L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
30 septembre : la Chine honore ses martyrs en renouvelant ses héros
Ce jour férié de création récente (2014), participe à l’exaltation du nationalisme chinois qui a très amplement remplacé l’idéal communiste. En cette période de tension géopolitique régionale, il convient pour les dirigeants chinois de mobiliser le peuple. Cette célébration semble aujourd’hui plus importante pour le régime que les 75 ans de la victoire de Mao qui seront fêtés demain.
À Pékin, en cette veille de fête nationale, une cérémonie grandiose est organisée place Tiananmen, autour du Monument aux héros du peuple, en présence du président Xi Jinping, accompagné des dirigeants du Parti et de l'État. Cette célébration est de création récente, elle participe à l’exaltation du nationalisme qui a très amplement remplacé l’idéal communiste. Xi Jinping a déclaré qu'« une nation prometteuse ne peut pas aller de l'avant sans héros » et que « ce n'est qu'en respectant les héros que d'autres héros émergeront ». En cette période de tension géopolitique régionale, il convient de mobiliser le peuple. Cette célébration semble aujourd’hui plus importante pour le régime que les 75 ans de la victoire de Mao qui seront fêtés demain.
Avant 2014, on se contentait d’un dépôt de la corbeille de fleurs au pied du monument, le 1er octobre pendant les festivités liées à l’anniversaire de la prise du pouvoir des communistes en Chine. Depuis une décennie, les Chinois qui sont morts pour la patrie, principalement au XXe siècle, soit quelque 20 millions de martyrs, mais aussi au cours des siècles antérieurs, ont droit à un jour férié spécifique : la Journée des martyrs (烈士纪念日), chaque 30 septembre. Les provinces et les villes de chine sont censées organiser à leur échelle de pareilles cérémonies.
On s’éloigne aujourd’hui de la célébration des héros rebelles communistes fondateurs du régime et on élargit la focale à d’autres époques, ainsi qu’aux Chinois morts à l’étranger. Ceux, par exemple qui sont morts pendant les bombardements de l'OTAN sur la Serbie menés par les États-Unis en 1999. Les médias font aussi émerger des figures anciennes offertes à la vénération tel Qu Yuan, un poète et ministre de l'ancien État de Chu qui fut banni pour avoir prôné la résistance contre l'État rival de Qin et qui se noya en apprenant la prise de la capitale de Chu par ce dernier État en 278 avant J.-C.
Depuis l’épisode du covid, beaucoup de célébrations se font désormais en ligne, ce qui simplifie la gestion des mémoriaux, évite le risque de politisation associé aux commémorations publiques et facilite ainsi le contrôle du parti et de l’État. Un site mémorial répertorie quelque deux millions de Chinois à honorer quitte à en réhabilité discrètement quelques uns comme le médecin Li Wenliang (李文亮), le lanceur d’alerte de Wuhan qui a alerté ses collègues de l'apparition d'un nouveau coronavirus en décembre 2019, mort à 34 ans dans des circonstances mal établies. Bien qu’il ait été, à l’époque, condamné par les autorités pour « trouble à l'ordre public », il dispose de son propre mémorial virtuel sur ce site.
La cérémonie commence à 10 heures du matin place Tiananmen. La fanfare militaire joue l'hymne national « La Marche des volontaires », repris par l’assistance. Puis après un moment de silence, un groupe d'enfants tenant des fleurs dans leurs mains chantent Nous sommes les successeurs du communisme et saluent le monument…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 septembre 2024
6 mai : le Liban commémore ses martyrs d’un autre temps
La fête des martyrs du Liban commémore la pendaison, à Beyrouth, de six nationalistes libanais, le 6 mai 1916 sur les ordres du pouvoir ottoman. La date a permis ensuite une union sacrée de tous les Libanais contre les Français. Une concorde qui n’a duré q’un temps…
Chaque 6 mai, sur la place des Martyrs (ساحة الشهداء), la place emblématique du centre de Beyrouth, des représentants des autorités viennent déposer des couronnes de fleurs au pied des statues occupant le centre de cet espace témoin des tragédies vécues par le Liban. Pendant la guerre civile, la place était traversée par une ligne de démarcation entre deux camps ennemis et le groupe de statues symbolisant les martyrs de l’indépendance a été maintes fois mitraillé. Car ces martyrs ne sont pas ceux de la guerre civile qui a fait plus de 200 000 morts entre 1975 et 1990, ni ceux de Sabra et Chatila, en 1982, ou de Cana, en 1996, ni bien sûr les victimes de l’explosion du port, en 2020, et de l’incurie du régime.
En vérité, la fête des martyrs (عيد الشهداء) commémore la pendaison de six nationalistes libanais sur la place des Canons (l’ancien nom de la place des Martyrs), le 6 mai 1916 sous les ordres de Jamal Pacha, qui représentait à Beyrouth le pouvoir ottoman. L’insurrection avait été encouragée par les Français dans le but d’affaiblir l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne pendant la Grande Guerre. Mais elle avait pour origine la famine qui provoquait des dizaines de milliers de mort au Liban, en raison du blocus maritime mis en place par les Français et les Britanniques, aggravé par les réquisitions de denrées alimentaires opérées par les Ottomans ainsi qu’une invasion de sauterelles. Un tiers de la population y perdit la vie, la mémoire de cette tragédie a été longtemps occultée au profit de la glorification des héros de la lutte pour l’indépendance que, pourtant, le sacrifice des martyrs de 1916 n’a pas permis d’obtenir.
Car le Liban, tel qu’il a été voulu par la France, est demeuré sous statut d’occupation française jusqu’en 1943. Et la commémoration du 6 mai, qui ne fut acceptée par la puissance mandataire qu’en 1937, a été une journée pour réclamer une véritable indépendance. D’abord boudée par le camp chrétien, la fête du 6 mai a peu à peu rassemblé toutes les obédiences libanaises, les communistes y compris. Le 6 mai 1944, le président maronite Béchara el-Khoury, le président du Conseil sunnite Riad el-Solh, les chiites, les druzes, les Arméniens, les najjadah et les phalanges… tout le monde participait à la première commémoration du Liban indépendant. Cette concorde en mémoire des luttes pour l’indépendance, ne durera qu’un temps.
Aujourd’hui, toutefois, l’attention est avant tout portée sur les « martyrs » des bombardements israéliens au sud du Liban : hier encore, la mort d’un couple et de ses deux enfants, dans le village de Mays al-Jabal. Même si les Libanais ne font pas tous bloc derrière le Hezbollah, l’émotion est forte dans tout le pays. En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 390 personnes, parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils, ont été tuées au Liban.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 mai 2024
30 janvier : la journée des martyrs en Inde, en hommage à Gandhi
Cette célébration très ambiguë commémore la mort du Mahatma Gandhi, assassiné le 30 janvier 1948 par un extrémiste hindouiste Nathuram Godse, car les autorités indiennes actuelles ont bien oublié son enseignement.
Voilà une célébration très ambiguë qui commémore la mort du Mahatma Gandhi, assassiné le 30 janvier 1948 par un extrémiste hindouiste, nommé Nathuram Godse. Comme chaque année, pour le Jour des martyrs (Sarvodaya ou Shaheed Diwas, शहीद दिवस) le gouvernement demande à tous les fonctionnaires d’observer deux minutes de silence à 11 heures précise. Et de déclencher une sirène, au début et à la fin, pour avertir le public et l’inciter à faire de même.
La politique du premier ministre Modi est à mille lieues de celle préconisée par Gandhi. C’est au cours d’une prière multiconfessionnelle que le Mahatma Gandhi a été assassiné par Nathuram Godse, un fanatique hindou qui ne supportait pas son discours de tolérance à l’égard des musulmans du pays.
Si Narendra Modi s’est toujours abstenu de soutenir les militants nationalistes qui tentent de réhabiliter la mémoire de N. Godse, (qui fut exécuté en 1949), il ne l’a jamais explicitement condamné !
La politique ultra-hindouiste du dirigeant indien ne l’empêche pas d’utiliser régulièrement la figure de Gandhi et même de son martyre. En septembre 2023, par exemple, Narendra Modi a invité les dirigeants du G20 au Raj Ghat, site où le Mahatma a été incinéré en janvier 1948, au lendemain de son assassinat par un idéologue nationaliste hindou. Imitant Gandhi, Modi s’y était rendu pieds nus. Comme chaque 30 janvier, pour Shaheed Diwas, c’est en ce lieu que se réunissent le président, le vice-président, le Premier ministre, le ministre de la Défense ainsi que les trois chefs des forces indiennes pour déposer la couronne en l'honneur du Mahatma Gandhi.
Le Mahatma Gandhi est aujourd’hui le symbole de la non-violence dans le monde entier. De nombreux dirigeants mondiaux le considèrent comme leur source d’inspiration. La philosophie du Mahatma Gandhi repose sur trois principes : la non-violence, la lutte pour la vérité (satyagraha) et la liberté individuelle et politique (swaraj). On est chaque année un peu plus loin du système politique indien actuel.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 janvier 2024
20 juin : la journée des martyrs de la guerre de libération de l'Érythrée
En Érythrée, c’est la Journée des martyrs, un jour férié pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour la libération du pays de l’emprise éthiopienne entre 1961 et 1991, un conflit qui a fait 100 000 victimes (pour une population de 5 millions, à l’époque), mais qui a légué au pays une des dictatures les plus terribles au monde.
En Érythrée, c’est la Journée des martyrs (Mealti Sematat), un jour férié pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour la libération du pays entre 1961 et 1991.
La guerre de libération a pour origine la décision de l’ONU, en 1952, de rattacher cette ancienne colonie italienne à l’Éthiopie. L'Érythrée aurait dû jouir d’une large autonomie dans le cadre d’une fédération, mais l'empereur éthiopien Hailé Selassié, n’a pas joué le jeu. Il réduit très vite l’autonomie promise. Le pouvoir éthiopien a imposé l'amharique comme langue officielle à la place du tigrinya, interdit l'usage du drapeau érythréen, imposé la censure et déplacé les centres d'affaires hors de l'Érythrée… Finalement, le parlement érythréen a été dissous unilatéralement et l’Érythrée a été annexée en 1962, en toute illégalité.
La guerre de libération des Érythréens contre l’Éthiopie a commencé il y a 62 ans, en 1961, avec les premières opérations militaires du FLE (Front de libération de l’Érythrée) et a duré jusqu’au 24 mai 1991, soit une guerre de 30 ans qui s’est terminée il y a 32 ans tout juste. Le conflit a fait 100 000 victimes (pour une population de 5 millions, à l’époque).
Mais cette longue et terrible guerre a militarisé le pays et permis l’accession au pouvoir d’Isaias Afwerki, le chef du FLE. Celui-ci dirige le pays d’une main de fer depuis trois décennies. Le dictateur érythréen est, aujourd’hui, l’un des plus anciens au monde. Le pays a récemment retrouvé la paix, mais le service militaire qui dure trois ans sous un régime de terreur a fait de très nombreuses victimes mais celles-ci ne font pas partie des martyrs commémorés chaque 20 juin. Il a aussi provoqué l’exode de près d’un demi-million de jeunes gens qui fuit le pays pour y échapper. Le résultat, c’est que les Érythréens sont surreprésentés parmi les demandeurs d’asile en Europe, pour un pays peuplé d’à peine 6 millions d’habitants.
D’ailleurs, une nouvelle guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie s'est déroulée de mai 1998 à juin 2000 pour quelques arpents de terres désertiques provoquant la mort de quelques dizaines de milliers de personnes. Les escarmouches frontalières ont continué, augmentant chaque année (souvent en juin) le nombre des martyrs, jusqu’en 2018, quand a été conclu, soudainement, un accord de paix entre les deux pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
29 mars : Taïwan célèbre sa jeunesse
La Journée de la jeunesse fait référence au deuxième soulèvement de Guangzhou contre la dynastie Qing, en 1911.
Cette Journée de la jeunesse (台湾青年节) de la République de Chine (autrement dit, Taïwan), est aussi connue sous le nom de Journée commémorative des martyrs révolutionnaires (台湾革命烈士纪念日).
Cette journée fait référence au deuxième soulèvement de Guangzhou contre la dynastie Qing qui, en réalité, s'est produit le 27 avril 1911. Il était dirigé par Huang Xing, un chef révolutionnaire qui devint plus tard le premier commandant en chef de l'armée de Taïwan. La plupart des rebelles étaient des jeunes de divers milieux sociaux. Ils ont compris qu'ils étaient en infériorité numérique, mais ils sont quand même allés au combat. La plupart d'entre eux ont été tués lors du soulèvement, qui s'est terminé de manière désastreuse. Seuls 72 corps ont été identifiés. Ils sont appelés les 72 martyrs. Les morts ont été enterrés dans une fosse commune sous un monticule de fleurs jaunes. Une nouvelle tentative aboutira en octobre 1911 à la fondation de la République chinoise en Chine méridionale.
À l'origine, Taïwan célébrait sa Journée de la jeunesse à la même date que la République populaire de Chine, c’est-à-dire le 4 mai, pour commémorer le mouvement du 4 mai 1919. Mais en 1954, Taïpeh a voulu se démarquer de Pékin et la date a été déplacée 29 mars, car 29e jour du 3e mois du calendrier chinois. De fait aujourd’hui, on célèbre cette journée le 29e jour du 3e mois du calendrier grégorien. En 2011, à l’occasion du centenaire de l’événement, des membres du Kuomingtang avaient demandé que l’on place cette commémoration le 27 avril, date du véritable anniversaire. La question reste en débat. D’autant que certains proposent de rebaptiser la Journée 228, Journée de la jeunesse de Taïwan.
Il y a 80 ans, le 29 mars 1943, la Ligue de la jeunesse du Kuomintang tenait son premier congrès national. Elle estima que les actes des martyrs de Huanghuagang (du nom du cimetière de Canton où ils sont inhumés) avaient plus de valeur que ceux du mouvement du 4 mai (date récupérée par les communistes pour les besoins de leur propagande). C’est pour cela que le 29 mars sera désigné comme la Journée de la jeunesse.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
4 mars : en Iran, on martyrise la jeunesse pendant qu'on vénère un martyr du VIIe siècle
Aujourd’hui, en Iran, c’est la Journée de la jeunesse. Comme chaque 11 Sha’ban du calendrier iranien, on vénère le jeune Ali al-Akbar mort en martyr en 680, alors que le régime des mollahs multiplie les martyrs parmi la jeunesse iranienne en révolte, depuis près de 6 mois. Mais, outre les conservatismes, la jeunesse iranienne doit aussi se battre contre la pyramide des âges !
Aujourd’hui, en Iran, c’est la Journée de la jeunesse (روز جوان). Comme chaque 11 Sha’ban du calendrier iranien, on célèbre l’anniversaire du jeune Ali al-Akbar, le fils aîné d’Hussein, lui-même fils d’Ali et de Fatima, la fille du Prophète. Ali est l’un des petit-fils de Mahomet (ou Muhammad). S’il est vénéré par les chiites, c’est qu’il passe pour avoir été la toute première victime du massacre de Kerbala, cette fameuse bataille qui a eu lieu en 680 et que les chiites commémorent chaque année, le jour de l’Achoura. Ce massacre des descendants du gendre et de la fille du Prophète, ainsi que de leurs partisans, est à l’origine de la rupture entre chiites et sunnites.
Le jeune Ali al-Akbar, première victime supposée du massacre, avait 28 ans. Les chiites qui, comme les catholiques attachent une grande importance aux martyrs, lui vouent un culte. Aujourd’hui ceux qui le peuvent vont se rendre en pèlerinage sur sa tombe situé dans la mosquée dédiée à son père Hussein. Cette mosquée est située à Kerbala, dans le nord de l’Irak, la ville sainte du chiisme.
De cette célébration religieuse chiite, la république islamique d’Iran a fait, en 1979, une journée officielle dédiée à la jeunesse. Cette année la célébration a lieu dans un contexte de révolte de la jeunesse, révolte très durement réprimée au point que le régime est en train de créer une multitude de martyrs. Le premier est une jeune Kurde Mahsa Amini, 22 ans, qui a péri entre les mains de la police des mœurs de Téhéran, le 16 septembre 2022, après son arrestation pour « port de vêtements inappropriés », déclenchant un mouvement d’opposition sans précédent qui appelle à la chute du régime théocratique de Téhéran.
Ces manifestations ont engendré des arrestations en masse qui débouchent sur des séries d’exécutions destinées à semer la terreur. Le but des dirigeant iraniens est de faire taire le soulèvement de cette jeunesse, avant qu’elle ne parviennent à entrainer l’ensemble de la population à rejeter le régime. Mohsen Shekari, 23 ans, exécuté le 8 décembre, est le premier manifestant assassiné, une cinquantaine d’autres ont suivi. À ce jour, plusieurs dizaines d’opposants, raflés parmi la jeunesse manifestante, sont menacés de la peine capitale par pendaison publique.
À ces menaces d’exécution, s’ajoutent les tentatives d’empoisonnement visant les filles, les étudiantes. Le premier empoisonnement a eu lieu le 30 novembre 2022, il visait 18 élèves de l'école technique Nour, dans la ville de Qom, la capitale religieuse du pays. Selon des rapports publiés la semaine dernière, au moins 194 filles ont été empoisonnées dans quatre écoles différentes de la ville de Borujerd, dans la province occidentale de Lorestan… Les cas d’intoxication de jeunes filles se sont multipliés ces derniers temps. Depuis novembre, le nombre de cas s’élèverait à plus de 650 depuis novembre. C’est ainsi que l’Iran traite sa jeunesse.
Le problème de la jeunesse iranienne est son poids démographique. Alors que celle qui avait pris le pouvoir en 1978, dans le sillage de Khomeiny, était issue de familles de 6 enfants en moyenne, la jeunesse d’aujourd’hui est bien moins nombreuse. En 1998, le taux de fécondité était tombé à 2,2 enfants par femme et aujourd’hui, il est inférieur à 1,8. Les 20-25 ans en Iran appartiennent à une classe creuse, d’où leur difficulté à émerger face à une masse de quadragénaire bien plus importante. En Iran, les quinquagénaires sont aussi nombreux que les vingtenaires et les sexagénaires (et plus) qui ont pris le pouvoir en 1978 n’ont toujours pas décroché. Outre les conservatismes, la jeunesse iranienne doit aussi se battre contre la pyramide des âges !
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
3 février : les 70 ans du terrible massacre de Batepá à São-Tomé-et-Principe
L’archipel de São-Tomé-et-Principe commémore un terrible massacre opéré par les colonisateurs portugais qui fit des centaines de morts, le 3 février 1953 autour du village de Batepá.
Ce matin, une grande marche pour la liberté relie la capitale São Tomé à la zone de Fernão Dias, district de Lobata, au mémorial du Massacre-53 (ou massacre de Batepá), lieu de la principale cérémonie sur la plage de Fernão Dias. Chaque année, le 3 février, la république São-Tomé-et-Principe commémore un terrible massacre opéré par les colonisateurs portugais qui fit des centaines de morts, le 3 février 1953 autour de Batepá, un village situé près de Trindade, à une dizaine de kilomètres de Sao Tomé, la capitale du pays. Cette année, c’est le Premier ministre, Patrice Trovoada, qui conduit la marche.
En ce jour de 1953, des colons portugais du gouvernement ont assassiné des centaines de créoles - indigènes de São Tomé - sous prétexte d'un complot communiste. Ce massacre est une réponse aux manifestations des créoles (ou filhos da terra) qui refusaient de travailler dans les conditions difficiles de la récolte du café, qu’ils percevaient comme une forme d’esclavage. Avec l'abolition de l'esclavage en 1875, l'archipel s’est en effet retrouvé confronté à une pénurie de main-d’œuvre en raison du boom du cours du cacao. Les autorités coloniales ont dû faire venir des contractuels (serviçais) d'Angola, du Cap-Vert et du Mozambique. Ces derniers, manipulés par les autorités coloniales, ont aussi participé aux massacres dirigés par Carlos Gorgulho, le gouverneur, représentant du gouvernement portugais. Ces massacres de Batepá se soldèrent par des centaines de morts, voire un millier, à cause de la violence armée, de l'étouffement dans les cellules des prisons, de la torture et même des incendies volontaires.
La terrible répression menée par les autorités coloniales portugaises a fortement contribué à l'émergence d'un sentiment nationaliste santoméen qui aboutira à l'indépendance en 1975.
La république de Sao Tomé-et-Principe commémore chaque année les événements tragiques du 3 février 1953, sous le nom de Martires da Liberdade (Fête des martyrs de la Libération). La première commémoration date du 3 février 1975, avant même l'indépendance, proclamée le 12 juillet 1975. La principale cérémonie se déroule au mémorial de Fernão Dias, dépôt de gerbe et ravivage de la flamme, suivit d’une messe en plein air. La journée est fériée et chômée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
3 mars : le Malawi se souvient de la lutte pour l’indépendance
Le pays commémore le massacre de Nkhata Bay, dans le nord du Malawi, un épisode tragique survenu le 3 mars 1959, de la lutte anti coloniale.
Le Malawi commémore un épisode tragique de sa lutte anti coloniale par une cérémonie au mémorial de Nkhata Bay, au nord du pays.
Le pays, appelé autrefois Nyassaland, est occupé par les Anglais au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Les premières rébellions ont eu lieu dès le début du XXe siècle. Les Britanniques ont eu l’idée en 1953 de lier le Nyassaland et les deux Rhodésies ( futures Zambie et Zimbabwe) pour former la Fédération centrafricaine (CAF), avec le projet de préparer une indépendance sous domination blanche comme en Afrique qui Sud en 1948. Cela a suscité des protestations massives de la part des nationalistes africains. L'une des figures majeures de la CAF était Hastings Banda, un médecin formé en Europe. Banda a été élu président du Congrès africain du Nyasaland. Le 3 mars 1959, il provoque un soulèvement contre les autorités britannique qui réplique brutalement : 21 morts parmi les manifestants (massacre de Nkhata Bay dans le nord du Malawi). Et 51 morts et plus d’un millier de blessés parmi les manifestants d’urant l’état d'urgence qui a duré jusqu'en 1960. . Hastings Banda et d'autres dirigeants de la Fédération centrafricaine sont emprisonnés et le parti du congrès lui-même est interdit. C’est l’anniversaire de cet événement qui fut un tournant politique majeur qui est célébré chaque 3 mars pour la Journée des martyrs (Martyrs Day).
En 1962, le gouvernement britannique accorde finalement l’autodétermination au Nyassaland. Banda devient premier ministre le 1er février 1963, alors que les Britanniques contrôlent encore le système financier, la sécurité et le système juridique du pays. La Fédération de Rhodésie et du Nyasaland est dissoute le 31 décembre 1963 et, enfin, le 6 juillet 1964, l’indépendance du Malawi est proclamée. Hastings Banda (1898-1997) restera au pouvoir pendant plus de 30 ans, jusqu’à la chute de sa dictature, en 1994. Son régime a été très éloigné des idéaux de liberté pour lesquels sont morts les martyrs du 3 mars. Son mandat de président « à vie » est marqué par l'assassinat, l'emprisonnement ou l'exil des membres de l'opposition. L’impitoyable docteur Banda était notamment connu pour livrer ses opposants aux crocodiles… Il faudra attendre le 14 juin 1993 pour que les premières élections libres le poussent vers la sortie à l’âge de 96 ans.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mars 2022
29 janvier : le Népal célèbre ses martyrs
Ces martyrs que le Népal honore d’un jour férié sont tous ceux qui ont perdu la vie en luttant contre le pouvoir absolu de la famille Rana qui a régné sur le Népal pendant plus d’un siècle (de 1846 à 1951), mais aussi tous les morts de la guerre civile qui s’est terminée en 2006.
Ces martyrs que le Népal honore d’un jour férié sont tous ceux qui ont perdu la vie en luttant contre le pouvoir absolu de la famille Rana qui a dirigé le Népal pendant plus d’un siècle (de 1846 à 1951), avec le soutien des Britanniques, ainsi que les victimes de la récente guerre civile. À cette époque, le roi était relégué à une simple poste de représentation, le pays était dirigé de manière autoritaire par une dynastie de premier ministre, les Rana.
Le premier martyr officiel est Lakhan Thapa Magar. Il fut le premier à se rebeller contre Jung Bahadur, le premier ministre qui a pris le pouvoir en 1846 et s’est arrogé le titre héréditaire de Rana. Sous cette lignée, autoritaire et très corrompue, toute dissidence était interdite, l’éducation a été volontairement négligée afin de maintenir le peuple sous sa coupe. Le titre de Rana a, finalement, été aboli en 1951, lors d’une révolution constitutionnelle et la dynastie de premiers ministre chassée du pouvoir. La liste des martyrs comprend également Dharma Bhakta Mathema, Gangalal Shrestha, Dashrath Chand et Shukraraj Shastri. Tous ont été exécutés fin janvier 1941. C’est cet anniversaire qui tombe le 16 Magh du calendrier népalais (soit le 29 ou le 30 janvier du calendrier grégorien) qui est célébré aujourd’hui comme le Jour des martyrs ou Shaheed Diwas ( सहिद दिवस ). Un cinquième révolutionnaire, Ramhari Sharma, leur est souvent associé. Il est qualifié de martyr vivant, car étant brahmane, il n'a pas été exécuté.
À ces martyrs historiques, on associe aussi les quelque 13 0000 Népalais qui ont perdu la vie pendant la guerre civile entre le camp monarchique et les rebelles maoïstes qui a ensanglanté le Népal de 1996 à 20006. C’est leur mémoire que la Journée des martyrs (Shahid divas) a été réactivée et rendue fériée et chômée.
La porte des Martyrs (Shahid gate), le monument aux martyrs, a été érigée à Katmandou, la capitale du Népal. Le premier ministre et les hauts fonctionnaires se doivent de visiter ce monument aussitôt après avoir prêté serment. De nombreux parcs et rues au Népal portent le nom des martyrs pour honorer leur contribution au développement du pays. Les commémorations durent généralement toute la semaine qui précède, à l’instar de la compétition de la ligue de football Shahid Memorial A-division, organisée par l'Association népalaise de football et qui dure une semaine, c'est-à-dire du 10 au 16 Magh.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
31 octobre : la Journée des martyrs au Burkina Faso
Hommage aux centaines de victimes des l'insurrections populaires qui ont provoqué la chute de Blaise Compaoré en 2014 et fait échec au coup d’État de 2015. Cette journée, toutefois, ne concerne pas les 3700 morts des violences djihadistes ou intercommunautaires de ces dernières années.
Cette journée fériée et chômée a été instaurée en 2015, en hommage aux victimes de l'insurrection populaire, suite au coup d’État (manqué) du 16 septembre de la même année, mais la date qui a été choisie est celle de la chute de Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014. Celui-ci a laissé le pouvoir après une présidence longue de 27 ans, appuyée sur un régime autoritaire, instauré après l’assassinat de Thomas Sankara. La démission de Compaoré avait été obtenue par deux jours de soulèvement populaire, les 30 et 31 octobre.
En 2014, Blaise Compaoré envisageait de modifier l’article 37 de la Constitution, lui interdisant de se représenter pour un cinquième mandat, les partis politiques d’opposition et les organisations de la société civile coordonnèrent des manifestations pour tenter de contrer ce projet qui devait être voté par des députés aux ordres, le 30 octobre. Les manifestations atteignirent leur apogée le 30 octobre 2014, causant une trentaine de morts et plus de six cents blessés.
À la mi-novembre 2014, un gouvernement de transition fut donc instauré, avec à sa tête le diplomate Michel Kafando comme président de la transition. Mais, le 16 septembre 2015, le général Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier de Compaoré durant vingt-sept ans, tente de prendre le pouvoir avec quelques fidèles. Les affrontements entre les putschistes et les manifestants, sortis massivement dans les rues pour demander la libération et la réinstallation du gouvernement de transition, causèrent quatorze morts et plus de deux cent cinquante blessés.
Ce sont toutes ces victimes des deux soulèvements qui sont honorées lors de la Journée des martyrs. Le cérémonial débute avec le retentissement de la sirène à 10 heures, symbolisant l'heure à laquelle est tombée la première victime lors de l'insurrection populaire de 2014, l'observation d'une minute de silence et le dépôt de gerbe de fleurs par le Président du Faso ce 31 octobre 2021 au Monuments des héros nationaux à Ouaga 2000, en mémoire de ces martyrs.
À 11h une messe est dite en l’église la Rotonde, pour les catholiques. À 9 h a eu lieu un office en l’église baptiste du Bon-Berger, à l’est de l’Université Joseph Ki-Zerbo, pour la communauté évangélique. Quant aux musulmans, leur cérémonie religieuse de commémoration a eu lieu vendredi 29 octobre à 12 h à la Mosquée du Cheik Doukouré à Hamdalaye. Ce 31 octobre tombant un dimanche, suivi du jour de la Toussaint, c’est le mardi 2 novembre qui sera accordé un jour chômé aux travailleurs. Ce qui fait, cette année, un long week-end.
La stèle, conçue par l’architecte Sibiri Simon Kafando, a été inaugurée à Ouagadougou en 2015, elle est formée de deux poings qui s’élancent vers le ciel, symbolisant « l’union, la force et la révolte » ; une étoile au milieu des deux bras fait référence au drapeau national.
Les cérémonies s'achèvent ce dimanche par un concert géant avec des artistes locaux sur la place de la Révolution, lieu emblématique des manifestations anti-Compaoré durant l'année 2014.
Ces cérémonies font suite au mois de la justice à l’égard de Thomas Sankara et de ses compagnons qui s’est déroulé du 2 au 23 octobre.
Cette Journée des martyrs ne fait pas allusion aux victimes des violences djihadistes. Par de-là les soubresauts politiques à Ouagadougou, c’est cette réalité qui est la plus préoccupante au Burkina Faso aujourd’hui. Les attaques djihadistes, les représailles intercommunautaires et les exactions imputées aux forces de sécurité ont fait plus de 3 700 morts depuis 2015. Aucun mémorial ne leur est consacré. Chaque nouvelle attaque sur le territoire burkinabé est censée entraîner l’ouverture d’une information judiciaire, mais les tribunaux sont totalement débordés.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 octobre 2021
6 octobre : jour de deuil national en Hongrie
Ce jour de deuil rappelle l’exécution de 13 généraux meneurs de la révolte hongroise contre les Habsbourg en 1848-1849.
Ce jour de deuil rappelle l’exécution de 13 généraux meneurs de la révolte hongroise contre les Habsbourg en 1848-1849. La Hongrie est dominée par les Autrichiens depuis la fin du XVIIe siècle. Le réveil des nationalités et le surgissement de mouvements révolutionnaires dans plusieurs pays d’Europe, notamment en France, incitent les Hongrois à se soulever contre la tutelle des Habsbourg dès le mois de mars, leur fête nationale du 15 mars est là pour le rappeler. Mais, on le sait cette guerre d’indépendance tournera court. Les Hongrois vaincus, le jeune empereur François-Joseph, conseillé par le sinistre général Haynau, va ordonner l’exécution de treize généraux ayant participé à l’insurrection. Tous n’étaient pas hongrois, il y avait parmi eux trois Allemands, un Croate, deux Arméniens et même un Autrichien, tous épris de liberté et de démocratie, tous décidés à abattre l’absolutisme de la monarchie autrichienne. Au matin du 6 octobre 1849, neuf d’entre eux sont pendus et quatre auront le privilège d’être fusillés. La date n’avait pas été choisie au hasard, c’était l’anniversaire du grand soulèvement de la population de Vienne, le 6 octobre 1848 : une foule de sympathisants de la cause hongroise composée d'ouvriers, d'étudiants et de soldats mutinés avait tenté d'empêcher leur départ des troupes de l’empereur pour réprimer la révolution hongroise. Le ministre de la Guerre avait même été lynché par la foule.
Depuis 2001, le 6 octobre est un jour de deuil national, c’est le Jour commémoratif des martyrs d'Arad (Az aradi vértanúk emléknapja ), célébré dans tout le pays ainsi qu’à Arad, ville aujourd’hui située en Roumanie, près de laquelle ont été exécutés les treize officiers. On rappelle aussi que le soir du même 6 octobre on procéda également à l’exécution de l’ancien président du Conseil hongrois, Lajos Batthyány. La journée mémorielle se déroule principalement dans les écoles primaires et secondaires où le discours nationaliste est de plus en plus prégnant, il participe au discours anti occidental entrent par le gouvernement de Viktor Orban.
En 1890, un mémorial réalisé par le sculpteur Zala György, également auteur du monument de la Place des Héros à Budapest, a été inauguré sur la Place de la Liberté (Szabadság tér) d’Arad. Après le traité de Trianon, en 1920, le gouvernement roumain avait de retiré la statue. En 2004, en présence de députés roumains et hongrois, le mémorial a été installé dans le parc de la Réconciliation d’Arad. Une cérémonie s’y déroule chaque 6 octobre.
La légende veut que les Autrichiens aient fêté ces exécutions en trinquant avec de la bière, c’est pourquoi, pendant 150 ans, en Hongrie, on s’est abstenu de le faire. Cette tradition de convivialité n’est réapparue que récemment de la part d’une jeunesse ignorant cet interdit.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
9 septembre : hommage au commandant Massoud, figure de la résistance afghane
Le 20e anniversaire anniversaire de l’assassinat du Lion du Panshir, alors que les talibans ont pris Kaboul et commence à investir le Panshir
Ce 9 septembre est en principe férié en Afghanistan. Mais que signifie un jour férié dans le chaos actuel ? Cette journée à la mémoire d’Ahmed Shah Massoud avait été décidée par l’ancien régime. Dans le nord du pays ses portraits ont été détruits.
Ce chef militaire, surnommé le Lion du Panshir ( شیر پنجشی ), avait tenu tête aux Soviétiques sans quitter son fief. Il a été assassiné il y a exactement 20 ans, le 9 septembre 2001, par un attentat suicide opéré par des kamikazes d’Al-Qaida, arrivés de Belgique, déjà ! C’était une autre époque. En avril 2001, lors d’un passage en Europe, Massoud avait bien essayé d'attirer l'attention de la communauté internationale sur le danger représentait par l’organisation terroriste dirigée par Oussama Ben Laden, mais en vain. Lui-même n’aura pas l’écho des attentats du 11 septembre, seront perpétrés deux jours après son assassinat. Les deux crimes étaient incontestablement liés.
En Juin 2002, la Loya Jirga, la Grande assemblée traditionnelle, a créé un jour férié en son honneur qui sera ensuite baptisé Jour des Martyrs pour honorer toutes les personnes mortes en combattant pour l'Afghanistan, en particulier contre les Soviétiques. Ahmad Shah, dont le nom de guerre était Massoud (le chanceux), avait pris les armes après le coup d’État communiste de 1978 et s’était replié dans sa vallée natale du Panshir, à une centaine de kilomètres au nord-est de Kaboul. En dépit de neuf tentatives, l’Armée rouge n’était jamais parvenue à le déloger et à le soumettre.
Qualifié de « héros national afghan », il est surtout un héros tadjik, son ethnie d’origine. Son image est plus brouillée chez les Pachtounes, très influencés par les talibans et franchement négatives chez les Hazaras, même si sont fils espère aujourd’hui leur ralliement contre les talibans. Après le départ des Soviétiques, Massoud a fait partie de plusieurs gouvernements de coalition qui ont dirigé l’Afghanistan de 1992 à 1996. Il a notamment été ministre de la Défense. Pendant cette période, ses hommes se sont rendus coupables de pillages à Kaboul et d’exactions notamment contre la minorité chiite hazara. Ce qui a contribué au fait qu’une partie des habitants de Kaboul ont accueilli favorablement la prise du pouvoir des talibans en 1996. Les mêmes qui, aujourd’hui se félicitent de la chute d’un gouvernement corrompu et arbitraire. À l’époque Massoud s’était alors replié dans le Panshir, véritable forteresse montagneuse, où les talibans n’ont jamais pu l’atteindre. Seul le terrorisme extrême d’Al-Qaida a pu l’anéantir. C’était, il y a 20 ans jour pour jour.
Aujourd’hui, son fils unique (au côté de cinq filles), Ahmad Massoud, né en 1989, a repris le combat sans avoir l’aura de son père. Comme lui, il a créé un Front de résistance nationale et s’est retranché dans le Panshir dans des conditions moins favorables. Avant-hier les talibans ont annoncé avoir pris la célèbre vallée. Il s’agit surtout d’un effet d’annonce pour marquer les esprits. En fait, ils n’ont investi que la capitale régionale, Bazarek (la ville natale de Massoud et celle qui abrite son mausolée), ainsi que quelques villages alentour. On ne sait pas encore ce qu’il en sera du reste de la célèbre vallée ni si le jeune commandant s’y trouve encore. La saga des Massoud n’est peut-être pas achevée.
Il y a quelques mois, la ville de Paris rendait hommage au lion du Panshir qui avait été étudiant dans cette ville et qui était un grand lecteur de Victor Hugo. Le 27 mars 2021, une allée du Commandant-Massoud a été inaugurée dans un coin des Champs-Élysées, en présence de son fils Ahmad Massoud.
Le 9 septembre 2021, le tombeau du commandant Massoud a été profané par les talibans voir le tweet ci-dessous.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 septembre 2021
19 juillet : Aung San Suu Kyi sera-t-elle autorisée par la junte birmane à rendre hommage à son père assassiné il y a 74 ans ?
Le 19 juillet est chaque année une commémoration majeure en Birmanie. Les sirènes retentissent à travers tout le pays, celui-ci se fige à 10h37 précise. La tradition, interrompue sous le régime militaire avait été reprise depuis 2016.
Le 19 juillet est chaque année une commémoration majeure en Birmanie. Les sirènes retentissent à travers tout le pays, celui-ci se fige à 10h37 précise. La tradition, interrompue sous le régime militaire avait été reprise depuis 2016.
Ce jour férié commémore l’assassinat de huit dirigeants du gouvernement intérimaire birman d'avant l'indépendance le 19 juillet 1947. Le processus d’indépendance était bien engagé (celle-ci sera obtenue le 3 janvier 1948). En avril 1947, des élections générales avaient eu lieu pour former l'assemblée constituante. Le 19 juillet 1947, plusieurs membres du gouvernement intérimaires tenaient une réunion du cabinet dans le bâtiment du Secrétariat à Rangoon. Au milieu de la réunion, un groupe de paramilitaires armés a fait irruption dans le Secrétariat et abattu huit ministres, dont le Premier ministre Aung Sun. Le seul à avoir survécu était le ministre des Finances Tin Tun. Dès 1948, le 19 juillet a été décrété férié sous le nom de Journée des martyrs (အာဇာနည်နေ့). Une journée fondatrice de la nation.
Aung Sun, est le père de Aung San Suu Kyi qui pendant des décennies a été l’égérie des opposants au régime militaire. La cérémonie du 19 juillet était la seule sortie publique de Aung San Suu Kyi pendant les années où elle était assignée à résidence et l’occasion pour l’opposition de se faire entendre. L’année 2016 avait marqué un tournant : le 19 juillet, le chef militaire, le général en chef Min Aung Hlaing, et son épouse étaient présents lorsque Daw Aung Suu Kyi avait offert des repas aux moines en souvenir de son père et de ses collègues, à son domicile de Rangoon. Il s'agissait de la première visite d'un chef militaire chez elle depuis que le général Saw Maung avait assisté à la veillée de sa mère, Daw Khin Kyi, en 1988.
Suite au coup d'État militaire du 1er février 2021, U Win Myint (le président) et Daw Aung San Suu Kyi ont été à nouveau arrêtés. Depuis, ils sont détenus dans un lieu inconnu à Naypyitaw (la nouvelle capitale). Aung San Suu Kyi qui est âgée de 77 ans, risque jusqu'à 75 ans de prison pour plusieurs chefs d'accusation. Les militaires vont-ils l’autoriser à participer aux cérémonies d’hommage à son père et à ses compagnons de lutte anti-coloniale ?
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde