L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1991, Bangladesh, Inde, fête du printemps Bruno Teissier 1991, Bangladesh, Inde, fête du printemps Bruno Teissier

13-14 février : Pohela Falgun, le premier jour du printemps des Bengalis

Pohela Falgun est le premier jour du printemps du mois de Falgun, le onzième mois du calendrier bengali.  Après la sécheresse de l'hiver, de nouvelles feuilles commencent à pousser sur les arbres et la nature orne les branches de nouvelles fleurs colorées comme les vêtements traditionnels que portent les jeunes gens ce jour-là.

 

En bengali, pohela signifie « premier » et Falgun est le onzième mois du calendrier bengali. Au Bangladesh Pohela Falgun (পহেলা ফাল্গুন) tombait autrefois le 13 février, mais depuis une modification locale du calendrier bengali (en 2020), elle est célébrée le 14 février, soit le même jour que la Saint-valentin. Depuis les deux fêtes ont tendance à fusionner chez les Bangalais. D’autant que l’une a été inventée alors que l’autre commençait seulement être connue en Asie. En effet, Pohela Falgun est une fête récente, elle a été lancée en 1991 par des étudiants de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Dhaka, capitale du Bangladesh où ont lieu chaque année divers événements culturels.

Pohela Falgun est également fêtée en Inde et connue sous le nom de Basanta Utsab (বসন্ত উৎসব, littéralement, la « Fête du Printemps ») au Bengale Occidental mais aussi dans les autres États indiens qui ne sont pas de culture bengalie, notamment l'Assam, le Tripura, le Jharkhand et l'Orrisa. En Inde, on a conservé la date du 13 février.

Pohela Falgun est le premier jour du printemps. Après la sécheresse de l'hiver, de nouvelles feuilles commencent à pousser à nouveau sur les arbres et la nature orne les branches de nouvelles fleurs colorées. Les femmes ont pris l’habitude de s’habiller de saris de couleur bashonti (jaune ou orange) et ornées d'ornements floraux, tandis que les garçons portent des panjabis colorés. Vêtus de tenues traditionnelles, les gens, surtout les jeunes, se pressaient en grand nombre dans les magasins de fleurs et les lieux de sortie. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2025

 
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1991, 1986, Kazakhstan, indépendance, 16 décembre Bruno Teissier 1991, 1986, Kazakhstan, indépendance, 16 décembre Bruno Teissier

16 décembre : le Kazakhstan affirme son indépendance

Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre. Aujourd’hui, le Kazakstan revisite sa longue période d’occupation russe puis soviétique et prend nettement ses distances avec Moscou.

 

Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre avant sa dissolution. Comme la plupart des républiques soviétiques, elle avait déclaré sa souveraineté dès le 25 octobre 1990, un jour dont l’anniversaire sert de fête nationale. Le 16 décembre n’en est pas moins une date importante car le Jour de l’indépendance (Тәуелсіздік күні) est tout de même gratifié de deux jours fériés, les festivités se prolongeant le 17 décembre.

Le Kazakhstan est resté longtemps proche de Moscou, au point l’appeler à l’aide lors des émeutes de janvier 2022. Les Russes avait aidé à rétablir l’ordre et Noursoultan Nazarbaïev, le président qui était arrivé à la tête du pays avant l’indépendance et qui s’était incrusté au pouvoir pendant près de trois décennies, avait été mis à l’écart. L’agression de l’Ukraine par la Russie va refroidir le Kazakhstan qui, depuis, prend ses distances, préférant décliner l’invitation de Moscou à intégrer les Brics.

Le 16 décembre est chaque année l’occasion pour les nationalistes, qui ont le vent en poupe, de dénoncer le colonialisme russe de jadis, la terrible famine de 1932 et la répression politique à l’époque soviétique, notamment celle l’insurrection de décembre 1986 dont le souvenir est réactivé par la coïncidence des dates d’anniversaire. Le 16 décembre 1986, le secrétaire général du PC kazakh, Guennadj Kolbin, prenait ses fonctions. Ce Russe parachuté par Moscou remplaçait Kunaev, un Kazakh, corrompu mais populaire. Cette nomination a provoqué les émeutes dites de Jeloqsan (décembre en langue kazakhe), violemment réprimées, mais perçue a posteriori comme le début de la renaissance kazakhe, d’où l’importance donnée aujourd’hui à ce double anniversaire du 16 décembre.

La météo annonçait des tempêtes et des chutes de neige pour ces deux jours fériés, la saison n’est jamais propice aux festivités en plein air. Dans les villages, on construit des yourtes y faire la fête. À Astana, la capitale, une grande réception est organisée au Palais présidentiel lors de laquelle le président Kassym-Jomart Tokaïev distribue médailles et décorations aux citoyens méritants. Pour l’occasion, beaucoup d’invités ont revêtu des costumes traditionnels.

À Almaty, ce 16 décembre, une cérémonie de dépôt de couronnes a lieu au monument de l'Indépendance sur la place de la République (ancienne place Brejnev). L'événement réunit des représentants du conseil des anciens combattants, de l'administration municipale, des organismes publics, des associations ethnoculturelles et des participants de l'événement de décembre 1986.

Le 17 décembre, des couronnes de fleurs seront déposées devant le monument « L'aube de l'indépendance », célébrant le 38e anniversaire de l'événement de décembre 1986. L’assistance marquera une minute de silence en souvenir des morts de la répression et les représentants religieux réciteront des versets du Coran.

Toute la semaine dernière, des concerts et des conférences ont été donnés. Dans un des principaux lycées de la ville, une réunion intitulée "Mes grands-pères aspiraient à l'indépendance », s’adressait aux lycéens. Tout un passé de lutte nationale et anticoloniale est en train de se construire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 décembre 2024

 
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1991, Croatie, Guerre d'indépendance, 6 décembre Bruno Teissier 1991, Croatie, Guerre d'indépendance, 6 décembre Bruno Teissier

6 décembre :  la mémoire du siège de Dubrovnik

La Journée des défenseurs de Dubrovnik est liée au long siège de la ville lors de l'éclatement de la Yougoslavie en 1991-1992. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade contre la Croatie.

 

Cette journée est connue sous le nom de Journée des défenseurs de Dubrovnik (Dan branitelja Dubrovnika) et sa célébration est liée au long siège de Dubrovnik lors de l'éclatement de la Yougoslavie.

Le siège de Dubrovnik avait débuté le 1er octobre 1991 lorsque les unités de l'Armée populaire yougoslave lancèrent une attaque contre la ville. Le siège dura jusqu'au 31 mai 1992. Le conflit rappelle celui que vit l’Ukraine aujourd’hui. Belgrade n’avait pas accepté que la Croatie fasse sécession, et a lancé contre elle, l’Armée yougoslave, une armée essentiellement composée de Serbes puisque Slovènes, Croates et Bosniaques l’avaient quitté. Ces forces commanditées par l’ultra nationaliste serbe Slobodan Milosevic ont bombardé les principales villes croates pour tenter d’empêcher l’éclatement de la Yougoslavie communiste, avec la même fureur que Poutine a tenté de prendre Kiev ou Karkiv en 2022, en souvenir de la défunte URSS.

Une centaine de civils sont morts pendant le siège de Dubrovnik, 70 % des bâtiments de la vieille ville (classée au patrimoine mondial de l'UNESCO) furent endommagés. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade.

Chaque année, du 3 au 7 décembre, la ville organise tout un programme de commémorations dont la partie centrale a lieu le 6 décembre. La journée commence à 8h au cimetière de Boninovo, avec un hommage aux anciens combattants tombés au combat, en particulier les pompiers, les policiers… À 11h15, c’est un récital d'enfants du primaire à l'amphithéâtre Srđ et, à 12h, un dépôt de fleurs avec allumage de bougies au pied de la croix de Srđ (la montagne qui domine la ville). À 13h, dans le port de la vieille ville, on rend hommage aux marins et vétérans tués en mer. À 15h30, les officiels se rendent au Mémorial des martyrs de Sustjepan, dans le cimetière de ce village côtier situé au nord de Dubrovnik. À 15h45, une messe est dite dans l’église de St. Nikola de Sustjepan. À 17h, retour à Dubrovnik pour le défilé de la fanfare de la ville sur le vieux port, le Stradun et devant l'église Saint-Pierre. À 18h, dans la cathédrale de Dubrovnik, c’est la traditionnelle messe solennelle à la mémoire de tous les anciens combattants tombés au combat. La soirée se termine par des concerts : à 20h, sur le Stradun, la célèbre rue centrale de la vieille ville, Đani Stipanićev & Klapa More & Klapa Ragusavecchia et, à 21h, Marko Perković, dit Thompson, le célèbre chanteur de la mouvance nationaliste croate. Le maire de Dubrovnik, Mato Franković (HDZ, droite) a toutefois interdit d’arborer les symboles du mouvement oustachi (fasciste) lors de cette journée du 6 décembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2024

Cette année, pour le 6 décembre, le maire de Dubrovnik, Mato Franković, au centre, a fait confectionner des tee-shirts arborant le drapeau croate et l’effigie de saint Blaise, le patron de la ville. Ceci afin d’éviter d’être débordé par la symbolique nationaliste et fasciste qui tente de s’imposer lors de chaque commémoration liée au conflit yougoslave des années 1990.

 
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1991, Timor-Oriental, massacre, 12 novembre Bruno Teissier 1991, Timor-Oriental, massacre, 12 novembre Bruno Teissier

12 novembre : le massacre de Dili au Timor oriental

Le Timor oriental commémore l'un des jours les plus sanglants de son histoire récente, un épisode majeur de sa lutte pour l’indépendance.

 

Chaque 12 novembre, le Timor oriental célèbre la Journée nationale de la jeunesse (Dia Nacional da Juventude), un jour férié qui commémore un terrible massacre opéré par l’armée indonésienne à l’époque où elle occupait le pays.

On est en 1991, l’Indonésie alors dirigée par le dictateur Suharto, occupait l’ancienne colonie portugaise depuis 1975. Régulièrement, elle devait affronter des mouvements de résistance, réprimés dans la violence. Sebastião Gomes, un militant indépendantiste, vient d’être capturé et exécuté par l’armée. Le 12 novembre 1991, une foule assiste à ses funérailles à Dili, dans l’église Motael, et se dirige ensuite vers le cimetière de Santa Cruz. Sur la route des militants brandissent des drapeaux, la procession rassemble des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, formant la plus importante manifestation indépendantiste depuis 1975. 200 soldats indonésiens ont surgi et ont tiré sur la foule tuant quelque 250 Timorais. Le massacre a été filmé par deux journalistes américains et un présentateur de télévision britannique. Il a ensuite été diffusé à la télévision britannique et a provoqué une vague d'indignation dans le monde entier.

Le massacre de Santa Cruz est commémoré le 12 novembre au Timor oriental comme l'un des jours les plus sanglants de l'histoire du pays et comme marquant un tournant dans le regard de la communauté internationale sur la question timoraise. L’Indonésie ne lâchera toutefois le Timor oriental qu’en 2002, le 20 mai.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 novembre 2024

Une reconstitution du massacre de Santa Cruz en novembre 1998 (photo : Mark Rhomberg/ETAN)

 
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1991, Ukraine, indépendance, 24 août, URSS Bruno Teissier 1991, Ukraine, indépendance, 24 août, URSS Bruno Teissier

24 août : l’Ukraine célèbre le 33e anniversaire de son indépendance

L'indépendance complète de l'Ukraine a été proclamée le 24 août 1991, suite de l’a déclaration de l’indépendance de la Russie elle-même, deux jours plus tôt, provoquant le démantèlement complet de l’URSS.

 

L'indépendance complète de l'Ukraine a été proclamée le 24 août 1991, suite de l’a déclaration de l’indépendance de la Russie elle-même, deux jours plus tôt, le 22 août, provoquant le démantèlement complet de l’URSS. Cependant, comme l’avaient fait la plupart des républiques soviétiques, le parlement de la RSS d'Ukraine avait déjà adopté une Déclaration de souveraineté de l'État de l'Ukraine le 16 juillet 1990, mais sans avoir jusque à ce 24 août 1991, sauté le pas de la séparation totale. Laquelle était justifiée par le fait que la Russie en faisait autant. L’URSS devait disparaître moins de quatre mois plus tard.

Est-ce une résurgence d’un État ukrainien ? Entre 1917 et 1920, plusieurs États ukrainiens distincts avaient vu le jour, mais chacun de manière éphémère. En 1921, la majeure partie de l'Ukraine a été intégrée à l'Union soviétique sous le nom de République socialiste soviétique d'Ukraine. Pendant les soixante-dix années suivantes, l'Ukraine a fait partie de l'URSS. 

Le Jour de l'indépendance de l'Ukraine (День Незалежності України) est célébré chaque 24 août depuis 1992. Cette année, les célébrations publiques dans la capitale sont annulées en raison des risques de bombardement russe. En 2014, début de l’occupation russe du territoire ukrainien, Moscou avait choisi le 24 août pour lancer une offensive sur la ville de Ilovaisk. Et, il y a 6 mois jour pour jour, le dictateur Poutine lançait la destruction de l’Ukraine.

Le 24 août 2023, a été marqué par un fait d’armes symbolique, néanmoins très important. Des soldats d’élite ukrainiens sont parvenus à mettre pied sur le sol de la Crimée, détruisant quelques cibles bien choisies, et surtout plantant le drapeau ukrainien, le premier depuis 2014 sur ce territoire occupé par la Russie. En 2024, l’Ukraine occupe depuis plusieurs semaines, une portion du territoire russe…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 août 2024

 
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1991, 1958, Hongrie, 19 juin Bruno Teissier 1991, 1958, Hongrie, 19 juin Bruno Teissier

19 juin :  fête paradoxale en Hongrie où l’on célèbre l’indépendance du pays à l’égard de Moscou

C’est une commémoration est très paradoxale : la Hongrie célèbre la restauration de sa souveraineté suite au départ, le 19 juin 1991, des forces militaires imposées par URSS alors que la Hongrie, bien que membre de l’Union européenne, se comporte à nouveau comme un satellite de Moscou.

 

Le Jour de la Hongrie indépendante (Független Magyarország napja) est un jour de commémoration officiel,  observé le 19 juin. Il commémore la fin de l'occupation soviétique de la Hongrie et honore les martyrs de la Révolution hongroise de 1956. La date choisie pour cette commémoration est l’anniversaire du départ du dernier soldat soviétique, le 19 juin 1991, rétablissant l’indépendance du pays après un demi-siècle d’occupation russe.

Cette commémoration nationale a été adoptée en 2001, elle y associe la mémoire des dirigeants de cette révolution manquée exécutés secrètement pour trahison, le 16 juin 1958. Ceux-ci ont été jetés dans une fosse commune sous de fausses identités. Les autorités ont attendu trois décennies que l’emprise de Moscou se desserre, pour autoriser la résurgence de cette mémoire. Le 16 juin 1989, environ un quart de million de personnes ont participé à la réinhumation solennelle d'Imre Nagy, Géza Gimes Miklós Losonczy, Pál Maléter, József Szilágyi et le combattant de la liberté inconnu de la révolution. Le pays tout entier a regardé la cérémonie de plusieurs heures sur les écrans de télévision. La cérémonie de deuil organisée par la Commission de justice historique, mais avec le soutien de toute l'opposition, est devenue un symbole de l'effondrement du régime Kádár - et de tout le bloc soviétique. Deux ans plus tard, presque jour pour jour, le lieutenant-général Viktor Silov, dernier soldat soviétique occupant la Hongrie, quittait le pays.

Cette commémoration est très paradoxale : la Hongrie célèbre la restauration de sa souveraineté suite au départ des forces militaires imposées par Moscou alors que la Hongrie est aujourd’hui le principal soutien de Moscou au sein de l’Union européenne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 juin 2024

 

La tombe d’Imre Nagy après la réinhumation du 16 juin 1989 au nouveau cimetière municipal de Budapest.

Le départ de Viktor Silov sous l’œil des journalistes

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1989, 1991, Géorgie, unité nationale, 9 avril Bruno Teissier 1989, 1991, Géorgie, unité nationale, 9 avril Bruno Teissier

9 avril : la Journée de l’unité nationale en Géorgie

Ce 9 avril est le 35e anniversaire de la répression sanglante d’une manifestation anti-soviétique dans les rues de Tbilissi. Depuis 1992, cette date est un jour férié dénommé Journée de l'Unité nationale, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui tant le pays est divisé entre pro-européens et pro-russes.

 

Ce 9 avril est le 35e anniversaire de la répression sanglante d’une manifestation anti-soviétique dans les rues de Tbilissi. Depuis 1992, cette date est un jour férié dénommé Journée de l'Unité nationale (ეროვნული ერთიანობის დღე).

Le 4 avril 1989, des dizaines de milliers de Géorgiens s’étaient rassemblées pour une manifestation pacifique et des grèves de la faim exigeant le rétablissement de l'indépendance géorgienne. Voyant qu’elles perdaient le contrôle de la situation les autorités de la république soviétique de Géorgie ont fait appel à l’armée et demandé l’évacuation de, l’avenue Roustavéli, l’artère centrale de la capitale. Les manifestants ont refusé de se disperser. Le 9 avril, à 3h45 du matin, les troupes soviétiques dirigées par le général Igor Rodionov encerclèrent la zone de manifestation. Leur mission était de faire évacuer les lieux par tous les moyens. L’intervention a provoqué 21 morts et plusieurs centaines de blessés, certains empoisonnés avec du gaz d’une composition inconnue. Les organisateurs des manifestation, dont Zviad Gamsakhourdia et Merab Kostava, ont été arrêtés et un couvre-feu a été décrété à Tbilissi.

Le « Dimanche sanglant » du 9 avril, entraînera la démission du gouvernement et radicalisera l'opposition géorgienne au pouvoir Soviétique. Quelques mois plus tard, une session du Conseil suprême de la RSS de Géorgie, les 17 et 18 novembre 1989, va officiellement condamner l'occupation et l'annexion de Géorgie par la Russie soviétique en 1921.

Le 9 avril est la date qui a été retenue pour la proclamation, par Zviad Gamsakhourdia, de la souveraineté et de l’indépendance de la Géorgie en 1991, précédant de quelques semaines celle de la Russie puis la disparition de l’URSS, en décembre de la même année. Le 31 mars 1991, les Géorgiens avaient voté massivement (99% de oui avec 90% de participation) en faveur de l'indépendance de leur pays.

Toutefois, en dépit de son appellation, le 9 avril est loin d’être toujours une journée d’unité nationale. En 2009, le 9 avril avait notamment été choisi par une coalition de partis d'opposition pour contester la gouvernance de Mikheil Saakashvili pour le forcer la démission.

Selon la présidente Salomé Zurabishvili, la victoire du 9 avril (1991) se manifeste dans le fait que la Géorgie rétablie comme successeur légitime de l'État de 1918. « Tout le monde a gagné : les cadets de 1921, les officiers fusillés de 1923 et le patriarche Ambroise de Géorgie, les rebelles de 1922, 1923, 1924 et bien sûr les héros du 9 avril et Zviad Gamsakhourdia », a-t-elle ajouté dans un discours prononcé le 9 avril 2021.

L’Unité nationale n’est toujours pas à l’ordre du jour : la Géorgie est aujourd’hui très divisée entre une part importante de l’opinion publique, appuyée par la présidente Salomé Zurabishvili, qui pousse le pays à se rapprocher de l’Occident et le gouvernement ouvertement pro Kremlin qui s’aligne sur la législation russe, mettant à mal la démocratie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 avril 2024

Les victimes du « Dimanche sanglant » du 9 avril

 
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1991, Koweït, libération Bruno Teissier 1991, Koweït, libération Bruno Teissier

26 février : le Koweït  fête sa libération

La campagne de libération du Koweït n’a pris fin que le 28 février 1991, mais c’est bien le 26 février que la libération du pays est fêtée chaque année, car la veille l’émirat célèbre sa dynastie lors de la fête nationale.

 

Le Koweït avait été envahi par l’Irak en août 1990. Il a fallu quelques mois à une coalition internationale pour se constituer et procéder à la libération de ce petit émirat que le dictateur irakien, Saddam Hussein entendait annexer à son pays. Le 24 février 1991, les troupes menées par les Américains entraient au Koweït et marchaient sur la capitale. Le 27 février, Saddam Hussein ordonnait à ses troupes de battre en retraite.

La campagne de libération du Koweït n’a pris fin que le 28 février 1991, mais c’est bien le 26 février qu’elle est fêtée chaque année. La raison, est que la veille, le 25 février, est le jour de la fête nationale du Koweït. Ce qui permet deux jours de fête consécutifs et cette année, un week-end prolongé de quatre jours, du 23 au 26 février, car la semaine de travail au Koweït s’étend du samedi matin au mercredi soir.

Le Jour de la libération (يوم تحرير الكويت) est célébré par un rassemblement à la Tour du Koweït où les gens expriment leur gratitude et leur patriotisme envers leur nation. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 février 2024

 
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1991, Burundi, 5 février Bruno Teissier 1991, Burundi, 5 février Bruno Teissier

5 février : la journée de l’unité nationale au Burundi

Le 5 février est un jour férié au Burundi, en mémoire de la charte de l’unité nationale signée le 5 février 1991. La Journée de l'Unité a été instaurée par le président Pierre Buyoya dans le but de réconcilier les groupes ethniques en guerre Tutsi et Hutu. Elle n’a pas empêché les génocides, notamment celui de 1994, mais elle n’a cessé d’être commémorée.

 

Le 5 février est un jour férié au Burundi, en mémoire de la charte de l’unité nationale signée le 5 février 1991. La Journée de l'Unité a été instaurée par le président Pierre Buyoya dans le but de réconcilier les groupes ethniques en guerre Tutsi et Hutu. En 1972, des massacres de Hutus avaient été perpétrés par une armée à majorité tutsie.

Malheureusement cette charte n’a pas écarté tout risque de génocide. En 1993, des extrémistes tutsis ont assassiné Melchior Ndadaye, le premier président hutu démocratiquement élu du pays. Ce meurtre a déclenché des massacres de Tusis par la majorité hutue et une guerre civile burundaise qui n’a officiellement pris fin qu’en 2005. Le pays a, à nouveau, connu une crise sanglante en 2015…

En dépit de ces drames, le jour de l’unité n’a jamais cessé d’être célébré. Cette année pour le 33e anniversaire de la charte, les cérémonies se déroulent au monument de l'unité nationale sur la colline Vugizo.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2024

Le 5 février 2021, cérémonie du Jour de l’unité (source : burundi-agnews)

 
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1991, Ukraine, Crimée, 20 janvier Bruno Teissier 1991, Ukraine, Crimée, 20 janvier Bruno Teissier

20 janvier : Les Ukrainiens n’oublient pas la Crimée

Alors que l’URSS était moribonde. Les Criméens organisaient un référendum visant à proclamer la souveraineté retrouvée d’une République socialiste soviétique autonome de Crimée. 94% ont voté oui, c’était le 20 janvier 1991. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui afin de contester l’occupation et l’annexion de la péninsule par la Russie depuis presque 10 ans.

 

Cette Journée de la République autonome de Crimée (День Автономної Республіки Крим) a été célébrée pour la première fois le 20 janvier 2015. Quelques mois auparavant, la Russie envahissait et annexait la péninsule de Crimée.

Une République socialiste soviétique autonome de Crimée avait été créée en 1921 au sein de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, sur ce qui était jadis le Khanat de Crimée. Mais Staline avait aboli cette république autonome pour rétrograder ce territoire au rang de simple oblast (région). Après la mort de Staline en 1953, le nouveau dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev a transféré cet oblast de Crimée à la République socialiste soviétique d'Ukraine. Le transfert fut officialisé en février 1954.

Alors que l’URSS était moribonde. Les Criméens organisaient un référendum visant à proclamer la souveraineté retrouvée d’une République socialiste soviétique autonome de Crimée. 94% ont voté oui, c’était le 20 janvier 1991. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui.

Le statut autonome de la Crimée a été officiellement rétabli le 12 février 1991. Le 24 août, l'Ukraine a déclaré son indépendance de l'Union soviétique, laquelle disparaissait en décembre 1991. En février 1992, la RSSA de Crimée était rebaptisée simplement  République de Crimée. En juin, elle obtenait le statut de république autonome au sein de l'Ukraine. Tou ce processus institutionnel et démocratique n’apporte aucun argument à Moscou pour réclamer de rattacher la Crimée à la Russie, c’est pourtant ce qui a été fait pas la force en mars 2014.

Selon les traités internationaux en vigueur, la Crimée fait toujours partie intégrante de l'Ukraine. Cela a également été reconnu par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution de 2014. Et aujourd’hui, la Crimée continue d’être soutenu de toutes les manières au niveau international, comme le prouve le forum de la Plateforme de Crimée. En 2023, des délégations gouvernementales de 45 pays ont participé à la conférence : les États-Unis, tous les membres de l'UE, la Géorgie, la Moldavie, la Turquie, la Macédoine du Nord, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, le Canada et l'Islande. Parmi eux figurent neuf présidents, quatre premiers ministres, 14 chefs des affaires étrangères, ainsi que d'autres hommes politiques et ambassadeurs. C’est-à-dire tous les pays de l’UE et de l’OTAN, les pays du G7 au complet et les pays du format Normandie, à l’exception de la Fédération de Russie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2024

 
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1991, Azerbaïdjan, URSS, 18 octobre, indépendance Bruno Teissier 1991, Azerbaïdjan, URSS, 18 octobre, indépendance Bruno Teissier

18 octobre : l'Azerbaïdjan fête son indépendance et la reconquête de son territoire

L’Azerbaïdjan célèbre le Jour de la restauration de l’indépendance en souvenir de son émancipation à l’égard de l’URSS en 1991. Le régime du dictateur Aliev en profite pour célébrer la reconquête des territoires qui lui échappaient, par une violente offensive militaire qui a terrorisé la population arménienne.

 

L’Azerbaïdjan célèbre le Jour de la restauration de l’indépendance (Müstəqilliyin Bərpası Günü) en souvenir de l’adoption, le 18 octobre 1991, par le Soviet suprême d’Azerbaïdjan, d’une loi sur l’indépendance de la république soviétique par rapport à l’URSS. Cette loi sera confirmée par le référendum en décembre 1991, juste quelques jours avant la disparition totale de l’URSS. Cette loi constitutionnelle précisait que la nouvelle république d’Azerbaïdjan était l’héritière de celle qui avait été proclamée le 28 mai 1918 et qui avait existé moins de deux ans, avant d’être intégrée à l’URSS.

Le 18 octobre avait été déclaré férié et chômé dès 1992 mais qui n’est plus chômé depuis 2006, contrairement au 28 mai (Müstəqillik Günü) et, en 2022, de Jour de l’indépendance, il est devenu Journée de la restauration de l’indépendance. D’ailleurs le 28 mai est beaucoup plus fêté que le 18 octobre où on se contente d’ordinaire d’un défilé militaire et d’un feu d’artifice dans la capitale. Mais cette année, à quelques jours après la conquête, par une opération éclair, de l’enclave séparatiste du Haut-Karbagh, au prix toutefois de crimes de guerre, l’euphorie est telle que ce 32e anniversaire de la résurgence de l’État azerbaïdjanais est fêté avec une plus grande ampleur par le régime autoritaire du président Aliev.

En réalité, c’est le 30 août 1991 que l’Azerbaïdjan avait proclamé son indépendance à l’égard de l’URSS et annulé, en même temps, le statut d’autonomie accordé par Moscou à la République autonome du Haut-Karabagh, peuplée principalement d’Arméniens. En réaction, le gouvernement régional du Karabakh avait annoncé, à son tour, l’indépendance de l’enclave le 2 septembre 1991 vis-à-vis du pouvoir central de Bakou. Celui-ci réagit militairement, les Arméniens ont eux aussi pris les armes et cette première guerre du Karabagh avait abouti à la perte de contrôle par l’Azerbaïdjan, non seulement du Haut Karabagh, mais aussi des régions la séparant de la république d’Arménie, soit de 15% environ de son territoire. Un désastre militaire pour Bakou qui a été effacé en grande partie à l’automne 2020 par la reprise, avec l’aide de la Turquie de d’Israël, de la majeure partie des territoires perdus. L’offensive de septembre-octobre 2023 a permis de reprendre en totalité les territoires perdus en 1994 et d’en chasser, par la terreur, les populations arméniennes qui y vivaient depuis au moins 2000 ans. Voilà aussi ce qui est célébré en Azebaïdjan ce 18 octobre 2023.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1991, Ukraine, Crimée, drapeau, 26 juin Bruno Teissier 1991, Ukraine, Crimée, drapeau, 26 juin Bruno Teissier

26 juin : le jour du drapeau tatar de Crimée

Le drapeau des Tatars de Crimée a été adopté par l'Assemblée nationale des Tatars de Crimée en 1917, puis rétabli le 26 juin 1991, peu avant la chute de l’URSS. À nouveau sous occupation russe, la Crimée n’est actuellement pas en mesure de célébrer son drapeau national, celui du peuple qui y vivait avant l’arrivée des Russes.

 

Le drapeau des Tatars de Crimée a été adopté par l'Assemblée nationale des Tatars de Crimée (kurultai ou qurultay) en 1917, peu après la Révolution de février dans l'Empire russe. Leur pays était occupé depuis un peu plus d’un siècle par les Russes. La Révolution russe de février 1917 leur donna pour la première fois l’occasion d’exprimer leur identité nationale et leur aspiration à s’autogouverner.

Toute expression nationale des Tatars sera ensuite interdite pendant l’époque soviétique, il faudra attendre le 26 juin 1991, pour qu’un deuxième kurultai se réunisse. Deux ans auparavant, les Tatars de Crimée avaient commencé à revenir en Crimée après leur expulsion de 1944. Ce 26 juin 1991, le kurultai a officiellement rétabli le drapeau tatar de Crimée comme comme leur drapeau national. C’est cet anniversaire qui est célébrée chaque 26 juin, Jour du drapeau tatar de Crimée (Sinda qirimtatar bayraginiñ künü). La célébration, toutefois, se limite à la diaspora (en Turquie, au Canada…) car l’expression de l’identité tatare est aujourd’hui à nouveau brimée dans la Crimée occupée par l’armée russe.

Le drapeau tatar de Crimée est une bannière bleu clair avec un emblème jaune (doré) dans le coin supérieur gauche. La couleur bleue est traditionnellement associée aux peuples turcs, alors que l'emblème est un tamga, un sceau abstrait utilisé par les peuples nomades eurasiens. Ce tamga particulier était autrefois le symbole officiel de la maison de Giray, la dynastie qui a régné sur le khanat de Crimée du début du XVe siècle jusqu'à son annexion par l'Empire russe en 1783. Au XXe siècle, les Tatars de Crimée ont adopté le tamga de Giray comme symbole national.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 juin 2023

 

À gauche, l’emblème des Tatars et leur drapeau ; à droite, ceux de l’Ukraine. Image publiée par Refat Chubarov, président du Mejli.

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20 juin : la journée des martyrs de la guerre de libération de l'Érythrée

En Érythrée, c’est la Journée des martyrs, un jour férié pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour la libération du pays de l’emprise éthiopienne entre 1961 et 1991, un conflit qui a fait 100 000 victimes (pour une population de 5 millions, à l’époque), mais qui a légué au pays une des dictatures les plus terribles au monde. 

 

En Érythrée, c’est la Journée des martyrs (Mealti Sematat), un jour férié pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour la libération du pays entre 1961 et 1991.

La guerre de libération a pour origine la décision de l’ONU, en 1952, de rattacher cette ancienne colonie italienne à l’Éthiopie. L'Érythrée aurait dû jouir d’une large autonomie dans le cadre d’une fédération, mais l'empereur éthiopien Hailé Selassié, n’a pas joué le jeu. Il réduit très vite l’autonomie promise. Le pouvoir éthiopien a imposé l'amharique comme langue officielle à la place du tigrinya, interdit l'usage du drapeau érythréen, imposé la censure et déplacé les centres d'affaires hors de l'Érythrée… Finalement, le parlement érythréen a été dissous unilatéralement et l’Érythrée a été annexée en 1962, en toute illégalité. 

La guerre de libération des Érythréens contre l’Éthiopie a commencé il y a 62 ans, en 1961, avec les premières opérations militaires du FLE (Front de libération de l’Érythrée) et a duré jusqu’au 24 mai 1991, soit une guerre de 30 ans qui s’est terminée il y a 32 ans tout juste. Le conflit a fait 100 000 victimes (pour une population de 5 millions, à l’époque). 

Mais cette longue et terrible guerre a militarisé le pays et permis l’accession au pouvoir d’Isaias Afwerki, le chef du FLE. Celui-ci dirige le pays d’une main de fer depuis trois décennies. Le dictateur érythréen est, aujourd’hui, l’un des plus anciens au monde. Le pays a récemment retrouvé la paix, mais le service militaire qui dure trois ans sous un régime de terreur a fait de très nombreuses victimes, or celles-ci ne font pas partie des martyrs commémorés chaque 20 juin. De fait, ce régime a aussi provoqué l’exode de près d’un demi-million de jeunes gens qui fuit le pays pour y échapper. Le résultat, c’est que les Érythréens sont surreprésentés parmi les demandeurs d’asile en Europe, pour un pays peuplé d’à peine 6 millions d’habitants.

D’ailleurs, une nouvelle guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie s'est déroulée de mai 1998 à juin 2000 pour quelques arpents de terres désertiques provoquant la mort de quelques dizaines de milliers de personnes. Les escarmouches frontalières ont continué, augmentant chaque année (souvent en juin) le nombre des martyrs. Cela jusqu’en 2018, quand a été conclu, soudainement, un accord de paix entre les deux pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 juin 2023

 
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Le Parc national des martyrs, situé à l'extérieur de la capitale, Asmara, inauguré le 20 juin 1997.

Le Parc national des martyrs, situé à l'extérieur de la capitale, Asmara, inauguré le 20 juin 1997.

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1991, Suisse, Femmes, 14 juin Bruno Teissier 1991, Suisse, Femmes, 14 juin Bruno Teissier

14 juin : la grève féministe des femmes suisses

Chaque année, depuis la grande manifestation du 14 juin 1991 qui avait mis 10% de la population suisse dans la rue, les femmes suisses manifestent pour l’application de leurs droits. Il est vrai que le pays a toujours été très en retard : le droit de vote acquis en 1981 seulement et dernièrement, en 2005, l’obtention d’un congrès de maternité… Cette année, les femmes sont dans la rue pour l’égalité salariale entre homme et femmes. Un problème qui n’est pas spécifique à la Suisse, mais cette manifestation monstre des femmes n’a pas d’équivalent.

 

Chaque année, depuis 1991, les femmes suisses manifestent pour l’application de leurs droits. Le 14 juin 1981, l'égalité entre les femmes et les hommes était enfin inscrite dans la Constitution fédérale après un référendum (60% de oui, 40% de non). Cette égalité des droits fut un long combat, les femmes suisses n’avaient le droit de vote au niveau fédéral que depuis 1981 et au niveau local, certains cantons alémaniques ont même résisté jusqu’en… 1990 pour leur permettre de voter.

Dix ans après cette inscription dans la constitution, peu de choses ayant évolué, une grève des femmes a été organisée, à la date anniversaire de cette inscription, soit le 14 juin 1991. Le succès de cette action de protestation a été phénoménal : plus 500 000 personnes étaient dans les rues, soit 10% de la population du pays à l’époque !  Depuis, cette grève des femmes a lieu chaque année, le 14 juin.

Une loi sur l’égalité entre homme et femme a fini par être votée en 1996 pour faire évoluer la situation. La dépénalisation de l’avortement a été acquise en 2002 seulement. Une femme sur dix est licenciée après son congé maternité, un congé qui n'a d'ailleurs vu le jour qu'en 2005 ! (soit un demi siècle après la plupart des pays européens)… Il existe, aujourd’hui, encore une différence de salaire de l’ordre de 20% entre hommes et femmes. Pour la retraite, l’écart est même de 30% et celle-ci a été récemment fixée à 65 ans (à partir de 2025). 

Si bien que le 14 juin, les femmes ont décidé, symboliquement, de s’arrêter de travailler à 15h24. C’est pour cela que le 14 juin est appelé la Grève des femmes (Frauen streik / feministischer Streik, ou sciopero femminista e delle donne). Par esprit de consensus, propre à la Suisse, beaucoup d’entreprises ont paris l’habitude de donner leur après-midi, voire leur journée, aux femmes chaque 14 juin.

La  journée du 14-Juin, peu marquée dans les cantons ruraux de langue allemande, est quasi institutionnalisée dans les cantons urbanisés les plus importants. Durant les deux dernières semaines, la Ville de Genève, par exemple, a mis à disposition des espaces d'affichages, permettant au Collectif de la grève d’annoncer l’événement au public. Elle a en outre décidé de pavoiser le Pont du Mont-Blanc, le Palais Anna et Jean-Gabriel Eynard et le toit du Grand Théâtre le 14 juin 2023 aux couleurs de la Grève féministe (le violet) et de prendre en charge les frais d’impression des drapeaux. Les lieux suivants sont illuminés en violet les soirs des 13 et 14 juin 2023 : le Palais Anna et Jean-Gabriel Eynard, le Musée Rath, le Grand Théâtre, le phare des Pâquis, la statue de la Brise ainsi que la statue de la colombe de la paix. Ce 14 juin, également, une salle est prêtée pour les préparatifs de la manifestation et le stockage du matériel… Les villes de Lausanne, Berne, Zurich, Bâle… sont également très engagées. Lausanne a même inauguré, en 2021, une Place du 14-Juin.

Lausanne 2023 sur YouTube

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Image du SIT, syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs

Le slogan de la manif du 14 juin 2023

La conseillère Viola Amherd (veste blanche), la présidente du Conseil national, Marina Carobbio Guscetti (à droite) et la vice-présidente du Conseil national, Isabelle Moret, le 14 juin 2019

À Bâle, la manif prend l’allure d’un carnaval

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1991, 1993, Érythrée, indépendance, 24 mai Bruno Teissier 1991, 1993, Érythrée, indépendance, 24 mai Bruno Teissier

24 mai : l’Érythrée, surnommée « la Corée du Nord africaine », célèbre sa fête nationale

C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui  les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour  se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen libérait la capitale érythréenne d'Asmara. Son chef Issaias Afeworki et ses sbires, n’ont jamais quitté le pouvoir.

 

C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui  les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour  se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur, au point que ce pays de 3 millions d’habitants est à l’origine d’un  des principaux flux de demandeurs d’asile politique en provenance de l’Afrique.

L’Érythrée avait été colonisée par les Italiens à la toute fin du XIXe sicle, puis avait été occupée par les Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, le pays a été revendiqué par l’Éthiopie, dépourvue de façade maritime. Avec le parrainage des Nations unies, l’Érythrée a été intégré en 1952 dans une fédération avec l’Éthiopie qui dure 10 ans et se termine par une confiscation de toute autonomie par Addis Abeba. En réaction, l’Érythrée est entrée en rébellion dès 1961 sous la conduite du Front de libération de l'Érythrée  (FLE), puis du Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE). La guerre d'indépendance érythréenne a entraîné la mort de 10 % de la population du pays, mais s'est soldée par une victoire érythréenne décisive. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen a libéré la capitale érythréenne d'Asmara. L'anniversaire de cet événement est maintenant célébré comme le Jour de l'indépendance de l'Érythrée, bien que le référendum sur l'indépendance n'ait eu lieu que deux ans plus tard, après que l'indépendance du pays ait été reconnue internationalement, le 24 mai 1993. C’est cet anniversaire qui est fêté par les autorités de ce pays reclus, où toute voix dissidente disparaît au goulag. La constitution n’est pas appliquée, aucune élection ne fait même mine de singer la démocratie. Ce régime totalitaire est comparable à la Corée du Nord. Il est dirigé d'une main de fer depuis 30 ans par le président Issaias Afeworki, le dictateur actuel qui a émergé de la guerre d’indépendance. Il n'y a ni presse libre ni opposition politique ni même de société civile.

Le pays n’a jamais cessé d’entretenir une guerre larvée. Les civils sont enrôlés dans un service militaire si terriblement contraignant et dangereux que beaucoup fuient le pays pour y échapper. L’Érythrée a, à nouveau, affronté l’Éthiopie entre 1998 et 2000 pour un conflit frontalier qui a fait 80 000 morts. Accusé de déstabiliser la Corne de l'Afrique en soutenant des groupes armés comme les shebabs somaliens, le pays a fini par signer un accord de paix en 2018 avec le nouveau Premier ministre de l’Éthiopie, Abiy Ahmed, puis de soutenir ce dernier  dans la guerre d’Addis Abeba contre le Tigré entre 2020 et 2022. En février 2022, l’Érythrée est un des très rares pays du monde à avoir soutenu l’agression de l’Ukraine par Poutine.

Le jour de l'indépendance est un jour férié et chômé. Les festivités durent une semaine jusqu'au 24 mai, c'est la Semaine de l'Indépendance (qinyat natsnet). Elle est marquée par des carnavals, des spectacles de rue, des compétitions sportives, des courses cyclistes, des concerts de musique, des défilés, des fêtes sous tente, de nombreux drapeaux et de nombreuses manifestations de patriotisme ferments encadrées par les autorités.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Des cérémonies dignes de celle de la Corée du Nord

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1991, Cap-Vert, 13 janvier, démocratie Bruno Teissier 1991, Cap-Vert, 13 janvier, démocratie Bruno Teissier

13 janvier : le Cap-Vert  célèbre sa démocratie

Le Cap-Vert fête l’instauration de la démocratie, remplaçant un régime à parti unique, le 13 janvier 1991, l’année où la plupart des régimes marxistes ont dû se réformer. Le Cap-Vert dont on parle très peu est aujourd’hui le pays des alternances politiques pacifiques entre la droite et la gauche. Un pays de la bonne gouvernance en dépit des difficultés de cet archipel qui reste très pauvre. Il mérite des encouragements.

 

C’est le 13 janvier 1991 qu’ont eu lieu les premières élections démocratiques de l’histoire de ce petit pays insulaire situé au large de l’Afrique occidentale. Le pays a obtenu son indépendance en 1975 grâce à deux décennies de militantisme contre l’occupation portugaise de la part des membres du Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV). Comme il était l’usage à l’époque de ma part des mouvements marxistes de libération nationale, le régime politique qui se met en place ne prévoit qu’un parti unique. Tout naturellement, ces partis remportent les élections faute d’adversaires politiques reconnus officiellement.

L’affaiblissement de l’URSS, le lointain parrain, va changer la donne. Plusieurs partis d'opposition cap-verdiens s’unissent pour former le Mouvement pour la Démocratie (MPD) en avril 1990 à Praia, et contestent la légitimité de l'élection présidentielle prévue pour décembre 1990.  Finalement, le système à parti unique est officiellement aboli le 28 septembre 1990, et les premières élections libres ont lieu le 13 janvier 1991. En même temps, le Cap Vert connaît sa première alternance politique puisque le MPD remporte largement ces élections avec 73% des suffrages. C’est cet anniversaire qui est célébré chaque 13 janvier comme la Journée de la liberté et de la démocratie (Dia da liberdade e democratia), un jour férié que les Cap-verdiens appellent aussi le Dia D (D comme démocratie).

Le 13 janvier 1991, António Monteiro (MPD) a remplacé le président Aristides Pereira en place depuis l’indépendance. Le pays va ensuite connaître d’autres alternances. Déjà en 2001, avec l’élection à la présidentielle de Pedro Pires (PAICV). Puis à nouveau en 2011, avec le retour au pouvoir du MPD. En 2021, on assiste à l’élection de José Maria Neve (PAICV), le président actuel, lequel doit finalement cohabiter avec José Maria Neve (MPD), reconduit à la tête du gouvernement… ainsi va la démocratie du Cap-Vert, le pays des alternances pacifiques régulières entre une droite (démocrate-chrétienne) et une gauche (social-démocrate). Un pays de la bonne gouvernance en dépit des difficultés économique et climatiques de cet archipel qui reste très pauvre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 janvier 2023

 
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1991, Arménie, indépendance, 21 septembre Bruno Teissier 1991, Arménie, indépendance, 21 septembre Bruno Teissier

21 septembre : l’Arménie célèbre son indépendance, toujours très menacée

Alors que l’Azerbaïdjan profite de la faiblesse russe pour harceler le territoire de l’Arménie, les Arméniens célèbrent leur indépendance, celle de 1991.

 

Alors que l’Azerbaïdjan profite de la faiblesse russe pour harceler le territoire de l’Arménie, les Arméniens célèbrent leur indépendance. Celle-ci avait été déclarée le 23 août 1990 par le Conseil suprême de l’Arménie qui déclarait dissoute la République socialiste soviétique de d’Arménie et la formation d’un nouvel État. Ce n’est toutefois que le 21 septembre 1991 que le peuple arménien a voté, par référendum,  en faveur de la sortie de l’URSS. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui, décrété Jour de l’Indépendance (Հայաստանի Անկախության օրը) En 1991, la nouvelle république élisait son premier président : Levon Ter-Petrossian. Cependant, l’Arménie n’a obtenu sa totale indépendance que le 26 décembre de la même année, à la faveur de la dissolution de l’URSS. L’Arménie avait été absorbée par l’immense entité soviétique en 1922, après quatre années d’une première indépendance très chaotique, obtenu en 1918.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1991, Russie, drapeau, 22 août Bruno Teissier 1991, Russie, drapeau, 22 août Bruno Teissier

22 août : les Russes fêtent leur drapeau

La date choisie pour célébrer le drapeau russe est très paradoxale car elle est étroitement liée à la disparition de l’URSS, la construction nationale que vénèrent le dictateur Poutine et son régime. La propagande du régime est là pour camoufler ce choix fait à l’époque d’Elstine.

 

La date choisie pour célébrer le drapeau russe est très paradoxale. Ce Jour du drapeau national (День Государственного флага России) a été créée en 1994 pour commémorer le jour où le drapeau actuel de l'État russe a été hissé sur le bâtiment du Soviet suprême de Russie après une tentative de coup d'État en août 1991. Ces événements ont déstabilisé l'Union soviétique et ont contribué à la fois à la disparition du Parti communiste de l'Union soviétique et à la dissolution de l'Union soviétique elle-même. Elstine, le président de la république de Russie en avait profité pour proclamer « l’indépendance ». D’autre république l’avait précédée, mais la Russie étant la composante la plus importante, ce geste allait entraîner la disparition de l’URSS. Celle-ci sera effective en décembre de la même année. Le paradoxe, c’est que le régime de Poutine (héritier d’Eltsine) cultive la nostalgie de la défunte Union soviétique. Sa disparition a été qualifiée par le dictateur Poutine de principale catastrophe géopolitique du XXe siècle. De fait, il est difficile pour son régime d’expliquer la célébration annuelle de cette date du 22 août. La propagande doit faire des efforts d’interprétation pour justifier cette date qui ne correspond pas à celle de son adoption. Le jour n’est pas férié, mais on organise des festivités dans toutes les villes.

Pour revenir à l’objet de cette fête. On rappelle à cette occasion que le tsar Pierre le Grand, déjà très ambitieux pour son empire, rêvait de construire une puissante marine russe. Le monarque s'est rendu aux Pays-Bas, pour y observer la construction navale de pointe. Ainsi le drapeau qu’il a choisi le 13 janvier 1720 pour les navires marchands russes ressemblait au drapeau tricolore hollandais (rouge, blanc et bleu) mais dans un ordre des couleurs différent (blanc, bleu et rouge). L’URSS avait adopté un drapeau rouge. C’est le 11 décembre 1993 que le drapeau tricolore est à nouveau officialisé en Russie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1991, Estonie, URSS, 20 août, indépendance Bruno Teissier 1991, Estonie, URSS, 20 août, indépendance Bruno Teissier

20 août : les Estoniens fêtent leur indépendance

Le 20 août 1991, l’Estonie se réveille libre. Son indépendance sera reconnue dès le lendemain par Boris Elstine, président de la Russie, heureux de voir se disloquer l’URSS… Depuis 1992, le 20 août est un jour férié en Estonie.

 

Le 19 août 1991, alors que Moscou est en pleine tentative de putsch (les durs du régime soviétique tentant de renverser Gorbatchev), le soviet suprême de la petite Estonie, après de longs débats, finit par voter le rétablissement de l’indépendance de 1918 (24 février). Il est 23h03. L’armée soviétique qui est entrée en Estonie le matin même, hésite pendant plusieurs heures, avant de renoncer à prendre d’assaut la tour de la télévision défendue par les citoyens. Finalement, le 20 août, l’Estonie se réveille libre. Son indépendance sera reconnue dès le lendemain par Boris Elstine, président de la Russie, heureux de voir se disloquer l’URSS, laquelle se résoudra le 6 septembre à reconnaître l’émancipation de l’Estonie. Ébranlée par le putsch raté, l’URSS va finalement disparaître le 25 décembre de la même année. L’armée russe ne quittera toutefois la république balte que 3 ans plus tard.

Le 20 août est, depuis 1992, un jour férié en Estonie. La journée est connue comme le Jour du rétablissement de l'indépendance (Taasiseseisvumispäev). En Russie, le souvenir de l’émancipation de l’un des nombreux peuples qui lui été soumise est vécu par les nationalistes comme l’une des nombreuses humiliations subie depuis 30 ans et que l’invasion de l’Ukraine était sensé laver.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1991, Croatie, Yougoslavie, Guerre civile, massacre, 18 novembre Bruno Teissier 1991, Croatie, Yougoslavie, Guerre civile, massacre, 18 novembre Bruno Teissier

18 novembre : il y a 30 ans débutait le martyre des habitants de Vukovar

C’est Journée du souvenir des victimes de Vukovar, en mémoire des victimes des massacres de 1991

 

Il y a 30 ans les milices serbes, épaulées par ce qui restait de l’armée yougoslave, entraient dans une ville fantôme, largement désertée par ses habitants et détruite aux deux tiers. Le 25 juin, la Croatie avait proclamé son indépendance. Officiellement c’est pour tenter de conserver le contrôle d’une ville multiculturelle que les derniers tenants de la Yougoslavie communiste avaient commencé à assiéger la ville le 25 août. La ville était pour moitié croate, serbe pour un tiers… ces derniers vont occuper la ville pendant une décennie et en faire la capitale d’une république serbe fantoche. Cette occupation débute, le 18 novembre 1991, par des massacres comme celui de l’hôpital de la ville où 300 personnes enlevées, seront presque toutes exécutées dans le faubourg d’Ovcara où se trouve aujourd’hui le principal mémorial en hommage aux quelque 4000 victimes de la tragédie de Vukovar.

En novembre 2010, la ville recevait la visite de Boris Tadic, le président de la Serbie, venu présenter les excuses de son pays. Sinistrée, ravagée par le chômage, la ville se remet lentement mais reste profondément divisée entre Serbes et Croates. Les Journées du souvenir des victimes (Dani sjećanja na žrtve), ces 18 et 19 novembre, sont commémorées différemment. Toutefois, le politicien serbe de Croatie Boris Milosevic, vice-Premier ministre du gouvernement croate, a pris part à la commémoration et Milorad Pupovac, le président du Conseil national serbe, qui représente les intérêts de la minorité serbe en Croatie, a rendu hommage à tous les habitants de Vukovar portés disparus ou tués en 1991.

La Journée du souvenir des victimes de Vukovar est devenue un jour férié l'année dernière, à l'occasion du 29e anniversaire de la chute de la ville.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 novembre 2021

 
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