15 février : saint Sarkis, le saint Valentin des Arméniens
Saint Sarkis (ou Sargis, la traduction arménienne de Serge) est l'un des saints les plus populaires en Arménie, le patron de la jeunesse et de l’amour, un peu comme saint Valentin en Occident. De nos jours, les jeunes s'offrent des cartes et des bonbons à l'occasion de la fête. Sa fête tombe 63 jours avant Pâques, ce qui en fait une fête mobile. La date, généralement un samedi, varie entre le 18 janvier et le 23 février. Cette année, la Saint-Sarkis, Sourp Sargis (Սուրբ Սարգիս) tombe ce 15 février. De nombreuses localités organisent des fêtes avec musique et un saint Sarkis bien vivant en costume d’époque paradant sur son cheval.
Pour les plus religieux, il convient de suivre un jeûne de cinq jours (dit jeûne de Saint-Sargis). La veille de la fête, dans la soirée du vendredi, selon la tradition, les jeunes gens mangent des biscuits salés et s'abstiennent de boire de l'eau, afin, dit-on, de faire apparaître dans leurs rêves leur futur époux ou épouse, qui leur apporterait de l'eau. Ces biscuits salés sont appelés St Sarkis Aghablit. Le jour de la Saint-Sarkis, l’usage veut que les jeunes hommes et filles aillent à l'église, participent au service sacré, prient et demandent l'intercession du saint, après quoi ils reçoivent la bénédiction du prêtre. Le jour de la fête, le halva de Saint-Sarkis, une pâtisserie sucrée fourrée de fruits et de noix, est largement consommée dans les communautés arméniennes pour symboliser les bénédictions offertes par le saint.
La cathédrale de Erevan lui est dédiée, ainsi que de très nombreuses églises dans toute l’Arménie et dans la diaspora. Au XXe siècle, par exemple, quand Téhéran a été doté d’une cathédrale apostolique arménienne, elle a été baptisée Saint-Sarkis.
Sarkis (Սուրբ Սարգիս Զoրաւար) était un général romain d’origine grecque (de Cappadoce) qui s’était réfugié en Arménie avec son fils pour échapper aux retours des persécutions des chrétiens sous l’empereur Julien dit l’Apostat (IVe siècle). Du fait de sa réputation de bon soldat, l’empereur de Perse, Shapur II, le nomme à la tête de l'armée sassanide. Général victorieux, face aux Romains, et fervent chrétien, Sarkis réussit à convertir au christianisme une partie de ses troupes ce qui mit en colère l’empereur sassanide, adepte du zoroastrisme (l’ancienne religion de l’Iran, avant son islamisation). Sarkis ayant détruit de nombreux temples du feu, l’empereur fera mettre à mort son fils Mardiros, plusieurs de ses compagnons et finalement Sarkis lui-même, nous racontent ses hagiographies. Le père et le fils seront élevés au rang de saints et martyrs.
On raconte qu’au Ve siècle, c’est saint Mesrob qui a ramené les reliques de saint Sarkis en Arménie, dans la province d’Arakadzotsen, pas très loin de la ville d’Achtarag, dans le village d’Ouchi où ils furent enterrées. Sur ces restes, un monastère fut construit et porta le nom de Saint-Sarkis.
Sarkis est également vénéré par l’Église assyrienne le 5 janvier et, très discrètement, par les catholiques le 7 janvier. Ne pas confondre saint Sarkis avec saint Serge et son compagnon Bacchus, deux militaires romains du IVe siècle, eux d’origine syrienne, également morts en martyrs et vénérés le 7 octobre.
Les prochaines dates : 31 janvier 2026, 27 janvier 2027, 12 février 2028, 27 janvier 2029, 16 février 2030…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 février 2024
Saint Sarkis est toujours accompagné de son fils, Martyros