoire des pêcheurs disparus en mer. À Nice, la fête de la Festa de San Peïre (en nissart), débute par une messe à l'église Notre-Dame-du-Port puis se poursuit par une procession des pêcheurs depuis l’église jusqu'au port rythmée par des musiques et des danses folkloriques.
Dans les Caraïbes, principalement à la Jamaïque, une Journée internationale des pêcheurs est célébrée chaque 29 juin. Saint Pierre, l'un des douze premiers apôtres et le premier évêque de Rome, était à l'origine un pêcheur du lac de Tibériade. Pour cette raison, il est vénéré comme le saint patron des pêcheurs. Chaque 29 juin, l'Église catholique célèbre dans une même fête liturgique les apôtres saint Pierre et saint Paul. Le choix d'une seule date pour célébrer ces deux grandes figures s'est opéré après la réforme liturgique en 1970. Jusque-là, saint Pierre était fêté le 29 juin et saint Paul le lendemain.
De fait la Saint-Pierre et Saint-Paul est un jour férié dans certains pays catholiques : Malte, Chili, Pérou, Italie, Colombie et dans certains cantons suisses. Sur la côte péruvienne, dans les ports de Chorillos et de Lurin, la figure de saint Pierre est venue se superposer à celle du dieu fondateur Naylamp lors de cérémonie visant à bénir l’eau pour une bonne pêche tout au long de l’année. La a San Pedro y San Pablo est également très fêtée en Équateur.
Simon (alias Pierre) était le fils de Jonas, vivait à Capharnaüm où il est pêcheur sur le lac de Tibériade, avec son frère André. Un jour, il a rencontré Jésus qui lui a dit : « Suis-Moi, Je te ferai pêcheur d’hommes. » Il décida alors de tout quitter pour le suivre. Jésus lui donnera le nom araméen de « Képha », mot qui signifie « rocher » qui deviendra « Petrus » en latin, puis « Pierre » en français. « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église » (Matthieu, XVI, 17).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 juin 2024
La San Pedro y San Pablo en Équateur
Saint Pierre, patron des pêcheurs
11 juin : la mémoire du dernier séisme meurtrie en France
Il faut remonter à 1909, un 11 juin, pour qu’un séisme fasse autant de morts (46 victimes), de blessés et de dégâts que celui qui a détruit Lambesc en Provence.
Il faut remonter à 1909, un 11 juin, pour qu’un séisme fasse autant de morts (46 victimes), de blessés et de dégâts que celui qui a détruit Lambesc en Provence. Plusieurs quartiers ont été totalement détruits et le clocher de l'église s'est complètement écroulé. Même s'il reste peu de traces de ce drame, celui-ci est encore bien présent dans les esprits des habitants. Ce tremblement de terre a touché Lambesc et Rognes où l’on compte le plus de victimes, mais les communes de Salon, Pélisanne, Saint-Cannat, Puy-Sainte-Réparade, Venelles payent également un lourd tribut. On compte aussi quelque 250 blessés. Des milliers de logements détruits dont 1500 à Aix-en-Provence. Le séisme fut ressenti jusque dans les départements du Gard, du Vaucluse et du Var. La région n’est pas à l’abris d’une réédition de ce type de catastrophe.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 juin 2024
Ce qui reste d’une maison de Lambesc
22 mai : la Martinique commémore l'abolition de l'esclavage
La Fête de l'abolition de l'esclavage commémore la journée d’émeute populaire du 22 mai 1848 qui a contraint le gouverneur de la Martinique à anticiper le processus.
Spectacles, concerts, marche aux flambeaux, conférences... de nombreux temps forts rythme ce 176e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à la Martinique.
En 1848, le gouvernement provisoire qui succède à la Monarchie de Juillet, renversée par les journées révolutionnaires de février, élabore le 27 avril 1848, des décrets abolissant l’esclavage dans toutes les colonies françaises. Ces décrets devaient mettre quelques semaines pour parvenir dans les différentes colonies et s’appliquer véritablement. De fait, ils n’arriveront à la Martinique que le 4 juin 1848. De plus, ces textes prévoyaient l’abolition dans un délai de deux mois après leur promulgation dans la colonie… La ferveur populaire en décidera autrement.
À la Martinique, la nouvelle de l’instauration de la République, fin mars 1848, fait naître un véritable espoir car celle-ci proclame aussitôt que « nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves ». L’enthousiasme des quelque 60 000 esclave se transforme, le 22 mai, en véritable émeute populaire. Ce qui contraint le gouverneur de la colonie à proclamer l’abolition immédiate, le 23 mai, sans attendre l’arrivée des décrets du 27 avril. C’est ce premier jour de liberté qui est commémoré chaque année à la Martinique (à la Guadeloupe, c’est le 27 mai) par un jour est férié et des festivités.
En 2020, les festivités prévues dans le cadre du 22-Mai avait été annulées pour cause de crise sanitaire, mais la journée a été marquée par la destruction de deux statues de Victor Schoelcher. L’une devant l’Espace Camille Darsières à Fort-de-France, l’autre à l’entrée du bourg de Schoelcher. Ces actes de vandalisme n’avait pas été revendiqués mais toutefois, approuvés par certains militants. Certes, Victor Schœlcher avait permis que soit signé les décrets abolissant l’esclavage et la traite négrière dans les colonies. Mais, il lui est reproché d’avoir prévu l’indemnisation, non des victimes de l’esclavage (qui ne l’ont jamais été) mais les 10 000 propriétaires d’esclaves lesquels ont reçu, à partir de 1849, des indemnités d’un montant total de 126 millions de francs or. Certaines grandes fortunes françaises ont leur origine dans cette indemnisation scandaleuse. La statue de Joséphine, l’épouse de Napoléon Bonaparte (qui a rétabli l’eclavage) a aussi été détruite.
Depuis une vingtaine d’année, un combat a été engagé pour obtenir des réparations. Le Mouvement international pour les Réparations (MIR) a lancé le 13 mai son « 24yèm Konvwa ba réparasyon », qui se termine comme chaque année le 21 mai . Le thème de cette année : « Réparasyon pou palantjé matjoukann péyi-a ».
D’autres, au contraire, veulent faire de cette journée du 22 mai (le 22-Mé), une fête consensuelle, une fête nationale de la Martinique. Dans cette nuit du 21 au 22 mai, chacun peut faire mémoire des combats menés pour la liberté, en allumant un flambeau ou une bougie, une lumière symbolique, en écoutant « Rhapsodie Martinique IV/La marche de la Liberté » de Manuel Césaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 mai 2024
Le mémorial Cap 110 de Laurent Valère, situé Anse Caffard, en Martinique, édifié en 1998, à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Dans une rue de Fort-de-France
Ce qui reste du socle de la statue de Joséphine, Fort-de-France, place de la Savane
26 mars : le jour où les Pieds-noirs ont perdu l’Algérie
Il y a 62 ans des soldats français tiraient sur la foule des manifestants faisant des dizaines de morts parmi les Européens d’Alger qui manifestaient contre l’indépendance de l’Algérie. Ce drame occulté a marqué la fin du rêve d’une Algérie française.
Il y a 62 ans des soldats français tiraient sur la foule des manifestants faisant des dizaines de morts. Les victimes de la fusillade de la rue Isly, à Alger, le 26 mars 1962, étaient des Français vivant en Algérie manifestant contre le processus de décolonisation. Quelques jours plus tôt, le 18 mars, les accords d’Évian avaient décidé un cessez-le feu en vue d’accorder son indépendance à l’Algérie, mettant fin à 17 ans d’une sale guerre qui avait débuté le 8 mai 1945. Les appelés étaient enfin démobilisés, ce que la France célèbre chaque 19 mars. Mais pour les Pieds-noirs, tel qu’on appelait à l’époque les Français vivant en Algérie, le conflit n’était pas achevé. Le Cercle Algérianiste et d’autres associations de Pieds-noirs, souhaiteraient que l’on commémore le massacre du 26 mars, et demandent que cette journée soit inscrite prochainement à l'agenda des commémorations officielles. Ce qui n’est pas le cas, il n’y a pas de commémorations récurrentes, sauf des cérémonies ponctuelles et discrètes, dans diverses localités du sud de la France où vivent de nombreux descendants de Pieds-noirs.
Cela n’a pas empêché les autorités de célébrer le 80e anniversaire du drame en présidence du président Macron qui a dénoncé «une page tragique de notre récit national» et un massacre « impardonnable ». Le président français voulait contrebalancer, dans la mémoire des Pieds-noirs, son qualificatif de « crime contre l’humanité » dont il avait taxé la colonisation, lors d’une visite à Alger en 2017. Une qualification qui n’avait pourtant rien d’exagéré si on se remémore les conditions de la conquête de 1830 et des années qui ont suivi.
Le 26 mars 2022, le président Macron avait rendu hommage aux 800 000 Français d'Algérie, «déracinés au sein de leur propre patrie», mais sans pour autant reconnaître la responsabilité de l’État français dans ce massacre. Il est vrai que les circonstances étaient assez particulières. Quelques jours plus tôt, le 23 mars déjà, des Français avaient tué des Français. Les victimes étaient des soldats du contingent tués par des terroristes français engagés dans l’OAS, la sinistre Organisation de l’armée secrète qui s’était donné pour objectif de saboter de processus d’indépendance de l’Algérie. C’est cette même OAS qui avait appelé la population européenne d’Alger à la manifestation du 26 mars. Malgré son interdiction par le préfet de police, plusieurs milliers de partisans de l'Algérie française ont afflué. Ils se dirigent vers le quartier de Bab-el-Oued, refuge de membres de l'OAS, afin de forcer les barrages installés par l'armée française Le trajet principal passe devant la Grande Poste, à l'entrée de la rue d'Isly. Des soldats du contingent, marqués par la fusillade du 20 mars, étaient chargés du maintien de l’ordre. C’est là que tout a dérapé. Un premier coup de feu est parti. On ne sait d’où, car aucune enquête officielle n’a été faite après le massacre. Soudain, les soldats ont tiré sur la foule perçue comme menaçante. Le bilan officiel est d'une cinquantaine de morts et 150 blessés, sans doute plus, on ne sait pas exactement. Des pieds-noirs se sont aussitôt vengés en lynchant des Algériens du quartier de Belcourt (aujourd’hui Belouizdad)… l’enchaînement de la violence a ruiné tout espoir d’empêcher l’indépendance de l’Algérie. C’est dire si cette date est douloureuse pour ceux qui ont dû quitter un pays où ils étaient établis parfois depuis plusieurs générations, mais établis comme colons, au détriment d’une population autochtone dépourvue de tout droit politique. L'événement a marqué le début de l'exode massif des Européens d'Algérie.
Le soir du 26 mars 1962, le président Charles de Gaulle s'adressait aux Français pour leur demander de voter en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Il ne fit aucune allusion à ce massacre occulté pendant des dizaines d’années. En 2010, toutefois, le gouvernement français a finalement décidé d'inscrire les noms des victimes de la rue d'Isly sur le Mémorial de la guerre d'Algérie à Paris, mais l'État français n'a jamais reconnu de responsabilité dans ces événements dans lesquels les terroristes de l’OAS ont aussi leur part. D’autant qu’après le 26 mars, l’OAS fera encore de nombreuses victimes, tant civiles que militaires. L’indépendance de l’Algérie qui arrivait beaucoup trop tard, était dans le sens de l’histoire. L’opinion publique française voulait tourner la page de la guerre d’Algérie. D’où l’occultation de ce drame, comme d’autres, pendant un demi-siècle. Mais voilà que cette date du 26 mars nous revient, avec tout le refoulé sur le bon vieux temps des colonies cultivé de plus en plus ouvertement par l’extrême droite.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2024
Quelques jours plus tôt, le 23 mars 1962
9 décembre : la journée de la laïcité en France
« La République ne reconnaît aucun culte » dit la loi de 1905… bon courage aux professeurs pour l’expliquer à leurs élèves. Le 9 décembre est l’anniversaire de la loi de 1905 de séparation entre l’Église et l’État. En dépit de demandes récurrentes, ce jour n’est pas férié en France. Et il y a peu de chance pour que cela se fasse pendant la présidence Macron. Depuis 2015, toutefois, une Journée de la laïcité est célébrée dans tous les établissements scolaires de France, le 9 décembre.
En France, des voix réclament régulièrement de faire du 9 décembre un jour férié dédié à la laïcité. C’est l’anniversaire de la loi de 1905 de séparation entre l’Église et l’État. Un pas a été fait en ce sens sous la présidence de François Hollande : depuis 2015, une Journée de la laïcité est célébrée dans tous les établissements scolaires de France, le 9 décembre. Cette année, elle marque le 118e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État (1905), qui a participé à enraciner la laïcité (instituée dès 1882 pour les enseignements) à l’école publique. « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » (art. 2 de la loi du 9 décembre 1905).
Outre le fait que cette loi n’est pas appliquée en Alsace et en Moselle créant une rupture d’égalité entre les Français, elle semble bien méconnue par Emmanuel Macron, qui, le 23 décembre dernier, assistait, en tant de président des Français, à la messe que le souverain pontife a célébrée au Stade-Vélodrome de Marseille. Ce qui ne s’était quasiment jamais fait sous la cinquième république. Il y a deux jours, le Grand Rabbin de France était invité à Élysée pour allumer la première bougise de la fête juive d’Hanoucca, une première dans l’histoire de la république. Cette année, la leçon des enseignants du secondaire sur la laïcité va être plus difficile à concevoir et à transmettre. L’Élysée va devoir fêter Noël (pas uniquement pour les enfants du personnel) de manière multiple. Car selon la fâcheuse logique communautarisme qui se met en place, il conviendra d’organiser un réveillon de Noël le soir du 5 janvier prochain, en solidarité avec les Arméniens qui ont connu eux aussi des journées dramatiques, il y a peu. Sans oublier ensuite, le Nowrouz, en mémoire des Kurdes et des Iraniens persécutés, l’Illumination du Bouddha… On se demande, à présent, quelle fête musulmane va être choisie par l’Élysée en mémoire des dizaines de milliers de Palestiniens morts à Gaza sous les bombes de Tsahal et en Cisjordanie, sous les balles des colons extrémistes ?
« La République ne reconnaît aucun culte », cette phrase forte de la loi de 1905 devrait figurer au fronton de l’Élysée et pas seulement chaque 9 décembre.
Le principe de laïcité est au fondement du système éducatif français depuis la fin du XIXe siècle. Les différents enseignements contribuent à la transmission de la laïcité, en particulier l’enseignement moral et civique, l’histoire géographie ou encore la littérature. Ce principe figure dans l’article premier de la Constitution de 1958 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la Loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
Selon le Conseil constitutionnel : « le principe de laïcité impose notamment le respect de toutes les croyances, l’égalité de tous les citoyens devant la loi sans distinction de religion et que la République garantisse le libre exercice des cultes » (décision n° 2012-297 QPC du 21 février 2013). Une position que chacun l’interprétera à sa manière…
La loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République institutionnalise la Journée de la laïcité au sein de la fonction publique. La loi rend obligatoire la désignation d'un référent laïcité dans les trois fonctions publiques. Le référent est notamment chargé d'organiser une journée de la laïcité le 9 décembre de chaque année. Les initiatives de l’Élysée ne lui facilitent pas la tâche.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2023
Caricature de 1905
2 décembre : la gloire de Napoléon
Les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr célèbrent chaque 2 décembre la victoire militaire du fondateur de leur établissement : l’empereur Napoléon Ier. Ils sont bien les seuls, car les autorités françaises restent très réticentes à glorifier la geste napoléonienne. En revanche, en République tchèque, on organise chaque année, à Slavkov u Brna (Austerlitz), une reconstitution de la célèbre bataille en costume d’époque à laquelle participent un millier de figurants venus de toute l’Europe.
Les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr célèbrent chaque 2 décembre la victoire militaire du fondateur de leur établissement : l’empereur Napoléon Ier. La tradition remonte au Second Empire quand le 1er décembre au soir avait lieu une bataille de polochons dans les dortoirs de l’établissement et le lendemain une veillée aux flambeaux. À partir de 1920, la direction de l’école a autorisé une reconstitution de la bataille qui se déroule aujourd’hui à grande échelle sur les terrains de Coëtquidan chaque 2 décembre. La bataille ainsi mythifiée est bien sûr celle d’Austerlitz, en 1805, la plus brillante des victoires de l’Empereur face aux armées autrichienne et russe, que la Prusse s’apprêtait à rejoindre. Les lettres du nom de la bataille servent même de calendrier à l’école : A pour octobre, U pour novembre, S pour décembre… Ainsi les saint-cyriens fêtent aujourd’hui le « 2S ». L’an un de l’école étant 1805, ainsi dans le langage saint-cyrien, on ne parle pas du 2 décembre 2023 mais du « 2S 218 », soit l’année 218 à partir d’Austerlitz. Partout dans le monde où ils se trouvent, les officiers issus de Saint-Cyr célèbrent la glorieuse victoire. Le 1er décembre, selon le calendrier catholique, est la fête du Bienheureux Père Charles de Foucauld, confesseur de la Foi et également ancien élève de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il est souvent associé aux célébrations de cette école où règne toujours une poignée d'étudiants ultra conservateurs, volontiers traditionalistes et fasciné également par l’épopée coloniale.
Au lendemain de la bataille, dans sa proclamation à ses soldats, Napoléon avait écrit : « Je vous ramènerai en France. Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe ». La promesse ne sera tenue qu’en 1806, et il faudra 36 ans pour que l’Arc de Triomphe de l’Étoile soit achevé. Napoléon n’en profitera que pour le retour de ses cendres. Aujourd’hui, le monument n’est plus perçu comme ayant été construit à sa gloire. La République en a fait un symbole patriotique. Ce soir, toutefois, c’est bien sûr une délégation de l’école de Saint-Cyr qui va ranimer la flamme. Une tradition qui n’a que cent ans d’âge et qui n’a rien à voir avec la geste napoléonienne.
La journée du 2 décembre est doublement liée à l’Empereur, puisque c’est ce même jour qu’il s’était lui-même couronné empereur dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pour son sacre, il avait fait venir de Rome le pape Pie VII. C’était en 1804, il y a 219 ans aujourd’hui.
Les passionnés des Bonaparte célèbrent aussi le neveu, Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la république le 2 décembre 1851 et couronné empereur, sous le nom de Napoléon III, l’année suivante, le 2 décembre bien sûr, la date n’avait pas été choisie au hasard !
Voilà donc une journée à la gloire des Bonaparte. Mais est-ce par malice que l’ONU a placé le 2 décembre une Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage ? Sachant que Napoléon, s’il a largement repris à son compte l’héritage de la Révolution de 1789 dont il a fait profiter une partie de l’Europe, en a renié au moins un en rétablissant l’esclavage que la révolution avait pourtant aboli huit ans plus tôt, en 1794.
Napoléon, on le voit a aussi sa part d’ombre, on lui reproche également toutes ses guerres qui ont fait tant de morts partout en Europe, notamment en Espagne, au point que les autorités françaises ont souvent renoncé à célébrer la gloire napoléonienne. En 2005, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, alors au pouvoir, ont préféré boycotter le 200e anniversaire d'Austerlitz, à la grande surprise de beaucoup de Français. La célébration française était pourtant tout à fait exceptionnelle. Les Anglais qui célèbrent chaque année la bataille de Trafalgar ont bien moins de scrupules.
En République tchèque, on organise chaque année, à Slavkov u Brna (Austerlitz), une reconstitution de la célèbre bataille en costumes d’époque. Un millier de passionnés, viennent tous les ans d’une quinzaine de pays, pour honorer la mémoire de ceux qui sont tombés à Austerlitz (18 000 morts tout de même !). La seule variante : depuis 2022, faute de visas, les ressortissants russes ne peuvent plus se joindre à la célébration.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2023
La bataille d'Austerlitz (détail) par François Gérard, Musée de Trianon
Le monument aux morts du plateau de Pratzen (où s’est déroulé la bataille), en mémoire des soldats russes, autrichiens et français tombés le 2 décembre 1805.
16 novembre : le beaujolais nouveau est arrivé !
C’est à un rendez-vous planétaire que sont conviés aujourd’hui les amateurs de vin français, à travers le monde. Depuis 00h très exactement, de Tokyo à Berlin, de New-york à Pékin, ils peuvent découvrir la cuvée 2023 !
C’est à un rendez-vous planétaire que sont conviés aujourd’hui les amateurs de vin français, à travers le monde. Depuis 00h très exactement, de Tokyo à Berlin, de New York à Pékin, ils peuvent découvrir la cuvée 2023 ! Et selon les professionnels du secteur, il serait remarquable, avec une note bien plus fruitée que l’année dernière.
Cet événement a, en effet, pris une dimension internationale et, de fait, 50 % de la consommation de beaujolais nouveau se fait à l’étranger : États-Unis, Japon, la Corée du Sud et dernier client en date mais pas des moindres : la Chine. Soit quelque six millions de bouteilles vendues dans le monde. Cette réussite avérée à l’exportation ne masque pas une certaine désaffection en France, qui reste le premier consommateur, et une baisse régulière des ventes ces dernières années. La grande époque, dans les années 1960 à 1990 est dernière nous. Amateurs éclairés et professionnels de la viticulture reprochent aux producteurs d’avoir privilégié le marketing, au détriment non de la qualité du produit, mais de ne pas avoir évité sa standardisation.
Vin de primeur, de cépage gamay, le beaujolais nouveau est le seul vin autorisé à la commercialisation avant la date officielle du 15 décembre pour tous les autres vins AOC. Il représente à lui seul un tiers de la production totale du Beaujolais, une région située juste au nord de Lyon.
Jusqu’en 1967, le 15 novembre était la date officielle de commercialisation de ce vin créé en 1951. Mais cela posait des problèmes au niveau administratif. En effet, ce n’était pas simple pour les vignerons de déclarer leurs bouteilles à temps quand le 15 du mois tombait un samedi ou un dimanche... La date a été un temps variable mais difficile à repérer d’une année sur l’autre sur le calendrier. Aussi, à partir de 1985, elle a été fixée au troisième jeudi du mois, ce qui permet de caler des évènements.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 novembre 2023
La cuvée 2022, photo René Houdry
11 novembre : le centenaire de la Flamme du souvenir
Il y a 100 ans, le 11 novembre 1923, à 18 heures, André Maginot, ministre de la Guerre, allumait pour la première fois la Flamme du souvenir. La tombe de ce Soldat inconnu est installée à l’Arc de Triomphe depuis le 11 novembre 1920 (en 1921, elle sera déplacée sous l’Arc lui-même). La symbolique est très importante dans un pays qui a perdu 1,4 million de jeunes hommes (soit 10,5% des hommes actifs, le plus fort ratio parmi les belligérants).
Le 11 novembre 1923, à 18 heures, André Maginot, ministre de la Guerre, allumait pour la première fois la Flamme du souvenir. La tombe de ce Soldat inconnu avait été installée à l’Arc de Triomphe trois ans plus tôt, le 11 novembre 1920 (en 1921, elle sera déplacée sous l’Arc lui-même). La symbolique est très importante dans un pays qui a perdu 1,4 million de jeunes hommes (soit 10,5% des hommes français actifs, le plus fort ratio parmi tous les belligérants).
Le 11 novembre 1922, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris, devant l’Arc de Triomphe, en présence du Président Poincaré. Aujourd’hui, la France célèbre, un dernier des centenaires lié à la Grande Guerre : cela fait 100 ans que brûle la Flamme du souvenir. Elle ne s’est jamais éteinte, même pendant l’Occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale.
La flamme jaillit de la gueule d’un canon au centre d’un faisceau d’épées déposées sur un bouclier. Cette structure en bronze, réalisée par Edgar Brandt, prône « plus jamais ça » : le feu jaillit d’un canon pour la dernière fois afin de rendre hommage aux soldats morts pour la France. Depuis 1923, la Flamme est ravivée tous les jours à 18h30. L’entretien de la flamme est assuré par le Comité de la Flamme (représentant 760 associations d'anciens combattants) ou des associations dont le civisme est reconnu. Longtemps, la cérémonie de ravivage de la Flamme a été confiée à des militaires, aujourd’hui, ouverte aux plus jeunes et de nombreux écoliers y participent.
Une tombe du Soldat inconnu britannique a été inaugurée à l’abbaye de Westminster, à Londres le même jour qu'en France. Il en existe une trentaine dans le monde, pas toutes liées à la Grande Guerre.
Le 26 août 1970, une dizaine de femmes appartenant au Mouvement de libération des femmes (MLF) ont déposé sous l'Arc de Triomphe une gerbe « à la femme du Soldat inconnu ». Certaines des banderoles arborées ce jour-là avaient pour slogan : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ». Il s'agissait de la toute première action médiatique du MLF.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2023
4 octobre : Bastia fête sa libération en 1943
Bastia fête le 80e anniversaire de sa libération, le 4 octobre 1943 par des soldats marocains sous encadrement français. Quelque 6 600 hommes de la 4e DMM (division marocaine de montagne), du bataillon de choc et du 2e GTM (groupe de tabors marocains) débarqués d’Afrique du Nord.
Bastia fête l’anniversaire de sa libération, le 4 octobre 1943 par des soldats marocains sous encadrement français. Quelque 6 600 hommes de la 4e DMM (division marocaine de montagne), du bataillon de choc et du 2e GTM (groupe de tabors marocains) débarqués d’Afrique du Nord. La ville avait connu une première libération, le 9 septembre, suite à la démission de Mussolini et à la capitulation des Italiens, mais Bastia avait été repris par les Allemands quelques jours plus tard. Peu avant 6 heures du matin, le capitaine Then entre dans la ville à la tête du 73e Goum marocain. Elle sera libérée une seconde fois, de manière définitive le 4 octobre 1943, il y a 80 ans aujourd’hui, non sans subir un ultime bombardement américain le même jour, alors que tous les Allemands avaient quitté la ville, en raison d’un problème de communication entre alliés.
Hier, 3 octobre les cérémonies officielles ont débuté au col de Teghime et à la nécropole de Saint-Florent. Aujourd’hui se tient au monument aux morts de la ville, la cérémonie du 80e anniversaire de la Libération de la Ville de Bastia.
La Corse est officiellement libérée le lendemain, devenant le premier département français à se défaire du joug nazi. Demain, c'est la Corse tout entière qui commémorera la date du 5 octobre 1943, jour où elle fut le premier département français libéré.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
25 août : Paris commémore sa libération
Le 25 août 1944 la capitale est enfin libre au terme d'une semaine folle ou le peuple de Paris s'est battu dans les rues et sur les barricades. Les troupes françaises et les alliés américains foulent le bitume parisien le 24 août 1944. Cette année, un hommage particulier est rendu aux républicains espagnols qui ont participé à la libération de la capitale française.
Du 19 au 25 août 1944, l’action conjuguée des résistants, des soldats du général Leclerc et de la 2e division blindée, alliée à la mobilisation des habitants, va donner lieu à l’une des pages les plus marquantes de l'histoire de Paris.
Le 25 août 1944, la capitale est enfin libre au terme d'une semaine folle ou le peuple de Paris s'est battu dans les rues et sur les barricades. Les troupes françaises et les alliés américains foulent le bitume parisien le 24 août 1944.
La libération a commencé quelques jours avant et les villes autour de Paris ne sont pas en reste.
Hier, jeudi 24 août, la mairie de Paris a rendu hommage à la compagnie "Nueve" : des soldats républicains espagnols qui ont participé à la libération de Paris. Cette cérémonie a eu lieu dans le 4e arrondissement, en présence d’Anne Hidalgo, Maire de Paris et d’une délégation espagnole menée par le ministre Félix Bolaños.
Ce vendredi 25 août, on peut assister aux traditionnelles cérémonies dans divers lieux à Paris.
10h : cérémonie devant l'Arbre de la Liberté sur la place Stalingrad dans le XIXe arrondissement
10h30 : cérémonie organisée à la gare de l'Est par la SNCF (dépôt de gerbes) devant la plaque rendant hommage aux déportés
11h30 : cérémonie de dévoilement de la plaque rappelant que fut imprimée clandestinement la première édition du Silence de la mer au 88 boulevard de l'Hôpital dans le XIIIe
14h30 : cérémonie commémorative de la reddition des troupes allemandes au général Leclerc sur la place du 18 juin 1940 dans le XVe arrondissement
15h30 : hommage au Général Leclerc et aux combattants de la 2e Division blindée, honneurs militaires et dépôt de gerbes au pied de la statue du général Leclerc de Hauteclocque à la porte d'Orléans dans le XIVe arrondissement
17h45 : prise d'armes, lecture du In Memoriam, évocation historique et musicale sur le thème de "Dans la nuit, la Liberté - L’année 1943" sur le parvis de l'Hôtel de Ville
14 juillet : la fête nationale française à interpréter librement
La commémoration de la prise de la Bastille, forteresse symbole de l’arbitraire royal, le 14 juillet 1789 ou celle de la Fête de la fédération du 14 juillet 1790, c’est au choix, la loi de 1880, instaurant la fête nationale de la France, ne le précise pas, laissant prudemment à chacun, de gauche ou de droite, la célébration soit d’une révolution contre le monarque, soit d’un moment de la concorde nationale. Mais est-ce vraiment une question que l’on se pose en participant au bal du 14-Juillet ou en se pressant pour admirer le feu d’artifice local ?
« Bastille Day » disent les Anglo-Saxons en parlant de la fête nationale française, pourtant la loi de 1880 instaurant la célébration du 14-Juillet comme fête nationale ne précise pas qu’il s’agit de commémorer la prise de la Bastille, épisode symbolique, parmi d’autres, de la Révolution française. Lors de la première célébration, celle de 1880, aucune allusion n’est faite à l’évènement. Les monarchistes, qui étaient encore très nombreux à la Chambre des députés, ne voulaient pas en entendre parler . Pour que les républicains les plus conservateurs apportent leur voix à un tel choix de date, on leur a vendu la commémoration de la Fête de la fédération, le 14 juillet 1790. Cette fête populaire avait été organisée un an juste après la prise de la Bastille, afin de célébrer la concorde nationale. Plusieurs milliers de personnes étaient présentes sur le Champ-de-Mars à Paris pour voir les gardes nationales de tout le pays défiler, malgré la pluie. À la gauche de l’échiquier politique, on n’en démordait pas, c’était bien la prise de la Bastille, forteresse symbole de l’arbitraire royal, qui était fêtée le 14 juillet. Mais, le flou de la loi permet à chacun d’imaginer ce qu’il veut.
« La chute de la Bastille, c'est la chute de toutes les Bastilles […], s'exclame Victor Hugo à l'Assemblée à la veille du vote de la loi […]. Le 14 juillet marque la fin de tous les esclavages, c'est la fête de toutes les nations. »
Cela dit, malgré cette souplesse dans l’interprétation, certaines municipalités de l’ouest, restées monarchistes (jusqu’à un tiers d’entre elles dans certains départements comme la Vendée ou le Maine-et-Loire), ont longtemps refusé d’organiser les festivités de la fête nationale. Il faudra attendre la Première Guerre mondiale et la mobilisation nationale contre l’ennemi, pour que le 14-Juillet devienne la fête nationale populaire incontestée qu’elle est aujourd’hui.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
9 juin : la mémoire des pendus de Tulle
Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 d’entre eux ne reviendront pas.
Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 ne reviendront pas. Le lendemain, 10 juin, aura lieu le massacre d'Oradour qui a plus profondément encore marqué les mémoires.
Ce massacre a été ordonné par le général SS Heinz Lammerding. En 1953, celui-ci sera condamné à mort par contumace, en France, mais l'Allemagne de l'Ouest ne l'extradera jamais ni ne le jugera. Outre le massacre de Tulle, celui-ci est aussi responsable de ceux d'Oradour-sur-Glane et d’Argenton-sur-Creuse en 1944. Il est mort en 1971 à Bad Tölz, haut lieu de la culture SS, en 1971. Ses funérailles ont rassemblé plusieurs centaines d'anciens officiers nazis. Il dirigeait la division Das Reich qui avait œuvré sauvagement dans les Balkans et sur le Front de l’Est. Heinz Lammerding avait pour mission de réduire les maquis de Corrèze alors que le débarquement allié en Normandie venait juste d’avoir lieu. En fait de combattants, ses victimes ont principalement été des populations civiles.
Des tresses de fleurs sont accrochées aux balcons et aux réverbères, là où les victimes ont été suppliciées. Dans l'après-midi, comme chaque année depuis 1988, François Hollande qui a été maire de Tulle, prend part aux commémorations.
Les cérémonies d'hommage, initialement limitées au 9 juin s’étendent sur trois jours : le 7 juin, dépôt de gerbes près de la gare où furent assassinés les gardes-voies et au cimetière de Puy-Saint-Clair, où sont enterrés les maquisards tombés lors de la tentative de libération de la ville ; le 8, hommage aux membres du personnel de l'usine de la Marque victime des Allemands ; enfin, le 9 une marche silencieuse qui relie le quartier de Souilhac au monument de Cueille.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
8 juin : « s’il pleut à la Saint-Médard...
…il pleut quarante jours plus tard à moins que saint Barnabé ne lui coupe l’herbe sous le pied » . La Saint-Médard, c'est aujourd'hui et la Saint-Barnabé tombe le 11 juin, soit dans trois jours.
…il pleut quarante jours plus tard à moins que saint Barnabé ne lui coupe l’herbe sous le pied » (autrement dit, il pleuvra le 18 juillet sauf s’il fait beau à la Saint-Barnabé). La Saint-Médard, c'est aujourd'hui et la Saint-Barnabé tombe le 11 juin, soit dans trois jours. C’est un dicton très connu des Français dont on trouve l’origine dans les campagnes d’Aquitaine et du Limousin mais qui connaît également quelques variantes : « S’il pleut pour Saint-Médard, le beau temps vient tard » (en Languedoc) ou encore « Saint-Médard beau et serein promet abondance de grains (en Auvergne).
Les Frères Jacques, “À la Saint-Médard”
De même qu’il existe des saints de glace (en mai) dont on redoute la rigueur, les saints de pluie peuvent marquer le début d’une longue période de précipitations désastreuse pour les récoltes (car une autre version du dicton n’annonce pas moins de 40 jours de pluie).
Cette année 2022, après un printemps estival, surtout dans le Nord, voilà peut-être venu le temps de la pluie…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
Les Frères Jacques ont popularisé le dicton avec À la Saint-Médard, une chanson de 1953, parole de Michel Vaucaire et musique de Rudy Revil
À la Saint-Médard mon Dieu qu'il a plu
Au coin du boul'vard et de la p'tite rue.
À la Saint-Médard mon Dieu qu'il a plu
Y aurait pas eu d'bar on était fichus !
À la Saint-Médard mon Dieu qu'on s'est plu
Tous deux au comptoir en buvant un jus…