L’Almanach international

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1915, Arménie, Turquie, 24 avril, génocide Bruno Teissier 1915, Arménie, Turquie, 24 avril, génocide Bruno Teissier

24 avril : la date sacrée des Arméniens

C’est la 109e commémoration du génocide des Arméniens. Cette date fait référence à ce jour de 1915 où les autorités ottomanes ont arrêté 600 intellectuels et notables d’Istanbul, sélectionnés sur le seul critère de leur appartenance à la nation arménienne. Les cérémonies commencent dès ce soir, 23 avril, par la traditionnelle veillée au flambeau.

 

C’est la date sacrée des Arméniens du monde entier, la commémoration des victimes du génocide (Մեծ Եղեռն) (Medz Eghern). Cette date fait référence à ce jour de 1915 où les autorités ottomanes ont arrêté 600 intellectuels et notables d’Istanbul, sélectionnés sur le seul critère de leur appartenance à la nation arménienne. Ils ont été déportés et, dans leur grande majorité, assassinés. Ainsi débutait un génocide qui allait emporter 1,5 million d’Arméniens. Les autorités turques reconnaissent quelques centaines de milliers de morts, dus au chaos engendré par la guerre, mais elles nient l’extermination délibérée d’une des composantes de la nation ottomane. Quelques intellectuels turcs ont déjà admis la réalité historique, mais le sujet reste officiellement tabou en Turquie. Une manifestation rassemble à Istanbul quelques milliers de personnes devant le Musée d’arts turcs et islamiques, l’ancienne prison où les remiers rafflés ont été détenus avant d’être déportés. À Erevan, où le jour est férié depuis 1988, une cérémonie à lieu devant la flamme du souvenir du Mémorial du génocide. À Paris, on procède également au ravivage de la flamme du soldat inconu, place de l’Étoile. Des manifestations se déroulent à Mar­seille (qui annonce un jumelage avec Erevan), Valence (square Jean-Manoug- Stépanian), Vienne (autour du khatchkar du jardins de l’Évêché), Lyon (place Antonin-Poncet, 2e, à 17h30), Paris (à la mairie du 9e arrond., quartier baptisé « la petite Arménie »), Maison-Alfort... dans toutes les villes où les survivants du génocide, débarqués en France à partir de 1922, se sont installés. L’Église Saint-Germain-l’Auxerrois de Paris accueille à 15h une cérémonie en rite arménien.

Le 5 février 2019, le président Macron a annoncé que le 24 avril deviendra désormais la journée nationale de commémoration du génocide arménien. En 2022, une trentaine de pays reconnaissent le génocide arménien, dont les États-Unis et la Lettonie depuis 2021. Certains pays manquent toujours à l’appel de la reconnaissance (Israël, Rwanda, Namibie…). D’autres nient explicitement tout génocide (Turquie, Azerbaidjan).

Le 23 avril, à Erevan, la foule se rend, depuis le centre-ville, au mémorial consacré aux victimes. Cette marche organisée tous les ans la veille du 24 avril, jour du début des massacres en 1915, est l’occasion de manifestations patriotiques dont le parti nationaliste (et d’opposition), la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) prend la tête.

À Paris, le rendez vous du 23 Avril à lieu à 19h Place du Canada, devant la statue de Komitas, pour la traditionnelle veillée commémorative organisée par les associations de jeunesse. 109 ans après le Génocide et quelques mois après le drame du Haut-Karabagh, les jeunes Arméniens de la diaspora sont nombreux à vouloir pour rendre hommage à leurs ancêtres.

Au-delà, de la commémoration du génocide, c’est l’effacement d’une culture millénaire qui est dénoncé chaque 24 avril et particulièrement cette année. En effet, les tentatives de récupération ou de destruction du patrimoine arménien du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan se sont multipliées depuis l’exode forcé de sa population en septembre 2023. Derrière eux, les Arméniens ont laissé un héritage culturel aujourd’hui très menacé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

Voir les commémorations de 2020.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 

La flamme éternelle au Mémorial du génocide

Le Mémorial a été construit entre 1965 et 1967. Il a d’abord été constitué d’un mur commémoratif. Puis a été érigé le sanctuaire où brûle la flamme éternelle avec la colonne de la Renaissance de l’Arménie, véritable flèche de cathédrale pointée vers le ciel, ouverte en son milieu sur toute sa hauteur.

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1988, Arménie, Azerbaïdjan, 20 février Bruno Teissier 1988, Arménie, Azerbaïdjan, 20 février Bruno Teissier

20 février : la date fétiche des Arméniens du Haut-Karabagh

Le 20 février est célébré comme la Journée de la renaissance de l'Artsakh. Une guerre avait permis de créer une République de l’Arstakh, une autre guerre a acté sa totale disparition et le départ des Arméniens qui y vivaient… Le 20 février était leur fête nationale.

 

Ce jour-là, le 20  février 1988, à la faveur de la perestroïka de Gorbatchev, le Soviet suprême (l’assemblée) du Haut-Karabagh a voté sa séparation d’avec la république soviétique d’Azerbaïdjan et son unification avec l’Arménie. En Azerbaïdjan, on a réagi en s’en prenant aux Arméniens qui vivaient nombreux dans les grandes villes de cette république. Aux pogroms, les Arméniens ont répondu militairement… 400 000 Arméniens quittaient le pays et les Azéris quittaient l’Arménie ainsi que le Haut-Karabagh, région de l’Azerbaïdjan à majorité arménienne. La guerre qui débute en 1988, s’arrêtera en 1994 sur une victoire arménienne. L’unification n’a pas lieu, elle n’était pas possible en droit international. Les forces arméniennes occupent 15% du territoire azerbaïdjanais et une république de l’Artsakh s’autoproclame, elle occupe non seulement le Haut-Karabagh, très majoritairement arménien depuis des siècles, mais aussi tout un glacis territorial qui a été vidé de sa population azérie. Le statu quo se maintient pendant trois décennies. En 2017, l’Artsakh se dote d’une constitution, adoptée par référendum le 20 février… Bakou qui n’ a jamais accepté cette situation, finit par réagir militairement. Cette nouvelle guerre du Haut-Karabagh va tourner à son avantage, avec l’aide de la Turquie et la bienveillance de Moscou qui a retourné sa veste. En septembre 2020, une partie des territoires perdus sont reconquis. Les Arméniens se sont épuisés dans une guerre très meurtrière. Le 20 février 2023 sera le dernier Jour de la renaissance de l'Artsakh (Արցախի վերածննդի օր) à être fêté à Stepanakert, la capitale de la petite république.

En septembre 2023, les Azerbaïdjanais prennent le contrôle total des territoires qui leur échappaient. Sur les 120 000 Arméniens de l’Arstakh, 100 000 ont fui vers l’Arménie. Le 28 septembre 2023, les autorités de la république de l’Artsakh annoncent sa dissolution d'ici le 1er janvier 2024. Le gouvernement en exil à Erevan reviendra sur sa dissolution, mais le pays demeure virtuel. Le 20 -Février n’est plus qu’une journée du souvenir d’un pays dont les Azéris s’acharnent à effacer les vestiges.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 février 2024

« Nous sommes nos montagnes » (Մենք ենք մեր սարերը), une sculpture monumentale de Sarkis Baghdassarian, située à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabagh. Ce monument est devenu le symbole de l’ex-république auto-proclamée de l’Artsakh.

 
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Arménie, alphabet, 2 juillet Bruno Teissier Arménie, alphabet, 2 juillet Bruno Teissier

2 juillet : les Arméniens célèbrent leur alphabet

Créé en 405, l'alphabet a largement contribué à forger une identité religieuse et nationale arménienne en faisant de l’arménien une langue écrite. La journée est célébrée comme la fête des Saint-Traducteurs, une fête à la fois culturelle et religieuse.

 

L'Église arménienne célèbre aujourd'hui le créateur de l'alphabet arménien au début du Ve siècle, Mesrop Machtot, dit saint Mesrop. Créé en 405, l'alphabet a largement contribué à forger une identité religieuse et nationale arménienne en faisant de l’arménien une langue écrite. Le premier livre traduit sera la Bible.

Machtots, sur l'ordre du roi Vram Châhpouh, a commencé à enseigner dans la région de Mark. Ce territoire, situé sur les rives de l’Araxe, est aujourd’hui au Nakhitchevan. Après « avoir convaincu de la justesse de l'alphabet créé », il fonde en collaboration avec le catholicos le séminaire de Vagharchapat, la première « école supérieure » de l'Arménie chrétienne qui attire des étudiants de toute l’Arménie. L’enseignement s’y fait en arménien, désormais la langue lue par l’église locale.

Sur sa longue histoire, l’Arménie a rarement disposé d’un État (du XIVe au début du XXe siècle, notamment, elle en a été privée), c’est l’Église apostolique arménienne et la langue arménienne dotée d’un alphabet spécifique qui ont permis la continuité de la nation.

En 2005, l’alphabet arménien a célébré son 1600e anniversaire. Pour honorer son travail, l'architecte arménien J. Torosyan a créé les sculptures en pierre de chaque lettre près de la dernière demeure de Mashtots à Byurakan.

Pour en savoir plus lire : Géopolitique de l’Arménie de Tigrane Yégavian dont la deuxième édition vient de paraître !

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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L’œuvre de J. Torosyan

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1918, 2006, Arménie, drapeau, 15 juin Bruno Teissier 1918, 2006, Arménie, drapeau, 15 juin Bruno Teissier

15 juin : l'Arménie célèbre son drapeau

Ce drapeau qui date de 1918, n’a plus été utilisé de 1921 à 1988. Il a été réinstauré juste avant la chute de l’URSS et symbolise l’indépendance du pays, puis qu’il évoque une filiation avec le dernier État arménien disparu au XIVe siècle.

 

C’est le 15 juin 2006 qu’une loi régissant l’utilisation du drapeau arménien a été adoptée par l’Assemblée nationale. Depuis 2010, la Journée du drapeau national arménien (Հայաստանի ազգային դրոշի օր)  en rappelle chaque année l’anniversaire.

Pourtant celui que les Arméniens appellent le Tricolore (Yeraguyn, Երագույն) est bien plus ancien. L’Arménie a proclamé son indépendance le 28 mai 1918, suite à la Révolution russe. Le 1er août de la même année, la nouvelle constitution officialisait un drapeau, nouvellement créé, rayé horizontalement rouge-bleu-orange (ou abricot). Le texte constitutionnel affirmait que le rouge représente les hautes terres arméniennes et la lutte du peuple pour la survie, le bleu symbolise la volonté du peuple arménien de vivre sous un ciel paisible et l'orange représente le talent créatif et la nature travailleuse des Arméniens.

En vérité, les couleurs choisies sont celle des Lusignan (rouge, bleu, jaune). Cette famille de la noblesse française, originaire du Poitou, a contrôlé, à différentes époques, de nombreux États d'Europe et du Levant, notamment les terres de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie. Un temps, ils ont été à la tête du tout dernier royaume arménien, fondé en Cilicie et disparu en 1375. C’est cette filiation qu’ont voulu souligner les dirigeants arméniens de 1918, créateur du tout premier État arménien depuis la disparition du précédant, au XIVe siècle.

Ce drapeau de 1918 a continué à flotter jusqu'au 2 avril 1921, lorsque l'Armée rouge russe a conquis l'Arménie qui deviendra soviétique. Pendant cette période l’Arménie a eu un drapeau rouge, inspiré de celui de l’URSS, puis rouge et bleu à partir de 1952.  Le drapeau arménien de 1918 est réapparu en mai 1988 (pour le 60e anniversaire de la création de la république), d’abord simplement toléré par le nouveau chef du parti communiste arménien, à la faveur de la Perestroïka. Puis, ce drapeau a finalement été autorisé et officiellement adopté le 24 août 1990 comme drapeau de la Troisième République d’Arménie, avant même la disparition de l’URSS.

Le gouvernement exige légalement l'affichage du drapeau national les jours suivants : Nouvel An (1er et 2 janvier), Noël (6 janvier), Journée internationale de la femme (8 mars), Journée de la maternité et de la beauté (7 avril), Journée internationale de solidarité des travailleurs ( 1er mai), Jour de la victoire et de la paix (9 mai), Jour de la Première République arménienne (28 mai), Jour de la Constitution (5 juillet), Jour de l'indépendance (21 septembre) et Jour commémoratif du tremblement de terre de Spitak (7 décembre).

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Atterrissage d'un vol Armavia à l'aéroport de Vnukovo (photo d’Eduard Heisterkamp).

Le village de Lusignan, en France dans la Vienne, affiche les couleurs de la maison de Lusignan sur ses remparts (photo : Emmanuel Dissais).

Léon VI de Lusignan fut le dernier roi d’Arménie. Détrôné par les Mamelouk le 14 avril 1375, il a vécu quelques année en exilé forcé au Caire, puis parvenant à rejoindre l’Europe, il a terminé sa vie à Paris comme conseiller du roi de France, Charles VI.

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1918, Arménie, Azerbaïdjan, indépendance, 28 mai Bruno Teissier 1918, Arménie, Azerbaïdjan, indépendance, 28 mai Bruno Teissier

28 mai : Azerbaïdjan et Arménie célèbrent leur première indépendance

Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour et dans la même ville de Tiflis. Mais, les projets territoriaux de chacun État en formation, se chevauchaient largement. La naissance de ces nations se fera dans la violence et la frustration, par des processus de nettoyage ethnique qui, un siècle après, ne sont malheureusement pas terminés.

 

Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour, dans la même ville de Tiflis (la future Tbilissi, capitale actuelle de la Géorgie). Rien détonant, car à l’époque, les Tatars y étaient nombreux et c’était aussi la plus grande ville arménienne (après Bakou qui deviendra la capitale de l’Azerbaïdjan). Erevan était une ville secondaire, peuplée elle aussi de nombreux Tatars, que l’on appelle aujourd’hui les Azéris. C’est dire la complexité géographique et politique qui prévalait dans la région à la chute de l’Empire des tsars.

L’enjeux était de taille, car il n’y avait jamais eu d’État azéri dans l’Histoire et le dernier État arménien remontait au XIVe siècle (et n’était même pas situé dans le Caucase). Les deux États proclamé n’avait aucune référence territoriale évidente à faire valoir. La région était peuplée en taches de léopard de Géorgiens, Tatars et Arméniens, auxquels il fallait ajourer de nombreux Kurdes, des Russes, des Grecs… Le tout était compliqué par un afflux de réfugiés de l’Empire ottoman, rescapés du Génocide. Une offensive turque qui s’est soldé par la victoire arménienne de Saratrapat. Une présence militaire anglaise tentant de remplacer les Russes… La Fédération de Transcaucasie, État multiethnique, fondée en février 1918 sur les décombres de l’Empire russe,  aurait pu regrouper tous ces peuple et les faire vivre ensemble..

Mais les logiques nationalistes ont pris le dessus et n’ont laissé aucune chance au jeune État dont la mort a été prononcée le 26 mai 1918. Le même jour la Géorgie proclamait son indépendance. Évidemment, les projets territoriaux de chacun des trois pays se chevauchaient largement et la naissance de ces trois États se fera dans la violence et la frustration. Les processus de nettoyage ethnique, un siècle après, ne sont toujours pas terminés. Les craintes aujourd’hui, concernent le Haut-Karabagh, assiégé et asphyxié par les Azéris depuis l’automne 2022.

La région va, en 1920, tomber sous le contrôle de Moscou (dans le cadre de l’URSS) qui a joué les peuples les uns contre les autres afin de conserver sa tutelle coloniale héritée des tsars. L’idée était de brider le peuple ayant l’identité la plus forte et la plus ancienne, en l’occurrence, les Arméniens. Ceux-ci ont tous été chassés du Nakhitchevan, exclave que Staline a attribué à l’Azerbaïdjan. De leur côté les Tatars (Azéris) sont chassés du Zanguézour, la région qui sépare le Nakhitchevan de l’Azerbaïdjan. D’où les visées actuelles de Bakou sur cette région. Le Haut-Karabagh, très majoritairement peuplé d’Arméniens, aurait pu être une exclave de l’Arménie, Staline l’a placé sous la tutelle de Bakou avec un vague statut d’autonomie.

Ce statut d’autonomie sera aboli par Bakou à la chute de l’URSS, en 1991. En réaction, les Arméniens de la république autonome du Haut-Karbagh ont pris les armes et le contrôle d’un territoire deux fois plus vaste que leur enclave et en ont chassé les Azéris. Ce statu quo a tenu qu’en 2020, année où l’Azerbaïdjan a reconquis tout son territoire, à l’exception d’une partie de l’enclave du Haut-Karabagh aujourd’hui tenue par l’Armée russe.

En 2020, Moscou a laissé les Arméniens être écrasés par les Azerbaïdjanais, mais ne souhaitait pas une victoire totale de Bakou. Le souci des Russes était conserver une présence militaire  dans le Caucase, mais jusqu’à quand ? L’agression de l’Ukraine ayant largement tournée au fiasco, la puissance russe ne joue plus son rôle de médiateur. L’inquiétude est grand au Haut-Karabagh. Le souvenir des pogroms de Bakou, en 1988, visant les Arméniens est encore vif dans les mémoires…

La date du 28 mai, célébrée chaque année à Erevan et à Bakou est très lourde de mémoire et de contentieux. Ces jours fériés arménien, le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր), et azerbaïdjanais (İlk Respublika Günü) n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils n’ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Après que deux républiques aient obtenu leur deuxième indépendance en 1991.

Des pourparlers de paix ont débuté très récemment, l’Arménie propose de reconnaître les frontières de son voisin. L’Azerbaïdjan garantira-t-elle celles de l’Arménie ? Quel est l’avenir des Arméniens du Haut-Karabagh ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 

Le mémorial arménien de Saratrapat où se fête le 28 mai

Le discours du 28 mai du président azerbaïdjanais

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451, Arménie, Bataille célèbre, chrétiens Bruno Teissier 451, Arménie, Bataille célèbre, chrétiens Bruno Teissier

16 février : les Arméniens fêtent saint Vartan Mamikonian, héros national

Chaque année, le jeudi qui précède le début du Carême, l’Église apostolique arménienne célèbre la fête de Vardanantz. Cette fête rappelle une bataille décisive qui eut lieu au Ve siècle, contre les Perses.

 

Chaque année, le jeudi qui précède le début du Carême, l’Église apostolique arménienne célèbre la fête de Vardanantz (Վարդանանց).

Cette fête rappelle une bataille décisive qui eut lieu au Ve siècle. Quelques années auparavant, en 428, l’Arménie était tombé sous la domination de la Perse dirigée par la dynastie Sassanide. En 449, Yazdgard II, le roi de Perse, décide d’imposer sa religion à tous ses sujets, autrement dit d’imposer le zoroastrisme. Or l’Arménie est un pays chrétien depuis le début du Ive siècle, c’est même le premier pays au monde à avoir embrassé cette religion nouvelle de manière officielle. Après s’être réunis, les seigneurs arméniens décident de ne pas renier leur foi. Pour les Perses, il s’agissait de détourner les Arméniens de l’influence de Constantinople où le christianisme a déjà pris pied. En 451, le roi des Perses engage donc son armée contre celle qui a été levée par les grandes familles arméniennes et dont Vartan Mamikonian a pris la tête. Lui-même, sept grands seigneurs et un millier de soldats arméniens sont tués dans la bataille qui eut lieu le 26 mai 451 sur le champ d’Avaraïr, dans les plaines de Vaspouragan. Les Arméniens ont été écrasés par une armée de 200 000 hommes, les Byzantins appelés à l’aide sont arrivés trop tard. Mais leur résistance héroïque va dissuader les Sassanides de chercher à les convertir. Par le traité de Nvarsak, en 484, les Arméniens ont fini par obtenir  officiellement la liberté de culte.

Vartan Mamikonian a été canonisé par l’Église apostolique arménienne. Laquelle considère que grâce au martyre des saints Vardanank les Arméniens ont pu échapper à leur assimilation. Cette célébration des Vardanants est ainsi autant une fête religieuse qu’une commémoration nationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 février 2023

 

Image pieuse du XIXe siècle

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Arménie, Noël, chrétiens, 6 janvier, Épiphanie Bruno Teissier Arménie, Noël, chrétiens, 6 janvier, Épiphanie Bruno Teissier

6 janvier : les Arméniens fêtent la Théophanie, improprement assimilée à Noël

Les Arméniens célèbrent le même jour la nativité et le baptême du Christ. Cette fête, comme chez les orthodoxes, est appelée Théophanie. Elle est, en fait, beaucoup importante que Noël.

 

Les Arméniens ne fêtent pas véritablement Noël. Les chrétiens des premiers temps ne se préoccupaient pas de la date de naissance du Christ dont on ignore tout, même l’année précise. Seule la date de son baptême était célébrée, l’Épiphanie, placée le 6 janvier. L’Arménie est le premier État à avoir adopté le christianisme de manière officielle, en 301. La fête de Noël n’avait pas encore été inventée. Elle le sera à Rome, au milieu du IVe siècle, et placé le 25 décembre pour remplacer des cultes païens.

C’est en octobre 451, lors d’un concile réuni à Chalcédoine (Kadıköy, aujourd’hui, un quartier de la rive asiatique d'Istanbul) que les fêtes de la nativité et du baptême du Christ ont été définitivement séparées. Il fut décidé que désormais, on fêterait Noël et l’Épiphanie à des dates distinctes (25 décembre et 6 janvier). La seconde des deux fêtes étant, à l’époque, de loin la plus importante. Or, l'Église apostolique Arménienne n'a pas pu participer à ce concile. Les Arméniens venaient d’être écrasés par les Perses à la bataille d’Avarayr (ou Vartanantz, mai 451). Constantinople avait refusé de leur venir en aide.

Les Arméniens n’ont pas adopté les décisions de ce concile, auquel, ils n’étaient sans doute pas invités. La plus importante portait sur la nature du Christ dont il avait été décidé de faire « une seule personne en deux natures ». Une autre conséquence est que les Arméniens continuent de célébrer le même jour nativité (Ծնունտ) et baptême du Christ. Cette fête, comme chez les orthodoxes, est appelée Théophanie (աստվածահայտնություն).

En Arménie, les plus religieux observent un jeûne de sept jours qui se termine le soir du 5 janvier par un repas léger, le khetum ('Խթում’). Un repas plus riche, à base de poisson et de riz pilaf aux raisins secs est préparé pour le lendemain. Les Arméniens éclairent leurs maisons et leurs églises avec des bougies pour illuminer la fin des jours sombres et des longues nuits. Pour la Théophanie, le matin du 6 janvier, le prêtre plonge la croix dans l'eau, qui est censée symboliser la descente de Jésus-Christ dans le Jourdain pour le baptême, et verse de la myrrhe dessus. Ensuite, les fidèles s'avancent pour embrasser la croix. La plupart de ceux qui assistent à la liturgie du matin rapportent de l'eau bénite chez eux parce qu'ils croient en sa capacité à guérir les maux physiques et spirituels.

À Jérusalem et à Tiflis, où l’Église arménienne est restée fidèle au calendrier julien, la Théophanie est célébrée le 19 janvier du calendrier grégorien.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 janvier 2023

Pour en savoir plus sur l’Église arménienne lire Géopolitique de l’Arménie

 
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1991, Arménie, indépendance, 21 septembre Bruno Teissier 1991, Arménie, indépendance, 21 septembre Bruno Teissier

21 septembre : l’Arménie célèbre son indépendance, toujours très menacée

Alors que l’Azerbaïdjan profite de la faiblesse russe pour harceler le territoire de l’Arménie, les Arméniens célèbrent leur indépendance, celle de 1991.

 

Alors que l’Azerbaïdjan profite de la faiblesse russe pour harceler le territoire de l’Arménie, les Arméniens célèbrent leur indépendance. Celle-ci avait été déclarée le 23 août 1990 par le Conseil suprême de l’Arménie qui déclarait dissoute la République socialiste soviétique de d’Arménie et la formation d’un nouvel État. Ce n’est toutefois que le 21 septembre 1991 que le peuple arménien a voté, par référendum,  en faveur de la sortie de l’URSS. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui, décrété Jour de l’Indépendance (Հայաստանի Անկախության օրը) En 1991, la nouvelle république élisait son premier président : Levon Ter-Petrossian. Cependant, l’Arménie n’a obtenu sa totale indépendance que le 26 décembre de la même année, à la faveur de la dissolution de l’URSS. L’Arménie avait été absorbée par l’immense entité soviétique en 1922, après quatre années d’une première indépendance très chaotique, obtenu en 1918.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1918, Arménie, république, 28 mai, indépendance Bruno Teissier 1918, Arménie, république, 28 mai, indépendance Bruno Teissier

28 mai : l'Arménie commémore sa première indépendance

Ce jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.

 

Le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր) est un jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.

À la suite de la révolution de février 1917 en Russie, un Commissariat de Transcaucasie est créé (novembre 1917). Il décide de réunir une assemblée générale (Sejm) et de proclamer l'indépendance. Finalement, la République fédérative démocratique transcaucasienne a été proclamée en février 1918. Mais, elle a existé pendant trois mois.

Finalement, le 28 mai 1918, le Conseil national arménien proclame l'indépendance de l'Arménie. La République d'Arménie fut le premier État arménien moderne depuis la chute du Royaume arménien de Cilicie en 1375. Malheureusement, cette république nouvellement indépendante n'a pas existé longtemps. En 1920, elle est envahie par l'Armée rouge soviétique.

Ce premier jour de la République en Arménie coïncide avec celui de la république d’Azerbaïdjan, proclamé le même jour et célébré par un jour férié. Ces jours fériés arménien et azerbaïdjanais n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Les deux républiques ont obtenu leur deuxième indépendance en 1991.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 
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1918, Arménie, bataille célèbre, 26 mai Bruno Teissier 1918, Arménie, bataille célèbre, 26 mai Bruno Teissier

26 mai : les Arméniens célèbrent la victoire de Sardarapat qui permit l’existence d’une république d’Arménie

L’issue de cette bataille de Sardarapat aurait été différente, il est fort probable qu’il n’existerait pas aujourd’hui une petite république d’Arménie aux confins de l’Anatolie et du Caucase.

 

L’issue de cette bataille de Sardarapat (Սարդարապատի ճակատամարտ) aurait été différente, il est fort probable qu’il n’existerait pas aujourd’hui une petite république d’Arménie aux confins de l’Anatolie et du Caucase.

La Révolution d’Octobre en 1917, a entraîné un désengagement des troupes russes qui ont quitté les territoires qu’elles occupaient en Arménie occidentale après la déroute des Ottomans. Profitant de cette nouvelle situation, les autorités turques ont décidé de lancer une offensive pour reprendre non seulement l'Arménie occidentale, mais aussi l'Arménie orientale et même toute la Transcaucasie, que la Russie avait intégré à son empire un siècle plus tôt.

Violant l'accord de cessez-le-feu signé avec les Russes en 1917, les troupes turques ont donc attaqué et occupé Yerznka, Erzurum, Sarighamish, Kars et, le 15 mai, Alexandropol (aujourd’hui Gyumri). Les Arméniens reculaient sous la pression d'une armée turque de 100 000 hommes dirigée par Vehib Pacha. Leurs 20 000 soldats et officiers arméniens n’étaient armés que de vieux fusils et mitrailleuses de l'armée russe. La bataille a duré 9 jours du 21 au 28 mai 1918. Les Turcs finirent par être repoussés par les Arméniens qui jouaient leur survie. L’Arménie orientale était le refuge de nombreux survivants du génocide de 1915. Il est probable qu’une occupation de toute la Transcausie par les armées turques aurait provoqué l’anéantissement du peuple arménien.

La victoire de Sardarapat (ou Sardarabad) a une énorme signification pour l'Arménie. La population arménienne dans la partie nord de la vallée de l'Ararat a été sauvée du génocide turc, une partie importante de l'Arménie orientale a été sauvée de la conquête turque et les conditions ont été créées pour la création d’un État arménien : le 28 mai 1918, la République d'Arménie était proclamée.

Le 26 mai 1918, une journée du souvenir a été instituée en l'honneur de la victoire à la bataille de Sardarapat et de la défaite de l'armée turque.  La bataille héroïque de Sardarapat est souvent appelée "Avarayr du XXe siècle".

Chaque année, le 26 mai, une cérémonie se déroule au mémorial construit en 1968 pour le 50e anniversaire de la bataille. En 2014, la rue menant au mémorial de Sardarapat a été baptisée Mosves Silikyan, et celle rue menant du village d'Araks au musée de Sardarapat porte le nom de Daniel Bek-Pirumyan, autre acteur majeur de la victoire, avec Tovmas Nazarbekyan.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 

Mémorial dédié à la victoire arménienne à la bataille de Sardarapat à Nos Armavic (Sardarapat) près d’Araks , en Arménie

Commémoration

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1992, Haut-Karbagh, Arménie, Azerbaïdjan, massacre, 10 avril Bruno Teissier 1992, Haut-Karbagh, Arménie, Azerbaïdjan, massacre, 10 avril Bruno Teissier

10 avril : il y a 30 ans le massacre de Maragha, village arménien du Haut-Karabagh

Cette tragédie est un épisode de la guerre qui opposait Arméniens et Azéris depuis 1988.

 

Les Arméniens commémorent le massacre de Maragha (Մարաղայի կոտորած), l'un des plus grands villages du Haut-Karabagh. Cette tragédie est un épisode de la guerre qui opposait Arméniens et Azéris depuis 1988. 

Les forces arméniennes ayant dû battre en retraite, des unités armées azerbaïdjanaises - les détachements OMON (unités de milice à but spécial), appuyées par vingt chars, étaient entrés dans Maragha, où ne vivaient que des agriculteurs, âgés pour la plupart. 43 civils ont été aussitôt assassinés, 53 civils, dont 9 enfants, ont été enlevés, 19 ne sont jamais revenus. On ignore les raisons de ce massacre, certains ont pensé qu’il pouvait s’agir de représailles, suite au massacre de Khodjaly en février de la même année. Le village sera repris par les Arméniens le lendemain, ils y découvrent des dizaines de corps ont certains sans yeux ou sans tête.

La malchance de ce village est de s’être trouvé sur la frontière (et ligne de front) entre le Haut-Karbagh qui s’est autoproclamé in dépendant et le reste de l’Azerbaïdjan. Aujourd’hui, ce village qui a eu plus de 4600 habitants, Arméniens en très grande majorité, n’existe plus, les survivants ont construit un nouveau village Nor Margha, lui-même sera abandonné à son tour par les Arméniens à l’issue de la seconde guerre du Karabagh, en novembre 2020. La région étant aujourd’hui contrôlée par les Azéris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2022

 

Monument dédié aux victimes

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13- 14 février : Trndez, une fête arménienne de la purification

Ce soir, les Arméniens célèbrent le Trndez, une fête populaire dont l’origine est antérieure au christianisme, liée au culte du feu. le 14 février est la fête de la Venue du Fils de Dieu au Temple (la Présentation de Jésus au Temple pour les catholiques). Autrement dit, la chandeleur pour la culture populaire.

 

Ce soir, les Arméniens célèbrent Trndez (Տրնդեզ), une fête populaire dont l’origine est antérieure au christianisme, liée au culte du feu et du soleil et symbolisant l'arrivée du printemps et de la fertilité. Le soir du 13 février, on allume des feux de joie. Les couples sautaient par-dessus le feu pour rendre leur amour plus fort, et les femmes sans enfant le font dans l'espoir de tomber enceinte. La soirée  est faite de chansons traditionnelles et de danses autour du feu. À la fin de la soirée, avec les flammes du feu sacré les participants allument des bougies et les ramènent chez eux. Le lendemain, la fête continue et les cendres du feu seront dispersés dans les champs pour garantir une bonne récolte.

Comme c’est le cas de toutes les fêtes païennes, l’Église retenue la date pour y établir une célébration : le 14 février est la fête de la Venue du Fils de Dieu au Temple (la Présentation de Jésus au Temple pour les catholiques). Autrement dit, la chandeleur pour la culture populaire.

Selon la loi juive, dont le christianisme a hérité, 40 jours après la naissance de chaque enfant mâle, la mère de l'enfant se rend au temple avec son enfant, offrait un sacrifice et recevait une bénédiction pour son enfant du prêtre. Pour l’Église apostolique arménienne, Noël et l’Épiphanie sont fêtés le 6 janvier, ce qui fait que la fête de la Présentation (Tiarnendaraj - Տեառնընդառաջ) tombe le 14 février. Selon les canons de l'Église arménienne, à la fin de la cérémonie de la pré-fête, les quatre origines du monde sont bénies. Les feux tirés des lampes de l'église sont allumés comme un symbole de la lumière du Christ.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2022

 
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1992, Arménie, armée Bruno Teissier 1992, Arménie, armée Bruno Teissier

28 janvier : les 30 ans de l’armée de la République d’Arménie

Le Jour des forces armées, jour férié, est l’anniversaire de la création officielle de l’armée de la République d’Arménie, le 28 janvier 1992. Depuis la défaite de 2020, face à l’Azerbaïdjan, l’ambiance de cette journée a totalement changée.

 

Depuis 2001, l’Arménie célèbre son armée par un jour férié (et chômé depuis 2003). Le Jour des forces armées (Բանակի օր) est l’anniversaire de la création officielle de l’armée de la République d’Arménie, le 28 janvier 1992, soit un mois après la disparition de l’URSS et quatre mois après la déclaration d’indépendance de l’Arménie. Néanmoins, des forces armées arméniennes s’étaient déjà constituées dès février 1988 afin de défendre l’autonomie du Haut-Karabagh. Les deux entités, l’Arménie et le Haut-Karabagh, auront ensuite deux armées distinctes.

Jusqu’en 2020, cette journée de l’armée était l’occasion de défilés militaires triomphants. Avec le choc de la défaite, novembre 2020, de l’armée de défense de l’Astrakh (Haut-Karabakh) épaulée par l’armée arménienne face à l’armée azerbaïdjanaise, appuyée par la Turquie, l’ambiance de la journée du 28 janvier a totalement changé. Aujourd’hui, harcelée aux frontières par les forces azerbaïdjanaises, l’armée arménienne est franchement sur la défensive.

« La situation résultant de la dernière guerre bouleverse un fragile équilibre que la partie arménienne tenait pour acquis. Habituées à un schéma de guerre de tranchée et forte de son avantage sur le terrain, l’armée arménienne et l’armée de défense de l’Artsakh s’étaient retranchées derrière une sorte de ligne Maginot le long d’un territoire re- connu comme azerbaïdjanais. La nouvelle carte issue du cessez-le-feu du 9 novembre 2020 complexifie considérablement la défense du territoire. »

« Si l’Arménie n’est pas restée les bras croisés pendant que l’Azerbaïdjan poursuivait son effort de guerre, la guerre de l’automne 2020 a toutefois révélé les failles de la stratégie de défense d’Erevan. En premier lieu l’armée arménienne a négligé l’émergence d’une nouvelle doctrine d’emploi de drones et de munitions téléopérées dont l’usage massif durant le récent conflit a démontré la constante évolution. De même, les défenses sol-air (DSA) arméniennes frappées d’obsolescence se sont révélées inadaptées face à l’offensive turco-azerbaïdjanaise. 

L’Arménie a fondé sa capacité de dissuasion sur le couple défense populaire-missile à longue portée. Pour cela l’armée de conscription, ajoutée à l’appel aux volontaires et aux forces d’autodéfense de l’Artsakh, aurait pu stopper l’agression comme ce fut le cas lors de la courte guerre d’avril 2016. Mais la guerre de 2020 a montré que cette stratégie était frappée  » (deux extraits de la Géopolitique de l’Arménie de Tigrane Yégavian)

Le point sur la situation : une interview de Tigrane Yégavian

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 
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1999, Arménie, 27 octobre, assassinat, attentat, Église Bruno Teissier 1999, Arménie, 27 octobre, assassinat, attentat, Église Bruno Teissier

27 octobre : anniversaire et deuil en Arménie

C’est l' anniversaire de l'intronisation du Catholicos de tous les Arméniens et celui de la fusillade du parlement arménien, survenu le même jour de 1999.

 

Le 27 octobre, l'Église apostolique arménienne célèbre l' anniversaire de l'intronisation du Catholicos de tous les Arméniens Karekin II. Ce dernier a été élu et intronisé le 27 octobre 1999, à la suite du décès de son prédécesseur Karekin I. Il occupe le siège historique d’Etchmiadzine qui fait figure de Saint-Siège des Arméniens. Mais il existe aussi un catholicos concurrent, à Beyrouth ainsi que deux patriarches qui siègent à Jérusalem et à Istanbul. Ce qui fait de l’Égilse apostolique arménienne, une église quadricéphale.

Hasard du calendrier, le même jour de la même année, un groupe de cinq hommes armés a fait irruption dans le bâtiment de l'Assemblée nationale à Erevan et a abattu huit personnes, dont le Premier ministre Vazgen Sargsyan et la présidente de l'Assemblée nationale Karen Demirchyan, et blessé au moins 30 personnes. Le coup d'État a échoué. Le procès a débuté en février 2001 et le verdict a été rendu en décembre 2003. Les cinq principaux auteurs de la fusillade ont été condamnés à la prison à vie. Trois d’entre eux sont décédés en prison depuis. Le 27 octobre de chaque année, les Arméniens honorent la mémoire des victimes de la fusillade du parlement arménien (Հոկտեմբերի 27). Le 27 octobre 2009, un mémorial a été installé dans le parc de l'Assemblée nationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 octobre 2021

 

Les huit victimes de la tentative de coup d’État du 27 octobre

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1794, Arménie, presse Bruno Teissier 1794, Arménie, presse Bruno Teissier

16 octobre : la Journée de la presse arménienne

Cette journée professionnelle rappelle le lancement, le 16 octobre 1794, du premier magazine arménien, au XVIIe siècle.

 

En Arménie, comme en diaspora, on célèbre la Journée de la presse arménienne (Հայ մամուլի օր). Cette journée professionnelle rappelle le lancement, le 16 octobre 1794, du premier magazine arménien, Azdarar, publié à… Madras, en Inde (aujourd’hui Chennai). Preuve que la diaspora arménienne était déjà une réalité au XVIIIe siècle. Cette première publication, fondée par le prêtre Harutyun Shmavonyan n’a vécu que deux ans, jusqu'en mars 1796. Le temps de 18 numéros avec un volume total de 965 pages. Mais elle a fait date. 

C’est sur décision du gouvernement arménien, en 2004, que le 16 octobre est devenu officiellement la « Journée des travailleurs de la presse », ensuite été rebaptisée « Journée de la presse arménienne », mais elle existait depuis longtemps de manière officieuse.

 
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Azdarar

Azdarar

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1988, 1992, Azerbaïdjan, Arménie, massacre, 26 février, 27 février Bruno Teissier 1988, 1992, Azerbaïdjan, Arménie, massacre, 26 février, 27 février Bruno Teissier

26-27 février : guerre de mémoire entre Azéris et Arméniens

Chaque 26 février, l’Azerbaïdjan commémore le massacre de Khodjaly, un épisode sanglant de la première guerre du Haut-Karabagh, le 26 février 1992. Hasard du calendrier, le 27 février, les Arméniens commémorent le pogrom de Soumgaït : trois jours de violence, les 27-29 février 1988 contre la minorité arménienne d’Azerbaïdjan.

 

Chaque 26 février, l’Azerbaïdjan commémore le massacre de Khodjaly, un épisode sanglant de la première guerre du Haut-Karabagh, le 26 février 1992. Les autorités azéries dénoncent la mort de 613 personnes dont 106 femmes et 83 enfants, des villageois pris au piège d’un conflit qui les dépassaient. Bakou accuse du massacre les forces armées arméniennes, aidées par le régiment no 366 de l'armée russe. Les Arméniens se défendent en accusant l’Azerbaïdjan d’être directement responsable de ce massacre, les soldats azéris auraient reçu l’ordre de tirer sur les civils de Khodjaly. Bakou a tenté en vain, à plusieurs reprises de faire reconnaître un « génocide » opéré par les Arméniens, dénonçant la désinformation de la diaspora arménienne plus influente en Occident que celle des Azéris même si ces derniers disposent à présent de relais médiatiques importants et d’un pouvoir d’influence qui repose sur l’argent du pétrole.

Hasard du calendrier, demain, le 27 février, les Arméniens vont comme chaque année, commémorer le pogrom de Soumgaït  : trois jours de violence, les 27-29 février 1988 contre la minorité arménienne de cette banlieue industrielle de Bakou. Le nombre des victimes n’est pas connu : des dizaines de morts et des centaines de blessés. Il s'agit d'un événement historique et d'un tournant dans l'aggravation du conflit ethnique qui a provoqué les premiers flux de réfugiés arméniens de Soumgaït vers le Karabakh (Artsakh) et l'Arménie. Le caractère prémédité et organisé de ce pogrom n’a jamais été pleinement reconnu par Bakou. Une des conséquences de cette impunité fut que d’autres massacres d’Arméniens eurent lieu à Kirovabad (Gandja) en novembre 1988 et à Bakou en janvier 1990, provoquant l’exode de la minorité arménienne de l’Azerbaïdjan, comme d’ailleurs, l’exode de la minorité azérie d’Arménie.

Le pogrom était la réponse aux premiers troubles provoqués par les Arméniens du Haut-Karabagh. Il sera le déclencheur de la guerre de conquête du sud-ouest de l’Azerbaïdjan, dans les années 1992-1994, par les forces arméniennes mieux équipées et plus aguerries à l’époque. À l’automne 2020, la situation s’est retournée. Les Arméniens ont perdu quasiment toutes leurs conquêtes.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 
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1920, Arménie, 22 novembre Bruno Teissier 1920, Arménie, 22 novembre Bruno Teissier

22 novembre : il y a 100 ans, l'État promis aux Arméniens

Chaque année les défenseurs de la cause arménienne rappellent la décision arbitrale du 22 novembre 1920 prise par le président américain W. Wilson sur le tracé de la frontière entre une future Turquie et l’Arménie.

 

Cette année, le 22 novembre a un goût bien plus amer qu’à l’ordinaire alors que les combattants arméniens viennent d’être écrasés par l’armée azerbaïdjanaise au point d’avoir perdu presque tous les territoires conquis sur ce pays en 1993-1994. L’Arménie reste un petit pays, plus enclavé que jamais, alors qu’il avait rêvé d’un territoire bien plus vaste reflétant ce qu’il avait été au Moyen-Âge.

Chaque année les défenseurs de la cause arménienne rappellent  la décision arbitrale du 22 novembre 1920 prise par le président américain W. Wilson sur le tracé de la frontière entre une future Turquie et l’Arménie. Celui-ci accordait à l’Arménie une partie des provinces de l’actuelle Turquie orientale mais, les victoires militaires turques de 1923 rendront cet arbitrage caduque dans les faits. Le traité de Sèvre de 1920 ne put jamais être appliqué. En 1923, un nouveau traité, signé à Lausanne, gommait le projet d’une grande Arménie et d’un Kurdistan indépendant.

Depuis un siècle, le 22 novembre est une date sacrée en Arménie. C’est, par exemple, un 22 novembre, en 1993, que fut créée sa monnaie, le dram. Chaque année, le Président de la république prononce un discours, la télévision prévoit un programme spécial. Cette année, en raison de la terrible guerre qui vient de s’achever, la journée est plus solennelle que les autres années. Le centenaire de la déclaration de Wilson prend un tour dramatique.

Ce  22 novembre 2020 a été décrété par Armen Sarkissian, président de la république arménienne, Journée du souvenir des victimes tombées pour la défense de la patrie dans la guerre de libération de l'Artsakh (le Haut-Karabagh). Suite à un appel du Catholicos de tous les Arméniens, Garegin II, une messe est dite dans toutes les églises arméniennes du monde. Au Saint-Siège de Saint-Etchmiadzin, la cérémonie de commémoration est organisée par le Catholicos après la sainte liturgie à 13h30.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 
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1915, Arménie, France, Turquie, génocide Bruno Teissier 1915, Arménie, France, Turquie, génocide Bruno Teissier

24 avril : la date sacrée des Arméniens

C’est la date sacrée des Arméniens du monde entier, la commémoration des victimes du génocide (Medz Yeghern). Cette date fait référence à ce jour de 1915 où les autorités ottomanes ont arrêté 600 intellectuels et notables d’Istanbul, sélectionnés sur le seul critère de leur appartenance à la nation arménienne.

 

C’est la date sacrée des Arméniens du monde entier, la commémoration des victimes du génocide (Medz Yeghern). Cette date fait référence à ce jour de 1915 où les autorités ottomanes ont arrêté 600 intellectuels et notables d’Istanbul, sélectionnés sur le seul critère de leur appartenance à la nation arménienne. Sur ordre de Talaat Pacha, ils ont été déportés et, dans leur grande majorité, assassinés.  Ainsi débutait un génocide qui  allait emporter 1,5 million d’Arméniens. Les autorités turques reconnaissent quelques centaines de milliers de morts, dus au chaos engendré par la guerre, mais nient l’extermination délibérée d’une des composantes de la nation ottomane. Quelques intellectuels turcs ont déjà admis la réalité historique, mais le sujet reste officiellement tabou en Turquie. Aujourd’hui encore, plus d’un siècle après les faits, le grand architecte du génocide, Talaat Pacha est toujours célébré en héros national gratifié d’un mausolée en son honneur sur la colline de la liberté à Istanbul. 

Le génocide arménien a été officiellement reconnu par les députés français, en 2001, et par les Allemands, en 2016, le Congrès américain a reconnu le génocide des Arméniens en 2019, quelques mois après que le président Macron a inscrit par décret, le 24 avril, au calendrier des cérémonies républicaines. 

Traditionnellement, une manifestation rassemble à Istanbul quelques milliers de personnes devant le Musée d’arts turcs et islamiques, l’ancienne prison où les premiers raflés ont été détenus avant d’être déportés. À Erevan, où le jour est férié depuis 1988, d’ordinaire, une cérémonie à lieu devant la flamme du souvenir du Mémorial du génocide. À Paris, on a aussi coutume de procéder au ravivage de la flamme du soldat inconnu, place de l’Étoile. Un rassemblement se tient aussi place du Canada, devant la statue de Komitas. Des manifestations se déroulent à Mar­seille, Valence, Vienne, Lyon, Maison-Alfort... les villes où les survivants du génocide, débarqués en France à partir de 1922, se sont installés.  Cette année, toutes ces cérémonies sont évidement, annulées en raison de l’épidémie.

À Erevan, d’habitude, une marche est organisée depuis le centre-ville jusqu’au Mémorial du génocide, mais pour des raisons évidentes face aux dangers de l’épidémie et alors que tout le pays reste sous état d’urgence et confinement, aucun rassemblement public n’aura lieu. le 23 avril, à 21 heures, les cloches des églises se mettent à sonner et les lumières de l’éclairage public de la ville comme dans les provinces sont toutes éteintes pour une durée de trois minutes. Chacun est encouragé à faire de même dans son foyer, et à allumer près des fenêtres les lampes de téléphones portables pour s’associer à ces minutes du souvenir. La célèbre chanson Ari im sokhak retentira alors et tous sont invités, l’événement étant retransmis en direct, à se tourner en direction du sommet du Mémorial.

Le 24 avril, à partir de 8 heures du matin, chacun peut envoyer un SMS en composant, depuis l’Arménie, le chiffre symbolique de 1915, et depuis l’étranger, le 0037433191500. Les noms de ceux qui envoient ces SMS seront projetés sur les colonnes du Mémorial afin de montrer la participation à l’hommage rendu aux victimes du génocide. À 10 heures, le Président arménien, le Premier ministre, le Président de l’Assemblée nationale et le Catholicos se rendront au Mémorial et la cérémonie d’hommage aux victimes se déroulera au son de la musique jouée en direct par le pianiste Hayk Melikyan. L’ensemble des commémorations seront retransmises en direct sur les chaînes de télévision et par Internet. 

 
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1988, URSS, Arménie, 7 décembre, séisme Bruno Teissier 1988, URSS, Arménie, 7 décembre, séisme Bruno Teissier

7 décembre : l'Arménie se souvient du séisme de 1988

Les autorités arméniennes, comme la diaspora, commémorent chaque année les presque 30 000 morts (et plus de 500 000 sans abris) causés par le séisme du 7 décembre 1988, à 11h41, de magnitude 6,9 ravageait le nord de l'Arménie, en particulier la région de Leninakan (aujourd'hui, Gyumi). C’était, il y a 30 ans, jour pour jour.

 

Les autorités arméniennes commémorent chaque année les presque 30 000 morts (et plus de 500 000 sans abris) causés par le séisme du 7 décembre 1988, à 11h41, de magnitude 6,9 ravageait le nord de l'Arménie, en particulier  la région de Leninakan (aujourd'hui, Gyumi). 

Le désarroi était tel que pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'URSS, qui vivait ses dernières années, acceptait une assistance étrangère d'urgence.  Le séisme a presque entièrement détruit deux villes au nord de l’Arménie : Spitak et Leninakan. C’était, il y a 30 ans, jour pour jour.

En France la diaspora commémore la catastrophe, comme à Valence où le C24 Comité du 24 Avril Drôme-Ardèche appelle le public à un rassemblement devant la stèle du génocide à Valence, œuvre de Toros, square Jean-Manoug Stépanian. Au programme : allumage de bougies, dépôts de gerbes, dont celles du Maire de Valence Nicolas Daragon et du C24 et chant Pour toi Arménie, composé par les jeunes de l’Académie de danses et chants France-Ashtarak-Arménie. Prières.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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