L’Almanach international
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17 novembre : la journée du militantisme péroniste
Le mouvement péroniste célèbre, chaque 17 novembre, la Journée du militantisme en commémoration du retour de Juan Domingo Perón au pays, après son exil forcé de 17 ans. L’ancienne président Cristina Kirchner en profite pour faire sa rentrée politique et s’imposer comme le leader de l’opposition.
Voilà Cristina Kirchner repartie en campagne. Elle vient tout juste d’être élue à la présidence du Parti justicialiste (péroniste), elle prendra ses fonctions ce 17 novembre, jour où par tradition on célèbre la Journée du militantisme péroniste (Día de la Militancia peronista). L’ancienne présidente qui vient d’être condamnée à six ans de prison et à l'interdiction perpétuelle d'exercer des fonctions publiques – elle a fait appel –, entame ce dimanche une tournée du pays afin de faire face à la montée en puissance de son filleul politique, le gouverneur de Buenos Aires Axel Kicillof, son ancien ministre de l'Économie, étoile montante du péronisme. Un événement est prévu ce jour à Buenos Aires, Kicillof n’est pas invité.
Le mouvement péroniste célèbre, chaque 17 novembre, la Journée du militantisme péroniste en commémoration du retour de Juan Domingo Perón au pays, après son exil forcé par le coup d'État de septembre 1955. Après plus de 17 ans de bannissement, il est revenu brièvement en Argentine, le 17 novembre 1972, après y avoir été autorisé, mais le 5 février 1973, la dictature le chasse à nouveau du pays.
L'interdiction a définitivement expiré le 25 mai 1973 avec l'avènement du gouvernement démocratique de Héctor J. Cámpora, au cours duquel Perón a pu se réinstaller définitivement en Argentine (le 20 juin 1973) et se porter candidat à la présidence de la république aux élections du 23 septembre 1973. Il triomphera avec le soutien de 62% des électeurs. Mais, il mourra quelques mois plus tard alors qu'il exerçait le pouvoir, le 1er juillet 1974.
Pendant l’exil de Perón des graffitis sur les murs et les tracts avec le slogan « Combattez et revenez » n'ont jamais cessé, même dans les années les plus sombres de la dictature. Le retour de Juan Domingo Perón en Argentine après 17 ans et 52 jours d'exil a tenu en haleine des centaines de milliers de militants. Son retour, le 17 novembre 1972, fut le réveil d'un long cauchemar, un événement qui transforma en réalité un espoir qui fut pendant des années la raison de vivre d'une majorité de militants péronistes qui l’attendaient comme un sauveur. Ce 17 novembre 2024 est une occasion pour les péronistes de relever la tête après leur défaite électorale de 2023, mais aujourd’hui ils ne peuvent compter sur homme (ou de femme) providentiel en exil pour les sauver des folies du président Javier Milei. Ce dernier va peut-être précipiter l’Argentine dans l’abîme, mais il faut néanmoins se souvenir que le décrochage du pays avait débuté à l’époque du président Perón et certaines de ses décisions populistes n’y étaient certainement pas étrangères.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 novembre 2024
17 octobre : le jour de la fidélité en Argentine
Le 17 octobre est la date fétiche du mouvement péroniste argentin. Elle commémore un soulèvement populaire en faveur de Juan Perón emprisonné. Cette année, c’est aussi l’occasion de manifester contre le gouvernement d’extrême droite du président Milei.
Le Jour de la fidélité ou de la loyauté (Día de la lealtad), chaque 17 octobre, est la date fétiche du mouvement péroniste. Celui-ci est représenté sur l’échiquier politique argentin par le Parti justicialiste, une formation populiste qui depuis le début du XXIe siècle, sous les présidences de Néstor Kirchner, puis Cristina Kirchner et Alberto Fernández, penchait plutôt à gauche. Quand ce parti est au pouvoir la célébration du 17 octobre semble être celle de la nation tout entière. Ce qui correspond à l’idéologie de ce parti pour qui l’État doit faire corps avec le peuple et inversement. Depuis sa défaite électorale de décembre 2023 et l’élection d’un président d’extrême droite à la tête de l’Argentine, Javier Miliei, le mouvement péroniste est dans l’opposition, avec une centaine de députés à l’Assemblée (sur 250), mais il conserve la moitié du Sénat et la moitié des postes de gouverneur de province. Cela donne une dimension particulière à une journée toujours empreinte de nostalgie à l’égard de la figure de Juan Perón et cette année, marquée par la colère face à un président qui est en train de détruire le pays dans la lignée de Bolsonaro ou de Trump dans l’autre Amérique.
La journée commémore le début de la manifestation massive, le 17 octobre 1945, sur la place de mai exigeant la libération de l'officier militaire argentin Juan Perón, emprisonné sur l'île de Martín García. Celui-ci était un ministre du Travail très favorable aux ouvriers. En octobre 1945, des militaires opposés à son influence croissante dans le gouvernement provoquèrent une révolution de palais, contraignirent Perón à la démission, puis le firent mettre en détention le 12 octobre 1945. Apprenant la nouvelle, des milliers de travailleurs et leurs familles se sont rassemblés le 17 octobre dans les rues de Buenos Aires et ont marché vers son centre, la place de Mai (Plaza de Mayo), exigeant la libération de Juan Perón. Celui-ci est libéré le jour même.
Fort de sa popularité, ce leader populiste de gauche deviendra président de l'Argentine, le 4 juin 1946 jusqu’au 21 septembre 1955. Cet anniversaire fêté chaque année comme le jour de la fidélité est aussi celui du mouvement péroniste dont les leaders ont appelé à se mobiliser ce jeudi dans "l'unité" sur toutes les places du pays, en particulier Plaza de Mayo. Ce lundi la CGT, le Courant ouvrier fédéral (CFT) et le Mouvement d'action syndicale argentin (MASA) se mobilisent à 14h00 devant le Monument au travail, sur le Paseo Colón et Independencia à Buenos Aires. Un grand rassemblement est également prévu à 17 heures dans le quartier de Bella Vista avec pour le slogan : Comment industrialiser à nouveau l'Argentine ? Mettant ainsi le doigt sur le grand échec du péronisme dont la gestion populiste pays a accompagné le déclin de l’Argentine depuis 1945.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 octobre 2024
7 juillet : Saba Saba Day ou l’esprit de révolte des Kenyans
Saba Saba signifie 7 - 7, en kiswahili, la langue de communication dans l’Est de l’Afrique. Cela fait référence au au 7 juillet, jour anniversaire de la révolte de 1990, au Kenya. Jour de mémoire officiel, en Tanzanie.
Saba Saba signifie 7 - 7, en kiswahili, la langue de communication dans l’est de l’Afrique. Cela fait référence au septième jour du septième mois, c’est-à-dire au 7 juillet, jour anniversaire de la révolte de 1990.
Le 7 Juillet e 1990, la date annoncée d’un rassemblement de l’opposition au dictateur Arap Moi, les routes ont été bloquées et la police quadrillait, matraque à la main, les rues de Nairobi et de diverses villes à travers le pays. Les coups se sont abattus sur les personnes qui tentaient de quitter les bidonvilles pour aller manifester. Les hôpitaux et les cliniques ont vite été engorgés par l’afflux des blessés. Il y avait aussi des yeux et des poumons brûlés par des gaz lacrymogènes dans toute la ville, mais surtout près du site de Kamukunji où devait se tenir le rassemblement et qui avait été encerclé par la police. Les émeutes auraient duré quatre jours et auraient fait 21 morts, de nombreux blessés et plus de 1 000 personnes ont été emprisonnées.
Un an plus tard, en 1991, le président Moi a finalement modifié la constitution de l'époque et le Kenya est devenu un État multipartite. Mais le 7 juillet est resté un jour de mobilisation même après l’instauration d’une nouvelle constitution, 20 ans après le premier Saba Saba Day, en 2010.
Pour les 30 ans, en 2020, des manifestations ont été à nouveau réprimées à coups de gaz lacrymogène. Le président Uhuru Kenyatta avait pourtant suspendu les réseaux sociaux pour éviter les rassemblements. Car, avec 45 millions d'abonnements à Internet, les Kenyans sont les deuxièmes utilisateurs de médias sociaux du continent, après l'Afrique du Sud. Les jeunes Kenyans sont les plus actifs sur WhatsApp et Facebook. #ThePeople'sMarchForOurLives
En Tanzanie voisine, Saba Saba Day a une autre signification. C’est un jour férié qui commémore la création de l'Union nationale africaine du Tanganyika le 7 juillet 1954. Ce jour-là, par tradition depuis 1963, se tient la Foire commerciale internationale de Dar es Salaam (DITF). Cette année, toutefois, elle s’est ouverte lundi 5 juillet et tiendra jusqu’au 13.
L'Union nationale africaine du Tanganyika (TANU) est le parti politique qui a lutté pour l'indépendance du Tanganyika (aujourd'hui la partie continentale de la Tanzanie). Elle a été fondée en juillet 1954 par Julius Nyerere, qui deviendra plus tard le premier président de la Tanzanie. Le TANU a été le parti au pouvoir en Tanzanie jusqu'en 1977, date à laquelle il a été remplacé par Chama Cha Mapinduzi.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 juillet 2023
17 juin : l'ancienne fête nationale allemande aurait encore du sens aujourd'hui
Le 17 juin a été la fête nationale de la République fédérale allemande, la RFA, de 1954 à 1990. Cette date fait référence à un contexte politique totalement révolu. À l’heure où Moscou menace à nouveau les libertés et la paix dans la partie orientale de l’Europe, de la Finlande à l’Ukraine, cette fête allemande aurait toujours du sens. Certains regrettent sa suppression et l’oubli de cette mémoire.
Le 17 juin a été la fête nationale de la République fédérale allemande, la RFA, de 1954 à 1990. Cette date fait référence à un contexte politique totalement révolu : elle rappelle la révolte des ouvriers allemands contre un régime sous tutelle de Moscou. l’Allemande de l’Est, la République démocratique allemande (RDA), était inféodée à l’URSS depuis la défaite de l’Allemagne nazie en 1945 et l’occupation de sa partie orientale (à l’exception des quartiers ouest de Berlin) par les troupes soviétiques.
Depuis 1949, l’Allemagne était divisée en deux. Très vite l’écart s’est creusé entre les eux États. La partie orientale du pays, vivant sous dictature communiste avait un niveau de vie bien plus faible qu’à l’ouest ce qui a entraîné la révolte ouvrière du 17 juin 1953. Staline était mort quelques mois plus tôt, le 5 mars, le peuple allemand s’était mis à espérer un desserrement de la tutelle russe. La riposte fut sanglante : les chars soviétiques ont rétabli l’ordre au prix d’une vingtaine d’exécutions sommaires et de milliers d’arrestations, 2000 insurgés sont emprisonnés, certains pour de longues années. L’année suivante, en 1954, l’Allemagne de l’Ouest qui n’avait plus de fête nationale (depuis l’abolition du 1er mai de l’époque nazie) fera du 17 juin sa fête nationale. À l’Est, il n’était pas question de commémorer un tel événement : la fête nationale était le 7 octobre date de la fondation de la RDA. Moscou avait repris le régime en main à l’aide de ses nombreux agents présent sur place, notamment un certain Vladimir Poutine, qui étaient là pour perpétuer l’emprise de l’URSS sur la partie orientale de l’Europe.
Ces deux fêtes ont été supprimées en 1990, suite à la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, pour être remplacées par le 3 octobre, une date purement administrative. Certains regrettent, aujourd’hui encore, la disparition de la fête nationale du 17 juin, surtout depuis que Moscou menace à nouveau les libertés et la paix dans la partie orientale de l’Europe, de la Finlande à l’Ukraine.
Pour en savoir plus : lire l’ouvrage de Patrick Guelpa : 17 juin, La fête des Islandais, la mémoire des Allemands et autres histoires…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
4 mai : place Tien an Men, la jeunesse manifeste contre les pouvoirs
Le 4 mai 1919, 3 000 étudiants manifestent à devant la porte Tien an Men à Pékin. Ils protestent conte les conditions imposées à la Chine par le traité de Versailles… une date mythique en Chine. Les étudiants qui se sont fait massacrer le 4 juin 1989, étaient inspiré par l’esprit du 4 mai.
Bien sûr, il ne s’agit pas de la manifestation à laquelle on pense qui est commémorée aujourd’hui mais celle du 4 mai 1919. Ce jour-là, quelque 3 000 étudiants manifestaient à Pékin, devant la porte Tien an Men. Ils protestaient contre les conditions imposées à la Chine par le traité de Versailles qui avantageaient le Japon. Ce mouvement traduit l'émergence en Chine d'une conscience patriotique opposée aux Occidentaux comme aux Japonais. C’est pour cela que cette manifestation a toujours été commémorée par le pouvoir chinois. Mais, c’est aussi le premier mouvement de la jeunesse chinoise moderne. Ils protestaient aussi, et surtout, contre le pouvoir des mandarins et l’oppression des femmes. Ils considéraient l'armée qui dirigeait la Chine comme des dictateurs corrompus qui n'avaient pas réussi à protéger la patrie chinoise. Les manifestations qui s’étaient prolongées par des grèves massives, en juin 1919, avaient fini par faire céder le pouvoir. Le gouvernement Beiyang avait ordonné à ses représentants en France de refuser de signer le traité de Versailles, de licencier les fonctionnaires que les manifestants jugeaient particulièrement corrompus et de libérer tous les étudiants emprisonnés. Le mouvement du 4 Mai (五四运动) est resté ancré dans la mémoire chinoise.
Il est commémoré chaque année en république populaire de Chine, où depuis 1949, le 4 mai est la Fête de la Jeunesse (青年节). À cette occasion, les jeunes de 14 à 28 ans ont une demi-journée de congé. Évidemment, c’est une jeunesse docile qui est célébrée, pas celle qui se soulève. Pour le 70e anniversaire, en 1989, se souvenant du Mouvement du 4 mai, des milliers d’étudiants ont manifesté sur la même place Tien an Men qu’ils ont occupé pendant un mois dans le but de faire bouger les choses en direction de la démocratie. En réponse, le gouvernement chinois instaura la loi martiale et fit intervenir l'armée. La révolte finira en bain de sang. C’était un 4 juin (une date qu’il est, bien sûr, absolument interdit de commémorer).
Le 4 mai est aussi célébré à Taïwan, où c'est la Fête de la Littérature (文藝節).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
9 novembre : il y a 90 ans, l'armée suisse tirait sur la foule des manifestants
Le 9 novembre 1932, à Genève, l’armée tirait sur une foule tentant d’empêcher un meeting d’une organisation fasciste. Les 13 morts de cette fusillade sont commémorés chaque année par la gauche genevoise.
Le 9 novembre 1932, l’extrême droite fasciste genevoise organisait un meeting à la salle communale de Plainpalais pour une mise en accusation publique de deux leaders de la gauche genevoise : Léon Nicole et Jacques Dicker. Pour empêcher ce meeting, une manifestation ouvrière réunit plusieurs milliers de personnes. Craignant des troubles, le Conseil d’État fait appel à l’armée qui envoie de jeunes recrues inexpérimentées encadrées par des officiers qui leur font croire qu’une révolution de type bolchevique a éclaté à Genève. Pressée par les manifestants devant l’ancien Palais des expositions (actuellement Uni-mail), l’armée tire dans la foule à 21 h 34 sans sommation, assassinant en quelques secondes 13 personnes et en blessant des dizaines d’autres… Les victimes sont surtout des passants et des curieux plus que des militants socialistes.
Aucun soldat ne sera poursuivi, en revanche, le lendemain, Nicole et six autres socialistes sont arrêtés, rendus responsables de ces événements puis écroués à Saint-Antoine. En mai 1933, à l'indignation générale de l'opinion publique, Léon Nicole sera condamné par une cour d'assises fédérale à 6 mois de prison. Une fois relâché, Léon Nicole a repris la direction du parti socialiste genevois et est devenu président du Conseil d'Etat le 1er décembre 1933. Genève a connu le premier gouvernement à majorité de gauche en Suisse. Celui durera jusqu’en 1936.
En 2016, le gouvernement genevois demande la réhabilitation nationale des sept condamnés : Léon Nicole, Auguste Millasson, Francis-Auguste Lebet, Jules Daviet, Albert Wütrich, Francis Baeriswyl et Edmond Isaak par une cour d'assises fédérale le 3 juin 1933 à 6 mois de prison. Ces personnes avaient été défendues par Jacques Dicker, l'arrière grand-père de l'écrivain Joël Dicker. Cette réhabilitation sera refusée par Berne en 2019. Un refus qui n'empêche pas une partie des Genevois de perpétuer leur devoir de mémoire, à chaque date anniversaire.
Cette année, pour les 90 ans du drame, e comité intersyndical et des organisations politiques organisent une cérémonie en leur hommage en réitérant le mot d’ordre « Plus jamais ça ! » La cérémonie commence à 18h devant la Pierre du 9 novembre, en face d’Uni-Mail. Une exposition et une conférence marquent aussi l’événement.
La pierre commémorative a été installée en 1982, pour le cinquantenaire de l’évènement. Elle est régulièrement vandalisée, preuve que les tensions qui ont divisé Genève dans les années 1930, en très le Parti socialiste et l’Union nationale de Georges Oltramare, ne sont pas totalement éteintes.
Aux lendemains de la fusillade du 9 novembre, craignant une remise en cause de l’ordre établi, les autorités procèderont en Suisse à plus de 200 arrestations dans les milieux ouvriers. Des troupes seront mobilisées dans les cantons de Genève, Vaud, Berne et Zürich. Les distributions de tracts et manifestations seront interdites dans la plupart des villes du pays. Les journaux ouvriers seront empêchés de publication, d’autres soumis à relecture. Le drame reste une date charnière de le l’histoire politique de la Suisse.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2022
6 décembre : rassemblement commémoratif de la gauche et de la jeunesse grecque
Chaque année, le quartier étudiant de l’Exarchia, à Athènes, se soulève en mémoire d'Alexis Grigoropoulos, un adolescent de 15 ans, tué par balle par un policier le 6 décembre 2008.
Chaque année depuis 2009, le quartier étudiant de l’Exarchia, à Athènes, se soulève en mémoire d'Alexis Grigoropoulos, tué par un policier le 6 décembre 2008. Après une brève altercation verbale entre Alexis et un policier, le garçon de 15 ans a été assassiné sur-le-champ par ce dernier qui lui tire trois balles, dont une en plein cœur. L'adolescent faisait partie d'un groupe de 30 jeunes qui lançaient des pierres contre un véhicule de police patrouillant dans ce quartier d’Exarchia. Le premier ministre de l’époque, Antonis Samaras (droite nationaliste) avait envoyé la police mater un quartier connu comme un haut lieu de la résistance à l’époque de la dictature militaire et qui a la réputation d’être un fief anarchiste dans la capitale grecque. La gauche au pouvoir n’a guère calmé ce quartier qui traditionnellement se soulève chaque 17 novembre et désormais chaque 6 décembre. C’est-à-dire, aujourd’hui à 17h.
Les manifestations ont repris de l’ampleur avec l’arrivée au pouvoir de Kyriakos Mitsotakis (droite) le 8 juillet 2019. Quelques jours plus tard, le 29 juillet, la peine d’Épaminondas Korkonéas, le meurtrier, condamné en première instance, en 2010, à la prison à vie (une première dans l’histoire de la Grèce où la police est généralement protégée par les tribunaux.) a été réduite à treize ans de prison. Ce revirement de la justice grecque a provoqué de nouvelles manifestations. Lors de la première audience de l'appel, qui avait commencé en décembre 2016, Korkonéas déclarait au tribunal qu'il était innocent, et qu’il ne comptait nullement s’excuser de son geste. Malgré cela, sa mise en liberté ne devrait pas tarder.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2021