L’Almanach international

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1913, Mexique, Armée, 19 février Bruno Teissier 1913, Mexique, Armée, 19 février Bruno Teissier

19 février : l'anniversaire de l’armée mexicaine

Une armée bien peu menaçante pour le voisinage puisque la constitution lui interdit d’aller combattre hors des frontières. Sa déroute face aux zapatistes dans les années 1990 avait contribué à la discréditer. Mais AMLO lui a confié une nouvelle mission.

 

C’est une armée bien peu menaçante pour le voisinage puisque la constitution lui interdit d’aller combattre hors des frontières. Sa déroute face aux zapatistes dans les années 1990 avait contribué à la discréditer.  D’ailleurs l’expression “une armée mexicaine” n’évoque pas l’efficacité mais plutôt une organisation où les décisionnaires sont plus nombreux que les exécutants. En 1910, les troupes qui ont renversé le régime de Porfirio Diaz étaient, en effet, composées d’un trop grand nombre d’officiers  par rapport à celui des hommes à commander et ne brillaient pas par leur discipline. Les ordres contradictoires créaient une véritable confusion. Les Américains qui avaient battu les Mexicains quelques décennies plus tôt pour amputer leur territoire d’un bon tiers, se gaussaient. Mexican army  est devenue une expression péjorative adoptée par plusieurs langues. On pourra toutefois noter que le Mexique n’a effectivement jamais utilisé son armée pour attaquer l’un de ses voisins et cela mériterait plutôt le respect.

Cela dit, dans les années 2000, une nouvelle mission a été confiée à l’armée mexicaine, celle de combattre les narcotrafiquants, plutôt que d’en charger la police. Mais, au fil des années, la violence meurtrière quasi-quotidienne des groupes criminels de trafiquants de drogue mexicains, entre eux mais aussi contre les forces de l’ordre, a pris des proportions alarmantes.

En arrivant au pouvoir, en 2018, le président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador dit AMLO, avait annoncer de miser désormais sur la prévention des crimes plutôt que sur la confrontation violente armée/cartels qui avait les faveurs de ses prédécesseurs et qui n’ont fait qu’aggraver les violences. Ce projet s’est heurté à la réalité du terrain. AMLO n’a pas démilitarisé le pays comme annoncé, bien au contraire, il a déployé un nombre record de forces de l’ordre – près de 300 000 –, y compris la nouvelle garde nationale issue de l’ancienne police fédérale et commandée par les militaires. Afin d’obtenir une certaine paix sociale, telle que le Mexique la connaissait il y a trente ans, il a permis une coexistence entre l’armée et les narcotrafiquants, cantonné à certains espaces. Forte de cette mission d’encadrement, l’armée n’est pas devenue une institution transparente. Elle a conservé ses méthodes et son opacité, ne rendant de comptes à personne, pas même au président. Le seul endroit du Mexique où la délinquance a baissé est la ville de Mexico, administrée par Claudia Sheinbaum, qui a mis en œuvre une politique sans les militaires. Celle-ci a succédé à AMLO en octobre, à la présidence du Mexique. Nous ferons le bilan de son action dans quelques années.

Quant à la date du 19 février, retenue par les autorités pour célébrer une armée en manque de gloire militaire, elle  correspond seulement à un décret du 19 février 1913 de l'État de Coahuila donnant mission à Venustiano Carranza de créer une armée digne de ce nom pour remplacer les diverses troupes qui combattaient depuis 1910.

On s’en doute, ce 112e anniversaire de l’armée mexicaine (aniversario del ejercito mexicano) sera comme chaque année, l’occasion de défilés militaires et de discours patriotiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 février 2025

 
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1965, Gambie, 18 février Bruno Teissier 1965, Gambie, 18 février Bruno Teissier

18 février : la fête nationale de la Gambie

La Gambie célèbre son indépendance obtenue des Britanniques le 18 février 1965. Après deux sévères dictatures, sa démocratie reste fragile.

 

Ce pays d’Afrique, le plus petit du continent, a été l’un des premiers à être occupé par les Européens, les Portugais puis les Anglais. Son indépendance, le 18 février 1965, a été relativement tardive. On la célèbre chaque 18 février. Independance Day est aussi la fête nationale de la Gambie.

La Gambie a été le premier pays d’Afrique de l'Ouest à être conquis par les Britanniques, son territoire se limite au fleuve du même nom et à ses rives. Intégrée à l’Empire britannique le 25 mai 1765, elle sera la dernière des colonies britanniques d'Afrique de l'Ouest à obtenir son indépendance, trois siècles plus tard à quelques semaines près. 

Contrairement à la plupart des États africains, la Gambie a connu une transition pacifique vers l'indépendance. En 1963, soit deux ans auparavant, le Royaume-Uni a accordé au pays une autonomie interne. Le 18 février 1965, le duc et la duchesse de Kent étaient présents pour commémorer l'événement qui a mis la fin de 300 ans de domination coloniale britannique. Le couple princier représentant la reine a rejoint le Premier ministre gambien Dawda Jawara et le gouverneur Sir John Paul dans le mansa bengo (« le rassemblement des rois ») l’assemblée des chefs traditionnels gambiens, présidée par le chef le plus âgé, Touré Sagnaing. Cette cérémonie traditionnelle qui a eu lieu à Brikama, l'une des grandes villes de Gambie, fut un événement mondial regroupant des dignitaires de 30 pays différents.

La célébration de la fête de l'indépendance de la Gambie a permis la levée du drapeau national rouge, bleu, vert et blanc de la Gambie. Conçu par Louis Thomasi, gagnant d’un concours, ce drapeau n'a aucune base politique. Dawda Jawara, le père de l’indépendance a dirigé le pays pendant trois décennies : d’abord comme Premier ministre de 1962 à 1970, puis comme président de 1970 à 1994, en s’appuyant sur un régime à parti unique non démocratique. Durant son règne, la Gambie et le Sénégal voisin ont formé une confédération connue sous le nom de Sénégambie qui a duré 7 ans avant d'être dissoute en 1989. La Gambie, anglophone, craignait de se faire totalement absorber par le Sénégal. 

Dawda Jawaras a été renversé par coup d’État qui a mis Yahya Jammeh au pouvoir en 1994, pour deux décennies encore de régime autoritaire. Toutefois, le dictateur a finalement accepté de se prêter au jeu d’un scrutin démocratique, en 2016, le premier de l’histoire du pays. Il est vrai qu’il a eu un certain mal à reconnaître sa défaite : seule la menace militaire des États voisins lui a fait quitter la scène. Il s’est réfugié chez un autre dictateur, en Guinée équatoriale, mais il devrait être jugé prochainement. En fin de compte, la transition démocratique en Gambie s’est déroulée de manière pacifique. Mais la démocratie reste encore fragile dans ce pays dirigé par Adama Barrow, réélu en décembre 2021, lors d’un scrutin contesté par l’opposition. Son ambition pour 2015 est de changer la constitution, ce qui lui permettrait deux mandats supplémentaires.

La principale célébration du Jour de l'Indépendance a lieu sur la place McCarthy à Banjul, la capitale du pays. Il s'agit d'un défilé de l'armée, mais aussi des fonctionnaires, des écoliers, des enseignants… devant le Président et d'autres dignitaires.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 février 2025

 
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Porto Rico, héros national Bruno Teissier Porto Rico, héros national Bruno Teissier

17 février : les Portoricains célèbrent leurs héros

Alors que les États-Unis, comme chaque troisième lundi de février, fêtent Presidents' Day, à Porto Rico, on célèbre aussi la Journée des illustres Portoricains.

 

Alors que les États-Unis comme chaque troisième lundi de février, fêtent Presidents' Day, à Porto Rico, on célèbre la Journée des illustres Portoricains (Día de los Próceres Puertorriqueños).

Ce jour férié existe depuis 2014. Cette année-là, le gouvernement de Porto Rico avait fusionné les anniversaires de trois Portoricains éminents (Luis Muñoz Rivera, José Celso Barbosa et Luis Muñoz Marín), qui étaient autant de jours fériés, en une seule célébration, le troisième lundi de février. Cette mesure a été prise pour réduire le nombre de jours fériés à Porto Rico.

C’est Grace à Luis Muñoz Rivera (1859–1916), poète et journaliste que les Portoricains ont obtenu la citoyenneté américaine (des citoyens de seconde zone puisqu’ils ne participent pas au choix du président américain). Le docteur José Celso Barbosa (1857–1921) fut le premier Portoricain à obtenir un diplôme de médecine aux États-Unis, il a participé au mouvement politique pour améliorer le sort politique de ses compatriotes. Luis Muñoz Marín (1898–1980) fut le premier gouverneur démocratiquement élu de Porto Rico, poste qu’il a occupé pendant 16 ans à partir de 1949. Il est considéré comme « l'architecte du Commonwealth de Porto Rico » (qui jusque-là n’était qu’une colonie américaine).

La Journée des Héros Portoricains rend hommage à quatre autres personnes qui ont joué un rôle important dans l'histoire de l'île : Ramón Emeterio Betances (1827–1898), l’un des héros de la lutte contre l’occupation espagnole. Román Baldorioty de Castro (1822–1889) qui a milité pour l’abolition de l’esclavage, Ernesto Ramos Antonini (1898-1963) cofondateur du Parti démocratique populaire, qui prône le statu quo du Commonwealth. Luis A. Ferré (1904-2003), le fondateur du Nouveau Parti progressiste, qui plaide pour que Porto Rico devienne un État des États-Unis d'Amérique.

Cette liste n’étant, au départ, que masculine, une femme a été rajoutée à la liste. Isabel Rosado (1907-2015), une militante indépendantiste qui a passé dix années de sa vie en prison pour son militantisme. Ensuite la liste s’est rallongée : Lola Rodríguez de Tió, Nilita Vientós Gastón, Julia de Burgos, Mariana Bracetti, Ana Roque de Duprey, Luisa Capetillo, María Luisa Arcelay, Sœur Isolina Ferré, Felisa Rincón de Gautier, María Libertad Gómez, ainsi que deux autres hommes, Roberto Clemente Walker et Rafael Hernández Colón.

Désormais, cette journée est désignée comme le Día de Jorge Washington, Día de los Presidentes y Día de las Mujeres y Hombres Próceres de Puerto Rico.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 février 2025

 
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1942, Corée du Nord, dictateur, 16 février Bruno Teissier 1942, Corée du Nord, dictateur, 16 février Bruno Teissier

16 février : le Jour de l’étoile brillante en Corée du Nord

Cette célébration est celle de l’anniversaire de Kim Jon-il, fils du fondateur du régime nord-coréen et le père du dictateur actuel. Ce jour férié national, chaque 16 février, est une manière de célébrer toute la dynastie régnante.

 

Cette célébration, en Corée du Nord, porte le nom de Jour de l'étoile brillante (Gwangmyeongseongjeol, 김정일의 날), c’est l’anniversaire de Kim Jon-il, fils du fondateur du régime et le père du dictateur actuel.

Né officiellement le 16 février 1942 (la vraie date reste mystérieuse), selon la légende, au sommet du mont Paektu, la montagne sacrée des Coréens, Kim Jon-il est le fils de Kim Il-Sung, le fondateur du régime totalitaire imposé à la Corée du Nord depuis 1948. Il en a été le deuxième leader, au pouvoir de 1994, à la mort de son père jusqu’à son propre décès en 2011, remplacé par son fils, Kim Jong-un, le n°1. Une telle succession dynastique, la lignée de Paektu, est unique à l’époque contemporaine. Elle puise aux sources mythologiques, le mont  Paektu étant le lieu de naissance de Tangun, le fondateur mythique du premier royaume coréen.

En 2013, Kim Jong-un a institutionnalisé la théorie de la vie éternelle de ses prédécesseurs, Kim Il-sung et de Kim Jong-il, formalisé dans le « Code de vie éternelle de Suryong ». À l’imitation de la sainte  Trinité chrétienne, le régime nord-coréen repose sur la logique selon laquelle Kim Il-sung et Kim Jong-il existent au sein de Kim Jong-un, comme Dieu et le Saint-Esprit dans la personne du Christ. Ce jour férié national, chaque 16 février, est aussi une manière de célébrer, au sens religieux du terme, toute la dynastie régnante.

S’il ne s’effondre pas subitement, comme beaucoup de dictatures, le régime va devoir innover car Kim Jong-un est en mauvaise santé et on doit imaginer sa succession. Déjà est mise en avant une fillette de 11 ou 12 ans (sa naissance avait été tenue secrète), Kim Ju Ae, fille cadette de l’actuel leader (il a aussi un fils, caché). En mars 2024, les médias officiels ont commencé à désigner Kim Ju Ae avec le titre très honorifique de « hyangdo » (personne d’un grand conseil ), laissant penser qu'elle pourrait succéder à son père. En attendant, elle doit être unique. Tout Nord-Coréen portant le même prénom d’elle, Ju Ae, a été prié d’en changer. À présent qu’elle est médiatisée, il est bien sûr interdit de chercher à s’habiller ou à se coiffer comme elle.

L'anniversaire de Kim Jong-il a commencé à être officiellement célébré le 16 février 1975, pour son 33e anniversaire. L’année suivante, en 1976, le 16 février fut désigné jour férié. À partir de 1986, la fête a été prolongé au lendemain de l'anniversaire, ce qui en fait une fête de deux jours. C’est bien le moins, pour une date qui a été désignée par les autorités comme le jour le plus important de l’année.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 février 2025

Statues de Kim Il-sung et de Kim Jong-il sur la place Mansudae à Pyongyang (photo J.A. de Roo)

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

15 février : saint Sarkis, le saint Valentin des Arméniens

Saint Sarkis (ou Sargis, la traduction arménienne de Serge) est l'un des saints les plus populaires en Arménie, le patron de la jeunesse et de l’amour, un peu comme saint Valentin en Occident.

 

Saint Sarkis (ou Sargis, la traduction arménienne de Serge) est l'un des saints les plus populaires en Arménie, le patron de la jeunesse et de l’amour, un peu comme saint Valentin en Occident. De nos jours, les jeunes s'offrent des cartes et des bonbons à l'occasion de la fête. Sa fête tombe 63 jours avant Pâques, ce qui en fait une fête mobile. La date, généralement un samedi, varie entre le 18 janvier et le 23 février. Cette année, la Saint-Sarkis, Sourp Sargis (Սուրբ Սարգիս) tombe ce 15 février. De nombreuses localités organisent des fêtes avec musique et un saint Sarkis bien vivant  en costume d’époque paradant sur son cheval.

Pour les plus religieux, il convient de suivre un jeûne de cinq jours  (dit jeûne de Saint-Sargis). La veille de la fête, dans la soirée du vendredi, selon la tradition, les jeunes gens mangent des biscuits salés et s'abstiennent de boire de l'eau, afin, dit-on, de faire apparaître dans leurs rêves leur futur époux ou épouse, qui leur apporterait de l'eau. Ces biscuits salés sont appelés St Sarkis Aghablit. Le jour de la Saint-Sarkis, l’usage veut que les jeunes hommes et filles aillent à l'église, participent au service sacré, prient et demandent l'intercession du saint, après quoi ils reçoivent la bénédiction du prêtre. Le jour de la fête, le halva de Saint-Sarkis, une pâtisserie sucrée fourrée de fruits et de noix, est largement consommée dans les communautés arméniennes pour symboliser les bénédictions offertes par le saint.

La cathédrale de Erevan lui est dédiée, ainsi que de très nombreuses églises dans toute l’Arménie et dans la diaspora. Au XXe siècle, par exemple, quand Téhéran a été doté d’une cathédrale apostolique arménienne, elle a été baptisée Saint-Sarkis.

Sarkis (Սուրբ Սարգիս Զoրաւար) était un général romain d’origine grecque (de Cappadoce) qui s’était réfugié en Arménie avec son fils pour échapper aux retours des persécutions des chrétiens sous l’empereur Julien dit l’Apostat (IVe siècle). Du fait de sa réputation de bon soldat, l’empereur de Perse, Shapur II, le nomme à la tête de l'armée sassanide. Général victorieux, face aux Romains, et fervent chrétien, Sarkis réussit à convertir au christianisme une partie de ses troupes ce qui mit en colère l’empereur sassanide, adepte du zoroastrisme (l’ancienne religion de l’Iran, avant son islamisation). Sarkis ayant détruit de nombreux temples du feu, l’empereur fera mettre à mort son fils Mardiros, plusieurs de ses compagnons et finalement Sarkis lui-même, nous racontent ses hagiographies. Le père et le fils seront élevés au rang de saints et martyrs.

On raconte qu’au Ve siècle, c’est saint Mesrob qui a ramené les reliques de saint Sarkis en Arménie, dans la province d’Arakadzotsen, pas très loin de la ville d’Achtarag, dans le village d’Ouchi où ils furent enterrées. Sur ces restes, un monastère fut construit et porta le nom de Saint-Sarkis.

Sarkis est également vénéré par l’Église assyrienne le 5 janvier et, très discrètement, par les catholiques le 7 janvier. Ne pas confondre saint Sarkis avec saint Serge et son compagnon Bacchus, deux militaires romains du IVe siècle, eux d’origine syrienne, également morts en martyrs et vénérés le 7 octobre.

Les prochaines dates : 31 janvier 2026, 27 janvier 2027, 12 février 2028, 27 janvier 2029, 16 février 2030…

 Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 février 2024

Saint Sarkis est toujours accompagné de son fils, Martyros

 
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1991, Bangladesh, Inde, fête du printemps Bruno Teissier 1991, Bangladesh, Inde, fête du printemps Bruno Teissier

13-14 février : Pohela Falgun, le premier jour du printemps des Bengalis

Pohela Falgun est le premier jour du printemps du mois de Falgun, le onzième mois du calendrier bengali.  Après la sécheresse de l'hiver, de nouvelles feuilles commencent à pousser sur les arbres et la nature orne les branches de nouvelles fleurs colorées comme les vêtements traditionnels que portent les jeunes gens ce jour-là.

 

En bengali, pohela signifie « premier » et Falgun est le onzième mois du calendrier bengali. Au Bangladesh Pohela Falgun (পহেলা ফাল্গুন) tombait autrefois le 13 février, mais depuis une modification locale du calendrier bengali (en 2020), elle est célébrée le 14 février, soit le même jour que la Saint-valentin. Depuis les deux fêtes ont tendance à fusionner chez les Bangalais. D’autant que l’une a été inventée alors que l’autre commençait seulement être connue en Asie. En effet, Pohela Falgun est une fête récente, elle a été lancée en 1991 par des étudiants de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Dhaka, capitale du Bangladesh où ont lieu chaque année divers événements culturels.

Pohela Falgun est également fêtée en Inde et connue sous le nom de Basanta Utsab (বসন্ত উৎসব, littéralement, la « Fête du Printemps ») au Bengale Occidental mais aussi dans les autres États indiens qui ne sont pas de culture bengalie, notamment l'Assam, le Tripura, le Jharkhand et l'Orrisa. En Inde, on a conservé la date du 13 février.

Pohela Falgun est le premier jour du printemps. Après la sécheresse de l'hiver, de nouvelles feuilles commencent à pousser à nouveau sur les arbres et la nature orne les branches de nouvelles fleurs colorées. Les femmes ont pris l’habitude de s’habiller de saris de couleur bashonti (jaune ou orange) et ornées d'ornements floraux, tandis que les garçons portent des panjabis colorés. Vêtus de tenues traditionnelles, les gens, surtout les jeunes, se pressaient en grand nombre dans les magasins de fleurs et les lieux de sortie. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2025

 
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1990, Tadjikistan, URSS, 12 février Bruno Teissier 1990, Tadjikistan, URSS, 12 février Bruno Teissier

12 février : il y a 35 ans les émeutes de Douchanbé

Cet événement, un peu oublié aujourd’hui est un des soubresauts qui ont accompagné le démantèlement partiel de l’empire colonial russe en 1990-1991. Bien avant les réseaux sociaux, l’origine de ces émeutes est un exercice de désinformation digne du savoir-faire russe en la matière.

 

Cet événement, un peu oublié aujourd’hui est un des soubresauts qui ont accompagné le démantèlement partiel de l’empire colonial russe en 1990-1991. Mais l’affaire fut bien plus confuse qu’à Vilnius ou Bakou.

Le 12 février 1990, plusieurs milliers de personnes ont commencé à affluer vers la place Lénine à Douchanbé (capitale de la république soviétique du Tadjikistan). Ils exigeaient une répartition équitable des appartements à Douchanbé, mais le soir même, leurs slogans s'étaient transformés en « À bas Makhkamov ! » (le premier secrétaire du Comité central du Parti communiste du Tadjikistan). N'ayant reçu aucune réponse, les gens ont commencé à prendre d'assaut le bâtiment du Comité central. Des tireurs d'élite du KGB ont tiré sur un groupe de manifestants tuant plusieurs personnes. La foule en colère, se dispersant dans toute la ville, commença à tout détruire sur son passage. Pris de panique, les dirigeants de la République ont accepté de démissionner. Deux jours plus tard, l’armée soviétique appelée en renfort reprenait le contrôle de capitale tadjike. Suite à ces émeutes, 25 personnes ont été tuées et 565 blessées.

Les dernières années de l’existence de l’URSS (qui disparaît en décembre 1991) furent chaotiques voire sanglantes pour plusieurs républiques composant l’URSS. D'avril 1989 à janvier 1991, des troupes de l'armée soviétique et du groupe spécial Alpha du KGB ont été introduites dans cinq capitales : Tbilissi, Bakou, Douchanbé, Riga et Vilnius.

L’origine de ces émeutes est un exercice de désinformation digne de ce qui s’est toujours pratiqué en Russie et dans l’espace colonial russe. Suite au pogrom anti-arménien de Soumgaït en Azerbaïdjan, en 1988, le Tadjikistan a accueilli quelques dizaines de familles arméniennes. La plupart ont trouvé refuge chez des proches, certaines même n’ont fait que transiter par Douchambé avant de s’installer en Arménie. Le bruit pourtant a couru qu’elle avait été prioritaire pour l’attribution d’appartements alors que beaucoup de Tadjiks étaient sur des listes d’attente depuis des années. En même temps, des rumeurs se répandent à Douchanbé selon lesquelles le chauffeur du premier secrétaire du PC, Kakhhor Makhkamov est arménien, et que l'épouse du président du Présidium du Conseil suprême de la République Goibnazar Pallaev, est arménienne, ce qui correspondait à la réalité, mais sans lien avec l’accueil des quelques familles arméniennes. En surestimant le nombre de réfugiés arméniens, 2000, 5000 et même parfois 20 000, les rumeurs distillées en ville ont été habilement utilisées contre les dirigeants de la république. Ces derniers ont commencé à être accusés de se soucier davantage des Arméniens que de leurs compatriotes tadjiks. Il était important pour le KGB de discréditer des dirigeants qui s’étaient rapprochés des nationalistes Tadjiks et de monter la population contre le parti Rastokhez, un parti d’opposition fondé en 1989 qui menaçait l’hégémonie du Parti communiste local.

En effet, Kakhhor Makhkamov était arrivé à la tête du PC du Tadjikistan (autrement dit, au pouvoir dans ce régime à parti unique) en 1985, en évinçant Rahmon Nabiev, accusé de corruption et d’alcoolisme. Pendant le règne de Mahkamov, le Tadjikistan connut une montée du nationalisme, qui culmina avec l'adoption de la « loi linguistique » de 1989 qui désigna le tadjik comme langue officielle de la république, ce qui mécontenta fortement les Russes et autres non Tadjiks. La chute de Mahkamov à la suite des émeutes de février 1990 a permis le retour en grâce de Rahmon Nabiev, réputé proche des Russes, et le renforcement des communistes pro-russes au soviet (assemblée) local. Nabiev deviendra en 1991 président du Tadjikistan.

Sur moment, l’émotion était forte, en 1992, par décret du président Rakhmon Nabiyev, la place où des manifestants ont été abattus, a été rebaptisée Shahidon (place des Martyrs). Un obélisque a été érigé entre le palais présidentiel et le salon de thé Rohat en mémoire des victimes du 12 février 1990. Ce jour est devenu un jour de deuil dans la république. Mais au début du nouveau millénaire, ce jour de deuil officiel a disparu sans laisser de trace. Il faut dire que Makhkamov a été réhabilité au début des années 2000 sur ordre du président Emomali Rahmon (le successeur de Nabiyev). Makhkamov a retrouvé sa place à l’Assemblée nationale, dont il a été le doyen jusqu’à son décès en 2016. Les émeutes de Douchambés et leurs victimes ne sont plus commémorées officiellement, mais sont restées dans les mémoires des habitants de Douchambé (ou Douchanbé), en particulier celle des familles des victimes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 février 2025

Véhicules blindés face aux manifestants dans la perspective Lénine à Douchamabé, le 14 février 1990 (photo Vladimir Fedorenko, Novotsi)

 
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Inde, Hindouisme Bruno Teissier Inde, Hindouisme Bruno Teissier

11 février : Thaipusam, la fête tamoule de la pleine lune

Thaipusam est une fête hindoue célébrée par les Tamouls lors de la pleine lune du mois tamoul de Thai. C'est un événement important pour les communautés tamoules d'Inde, du Sri Lanka, de Malaisie, de Singapour, de Maurice et de quelques autres pays. 

 

Thaipusam (தைப்பூசம்) est une fête hindoue célébrée par les Tamouls lors de la pleine lune du mois tamoul de Thai (fin janvier-début février du calendrier grégorien). Cette fête est connues sous le nom de Thaipooyam (en tamoul) ou de Thaippooyam (en malayalam). C'est un événement important dans les communautés tamoules d'Inde, du Sri Lanka, de Malaisie, de Singapour, de Maurice et de certains autres pays. Thaipusam est un jour férié à Maurice ainsi qu’au Tamil Nadu, au Kerala et à Pondichéry.

Selon la légende, la fête de Thaipusam commémore l'une des batailles entre les Asura et les Deva. Les Asura et les Deva sont deux classes d'êtres divins dans la mythologie hindoue, ces derniers étant considérés comme plus bienveillants. À un moment donné, les Devas ont été vaincus à plusieurs reprises par les Asura, alors ils se sont approchés de Shiva et lui ont demandé son aide. Shiva accéda à leur demande et créa Skanda, un puissant guerrier qui devint le chef des forces célestes et vainquit le maléfique asura Surapadma.

Thaipusam commémore l'occasion où Parvati, l'épouse de Shiva, a donné à Skanda une lance qu'il a utilisée pour tuer Surapadma. Skanda, également connu sous le nom de Murugan, est vénéré comme le dieu de la guerre dans l'hindouisme. Thaipusam est la célébration de ses victoires. Le rituel central du festival est le Kavadi Attam (« danse du fardeau »). Il symbolise un sacrifice à Murugan en signe de gratitude et en demande d'aide et de protection.

Certains fidèles prient et jeûnent 48 jours précédant la fête. Le jour de la fête, ils se rasent la tête et entreprennent un pèlerinage en portant un fardeau physique nommé kavadi. Il existe différents types de kavadi, le plus simple étant un simple pot de lait, souvent en métal. Mais la plupart des kavadi ressemblent à des dais décorés de fleurs et de plumes de paon. Ils sont portés par les fidèles sur leurs épaules jusqu'au temple.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 février 2025

La fête de Thaipusam à Singapour où vit une importante communauté tamoule (photo : William Cho) 

 
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10 février : le naufrage de Saint Paul, fête religieuse et nationale à Malte

Les Maltais sont convaincus que l’apôtre Paul a fait naufrage près de leur archipel et qu’il a évangélisé leur pays. La commémoration de l’événement, jour férié et chômé, est une grande fête populaire.

 

Les Maltais sont convaincus que l’apôtre Paul a fait naufrage près de leur archipel (et non au large des côtes croates comme l’affirment les historiens) et qu’il a évangélisé Malte et Gozo. Cet événement est considéré comme l'un des plus grands moments de l'histoire de Malte au point que la Fête du naufrage de Saint Paul (San Pawl Nawfragu) a été déclarée jour férié officiel. 

La célébration principale a lieu, bien sûr, en l'église du Naufrage de Saint-Paul à La Valette, la capitale de Malte, avec trois messes successives à 8h 10h et 11h suivi d’une grande procession. Chaque 10 février, l’effigie en bois de l'apôtre Paul (une statue du XVIIe siècle) défile dans les rues de la ville, sous les applaudissements du public et les confettis lancés des fenêtres.  À 12h00, c’est le tir des canons de la batterie de salut pour commémorer la fête du naufrage de St Paul (Feast of St. Paul's Shipwreck). Après la cérémonie religieuse, la procession prend vite l’allure d’un véritable carnaval parcourant la capitale.

En effet, selon la légende, saint Paul (Paul de Tarse) aurait fait naufrage à Malte, en l’an 60. Il venait de passer deux années en prison à Césarée, siège de l’autorité romaine en Palestine et naviguait vers Rome pour être jugé (comme citoyen romain), en compagnie d’autres prisonniers. Une terrible tempête se déchaîna qui laissa penser à l’équipage aussi bien qu’aux prisonniers que le naufrage était inévitable et son issue fatale. Mais Paul les rassura et leur dit : « Vous sortirez tous sains et saufs de ce naufrage. Cette nuit, un ange m’est apparu et m’a dit : « Paul, tu n’as rien à craindre ; il faut que tu comparaisses devant l’empereur romain. Et Dieu sauvera tous tes compagnons » De fait, les 276 occupants du bateau parvinrent à rejoindre la côte maltaise sans dommage, selon les promesses de l’ange ! Trois mois plus tard, Paul était embarqué sur un autre bateau vers Rome où il devait être jugé puis décapité.

Timbre-poste de 1919

Le passage de Paul à Malte, s’il fut bref, a laissé de nombreuses traces car on lui attribue plusieurs miracles. Ainsi, accueilli à Mdina, dans le palais du gouverneur romain Publius, il guérit miraculeusement le père de ce dernier atteint de la dysenterie. Publius se convertit et devient le premier évêque catholique de Malte. Mais Paul prêcha aussi l’Évangile à une population qui affluait, intriguée par cet homme, tout à la fois faiseur de miracles et ardent prédicateur ! Tout cela, c’est ce que dit la légende, car pour les historiens Paul aurait plutôt fait naufrage sur la côte dalmate.

De nos jours, la figure de saint Paul hante encore l’archipel, à commencer par l’imposante statue du saint, érigée en 1845 sur la côte même où le bateau est censé avoir échoué. Tout près de la grotte où il aurait séjourné durant trois mois, on peut visiter les catacombes qui portent son nom, peu n’importe si elles datent des IVe et Ve siècles. Légende ou pas, il est avéré que Malte fut la première colonie romaine à se convertir au christianisme. Paul est le saint patron de Malte, bien sûr, et celui de différentes paroisses de l’île.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 février 2025

 

Photos : Agustína Gava

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1857, Grèce, Langues, 9 février Bruno Teissier 1857, Grèce, Langues, 9 février Bruno Teissier

9 février : la Journée mondiale de la langue grecque

Depuis 2017, la Grèce nous invite à célébrer sa langue. La date de cette Journée de la langue grecquea été choisie en mémoire du poète national Dionysios Solomos décédé le 9 février 1857, auteur de l’hymne national et grand défenseur de la langue grecque.

 

Depuis 2017, la Grèce nous invite à célébrer sa langue, imitant en cela de nombreux pays. La date du 9 février pour cette Journée mondiale de la langue grecque (Παγκόσμια Ημέρα Ελληνικής Γλώσσας) a été choisie en mémoire du poète national Dionýsios Solomós, décédé le 9 février 1857.

L’objectif de cette journée de l’hellénophonie est de souligner la contribution de la langue grecque au développement de la culture européenne et mondiale. La valeur de la langue grecque est inestimable. C'est une langue parlée sans interruption depuis 40 siècles et écrite avec le même alphabet depuis 28 siècles ! C'est la langue dans laquelle de grands philosophes, poètes et écrivains nous ont laissé leur œuvre. Homère, Platon, Thucydide, Eschyle, Aristophane, Hippocrate, Évangélistes, Pères de l'Église et tant d'autres. La langue grecque a façonné l'histoire de la civilisation humaine. C'est la langue riche de la littérature et la langue précise de la science.

Dionýsios Solomós est né en 1798 dans une famille crétoise réfugiée à Zante pour échapper à l’occupation ottomane. Zante est l’une des îles Ioniennes possession vénitienne. Imprégné de culture italienne, il avait commencé à écrire en italien, avant de se mettre au grec dont Solomós sera un ardant défenseur, en particulier dans sa version démotique. En 1823, c’est en grec qu’il écrit son Hymne à la Liberté, inspiré par les débuts de la guerre d’indépendance de la Grèce contre les Ottomans. 

L’Hymne à la Liberté (Ύμνος εις την Ελευθερίαν) est un poème de 158 strophes écrit il y a exactement deux siècles, la musique fut composée par Nikólaos Mántzaros en 1828. Les vingt-quatre premières strophes forment depuis 1865, l’hymne national de la Grèce (toutefois, seules les deux premières sont jouées et chantées lors de l'élévation du drapeau).

La promotion et le renforcement de la langue grecque, tant dans les écoles grecques que dans la communauté grecque au sens large, sont aujourd'hui plus que jamais un objectif de la plus haute priorité pour le gouvernement grec. On le sait, le grec est la langue officielle de la Grèce et de Chypre, ainsi que l'une des 23 langues officielles de l'Union européenne. Mais, c'est aussi une langue minoritaire officiellement reconnue en Albanie, Arménie, Italie, Hongrie, Roumanie, Turquie et Ukraine. Dans ce dernier pays, par exemple, Marioupol et sa région étaient habités par de très nombreux Hellénophones, aujourd’hui dispersés ou massacrés par les Russes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 février 2025

 

Dionýsios Solomós : « Μήγαρις πὼς ἔχω ἄλλο τὶ στὸ νοῦ μου πάρεξ ελευθερία καὶ γλώσσα » (Mais puisque j'ai autre chose en tête, donnez-moi la liberté et le langage ?)

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Inde, 8 février Bruno Teissier Inde, 8 février Bruno Teissier

8 février : le jour de la demande en mariage en Inde

Aujourd'hui, en Inde, pour une classe moyenne urbaine et connectée au reste du monde, c’est Propose Day, le Jour de la demande en mariage, deuxième jour de la semaine de la Saint-Valentin, une fête honnie par les autorités.

 

Les Indiens comme un peu partout dans le monde ont adopté la Saint-Valentin. En Inde, cette fête désuète en Occident, est prise très au sérieux dans une partie de la population, la classe moyenne urbaine et connectée au reste du monde. Mais, dans les milieux conservateurs, le 14-Février est vue comme une fête qui va à l’encontre de la culture indienne. À tel point que des extrémistes hindouistes font régulièrement des descentes dans les magasins pour brûler les cartes de vœux et détruire fleurs de la Saint-Valentin. 

Est-ce par réaction, qu’en Inde ceux qui célèbrent cette fête, la déclinent sur toute une semaine du 7 au 14 février ? Hier c'était la « Journée de la Rose », le jour où l'on offre des roses à son amoureuse(eux) potentielle. Aujourd’hui, 8 février, deuxième jour de la fameuse semaine, c’est Propose Day, la Journée de la proposition (la demande en mariage), प्रपोज डे (en hindi), প্রস্তাব দিবস (en bengali), ਪ੍ਰਸਤਾਵ ਦਿਵਸ (en penjabi)… La demande ne se fait pas à légère. En Inde, la plupart des mariages sont arrangés entre deux familles qui y consacrent des efforts et des ressources financières considérables tant pour leur préparation que pour leur célébration.

La semaine de la Saint-Valentin se poursuit avec la journée où on s’offre des chocolats (9 février) ou des nounours (10 février), la peluche étant un symbole de réconfort et d’attention. Le 11 février est plus sérieux, c’est la Journée des promesses ; suivi de la Journée des câlins (12 février) puis des baisers (13 février)… Là, on s’approche de l’indécence. Un simple baiser en public pour être l’objet de poursuite pour « acte obscène ». C’est une des missions de la police indienne que de veiller aux « bonnes mœurs ». Dans ce pays toute relation sexuelle avant le mariage est totalement prohibée. L’Inde a produit le Kamasutra et les sculptures érotiques de Khajuraho, mais la colonisation anglaise a rendu le pays très pudibond. Quand les autorités indiennes font référence aux traditions, c’est à celles héritées de la morale victorienne et non la culture indienne ancienne qu’elles font allusion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 février 2025

 
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1999, Jordanie, monarchie, 7 février Bruno Teissier 1999, Jordanie, monarchie, 7 février Bruno Teissier

7 février  : la mémoire du roi Hussein de Jordanie

Alors que le président Trump annonce son intention de noyer la Jordanie sous un flot de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres, le roi Abdallah II et la reine Rania se recueillent comme chaque 7 février sur la tombe de feu le roi Hussein.

 

Alors que le président Trump annonce son intention de noyer la Jordanie sous un flot de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres, le roi Abdallah II, la reine Rania et plusieurs membres de la famille royale jordanienne se recueillent comme chaque 7 février sur la tombe de feu le roi Hussein au Cimetière royal à Amman. Celui qu’on surnommait le « Petit Roi » avait préservé l’unité de son pays au milieu d’une succession de crises et de guerres qui n’ont jamais cessé depuis qu’existe ce petit royaume créé en 1921 par les Anglais pour être un État tampon.

Cet anniversaire est l’occasion de faire appel aux mânes du roi qui a régné 46 ans  sur la Jordanie, après avoir vu son grand-père, Abdallah Ier, assassiné à bout portant, sous ses yeux, en sortant de la mosquée de Jérusalem. Lui-même avait eu la vie sauve grâce à une médaille portée autour de son cou, sur laquelle une des balles avait ricoché. Deux ans plus tard, en 1953, il montait sur le trône de Jordanie à l’âge de 17 ans.

Hussein Ier a survécu à des dizaines de tentatives d'assassinat et de complots, au terrorisme palestinien et à trois guerres contre Israël. Il a joué le rôle d'intermédiaire conciliant entre les différents rivaux du Moyen-Orient et a été considéré comme l'artisan de la paix dans la région. Il était vénéré pour avoir gracié des dissidents et des opposants politiques et leur avoir accordé des postes de haut niveau au sein du gouvernement. La baraka n’aura pas accompagné jusqu’au bout le très populaire roi Hussein : il est décédé à l'âge de 63 ans des suites d'un cancer le 7 février 1999. Au moment de son décès, il était le chef d’État en exercice le plus ancien au monde. C’est dire l’émotion qui a accompagné sa disparition. C’est son fils aîné, Abdullah II, qui lui a succédé.

Ce 7 février 2025, alors qu’il se recueille sur la tombe de son père, le roi Abdallah II fête ses 26 ans sur le trône. Son jubilé d’argent a été célébré le 9 juin dernier, à l’occasion du 25e anniversaire de sa cérémonie d’intronisation.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 février 2025

Des Jordaniens en deuil de leur roi, le 8 février 1999.

 
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1840, 6 février, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier 1840, 6 février, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier

6 février : la fête nationale contestée de la Nouvelle Zélande

L’ambiance de la fête nationale de Nouvelle Zélande n’est pas des plus sereine depuis le retour de la droite au pouvoir. C’est l’anniversaire d’un traité controversé entre les autochtones maoris et les colons anglais que l’on célèbre aujourd’hui. Ce traité a été signé à Waitangi, le 6 février 1840.

 

La Nouvelle Zélande a le mérite de ne pas avoir choisi comme fête nationale l’anniversaire de l’arrivée des premiers Euro­péens, comme le très controversé Australia Day. L’ambiance n’est pas pour autant plus sereine car on a opté pour la date d’un traité entre les autochtones maoris et les colons anglais. Ce traité a été signé à Waitangi, le 6 février 1840. C’était, il a 185 ans jour pour jour. D’année en année, les activistes maoris ont fait de Waitangi Day (Te Rā o Waitangi) une journée de protestation contre l’iniquité du traité qui leur a été imposé par le Royaume Uni. Beaucoup sont, en effet, convaincus que ce traité qui devait les protéger, les a en réalité grandement défavorisés. Surtout, depuis qu’ils ont pris conscience que les deux versions du texte en anglais et en maoris ne disaient pas vraiment la même chose.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les Maoris ont perdu le contrôle d’une grande partie des terres qu’ils possédaient, le plus souvent après des confiscations. Le fameux traité, était alors totalement ignoré. À partir des années 1950, les Maoris ont de plus en plus cherché à utiliser le Traité comme une base pour revendiquer des droits et récupérer les terres perdues. Les gouvernements des années 1960 et 1970 ont répondu en donnant au Traité un rôle de plus en plus central mais selon l'interprétation qu’en ont faite les Anglais. Car, comme on l’a vu, les deux versions divergent.

De fait, peu de commémorations importantes sont organisées pour l’anniversaire de ce jour fondateur de la Nouvelle-Zélande. Les Néo-Zélandais profitent généralement de ce jour férié qui tombe à la période la plus chaude de l’été, pour aller à la plage. Ceux qui ne partent pas, pourront se rendre au Summer Vibes North Shore Waitangi Day Festival à Auckland.

À Waitangi, lieu de signature du traité, les commémorations commencent généralement la veille, le 5 février. Dans les années 2000, des violences avaient régulièrement lieu, au point que la cérémonie avait été, un temps, déplacée à Wellington. Aujourd’hui, la protestation se limite à des débats vigoureux auxquels des politiciens néo-zélandais sont invités à participer. L'année dernière, on a connu un afflux sans précédent, quelque 80 000 personnes sont venues à Wataingi, soit quatre fois plus que lors des célébrations précédentes. C’était une réponse aux politiques du nouveau gouvernement de droite qui a succédé aux travaillistes. Le parti libertarien ACT (Association of Consumers and Taxpayers) membre de la coalition gouvernementale, milite même pour supprimer tout droit spécifique aux Maoris. D’ailleurs, cette année, Christopher Luxon, le premier ministre, a annoncé qu’il ne viendrait pas.

Célébré depuis 1934 seulement, car le traité avait été oublié et redécouvert au début des années 1930, ce jour n’est férié que depuis 1974, d’abord sous le nom de New Zealand Day puis de Waitangi Day ou te Tiriti o Waitangi.

Les Maoris forment une population d’un peu plus d’un million de personnes (en comptant la diaspora) et quelque 17% de la population néo-zélandaise actuelle.

À Londres, la ville où vivent le plus d’expatriés néo-zélandais, la fête nationale est célébrée par le Waitangi Day Charitable Ball, organisé par la New Zealand Society et lors duquel on décerne le prix du Néo-Zélandais de l'année au Royaume-Uni. Par ailleurs, il est aussi d’usage de faire la tournée des pubs en utilisant la Circle Line du métro londonien. Ce “Kiwi barathon”, comme on l’appelle, aura lieu ce samedi, le 8 février.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 février 2025

 
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1804, Finlande, Poète national, 5 février Bruno Teissier 1804, Finlande, Poète national, 5 février Bruno Teissier

5 février : la Finlande célèbre son poète national

Aujourd’hui, les pâtisseries de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, la « tarte de Runeberg », le poète, auteur de l’hymne national dont c’est l’anniversaire. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe…

 

Durant tout le mois de janvier et jusqu’au 5 février, les pâtisseries et supermarchés de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, avec de la confiture de framboise, c’est la Runebergintorttu, la « tarte de Runeberg », du nom de Johan Ludvig Runeberg. Celui-ci n’était pas pâtissier, on dit que c’est Fredrika, son épouse, bonne pâtissière qui aurait créé ce gâteau. Johan Ludvig Runeberg (1804-1877), est considéré comme le poète national de la Finlande, même s’il écrivait en suédois, sa langue maternelle. Il fut de ceux qui éveillèrent les Finlandais à la conscience de leur identité nationale.

Sa statue se dresse à Helsinki, au milieu des jardins de l’Esplanade. À ses pieds, une femme, allégorie de la nation, tient une tablette de pierre où sont gravées les paroles de l’hymne national finlandais Maamme (Notre pays) dont il est l’auteur. L’anniversaire du poète, né en 1804, le Runebergsdagen (le Jour de Runeberg) est célébré chaque 5 février.

Son œuvre la plus connue est Les Récits de l'enseigne Stål, écrit entre 1848 et 1860, que l'on considère comme le plus grand poème épique finlandais, après le Kalevala, bien sûr. Le texte de Runeberg raconte la guerre perdue par la Suède contre la Russie ce qui fit basculer  la Finlande dans le giron du tsar de Russie, une situation qui dura jusqu’au 6 décembre 1917, quand l’État finlandais s’est émancipé de l’Empire russe. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe, une chance que n’ont pas eu d’autres peuples vivant à la périphérie du monde russe. D’où les inquiétudes actuelles face au réveil violent de l’impérialisme russe.

Le premier poème de cette œuvre est devenu l’hymne national de la Finlande : Vårt land (en suédois) ou Maamme (en finnois).

Porvoo, où le poète a vécu une grande partie de sa vie (de 1837 jusqu'à sa mort en 1877), organisera ce soir la traditionnelle procession aux flambeaux en l'honneur du Runebergsdagen, dans les rues de la cité. Hier soir, un concert a été donné dans sa maison, transformée en musée (gratuit aujourd’hui). Quant à Jakobstad, sa ville natale, elle propose une Semaine de Runeberg.

Le prix Runeberg de littérature est décerné le jour de Runeberg et il existe un prix Runeberg Junior de littérature pour enfants est attribué à peu près à la même période. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2025

 

La version finnoise de l’hymne national (première strophe) et sa traduction :

Oh, notre pays, Finlande, pays natal !
Résonne, ô parole d'or !
Nulle vallée, nulle colline,
nulle eau, nulle rive, n'est plus aimée
que cette demeure dans le Nord,
cher pays de nos pères.

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Bruno Teissier Bruno Teissier

4 février : le souvenir de la toute première abolition de l’esclavage

Le 4 février aurait pu être la première commémoration mémorielle de la France moderne et avoir un écho international. En 1794, pour la première fois dans l'Histoire, la Convention nationale française proclamait l'abolition de l'esclavage… celui-ci sera rétabli huit ans plus tard. Un rassemblement est néanmoins prévu ce soir à Paris.

 

On célèbre aujourd’hui à Paris, le 231e anniversaire de l'abolition de l'esclavage. Pour la onzième fois, un rassemblement est organisé ce soir à 18h sur la place du Général-Catroux, Paris 17e.

Le 4-Février aurait pu être la première commémoration mémorielle de la France moderne et avoir un écho international. Le 4 février 1794, pour la première fois dans l'Histoire, la Convention nationale française proclamait l'abolition de l'esclavage, près de quatre ans après l'adoption par l'Assemblée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le 4 février 1798, Pierre Thomany, un député de Saint-Domingue, descendant d’esclaves, proposait que ce 4 février devienne officiellement une journée de fête nationale dans les colonies. Il n’en sera rien.

En 1801, Toussaint Louverture, pris par son élan émancipateur, choisit le 4 février pour envahir la partie espagnole de Saint-Domingue et y proclamer la liberté générale. Cette audace allait sceller son destin. L’année suivante, le 4 février, une expédition chargée par Bonaparte de rétablir l’esclavage se présenta devant Port-au-Prince. Toussaint sera arrêté et déporté… Mais un premier État noir décolonisé naîtra tout de même le 1er janvier 1804, sous le nom d’Haïti. Cela restera une exception historique.

Le 20 mai 1802, Bonaparte qui avait pris le pouvoir le 9 novembre 1799 (coup d’État du 18 brumaire) décidait de maintenir de l’esclavage là où il n’avait pas été aboli : en Martinique, rendue par les Anglais, ainsi que dans l’océan Indien (Maurice et Réunion), où les colons avaient refusé le décret de 1794. Il agissait sous l’influence du milieu colonial entourant son épouse, Joséphine, elle-même issue d’une famille de planteur esclavagiste. En Guadeloupe, l’esclavage aboli en 1794 sera rétabli par les armes, suite à un arrêté du 16 juillet 1802, malgré la résistance des officiers antillais Ignace et Delgrès. La Guyane a connu le même sort.

Ainsi la République française, désormais conduite par le jeune et ambitieux général, effaçait la date du 4 février de la mémoire nationale. La France, pays des droits de l’homme et du citoyen, aurait pu rester dans l’Histoire comme le premier pays à avoir éradiqué l’esclavage, est en fait le seul à l’avoir rétabli. C’est Claude Ribbe et l'association des Amis du général Dumas, en 2014, qui ont ranimé le souvenir du 4 février. Le rassemblement de ce soir est le onzième.

On le sait, l'esclavage ne sera aboli définitivement dans les colonies françaises que par le décret du 27 avril 1848, adopté par le Gouvernement provisoire de la Deuxième République sous l'impulsion du député Victor Schœlcher. Chaque DOM ou TOM célèbre l’événement à des dates diverses, le 22 mai en Martinique ; le 27 mai en Guadeloupe, le 20 décembre à la Réunion, le 10 juin en Guyane... Et, arbitrairement, le 10 mai par la République française. Un floue mémoriel qui s’explique par les cafouillages de l’Histoire l’abolition dans l’espace colonial français.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2025

Portrait de Jean-Baptiste Belley (1747-1805), représentant de Saint Domingue en 1797, Membre de la Convention et député aux Cinq-Cents. Ce portrait peint par Anne-Louis Girodet (1822) est la première représentation d'un homme noir dans la position d'un législateur occidental. Jean-Baptiste Belley s'appuie sur le piédestal du buste en marbre de l'abbé Guillaume Thomas François Raynal, sculpté par Espercieux.

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

3 février : la journée des anciens combattants en Thaïlande

La cérémonie de la Journée des anciens combattants se déroule au Monument de la Victoire à Bangkok, érigé à l’issue d’une guerre qui a opposé le Siam (Thaïlande) à la France.

 

Lors de la Journée des anciens combattants (วันทหารผ่านศึก), la cérémonie officielle de commémoration se déroule au Monument de la Victoire (อนุสาวรีย์ชัยสมรภูมิ ) à Bangkok. Le monument a été érigé en juin 1941 à l’issue la guerre qui a opposé la Thaïlande à la France du 28 novembre 1940 au 9 mai 1941 afin d’obtenir une rectification des frontières.

Cette guerre opposait le royaume du Siam, cherchant à récupérer des provinces occupées par la France depuis un demi-siècle, aux autorités de Vichy. Ces dernières ont, dans un premier temps, bien résisté et même remporté une bataille navale. Mais l’intervention du Japon a offert la victoire aux Thaïlandais qui récupérèrent une partie de l’actuel Cambodge (les provinces de Phra Tabong, Lan Chang, Phibunsongkhram et Nakhon Champassak), finalement rétrocédée à la France en 1947.

Depuis 1968, des coquelicots rouges sont vendus à l'occasion de la Journée des anciens combattants en Thaïlande, à l'initiative de l'Organisation des anciens combattants, un geste inspiré des commémorations britanniques. L'argent de la vente des coquelicots est reversé aux anciens combattants et à leurs familles. La Thaïlande n’a pas participé à une guerre depuis bien longtemps et elle a été épargnée par la Seconde Guerre mondiale et les guerres coloniales qui ont ravagé l’Indochine. Il n’y a pas eu beaucoup d’anciens combattants siamois (thaïlandais) au XXe siècle. Le dernier est mort en 2003 à l’âge de 106 ans, le lieutenant Yod Sangkrungreung (1897-2003) avait combattu comme volontaire siamois au sein de l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Le président Chirac l’avait décoré de la Légion d’honneur à l’occasion de ses 100 ans.

La date de la Journée des anciens combattants corresponds simplement à l’anniversaire de la fondation de l'Organisation des anciens combattants de Thaïlande (องค์การสงเคราะห์ทหารผ่านศึก), créée le 3 février 1948. Son site internet.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 février 2025

Le Monument de la Victoire (อนุสาวรีย์ชัยสมรภูมิ ) à Bangkok

 
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2 février : la Présentation de Jésus au Temple, fête chrétienne aux racines diverses

Fête chrétienne aux racines juives et païennes, la Présentation de Jésus au Temple est aussi une fête de la lumière au cœur de l’hiver.

 

Quarante jours après sa naissance, comme il est d’usage dans la société juive, Joseph et Marie emmènent Jésus au Temple. Selon la Loi de Moïse, les mères juives devaient venir se purifier 40 jours après l'accouchement d'un garçon, soit 33 jours après sa circoncision. Selon le récit chrétien, Marie n’avait pas besoin d’être purifiée puisqu’elle  est née « pure et pleine de grâce », mais elle obéit à la règle de la société juive à laquelle elle appartient. Au temple de Jérusalem, Marie et Jésus auraient été accueillis par le grand prêtre Zacharie ainsi que par deux vieillards : Anne et Siméon. La première est une prophétesse assidue au temple. Ses pouvoirs lui permettent de voir ce que les autres ont du mal à voir : elle reconnaît en l’enfant un envoyé de Dieu, le Messie tant attendu de la délivrance d’Israël. C’est là que les récits religieux des chrétiens et des juifs bifurquent, puisque ces derniers attendent toujours le fameux Messie. Quant à Siméon, il symbolise l’homme simple, juste et pieux. Selon l’Évangile (Luc 2), il est averti par l’Esprit saint que Jésus n’est pas un enfant comme les autres et en avertit Marie. Siméon dit le Sage et Anne de Jérusalem sont les premiers à avoir reconnu en Jésus, le fils de Dieu. Ne pas les confondre avec Anne et Joachim, les parents de Marie et donc les grands-parents de Jésus.

Quant à la date de cette fête, le 2 février, elle a été fixée au Ve siècle en fonction de celle de Noël, inventée à cette époque, et des cultes païens qu’il convenait de phagocyter plutôt que de les combattre. Siméon ayant proclamé que Jésus est la lumière du monde, la Présentation du Temple pour les chrétiens occidentaux ou la fête de la Sainte Rencontre (Ὑπαπαντή) pour les orthodoxes, il fallait la plaquer sur une fête païenne de la lumière comme Imbolc chez les Celtes qui a lieu autour de cette date. Les églises d’Orient qui suivent toujours le calendrier julien, la fêteront le 15 février (en fait, le 2 février de leur calendrier).

Au VIIe siècle, à Rome, la fête commence à s’accompagner d’une procession aux chandelles. À partir du Xe siècle, on y ajoute une bénédiction des cierges ou des chandelles, pour enseigner aux fidèles que Jésus est la "Lumière des peuples".  Pour le peuple, cette fête est avant tout la fête des chandelles, autrement dit la Chandeleur. La fête devint également mariale (une fête de la Vierge), reprenant la Purification exigée des jeunes mères juives. D’où les nombreuses Vierges de la Candelaria qui sont vénérées le 2 février, la Vierge de Candelaria en Amérique latine, dans les Caraïbes, aux Canaries et aux Philippines.

Fête de la Purification de la Bienheureuse Vierge Marie, pour l’Église rejoint les coutumes païennes de la sortie de l’hiver. En Estonie, par exemple, le Jour de la Bougie (Küünlapäev) marque le milieu du long hiver. Le 2 février, les femmes se regroupent, sans les maris, pour s’amuser et boire du vin. Le vin ayant une fonction purificatrice.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er février 2025

La Présentation du Temple par Giovanni Bellini

 
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1835, Maurice, Abolition de l'esclavage, 1er février Bruno Teissier 1835, Maurice, Abolition de l'esclavage, 1er février Bruno Teissier

1er février : l’abolition très progressive de l’esclavage à Maurice

Le 1er février à Maurice est un jour férié, c’est le Jour de l'Abolition, on célèbre cette année le 190e anniversaire de l’abolition (théorique) de l’esclavage par des cérémonies et des programmes culturels.

 

Le 1er février est un jour férié à l’île Maurice, c’est le Jour de l'Abolition (Abolition Day), on célèbre cette année le 190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.

L’abolition de l'esclavage avait été décidée en 1833 par une loi votée du Parlement britannique qui devait entrer en vigueur le 1er février 1835. Mais les propriétaires d’esclaves ont fait de la résistance, demandant que les esclaves continuent à vivre sur leurs propriétés. Ainsi, le 1er février 1835, même si on le commémore aujourd’hui, n'a pas vraiment changé la situation des esclaves 0 Maurice. Le gouvernement britannique et les propriétaires d'esclaves se sont mis d’accord sur un nouveau système de travail appelé l’aprentiship qui dura jusqu'à ce que la Société anti-esclavagiste intervienne, en 1839, et fasse campagne en disant que c’était une autre forme d'esclavage et qu'il devait être lui aussi aboli. Juridiquement parlant, les propriétaires d'esclaves n'avaient plus le droit de punir les esclaves comme ils le faisaient autrefois. En théorie, ils ne pouvaient pas poursuivre les « esclaves marrons », mais ils le faisaient quand même. Pour les faire céder, Londres a finalement proposé une indemnisation à hauteur de 40% de la valeur de chaque esclave. Il existe encore à l'île Maurice un registre où sont répertoriés tous les esclaves ainsi que leur valeur estimée. C’est cette indemnisation (1,2 million de livres sterling tout de même) qui a permis une abolition réelle de l’esclavage.

Les premiers esclaves avaient été amenés sur l'île Maurice par les Hollandais. Dans les années 1640, le commandant de l'île Maurice, Adriaan van der Stel, fit venir une centaine d'esclaves malgaches sur l'île, puis d’autres encore jusqu’à ce que les Hollandais cèdent l’île aux Français (1721). Ces derniers ont fait venir quelque 160 000 esclaves africains et malgaches tout au long du XVIIIe siècle, vers les îles Mascareignes. Comme il s'agissait d'une nouvelle colonie, il était important de construire de nouvelles infrastructures comme le port, les routes, les bâtiments publics pour le gouvernement, le tribunal de justice, l'hôpital militaire. Il était donc nécessaire d'initier les esclaves à différents métiers comme maçon, forgeron et voilier pour un bon développement de l'île. Quand les Anglais ont récupéré la colonie, en 1810, la population était composée à 70% d’esclaves, ils en ont importé encore environ 60 000. Quelle que soit leur formation initiale, presque tous ont été assignés aux plantations de canne à sucre dans des conditions bien plus terribles que qu’ils avait vécu. Cela dura une trentaine d’années. Dès l’abolition (officielle) de l’esclavage, les Anglais ont commencé à faire venir des travailleurs sous contrat en provenance d'Inde (le premier bateau est arrivé le 2 novembre 1834) et de Chine. 

L’esclavage a laissé de graves séquelles. Les traumas infligés aux esclaves ont perduré au fil des ans et se sont répercutés sur la psychologie de leurs descendants. Dans les têtes, l’esclavage n’a pas réellement disparu, les préjugés, le racisme, contre les descendants des esclaves ont perduré depuis l’abolition de l’esclavage. Le 8 août 2004, le Parlement de l'île Maurice a approuvé une motion parlementaire qui, pour la première fois, reconnaissait que l'esclavage et la traite négrière étaient des crimes contre l'humanité.

Le programme des célébrations de ce 190e anniversaire de l’abolition commence par la projection du film Ni chaines ni maîtres au MCine Trianon le 31 janvier à 20 heures. Ce 1er février, une cérémonie de pose de couronnes au monument international de la Route des Esclaves, en face de la plage publique du Morne, suivi d'une cérémonie officielle et d'un programme culturel à la plage publique du Morne. Puis, le 2 février, une cérémonie de pose de couronnes au site historique Frederik Hendrik à Vieux Grand Port, suivie du dévoilement d'une plaque sur Anna de Bengale ainsi que d'une stèle des esclaves qui ont mis le feu au fort néerlandais de Frederik Hendrik le 18 juin 1695 ; suivi d’un concert avec des artistes de la région au terrain de football du Vieux Grand Port. Tout au long du mois de février, des programmes de sensibilisation visant les établissements d'enseignement du pays sur l'histoire de l'esclavage.

En 2008, le Morne, lieu de refuge des esclaves marrons a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. La montagne du Morne, connue sous le nom de Morne Brabant, est considérée comme un symbole de la lutte des esclaves pour la liberté. Une conférence internationale sur la traite négrière s’y tiendra en février 2025 pour marquer le 190e anniversaire de l'abolition de l'esclavage.

À l’échelle internationale, c’est le 23 août que l’on marque la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 janvier 2025

Plantation de canne à sucre à la fin du XIXe siècle

Le Morne, le mémorial (photo Le Morne Heritage Trust Fund)

 
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1968, Nauru, 31 janvier, écologie, migrants, indépendance Bruno Teissier 1968, Nauru, 31 janvier, écologie, migrants, indépendance Bruno Teissier

31 janvier : Nauru, État sans avenir, un exemple à méditer

C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens qui ont repris aujourd’hui le contrôle de l’île. Ce micro-État du Pacifique avait eu pourtant sa courte heure de gloire…

 

C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens. Ce micro-État du Pacifique a eu pourtant sa courte heure de gloire, il fut dans les années 1970, le deuxième État le plus riche du monde par habitant. Sa richesse : l’île unique est un bloc de phosphate, exploité à outrance jusqu’à l’épuisement, au point d’avoir ravagé toutes les terres cultivables. Le centre de l’île n’est plus qu’un désert, aujourd’hui abandonné par les compagnies minières. L’argent a filé, il n’en reste rien, les jeunes n’ont d’autres choix que de s’expatrier en Australie. Il se pourrait qu’un jour la totalité des 14000 habitants de l’île doivent partir faute de pouvoir continuer à vivre sur une île rendue à 80% inhabitable par la surexploitation. Certains voient dans cette triste fin, une parabole adressée à notre planète.

Le projet actuel est de relancer l’exploitation minière, cette fois en s’attaquant aux grands fonds marins. La barrière de corail n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les premières missions d’exploration ont débuté fin 2022 en dépit des risques environnementaux évidents, surtout quand on sait ce que les Nauruans ont fait de leur île.

La petite république en est réduite à une sorte de prostitution : la vente de passeports à de riches apatrides ou de ses votes à l’ONU. Sa classe politique a été jusqu’en 2023, subventionnée par Taïwan en échange de la reconnaissance de cette île comme unique représentante de la Chine. En 2024, c’est Pékin qui a remporté la mise, on ne sait pas pour quel montant. Quant à la Russie, elle a payé pour que Nauru soit sur la liste des États reconnaissant l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie (deux provinces de Géorgie envahies en 2008 par la Russie), comme États “indépendants”.

Depuis 2012, Nauru monnaie un autre service : l’île sert de prison au service des autorités australiennes en quête de lieux pour parquer, dans des conditions déplorables, les demandeurs d’asile qui ont tenté de chercher un refuge en Australie. Près de 1500 personnes ont ainsi été forcées de s'installer sur cette île. Des hommes, des femmes et des enfants qui doivent cohabiter avec les habitants de la minuscule nation, certains y sont restés plus de 5 ans dans des conditions concentrationnaires. Au fil des ans, au moins douze personnes sont mortes dans ces centres, dont la moitié se seraient suicidés. Depuis une douzaine d’années, Nauru est l'un des piliers de la politique migratoire australienne, selon des méthodes dignes d’un Donald Trump.

En décembre 2024, Nauru a conclu un traité bilatéral avec l’Australie, lui cédant le contrôle de sa sécurité maritime, sa défense, le maintien de l'ordre, ses ports, aéroports et son secteur bancaire. En contrepartie, Nauru recevra l'équivalent de 64 millions de dollars américains d'aide budgétaire directe et 25 millions supplémentaires pour renforcer sa police surveillant les migrants que l’Australie recommence à transférer sur l’île après une brève interruption en 2023. Ne vivant que de subsides et de produits importés, sans avoir besoin de travailler, Nauru est devenu l’un des pays les plus touchés par l’obésité, affichant l’un des taux les plus élevés au monde. L’espérance de vie n’y dépasse pas 55 ans.

On pense que les premiers habitants sont arrivés il y a quelque 2000 à 3000 ans, lors d'une vague de migration vers le Pacifique. L’originalité de la langue nauruane suggère que les Nauruans ont longtemps été isolés des îles voisines. Pendant des millénaires,  ils ont développé un système culturel et social reposant sur 12 tribus. Le 8 novembre 1798, le baleinier britannique Hunter, sous le commandement de John Fearn, est le premier navire européen à s'approcher de l'île. Des canots ont ramé à la rencontre du navire mais Fearn et son équipage sont restés à bord, tandis que les Nauruans sont restés dans leurs bateaux. Les indigènes ne semblaient pas être hostiles et l’aspect idyllique de la terre a conduit Fearn à désigner l’endroit comme Pleasant Island. À partir de 1830, d’autres Européens ont commencé à visiter l’île, apportant des idées et des coutumes européennes, des armes à feu, de l'alcool, de la nourriture et des maladies. Le commerce a augmenté le nombre d'armes à feu sur l'île, entraînant une guerre civile de 10 ans entre les tribus rivales à partir de 1878. Pendant ce temps, les commerçants allemands se sont installés sur l'île et, pour protéger leurs intérêts, l'Allemagne a annexé Nauru en 1888. L'exportation la plus lucrative a d’abord été celle du coprah (chair de noix de coco séchée) mais la découverte en 1900 de gisements de phosphate, principalement utilisés comme engrais, a fait de l'île une possession particulièrement précieuse. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, l'Australie s'est emparée de Nauru. Très convoitée, l’île a subi des bombardements allemands pendant la Seconde Guerre mondiale puis une brève occupation japonaise. En 1945, c’est le rétablissement de la tutelle conjointe australo-néo-zélandaise, En 1966, l'autonomie gouvernementale a été accordée à Nauru et les négociations ont commencé pour l'indépendance totale, laquelle est entrée en vigueur le 31 janvier 1968. C’était alors la plus petite république du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 janvier 2025

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manifestation de réfugiés prisonniers à Nauru

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Iran, Tadjikistan, fête du feu, 30 janvier Bruno Teissier Iran, Tadjikistan, fête du feu, 30 janvier Bruno Teissier

30 janvier : le Sadeh, fête iranienne du feu

Sadeh est un fête iranienne, bien antérieure à l’islam, qui est aussi célébrée au Tadjikistan. C’est une fête du feu, elle est célébrée par l’allumage d’un grand bûcher par les communautés villageoises. Elle a été inscrite par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

 

Sadeh (ou Sada) est vieille fête iranienne, antérieure à l’islam, qui est aussi célébrée au Tadjikistan. Elle serait même plus ancienne que la célébration du Nowruz. Toutes deux ont été inscrites par l’UNESCO comme représentatives du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, respectivement en 2008 et 2009.

C’est une fête du feu, elle est célébrée par l’allumage d’un grand bûcher par les communautés villageoises, qui marquent en même temps leur coopération et la solidarité des gens. Dans les zones plus urbanisées, on se contente d’un braséro. L’allumage du feu avec une torche (golkhan) est un moment important de la cérémonie

Récemment, le Tadjikistan a fait de Sadeh une fête officielle. Depuis 2018, le président de la République prononce ce jour-là un discours télévisé et les pouvoirs publics mettent en œuvre des programmes culturels et artistiques, des expositions d'artisanat. Cette fête oubliée, ou très discrète, à l’époque communiste est redevenue un élément de l’identité nationale, au même titre que le Mehrgan, en automne.

Ce n’est pas le cas dans l’Iran officiel, islamiste, mais les zoroastriens de Kerman, Yazd, Fars et d'autres provinces ont toujours célébré cette fête. Aujourd'hui, elle reste vivante dans ces villes, dans les villages environnants de Maybod, Ardakan, Bafaq, Bardskan, Tabas (villages de Pirhajat et Kalshane) et à Sarayan (village de Dohhasaran)… ainsi que dans certains pays étrangers comme la Suède, l’Australie, les États-Unis… où vivent des zoroastriens pour qui le feu est un symbole sacré.

Dans le calendrier populaire iranien, ce jour marque le début de la préparation des terres agricoles aux prochaines plantations du printemps et la fin des jours les plus froids de l’hiver, 50 jours et 50 nuits avant l’arrivée du printemps (fêté par Nowruz). De ce fait, Sadeh signifie « cent ».

Sadeh est mentionné dans les récits mythologiques de l'Iran ancien. Lorsque Hoshang Shah a vu un long serpent noir alors qu'il chassait, il lui a lancé une pierre, ce qui a provoqué une étincelle lorsqu'il est entré en collision avec une autre pierre et que le buisson sec qui s'y trouvait a pris feu… Depuis, les Iraniens gardent ce feu. Les zoroastriens célèbrent le début de l’année en allumant du feu et en priant.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 janvier 2025

 
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