L’Almanach international
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13 janvier : il y a 60 ans, Sylvanus Olympio était le premier président africain renversé et assassiné
Journée de deuil et de colère au Togo, le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. La victime est Sylvanus Olympio, président du Togo de 1961 à 1963, exécuté dans des circonstances troubles. Une affaire qui n’a jamais été élucidée. Les opposants au régime Gnassingbé profitent de cet anniversaire pour dénoncer une nouvelle fois la dictature familiale qui règne sur le Togo depuis 57 ans. Pendant plus de quatre décennies le 13 janvier a été un jour férié à la gloire du régime.
Le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. Le premier d’une longue série qui ne s’arrête pas. La victime en a été le président du Togo, Sylvanus Olympio, mort dans des circonstances étranges le 13 janvier 1963. Des soldats qui avaient combattu en Algérie étaient venus le chercher à son domicile où ils ne trouvèrent que son épouse. Le président leur avait refusé une intégration dans l’armée togolaise. On raconte qu’ils étaient venus pour se venger. Olympio, caché, leur échappa et parvient à se réfugier dans un véhicule garé dans l’enceinte de l’ambassade américaine qui jouxte sa résidence. Le lendemain tôt le matin, le 13 janvier 1963, les soldats sont revenus on extrait le président togolais de l’ambassade des États-Unis, qui n’était pas surveillée, pour l’exécuter devant le portail… selon la version officielle.
En vérité, on ignore tous les détails du déroulé des faits et de l’identité des commanditaires supposés. La famille demande toujours d’avoir accès aux archives officielles de la France qui restent inaccessibles à ce jour. On s’explique mal, également, pourquoi les États-Unis ne l’ont pas protégé, alors que Sylvanus Olympio, en froid avec Paris était au contraire en très bons termes avec Washington. Les documents du Département d’État sur cette affaire ne sont déclassifiés qu’au compte-gouttes…
Le gouvernement français avait tout intérêt à sa disparition, on lui prêtait l’intention de quitter la zone du franc CFA et de se rapprocher du monde anglo-saxon. Sylvanus Olympio avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Il parlait allemand, anglais, français, portugais, yorouba. Pour le président De Gaulle et Jacques Foccart, son conseiller aux affaires africaines, ce dirigeant africain apparaissait comme totalement indomptable. N’avait-il pas déclaré à l’AFP juste après l’indépendance du Togo : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. » ?
Sylvanus Olympio qui avait instauré un régime à parti unique avait été élu président en 1961 sans aucun adversaire. Plusieurs de ses opposants croupissaient en prison. Après son assassinat on a eu vite fait d’annoncer la mort d’un tyran. Certes, Olympio avait trahi la démocratie mais il avait une légitimité historique. En 1946, ce militant indépendantiste avait élu député et président pour 5 ans de la première assemblée représentative du Togo, après que son parti (le CUT Comité pour l’Unité Togolaise) a remporté la très grande majorité des sièges. En 1958, il est nommé premier ministre d’un Togo autonome, en attendant l’indépendance obtenue le 27 avril 1960.
Parmi les soldats venus le déloger et l’éliminer, figurait le sergent Étienne Eyadéma Gnassingbé. Il revendiquera son assassinat devant des journalistes français, puis se rétractera en 1992. Il est vrai qu’entre-temps, il était devenu président du Togo en renversant le successeur d’Olympio (1967). Eyadéma Gnassingbé restera 28 ans au pouvoir (jusqu’à sa mort en 2005) à la tête d’un régime de terreur qui aura malgré tout le soutient constant de la France. Son successeur n’est autre que son propre fils, Faure Gnassingbé qui se maintient au pouvoir jusqu’à aujourd’hui, de manière tout aussi autoritaire. La famille Gnassingbé règne en effet sur le pays depuis 1967.
Eyadéma Gnassingbé avait fait du 13 janvier un jour férié et chômé et décrété une Fête de libération nationale. Célébrée jusqu’en 2013, elle faisait l’objet d’un grandiose défilé civilo-militaire auquel assistaient plusieurs délégations étrangères dont la France et les États-Unis. Pour la famille Olympio et les adversaires politiques du clan Gnassingbé, le 13 janvier est un jour de deuil et de manifestations de protestation contre la dictature.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
21 juin : les Togolais célèbrent les martyrs de la lutte pour l’indépendance
Ce jour férié au Togo fait référence au massacre de Pya-Hodo, le 21 juin 1957. L’armée coloniale tirait dans la foule des manifestants, faisant 20 morts. C’était il y a 65 ans.
Ce jour férié au Togo fait référence à un massacre qui a eu lieu il y a 65 ans, le 21 juin 1957. Ce jour-là, une délégation de l’ONU visitait le pays, à Pya-Hodo (dans la Kozah), la population en a profité pour manifester contre la tutelle française qui s’imposait au pays. Devant la colère des manifestants, protestant contre l’arrestation du nationaliste togolais, Bouyo Moukpé, l’armée coloniale a tiré sur la foule qui fréquentait le marché d’Hoda, faisant 20 morts et de nombreux blessés. Les indépendantiste s’opposaient à l’application de la loi-cadre du 23 juin 1956 dite “loi Gaston Deferre”. Le Togo n’était pas une colonie mais un territoire confié par l’ONU à la France. Après ce drame, celle-ci sera contrainte d'organiser des élections sous surveillance d’émissaires onusiens. L’indépendance ne sera toutefois obtenue que le 27 avril 1960.
La commémoration a lieu chaque année, le 21 juin, mais ce Jour des martyrs, férié et chômé ne date que de 2021. Il commémore tous les morts de la lutte pour l’indépendance, pas seulement les victimes du massacre de Pya-Hodo. Dans cette localité du pays kabiyè une stèle de marbre blanc a été érigée. Il y est inscrit « Ils sont morts pour que vive le Togo ». À Lomé, le chef du gouvernement dépose une gerbe à la place des martyrs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
26 avril : 60 ans d'indépendance mais toujours pas de démocratie au Togo
Le Togo fête le 60e anniversaire de son indépendance alors que le pays est menacé par le coronavirus mais la fête nationale du Togo est également perturbée par l’arrestation, il ya quelques jours, de Agbeyomè Kodjo, ancien premier ministre et candidat à la présidentielle. Le pays est toujours en attente de démocratie.
Le Togo fête le 60e anniversaire de son indépendance alors que le pays est menacé par le coronavirus (une centaine de cas, après plus d’un mois d’épidémie), même s’il est beaucoup moins touché que son voisin le Ghana. Beaucoup plus que par la pandémie, la fête nationale du Togo est avant tout perturbée par l’arrestation, il y a quelques jours, d’Agbeyomè Kodjo, ancien premier ministre et candidat à la présidentielle du 22 février dernier dont il conteste les résultats et revendique la victoire. Agbeyomè Kodjo a finalement été relâché vendredi soir, mais l’affaire divise profondément les Togolais.
C’est donc le président reconduit dans des conditions contestées, Faure Gnassingbé, qui procède à la réanimation de la flamme de l’indépendance ce dimanche 26 avril 2020 à 18 heures, en présence des présidents des Institutions de la République et des personnalités distinguées invitées à cette cérémonie ; et ceci dans le strict respect des mesures barrières prises par le gouvernement contre la propagation du Covid-19.
Après avoir refusé de s’unir au Ghana, le Togo est devenu indépendant le 27 avril 1960 et il a obtenu un siège à l'ONU en septembre de la même année. Cette ancienne colonie allemande avait été partagée en 1914 entre Français et Anglais. Le Togo anglais s’est fondu dans le Ghana en 1956, ce qu’a refusé le Togo français qui, lui, devenait la République autonome du Togo. En février 1958, la victoire du Comité de l'unité togolaise aux élections ouvrait la voie à une indépendance complète du pays, confirmée six mois plus tard par la levée de la tutelle du pays par l'ONU.
Sylvanus Olympio est élu président contre Nicolas Grunitzy, le candidat soutenu par la France, lors d'élections supervisées par l'ONU. En 1963, Olympio sera renversé et tué lors du premier coup d’État de l’histoire du continent africain qui mettra Grunitzy au pouvoir pour quatre ans, avant d’être lui-même, à son tour, renversé. En 1967, c’est le major Gnassingbé Eyadéma qui récupère le pouvoir, il impose sa dictature au Togo durant presque quatre décennies, de 1967 à 2005. Ensuite, c’est son fils, Faure Gnassingbé qui hérite du pouvoir et s’y maintient grâce à des élections successives à l’honnêteté douteuse
Le Togo célèbre 60 ans d’indépendance, mais pas de démocratie. Le 13 janvier dernier, la famille Gnassingbé fêtait ses 53 ans de règne sur le Togo. Récemment, Faure Gnassingbé a fait modifier la constitution laquelle limite désormais le nombre de mandats à deux, mais à partir de 2020 seulement. Bébé Gnass (son surnom) acceptera-t-il de céder le pouvoir à l’issu son cinquième mandat, en 2030 pour les 70 ans de l’indépendance ?
Compte tenu de la pandémie de coronavirus et des mesures sanitaires imposées, les grandes réjouissances populaires, des bals ou des manifestations sportives et le traditionnel défilé militaire ne seront pas organisés pour cet anniversaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
30 mai : la Dame du lac, un pèlerinage africain
Chaque année, a lieu à Togoville, sur les rives du lac Togo, le pèlerinage annuel à celle que l’on appelle « la Dame du Lac ». Selon des témoins, la Vierge serait apparue sur une barque au milieu du lac en 1940…
Chaque année, a lieu à Togoville, sur les rives du lac Togo, le pèlerinage annuel à celle que l’on appelle « la Dame du Lac ».
Selon des témoins, la Vierge serait apparue sur une barque au milieu du lac en 1940. Depuis, le lieu est vénéré par les catholiques, il attire pèlerins et touristes jusqu’au Pape Jean-Paul II qui est venu consacrer le sanctuaire à la Vierge lors d’un voyage apostolique en août 1985. On vient de toutes les régions du Pays, du Bénin voisin et au-delà pour l’un des deux grands pèlerinages de l’année (l’autre a lieu en novembre) qui est l’occasion de grands rassemblements, processions, vénération de la barque qui aurait transporté la Vierge…
C’est après 20 mn de traversée du lac Togo en pirogue que l’on arrive à Togoville (qui a donné son nom au pays), ex-Togostadt, ville marquée par l’époque où le pays était colonie allemande (il le restera jusqu’en 1918 où il est alors cédé à la France). Si Togoville reste, pour les catholiques, l’endroit le plus sacré du pays , il n’en est pas moins aussi un haut lieu de la religion vaudoue qui y attire des milliers de personnes à l’occasion de la fête du nouvel An entre septembre et octobre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde