30 janvier : le Sadeh, fête iranienne du feu
Sadeh (ou Sada) est vieille fête iranienne, antérieure à l’islam, qui est aussi célébrée au Tadjikistan. Elle serait même plus ancienne que la célébration du Nowruz. Toutes deux ont été inscrites par l’UNESCO comme représentatives du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, respectivement en 2008 et 2009.
C’est une fête du feu, elle est célébrée par l’allumage d’un grand bûcher par les communautés villageoises, qui marquent en même temps leur coopération et la solidarité des gens. Dans les zones plus urbanisées, on se contente d’un braséro. L’allumage du feu avec une torche (golkhan) est un moment important de la cérémonie
Récemment, le Tadjikistan a fait de Sadeh une fête officielle. Depuis 2018, le président de la République prononce ce jour-là un discours télévisé et les pouvoirs publics mettent en œuvre des programmes culturels et artistiques, des expositions d'artisanat. Cette fête oubliée, ou très discrète, à l’époque communiste est redevenue un élément de l’identité nationale, au même titre que le Mehrgan, en automne.
Ce n’est pas le cas dans l’Iran officiel, islamiste, mais les zoroastriens de Kerman, Yazd, Fars et d'autres provinces ont toujours célébré cette fête. Aujourd'hui, elle reste vivante dans ces villes, dans les villages environnants de Maybod, Ardakan, Bafaq, Bardskan, Tabas (villages de Pirhajat et Kalshane) et à Sarayan (village de Dohhasaran)… ainsi que dans certains pays étrangers comme la Suède, l’Australie, les États-Unis… où vivent des zoroastriens pour qui le feu est un symbole sacré.
Dans le calendrier populaire iranien, ce jour marque le début de la préparation des terres agricoles aux prochaines plantations du printemps et la fin des jours les plus froids de l’hiver, 50 jours et 50 nuits avant l’arrivée du printemps (fêté par Nowruz). De ce fait, Sadeh signifie « cent ».
Sadeh est mentionné dans les récits mythologiques de l'Iran ancien. Lorsque Hoshang Shah a vu un long serpent noir alors qu'il chassait, il lui a lancé une pierre, ce qui a provoqué une étincelle lorsqu'il est entré en collision avec une autre pierre et que le buisson sec qui s'y trouvait a pris feu… Depuis, les Iraniens gardent ce feu. Les zoroastriens célèbrent le début de l’année en allumant du feu et en priant.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 janvier 2025