L’Almanach international

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1943, Grèce, Seconde Guerre mondiale, massacre Bruno Teissier 1943, Grèce, Seconde Guerre mondiale, massacre Bruno Teissier

16 février : la Grèce commémore le massacre de Domenikon

Ce massacre fait référence à la destruction totale du village de Domenikos dans le département de Larissa, en Thessalie, les 16 et 17 février 1943 par les forces d'occupation allemandes et italiennes qui, après y avoir mis le feu, ont ensuite procédé à l’exécution par la force brute de 150 villageois, soit tous les hommes de 14 à 80 ans.

 

Le massacre de Domenikos (Σφαγή του Δομένικου) fait référence à la destruction totale du village de Domenikos dans le département de Larissa, en Thessalie, les 16 et 17 février 1943 par les forces d'occupation allemandes et italiennes qui, après y avoir mis le feu, ont ensuite procédé à l’exécution par la force brute de 150 villageois, soit tous les hommes de 14 à 80 ans.

Cette page de la Seconde Guerre mondiale a été oubliée pendant de nombreuses années, selon l'historienne Lidia Santarelli, les massacres italiens en Grèce sont « un trou noir dans l'histoire ». Elle fut remise à jour par le documentaire de Giovanni Donfrancesco La guerra sporca di Mussolini (La sale guerre de Mussolini) diffusé à partir du 14 mars 2008 sur History Channel. Le village de Domenikon a été reconnu village martyr en 1998. L'Italie, quant à elle, a présenté ses excuses à la Grèce pour le massacre le 16 février 2009, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Athènes.

Le massacre de Domenikon est le premier massacre de civils en Grèce. Il a donc servi de « modèle » pour les autres massacres de civils qui ont rapidement suivi durant le reste de l'occupation italienne dans ce pays, jusqu'au retrait de l'armée italienne durant l'été 1943. Le massacre est surnommé par les Italiens « le petit Marzabotto ». Le second massacre de civils a lieu trente jours plus tard dans le village de Tsaritsani où soixante personnes ont été abattues, suivi de massacres dans d'autres secteurs de la Thessalie et en Grèce interne, comme à Domokos, Pharsale ou encore Oxine. On dénombre plusieurs milliers de civils massacrés dans toute la Grèce et près de 400 villages détruits partiellement ou totalement, dont Kalávryta est un autre exemple.

Aucun des 1500 criminels de guerre italiens - dont les coupables du massacre - n’a jamais été jugés, ceci pour que l'Italie puisse conserver après la Seconde Guerre mondiale, une bonne position internationale. La majorité des criminels de guerre italiens qui ont survécu ont continué à travailler pour le gouvernement italien. Le secret sur les crimes de guerre italiens a été encouragé par le Royaume-Uni et les États-Unis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 février 2024

16 février 2022

 
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1943, Grèce, massacre, Seconde Guerre mondiale, 13 décembre Bruno Teissier 1943, Grèce, massacre, Seconde Guerre mondiale, 13 décembre Bruno Teissier

13 décembre : mémoire d’un massacre de civils en Grèce

À Kalávryta (Καλάβρυτα), dans le Péloponèse, on ne prépare pas encore Noël, le village est en deuil chaque année à la même date. Il y a 80 ans, il était victime du plus grand massacre de civils opéré par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, la Shoah mise à part.

 

À Kalávryta (Καλάβρυτα), dans le Péloponèse, on ne prépare pas encore Noël, le village est en deuil chaque année à la même date, il a été victime du plus grand massacre de civils opéré par les nazis, la Shoah mise à part.

Il y a 80 ans, le 9 décembre 1943, la localité est cernée par les soldats allemands afin qu'aucun habitant ne puisse s'échapper. L'armée allemande rassure les habitants en leur indiquant qu'elle ne recherche que des rebelles, mais les troupes allemandes dirigées par Karl von Le Suire, en représailles à la mort de 81 soldats allemands tués par des résistants, commencent par brûler des maisons du village. Les hommes sont séparés des femmes et des enfants. Le 13 décembre, toute la population mâle, âgée de plus de 12 ans, fut tuée par des mitrailleuses à la sortie du village, seuls 13 en réchappèrent sur quelque 700 hommes (certains sources parlent d’un millier). Les femmes et les enfants parviennent, toutefois, à s'échapper du village en flamme. Le monastère d’’Agha Lavra, où avait commencé la guerre d'indépendance, est lui aussi incendié.

Sur les lieux du massacre, s'élève aujourd'hui un mémorial rappelant la date de l'évènement et portant sur de hautes stèles le nom de toutes les victimes. Mikis Theodorakis leur a dédié Le Requiem, en 1984. Le dernier des 13 survivants du massacre, Argyris Serlelis, est décédé le 27 février 2005.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2023

 

Timbre grec commémorant le massacre de Kalávryta

Mémorial

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Grèce, armée, orthodoxes, 21 novembre Bruno Teissier Grèce, armée, orthodoxes, 21 novembre Bruno Teissier

21 novembre : l’armée grecque sous la protection de Marie

La religion est partout présente en Grèce, fêtes nationales  et célébrations religieuses sont toujours étroitement associées. C’est le cas de la Journée des Forces armées qui est célébrée en Grèce le 21 novembre, jour la Présentation de Marie au Temple, une des douze fêtes religieuses les plus importantes pour l’Église grecque.

 

La religion est partout présente en Grèce, fêtes nationales  et célébrations religieuses sont toujours étroitement associées. C’est le cas de la Journée des Forces armées (Ημέρα Ενόπλων Δυνάμεων) qui est célébrée en Grèce le 21 novembre, jour la Présentation de Marie au Temple  (Παρουσίαση της Παρθένου Μαρίας), une des douze fêtes religieuses les plus importantes pour l’Église grecque.

Cela n’a pas toujours été le cas. Longtemps, l’armées grecque a été célébrée le 15 août, jour de l’Assomption de la Vierge, une autre fête dédiée à Marie. Mais pendant la dictature militaire, de 1967 à 1974, elle avait été déplacée au 29 août, sous le nom de « Journée de la vertu militaire des Grecs ». Lors de célébrations martiales au stade Panathénaïque, la junte commémorait l’écrasement des maquis communistes du Gramos, en 1949, qui avait mis fin à la guerre civile. C’est en 1975, au retour de la démocratie, que la Journée des Forces armées a été placée le 21 novembre, la Vierge étant la sainte patronne des Forces armées grecques.

La journée débute à 8h. par une cérémonie de levée officielle du drapeau national sur l’Acropole, suivi d’une doxologie, à 10h30 en la cathédrale d'Athènes, présidée par l’archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, Hieronymou II, en présence de la présidente de la République hellénique, Katerina Sakellaropoulou. Celle-ci se rend ensuite sur la tombe du soldat inconnu, place Syntagma, pour y déposer une gerbe à 11h30. En fin d’après-midi, à 17h09, descente officielle du drapeau du rocher de l’Acropole. À Athènes, la journée se termine par un concert retransmis en direct sur le site de l’État-major de La Défense nationale.

À cette occasion, une exposition des activités des Forces Armées et une présentation des écoles militaires se déroulent dans l'espace polyvalent de la station de métro "Syntagma". Elle s'adresse en particulier aux étudiants de tous niveaux d'enseignement, leur offrant une occasion unique de les informer sur la possibilité de faire carrière dans les Forces armées dans le cadre de leur orientation professionnelle. Dans le contexte de grande tension en Méditerranée orientale, l’armée joue un rôle très important en Grèce. Avec plus de 4% de son PIB consacrés aux dépenses militaires, la Grèce est le pays de l’Union européenne qui dépense le plus pour sa défense. Elle est aussi un des rares États européens à ne pas avoir supprimé le service militaire. En 2021, elle l’a fait passer de 9 à 12 mois. Car face aux menaces croissantes de la Turquie en mer Égée, la protection de la Vierge pourrait ne pas suffire.

La Présentation de Marie au Temple est l’une des rares fêtes célébrées le même jour par les chrétientés occidentales et orientales. Mais, il s’agit d’une fête non canonique, en effet, les Évangiles ne disent rien de l’enfance de Marie, la mère de Jésus. À la demande des fidèles, il a fallu postérieurement en inventer une. La tradition raconte que les parents de Marie, Anne et Joachim, décidèrent de présenter Marie au Temple juif car ils voulaient remercier Dieu de la naissance de leur fille alors qu’ils étaient âgés et ne pensaient plus pouvoir avoir d’enfant. Des auteurs inconnus donnent de nombreux détails de l’événement… En Orient, la fête est attestée dès le VIe siècle, mais le Vatican a attendu 1372 pour instaurer cette célébration qui demeure confidentielle dans le catholicisme. En revanche, dans le monde orthodoxe, en particulier en Grèce, elle fait partie des douze fêtes importantes qui rythme l’année religieuse. Elle est connue sous le nom de L'Entrée de la Vierge [au Temple] (Εισόδια της Θεοτόκου) ou de Présentation de la Vierge Marie (Παρουσίαση της Παρθένου Μαρίας). Beaucoup de localités, comme La Canée en Crète, lui réserve des festivités importantes. Quand à la sagesse paysanne, elle assure que le temps qui fait le 21 novembre se prolongera les quarante jours suivants.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 novembre 2023

 

La Présentation de la Vierge Marie, par Le Titien (1534-1538), Musée de l’Académie, Venise

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1857, Grèce, Langues, 9 février Bruno Teissier 1857, Grèce, Langues, 9 février Bruno Teissier

9 février : la Journée mondiale de la langue grecque

Depuis 2017, la Grèce nous invite à célébrer sa langue. La date de cette Journée de la langue grecque a été choisie en mémoire du poète national Dionysios Solomos décédé le 9 février 1857, auteur de l’hymne national de la Grèce et grand défenseur de la langue grecque.

 

Depuis 2017, la Grèce nous invite à célébrer sa langue, imitant en cela de nombreux pays. La date du 9 février pour cette Journée mondiale de la langue grecque (Παγκόσμια Ημέρα Ελληνικής Γλώσσας) a été choisie en mémoire du poète national Dionysios Solomos décédé le 9 février 1857.

L’objectif de cette journée de l’hellénophonie est de souligner la contribution de la langue grecque au développement de la culture européenne et mondiale. La valeur de la langue grecque est inestimable. C'est une langue parlée sans interruption depuis 40 siècles et écrite avec le même alphabet depuis 28 siècles ! C'est la langue dans laquelle de grands philosophes, poètes et écrivains nous ont laissé leur œuvre. Homère, Platon, Thucydide, Eschyle, Aristophane, Hippocrate, Évangélistes, Pères de l'Église et tant d'autres. La langue grecque a façonné l'histoire de la civilisation humaine. C'est la langue riche de la littérature et la langue précise de la science.

Dionýsios Solomós est né en 1798 dans une famille crétoise réfugiée à Zante pour échapper à l’occupation ottomane. Zante est l’une des îles Ioniennes possession vénitienne. Imprégné de culture italienne, il avait commencé à écrire en italien, avant de se mettre au grec dont Solomós sera un ardant défenseur, en particulier dans sa version démotique. En 1823, c’est en grec qu’il écrit son Hymne à la Liberté, inspiré par les débuts de la guerre d’indépendance de la Grèce contre les Ottomans. 

L’Hymne à la Liberté (Ύμνος εις την Ελευθερίαν) est un poème de 158 strophes écrit il y a exactement deux siècles, la musique fut composée par Nikólaos Mántzaros en 1828. Les vingt-quatre premières strophes forment depuis 1865, l’hymne national de la Grèce (toutefois, seules les deux premières sont jouées et chantées lors de l'élévation du drapeau).

La promotion et le renforcement de la langue grecque, tant dans les écoles grecques que dans la communauté grecque au sens large, sont aujourd'hui plus que jamais un objectif de la plus haute priorité pour le gouvernement grec. On le sait, le grec est la langue officielle de la Grèce et de Chypre, ainsi que l'une des 23 langues officielles de l'Union européenne. Mais, c'est aussi une langue minoritaire officiellement reconnue en Albanie, Arménie, Italie, Hongrie, Roumanie, Turquie et Ukraine. Dans ce dernier pays, par exemple, Marioupol et sa région étaient habités par de très nombreux Hellénophones, aujourd’hui dispersés ou massacrés par les Russes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 février 2023

 

Dionýsios Solomós : « Μήγαρις πὼς ἔχω ἄλλο τὶ στὸ νοῦ μου πάρεξ ελευθερία καὶ γλώσσα » (Mais puisque j'ai autre chose en tête, donnez-moi la liberté et le langage ?)

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1937, URSS, Ukraine, Russie, massacre, 15 décembre, Grèce, déportations Bruno Teissier 1937, URSS, Ukraine, Russie, massacre, 15 décembre, Grèce, déportations Bruno Teissier

15 décembre : la diaspora grecque commémore la purge dont elle a été victime en URSS

Le 11 décembre 1937, le gouvernement soviétique ordonnait une vaste purge parmi la communauté grecque. Ce fut l’une des plus sanglante de l’époque de la Grande Terreur en URSS : plus de 90% des personnes arrêtées ont été exécutées. D’autres ensuite ont été déportés en masse.

 

Le 15 décembre 1937, le commissaire du peuple aux Affaires intérieures de l’URSS, Nikolai Yezhov a signé le décret n ° 50215 déclenchant une vague d’arrestation visant la communauté grecque. À l’époque plus de 300 000 Grecs vivaient en URSS. C’est la mémoire de cette purge sanglante qui est commémorée dans la diaspora grecque plus qu’en Grèce elle-même : Ελληνική Επιχείρηση του NKVD 15 Δεκεμβρίου.

Le 20 juillet 1937, une première purge opérée par le NKVD avait visé les Allemands vivant en URSS, puis ce fut les Polonais, le 9 août, puis les Japonais, les Coréens, les Estoniens et Finlandais, les Iraniens et bien d’autres… Mais la plus sanglante de toutes fut sans doute l’ « Opération hellénique », selon le jargon stalinien de la période de la Grande Terreur : plus de 90% des quelque 22 000 Grecs emprisonnés du 15 décembre 1937 à mars 1938 ont été exécutés. Les élites ont été particulièrement visées, on a décapité les théâtres, les écoles de langues grecques… même des communistes grecs réfugiés en URSS pour fuir la dictature de Metaxas. Parmi les victimes de cette première série d’exécutions, figure Konstantin Chelpan, l’ingénieur qui a conçu le moteur du char soviétique T-34 et qui a reçu pour cela le prix Lénine. Ce char d’assaut a été un élément décisif de la victoire soviétique sur les Allemands lors de l’opération Barbarossa. Mais Chelpan n’a pas vécu cette victoire de l’URSS puisqu’il a été exécuté le 4 février 1938, après avoir dû avouer sous la torture qu’il dirigeait une organisation contre-révolutionnaire nationaliste grecque, complotant pour saboter une usine de Karkhiv.

Les persécutions de la communauté grecques ont particulièrement touché Azov, Odessa, la Crimée, Kharkiv, Kyiv, Donetsk et Krasnodar où vivait une grande partie de la communauté grecque soviétique, mais aussi Donetsk et Marioupol, des villes en grande partie grecques. Les campagnes ont été également très touchées par la “dékoulatisation” visant les Grecs, dans le village ukrainien de Stila, par exemple, au printemps 1938, pas un seul homme âgé de 18 à 60 ans n'avait été laissé en vie. Les purges ont duré 13 ans et contrairement à ce qu’ont vécu d’autres peuples comme les Tatars de Crimée, il n’y a eu aucune réhabilitation ultérieure prononcée par les autorités soviétiques. Les vagues d’arrestations suivantes ont surtout conduit à des déportations massives au goulag, principalement dans la Kolyma, dans l’extrême orient sibérien ou dans les steppes du Kazakhstan. Un grand nombre de ces détenus sont morts de maladie, d’autres se sont suicidés. Les morts massives ont commencé à l’automne 1938 avec les grands froids. Une libération à grande échelle eut lieu pendant l’hiver 1947-1948, mais, seule une petite moitié des prisonniers sont rentrés des camps. De 1937 à 1949, Staline a exterminé 38 000 Grecs.

Récemment, en Ukraine on a construit des monuments à leur mémoire et on discutait de faire du 15 décembre un jour de mémoire. Ce jour-là, des Grecs du monde entier ont une pensée pour les victimes, bien oubliée, de l'opération grecque du NKVD. La date est importante pour de nombreux Grecs, en particulier ceux dont les proches ont été tués pendant la purge. Ce n’est pas un jour commémoratif officiel en Grèce où cet épisode de l’histoire a été longtemps occulté. La Grèce aurait pu sauver beaucoup d’entre eux. Une fois passée la purge sanglante du 15 décembre, Staline proposait de laisser partir la communauté grecque d’URSS, mais Metaxas, le dictateur grec d’extrême droite, ne souhaitait pas le rapatriement de communistes grecs. Après des négociations acharnées, 10 000 visas furent tout de même délivrés par Athènes sur 40 000 demandes déposées, principalement accordés à des femmes et à des enfants de Grecs arrêtés. Une partie des malchanceux sont morts en Sibérie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 décembre 2022

 

Des familles réunies pour inaugurer un premier mémorial en Sibérie peu après la chute de l’URSS

Un mémorial à Krasnodar avec la liste des victimes

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17 novembre : les combats des étudiants de Prague et d'Athènes face aux dictatures

Les étudiants ont toujours payé un lourd tribut face aux dictatures nazies, communistes, colonels grecs… C’est la Journée internationale des étudiants. Elle fait référence à une manifestation antinazie réprimée dans le sang mais aussi à la “révolution de velours” à Prague et la répression de la dictature des colonels en Grèce contre les étudiants. À chaque fois, la date mémorielle est le 17 novembre.

 

Les étudiants ont toujours payé un lourd tribut face aux dictatures. Le 17 novembre 1939, les nazis ferment les universités de Prague et arrêtent 2000 étudiants. Deux jours plus tôt, les obsèques de Jan Opletal, étudiant en médecine mortellement blessée par la police, s’étaient transformées en manifestation contre l’occupation du pays par Hitler. Les leaders étudiants sont aussitôt exécutés, 1200 autres seront déportés. Suite à cet événement, sera lancée à Londres, dès 1941, une Journée internationale des étudiants. Celle-ci est toujours commémorée aujourd’hui, chaque 17 novembre, 83 ans après.

En 1989, il y a 33 ans, jour pour jour, donc encore un 17 novembre, et toujours à Prague, c’est un défilé d’étudiants à travers la ville qui est brutalement réprimé par la police. On compte 24 blessés graves. Le bruit ayant couru qu’un étudiant avait été tué, la population tout entière s’est soudain sentie concernée. Le 25 novembre, 700 000 personnes seront dans la rue (enclenchant la Révolution de velours). Le 29, ce sera la fin de la Tchécoslovaquie communiste. Le 17-Novembre est célébrée aujourd’hui comme le Jour de la lutte pour la liberté et la démocratie, fériée en Tchéquie (Den boje za svobodu a demokracii) et en Slovaquie (Deň boja za slobodu a demokraciu).

À nouveau un 17 novembre, mais cette fois à Athènes, on est en 1973, en pleine dictature. Les étudiants grecs en révolte depuis plusieurs mois contre le régime des colonels, avaient fini par se barricader dans l’École polytechnique d’Athènes pour échapper aux brimades de la police. Le 17 novembre, ce sont les chars qui ont l’assaut de l’école. Cela s’est soldé par des dizaines de morts, des milliers d’arrestations. La population a afflué aux abords de l’école… Cette fuite en avant du régime a abouti quelque mois plus tard à sa chute. Depuis le retour à la démocratie, en 1974, les écoliers grecs n’ont pas classe ce jour-là, en souvenir des victimes de la dictature. Depuis ce jour la police n’avait plus accès au périmètre de l’université, ce droit d’asile universitaire a existé jusqu’à sa suppression en 2019 par l’actuel gouvernement Mitsotakis.

Chaque 17-Novembre (17 Νοεμβρίου) est célébré officiellement à partir de 1982, quand la gauche est au pouvoir. La journée est aussi marquée à Athènes par des manifestations étudiantes plus ou moins violentes. Les discours de Kyriakos Mitsotakis, l’actuel premier ministre (droite), sur le retour à l’ordre n’a pas manqué, en effet, d’attiser régulièrement les tensions.

Il est vrai qu’en 2019, des hommes ont été arrêtés à Athènes, on les soupçonnait d’avoir préparé des attentats contre des ambassades. On se souvient qu’il a quelques décennies, un groupe terroriste marxiste grec, aujourd’hui disparu, se faisait appeler… « 17 novembre ». C’est ce groupe armé qui a assassiné, il y a 32 ans, Pavlos Bakoyiannis, le père du maire d’Athènes et donc, l’oncle du premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis. On peut comprendre qu’ils soient tous les deux aussi déterminés à mater l’esprit contestataire du quartier étudiant de la capitale grecque, repaire de l’ancien groupe armé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 novembre 2022

 
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1922, Grèce, Turquie, 9 septembre Bruno Teissier 1922, Grèce, Turquie, 9 septembre Bruno Teissier

9 septembre : il y a 100 ans, l'incendie de Smyrne / l'indépendance d'Izmir

Les familles de Grecs d'Asie mineure se souviennent de l'incendie de Smyrne en 1922 qui a fait quelques dizaines de milliers de morts… Les Turcs célèbrent, eux, la prise de la par l’armée turque.

 

Alors que les Turcs célèbre l’ “ indépendance » d’Izmir, les familles des Grecs d'Asie mineure se souviennent de l'incendie de Smyrne en 1922 qui a fait quelques dizaines de milliers de morts, pas seulement des Grecs, aussi des Arméniens et tant d’autres. Les rescapés ont dû quitter la ville en hâte se réfugiant sur les navires dépêchés par plusieurs pays européens lesquels ont assisté à la destruction de la ville sans intervenir. Seuls les Italiens se sont montrés un pays plus actifs dans les actions de sauvetage des populations. Aujourd'hui peuplée uniquement de Turcs, la cité est aujourd’hui connue sous le nom d'Izmir.

Le Jour de l'indépendance d'Izmir (İzmir Bağımsızlık Günü) est un jour du souvenir célébré en Turquie chaque 9 septembre. Il commémore la libération de Smyrne (Izmir) de l'occupation grecque par Mustafa Kemal Atatürk en 1922. L’armée grecque avait débarqué à Smyrne le 15 mai 1919, dans ce qui était l’Empire ottoman à l’agonie. Environ la moitié de la population de la ville était grecque et ces dernier ont vu le débarquement grec à Smyrne comme une libération plutôt qu'une occupation. L'occupation de Smyrne a été l'un des événements qui ont déclenché la guerre gréco-turque.

Lorsque les forces turques ont vaincu l'armée grecque lors de la bataille de Dumlupınar le 30 août 1922, les troupes grecques se sont retirées vers Smyrne. Le 9 septembre, l'armée turque est entrée dans la ville d'Izmir, mettant fin à une occupation de trois ans.

Le jour de l'indépendance d'Izmir est une date importante dans le calendrier turc, mais ce n’est pas un jour férié. La journée est principalement observée dans la ville d'Izmir, où elle est marquée par des marches, des concerts, des spectacles aériens, des fêtes en plein air, des feux d'artifice et d'autres événements et activités festifs.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 septembre 2022

 
Η Καταστροφή της Σμύρνης

Η Καταστροφή της Σμύρνης

Ahmet Ziya Akbulut, Türk Ordusunun İzmir'e Girişi, (Atatürk ve Kurtuluş Savaşı Müzesi)

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1821, Grèce, culte de la Vierge, orthodoxes, 25 mars Bruno Teissier 1821, Grèce, culte de la Vierge, orthodoxes, 25 mars Bruno Teissier

25 mars : pèlerinage à Tinos pour la fête nationale grecque

La date de la commémoration nationale, le 25 mars, quant à elle, n’a pas été choisie par hasard : les orthodoxes grecs célèbrant aujourd’hui l’une de leurs principales fêtes, l’Annonciation.

 

L’île de Tinos, l’une des plus grandes îles des Cyclades, est certainement le lieu de pèlerinage le plus important de la Grèce contemporaine. Son sanctuaire marial (Panagia) attire des foules nombreuses le 25 mars, traditionnellement fête de l’Annonciation (Ευαγγελισμός), ainsi que le 15 août (fête de l’Assomption), qui ne font pas démentir cette réputation de « Lourdes grec » qu’on lui prête. On vient de tout le pays toucher l’icône « miraculeuse » (représentant l’Annonciation) et lui demander certaines grâces, qu’il s’agisse de guérison ou de la réussite à un examen ! On est loin de la ferveur nationaliste qui a entouré sa découverte en 1821, sous un sanctuaire primitif, alors que la Grèce tentait, par les armes, de se libérer de quatre siècles d’occupation ottomane. Les Grecs ont vu dans cette redécouverte de l’icône disparue comme un signe qui valorisait, en quelque sorte, la dimension chrétienne de leur identité et de leur combat. Tout naturellement, c’est cette même date du 25 mars qui a été choisie pour incarner cette connivence du religieux et du politique, au travers de la fête nationale grecque ! Le sanctuaire abrite aussi un mausolée dédié aux marins soldats de l’Elli, un navire de guerre coulé par les Italiens lors de la deuxième guerre mondiale.

En effet, c’est aujourd’hui la fête nationale grecque (ελληνική εθνική εορτή). À Athènes, la journée fériée débute par une messe solennelle célébrée en l’église Saint-Denys-l’Aréopagite, par le Primat de Grèce, à laquelle assiste toute la classe politique. Les Grecs célèbrent ce jour de 1821 où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre l’occupation ottomane. Ce geste n’était pas le premier et l’indépendance ne sera acquise que bien plus tard. La date de la commémoration nationale, le 25 mars, quant à elle, n’a pas été choisie par hasard : les orthodoxes grecs célébrant aujourd’hui l’une de leurs principales fêtes, l’Annonciation. C’est dans l’île de Tinos que se déroule le principal pèlerinage lié à cette fête.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mars 2022

 

“Germanos, le métropolite de Patras, bénit le drapeau de la Révolution”, œuvre de Theodoros Vryzakis, 1865, National Art Gallery and Alexandros Soutzos Museum, Athènes

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Grèce, 8 janvier, Femmes, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Grèce, 8 janvier, Femmes, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

8 janvier : Bredouxia, une fête des femmes sans les hommes en Grèce

Loin d’être une manifestation féministe, cette fête païenne est dédiée à la maternité

 

Dans certains villages de Grèce du nord subsiste une fête aux racines très anciennes, organisée par les femmes entre elles, sans les hommes. Ce jour-là, les femmes quittent la maison laissant aux hommes les tâches ménagères et elles vont faire la fête. Elles se rendent chez la plus vieille femme du village pour lui rendre hommage, au son de la cornemuse ou d’autres instruments de musique. On boit du vin, on chante des chansons lestes, voire obscènes… qu’importe, on est entre femmes. Les hommes, par tradition, sont consignés chez eux ce jour-là.

Cette journée qui tombe le 8 janvier, a été perçue comme un jeu d’inversion des rôles au sein du couple et a été réactivé à partir des années 1970 par des mouvements féministes grecs. En réalité, cette fête de la Yinekokratia (Γυναικοκρατίας) n’a rien d’une manifestation féministe, elle est plutôt la subsistance d’un cérémonial lié à la fertilité venant tout droit de l’Antiquité. Il a traversé les siècles dans des communautés villageoises de Thrace orientale qui, en 1923, à la faveur de l’expulsion des Grecs de Turquie, l’ont importé en Grèce du nord. Certains villages du département de Serres, comme Sapes, Nea Petra, Monokklisia, Charopos… l’ont conservé et cultivé jusqu’à nos jours. Mais, cette coutume a aussi essaimé dans toute la Grèce avec l’arrivée des réfugiés d’Asie mineure, il y a un siècle. De nombreuses localités, un peu partout en Grèce, la réactivent aujourd’hui sous le nom de Bredouxia (Βρεξούδια) ou de fête des Babos .

Elle a lieu chaque 8 janvier, jour en Grèce de la Sainte-Dominique (αγίας Δομνίκης), dédiée à une religieuse très pieuse qui n’a jamais eu d’enfant et n’a rien à voir avec le cérémonial. Simplement la fête tombait jadis le 25 du mois de Poséïdon, un jour qui se situe au début du mois de janvier de notre calendrier actuel. Les festivités étaient connues dans l’Antiquité sous le nom de Thesmophories (Θεσμοφόρια). C’était un hommage à la déesse Déméter qui aurait enseigné aux hommes l’agriculture et donc permis leur sédentarisation. Mais celle-ci aurait aussi institué le mariage et donc donné un statut social aux femmes.  Les festivités, à l’époque, duraient trois jours et comprenaient un cérémonial pour encourager la fertilité. De nos jours, dans les villages du nord-est de la Grèce, les femmes enceintes sont mises à l’honneur ce jour-là. La coutume veut qu’elles apportent serviette et savon (symbole de naissance) chez les babos (Μπάμπως), les femmes les plus âgées du village.  Jusqu’à une époque récente, c’étaient les vieilles femmes qui avaient le rôle d’accoucheuses, d’où le cérémonial de l’eau, des serviettes et du savon. Mais cette journée s’adresse aussi aux femmes en attente de maternité, d’où les chansons paillardes lors de ses fêtes arrosées de vin, où on s’échange des symboles phalliques et des propos volontiers obscènes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2022

 

Dans le village de Nea Petra, les hommes jouent le jeu en participant aux travaux ménagers

Thesmophories, fresque du peintre Francis David Millet, fin XIXe siècle

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2008, Grèce, 6 décembre, gauche, manifestation politique Bruno Teissier 2008, Grèce, 6 décembre, gauche, manifestation politique Bruno Teissier

6 décembre : rassemblement commémoratif de la gauche et de la jeunesse grecque

Chaque année, le quartier étudiant de l’Exarchia, à Athènes, se soulève en mémoire d'Alexis Grigoropoulos, un adolescent de 15 ans, tué par balle par un policier le 6 décembre 2008.

 

Chaque année depuis 2009, le quartier étudiant de l’Exarchia, à Athènes, se soulève en mémoire d'Alexis Grigoropoulos, tué par un policier le 6 décembre 2008. Après une brève altercation verbale entre Alexis et un policier, le garçon de 15 ans a été assassiné sur-le-champ par ce dernier qui lui tire trois balles, dont une en plein cœur. L'adolescent faisait partie d'un groupe de 30 jeunes qui lançaient des pierres contre un véhicule de police patrouillant dans ce quartier d’Exarchia. Le premier ministre de l’époque, Antonis Samaras (droite nationaliste) avait envoyé la police mater un quartier connu comme un haut lieu de la résistance à l’époque de la dictature militaire et qui a la réputation d’être un fief anarchiste dans la capitale grecque. La gauche au pouvoir n’a guère calmé ce quartier qui traditionnellement se soulève chaque 17 novembre et désormais chaque 6 décembre. C’est-à-dire, aujourd’hui à 17h.

Les manifestations ont repris de l’ampleur avec l’arrivée au pouvoir de Kyriakos Mitsotakis (droite) le 8 juillet 2019. Quelques jours plus tard, le 29 juillet, la peine d’Épaminondas Korkonéas, le meurtrier, condamné en première instance, en 2010, à la prison à vie (une première dans l’histoire de la Grèce où la police est généralement protégée par les tribunaux.) a été réduite à treize ans de prison. Ce revirement de la justice grecque a provoqué de nouvelles manifestations. Lors de la première audience de l'appel, qui avait commencé en décembre 2016, Korkonéas déclarait au tribunal qu'il était innocent, et qu’il ne comptait nullement s’excuser de son geste. Malgré cela, sa mise en liberté ne devrait pas tarder.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2021

 
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Grèce, 1940, Seconde Guerre mondiale, 28 octobre Bruno Teissier Grèce, 1940, Seconde Guerre mondiale, 28 octobre Bruno Teissier

28 octobre : le jour où les Grecs ont dit « non »

Ce jour est jour férié en Grèce et à Chypre en référence au “ Non ” des Grecs face à l’ultimatum de Mussolini en 1940. L’évènement est commémoré chaque année par des défilés de soldats et d’étudiants.

 

Il y a dix ans, le 28 octobre 2011, les Grecs défilaient dans les rues pour dire « non » à l’austérité imposée par la gestion européenne de leur dette publique. Le slogan était tout trouvé, les sentiments anti-européens étaient toujours prêts à resurgir en cette période très humiliante pour le pays. En réalité, cette fête très patriotique fait référence à un événement beaucoup plus ancien. 

En 1940, le 28 octobre à 4 heures du matin, Rome demandait au président Metaxas de permettre à l’armée italienne de disposer du territoire grec dans le cadre de la stratégie de l’Axe. Metaxas opposa à Mussolini un « non » catégorique. C’est ce sursaut patriotique, face à un pays plus puissant, que la Grèce commémore aujourd’hui par un jour férié, le Jour du Non (Επέτειος του « 'Οχι »). 

Cet ultimatum a été présenté à Metaxas par l'ambassadeur d'Italie en Grèce. En réalité, le président grec ne lui aurait pas répondu par un simple “non” mais par cette phrase, prononcée en français : « Alors, c'est la guerre ! »

L’histoire ne s’arrête pas là. Les Grecs ont si bien résisté face à l’offensive italienne que que les Allemands ont dû prêter main-forte aux Italiens. Si bien que Hitler a dû retarder de deux mois son offensive contre la Russie. Deux mois face au « général hiver », ça ne pardonne pas. L’enlisement allemand face à la Russie a marqué le tournant de la guerre. Comme quoi, un petit “non” très déterminé…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 octobre 2021

 
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1821, Grèce, 25 mars, indépendance Bruno Teissier 1821, Grèce, 25 mars, indépendance Bruno Teissier

25 mars : les Grecs du monde entier célèbrent le bicentenaire leur révolution

D’Odessa à Ottawa, en passant par New York et Salonique, partout les Grecs célèbrent ce jour de 1821, où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre  l’occupation ottomane.

 

La Grèce fête les 200 ans du début de sa lutte pour l’indépendance. Cela aurait dû être une grande célébration internationale, l’épidémie de covid a tout remis en cause. Certains chefs d’État, comme le président Macron ont dû annuler leur venue. Comme chaque année, la fête nationale grecque (ελληνική εθνική εορτή) débute par une messe solennelle célébrée en l’église Saint-Deny l’Aréopagite, à Athènes, par le Primat de Grèce, à laquelle assiste toute la classe politique. Ensuite, le président de la République dépose une gerbe sur la tombe du soldat inconnu. Des membres de la communauté grecque de Paris font de même à l’Arc de triomphe. Il s’ensuit un défilé militaire dans les rues d’Athènes, qui débute par les evzones, mais se limitera aux troupes à pied, crise sanitaire et crise économique obligent. Cette année, comme l’année dernière, pas de défilé des étudiants au milieu de la foule. L'ambiance n'y est pas. Les Grecs sont invités à suivre la cérémonie devant leur téléviseur.

Triste bicentenaire qui aurait dû être une fête extraordinaire : cette année la traditionnelle Greek Parade sur la 5e avenue de New York est, elle aussi, annulée. D’Odessa à Ottawa, en passant par Salonique, partout pourtant les Grecs célèbrent ce jour de 1821, où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre l’occupation ottomane. Ce geste n’était pas le premier et l’indépendance ne sera acquise que bien plus tard et elle sera toujours perçue comme incomplète, ne serait-ce qu’à cause de la situation de Chypre. Ainsi, comme au Mexique, préfère-t-on célébrer un premier cri d’indépendance, fut-il mythique que les débuts de l’État grec.

Quant à la date de la commémoration nationale, le 25 mars, elle n’a pas été choisie par hasard : les orthodoxes grecs célèbrent aujourd’hui l’une de leurs principales fêtes religieuse, l’Annonciation à Marie (ο Ευαγγελισμός της Μαρίας), notamment à Tinos.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mars 2021

 
La parade du Greek Day de Melbourne, Australie, en 2019

La parade du Greek Day de Melbourne, Australie, en 2019

Ce 25 mars, l’Opéra de Sydney aux couleurs de la Grèce

Ce 25 mars, l’Opéra de Sydney aux couleurs de la Grèce

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Grèce, 1833, 27 octobre, Drapeau Bruno Teissier Grèce, 1833, 27 octobre, Drapeau Bruno Teissier

27 octobre : la Grèce fête son drapeau

Le drapeau grec a été adopté en 1833 par Othon de Bavière lors de la création du royaume de Grèce. C'est une combinaison entre la croix blanche de saint Georges brandie par les révoltés orthodoxes contre l'occupation ottomane dès 1807 et la couleur bleu des armes de la Bavière.

 

Le drapeau grec a été adopté en 1833 par Othon de Bavière lors de la création du royaume de Grèce. C'est une combinaison entre la croix blanche de saint Georges brandie par les révoltés orthodoxes contre l'occupation ottomane dès 1807 et la couleur bleue des armes de la Bavière d'où était originaire le premier roi que les Européens ont placé sur le trône de Grèce. D’ailleurs, on retrouve ce motif et cette couleur dans le symbole de la marque de voiture BMW, l'un des emblèmes de la Bavière.

Les neuf bandes reprennent les neuf syllabes de la devise révolutionnaire : "Ἐλευθερία ἤ θάνατος" (é-leu-the-ri-a i tha-na-tos : la liberté ou la mort). À propos des couleurs, en Grèce on vous affirmera que le bleu est celui de la mer et que le blanc représente la terre.  Le drapeau grec (Η ελληνική σημαία) est fêté chaque 27 octobre, simplement parce que c’est la veille du Jour du non.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 octobre 2020

 
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Grèce, Bulgarie, Fêtes traditionnelles, 21 mai Bruno Teissier Grèce, Bulgarie, Fêtes traditionnelles, 21 mai Bruno Teissier

21 mai : les Anas­tena­ria, un rituel de marche sur le feu dans les Balkans

Au nord de la Grèce et au sud de la Bulgarie, dans quelques villages, se pratique à l’occasion de la fête de la Saint-Constantin et de la Sainte-Hélène, des festivités dont l’aspect le plus marquant sont les marches pieds nus sur le feu.

 

C’est un rite particulier que l’on ne rencontre qu’au nord de la Grèce et au sud de la Bulgarie dans une poignée de villages et qui se pratique à l’occasion de la Saint-Constantin et de la Sainte-Hélène, deux saints que les orthodoxes fêtent le 21 mai.

Durant les trois jours des Anas­tena­ria (ou Anastenarides), les fidèles des deux saints vont se livrer à un rituel qui a commencé hier soir par la présentation des deux icônes qui ont quitté l’église pour le konaki, un sanctuaire tout spécialement aménagé pour l’occasion et couvert d’ex-voto. Aujourd’hui, dans la matinée, un taureau,  orné de fleurs, est sacrifié et la viande crue est distribuée aux familles de chaque village, vestige lointain d’un culte à Dionysos. Trois airs de musique, lancinants, au son de la lyre et du tambour, accompagnent chacune des cérémonies jusqu’au point fort de cette fête, au cours duquel les fidèles, en transe, marchent pieds nus sur des charbons ardents, qui se déroule après la tombée de la nuit.

Cette coutume, ancienne, était pratiquée autrefois en Thrace orientale et elle s’est transplantée en Macé­doine avec les réfugiés grecs de 1923. Cette année-là, la Grèce et la Turquie procédèrent à des échanges massifs de population. Près d’un million de Grecs durent quitter le territoire de ce qui allait devenir la Turquie. Certains furent implantés en Macédoine grecque dans des villages libérés des Turcs qui, eux, ont été par expulsés vers la Turquie. Si les Anastenaria témoignent d’une ferveur toute chrétienne (orthodoxe), il semble évident de retrouver dans ce rituel les vestiges d’un ancien culte païen, une cérémonie orgiaque christianisée.

Les Anastenaria (Αναστενάρια, Нестинарство  ou Nestinarstvo ) ont été inscrites en 2009 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Chaque année, ce rituel se déroule du 21 au 23 mai.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 mai 2020

 
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1866, Grèce, 8 novembre Bruno Teissier 1866, Grèce, 8 novembre Bruno Teissier

8 novembre : le martyre des Crétois

C’est un peu la fête nationale crétoise. Le 8 novembre 1866, des villageois réfugiés dans le monastère d’Arkadi, avec femmes et enfants, ont préféré mourir en faisant sauter des barils de poudre, que de tomber vivants aux mains des Turcs qui les assiégeaient.

 

C’est un peu la fête nationale crétoise. Le 8 novembre 1866, des villageois réfugiés dans le monastère d’Arkadi, avec femmes et enfants, ont préféré mourir en faisant sauter des barils de poudre, que de tomber vivants aux mains des Turcs qui les assiégeaient.

Après quelques jours de rudes combats, les Ottomans ont fait irruption dans le monastère connu pour être l’un des hauts lieux de la résistance. À ce moment-là, l'abbé du monastère a mis le feu à la poudre à canon stockée sous les voûtes du monastère, causant la mort de la plupart des insurgés, mais aussi des femmes et des enfants qui y étaient hébergés, en tout 964 victimes.

Cet événement a provoqué un choc énorme dans le reste de l'Europe, même en Amérique du Nord et il a affaibli la légitimité de la domination ottomane sur la Grèce. Ce sacrifice de plusieurs centaines de personnes aura eu au moins le mérite de faire connaître la cause crétoise au reste de l’Europe. Un ossuaire expose le crâne des victimes de l’explosion.

Ce matin 8 novembre 2019, à Réthymnon à 10h, débute le défilé des corps politiques, militaires et de sécurité avec la participation de l'Orchestre philharmonique municipal de la ville. À 11h, départ des officiers pour le monastère d'Arkadi, situé à 13km. À midi, cérémonie religieuse au monastère sous la conduite du métropolitain de Rethymnon. Ensuite, Konstantinos Spanoudakisis, le vice-recteur aux affaires étudiantes prononcera le discours commémoratif prononcé par le vice-recteur aux affaires étudiantes devant des étudiants de l'Université de Crète, sur le thème « Célébration d'Arkadi en tant qu'événement spirituel ». Après la messe, dépôts de couronnes par des représentants du gouvernement grec et des forces armées grecques, suivis d’une une minute de silence, conclu par l’hymne national. Depuis quelques années, la célébration, autrefois très discrète, voire inexistante, a pris une grande ampleur. Elle a été précédée par des Jeux d’Arkadi, organisés dimanche dernier dans la ville de Réthymnon.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2019

 
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