L’Almanach international

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2001, France, Abolition de l'esclavage, esclavagisme, 10 mai Bruno Teissier 2001, France, Abolition de l'esclavage, esclavagisme, 10 mai Bruno Teissier

10 mai : la mémoire de la traite des Noirs, une date parmi d'autres

Depuis 2006, la France commémore chaque 10 mai, l’abolition de l’esclavage, en référence à la date du vote par l’Assemblée nationale en 2001 de la loi dite « Taubira ».

 

Depuis 2006, à la demande du président Chirac, la France commémore chaque 10 mai, l’abolition de l’esclavage, en référence à la date du vote par l’Assemblée nationale en 2001 de la loi dite « Taubira » (adoptée en dernière lecture par le Sénat le 21 mai). Une loi mémorielle qui a provoqué des débats parmi les historiens. L’article premier dit ceci : « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité. ». Il lui a été reproché d’élargir la période à l’activité des Portugais, la France n’ayant débuté la traite qu’à la fin du XVIIe. Du coup, si on élargit la focale pourquoi ne pas faire référence à celle pratiquée par les Arabes et même les Africains entre eux, de manière bien antérieure... En réalité, le projet de loi de Christiane Taubira proposait le 8 février en référence à la condamnation par le Congrès de Vienne, le 8 février 1815, de la traite négrière transatlantique, « répugnant au principe d'humanité et de morale universelle ». Faute de consensus, cette date n’a pas été retenue. 

 Cela dit, chaque DOM ou TOM a une date de commémoration spécifique : le 27 avril à Mayotte, le 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe, le 10 juin en Guyane et le 20 décembre à La Réunion. Quant aux associations regroupant les Français d'outre-mer, elles ont opté pour le 23 mai, en mémoire de l’abolition de l’esclavage le 23 mai 1848 et de la marche silencieuse du 23 mai 1998 qui a contribué à la mobilisation en faveur de la loi Taubira. La date a été officialisée en 2008 par le gouvernement Fillon et depuis 2017,  le 23 mai est marqué comme « journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial ». 

Même dispersion au niveau international : l’ONU  a créé une « Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage » au 2 décembre, et l’Unesco célèbre le 23 août en souvenir de la nuit du 22 au 23 août 1791 lors de laquelle une révolte d’escales éclate à Saint-Domingue. Finalement, en 2008, l’ONU opte pour le 25 mars comme Journée internationale de célébration du bicentenaire de l'abolition de la traite transatlantique des esclaves.

Le 10 mai est qualifié officiellement de Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions.

Le vingt-et-unième anniversaire de la loi du 21 mai 2001, qui a reconnu l'esclavage et la traite comme crimes contre l'humanité, est notamment célébré par la lecture d'un extrait du discours prononcé par la députée Christiane Taubira, rapporteure de la proposition de loi, devant l'Assemblée nationale en 1999.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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2001, 1565, 1609, 1683, 11 septembre, Bataille célèbre Bruno Teissier 2001, 1565, 1609, 1683, 11 septembre, Bataille célèbre Bruno Teissier

11 septembre : le 11-Septembre, un épisode du choc des civilisations ?

Certains historiens américains adeptes de la théorie du choc des civilisations ne se sont pas privé de fouiller l’histoire pour tenter de décrypter le choix par Al-Qaïda de la date du 11 septembre pour frapper l’Amérique…

 

Certains historiens américains adeptes de la théorie du choc des civilisations ne se sont pas privé de fouiller l’histoire pour tenter de décrypter le choix par Al-Qaïda de la date du 11 septembre pour frapper l’Amérique, symbole de l’Occident, en plein cœur. Pour cela, ils ont sorti quelques événements symboliques qui ont vu s’affronter Orient et Occident.

Le 11 septembre 1565, les Turcs levaient le siège de Malte après 112 jours de présence hostile autour de l’archipel. Le lendemain, ils prenaient le large, renonçant à prendre pied sur cet archipel stratégique. La bataille fut terrible, à la fois militaire et psychologique. Terroriser l’adversaire était déjà une tactique de guerre. Les défenseurs chrétiens de Malte n’avaient pas hésité à bombarder leurs adversaires musulmans des têtes coupées de leurs prisonniers !  Cette défaite majeure des Turcs marquait le premier coup d’arrêt à l’expansion de l’Empire ottoman à qui, jusque-là, rien ne résistait.

Le 11 septembre 1609, les crieurs de rue de Valence annonçaient l’arrêté d’expulsion des morisques, les musulmans d’Espagne, suite à la décision prise par le roi très catholique Philippe III. Le premier convoi quittera le royaume le 2 octobre. Au total plus de 300 000 personnes seront déportées hors du pays, soit 5% de la population espagnole de l’époque. Après l’expulsion des juifs un siècle plus tôt, les Espagnols achevaient l’épuration ethnique de leur pays. Comme autrefois Al-Qaïda, Daesh réclame aujourd’hui de reprendre pied sur le territoire espagnol, mais ses dirigeants connaissent-ils cette date et le détail de cette histoire ?

Des historiens ont évoqué l’idée d’une vengeance des islamistes le 11 septembre 2001. Ce courant de pensée s’inspire d’un pamphlet américain titré The Clash of Civilizations et publié par Samuel Hungtington en 1996. Lui-même affirmait après le  11 septembre 2001 « les événements donnent une certaine validité à mes théories. », même s’il le déplorait. 

Le 11 septembre 1683, les Turcs subissent l’attaque surprise du roi de Pologne, Jan Sobieski, venu au secours de la capitale autrichienne qu’ils assiègent et affament depuis plusieurs semaines. Le lendemain, ils doivent lever le siège de Vienne et battent en retraite dans la plus grande confusion. Cette déroute ottomane marque le coup d’arrêt de l’avancée des Turcs, lesquels ne feront dès lors plus que reculer jusqu’à la défaite finale de 1918 qui entraînera la disparition de l’Empire ottoman en 1922 et celle du Califat en 1924. Ce Califat que Daesh prétend aujourd’hui restaurer.

Les batailles opposant des armées chrétiennes et musulmanes sont très nombreuses et les dates multiples. Si les estocades finales ont bien été données un 11 septembre, les sièges de Malte et de Vienne ont, en fait, été levés un 12 septembre. Quant à l’expulsion des morisques, plusieurs dates mémorielles sont possibles : la décision, sa publication ou le début de son exécution, à des dates différentes en Castille et en Aragon... Il est peu probable que les terroristes du 11-Septembre connaissaient le détail de ces faits, auxquels, d’ailleurs, ils n’ont jamais fait référence. Il s’agit là de spéculations d’historiens soucieux de démontrer la permanence de ce qu’ils désignent sous le concept de « choc des civilisations ». Pour cela, il leur faut monter en épingle les ruptures, jamais les points de convergence.   

Les détracteurs  de ces théories dénoncent une lecture avant toute religieuse des conflits et le cloisonnement a priori des civilisations décrites par Hungtington. Lequel a toujours écarté l’idée la possibilité d’un métissage entre les cultures qui aurait contredit ses thèses.

Ce texte est extrait du livre Les 11-Septembre, celui des Américains, des Chiliens, des Catalans et tous les autres par Kader Abderrahim, Eduardo Olivares Palma, Maria Poblete, Cyril Trépier…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
L’assaut final, la cavalerie polonaise, conduite par le Roi Jean Sobieski, lors du siège de Vienne de 1683, œuvre de Piotr Arendzikowski

L’assaut final, la cavalerie polonaise, conduite par le Roi Jean Sobieski, lors du siège de Vienne de 1683, œuvre de Piotr Arendzikowski

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2001, Afghanistan, 9 septembre, martyrs, héros national Bruno Teissier 2001, Afghanistan, 9 septembre, martyrs, héros national Bruno Teissier

9 septembre : hommage au commandant Massoud, figure de la résistance afghane

Le 20e anniversaire anniversaire de l’assassinat du Lion du Panshir, alors que les talibans ont pris Kaboul et commence à investir le Panshir

 

Ce 9 septembre est en principe férié en Afghanistan. Mais que signifie un jour férié dans le chaos actuel ? Cette journée à la mémoire d’Ahmed Shah Massoud avait été décidée par l’ancien régime. Dans le nord du pays ses portraits ont été détruits. 

Ce chef militaire, surnommé le Lion du Panshir ( شیر پنجشی ), avait tenu tête aux Soviétiques sans quitter son fief. Il a été assassiné il y a exactement 20 ans, le 9 septembre 2001, par un attentat suicide opéré par des kamikazes d’Al-Qaida, arrivés de Belgique, déjà ! C’était une autre époque. En avril 2001, lors d’un passage en Europe, Massoud avait bien essayé d'attirer l'attention de la communauté internationale sur le danger représentait par l’organisation terroriste dirigée par Oussama Ben Laden, mais en vain. Lui-même n’aura pas l’écho des attentats du 11 septembre, seront perpétrés deux jours après son assassinat. Les deux crimes étaient incontestablement liés.

En Juin 2002, la Loya Jirga, la Grande assemblée traditionnelle, a créé un jour férié en son honneur qui sera ensuite baptisé Jour des Martyrs pour honorer toutes les personnes mortes en combattant pour l'Afghanistan, en particulier contre les Soviétiques. Ahmad Shah, dont le nom de guerre était Massoud (le chanceux), avait pris les armes après le coup d’État communiste de 1978 et s’était replié dans sa vallée natale du Panshir, à une centaine de kilomètres au nord-est de Kaboul. En dépit de neuf tentatives, l’Armée rouge n’était jamais parvenue à le déloger et à le soumettre.

Qualifié de « héros national afghan », il est surtout un héros tadjik, son ethnie d’origine. Son image est plus brouillée chez les Pachtounes, très influencés par les talibans et franchement négatives chez les Hazaras, même si sont fils espère aujourd’hui leur ralliement contre les talibans. Après le départ des Soviétiques, Massoud a fait partie de plusieurs gouvernements de coalition qui ont dirigé l’Afghanistan de 1992 à 1996. Il a notamment été ministre de la Défense. Pendant cette période, ses hommes se sont rendus coupables de pillages à Kaboul et d’exactions notamment contre la minorité chiite hazara. Ce qui a contribué au fait qu’une partie des habitants de Kaboul ont accueilli favorablement la prise du pouvoir des talibans en 1996. Les mêmes qui, aujourd’hui se félicitent de la chute d’un gouvernement corrompu et arbitraire. À l’époque Massoud s’était alors replié dans le Panshir, véritable forteresse montagneuse, où les talibans n’ont jamais pu l’atteindre. Seul le terrorisme extrême d’Al-Qaida a pu l’anéantir. C’était, il y a 20 ans jour pour jour.

Aujourd’hui, son fils unique (au côté de cinq filles), Ahmad Massoud, né en 1989,  a repris le combat sans avoir l’aura de son père. Comme lui, il a créé un Front de résistance nationale et s’est retranché dans le Panshir dans des conditions moins favorables. Avant-hier les talibans ont annoncé avoir pris la célèbre vallée. Il s’agit surtout d’un effet d’annonce pour marquer les esprits. En fait, ils n’ont investi que la capitale régionale, Bazarek (la ville natale de Massoud et celle qui abrite son mausolée), ainsi que quelques villages alentour. On ne sait pas encore ce qu’il en sera du reste de la célèbre vallée ni si le jeune commandant s’y trouve encore. La saga des Massoud n’est peut-être pas achevée.

Il y a quelques mois, la ville de Paris rendait hommage au lion du Panshir qui avait été étudiant dans cette ville et qui était un grand lecteur de Victor Hugo. Le 27 mars 2021, une allée du Commandant-Massoud a été inaugurée dans un coin des Champs-Élysées, en présence de son fils Ahmad Massoud.  

Le 9 septembre 2021, le tombeau du commandant Massoud a été profané par les talibans voir le tweet ci-dessous.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 septembre 2021

 
photo : A. A. Wiseman.         À propos du 11-Septembre.

photo : A. A. Wiseman.

À propos du 11-Septembre.

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