31 janvier : Nauru, État sans avenir, un exemple à méditer
C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens. Ce micro-État du Pacifique a eu pourtant sa courte heure de gloire, il fut dans les années 1970, le deuxième État le plus riche du monde par habitant. Sa richesse : l’île unique est un bloc de phosphate, exploité à outrance jusqu’à l’épuisement, au point d’avoir ravagé toutes les terres cultivables. Le centre de l’île n’est plus qu’un désert, aujourd’hui abandonné par les compagnies minières. L’argent a filé, il n’en reste rien, les jeunes n’ont d’autres choix que de s’expatrier en Australie. Il se pourrait qu’un jour la totalité des 9000 habitants de l’île doivent partir faute de pouvoir continuer à vivre sur une île ravagée par le surdéveloppement. Certains voient dans cette triste fin, une parabole adressée à notre planète.
Le projet actuel est de relancer l’exploitation minière, cette fois en s’attaquant aux grands fonds marins. Les premières missions d’exploration ont débuté fin 2022 en dépit des risques environnementaux évidents, surtout quand on sait ce que les Nauruans ont fait de leur île.
Autre sujet de vives controverses : Nauru sert aujourd’hui de prison au service des autorités australiennes en quête de lieux pour parquer, dans des conditions déplorables, les demandeurs d’asile qui ont tenté de chercher un refuge en Australie. Près de 1500 personnes ont été forcées de s'installer sur cette île. Des hommes, des femmes et des enfants qui doivent cohabiter avec les habitants de la minuscule nation, certains y sont depuis plus de 5 ans dans des conditions concentrationnaires. Depuis plusieurs années, Nauru est l'un des piliers de la politique migratoire australienne, en échange de quelque 300 millions d'euros versée au gouvernement de l'île-nation.
On pense que les premiers habitants sont arrivés il y a quelque 2000 à 3000 ans, lors d'une vague de migration vers le Pacifique. L’originalité de la langue nauruane suggère que les Nauruans ont longtemps été isolés des îles voisines. Pendant des millénaires, ils ont développé un système culturel et social reposant sur 12 tribus. Le 8 novembre 1798, le baleinier britannique Hunter, sous le commandement de John Fearn, est le premier navire européen à s'approcher de l'île. Des canots ont ramé à la rencontre du navire mais Fearn et son équipage sont restés à bord, tandis que les Nauruans sont restés dans leurs bateaux. Les indigènes ne semblaient pas être hostiles et l’aspect idyllique de la terre a conduit Fearn à désigner l’endroit comme Pleasant Island. À partir de 1830, d’autres Européens ont commencé à visiter l’île, apportant des idées et des coutumes européennes, des armes à feu, de l'alcool, de la nourriture et des maladies. Le commerce a augmenté le nombre d'armes à feu sur l'île, entraînant une guerre civile de 10 ans entre les tribus rivales à partir de 1878. Pendant ce temps, les commerçants allemands se sont installés sur l'île et, pour protéger leurs intérêts, l'Allemagne a annexé Nauru en 1888. L'exportation la plus lucrative a d’abord été celle du coprah (chair de noix de coco séchée) mais la découverte en 1900 de gisements de phosphate, principalement utilisés comme engrais, a fait de l'île une possession particulièrement précieuse. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, l'Australie s'est emparée de Nauru. Très convoitée, l’île a subi des bombardements allemands pendant la Seconde Guerre mondiale puis une brève occupation japonaise. En 1945, c’est le rétablissement de la tutelle conjointe australo-néo-zélandaise, En 1966, l'autonomie gouvernementale a été accordée à Nauru et les négociations ont commencé pour l'indépendance totale, laquelle est entrée en vigueur le 31 janvier 1968. C’était alors la plus petite république du monde.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde