L’Almanach international

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2005, Pologne, catholiques, 2 avril Bruno Teissier 2005, Pologne, catholiques, 2 avril Bruno Teissier

2 avril : l’hommage des Polonais à leur pape

Ce soir, 2 avril, à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Toutefois, le culte de Jean Paul II n’est plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui reproche à l’Église catholique d’avoir soutenu des gouvernements particulièrement réactionnaires et anti-démocratiques.

 

Ce soir, 2 avril,  à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Aujourd’hui, des messes sont dites dans toutes les villes de Pologne, des marches et processions sont organisées un peu partout ; ce soir, des veillée de prière sont prévues… Comme chaque année, des centaines de fidèles se rassemblent devant l’archevêché de Cracovie en bas de la «fenêtre papale», de laquelle Jean Paul II avait l’habitude de dialoguer avec la foule lors de ses huit visites en Pologne.

Il a été béatifié en 2011 par son successeur, puis canonisé en 2014 par le pape François, soit moins de dix ans après son décès. Un record. Karol Józef Wojtyła est un saint dont les reliques sont sorties chaque 2 avril en procession et s’il est un pays où il est toujours particulièrement vénéré, c’est la Pologne où il est né le 18 mai 1920. L’élection de l’archevêque Wojtyla à la papauté en 1978 avait donné à la population majoritairement catholique de la Pologne le courage de s’opposer ouvertement au régime communiste. Les Polonais lui en sont très reconnaissants. À l’échelle mondiale, il a donné un élan à son Église a pourtant été critiqué de son vivant pour son conservatisme et son indulgence à l’égard des dictatures d’extrême droite, pourvu qu’elles soient catholiques. Son bilan, pour l’avenir de l’église est aujourd’hui très discuté.

Mais, depuis quelque temps c’est en Pologne même que l’on critique celui qui fut l’archevêque de Cracovie. En 2023, la télévision polonaise révèle que Monseigneur Wojtyla savait que des prêtres sous son autorité agressaient sexuellement des enfants et qu’il a tout fait pour que l’on n’en sache rien. Le futur pape les a déplacés de paroisse en paroisse dans les années 1970. L’un d’eux a même été envoyé en Autriche, après qu’ils aient été accusés d’avoir agressé des mineurs.  Le 2 avril 2023, en réaction, une statue de Jean Paul II a été vandalisée, ses mains ont été couvertes de peinture rouge et le socle marqué d'une inscription "Maxima culpa" ("La plus grande faute »), qui est le titre du livre d’Ekke Overbeek à l’origine des révélations.

Même avant cette affaire, le culte de Jean Paul II n’était plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui ne l’a pas connu. Ces révélations ont causé une grande émotion en Pologne, pays où une partie de la population a pris ses distances avec l’église accusée d’avoir soutenu pendant des années un gouvernements particulièrement réactionnaire et anti-démocratique. Ce dernier a perdu les élections de novembre 2023 et son principal soutien, le PiS (Droit et Justice) est aujourd’hui dans l’opposition.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2024

Marche dans Varsovie à l’occasion du 18e anniversaire de la mort de Jean-Paul II

 
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Pologne, Société, 24 mars, femmes Bruno Teissier Pologne, Société, 24 mars, femmes Bruno Teissier

24 mars : la Journée de la vie, journée militante anti-avortement en Pologne

La Journée nationale de la vie a été instaurée à une époque où le Parlement était dominé par les partis conservateurs et l’extrême droite catholique qui ont fait de la Pologne le pays le plus restrictif d’Europe en matière d’IVG. Depuis, le pays a changé et le nouveau gouvernement a promis de faire évoluer la législation en dépit du puissant lobby traditionaliste.

 

La Journée nationale de la vie (Narodowy Dzień Życia) a été instaurée en 2004 par le Sjem (Parlement) à une époque où il était dominé par les conservateurs et l’extrême droite catholique. Cette journée du 24 mars, qui n’est toutefois pas un jour férié, a été placée la veille de la fête chrétienne de la Nativité (25 mars) qui est aussi une journée militante. En effet, une Journée mondiale de la sainteté de la vie est célébrée chaque année le 25 mars a l’initiative du pape Jean Paul II.

Le parti Droit et justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS), nationaliste et ultra-conservateur, qui a dominé le paysage politique polonais de 2004 à 2007 et de  2015 à 2023, est aussi celui du président Andrzej Duda dont le mandat court jusqu’en juillet 2025. Celui-ci dispose d’un droit de veto sur les lois votées. L’interdiction de l’avortement a été l’un des chevaux de bataille du PIS au pouvoir pendant toutes ces années. La législation en la matière a même été nettement durcie en 2017 et à nouveau en 2020.

De fait, la Pologne reste le pays d’Europe où le droit à l'IVG est de loin le plus restrictif d'Europe (si on excepte les très hypocrites principautés du Liechtenstein et de Monaco dont les frontières sont vite franchies en cas de besoin). Cette quasi interdiction ne correspond plus aux attentes d’une population polonaise qui a pris nettement ses distances avec l’Église. En juin 2023, encore, des milliers de manifestants descendaient dans les rues de Varsovie, pour dénoncer le décès d’une femme enceinte, Dorota Lalik, le 24 mai 2023. Alors que sa vie était menacée, les médecins ont refusé d’intervenir tant que la mort du bébé n’était pas confirmée. Le bébé est mort, la mère aussi. Depuis 2020, six autres femmes enceintes ont ainsi péri, faute d’aide médicale.

L'IVG avait été autorisée par les communistes dès 1956, bien avant les pays occidentaux. C'est la chute du mur et le retour de l'Église au pouvoir, sous la présidence de Lech Wałęsa, qui avait entrainé son abrogation en 1993.

Mais depuis les élections d'octobre 2023, un nouveau gouvernement polonais, plus libéral, a déjà approuvé un projet de loi ouvrant l'accès libre à l'IVG médicamenteuse (jusque-là interdit en Pologne) et le nouveau Premier ministre Donald Tusk a annoncé que, conformément à ses promesses électorales, son parti centriste, la Coalition civique (KO), annonce un texte autorisant l'avortement légal et sécurisé jusqu'à la 12e semaine de la grossesse et et supprimant la clause de conscience pour les médecins travaillant dans les établissements publics. Arrachée au camp libéral par les mobilisations féministes, cette promesse continue à faire débat au sein de la nouvelle coalition. Le texte n’a pas encore été voté par le Sjem.

Rien n’est gagné en effet, un membre de la coalition gouvernementale, la Troisième voie (chrétien-démocrate), est opposé à l'idée d'une libéralisation aussi poussée du droit à l'avortement. Ce groupement, composé du parti Pologne 2050 du président de la chambre basse du parlement, Szymon Holownia, et du parti paysan PSL, propose seulement le retour de l'ancienne loi de 1993 qui prévoyait un droit très limité à l'avortement.

Le 24 mars est traditionnellement l’occasion de Marches pour la vie et pour la famille. Mais cette année, cependant, en raison du dimanche des Rameaux, qui tombe le 24 mars, l'événement a été reporté au 14 avril, jour du baptême de la Pologne. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2024

STRAJK KOBIET ! la grève des femmes

 
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1484, Lituanie, États-Unis, Pologne, Vies de saint, 4 mars Bruno Teissier 1484, Lituanie, États-Unis, Pologne, Vies de saint, 4 mars Bruno Teissier

4 mars : un grand marché dédié à saint Casimir, patron de la Lituanie

La foire de Kaziukas se tient à Vilnius depuis plus de quatre siècles. Il y va de l’identité lituanienne. Kaziukas est le diminutif de Casimir, Kaziuko mugé existe depuis 1604. Cette année, c’est la 420e édition.

 

Seul saint catholique à être né en Lituanie, Casimir est célébré chaque 4 mars comme nul autre dans tout le pays et notamment à Vilnius où les célébrations prennent la forme d’un marché artisanal se déroulant dans la vieille ville dont les principales journées seront ce week-end prochain. La foire de Kaziukas se tient à Vilnius depuis plus de quatre siècles. Il y va de l’identité lituanienne. Kaziukas est le diminutif de Casimir, Kaziuko mugé existe depuis 1604. Cette année, c’est la 420e édition d’une foire qui attire chaque année quelque 2 000 commerçants et un demi-million de visiteurs sur trois jours (du vendredi au dimanche)

Prince de Pologne et grand duc de Lituanie, Casimir, né à Cracovie en 1458, était appelé à succéder à son père, Casimir IV, sur le trône de Pologne mais la vie en décida autrement. Homme pieux qui avait fait vœu de célibat et de chasteté et préférait se consacrer à l’adoration du Saint Sacrement ou donner son temps aux plus démunis plutôt que de gouverner, Casimir mourut en 1484, un 4 mars, en Lituanie, des suites d’une tuberculose. Son corps repose actuellement dans la cathédrale Saint-Stanislas de Vilnius et on lui attribue beaucoup de miracles. La Kaziukas permet notamment de trouver les fameux verba, rameaux tressés et multicolores, sans équivalent ailleurs, et qui seront bénis le 5 avril (dimanche des Rameaux).

Au fil du temps, le marché a occupé de différents endroits de la ville : place de Cathédrale, Lukiškės, même le marché Kalvarijų. Suite à la restauration de l’indépendance, toutefois, le marché put reconquérir le centre de Vilnius, s’étendant sur quatre côtés – le Kaziukas occupe actuellement plusieurs kilomètres de rues, places et cours de la vieille ville.

Depuis quelques années, la Kaziukas se décline dans d’autres villes de Lituanie et de Pologne. Casimir est aussi le patron de la Pologne, à l’époque Lituanie et Pologne ne formait qu’un seul État. Hrodna, la ville où il est mort, aujourd’hui en Biélorussie l’honore également.

On observe aussi des répliques de l’évènement aux États-Unis, en particulier dans l’Illinois où vivent beaucoup de descendants de Lituaniens. Dans la région, la Saint Casimir se confond avec la journée dédiée à Casimir Pulaski, un général polonais qui a participé à la guerre d’Indépendance américaine. Le Pulaski Day a cessé d'être un jour férié pour les écoles publiques de Chicago en 2012 afin d'augmenter le nombre de jours dans l'année scolaire, bien que certaines écoles de l'Illinois, comme celle du Wisconsin, continuent d'observer le 4 mars. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 mars 2024

 
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1980, Pologne, 31 août, syndicalisme Bruno Teissier 1980, Pologne, 31 août, syndicalisme Bruno Teissier

31 août : qui se souvient de Solidarnosc ?

C'est l'anniversaire des accords de Gdansk, en 1980. La journée est chômée, connue comme la Journée de solidarité et de liberté (Dzień Solidarności i Wolności), une appellation un peu paradoxale dans un pays dirigé aujourd'hui par un parti d'extrême droite qui ne cultive pas particulièrement la solidarité et encore moins la liberté.

 

C'est l'anniversaire des accords de Gdansk, en 1980. La journée est chômée, connue comme la Journée de solidarité et de liberté (Dzień Solidarności i Wolności), une appellation un peu paradoxale dans un pays dirigé aujourd'hui par un parti d'extrême droite qui ne cultive pas particulièrement la solidarité et encore moins la liberté.

L’anniversaire est totalement désenchanté, le syndicat Solidarnoc, aujourd’hui appuyé sur le parti conservateur, n’est plus que l’ombre de lui-même. Mais, sa création, il y a 43 ans, avait eu un retentissement mondial. Tout avait débuté le 14 août 1980, les ouvriers des chantiers navals de Gdank, port polonais sur la Baltique, se mettaient en grève. Une première dans un pays communiste. Ils protestaient contre la hausse des prix et réclamaient la réintégration de leurs collègues, Anna Walentynowicz et Lech Walesa, limogés par la direction des chantiers. Finalement, le pouvoir devra céder et accepter, le 31 août 1980, la création d’un syndicat qui ne soit pas une émanation du Parti communiste, baptisé Solidarnosc (solidarité) dont Lech Walesa prenait la direction. Le Parti communiste fera machine arrière l’année suivante, mais l’histoire suivait son cours. Dix ans plus tard, Lech Walesa, lui-même, était élu président de la République. Aujourd’hui, son successeur se rend à Gdank pour déposer une gerbe de fleurs devant le monument des victimes du régime communiste. De l’histoire très ancienne pour les jeunes Polonais d’aujourd’hui.

Le 31 août a été déclaré jour férié (mais non chômé) par le Sejm (assemblée) de la République de Pologne le 27 juillet 2005, à l'occasion du 25e anniversaire des Accords de Gdansk , le 31 août 2005. Les principales célébrations ont eu lieu à Gdańsk .

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Illumination du palais présidentiel pour l’occasion (photo Marek Borawski)

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1410, Pologne, Lituanie, bataille célèbre, 15 juillet Bruno Teissier 1410, Pologne, Lituanie, bataille célèbre, 15 juillet Bruno Teissier

15 juillet : l’anniversaire de la bataille de Grunwald

Chaque année, des milliers de personnes se rassemblent le 15 juillet, ou autour de cette date, pour reconstituer, avec des costumes d’époque, une bataille célèbre qui figure dans tous les livres d’Histoire des petits écoliers polonais ou lituaniens. On fête cette année le 613e anniversaire de la bataille de Grunwald du 15 juillet 1410, devenue le symbole de la réaction de tout un pays face à une agression extérieure.

 

Chaque année, des milliers de personnes se rassemblent le 15 juillet, ou autour de cette date, pour reconstituer, avec des costumes d’époque, une bataille célèbre qui figure dans tous les livres d’Histoire des petits écoliers polonais ou lituaniens. On fête cette année le 613e anniversaire de la bataille de Grunwald.

Le 15 juillet 1410, plus de 50 000 chevaliers, fantassins et artilleurs polonais et lituaniens se sont battus dans le nord de la Pologne afin de repousser les chevaliers teutoniques, un ordre militaire et religieux allemand qui tentait d’imposer son pouvoir à l’ensemble de la région. Les Polono-lituaniens on réussit à prendre par surprise le bastion de l'Ordre à Marienburg (aujourd'hui Malbork) et l’orde a été écrasé à l'aube du 15 juillet dans les champs près de Tannenberg et Grunwald. La bataille est considérée depuis comme l'une des plus importantes de l'Histoire de la Pologne. En 1411, l'Ordre a dû payer une indemnité substantielle contre l’instauration de la Paix. Cette défaite signera le début de son déclin. Les 51 étendards teutoniques capturés ce jour-là furent partagés entre les rois Ladislas et Witold. Ils ornèrent désormais les cathédrales de Wawel et Wilno,

Cette bataille a ressurgi au XIXe siècle dans le récit national polonais, en témoignent les fêtes de Grunwald organisées à Cracovie en 1910 et l’impressionnante reconstitution de la bataille en 2010 pour le 600e anniversaire devant des dizaines de milliers de spectateurs. La charge émotionnelle entourant cette bataille a culminé au début des années 1990, à l’époque où l’Allemagne hésitait à reconnaître la frontière Oder-Neisse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1943, Pologne, Seconde Guerre mondiale, Shoah, 19 avril Bruno Teissier 1943, Pologne, Seconde Guerre mondiale, Shoah, 19 avril Bruno Teissier

19 avril : la mémoire de l’insurrection du ghetto de Varsovie

Il y a 80 ans, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblin­ka… Ce soulèvement est considéré comme étant l'acte de résistance juive pendant la Shoah le plus connu et le plus commémoré.

 

Comme chaque année, en dépit de relations plutôt froides entre les deux pays, une délégation israélienne accompagne le président polonais pour déposer une gerbe devant le monument érigé à la gloire des héros du ghetto. Cette année, alors qu’on célèbre le 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie (80. rocznica powstania getta warszawskiego), Israël entame une normalisation de ses relations avec la Pologne. Les deux pays vont à nouveau échanger des ambassadeurs (lequel étaient absents depuis 2021). Aujourd’hui, des fêtes, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales, des conférences scientifiques, des ateliers et des promenades sont au programme.

Le musée du Ghetto de Varsovie (WGM), entre autres organise un concert de l'orchestre symphonique polono-israélien le 19 avril au Grand Théâtre - Opéra National. Le concert a eu lieu sous le patronage du président Andrzej Duda. L'orchestre, composé de jeunes musiciens de l'Académie de musique et de danse de Jérusalem et de l'Université de musique Fryderyk Chopin, est dirigé par Anna Sułkowska-Migoń (lauréate cette année du "Polityka's Passport"). Pendant le concert, la 8e Symphonie op. 53 "Fleurs polonaises". Les auteurs de l'ouvrage sont Mieczysław Weinberg et Julian Tuwim. Une pièce composée spécialement pour cette occasion par Elżbieta Sikora sera également présentée. Le WGM a également préparé l'exposition "Mémoire 1943" à Kordegarda - la galerie du Centre national de la culture (30 mars - 10 mai).

Il n’y a plus de témoins directs (le dernier combattant du ghetto de Varsovie, Simha Rotem est décédé le 22 décembre 2018 à l'âge de 94 ans), on évoque le courage de ces hommes face à leurs bourreaux et finalement à la mort. Le 19 avril 1943, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblin­ka. À cette époque, ils n’étaient plus que 60 000 dans la capitale polonaise contre 450 000 en 1940. Cette insurrection de près d’un mois, sans moyens et sans véritable espoir, aboutira à la destruction totale du ghetto et à la mort quasi-totale de ses derniers occupants.

À Paris, le Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) et de nombreuses associations et personnalités dont Memorial 98, a rendu hommage aux résistants du ghetto, le dimanche 16 à 14 30 h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Le monument érigé à la gloire des héros du ghetto de Varsovie

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Pologne, 24 mars Bruno Teissier Pologne, 24 mars Bruno Teissier

24 mars : en Pologne, la journée nationale de la vie, une journée militante et controversée

La thématique de cette journée officielle en Pologne a été imposée au pays par les milieux catholiques ultra-conservateurs, actuellement au pouvoir à Varsovie. La législation anti-avortement qui en a découlé est à l’origine de nombreux drames dans le pays.

 

Cette journée nationale de la vie (Narodowy Dzień Życia ) est un jour férié récent. Il a été créé par une résolution du Sejm (parlement) du 27 août 2004. Il est férié mais non chômé. La date choisie pour cette journée par la mouvance la plus conservatrice du Parlement, est la veille de la fête catholique de l’Annonciation, le 25 mars.

Depuis la création de cette fête, les célébrations ont chaque année leurs slogans directeurs. Jusqu'à présent, ceux-ci ont inclus: "La famille comme recette de crise", "Je parie sur la famille", "Ensemble pour toujours", "Je suis mère, c'est mon métier". Le slogan attribué à une célébration de la Journée de la vie donnée mettait toujours l'accent sur la valeur qui était particulièrement promue au cours d'une année donnée. Le thème de cette année est "Nos familles, nos enfants, notre avenir".

La coalition ultra-conservatrice au pouvoir en Pologne est dominé par le PIS, (Prawo i Sprawiedliwość) est un parti politique d’extrême droite réactionnaire et eurosceptique. Il devient majoritaire au parlement en 2005 et prôné un durcissement de la loi anti-avortement, le refus du mariage homosexuel comme de l’euthanasie, et lance la promesse d’un référendum sur la peine de mort…

En Pologne, l’IGV est quasiment interdite. Seules deux exceptions existent : si la vie de la mère est en danger ou bien si la grossesse est le résultat d’un viol ou d’un inceste. Cette seconde exception est même régulièrement menacée par les militants pro-vie qui, par ailleurs, ont obtenu l’interdiction de l’IVG en cas de malformation du fœtus. Telle est la thématique d’une journée officielle à laquelle n’adhère qu’une partie de Polonais. Cette législation, l’une des plus restrictive d’Europe a déjà tué plusieurs femmes, morte à l’hôpital public, pendant que les médecins évaluaient les chances de survie du fœtus et refusait d’intervenir tant qu’il existait un souffle de vie de sa part quitte à sacrifier la santé, voire la vie de la mère.

La thématique de cette journée officielle en Pologne est partagée par les milieux catholiques ultraconservateurs, notamment aujourd’hui en Italie, et les courants d’extrême droite du protestantisme américain.

 
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1238, Pologne, fête régionale, 19 mars Bruno Teissier 1238, Pologne, fête régionale, 19 mars Bruno Teissier

19 mars : la journée de la culture cachoube

C’est la Journée de l’unité cachoube, une minorité slave qui vit au centre de la Poméranie, principalement dans l’arrière-pays de Gdansk, en Pologne. Longtemps oubliée, voire niée, la Cachoubie met aujourd’hui sa culture en avant, notamment en organisant un rassemblement géant d’accordéonistes.

 

S’il est jour où il faut visiter la Cachoubie, c’est bien le 19 mars. Depuis 2004, c’est la Journée de l’unité cachoube (Dzéń Jednotë Kaszëbów). Cette minorité vit au centre de la Poméranie, principalement dans l’arrière-pays de Gdansk et de Gdynia, deux ports polonais sur la Baltique. Le cachoube est une langue slave distincte du polonais. Elle est parlée par quelque 100 000 personnes. Longtemps la Cachouie (Kaszub) a abrité une minorité slave au sein d’un pays germanique, c’est ce qui explique qu’elle ne se soit pas fondue dans la culture polonaise. C’est le glissement au XXe siècle de la frontière polono-allemande vers l’ouest qui a placé les Cachoubes au cœur de la Pologne, avec le risque de voir leur identité diluée dans celle, hégémonique, de la Pologne.

Cette journée dédiée à la culture cachoube se fait surtout en musique, en particulier à l’accordéon, grande spécialité régionale. Chaque année, lors d’un rassemblement, on tente de battre le record du nombre d'accordéons jouant en même temps. Le dernier record était de 372 participants en 2016 à Boyana. Chaque 19 mars, après la messe, on défile ensuite aux couleurs (noir et jaune) du drapeau de la Cachoubie.

La date de cette fête correspond à la première mention de la Cachoubie dans un document officiel, c’était le 19 mars 1238, le pape Grégoire IX désignait le duc de Szczecin comme "le prince de Cachoubie" (en latin bien sûr : “duce Cassubie” ).

La journée est coordonnée et parrainée par l'association Cachoube-Poméranie basée à Gdańsk. Elle se concentre sur la promotion de la culture cachoube. La célébration comprend des expositions, des foires d'art populaire et un tournoi de baszka, le jeu de cartes traditionnel inventé par les Cachoubes. Chaque année, l'événement a lieu dans une ville de Cachoubie différente : il a déjà été organisé à Gdańsk (en 2004), Tuchomie, Kramarzyny, Miastko, Bytów, Kartuzy, Słupsk, Brusy, Kościerzyna, Sierakowice, Żuków (en 2019)… En 2023, après une interruption pour cause de covid, c’est à Gniewino que se déroule la fête.

Un site officiel pour avoir le programme de la prochaine journée

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1945, Allemagne, Israël, Pologne, Shoah Bruno Teissier 1945, Allemagne, Israël, Pologne, Shoah Bruno Teissier

27 janvier : il y a 78 ans, on découvrait l'horreur d'Auschwitz

Il y a 78 ans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau était libéré par l’Armée Rouge. Les soldats russes découvraient 7650 survivants à la limite de leurs forces. Des cérémonies ont lieu un peu partout dans le monde, ainsi que dans ce qui reste du camp. Cette année, elles se dérouleront sans les officiels russes.

 

Cette commémoration est récente : la date du 27 janvier a été choisie par le Conseil de l’Europe, en 2002, puis par la France, en 2003, comme Journée de la mémoire de la Shoah et de prévention des crimes contre l’humanité dans les établissements scolaires. Plus récemment encore, en 2006, l’ONU en a fait la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste

Il y a 78 ans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau était libéré par l’Armée Rouge. Les soldats russes découvraient 7650 survivants à la limite de leurs forces. Dix jours plus tôt les SS de l’armée allemande, reculant devant les Soviétiques, avaient emmené 58 000 personnes dans une marche de la mort qui fut fatale à la plupart de ces prisonniers faméliques. Le camp a été construit par les autorités nazies à 60 km de Cracovie dans la Pologne occupée. Le bilan de son activité ne sera établi qu’après la guerre : 1 100 000 personnes y sont mortes, exterminées par le gaz dans leur grande majorité, dont 960 000 juifs.  

Cette année, les représentants de la Russie n’ont pas été invités aux commémorations du 78e anniversaire de la libération par l’Armée Rouge du camp de la mort nazi d’Auschwitz-Birkenau, à la suite de l’agression russe contre l’Ukraine. Ce n’est pas la première fois : lors des cérémonies du 70e anniversaire, il y a 8 ans, les Polonais avaient «oublié» d’inviter les officiels russes. Le Kremlin ayant accusé, à plusieurs reprises, mais à tort, l’État polonais d’avoir collaboré avec Hitler… La mémoire, fut-elle aussi douloureuse, n’échappe pas à la géopolitique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 janvier 2023

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1984, Pologne, 19 octobre, Catholiques, Communisme Bruno Teissier 1984, Pologne, 19 octobre, Catholiques, Communisme Bruno Teissier

19 octobre : hommage des Polonais à Jerzy Popiełuszko

Jerzy Popiełuszko, jeune prêtre polonais, avait dès août 1980 soutenu ouvertement les grévistes de Solidarność. Son assassinat, le 19 octobre 1984, avait relancé le syndicat Solidarność dont l’activité protestataire était à la peine sous le régime communiste polonais. Il aurait 75 ans.

 

Son assassinat, il y a 38 ans, avait relancé le syndicat Solidarność dont l’activité protestataire était à la peine sous le régime communiste polonais. La découverte de son corps torturé après avoir été enlevé par des militaires, agents des services secrets, avait entraîné la manifestation de quelque 500 000 personnes.

Jerzy Popiełuszko, jeune prêtre de 33 ans, avait dès août 1980 soutenu ouvertement les grévistes de Solidarność. Dès lors il multiplia les sermons incendiaires contre le régime du général Jaruselski. Dans ses homélies, il dénonçait ouvertement les persécutions des opposants au régime, la censure et la répression : « La violence n’est pas une preuve de force, mais de faiblesse. Celui qui n’a pas su s’imposer par le cœur ou par l’esprit, cherche à gagner par la violence », disait-il en pleine loi martiale. Les autorités cherchaient à le bâillonner. Jerzy Popiełuszko a été victime de plusieurs attentats dont il a réchappé. Le 19 octobre 1984, la dernière tentative sera la bonne. Il est enlevé par trois hommes. Après un passage à tabac brutal, les tortionnaires ont jeté le prêtre dans la Vistule, près de Włocławek. Retrouvé plusieurs jours plus tard, il a été enterré sur la place devant l'église de St. Stanisław Kostka, où il était prêtre.

La modeste tombe de Jerzy Popiełuszko à Varsovie, objet de pèlerinage, a été visitée par des millions de personnes. Les Polonais lui rendent hommage chaque 19 octobre. La Vatican l’a béatifié en 2010, on parle même d’une canonisation.

La célébration du 38e anniversaire de la mort du martyr Popiełuszko (rocznica śmierci męczennika Popiełuszki) se déroule sur plusieurs jours sous le patronage du président de la République de Pologne, Andrzej Duda. Cela a débuté avec une pièce de théâtre dont la première a été jouée le jour du 75e anniversaire du père Jerzy. Le 19 octobre 2022 à 18h00 dans l'église Saint-Stanisław Kostka, à Varsovie, une messe solennelle est dite avec une prière pour la canonisation du bienheureux père Jerzy Popiełuszko. Le même jour, une chapelle dans laquelle se trouvent des reliques de la soutane, de la chemise et des objets que l'aumônier de Solidarité avait avec lui au moment de sa mort, est ouverte aux fidèles.

Les célébrations se termineront le 30 octobre avec "Chant de foi et de liberté", interprété par le Père Popiełuszkolors de ses messes pour la patrie. 

La figure du prêtre martyr de la liberté est aujourd’hui reprise par le régime d’extrême droite de Jarosław Kaczyński (président du PiS, le parti au pouvoir). Celui-ci n’hésite pas à comparer les manifestations de mécontentement à son égard aux violences faites à Jerzy Popiełuszko, assimilant ainsi les opposants politiques à des criminels.

Pour suivre les fêtes religieuses, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1791, Pologne, constitution, 3 mai Bruno Teissier 1791, Pologne, constitution, 3 mai Bruno Teissier

3 mai : fête nationale de la Pologne

La fête du 3-Mai commémore l'adoption de la Constitution du 3 mai 1791, une charte qui a permis aux Polonais de conserver espoir que leur État allait renaître après chaque disparition, suite aux partages du pays entre Russie et Allemagne.

 

Le 3 mai, la Pologne célèbre un jour férié national et public connu sous le nom de Jour de la Constitution du 3 mai (Święto Konstytucji 3 Maja) ou fête nationale du 3-Mai. C’est l’une de ses deux fêtes nationales, elle commémore l'adoption de la Constitution du 3 mai 1791.

Pour célébrer le texte fondamental, un marathon est organisé à Varsovie : le Marathon de la constitution du 3-Mai (Bieg Konstytucji 3 Maja), lequel s’élance à 11 heures du château d'Ujazdowski et y retourne après une boucle. Voici le site de la course : www.bieg3maja.pl

La Constitution de 1791 a été adoptée par le Grand Sejm de l’union polono-lituanienne (la République des Deux Nations). Il a été conçu pour amender le système politique du pays en corrigeant ses défauts. Lorsque l'État polonais souverain a cessé d'exister à la suite des partitions de la Pologne, la Constitution est devenue un symbole d'espoir pour la restauration de la souveraineté du pays. Cette charte a permis aux Polonais de conserver espoir que leur État allait renaître après chaque disparition, suite aux partages du pays entre Russie et Allemagne.

Le jour de la Constitution polonaise a été célébré pour la première fois en 1792. Il a été interdit lors des partitions de la Pologne, mais de nombreuses personnes ont continué à le céléber officieusement. Après l'établissement de la deuxième République polonaise, le jour de la Constitution a été déclaré jour férié officiel en 1919. Il a été aboli en 1951 par le régime communiste. Le jour férié a été ensuite rétabli en 1990.

Le 3-Mai est considéré comme la fête la plus importante en Pologne. Ce jour-là, de nombreuses festivités ont lieu dans tout le pays. La célébration officielle comprend généralement le hissage du drapeau national, des discours de personnalités publiques, des défilés militaires, des salves de canon, des chants patriotiques, des messes de célébration, des concerts, des expositions.

La Pologne tend aujourd’hui à sacraliser son indépendance juridique, au point de se mettre à dos ses partenaires de l’Union européenne qui pourtant pointe du doigt les manquements du pouvoir d’extrême droite polonais à l’égard de la propre constitution de la Pologne (celle adoptée en 1997).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mai 2022

 

Fête de la Constitution, le 3 mai 2014, sur la place du vieux marché de Bydgoszcz avec la participation de l'orchestre militaire de la garnison et de l'ensemble de chant et de danse de la terre de la ville.

Hussards de la voïvodie de Couïavie-Poméranie, sur la place du Vieux Marché à Bydgoszcz, pendant le jour de la Constitution le 3 mai 2015

Le marathon de la Constitution, à Varsovie

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1940, Pologne, URSS, Russie, massacre, 13 avril Bruno Teissier 1940, Pologne, URSS, Russie, massacre, 13 avril Bruno Teissier

13 avril : à Katyn, le massacre des élites polonaises sur ordre de Moscou

Pologne célèbre par un jour férié, la Journée du souvenir des victimes du massacre de la forêt de Katyń au printemps 1940 par les Soviétiques.

 

Le 13 avril est désigné en Pologne comme la Journée du souvenir des victimes du massacre de la forêt de Katyń (Dzień Pamięci Ofiar Zbrodni Katyńskiej) en 1940. Longtemps Moscou a nié le crime et en a accusé les nazis. Ce n’est qu’en 1990, à l'occasion du 50e anniversaire du massacre, que l'Union soviétique a officiellement reconnu sa responsabilité dans la mort de plus de 20 000 Polonais sommairement exécutés par le NKVD (le Commissariat du peuple aux affaires intérieures) au printemps 1940.

La Russie est constamment en quête d’un contrôle absolu de ses marges. Suite au Pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939, les troupes de l’Allemagne nazie et celles de l’URSS ont envahi la Pologne, la faisant disparaître de la carte. Chacune occupant une moitié du pays. Le projet, non avoué, était aussi de faire disparaître la Pologne en tant que nation afin de mieux contrôler le territoire. Éliminer les élites était dans l’esprit de Staline, un moyen d’y parvenir. Près d’un demi-million de Polonais sont déportés au Goulag entre septembre 1939 et juillet 1941. Parmi eux, 21 892 personnes sont transportées en camion vers les cinq sites d'exécution. Le plus célèbre se situe dans la forêt de Katyń, près de Smolensk, à 50 km de la frontière biélorusse. Les victimes sont principalement des officiers, mais ont compte aussi des étudiants, des médecins, des ingénieurs, des enseignants… ils sont abattus d’une balle dans la nuque et ensevelis dans des fosses communes. Ceux qui ont écrit une dernière lettre à leur famille avant de mourir ont, involontairement, livré leur adresse. Ce qui a permis aux Soviétiques de déporter 60 667 personnes supplémentaires au Kazakhstan dans conditions inhumaines. Beaucoup ne reviendront pas. Pendant cette période (été 1939- été1941), quelque 150 000 Polonais auront perdu la vie du fait des exécutions et des  persécutions soviétiques.

Pendant la guerre froide, les crimes de Katyn ont été attribués aux nazis qui ont occupé la région à partir d’août 1941. C’est d’ailleurs l’armée allemande qui découvre le premier charnier à ce moment-là. La presse nazie exploite largement, la macabre découverte. Mais l’URSS est dans le camp allié… La controverse durera jusqu’à la fin des années 1980, dans des documents sont découverts fortuitement en Russie, dans le contexte de la glasnost, qui permettent d'établir la responsabilité soviétique dans le massacre de Katyń. Après quelques atermoiements, Gorbatchev présente ses excuses officielles au peuple polonais lors d'une cérémonie organisée au Kremlin, le 13 octobre 1990, à l'occasion de la journée mondiale pour les victimes de Katyń. En 2010, la Douma russe reconnaît la responsabilité directe de Staline en s’appuyant sur des documents conservés dans les archives secrètes du Kremlin prouvent que Staline a bien ordonné personnellement ce massacre. La même année, Vladimir Poutine explique le massacre par une vengeance de Staline pour la mort de 32 000 soldats et officiers russes pendant la guerre avec l'URSS en 1920-1921. Dans le cadre de la réhabilitation de Staline, ce crime est aujourd’hui effacé des manuels d’histoire de la Russie. La chape de plomb sur la vérité historique est retombée.

C’est en 2007 que la Journée du souvenir des victimes du massacre de la forêt de Katyń, a été fixée au 13 avril par le Sejm (la chambre basse du parlement polonais). Elle est depuis commémorée chaque année par un jour férié. En 2010, alors qu’il se rendait sur le site du massacre avec une importante délégation, l’avion du président polonais s’est écrasé près de Smolensk, le 10 avril. Un drame qui donne lieu à d’autres commémorations et d’inévitables rumeurs sur l’origine de l’accident qui a décimé la classe politique polonaise.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1944, 1939, Roumanie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Bulgarie, 23 août Bruno Teissier 1944, 1939, Roumanie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Bulgarie, 23 août Bruno Teissier

23 août : une date funeste en Europe orientale

Une date à double face : l’ancienne fête nationale de la Roumanie communiste est aussi l’anniversaire du funeste pacte germano-soviétique.

 

Le 23 août était autrefois la fête nationale de la Roumanie communiste. La date célébrait la chute du régime fasciste d’Ion Antonescu par un coup d’État mené par le roi Michel Ier, le 23 août 1944. La Seconde Guerre mondiale n’était pas terminée et la Roumanie changeait de camp à la suite d’un renversement politique. En 1941, la Roumanie était entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne nazie. Suite à ce coup d’État, le roi rejoignait les Alliés et déclarait la guerre à l’Allemagne. Mais, alors que l’Armée Rouge avançait, les communistes se sont rapidement imposés au pouvoir. En 1947, ils forcent le roi à abdiquer et s’approprieront l’événement. De 1949 à 1990, en effet, le 23 août a été célébré comme le Jour de libération de l'occupation fasciste (Ziua eliberării de ocupația fascistă). C’était alors la principale fête de l'État roumain communiste. Après la chute Ceaucescu, la fête nationale roumaine a été déplacée au 1er décembre, une référence à la Grande Roumanie de 1918. Car, même si elle évoque la chute du fascisme, la date du 26 août était bien trop associée au communisme roumain.

La date du 23 août est toujours présente dans le calendrier mémoriel, mais elle a changé d’appellation et de référence historique. C’est aujourd’hui la Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme. Une célébration instaurée en 2009 par le Conseil de l’Europe. La date est celle du Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, aussi appelé pacte Molotov-Ribbentrop, qui a scellé le sort de toute l’Europe orientale, de l’Estonie à la Bulgarie, une série de pays européens commémorent cette date sous le nom de Jour du Ruban noir. La date est ignorée par la France mais elle est marquée, chaque année, par les États d’Europe orientale mais également par la Suède et le Canada.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 août 2021

 
chaîne humaine dans les Pays baltes, un 23 août

chaîne humaine dans les Pays baltes, un 23 août

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1918, Pologne, 11 novembre, indépendance Bruno Teissier 1918, Pologne, 11 novembre, indépendance Bruno Teissier

11 novembre : les Polonais, plus divisés que jamais, fêtent la renaissance de leur pays

Les Polonais ne fêtent pas la fin de la Première guerre mondiale, pour eux la guerre continue encore pendant deux ans (contre les Russes). Pour eux, ce jour férié célèbre le Jour de l’indépendance nationale (Narodowe Święto Niepodległości), la fête nationale de la Pologne.

 

Les Polonais ne fêtent pas la fin de la Première guerre mondiale, pour eux la guerre continue encore pendant deux ans (contre les Russes). Ce jour férié célèbre le Jour de l’indépendance nationale (Narodowe Święto Niepodległości), la fête nationale de la Pologne.

Disparue à la fin du XVIIIe, la Pologne réapparaissait sur la carte de l’Europe après 132 ans d’absence, hormis l’existence d’un duché de Varsovie de 1807 à 1831. C’est ce que l’on fête aujourd’hui. La date choisie, ne correspond pas à la déclaration d’indépendance, prononcée le 12 novembre 1917 par le Conseil de régence ni de l’annonce au reste du monde de la création d'un État polonais indépendant, le 16 novembre 1918. Le 11 novembre, c’est le jour la prise de pouvoir de Józef Piłsudski, l’homme qui dirigera la Pologne jusqu’à sa mort en 1935. La célébration du 11 novembre a été instaurée par ses successeurs à la tête d’un régime autoritaire. Elle n’a été fêtée que deux fois en 1937 et en 1938. Interdite par les nazis en 1939, puis les communistes, en 1945, elle a été réinstaurée en 1989. Sous le communisme, c’était une journée de manifestations (interdites). Depuis 1989, c’est une journée d’affrontement entre une extrême droite, qui pour l’occasion invite toute l’Europe fasciste pour une « Marche de l'indépendance » qui se déroule au cri de mort aux juifs, morts aux ennemis du peuple, morts aux laïques… et une Marche populaire qui rassemble leurs adversaires.

Depuis 2013, les Polonais sont invités à se contenter d’envoyer gratuitement des cartes de voeux le 11 novembre, une démarche visant à dépolitiser cette journée nationale souvent marquée par la violence. L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en 2015 n’a pas arrangé les choses. Cela dit cette année, en raison des restrictions sanitaires, le gouvernement a interdit la marche des extrémistes de droite. Ceux-ci ont répliqué en appelant à un rassemblement motorisé dans le centre de Varsovie, à 14 heures au rond-point de Dmowskiego. Les restrictions actuelles interdisent les rassemblements de plus de cinq personnes. Les féministes ont également renoncé à leur projet de marche anti gouvernementale. En effet, malgré les restrictions, les villes polonaises ont connu des manifestations de masse ces dernières semaines contre une décision de justice qui interdit l'avortement dans ce pays à majorité catholique. 

Pour la première fois, l’armée ne défilera pas non plus ce 11 novembre, les autorités se contentent de dépôts de gerbes. Des messes sont dites, diffusées en live sur internet. À midi, les autorités invitent les Polonais à chanter l’hymne national, en se joignant au chant diffusé à la radio et à la télévision publique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2020

 
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2010, Pologne, 10 avril, drame national Bruno Teissier 2010, Pologne, 10 avril, drame national Bruno Teissier

10 avril : il y a dix ans, le crash qui décimait la classe politique polonaise

Journée douloureuse pour la Pologne qui commémore le crash du 10 avril 2010 qui a fait disparaitre son président, ainsi que 91 personnalités politiques éminentes. Journée de propagande exacerbée pour le gouvernement d'extrême droite qui exploite ad nauseam la catastrophe de Smolensk pour abolir progressivement la démocratie.

 

Journée douloureuse pour la Pologne où l’on commémore le crash du 10 avril 2010, survenu près de Smolensk, qui a fait disparaître son président, ainsi que 91 personnalités politiques éminentes (chefs d’état-major, ministres, cardinaux, etc.). Journée de propagande exacerbée pour le gouvernement d'extrême droite qui exploite ad nauseam la catastrophe de Smolensk pour abolir progressivement la démocratie.

L’accident s’est produit non loin de la forêt de Katyń, où, soixante-dix ans plus tôt, le NKVD a exécuté près de 22 000 officiers polonais, capturés dans la foulée de l’invasion de la Pologne par l’Armée rouge en 1939. L’accident se produit seulement trois jours après que Vladimir Poutine a invité les dirigeants de la Pologne à commémorer à ses côtés le massacre de Katyń, réalisant ainsi la promesse de Mikhail Gorbatchev de rompre avec un demi-siècle de déni de la part du régime soviétique.

Le drame de Smolensk a profondément divisé les Polonais et il a rebattu les cartes politiques, offrant une nouvelle chance aux ultra-conservateurs de PiS de fédérer les mécontentements sociaux. Cet accident, dû en réalité aux conditions météorologiques et à l’impatience du président Lech Kaczynski, fut immédiatement interprété par une partie de la population comme le résultat d’un attentat provoqué par Poutine. Jouant sur la fibre nationaliste, le parti Droit et Justice au pouvoir (PiS), dont le chef, Jaroslaw Kaczynski, est le frère jumeau du président disparu à Smolensk, a profité de la catastrophe pour s’imposer durablement au pouvoir. Aujourd’hui, dans un contexte de pandémie, le gouvernement tente un passage en force électoral au mois de mai prochain, visant à se maintenir au pouvoir.

D’ordinaire, des messes à l’intention des victimes du crash sont célébrées dans toute la Pologne ainsi qu’à l’étranger. Les sites de mémoire dédiés à tous ceux qui sont morts dans la catastrophe du 10 avril 2010 ont été décorés de fleurs et de flambeaux. Chaque année, à Cracovie, le Président participe à la prière sur la tombe Lech et Maria Kaczyński dans la crypte de la cathédrale au Wawel.  Un appel de la mémoire a eu lieu devant le Palais présidentiel – les noms de toutes les victimes de la catastrophe y ont été prononcés, une prière a été dite à leur intention. Dans la soirée les représentants des plus hautes autorités de l’État participent à une messe à l’intention des victimes de la catastrophe, concélébrée par le cardinal-métropolite de Varsovie. Une célébration a eu lieu aussi au cimetière militaire de Powązki où reposent 28 des victimes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2020

 
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