L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
14-15 mars : cette nuit en Iran, c'est la fête du feu
Chaharshanbeh Soori est une manifestation qui n’a rien d’islamique mais elle est trop populaire pour être interdite en dépit des débordements qu’elle suscite parfois quand l’opinion est portée à la contestation du régime.
Chaharshanbeh Soori ( چهارشنبهسوری) est une manifestation qui n’a rien d’islamique mais elle est trop populaire pour être interdite par les autorités, en dépit des débordements qu’elle suscite parfois quand l’opinion est portée à la contestation du régime. Depuis 2023, cette soirée de feux est l’occasion pour les femmes de brûler leur voile en signe de protestation contre le pouvoir.
La tradition remonte à l’époque où la religion zoroastrienne dominait le pays. Des feux sont allumés sur les places publiques, symbole d’espérance en cette fin d’année (le calendrier iranien se termine dans 6 jours). Dans l'ancien Iran, le feu avait une grande importance et il était considéré partout comme un symbole de pureté. Le feu nettoie tout, avec sa chaleur, il réduit les impuretés. Ce mardi soir, après la tombée de la nuit, on saute par dessus les brasiers, on lance des pétards dans les rues, on s’offre des confiseries et on s’échange des vœux sans attendre le Nouvel An, le Nowrouz (le 20 mars, cette année). Cette fête de Tchaharchanbé-Souri qui a lieu à quelques jours de la nouvelle année, est un peu le Noël iranien. Cette fête est aussi marquée par les Kurdes, les Tadjiks et les Azéris, le mardi soir, veille du dernier mercredi de l’année du calendrier persan.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, le 14 mars 2024
3 janvier : l’anniversaire de l’assassinat de Qassem Soleimani
À Bagdad et à Téhéran, on commémore l’assassinat de Qassem Soleimani, un général iranien considéré comme l’architecte de la politique expansionniste de l’Iran dans la région, qui fut éliminé sur ordre de Donald Trump.
Cet anniversaire est célébré en Irak et en Iran dans le contexte très particulier de la guerre de Gaza, alors que la veille un tir ciblé israélien a éliminé le numéro du bureau politique du Hamas, dans la banlieue de Beyrouth.
C’est dans la banlieue de Bagdad que Qassem Soleimani a été tué. Ce général iranien est l’architecte de la politique expansionniste de l’Iran dans la région et le Hamas est considéré comme l’un des pions de Téhéran. L’Irak a déjà organisé des cérémonies fin décembre, mais ce mardi des milliers de partisans de diverses factions armées irakiennes, sont appelées à manifester pour célébrer le leader disparu et dénoncer la présence américaine stationnée en Irak.
Le 3 janvier 2020, sur ordre de Donald Trump, un drone armé a pulvérisé le véhicule où se trouvaient Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient et Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro 2 du Hachd al-Chaabi, coalition de factions intégrées à l'État irakien. L’attaque a eu lieu de nuit sur une route de l'aéroport international de Bagdad,
À Téhéran, le guide suprême Ali Khamenei a reçu samedi la famille du général iranien tué, en présence du commandant des Gardiens de la Révolution et du chef de la force Qods, unité d'élite chargée des opérations extérieures, autrefois dirigée par Soleimani.
Il y a quelques jours, le porte-parole du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI), Ramazan Sharif déclarait que les massacres du 7 octobre étaient « une des représailles » pour l’assassinat de Soleimani. Il l’a fait dans une déclaration sur la mort d’un autre haut responsable, tué plus tôt cette semaine, lors d’une frappe aérienne que l’Iran a imputée à Israël. Il s’agit du général de brigade Razi Mousavi,chef du CGRI, « compagnon » de Soleimani, tué dans une frappe contre sa maison à Damas, le 25 décembre 2023.
Comme quoi l’élimination de cadre du Hamas pourrait se faire sans massacrer tout un peuple !
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 janvier 2024
Mise à jour 3 janvier : Cent trois personnes ont été tuées dans le sud de l’Iran par une double explosion, mercredi 3 janvier, près de la tombe du général Ghassem Soleimani, dont le pays célèbre le quatrième anniversaire de la mort, a rapporté la télévision d’Etat. (Le Monde.fr)
7 octobre : en Iran, c’est la journée des villages et des nomades
Instaurée en 2013, cette journée invite le pays à se pencher sur sa ruralité et le monde des tribus nomades, comme celle des Bakhtyâri, qui sont encore nombreuses.
Instaurée en 2013, cette journée invite le pays à se pencher sur sa ruralité et le monde des tribus nomades, comme celle des Bakhtyâri, qui sont encore nombreuses. L’Iran est t le pays qui abrite, aujourd’hui encore, la plus importante population de pasteurs nomades du monde — quelque trois millions de nomades répartis sur un tiers de la superficie du pays. Au Khouzistan, dans le Batoutchistan, en Azerbaïdjan, au Khorasan… c’est tout un monde périphérique qui n’a pas reçu l'attention qu'ils auraient dû recevoir. Cette Journée des villages et des nomades (روز روستا و عشایر) a été fixée le 15 du mois de Mehr du calendrier persan.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
16 septembre : l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini, le déclencheur d’une révolution souterraine en Iran ?
Le 16 septembre 2022, une jeune iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, mourait en détention après son arrestation par la police des mœurs pour avoir mal ajusté son foulard. Sa mort avait déclenché un mouvement de protestation sans précédent contre le conservatisme du régime, auquel pour la première fois, les hommes se sont associés, au cri de «Femme, Vie, Liberté».
Le 16 septembre 2022, une jeune iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, mourait en détention après son arrestation par la police des mœurs pour avoir mal ajusté son foulard. Sa mort avait déclenché un mouvement de protestation sans précédent contre le conservatisme du régime, auquel pour la première fois, les hommes se sont associés, au cri de «Femme, Vie, Liberté». Les manifestations ont été réprimées férocement par les autorités aux prix de plusieurs centaines de morts. Mais, la vague de contestation semble irrésistible, aujourd’hui de plus en plus de femmes, jeunes et moins jeunes, ose sortir dans la rue sans foulard et même sans l’imperméable qui forme la tenue réglementaire. C’est en Iran que le voilement des femmes s’est imposé en premier, à partir de la révolution de 1978, avant de déferler sur l’ensemble du monde arabo-musulman. En 1980, au Caire, par exemple, seules quelque 10% des femmes étaient voilées. Aujourd’hui, c’est approximativement la proportion de celles qui ne le sont pas. Peut-être que l’Histoire retiendra que c’est en Iran, que le mouvement inverse a débuté dans les jours qui ont suivi le 16 septembre 2022. C’est cette date que l’on commémore aujourd’hui partout dans le monde où l’on déplore l’effacement des femmes, leur statut minoré, leurs droits bafoués, le poids des traditions qui pèse sur elles.
Pour ce premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, les autorités iraniennes sont sur les dents, craignant des manifestations, des mouvements de foule. C’est ainsi que tout avait commencé en 1978 et avait abouti à la chute du Shah… Les révolutions surviennent généralement sans prévenir, à bas bruit.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
2 avril : les Iraniens se mettent au vert pour une fête antéislamique
Aujourd’hui, les Iraniens renouent avec une vieille tradition, une fête de la convivialité qui ne s’insère pas dans la tradition islamique mais qui reste tolérée par les autorités, c’est Sizdah Bedar.
Aujourd’hui, les Iraniens renouent avec une vielle tradition, une fête de la convivialité qui ne s’insère pas dans la tradition islamique mais qui reste tolérée par les autorités, c’est Sizdah Bedar (سیزده بدر).
Le temps d’un jour férié, les Iraniens ont chaque année l’habitude de se retrouver pour un pique-nique, souvent agrémenté de musique, de danse ou de jeux de toutes sortes, une tradition qui provient des religions antéislamiques. Nous sommes le treizième et dernier jour des festivités de Norouz, (le nouvel an iranien qui est tombé le 20 mars cette année), la fête de Sizdah Bedar (littéralement « Treize dehors ») est célébrée en plein air et en famille.
À la fin de la journée, les sabzeh (lentilles) cultivées pour le Haft Sin (cérémonie du 1er jour) qui ont germé et symboliquement recueilli toute la maladie et la malchance de l’année écoulée, sont jetées dans l’eau courante pour exorciser les démons de la maisonnée. Pour cette raison, il n’est pas recommandé aujourd’hui de toucher les sabzeh de quelqu’un d’autre, au risque de voir la malchance recueillie par les graines germées s’abattre sur soi ! Cette fête n’a rien à voir avec l’islam, elle trouve son origine dans les racines zoroastriennes de l’Iran et dans l’envie de conjurer le mauvais sort lié au chiffre 13. Les anciens Perses pensaient que les 12 constellations du zodiaque contrôlaient les mois de l’année et que ciel et terre tombaient ensuite dans le chaos. Sizdah Bedar est un moyen d’y échapper en sortant ce 13e jour et en faisant tout pour ne pas donner prise à la malchance.
Ce 2 avril est un jour férié en Iran, sous le nom de Jour de la nature. Les parcs publics et les sites de loisirs sont traditionnellement envahis. Chaque famille plante sa petite tente pour passer la journée dans un parc ou à la campagne.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
26 mars : c'est l'anniversaire de Zarathoustra
Pour les zoroastriens d’Iran, c'est l'anniversaire du prophète Zoroastre (appelé aussi Zarathoustra). La date est précise mais on ignore à quelle époque il vivait !
Pour les zoroastriens d’Iran, c'est l'anniversaire du prophète Zoroastre (appelé aussi Zarathoustra). La date est précise : le 6 Farvardin (soit le 26 ou le 25 mars), mais on ignore à quelle époque il vivait ! On pense que c'était il y a au moins 3000 ans, peut-être 3500 ans… Certains avant une année précise : 1768 avant J.-C. mais qui n’est nullement attestée.
Quelque 200 000 zoroastriens le vénèrent à travers le monde, principalement en Inde, mais aussi en Iran, pays d'origine de cette religion. Avant l’arrivée de l’islam, l’Iran était un pays où le culte zoroastrien dominait. D’où d’importantes résurgences de ce culte dans ce pays.
En Iran ou ailleurs, aujourd’hui, les membres de la communauté zoroastrienne portent de nouveaux vêtements et la maison est nettoyée un peu comme le jour du Nowrūz, le nouvel an iranien, le 21 mars dernier. Les fidèles se rassemblent dans les temples traditionnels du Feu pour faire une prière avant de célébrer l'anniversaire du fondateur de leur religion par un bon repas.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2023
20-21 mars : le nouvel an du monde persan
Ce 20 mars, c’est l’équinoxe de printemps (à 21h24 TU) et la célébration de la fête de Nowrouz. Demain matin, le monde persan entre dans la nouvelle année 1402.
Ce 20 mars, c’est l’équinoxe de printemps (à 21h24 TU) et la célébration de la fête de Nowrouz. Demain matin, le monde persan entre dans la nouvelle année 1402.
Il est de tradition de se retrouver en famille et de partager un repas traditionnel qui consiste en du riz cuit avec des fines herbes (persil, coriandre, aneth, ciboulette) et servi avec du poisson. De nombreux pays soumis, par le passé, à l’influence culturelle perse (Kurdistan, Afghanistan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, Kazakhstan…) célèbrent à leur façon Norouz associée à l’équinoxe de printemps (20 mars) et à la renaissance de la nature. On en profite très souvent pour faire un grand nettoyage de printemps, renouveler sa garde-robe et échanger avec ses voisins et amis de la nourriture ou des cadeaux. Au total, on estime à 300 millions, à travers le monde, le nombre d’adeptes de cette fête, tirée du calendrier zoroastrien et qui remonterait à plus de 3 000 ans. Sa reconnaissance officielle est venue de l’ONU qui, en 2010, a décidé de faire du 21 mars la « journée internationale de Norouz ».
« Le 21 mars marque le début de l’année dans des régions d’Afghanistan, d’Azerbaïdjan, d’Inde, d’Iran, d’Iraq, du Kazakhstan, du Kirghizistan, d’Ouzbékistan, du Pakistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de Turquie. Connu sous le nom de « nawrouz » (« jour nouveau ») ou sous d’autres dénominations dans chacun des pays concernés, il correspond à une célébration comprenant divers rituels, cérémonies et autres événements culturels qui se déroulent sur deux semaines environ. Une importante tradition propre à cette période veut que les individus se rassemblent autour d’une table, décorée d’objets qui symbolisent la pureté, la clarté, la vie et la richesse, pour partager un repas avec leurs proches. Les participants portent à cette occasion de nouveaux vêtements et rendent visite à leurs parents, notamment à ceux qui sont âgés, et à leurs voisins. Des cadeaux, surtout destinés aux enfants, sont échangés ; il s’agit généralement d’objets fabriqués par des artisans. Le nawrouz inclut également des spectacles de musique et de danse donnés dans la rue, des rituels publics faisant intervenir l’eau et le feu, des sports traditionnels et la fabrication d’objets artisanaux. Ces pratiques favorisent la diversité culturelle et la tolérance et contribuent à renforcer la solidarité et la paix au sein de la communauté. Elles sont transmises par les anciennes générations aux jeunes à travers l’observation et la participation. » (source l’UNESCO)
Mais cette année, les Iraniens n’ont pas le cœur faire à la fête malgré les feux d’artifice : une vague de contestation sans précédent a secoué le pays après la mort de Masha Amini, en septembre, et l’économie du pays poursuit sa chute libre – amorcée en 2018 avec le rétablissement des sanctions américaines.
#Nawrouz #Novruz #Nowrouz #Nawrouz #Nauryz #Nooruz #Nowruz #Navruz #Nowruz #Navruz
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
4 mars : en Iran, on martyrise la jeunesse pendant qu'on vénère un martyr du VIIe siècle
Aujourd’hui, en Iran, c’est la Journée de la jeunesse. Comme chaque 11 Sha’ban du calendrier iranien, on vénère le jeune Ali al-Akbar mort en martyr en 680, alors que le régime des mollahs multiplie les martyrs parmi la jeunesse iranienne en révolte, depuis près de 6 mois. Mais, outre les conservatismes, la jeunesse iranienne doit aussi se battre contre la pyramide des âges !
Aujourd’hui, en Iran, c’est la Journée de la jeunesse (روز جوان). Comme chaque 11 Sha’ban du calendrier iranien, on célèbre l’anniversaire du jeune Ali al-Akbar, le fils aîné d’Hussein, lui-même fils d’Ali et de Fatima, la fille du Prophète. Ali est l’un des petit-fils de Mahomet (ou Muhammad). S’il est vénéré par les chiites, c’est qu’il passe pour avoir été la toute première victime du massacre de Kerbala, cette fameuse bataille qui a eu lieu en 680 et que les chiites commémorent chaque année, le jour de l’Achoura. Ce massacre des descendants du gendre et de la fille du Prophète, ainsi que de leurs partisans, est à l’origine de la rupture entre chiites et sunnites.
Le jeune Ali al-Akbar, première victime supposée du massacre, avait 28 ans. Les chiites qui, comme les catholiques attachent une grande importance aux martyrs, lui vouent un culte. Aujourd’hui ceux qui le peuvent vont se rendre en pèlerinage sur sa tombe situé dans la mosquée dédiée à son père Hussein. Cette mosquée est située à Kerbala, dans le nord de l’Irak, la ville sainte du chiisme.
De cette célébration religieuse chiite, la république islamique d’Iran a fait, en 1979, une journée officielle dédiée à la jeunesse. Cette année la célébration a lieu dans un contexte de révolte de la jeunesse, révolte très durement réprimée au point que le régime est en train de créer une multitude de martyrs. Le premier est une jeune Kurde Mahsa Amini, 22 ans, qui a péri entre les mains de la police des mœurs de Téhéran, le 16 septembre 2022, après son arrestation pour « port de vêtements inappropriés », déclenchant un mouvement d’opposition sans précédent qui appelle à la chute du régime théocratique de Téhéran.
Ces manifestations ont engendré des arrestations en masse qui débouchent sur des séries d’exécutions destinées à semer la terreur. Le but des dirigeant iraniens est de faire taire le soulèvement de cette jeunesse, avant qu’elle ne parviennent à entrainer l’ensemble de la population à rejeter le régime. Mohsen Shekari, 23 ans, exécuté le 8 décembre, est le premier manifestant assassiné, une cinquantaine d’autres ont suivi. À ce jour, plusieurs dizaines d’opposants, raflés parmi la jeunesse manifestante, sont menacés de la peine capitale par pendaison publique.
À ces menaces d’exécution, s’ajoutent les tentatives d’empoisonnement visant les filles, les étudiantes. Le premier empoisonnement a eu lieu le 30 novembre 2022, il visait 18 élèves de l'école technique Nour, dans la ville de Qom, la capitale religieuse du pays. Selon des rapports publiés la semaine dernière, au moins 194 filles ont été empoisonnées dans quatre écoles différentes de la ville de Borujerd, dans la province occidentale de Lorestan… Les cas d’intoxication de jeunes filles se sont multipliés ces derniers temps. Depuis novembre, le nombre de cas s’élèverait à plus de 650 depuis novembre. C’est ainsi que l’Iran traite sa jeunesse.
Le problème de la jeunesse iranienne est son poids démographique. Alors que celle qui avait pris le pouvoir en 1978, dans le sillage de Khomeiny, était issue de familles de 6 enfants en moyenne, la jeunesse d’aujourd’hui est bien moins nombreuse. En 1998, le taux de fécondité était tombé à 2,2 enfants par femme et aujourd’hui, il est inférieur à 1,8. Les 20-25 ans en Iran appartiennent à une classe creuse, d’où leur difficulté à émerger face à une masse de quadragénaire bien plus importante. En Iran, les quinquagénaires sont aussi nombreux que les vingtenaires et les sexagénaires (et plus) qui ont pris le pouvoir en 1978 n’ont toujours pas décroché. Outre les conservatismes, la jeunesse iranienne doit aussi se battre contre la pyramide des âges !
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
1er février : qui osera célébrer la journée mondiale du hijab 2023 ?
À la suite du meurtre brutal, le 22 septembre 2022, de Mahsa Amini par la police des mœurs iraniennes pour ne pas avoir convenablement ajusté son hijab, ainsi qu’au retour du voile intégral pour les femmes afghanes, qui va oser célébrer la Journée mondiale du hijab 2023 ?
À la suite du meurtre brutal, le 22 septembre 2022, de Mahsa Amini par la police des mœurs iraniennes pour ne pas avoir convenablement ajusté son hijab, ainsi qu’au retour de l’obligation du voile intégral pour les femmes afghanes, qui va oser célébrer la Journée mondiale du hijab 2023 ?
Qu'on le veille ou non, le hijab est devenu le symbole de l'oppression de la République islamique d’Iran, en particulier de son oppression des femmes. Depuis septembre 2022, des femmes manifestent en brûlant leur foulard et en se coupant les cheveux, deux gestes symboles de leur quête de liberté. Pour la première fois, elles sont franchement soutenues par les hommes, ceux qui ne soutiennent pas le régime.
Le 7 mai 2022, dans un décret rendu public devant la presse à Kaboul, le chef suprême des talibans , Hibatullah Akhundzada, qui dirige aujourd’hui l’Afghanistan, a ordonné que les femmes portent "un tchadri (autre nom de la burqa), car c'est traditionnel et respectueux". Après la fermeture des collèges et lycées aux filles, cette nouvelle mesure est la plus sévère restriction à la liberté des femmes depuis le retour au pouvoir des talibans à la mi-août 2021. « Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles devraient voiler leur visage quand elles font face à un homme qui n'est pas membre de leur famille », pour éviter la provocation, ajoute ce décret. Les talibans déjà rendu la burqa obligatoire lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001.
À la suite de la révolution islamique de 1979, les autorités iraniennes ont imposé un code vestimentaire obligatoire obligeant toutes les femmes à porter un foulard et des vêtements amples qui dissimulent leur silhouette en public. Sans être obligatoire, cette coutume ancestrale a resurgi dans le monde arabe comme une traînée de poudre et s’est imposée aux sociétés arabo-musulmanes à partir des années 1980. Du Caire à Tanger, alors qu’au milieu des années 1980, seule une petite minorité de femmes portait un foulard pour cacher leur chevelure et leur cou, souvent des femmes issues de campagnes ou appartenant à des milieux religieux stricts, deux décennies plus tard, elles n’étaient plus qu’une minorité à ne pas le porter. Cette symbolique ultra-conservatrice, plus que religieuse, est devenue la norme jusque dans les banlieues des métropoles européennes.
En 2023, à New York, une Américaine d’origine bangladaise, Nazma Khan a lancé la Journée mondiale du hijab (World Hijab Day) "de sensibiliser et de normaliser le port du hijab" dans un but de tolérance religieuse. En 2017, l'État de New York a reconnu la Journée mondiale du hijab et un événement marquant cette journée a été organisé à la Chambre des communes, en présence de Theresa May (ancienne première ministre britannique). La date retenue pour cette journée, le 1er février, est plutôt mal choisie, c’est celle du retour en Iran de l’ayatollah Khomeini, celui-là même qui a instauré en Iran une dictature religieuse qui n’a rien à voir avec la tolérance mise en avant par les promoteurs de cette journée du hidjab. Malheusement, cette date du 1er février est bien un choix assumé en raison de sa symbolique.
Les Nations unies se sont emparées du symbole, en instaurant une Semaine de l’harmonie interconfessionnelle qui commence ce même 1er février (la symbolique est totalement assumée). En ce jour, les promoteurs du hijab invitent toutes les femmes à « éprouver un sentiment de libération » en essayant le voile ne serait-ce qu’une journée. D’aucuns ont suggéré que les femmes voilées animées d’un esprit de tolérance, profitent de la deuxième journée de cette semaine interconfessionelle à se dévoiler afin d’éprouver, à leur tour, le sentiment de la libération. L’idée, on s’en doute, n’a pas été retenue.
Le 1er février était aussi l’occasion à Neauphle-le-château (où Khomeiny avait vécu ses mois d’exil en France), d’une manifestation commémorative en l’honneur de l’ayatollah et du régime qu’il a instauré en Iran. La dernière s’est tenue en 2021. La célébration du 1er février est interdite par la municipalité depuis 2022.
7 décembre : la journée de tous les dangers en Iran
En principe, c’est une commémoration officielle de la République islamique aux accents nationalistes, très anti américains et, en même temps, une journée de contestation étudiante contre le régime. Ce 7 décembre sera-t-il celui du renversement de la dictature des mollahs ?
En principe, cette journée est une commémoration officielle de la République islamique aux accents nationalistes, très anti américains, mais cette année où le régime est au bord du gouffre, rien n’est vraiment prévu. D’autant qu’en même temps, le 7 décembre est aussi, traditionnellement, une journée de contestation étudiante contre le régime des mollahs, dans les universités comme dans la rue.
Cette année, la situation a vraiment dérapé, le point de non-retour est peut-être atteint pour le régime. Une grève générale a été lancée lundi. Non seulement les étudiants ne vont plus en cours mais même les bazars ont baissé les rideaux, à Téhéran et jusque dans les villes les plus reculées. Comme annoncé, les 5 et 6 décembre sont des journées de grève générale et la journée du 7 est celle des manifestations dans tout le pays… La jeunesse est aujourd’hui soutenu pas toutes les générations.
La Journée des étudiants (روز دانشجو ) était à l’époque du Shah, une journée de manifestation contre la dictature et son soutien américain. Depuis quelques années, elle a repris des accents protestataires contre le régime de la part des étudiants. Le 7 décembre 2019, trois semaines après la répression sanglante de novembre, les étudiants iraniens s’étaient rassemblés dans plusieurs universités pour montrer que la lutte se poursuivait. Un rassemblement devant converger la place Azadi (Liberté) de Téhéran est annoncé.
Le 7 décembre 1953, les étudiants de l’université de Téhéran manifestaient contre la visite du président américain Richard Nixon venu recevoir un titre de docteur honoris causa, mais surtout contre l’allégeance à son égard du jeune shah tout juste rétabli sur son trône (près le renversement par les Américains du gouvernement du Dr Mossadegh). La police a fait feu sur les étudiants en grève, tuant trois d’entre eux. Depuis la commémoration de la mort de ces trois activistes n’a jamais cessé, tout en prenant des colorations différentes selon les époques : inspirées par l’exhalation de la prise d’otages du personnel de l’ambassade américaine, dans les années 1980 ; puis par mouvement vert à la fin des années 2000 ou par les révoltes arabes en 2011… sans jamais se départir d’une profonde animosité à l’égard des États-Unis, vieille de plus d’un demi-siècle, mais cette année, 2022, le combat est tout entier dirigé contre le régime des mollahs. En dépit de la répression et du nombre de morts parmi les manifestants, la peur a véritablement changé de camp.
Mise à jour 8 décembre 2022 : La sœur de l’ayatollah Ali Khamenei, Badri Hosseini Khamenei a offert son soutien aux manifestants. « Le peuple iranien mérite la liberté et la prospérité, et son soulèvement est légitime et nécessaire pour faire valoir ses droits », a-t-elle affirmé. Les étudiants ont également reçu le soutien de l’ancien président iranien, Mohammad Khatami a exprimé son soutient particulièrement au slogan « Femmes, vie, liberté ». « Un beau message » selon lui « qui montre un mouvement vers un avenir meilleur ».
Le régime n’est pas tombé ce 7 décembre, mais la révolte qui a débutée le 14 septembre avec la mort de Jina Mahsa Amini, de poursuit. Ces trois jours de grève lui ont donné un second souffle…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
29 octobre : l'Iran pays des droits humains ?
On le sais, le régime iranien actuel n'est vraiment pas respectueux des droits de l'homme, de la femme encore moins. Les Iraniens se targuent pourtant d'être à l'origine de la toute première déclaration des droits se présentant comme un cylindre d'argile couvert d'écritures cunéiforme… La date du 29 octobre a été reprise pour manifester contre le régime théocratique. Ce qui met le pouvoir iranien sur les dents.
On le sais, le régime iranien actuel n'est vraiment pas respectueux des droits de l'homme, encore moins de ceux des femmes. Les Iraniens se targuent pourtant d'être à l'origine de la toute première déclaration des droits se présentant comme un cylindre d'argile couvert d'écritures cunéiforme. Cette charte, accordant des libertés, notamment religieuses, est signée de l'empereur Cyrus le Grand et serait datée du 29 octobre 539 avant JC.
C’est en 1971 que cette date a été décrétée Journée de Cyrus le Grand (روز کوروش بزرگ), par le régime du Shah, pourtant, lui-même guère plus respectueux des droits humains que l'Iran actuel !
Longtemps, le 29 octobre n'a eu d'échos que dans la diaspora iranienne, notamment à Los Angeles. Cependant, à partir des années 2000, le 29 octobre des rassemblements ont eu lieu sur la tombe de Cyrus à Pasargad, dans la province du Fars, en Iran. Grace aux réseaux sociaux, ils sont devenus de plus en plus importants. Si bien qu’en 2017, le pouvoir a envoyé les gardiens de la révolution pour empêcher cette manifestation de l’opposition. Les visiteurs avaient pu toutefois contourner les barrages. En octobre 2021, la police iranienne a interdit d’approcher le mausolée entre le 27 et le 30 octobre. Cette interdiction a été renouvelée en 2022…
En Californie, diverses manifestations sont organisées, notamment un rassemblement de soutien au mouvement de libération de l'Iran, avec Dariush, d'autres artistes et militants sociaux, ce samedi 29 octobre à 18h dans le parc public Verdugo, à Glendale, dans la banlieue de Los Angeles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
29 avril : la Journée de Jérusalem pour les défenseurs de la cause palestinienne
C’est l’imam Khomeiny, en 1979, qui a institué cette Journée d’al-Qods en réaction à la Journée de Jérusalem instituée célébrée par Israël, mais les mouvements de protestation anti israéliens partout dans le monde débouchent régulièrement sur des dérapages antisémites.
C’est l’imam Khomeiny, en 1979, qui a institué cette Journée al-Qods (du nom arabe de la ville) en réaction à la Journée de Jérusalem instituée en 1968 par Israël (fête nationale depuis 1998) pour célébrer la « réunification » de la ville (ou son « occupation totale » aux yeux des Palestiniens dont c’est aussi la capitale).
Cette Journée de Jérusalem, placée le dernier vendredi du ramadan, est donc une journée de manifestation, non seulement en Iran, mais aussi dans les grandes villes du monde où vit une communauté arabe importante.C’est le cas notamment d’une vingtaine de villes américaine et des principales capitales européennes et de certaines capitales arabes, pas toute car une partie des pays arabes a aujourd’hui conclue une alliance avec Israël, contre l’Iran, et ne risquerait pas d’autoriser des manifestations qui pourrait déplaire à Tel Aviv. Dans les quartiers sud de Beyrouth, pro iranien, un grand festival est organisé ce jour-là.
Ces rassemblements lors de la Journée mondiale d’Al-Quds (روز جهانی قدس) sont toujours très mal vus en Israël et dans le monde juif, car les mouvements de protestation anti israéliens débouchent régulièrement sur des dérapages antisémites.
23 avril : jour de deuil dans le monde chiite, anniversaire de l'assassinat de l'imam Ali
Les chiites célèbrent l’anniversaire du Martyre de l'imam Ali, gendre et successeur de Mahomet
Le 21e jour du mois islamique du ramadan est l’anniversaire de la mort de l'imam Ali, cousin et gendre du prophète Mahomet. Cette journée n’est célébrée que dans le monde chiite, en particulier en Iran et il est observé comme le Martyre de l'imam Ali (سالگرد شهادت امام علی).
Gendre de Mahomet, Ali ibn Abi Talib a été le premier homme à accepter l'islam et a été le quatrième calife en 656 (après Abou Bakr, Omar et Othman. Son califat a duré quatre ans et neuf mois, il a vu naître les premières divisions de l’islam et il dût se retirer à Koufa (aujourd’hui en Irak) dont il a fait sa capitale. C’est dans la grande mosquée de cette ville qu’il a été attaqué par les kharidjites (branche dissidente de l’islam). Blessé par une épée empoisonnée le 19 ramadan, son agonie a duré deux jours et il est finalement mort le 21 ramadan, en 661 de l’ère chrétienne.
Après la mort d’Ali, ses partisans ont choisi l’un de ses fils, Hassan, pour devenir le deuxième Imam (pour les chiites, Ali est le premier imam). La majorité des chiites considèrent qu'il est enterré dans le Nadjaf (Irak) où son mausolée est un grand lieu de pèlerinage pour les chiites.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 janvier : l’Iran commémore la mort de Fatima, fille du Prophète
L'anniversaire de son martyre (Al-Fâtimîyya) est marqué chaque année par des cérémonies de deuil et des processions.
Fatimah Zahra était la plus jeune fille du prophète des musulmans, Mahomet (ou Muhammad) et de sa première épouse Khadijah. Elle est très vénérée par tous les musulmans (chiites comme sunnites) car elle était très proche de son père et lui a offert son soutien quand il était en difficulté. Elle est également le seul membre de la famille du prophète à avoir eu une descendance. Elle était mariée à Ali, un cousin de Mahomet, qui fut donc le premier jeune homme à accepter l’islam. Leurs deux fils Hassan et Hussein (Husayn) sont considérés comme les deuxième et troisième imams de l'islam chiite et les musulmans sunnites les considèrent également comme des personnalités importantes.
Fatima (Fatimah) est décédée en 632, plusieurs mois après la mort de son père et les musulmans chiites pensent qu'elle a été tuée par le calife Omar (Umar), ce qui fait d'elle une martyre. L'anniversaire de son martyre (Al-Fâtimîyya) est marqué chaque année par des cérémonies de deuil et des processions. Pour commémorer son martyre, on hésite entre deux dates : le 13 Jumâda Ath-Thânîya (du calendrier musulman) et le 3 Jumâdâ al-Âkhira. La seconde date, qui tombe aujourd’hui pour le calendrier grégorien, est la plus importante des deux. Le premier Fâtimîyya (الفاطِميَّة) tombe vingt jours plus tôt. La prochaine date tombera le 7 décembre 2022. Les cérémonies durent donc 20 jours, mais seul le second Fâtimîyya est un jour férié en Iran depuis 2001. Ce jour-là, deux processions sont organisées, l’une dans la ville de Qom, vers le mausolée de Sayyida Ma’sûma, et l’autre dans la ville de Mechhed, vers le sanctuaire de l’Imam ar-Ridâ.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
26 décembre : l'Iran officiel célèbre la milice du Bassidj
Le Basij, devenu une véritable mafia au service du régime des mollahs, célèbre son anniversaire.
Le régime de Téhéran commémore chaque 26 décembre l’ordre de l’ayatollah Khomeiny de créer une organisation paramilitaire pour défendre le régime. Cette milice n’a été créée qu’en 1980, mais c’est le 26 décembre (le 5 Azar selon le calendrier islamique) 1979 que le guide suprême a annoncé la création du Bassidj (بسيج), terme qui signifie « mobilisation », son nom complet est Sāzmān-e Basij-e Mostaz'afin (سازمان بسیج مستضعفین), c’est-à-dire l’Organisation pour la mobilisation des opprimés, chaque membre est appelé un basiji.
L'organisation était ouverte à tous entre 18 et 45 ans, hommes et femmes. Cependant, pendant la guerre Iran-Irak, les volontaires Basij comprenaient des personnes d'âges divers, tels que des enfants aussi jeunes que 12 ans et des hommes âgés, dont certains avaient déjà 80 ans. On se souvient pendant ce conflit des attaques par vagues humaines qui sont à l’origine de centaines de milliers de morts, sacrifiés par le régime.
C’était l’époque où les familles iraniennes avaient en moyenne 6 enfants. Aujourd’hui que le taux de fécondation a chuté à 2 enfants par femme, il n’est plus question de sacrifier ainsi la jeunesse qui d’ailleurs, très désabusée ne se mobiliserait plus pour défendre le régime. Au contraire, il s’agit plutôt de la contenir pour éviter qu’elle de renverse le régime des mollahs. C’est là que le Bassidj intervient. Depuis les élections contestées de 2009, son rôle principal est de réprimer les manifestations d’opposants. C’est sous l’ayatollah Ali Khamenei, que leur mission a été redéfinie et leurs pouvoirs fortement augmentés. À mesure que le régime a perdu en soutien populaire, l’organisation a contribué à sa militarisation. Elle a acquis un pouvoir économique et une influence considérable. Elle constitue une composante majeure des Gardiens de la révolution qui constituent, aujourd’hui, un véritable État dans l’État. À tel point qu’on peut se demander si cette véritable mafia ne se mobilise pas d’abord pour sa propre survie. Aujourd'hui, beaucoup de jeunes rejoignent le Bassidj non par patriotisme ou convictions religieuses, mais en raison des avantages qu'il offre : des allocations, une exemption du service militaire obligatoire, des places réservées dans les universités et de meilleures chances d’obtenir un emploi ou une promotion dans le secteur public.
La Journée du Bassidj (روز بسیج) est avant tout marquée par des défilés militaires destinés à afficher sa puissance et conforter le régime en place.
9 octobre : l’Iran célèbre ses pasdarans, protecteurs du régime des mollahs
C’est la Journée du Corps des gardiens de la révolution islamique , un corps de soldats d’élite créé par le Khomeiny.
Nous sommes le 17 Mehr du calendrier iranien, c’est la Journée du Corps des gardiens de la révolution islamique (Sepah-e Pasdaran-e Enghelab-e Islami) qui honore le corps d’élite créé par le Khomeiny dès sa prise de pouvoir pour faire contrepoids à l’armée officielle, l’Artesh, dont il se méfiait. La constitution a ensuite entériné les deux armées. L’une protège le pays de toute agression extérieure. L’autre, celle des pasdarans (les gardiens de la révolution), défend le régime, en appuyant les éléments les plus conservateurs, et assure des missions spéciales à l’étrangers contre les ennemis du régime. Pour cela a été Al-Qods, une milice spéciale qui porte le nom de Jérusalem, en arabe. Pour assurer l’indépendance des pasdarans, le président Rasfandjani les avait autorisés à participer à activités lucratives. Favorisés par le régime, les gardiens qui seraient quelque 150 000, ont bâti un véritable empire industriel, une sorte d’État dans l’État qui les rend très puissants.
Pour leur donner une légitimité historique, les pasdarans sont célébrés le jour anniversaire de l’imam Hussein, le second fils d’Ali (gendre du prophète), mort en martyr en 680 lors de la fameuse bataille de Kerbala. Considéré comme le troisième imam chiite, il avait refusé de prêter allégeance au calife Yazid. Le destin tragique de Hussein est à l’origine du chiisme. L’anniversaire de sa mort est commémorée chaque année. Celle de sa naissance sert de Journée des pasdarans (روز سپاه پاسداران انقلاب اسلامی). Quel meilleur symbole pour légitimer ce corps d’armée au service de la théocratie iranienne ?
11 février : Téhéran célèbre la révolution de grand-papa
41 ans ans déjà ! Les jeunes révolutionnaires de 1978-1979 sont aujourd’hui grand-parents. Plus de la moitié de la population n’a pas connu la révolution que l’on célèbre chaque 11 février. L'Iran fête sa l’évènement dans un climat de contestation du régime.
41 ans ans déjà ! Les jeunes révolutionnaires de 1978-1979 sont aujourd’hui grand-parents. Plus de la moitié de la population n’a pas connu la révolution que l’on célèbre chaque 11 février. L’Iran fête l’évènement dans un climat de contestation du régime. Comme chaque année, celui-ci organise une grande manifestation sur la place Azadi de Téhéran, lieu de tous les rassemblements nationaux. Comme les autres, cet anniversaire de la chute du shah est marqué par un discours convenu du Guide suprême, Ali Khamenei, mais l'esprit n’y est plus. Sans la campagne de sanctions orchestrée depuis des années par les États-Unis, le régime des mollahs serait sans doute déjà tombé. Seul l’état de siège imposé au pays lui permet de survivre. La jeunesse, aujourd’hui, ne rêve plus de révolution. La démarche logique, après l’obtention d’un diplôme est de expatrier au Canada ou, quand c’est possible, aux États-Unis, en particulier à Los Angeles où vivent à présent plus d’un demi million d’Iraniens.
Le 11 février 1979 est le jour où le dernier chef du gouvernement du chah, Chapour Bakhtiar, abandonne le pouvoir après dix jours d’insurrection dans la capitale iranienne. Le shah, Mohammad Reza Pahlavi avait fuit l’Iran dès le 16 janvier et Khomeiny est arrivé triomphalement à Téhéran, le 1er février 1979. Le souvenir de son retour marque le début des fêtes de la Révolution islamique, les cloches des églises, les sifflets des trains et des navires ont annoncé le moment historique. Ce même 1er février, les autorités ont fait déposer des gerbes de fleurs dans le mausolée de l’Imam Khomeiny. Début février 1979, une partie de l’armée a rejoint les insurgés. « La révolution est gagnée », proclame un communiqué dans la nuit. Le 31 mars, un référendum fera de l’Iran impérial une “République islamique” et de Khomeiny son Guide suprême. Une dictature allait en remplacer une autre.
Ce jour férié en Iran est connu sous le nom de Jour de la Révolution islamique (روز انقلاب اسلامی). La date correspond au 22 Bahman du calendrier persan. C’est occasion d’un déferlement de propagande anti américaine à laquelle la population prend de moins en moins part. Un moyen de montrer au régime son désaccord est notamment de contourner les drapeaux américains placés sur le sol des grandes avenues pour que la foule les piétine. La hausse du prix de l'essence, l’avion ukrainien abattu, la morosité du quotidien… les raisons de manifester contre le régime sont nombreuses.
4 novembre : journée très anti-américaine à Téhéran
C’est l’anniversaire de la prise en otage des employés de l'ambassade des États-Unis, le 4 novembre 1979, il y a 40 ans jour pour jour. Elle durera 444 jours et marquera la rupture entre Washington et Téhéran, c’était d’ailleurs le but recherché par les promoteurs de l’opération.
C’est l’anniversaire de la prise en otage des employés de l'ambassade des États-Unis, le 4 novembre 1979, il y a 40 ans jour pour jour. Elle durera 444 jours et marquera la rupture entre Washington et Téhéran, c’était d’ailleurs le but recherché par les promoteurs de l’opération.
Chaque année, le 4 novembre, les autorités de la république islamique se répandent en diatribes anti-américaines, exacerbées par les sanctions que les Américains imposent à l’Iran depuis 1995. On brûle des drapeaux américains en public. Cette année, toutes les provocations sont possibles, le président Trump, déjà en campagne électorale pour sa réélection, ne se risquera pas à la moindre aventure guerrière contre Téhéran.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 novembre 2019
4 juin : Khomeiny 30 ans après
Les Iraniens, tout au moins ceux qui continuent à soutenir le régime, se rendent en pèlerinage sur la tombe de l’imam Rouhollah Khomeyni, mort il y a exactement 30 ans, le 4 juin 1989.
Les Iraniens, tout au moins ceux qui continuent à soutenir le régime, se rendent en pèlerinage sur la tombe de l’imam Rouhollah Khomeyni, mort il y a exactement 30 ans, le 4 juin 1989. Le mausolée de l'ayatollah est situé à proximité du cimetière de Behesht-e Zahra, le plus grand du pays, dans la banlieue Sud de Téhéran. Le mausolée est géré par Hassan Khomeini, son petit-fils. Ce lieu très symbolique a été attaqué en juin 2017 par des terroristes de Daech.
Le régime instauré par le guide, il y a plus de 40 ans, vit aujourd'hui une fin de règne difficile.
18 avril : en Iran, les 80 ans du guide et le Jour de l'armée
En Iran, le Jour des forces armée coïncide avec le 80e anniversaire du guide suprême, Ali Khamenei, né en 1939. Une unité de façade ?
En Iran, le Jour des forces armée (روز ارتش جمهوری اسلامی ایران) coïncide avec le 80e anniversaire du guide suprême, Ali Khamenei, né en 1939. Une unité de façade ?
Chaque 18 avril, depuis 1979, la journée est l’occasion d’un grand défilé militaire auquel participent les réservistes. Il se déroule devant le mausolée de Khomeiny et permet à la République islamique de faire la démonstration de ses forces. Lesquelles ont été utilisées ces derniers mois pour se positionner sur le théâtre syrien, contre Daesh , mais aussi face à Israël, dont l’éventualité de la destruction est l’une des thématiques traditionnelles de la journée. Laquelle n’est pas un jour férié.