L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
10 juin : la fête nationale du Portugal célèbre un poète
Le 10 juin est certainement la fête la plus importante au Portugal, après le 25 avril. C’est tout un peuple qui célèbre son appartenance à la culture lusitanienne, dans le pays même ainsi qu’au sein des communautés portugaises installées à l’étranger. Cette année, le 10-Juin ouvre également les célébrations du 500e anniversaire de la naissance de Luís de Camões.
Le 10-Juin est certainement la fête la plus importante au Portugal, après le 25 avril, une fête qui se décline en plusieurs volets. Tout un peuple célèbre d’abord son appartenance à la culture lusitanienne, dans le pays même mais aussi au sein des communautés portugaises installées à l’étranger (un tiers de la population tout de même !). C’est la langue portugaise qui est mise à l’honneur aujourd’hui. Mais cette date, le Dia de Portugal, de Camões e das Comunidades Portuguesas, est surtout pour les Portugais le jour anniversaire de la mort de Luis de Camões, un 10 juin 1580, poète et dramaturge, auteur des Lusiades, épopée qui raconte les conquêtes du Portugal. Si on ne fête pas l’anniversaire la naissance du poète, c’est que la date est inconnue. On sait juste qu’il avait environ 55 ans à son décès.
Le 10 juin a d’abord été la fête de Lisbonne, dès 1910. La date est devenue la fête nationale du Portugal à partir de 1933 sous le nom de « Jour de la race » (dia da raça). C’est en 1977, seulement, qu’elle a pris son appellation actuelle.
Les célébrations officielles du 10 juin ont commencé hier à l'Université de Coimbra, où se déroule la cérémonie d'ouverture des célébrations du 500e anniversaire de la naissance de Luís de Camões que l’on suppose né en 1525.
Ce matin, la levée du drapeau national, qui marque habituellement le début des célébrations du 10 juin, a lieu, symboliquement, au mémorial aux victimes des incendies de forêt de 2017, à côté de l'Estrada Nacional 236-1, en présence du chef de l'État.
Le programme de Marcelo Rebelo de Sousa comprend ensuite une messe dédiée aux victimes des incendies et une visite à l'exposition des ressources et capacités militaires des forces armées portugaises, à Figueiró dos Vinhos.
Ce soir, à Castanheira de Pera, le président de la République reçoit les salutations du corps diplomatique accrédité au Portugal, à Praia das Rocas, à Castanheira de Pera, où est donné un concert de l'Orchestre léger de l'Armée, ouvert à la population.
Chaque année, le président de la République choisit une ville pour accueillir des célébrations officielles. En 2016, elles ont eu lieu pour la première fois dans deux villes : Lisbonne et Paris. En 2017, c’était à Porto et dans les villes brésiliennes de Rio de Janeiro et de São Paulo. En 2019, elles se sont déroulées à Portalegre ainsi qu’en république du Cap-vert. En 2020, il était prévu une fête conjointe à Madère et en Afrique du Sud où vit une communauté portugaise, mais dans le contexte de la pandémie de Covid-19, on s’est contenté d’une cérémonie symbolique au monastère des Hiéronymites (Mosteiro dos Jerónimos), à Lisbonne. En 2021, le 10 juin était célébré à Funchal (capitale de Madère). En 2022, les célébrations du 10 juin avaient été organisées à Braga et à Londres au sein de la communauté portugaise vivant au royaume-Uni… En 2024, les célébrations s'étendront à la Suisse, parmi les communautés d'émigrants portugais, avec la participation, mardi et mercredi, du président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, ainsi que du Premier ministre, Luís Monténégro.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 juin 2024
2 juin : la Bulgarie célèbre son poète et héros national, Hristo Botev
On célèbre chaque année la mort d’un héros national bulgare : c’est le Jour de Botev et de tous ceux qui sont morts pour la liberté de la Bulgarie.
Aujourd’hui, à midi comme chaque 2 juin, les sirènes retentissent dans tout le pays pendant 3 minutes pour honorer le poète Hristo Botev, un héros national bulgare. L’usage est de s’immobiliser pendant le temps de la sirène.
Le poète Hristo Botev était aussi un révolutionnaire patriote et le 2 juin, on célèbre en même temps tous ceux qui sont morts pour la liberté de la Bulgarie. Il s’est fait connaître en 1867, un 24 mai, lors de la fête dédiée à Cyrille et Méthode, en prononçant un discours contre les autorités ottomanes (qui dirigent le pays) et les riches bulgares qui collaboraient avec les Turcs. Cela l’obligera à fuir le pays et à s’installer en Roumanie. En 1876, il prend la tête d’une insurrection dont le seul fait d’armes est la prise d’un navire sur la Danube. Faute de renforts, lui et ses camarades se sont retrouvés seuls face à des milliers de soldats ottomans et à une escouade d'artillerie. L’opération tourne au massacre, Hristo Botev est tué d’une balle.
On était le 20 mai 1876 (dans le calendrier julien qui avait cours à l’époque) soit le 1er juin en Occident. Mais, quand la Bulgarie a adopté le calendrier grégorien, en 1916, le décalage entre les deux calendriers était passé de 12 à 13 jours. Ainsi, c’est le 2 juin qu’on célèbre chaque année la mort du héros national bulgare. En Bulgarie, c’est officiellement le Jour de Botev et de tous ceux qui sont morts pour la liberté de la Bulgarie (Ден на Ботев и загиналите за свободата на България). Cette année marque le 148e anniversaire de la mort héroïque de Christo Botev (1848 - 1876).
Très vite on a fait du poète, un héros national, oubliant ses idées anarchistes et socialistes. Mais, plus tard, dans la seconde moitié du XXe siècle, la propagande communiste va le dépeindre comme le pionnier du socialisme bulgare et ainsi perpétuer son culte. Aujourd'hui, il est commémoré comme l'un des deux plus grands révolutionnaires bulgares, aux côtés de Vasil Levski. La plupart des villes bulgares ont leur rue ou leur boulevard Hristo Botev, on en trouve aussi en Macédoine et en Roumanie. Des écoles et lycées portent son nom, ainsi que des clubs de foot et des stades, une radio nationale…
Sa poésie a été influencée par les démocrates révolutionnaires russes et les figures de la Commune de Paris dont il avait eu les échos dans son exil roumain. Il était proche d’un autre poète qui lui survivra et sera même premier ministre d’une Bulgarie indépendante, Stefan Nikolov Stambolov.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er juin 2024
24 mai : le Bangladesh célèbre son poète national
C’est Nazrul Jayanti, l’anniversaire d’un poète célébré par les Bengalis du monde entier et connu comme le poète national du Bangladesh.
Il y a 125 ans naissait Kazi Nazrul Isaam (1899-1976). Ce poète bengali, né dans une famille musulmane de l’actuel Bengale occidental, s’est fait connaître par sa critique du colonialisme britannique. En 1912, il avait lancé un magazine bihebdomadaire, Dhumketu ("ধূমকেতু", "Comet") qui critiquait l'Empire britannique. Surnommé le « poète rebelle », Nazrul Islam était surveillé par autorités britanniques du Raj. Son poème politique, Anondomoyeer Agomone (আনন্দময়ীর আগমনে), lui valu d’être arrêté en 1923 et accusé de sédition.
Nazrul a produit un vaste corpus de poésie, de musique, de romans et d'histoires sur des thèmes tels que l'égalité, la justice, l'anti-impérialisme, l'humanité, la rébellion contre l'oppression et la dévotion religieuse. En 1972, le Bangladesh nouvellement indépendant lui confère le titre de poète national, avec le consentement du gouvernement indien. En 1976, juste avant sa mort, lors d’un séjour au Bangladesh, il a obtenu la citoyenneté bangladaise.
Pour Nazrul Jayanti (নজরুল জয়ন্তী), chaque 24 mai, les écoles, lycées et université du Bangladesh fêtent un poète qui a influencé le monde littéraire du Bangladesh avec sa poésie, sa musique, ses philosophies et ses opinions révolutionnaires. Il est très populaire en Inde et dans la diaspora bengali, au même titre que Rabindranath Tagore.
L' anniversaire de la naissance de Kazi Nazrul Islam est un jour férié officiel dans l'État indien de Tripura, généralement célébré le 25 mai, son véritable anniversaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mai 2024
22 juin : la fête chinoise des bateaux-dragons commémore la mort d’un poète
Cette fête chinoise très populaire est aussi appelée la fête du Double cinq car nous sommes le cinquième jour du cinquième mois du calendrier traditionnel chinois. Les courses de bateaux et la préparation des zongzi rappellent chaque année la mort d’un poète du IIIe siècle av. J.-C.
Aujourd’hui, c’est Duanwu Jie (端午节), une fête chinoise très populaire qui est aussi appelée la fête du Double cinq (五月初五) car nous sommes le cinquième jour du cinquième mois du calendrier traditionnel chinois. Mais, c’est sous le nom de Fête des bateaux-dragons (龙舟 / 龍舟) qu’elle est répertoriée depuis 2009 par l’Unesco car ce jour-là, on organise des courses de bateaux à tête de dragon. C’est l’occasion de deux jours fériés en Chine (les 22 et 23 juin 2023).
La légende raconte que le poète Qu Yuan, un des maîtres de la poésie chinoise du IIIe siècle av. J.-C., se serait suicidé en se noyant dans la rivière Miluo après la défaite du royaume de Chu face au royaume de Qin pour lequel il s’était battu. Le roi Huai de Chu ne l’avait pas écouté et l’avait envoyé en exil, d’où son geste fatal. Des villageois ont désespérément tenté de le sauver, mais leurs tentatives se sont avérées vaines. Alors ils ont commencé à battre des tambours, à éclabousser l'eau avec des pagaies et à jeter des zongzi (un mets à base de riz gluant farci enveloppé dans une feuille de bambou) dans la rivière afin d'éloigner les poissons et les mauvais esprits du corps de Qu Yan.
Les courses de bateaux et la préparation des zongzi rappellent chaque année la mort du poète Qu Yan. Celui-ci est l’auteur de Li sao ou Tristesse de la séparation (离骚), le premier long poème de la littérature chinoise. Long de trois cent soixante-douze vers, il ouvre le recueil des Chants de Chu (楚辞), IIIe siècle av. J.-C.
Une course annuelle de bateaux-dragons est organisée dans toutes les provinces chinoises. Elle est appelée la Coupe Qu Yang et figure depuis 1980 parmi les disciplines sportives pratiquées lors des épreuves nationales chinoises.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
5 février : la Finlande célèbre son poète national
Durant tout le mois de janvier et jusqu’au 5 février, les pâtisseries et supermarchés de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, la « tarte de Runeberg », le poète national dont c’est l’anniversaire. Johan Ludvig Runeberg est notamment l’auteur de l’hymne national finlandais. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe…
Durant tout le mois de janvier et jusqu’au 5 février, les pâtisseries et supermarchés de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, avec de la confiture de framboise, c’est la Runebergintorttu, la « tarte de Runeberg », du nom de Johan Ludvig Runeberg. Celui-ci n’était pas pâtissier, on dit que c’est Fredrika, son épouse, bonne pâtissière qui aurait créé ce gâteau. Johan Ludvig Runeberg (1804-1877), est considéré comme le poète national de la Finlande, même s’il écrivait en suédois, sa langue maternelle. Il fut de ceux qui éveillèrent les Finlandais à la conscience de leur identité nationale.
Sa statue se dresse à Helsinki, au milieu des jardins de l’Esplanade. À ses pieds, une femme, allégorie de la nation, tient une tablette de pierre où sont gravées les paroles de l’hymne national finlandais Maamme (Notre pays) dont il est l’auteur. L’anniversaire du poète, né en 1804, le Runebergsdagen (le Jour de Runeberg) est célébré chaque 5 février.
Son œuvre la plus connue est Les Récits de l'enseigne Stål, écrit entre 1848 et 1860, que l'on considère comme le plus grand poème épique finlandais, après le Kalevala, bien sûr. Le texte de Runeberg raconte la guerre perdue par la Suède contre la Russie ce qui fit basculer la Finlande dans le giron du tsar de Russie, une situation qui dura jusqu’au 6 décembre 1917, quand l’État finlandais s’est émancipé de l’Empire russe. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe, une chance que n’ont pas eu d’autres peuples vivant à la périphérie du monde russe. D’où les inquiétudes actuelles face au réveil violent de l’impérialisme russe.
Le premier poème de cette œuvre est devenu l’hymne national de la Finlande : Vårt land (en suédois) ou Maamme (en finnois).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
28 janvier : Cuba fête l’anniversaire de son héros national
Il ne s’agit pas de Fidel Castro ni même de Che Guevara, mais d’un poète qui a lutté toute sa vie pour l’indépendance de Cuba : José Marti fait figure de héros national. Cela dit, les Cubains qui affrontent aujourd’hui les pénuries de nourriture, les coupures d’électricité et l’absence de liberté d’expression, ne vivent plus dans le culte du souvenir.
Il ne s’agit pas de Fidel Castro ni même de Che Guevara, mais de José Marti, un poète qui a lutté toute sa vie pour l’indépendance de Cuba. Mort lors de la bataille de Dos Rio, tué par les les Espagnols le 19 mai 1895, José Marti fait figure de héros de l’indépendance, son nom figure partout à Cuba. Chaque localité possède une statue ou au moins un buste du grand homme, il est célébré chaque 28 janvier par des cérémonies conclues par 21 salves de canon, tirées simultanément de la forteresse de San Carlos de la Cabaña, à La Havane.
Le culte du fondateur du parti révolutionnaire cubain dont se réclamait Fidel Castro, ne faiblit pas. Il y a cinq ans, pour son 165e anniversaire, la ville de New York a offert à La Havane une réplique de la statue de José Martí qui avait été érigée en 1965 dans le sud de Central Park, face au Ritz. Ce même jour, une gerbe de fleurs est déposée au nom du général d’armée Raul Castro Ruz dans le mausolée qui contient les restes de José Marti (1853-1895), au cimetière de Santa Ifigenia.
José Marti est mort au combat en 1895. Finalement les Espagnols ont été chassés trois ans plus tard, en 1898, très vite remplacés par… les États-uniens qui ont dominé l’île jusqu’en 1959.
Hier soir, 27 janvier, à partir de 21 h, a eu lieu une marche virtuelle aux flambeaux, convoquée avec les hashtag #AntorchasMartianas #IdealesDeLuz #JuvenilMartiano, pour fêter le 170e anniversaire de la naissance de José Martí. En raison de la situation sanitaire, il remplacera le défilé traditionnel des étudiants des marches de l'Université de La Havane au Fragua Martiana. Le 28 au matin, un hommage lui sera rendu à l’université de 10h à midi. On célèbre également le 64e anniversaire du Triomphe de la Révolution et le 34e anniversaire de la fondation du Mouvement des jeunes martiens (partisans de José Marti) , ainsi que de la Journée de l'identité latino-américaine.
Les Cubains qui affrontent aujourd’hui les pénuries de nourriture, les coupures d’électricité et l’absence de liberté d’expression, ne vivent plus dans le culte du souvenir. Ces cérémonies mémorielles ont quelque chose de surréaliste dans un pays qui connait aujourd’hui un exode massif faute de savoir se réformer.
25 janvier : la Burn’s night, fête écossaise patriotique et conviviale
C’est une grande fête que préparent les Écossais ce soir en l’honneur de Robert Burns, leur grand poète mort en pleine jeunesse (il avait 27 ans), il y a plus de 200 ans et né le 25 janvier 1759.
Les Écossais préparent ce soir une grande fête en l’honneur de Robert Burns, leur grand poète mort en pleine jeunesse (il avait 27 ans) en 1796. Cette soirée est communément appelée la Burns Night (Burns Nicht pour les Écossais). Ce soir, en Écosse, la célébration se déroule dans une multitude d’endroits, café, pubs, restaurants ainsi que lors de dîners privés.
Défini par les Burns Clubs peu après sa disparition, le rituel n’a pas bougé depuis et la soirée commence immanquablement par un repas (le Burns supper) dont le menu est souvent écrit dans le dialecte du poète, le « lallans ». Les mêmes plats traditionnels se succèdent tous les ans dont le fameux haggis, plat écossais par excellence qui n’est autre que de la panse de brebis farcie. On se souvient que le poète avait écrit une ode au haggis ! Le repas est rythmé par des discours, toasts divers, poèmes de Burns déclamés avec emphase… et s’achève par de la musique, des chants et des danses traditionnelles. Le premier souper de Burns fut organisé en juillet 1801, lorsque neuf proches amis de Burns se réunirent pour marquer le cinquième anniversaire de sa mort. L’année suivante, ils se sont avisés que Bruns (dit Rabbie) était né un 25 janvier, c’est la date qui s’est imposée pour cette tradition vieille de 222 ans.
La ville de naissance de Robert Burns, Dumfries, située au sud-ouest de l’Écosse, propose une Burns Light, comprenant une procession de lampions suivie d’un feu d’artifice et autres festivités.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
9 mars : les Ukrainiens célèbrent leur poète national
Chaque 9 mars, les Ukrainiens célèbrent Taras Chevtchenko (Тарас Шевченко), le grand poète romantique de langue ukrainienne né le 9 mars 1814. dont l’œuvre est l’un des témoignages les plus marquants du réveil de l'esprit national au XIXe siècle.
Chaque 9 mars, les Ukrainiens célèbrent Taras Chevtchenko (Тарас Шевченко), le grand poète romantique de langue ukrainienne né le 9 mars 1814 et dont l’œuvre est l’un des symboles les plus marquants du réveil de l'esprit national au XIXe siècle. Son Kobzar fut le livre de référence de l'enseignement de la langue ukrainienne. Dans l’un de ses poèmes les plus connus Le Testament, Taras Chevtchenko faisait allusion à la Révolution française et à La Marseillaise.
Taras Chevtchenko est né dans une famille de serfs. Sa chance fut que son maître l’ait envoyé à Saint-Petersbourg étudier la peinture décorative. Celui-ci finit par signer sa lettre d’affranchissement en 1838, contre la somme de 2 500 roubles, payée par Karl Pavlovitch Brioullov, le premier peintre russe de stature internationale et le mentor du futur poète. Peintre de formation, Taras Chevtchenko s’est très vite tourné vers l’écriture. Une fois sa notoriété établie, il est devenu membre de la Commission d'archéologie de Kiev et il a voyagé partout en Ukraine pour esquisser les monuments historiques, architecturaux et recueillir les traditions folkloriques. C’est à cette époque qu’il a écrit certains de ses poèmes historiques les plus satiriques et politiquement subversifs. Ce qui lui vaudra la prison.
Il est mort le 10 mars 1861. Le peuple ukrainien lui a organisé de grandes funérailles. Il a été inhumé sur Chernecha Hora (la Montagne du Moine) près de Kaniv, une ville proche de son lieu de naissance. Depuis, sa tombe est considérée comme un lieu de pèlerinage par des millions d'Ukrainiens.
À Kiev, la principale université ukrainienne porte son nom, le grand parc de la ville également. De nombreux monuments au poète furent érigés en Ukraine et à travers le monde. À Paris, au niveau du 186 boulevard Saint-Germain, il existe un un square Taras-Chevtchenko (où est érigé un buste du poète) qui sera aujourd’hui le théâtre d’une cérémonie d’hommage à l’écrivain national ukrainien.
« Notre âme ne peut pas mourir, la liberté ne meurt jamais » Taras Chevtchenko
9 mai : le Bengale célèbre son poète Tagore, le premier Nobel de littérature non européen
Rabindranath Thakur dit Tagore aurait eu 160 ans il y a deux jours, l'État indien du Bengale occidental et des Bengalis du monde entier le célèbre aujourd’hui. Cette fête locale est connue sous le nom de Poncheeshe Boishakh.
L'État indien du Bengale occidental, le Bangladesh et des Bengalis du monde entier célèbrent le 160e anniversaire de Rabindranath Tagore, selon le calendrier bengali, c’est-à-dire le 25e jour du moi de Boishakh, qui cette année tombe le 9 mai du calendrier grégorien. Cette fête locale est connue sous le nom de Poncheeshe Boishakh ou de Rabindra Jayanti (রবীন্দ্র জয়ন্তী). Elle donne lieu à des manifestations culturelles, en particulier dans les écoles et universités.
Rabindranath Thakur dit Tagore (রবীন্দ্রনাথ ঠাকুর) est né à Calcutta le 7 mai 1861, il aurait eu 160 ans il y a deux jours. Fils d’un philosophe, appartenant à une famille de notable bengali, le jeune Rabindranath (dit Rabi) a écrit ses premiers poèmes à l’âge de huit ans. C’est un recueil de poèmes, qu’il traduira plus tard en anglais (il a étudié à Londres), qui lui vaudra le prix Nobel de littérature en 1913, le premier décerné à un non Européen. Mais Tagore s’est aussi illustré dans l’art du roman dont il a créé le genre en langue bengali et qui font connaître l’écrivain dans le monde entier. Artiste complet, il est aussi peintre et musicien.
Personnalité de dimension mondiale, Tagore a voyagé dans de très nombreux pays en Asie, Amérique du Sud, Europe… fustigeant les nationalismes et promouvant le Bengale, pays dont il déplorait le déclin. Il est la personnalité bengali la plus connue dans de monde. L’anniversaire de sa mort, le 7 août 1941, il y a 80 ans cette année, est chaque année un jour de deuil au Bengale Occidental et au Bangladesh. Les administrations sont fermées ce jour-là.
Le grand poète est aussi célébré dans toute l’Union indienne. En 2011, le gouvernement indien avait émis une pièce de 5 roupies pour marquer le 150 anniversaire de sa naissance.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 mai 2021
15 janvier : la Roumanie célèbre son poète national
C’est l’anniversaire de la naissance d’Mihail Eminescu, poète national. Depuis 2010, celle date est aussi celle de la Journée de la Culture nationale roumaine.
Chaque 15 janvier, une foule se presse dans le cimetière Bellu de Bucarest, le plus fameux du pays, autour d'une tombe chargée de fleurs, celle d'un poète. Cette année, en raison de l’épidémie, elle sera bien moins nombreuse. Un haut dignitaire de l'église orthodoxe dirige la célébration, comme si une personnalité devait y être inhumée, Mihail Eminescu (1850-1889) est pourtant mort il y a bien plus d'un siècle. Ce soir, sera décerné le Prix national de la poésie qui porte son nom.
Pourtant, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de sa naissance et non de son décès. Depuis 2010, cette date est aussi celle de la Journée de la Culture nationale roumaine. Toutes les institutions culturelles roumaines ont organisé des programmes dédiés à cette double fête.
Mihail Eminescu est partout en Roumanie, timbres, billets de banque, statues dans chaque ville, noms d’école… C’est le poète national, célèbre de son vivant et vénéré après sa mort, précoce, par toute la droite conservatrice roumaine qui dominait le pays à l’époque. Aujourd’hui que la statue est en place, on fait mine d’oublier les positions franchement antisémites, les vers xénophobes et les propos réactionnaires, déjà pour l’époque. Certains proposent de revisiter le personnage, mais le 15 janvier, c’est peine perdu. Chaque année, c’est un hommage unanime qui lui est rendu.
L’historien roumain Lucian Boia analyse ainsi le mythe : « Jouer la carte d'une seule personnalité, cela tient de la précarité sociale. Jamais une grande culture ne ferait pareil. On ne verra jamais les Français, les Britanniques ou les Allemands miser sur une seule personnalité qui incarne l'essentiel dans tous les domaines, pas seulement littéraire. C'est ça qui est extraordinaire dans le cas d'Eminescu : plus qu'un poète, il est considéré véritable symbole de la spiritualité roumaine et du sentiment d'appartenance au peuple roumain. Or, c'était déjà une exagération d'élever un poète au rang de poète national, en invoquant non seulement la valeur littéraire de son œuvre, mais aussi son identification à la nation roumaine. Tout cela est né d'un sentiment de frustration, du fait que les Roumains ont le complexe de vivre dans un pays petit et insignifiant. »
« Ce mythe est né vers la fin de la vie du poète quand son existence tragique se superpose à ses poèmes magnifiques. Ces deux dimensions ont finalement fusionné: le destin tragique et les vers surprenants. Le mythe a commencé à se manifester timidement juste après 1900, sur la toile de fond de plusieurs courants nationalistes qui ont donné la réplique aux influences pro-occidentales fortement manifestées jusqu'alors. On assiste alors à une phase d'équilibre qui réinstalle sur le devant de la scène la figure du paysan roumain. C'est à ce moment-là qu'Eminescu devient un grand idéologue de ce courant censé encourager l'appartenance aux valeurs culturelles roumaines. A partir de ce moment là, le mythe d'Eminescu ne cessera de se voir alimenter. C'est un mythe que tout le monde peut invoquer, à tous les niveaux politiques. » Lucian Boia, dans son dernier ouvrage, intitulé “Mihai Eminescu, le Roumain absolu. Construction et déconstruction d'un mythe ".
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 janvier 2021
8 février : c’est la fête de la culture slovène
Cette date marque l'anniversaire de la mort du poète national slovène France Prešeren le 8 février 1849. C’est un jour férié, une fête de la culture et du patrimoine.
Cette date marque l'anniversaire de la mort du poète national slovène France Prešeren le 8 février 1849. La décision d'en faire la Journée de la culture slovène (slovenski kulturni praznik) date de 1944. Depuis 1991, Prešernov dan est un jour férié. Hier, a été décerné le prix Prešeren, la plus haute distinction du pays dans le domaine culturel. Chaque artiste ne peut le recevoir qu’une seule fois dans sa vie.
En 1991, la septième strophe de son poème Zdravljica (le Toast) est devenue l’hymne national slovène. L’effigie du poète apparaissait sur l’ancien billet de 1000 tolar et, aujourd’hui, figure sur la pièce slovène de 2 euros. Le square Prešeren à Ljubljana est orné d’une statue du poète, dont le regard fixe pour toujours un bas-relief de Julija son amour (malheureux) de l’autre côté de la place.
Ce Jour de Prešernov (Prešernov dan) est aussi une fête de la culture, les musées, expositions, théâtres, monuments… sont ouverts au public gratuitement.
Cette année la ville de Črnomelj marquera le 500e anniversaire de la naissance d'Adam Bohorič, grammairien et pédagogue, l’auteur de la première grammaire slovène, par diverses manifestations.
La fête culturelle a aussi une tonalité religieuse. Dans ce pays catholique on aime les pèlerinages. Rendez-vous à Brezje, au sanctuaire national slovène dédié à la Vierge, la procession vous conduira de la basilique de Marie Auxiliatrice jusqu’à Vrba, le village où est né le poète France Prešeren, le 3 décembre 1800. L'année 2020 sera marquée par les 220 ans de la naissance du poète. De joyeuses festivités sont prévues. En slovène, « prešeren » signifie également joyeux.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 février 2020