L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
11 septembre : le Pakistan honore le père de la nation
Le Pakistan commémore l’anniversaire de la mort du fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah, disparu le 11 septembre 1948, quelques mois à peine après la création du Pakistan, intervenue le 14 août 1947.
Alors que la date du 11-Septembre rappelle chaque année le rôle assez trouble du Pakistan à l'égard d'Al-Qaïda, le pays commémore ce même jour la mort du fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah (1876-1948) disparu le 11 septembre 1948, quelques mois à peine après la création du Pakistan, intervenue le 14 août 1947. Cette fête nationale n'est pas chômée. Une cérémonie est organisée au Mazar-e-Quaid, le mausolée du Quaid-e-Azam, le « grand leader ».
Quaid-e-Azam figure depuis 1948 sur tous les billets de banque pakistanais, comme Gandhi sur ceux de l’Inde. En ce jour anniversaire de sa mort, une cérémonie, assez sobre, se déroule au mausolée du grand homme situé à Karachi. Des prières lui sont dédiées dans chaque mosquée du pays ; les chaînes de télévision ont prévu des programmes spéciaux ; des conférences sont données dans les établissements scolaires pour cultiver la mémoire de Muhammad Ali Jinnah (le Quaid), mais celle-ci a évolué avec le temps. Les Occidentaux insistent sur le comportement très laïque de ce musulman qui, dit-on, buvait de l’alcool et consommait du porc. Au Pakistan, le discours officiel le présente, au contraire, comme un pieux personnage grâce auquel les musulmans disposent d’un État nommé Pakistan (le « pays des purs»), même si beaucoup voient en lui un musulman bien trop tiède. Il est difficile de savoir comment il aurait géré le pays car il est mort de la tuberculose moins d’un an après l’indépendance du pays. L’État libéral, démocratique et laïque que Jinnah avait promis est loin d’être l’image que donne le Pakistan aujourd’hui, surtout après la dictature du général Zia-ul-Haq qui a franchement islamisé le pays dans les années 1980.
M. A. Jinnah a milité contre le colonialisme anglais aux côtés des hindous. Mais, dans les États indiens sous tutelle britannique, les musulmans étaient souvent perçus par les hindous comme des intrus et traités comme des citoyens de seconde zone. D’où l’idée de leur inventer un État séparé. Au grand dam de Gandhi et Nehru, Jinnah a fini, en 1939 par se rallier à cette idée en cherchant appui auprès de Londres qui, en 1947, parrainera la partition de son ancien empire. A-t-il réussi son pari ? Au Pakistan, il est désigné comme le père de la nation pour avoir œuvré à la création du pays. Mais sur le demi-milliard de musulmans d’Asie du sud, seuls 180 millions vivent aujourd’hui au Pakistan. Les musulmans de l’Inde qui sont aussi nombreux, lui reprochent amèrement la partition de 1947. Les 500 millions de musulmans d’Asie du sud auraient actuellement une tout autre influence face aux 800 millions d’hindous s’ils n’avaient pas été répartis sur deux, puis trois États (avec le Bangladesh) séparés. En fin de compte, bien peu aujourd’hui se réfèrent vraiment à Jinnah.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 septembre 2024
À propos des autres 11-Septembre, lire : Les 11-SEPTEMBRE, celui des Américains, des Catalans et tous les autres
13 mai : Israël compte ses morts et fête son indépendance en pleine crise existentielle
Israël célèbre sa proclamation d’indépendance du 14 mai 1948. La fête nationale d'Israël est précédée d'un hommage aux soldats tombés au combat et aux victimes civiles du terrorisme. Mais comment se recueillir puis faire la fête, quand plus de 35 000 Palestiniens sont morts juste de l’autre côté du mur et que le massacre semble sans fin ?
Chaque année, le 5 lyar, soit cette année le 14 mai, Israël célèbre sa fête nationale en souvenir de sa proclamation d’indépendance du 14 mai 1948. Comme les jours du calendrier hébreu commencent et se terminent au coucher du soleil, la célébration du Jour de l’Indépendance d’Israël commence la veille dans le calendrier civil, autrement dit, les festivités débutent ce lundi 13 mai au soir.
Cependant, le Jour de l'Indépendance (Yom Haʿatzmaout, יום העצמאות) est toujours précédé du Jour du souvenir (Yom haZikaron, יום הזכרון), un jour de commémoration solennel rendant hommage aux soldats tombés au combat et aux victimes civiles du terrorisme. Cette commémoration a commencé ce dimanche 12 mai au coucher du soleil.
Donc dimanche 12 mai, à 19h, conformément à la loi de 1963 qui a formalisé le rituel, les entreprises de tout le pays ont fermé (le dimanche est un jour ouvré en Israël). À 20h, une première sirène, d'une durée d'une minute, a retenti dans tout Israël et la cérémonie nationale a commencé sur l’esplanade du Mur occidental (mur des lamentations) à Jérusalem, en présence du président Isaac Herzog, du ministre de la Défense Yoav Gallant et du chef d'état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi. À21h15, la Knesset organisait un événement spécial à la mémoire des morts, en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahou, du président de la Knesset, Amir Ohana, et du président par intérim de la Cour suprême, Uzi Vogelman.
On rend hommage aux morts de l’année 2023, selon les chiffres du ministère de la Défense, 711 membres des forces de sécurité sont tombés dans le cadre du conflit israélo-Palestinien et 822 civils (dont 37 enfants) ont été assassinés au cours de la même période, principalement lors du massacre du 7 octobre. Soit le pire bilan depuis qu’Israël existe.
Selon les données officielles, 25 039 membres des forces de sécurité sont tombés et 5 100 civils ont été tués dans des attaques terroristes depuis 1860. Curieusement, les statistiques israéliennes, publiées et révisées chaque année, remonte à une époque bien antérieure à la fondation d’Israël. Malheureusement dans leur aveuglement, les Israéliens font bien peu de cas des quelque 100 000 Palestiniens tués depuis le 14 mai 1948. Leur évocation serait pourtant totalement légitime, sachant que plus de 20% des citoyens israéliens sont des Palestiniens. Mais leur mémoire à eux n’a aucune place dans le discours officiel.
Une cérémonie du Jour du souvenir israélo-palestinien est tout de même organisée par Combattants pour la Paix et le Cercle des Parents-Forum Familles. Faute d’un soutien des autorités, elle est retransmise en ligne depuis plusieurs sites à travers le pays, notamment Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa et Acre. La cérémonie a débuté dimanche à 20h30, elle est diffusée sur les pages Facebook des organisations car les Palestiniens de Cisjordanie sont interdits d'accès en Israël depuis le 7 octobre 2023. Ce rassemblement, que ses organisateurs qualifient de plus grand événement pour la paix organisé conjointement par des Israéliens et des Palestiniens, est controversé depuis sa création en 2006, mais il attire des foules de plus en plus importantes au fil des ans. En 2023, 15 000 personne avaient assistés à la cérémonie au parc Ganei Yehoshua de Tel Aviv, et 200 000 personnes l’avaient regardée en ligne depuis le monde entier, selon les organisateurs.
Ce lundi 13 mai, à 8h30, les noms des soldats tombés au combat sont lus au mont Herzl à Jérusalem. À 11h, une seconde sirène, d'une durée de deux minutes, retentit dans tout Israël. Aussitôt après, des avions de l'armée de l'air survolent le mont Herzl, donnant le coup d'envoi de la cérémonie principale, en présence notamment de Herzog, Netanyahou, Ohana et Vogelman. À 13h, une cérémonie commémorative pour les victimes du terrorisme se déroule au mont Herzl. Elle se clôturera à 19h30.
Mardi 14 mai, sera fêté l’anniversaire du 14 mai 1948 (5 Iyar 5708 selon le calendrier juif). Ce jour-là, huit heures avant l'expiration du mandat britannique sur la Palestine, le futur Premier ministre David Ben Gourion déclara la création de l'État d'Israël. Le nouvel État fut rapidement reconnu par de nombreux pays, dont les États-Unis et l’Union soviétique. Cependant, les États arabes environnants, considérant cette implantation juive comme un vestige de la colonisation britannique, ne l’ont pas reconnu et ont aussitôt attaqué l’État juif nouvellement formé. Ainsi, le 15 mai 1948, débutait la première guerre israélo-arabe, connue en Israël sous le nom de Guerre d’indépendance car elle s’est soldée par une victoire des Israéliens.
Traditionnellement, les familles israéliennes célèbrent Yom Ha'atzmaut avec des barbecues et des pique-niques. Les gens décorent leurs balcons avec des drapeaux israéliens et attachent de petits drapeaux aux vitres des voitures. Certains drapeaux restent hissés jusqu'à la Journée de Jérusalem célébrée le 28 Iyar (le 5 juin prochain). Mais cette année, six mois après les massacres du 7 octobre, l’ambiance n’est pas du tout à la fête. Ce jour-là, Israël s’était réveillé en découvrant l’horreur de la tuerie de plusieurs centaines de civils et la prise en d’otage par le Hamas de plus d’une centaine d’autres. Ils découvraient la défaillance de leurs services de renseignement (au courant de la préparation d’une attaque, mais qui en a largement sous-estimé l’ampleur). Ils déploraient la désorganisation de l’armée (qui a mis des heures à intervenir pour neutraliser les terroristes) et devaient admettre que les murs n’apportent en rien la sécurité. Les Israéliens s’affligeaient l’incurie de son gouvernement d’extrême droite, lequel a eu l’idée folle de participer au financement du Hamas et de l’encourager secrètement afin de pousser les Palestiniens à la faute. Pensant, en réaction, anéantir toute velléité de revendication de ce peuple sans droit. Le drame du 7 octobre, repose sur le sordide jeu d’apprenti sorcier d’un premier ministre élaborant des stratégies pour se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible afin d’échapper à la prison pour corruption, quitte à mener son pays vers l’abîme.
Car, en ce 75e anniversaire d’Israël, c’est bien l’existence même d’Israël qui, pour la première fois, est questionnée si une solution définitive n’est pas trouvée à la question palestinienne. Les 35 000 morts (dont 12 300 enfants), peut-être 50 000 quand on fera vraiment le compte des victimes des bombes, des blessés qui n’ont pas survécu, des morts de malnutritions ou de manque de soin. L’horreur des bombardement sur Gaza a depuis longtemps occulté celle du du 7 Octobre. Netanyahou, décidant de bombarder une ville de deux millions d’habitants pour tuer quelques milliers de terroristes, a entrainé son pays dans le piège fatal, tendu par le Hamas. Face à un tel massacre, dont le bilan est bien pire que celui de la Nakba, la communauté internationale ne pourra plus ignorer la colonisation galopante des territoires occupés depuis 1967. Faute d’accepter de les lâcher en totalité, Israël, risque de tout perdre (c’est à dire le territoire reconnu en 1948) et de ne jamais fêter son centenaire.
En dépit d’une belle prestation à l’Eurovision, fête à laquelle les Palestiniens n’ont jamais été invités à participer, l’ambiance de la journée de Yom Ha'atzmaut n’a jamais été aussi peu sereine. Même si le pays, comme toujours, va s’efforcer de faire comme si… L’aveuglement et le dénie sont des maladies mortelles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mai 2024
15 avril : l’anniversaire de l’Himachal Pradesh
Créé le 15 avril 1948, en réunissant trente principautés qui vivaient encore à l’âge féodal, l’Himachal Pradesh a d’abord été un simple territoire directement administré par New Delhi avant de devenir un État.
C’est le 15 avril 1948, quelques mois après l’indépendance de l’Inde que l’Himachal Pradesh a été constitué en province, administrée par un commissaire en chef, qui représentait le gouvernement de l'Inde. Pour la créer, les autorités ont réuni trente principautés qui vivaient encore à l’âge féodal, dont Kangra , Jaswan, Datarpur, Guler, Rajgarh , Nurpur , Chamba, Suket, Mandi, Bilaspur… L’Anniversaire de l’Himachal (हिमाचल दिवस) est célébré chaque année par un jour férié et des festivités.
La région est située au nord du Pendjab, sur les contreforts de l’Himalaya. C’est le célèbre érudit sanskrit Acharya Diwakar Datt Sharma a inventé le terme d’Himachal qui signifie « pentes enneigées ». Sa capitale, Shimla était le quartier général d'été des vice-rois britanniques d'avant l'indépendance ; c'est aujourd'hui la capitale de l'État. Nichée à une altitude d'environ 2 200 mètres, c’est l'une des stations de montagne les plus grandes et les plus populaires de l’Inde.
L’Himachal est ensuite devenu un semi-État, puis après l’absorption de nouveaux territoires (notamment l’État de Bilaspur), a ensuite accédé au statut d’État (pradesh en sanskrit), le 25 janvier 1971. Ce qui a généré un autre jour férié local.
Ce 15 avril 2024, la cérémonie de l'Himachal Day au niveau de l'État est organisée à Ridge Ground, dans la capitale Shimla. Un défilé de la police et des programmes culturels sont organisés à cette occasion sous la présidence du gouverneur Shiv Pratap Shukla.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 avril 2024
3 avril : mémoire du soulèvement de Jeju réprimé dans le sang
L’île coréenne de Jeju, un paradis touristique situé à mi-chemin entre la péninsule et le Japon commémore une insurrection matée dans le sang en 1948-49. Les syndicats sud-coréens profitent de ce 76e anniversaire pour se mobiliser contre le président Yoon Seok-yeol issu d'un parti conservateur.
L’île coréenne de Jeju, un paradis touristique situé à mi-chemin entre la péninsule coréenne et l’archipel japonais commémore une insurrection matée dans le sang en 1948-49. Pendant un demi-siècle, le sujet a été totalement tabou en Corée au point que le simple fait d’évoquer ce massacre pouvait vous valoir la prison. Il faut attendre les années 1990 pour qu’on commence à évoquer le sujet ; 2003 pour qu’un président prononce des excuses et le 70e anniversaire, en 2018, pour qu’un président coréen (de gauche), Moon Jae-in, fasse le voyage dans l’île pour commémorer le soulèvement de Jeju (제주 4·3 민중항쟁).
Tout avait commencé le 1er mars 1948, jour de la fête nationale. Un cheval de la police a grièvement blessé un petit garçon. La foule en colère contre les forces de l’ordre, se fait menaçante, les policiers tirent dans le tas faisant 8 morts et 6 blessés graves. La population de l’île réagit par une grève générale qui touche tous les secteurs y compris l’administration. La répression est féroce, les arrestations se multiplient. Ce qui pousse de nombreux jeunes à adhérer au nouveau Parti du travail, né d’une fusion des communistes et des socialistes coréens. Un parti aussitôt interdit à Séoul où les Américains sont en train d’installer au pouvoir des hommes d’extrême droite, notamment des collabos de l’occupation japonaise.
Le 3 avril 1948 une insurrection est lancée (c’est la date que l’on commémore aujourd’hui). Les autorités débordées négocient. Mais le 1er mai des incidents engendrent un véritable dérapage. On sait aujourd’hui qu’ils ont été volontairement provoqués par des éléments d’extrême droite de Corée du Nord, réfugiés à Jeju. On est en Corée du Sud dans un contexte de guerre froide exacerbée. Vu de Séoul, où les Américains sont encore au pouvoir pour quelques mois, l’île de Jeju est un véritable repère de communistes à éliminer . La répression est féroce : au moins 30 000 habitants de l’île sont massacrés (10 % de la population) et 40 000 s’exileront au Japon, principalement à Osaka où ils forment aujourd’hui un quartier. Les combats dureront jusqu’en 1949 et même sporadiquement jusqu’en 1953. L’île restera totalement bouclée jusqu’en 1954. Des dizaines de milliers d’habitants de Jeju sont emprisonnés. La majorité des victimes affirment avoir été arrêtées de façon arbitraire, interrogées et torturées par la police militaire avant d'être contraintes à signer une fausse déclaration confessant des crimes.
La répression a laissé des blessures profondes sur les victimes et leur famille. Nombre de leurs enfants, pendant des décennies, ont subi des discriminations lors de la recherche d'emploi à cause de la condamnation de leurs parents. Ces derniers ne seront réhabilités qu’en… 2019. Seuls 18 d’entre eux étaient encore en vie lors de ce verdict historique, prononcés il y a seulement deux ans. Des indemnités sont à l’étude pour leurs enfants. 8500 personnes ont reçu en 2020, une carte d’identité de victime qui leur permet, notamment, d’avoir une réduction de 50% sur les vols vers Jeju. Depuis 2014, le 3 avril est une commémoration officielle en Corée. En 2018, la ville d’Osaka a érigé une stèle commémorative. Le 3 avril 2022, le président élu Yoon Suk-yeol a fait un déplacement à Jeju, il s'agissait de sa première apparition publique après son élection.
En 2023, les syndicats sud-coréens ont profité du 75e anniversaire de la commémoration, pour se mobiliser contre ce président élu issu d'un parti conservateur.
En 2024, le 30 mars, le rassemblement national des travailleurs qui s'est tenu devant l'hôtel de ville de Jeju, a évoqué l'esprit du 76e anniversaire du soulèvement populaire du 3 avril. Quelque 2 500 membres de la Confédération coréenne des syndicats de tout le pays y ont participé pour réclamer, notamment, la démission du président Yoon Seok-yeol.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
30 janvier : la journée des martyrs en Inde, en hommage à Gandhi
Cette célébration très ambiguë commémore la mort du Mahatma Gandhi, assassiné le 30 janvier 1948 par un extrémiste hindouiste Nathuram Godse, car les autorités indiennes actuelles ont bien oublié son enseignement.
Voilà une célébration très ambiguë qui commémore la mort du Mahatma Gandhi, assassiné le 30 janvier 1948 par un extrémiste hindouiste, nommé Nathuram Godse. Comme chaque année, pour le Jour des martyrs (Sarvodaya ou Shaheed Diwas, शहीद दिवस) le gouvernement demande à tous les fonctionnaires d’observer deux minutes de silence à 11 heures précise. Et de déclencher une sirène, au début et à la fin, pour avertir le public et l’inciter à faire de même.
La politique du premier ministre Modi est à mille lieues de celle préconisée par Gandhi. C’est au cours d’une prière multiconfessionnelle que le Mahatma Gandhi a été assassiné par Nathuram Godse, un fanatique hindou qui ne supportait pas son discours de tolérance à l’égard des musulmans du pays.
Si Narendra Modi s’est toujours abstenu de soutenir les militants nationalistes qui tentent de réhabiliter la mémoire de N. Godse, (qui fut exécuté en 1949), il ne l’a jamais explicitement condamné !
La politique ultra-hindouiste du dirigeant indien ne l’empêche pas d’utiliser régulièrement la figure de Gandhi et même de son martyre. En septembre 2023, par exemple, Narendra Modi a invité les dirigeants du G20 au Raj Ghat, site où le Mahatma a été incinéré en janvier 1948, au lendemain de son assassinat par un idéologue nationaliste hindou. Imitant Gandhi, Modi s’y était rendu pieds nus. Comme chaque 30 janvier, pour Shaheed Diwas, c’est en ce lieu que se réunissent le président, le vice-président, le Premier ministre, le ministre de la Défense ainsi que les trois chefs des forces indiennes pour déposer la couronne en l'honneur du Mahatma Gandhi.
Le Mahatma Gandhi est aujourd’hui le symbole de la non-violence dans le monde entier. De nombreux dirigeants mondiaux le considèrent comme leur source d’inspiration. La philosophie du Mahatma Gandhi repose sur trois principes : la non-violence, la lutte pour la vérité (satyagraha) et la liberté individuelle et politique (swaraj). On est chaque année un peu plus loin du système politique indien actuel.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 janvier 2024
6 octobre : jour de deuil au Turkménistan
Le Turkménistan se souvient du séisme qui a couté la vie à 176 000 habitants, soit plus de 10 % de la population du pays à l’époque. Le 6 octobre 1948, à 20 h 12, un séisme d'une magnitude 9 sur l’échelle de Richter détruit totalement la ville et la région d'Achgabat.
Aujourd’hui, le Turkménistan se souvient du séisme qui a coûté la vie à 176 000 habitants, soit plus de 10 % de la population du pays à l’époque.
Le 6 octobre 1948, à 20 h12, un séisme d'une magnitude 9 sur l’échelle de Richter frappe la ville et la région d'Achgabat durant 7 secondes. la ville entière est détruite et se retrouve coupée du monde. C’est l’une des 10 grandes catastrophes naturelles du XXe siècle. Elle est peu connue car l’URSS avait refusé toute aide extérieure et a attendu 40 ans pour admettre l’ampleur des destructions et la mort de la grande majorité des habitants de cette ville située très loin de Moscou.
Au Turkménistan, le 6 octobre est férié depuis 1995, c’est un Jour de deuil (Hatyra Guni). Un musée-mémorial a été construit au centre d'Ashgabat. Des milliers de personnes viennent chaque année le 6 octobre s’y recueillir.
La ville, située à la frontière avec l’Iran, a été reconstruite, dans le style soviétique, mais tout en marbre blanc, grâce aux revenus du pétrole.
Cette journée du souvenir sert aussi de Jour de mémoire pour les victimes des guerres, en remplacement de la date du 12 janvier qui lui était consacrée jusqu’en 2014.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
15 mai : commémoration de la Nakba en pleine crise israélo-palestinienne
Les Palestiniens célèbrent le 75e anniversaire la catastrophe (nakba) de 1948 : la guerre consécutive à la création de l’État d’Israël qui leur a fait massivement quitter leurs maisons, leurs villages sans n’avoir jamais pu y retourner. Le souvenir de cette tragédie, largement occultée en Israël, ravive également la mémoire des massacres perpétrés dans les jours qui ont suivi.
Depuis 1998, les Palestiniens commémorent chaque année la catastrophe (nakba) : la guerre consécutive à la création de l’État d’Israël en 1948, qui leur a fait massivement quitter leurs maisons, leurs villages sans n’avoir jamais pu y retourner. La Nakba, ce fut aussi la destruction entre 1947 et 1949, de plus de 500 villages palestiniens, dont le plus connu est Deir Yassine, avec ses 250 habitants massacrés par une milice d’extrême droite juive. Ou encore celui de Tantura, dont la population a été massacrée le 23 mai 1948… Cette mémoire s’ajoute à la colère déclenchée chaque fois que des familles palestiniennes sont menacées d’expulsion de leur maison par une organisation d’extrême droite israélienne dans un quartier de Jérusalem est (la partie de la ville sous statut d’occupation) ou chassé de leurs terres par des colons juifs dans la campagne des territoires occupés par l’armée israélienne.
Ce 75e anniversaire de la Nakba, se déroule cette année sous très haute tension. La population palestinienne est toujours tétanisée par les projets israéliens et américains, formulés en 2020, d'une annexion de l’ensemble des colonies de Cisjordanie, de la vallée du Jourdain et du nord de la mer Morte. Alors qu’en même temps Israël a modifié sa constitution en défaveur des non juifs. La discrimination qui existait dans les faits depuis 1948 est désormais inscrite dans la loi. Face à cette évolution vers un régime d’apartheid, sur laquelle ils n’ont d’autre prise que des manifestations, les Palestiniens sont bien seuls. Dans le reste du monde, l’indifférence prévaut. La cause palestinienne n’est plus vraiment mobilisatrice mais si la région s’enflamme totalement, les principales puissances ne se pourront pas détourner les yeux.
Les autorités israéliennes demeurent opposées à toute idée de retour des réfugiés palestiniens. Sur les 920 000 Arabes vivant en Palestine en 1948, 760 000 ont fui. Leurs descendants, au nombre de 5 millions vivent aujourd’hui en Jordanie, au Liban, en Syrie ou dans d’autres parties de la Palestine. Les 160 000 qui sont restés sur place forment aujourd’hui la communauté arabe d’Israël, soit 1,5 million de citoyens israéliens (plus de 20% des citoyens israéliens sont arabes). Cette Journée de la Nakba ( يوم النكبة), chaque 15 mai (c’est-à-dire l’anniversaire du lendemain de la création d’Israël en 1948), est chômée pour les Palestiniens. Quand ils le peuvent, c’est l’occasion de se rendre en famille sur le site des villages détruits. Quand elles existent encore, on emmène les enfants voir les ruines de la maison familiale, en bravant les autorités qui tentent, depuis 2011, d’interdire ce genre de pèlerinage.
Dans les territoires occupés, c’est chaque année la journée de tous les dangers. En 2022, après le meurtre de la journaliste palestinienne, Shireen Abu Akleh et la perturbation de ses obsèques par la police israélienne, la colère était remontée d’un cran. En 2023, ce sont les projets du gouvernement israélien le plus extrémiste de l’histoire du pays qui suscite le plus d’inquiétudes. Dans les territoires occupés, les manifestants organisent des défilés ou des sit-in, le plus près possible des positions israéliennes. Les soldats ont reçu des ordres de vigilance et de retenue, mais chaque année des incidents graves éclatent faisant des morts et des blessés. Même chose en Jordanie, où la police anti émeute tente avec difficulté d’empêcher les manifestants d’approcher de la frontière.
Pour la première fois cette année, la Nakba sera célébrée par l’ONU à travers une journée officielle. À l’initiative l’Égypte, de la Jordanie, du Sénégal, de la Tunisie, du Yémen et des Palestiniens, une Journée de la Nakba est organisée au siège des Nations unies à New York pour marquer les 75 ans de la catastrophe. Seuls Israël, l’Australie, l’Autriche, le Canada, le Danemark, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis ont voté contre et refusent d’y participer.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 mai 2023
9 avril : il y a 75 ans, le massacre de Deir Yassin en Palestine
Alors qu'Israël poursuit imperturbablement sa colonisation, les Palestiniens commémorent le massacre de Deir Yassin, petit village palestinien dont la population a été tuée en 1948 par une milice d’extrême droite juive (l’Irgoun) dans le seul but de créer la terreur dans la population palestinienne et ainsi « libérer » le territoire du futur État israélien. Depuis la date du 9 avril est commémorée dans le monde arabe, elle symbolise le drame Palestinien.
Alors qu'Israël poursuit imperturbablement sa colonisation, que des ministres d’extrême droite du gouvernement Netanyahou annoncent l’annexion de la majorité du territoire de la Cisjordanie, les Palestiniens commémorent le massacre de Deir Yassin, petit village palestinien dont la population a été tuée en 1948 par une milice d’extrême droite juive dans le seul but de créer la terreur dans la population palestinienne et ainsi « libérer » le territoire du futur État israélien.
Le 9 avril 1948, alors que la Palestine était encore occupée par les Britanniques, une milice d’extrême droite juive (l’Irgoun) lançait une attaque contre un village arabe musulman qui jusque-là vivait en bons termes avec les localités environantes, y compris juives. Épaulée par la Haganah, l’armée de l’Agence juive, l’Irgoun finit par venir à bout de la résistance de ce village de quelques centaines d’habitants, ceux qui n’ont pas réussi à fuir sont exécutés, hommes, femmes, enfants, soit entre 120 et 254 victimes selon les sources. Rayer ce village de la carte s’intégrait dans le plan de « nettoyage ethnique » de la région. Aujourd’hui les traces de Deir Yassin ont complètement disparu, la localité se trouvait à 5 km de Jérusalem, sur la route de Tel Aviv. Mais, l’objectif était avant tout de semer la terreur parmi la population arabe. La nouvelle du massacre a créé un véritable choc psychologique, provoquant un mouvement de panique parmi les populations arabes, accélérant son exode. L’objectif des combattants sionistes était atteint, vider le territoire à conquérir.
Depuis la date du 9 avril est commémorée dans le monde arabe, elle symbolise la Nakba. Le drame de Deir Yassin a été comparé à celui Oradour-sur-Glane par nombre d’éditorialistes de la presse arabe. Qui s’en souci aujourd’hui ? Il n’y a plus guère de place dans les médias pour se souvenir de la question palestinienne, hélas, complètement passée de mode. 75 ans après la création d’Israël, la question est pourtant plus épineuse que jamais.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 avril 2023
4 février : le Sri Lanka fête 75 ans d’indépendance
Ce jour est la fête nationale du Sri Lanka célébrée partout dans le pays par des cérémonies, des danses, des défilés et des représentations… et la visite du ministre indien des Affaires extérieures, pour représenter le puissant voisin désireux ramener l’île dans son giron.
Ce jour est la fête nationale au Sri Lanka célébrée partout dans le pays par des cérémonies, des danses, des défilés et des représentations.
La cérémonie principale commence à 8h30, ce 4 février, à Galle Face Green sous le patronage du président Ranil Wickremesinghe et du premier ministre Dinesh Gunawardena. Les festivités débutent après l'offrande d'hommages floraux à la statue de Mahamanya DS Senanayake sur la place de l'Indépendance et la statue des héros de guerre au Secrétariat présidentiel.
Habituellement, le président hisse le drapeau national et prononce un discours télévisé. La marine sri-lankaise rend hommage au pays avec 25 coups de canon tirés de la batterie d'armes cérémonielle du phare de Colombo. Le pays fête son 75e anniversaire. La république du Sri Lanka, autrefois appelée Ceylan, n'existe que depuis le départ des Britanniques en 1948.
Treize ans après la fin de la guerre civile ayant opposé le gouvernement sri-lankais (dominé par la majorité cinghalaise bouddhiste) aux Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), le nord et l’est de l’île demeurent sous le joug du militarisme et de la loi antiterroriste, qui permet des arrestations arbitraires. 05 à 2015 puis de 2019 à juillet 2022. Le pays a toutefois opéré une révolution salutaire en 2022 en chassant le clan Rajasksa qui a régné sur le pays de 2005 à 3015 puis de 2019 à juillet 2022. Mais, c’est un pays ruiné, tombé dans les griffes de l’endettement chinois, qui fête son anniversaire. Lors des festivités, le ministre d'État indien aux Affaires extérieures, V. Muraleedharan, représente l'Inde, le puissant voisin qui offre aujourd’hui ses services en espérant ramener l’île dans son giron.
Dans son discours, le président souligne les réalisations du gouvernement au cours de l'année écoulée, soulève des questions importantes et annonce le programme des 25 prochaines années, jusqu’au 100e anniversaire du pays en 2048. Il rend également hommage aux héros nationaux du Sri Lanka, observe deux minutes de silence en leur mémoire, interpelle et s'engage à éradiquer le séparatisme.
À l’occasion de la fête nationale les différentes religions prévoient, elles aussi, des cérémonies. Les bouddhistes, qui sont de loin les plus nombreux, ont des rites dès le soir du 2 février à Sri Dalada Maligawa, et le même soir, le sermon du Dhamma est prononcé au barrage Victoria à 21h. Ce matin, une aumône est également prévue.
Les services religieux catholiques a lieu à l'église Maradana Fatima le 4 février à 6h30. Des rituels religieux hindous se sont déroulés le matin du 3 février à Trincomalee Dakshina Kailash ou au temple de Koneswaram. Des dispositions ont été prises pour que soient organisés des services religieux musulmans le 4 février à 10h à la Grande Mosquée de Colombo.
De plus, le festival spécial des arts culturels "LankaraLanka" organisé pour ce 75e Jour de l'Indépendance s’est tenu le 3 février à 19h30 sur la place de l'Indépendance à Colombo avec la participation de 750 artistes des secteurs public et privé.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 février 2023
4 janvier : la Birmanie célèbre le 75e anniversaire de son indépendance
Le Jour de l’indépendance (obtenue le 4 janvier 1948) est célébré cette année dans une ambiance hautement sécuritaire. La Birmanie est dirigée depuis près de deux ans par une junte qui a étouffé toute tentative de démocratisation. Aung San Suu Kyi, la propre fille du père l’indépendance, égérie des démocrates, a été condamnée à 33 ans de prison. Triste anniversaire de l’Union birmane, rebaptisée Myanmar par les militaires.
Le Jour de l’indépendance (လွတ်လပ်ရေးနေ့) est célébré chaque année par un jour férié depuis que le 4 janvier 1948, l’Union de Birmanie devenait un État indépendant après six décennies d’occupation du pays par les Britanniques, excepté de 1942 à 1945, époque où ils ont été remplacés par les Japonais. C’est, d’ailleurs, cette époque d’occupation japonaise qui a permis aux indépendantistes birmans de s’affirmer et de s’organiser. Leur leader, Aung San nationaliste, révolutionnaire et fondateur de l'Armée de l'Indépendance de la Birmanie, a entamé des négociations avec les Britanniques. En 1947, il est devenu vice-président du Conseil exécutif de Birmanie mais il ne verra pas l’indépendance du pays car il a été assassiné le 19 juillet 1947. Aung San reste dans les mémoires comme le père de l’indépendance, mais les autorités actuelles se gardent bien de le mettre en avant. Au contraire, le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing rend hommage, ce 4 janvier, au premier dictateur post-indépendance, le général Ne Win et à ses successeurs, le général Sein Lwin et le général en chef Saw Maung. Cette année, il remet à Daw Khin Sandar Win, la fille de Ne Win, les décorations de son père. Ne Win avait pris le pouvoir lors du coup d'État du 2 mars 1962 et provoqué la descente du pays dans la liste des pays les moins avancés du monde, rebaptisé Myanmar par la junte.
Depuis le coup d’État militaire de février 2021, la Birmanie est dirigée par une junte qui s’est acharnée contre celle qui lui apparaissait comme la principale opposante à la dictature militaire : Aung San Suu Kyi, la propre fille de de Aung San. Celle-ci, âgée de 77 ans, croupit actuellement dans une prison de Naypyidaw, le plus souvent à l'isolement. Accusée de multiples crimes imaginaires, elle cumulait plus de 26 ans de condamnation. La semaine dernière, 7 années supplémentaires viennent de lui être rajoutées dans le cadre d’un procès à hui clos totalement inique.
La commémoration du 4 janvier se déroule cette année dans une ambiance hautement sécuritaire, la junte militaire craignant des manifestations de militants pro démocratie. En 2022, des installations militaires de Rangoon, la principale métropole et Naypyidaw, la capitale, avaient été visées par les opposants. Les cérémonies se tiennent cette année pour l’essentiel dans le Palais présidentiel, il s’agit notamment de remises de médaille aux collaborateurs les plus fidèle du régime. En 2022, Min Aung Hlaing avait remis 1 290 titres et médailles le jour de l'indépendance.
Traditionnellement, les grandes villes sont pavoisées aux couleurs nationales (au moins dans la partie birmane du pays), la journée est marquée par des festivités, des foires et des événements sportifs , notamment des jeux et compétitions dans toutes les écoles du pays.
Le 4 janvier 1948, c’est un pays totalement ravagé par la Seconde Guerre mondiale qui devenait indépendant, sans toutefois devenir membre du Commonwealth. Les Anglais qui n’imaginaient pas devoir quitter le pays, n’avaient préparé aucune transition. La Chine était en pleine guerre civile, à la fin de 1949, les communistes allaient s'emparer de Pékin et déclarer la République populaire. Les restes des nationalistes chinois vaincus se sont repliés dans les États Shan (au nord de la Birmanie), déclenchant une nouvelle série de conflits violents. Soutenus pendant des années par les Américains, ils espéraient attaquer le Yunnan communiste depuis la Birmanie. Plusieurs minorités ethniques, hostiles à la domination des Birmans (ou Barmen), ont profité du chaos pour entrer en rébellion le sont restées. Les hautes terres de Birmanie n'ont pas connu de véritable paix depuis. De violents affrontements ont encore eu lieu samedi dernier, en lisière de l’État Karen, dans le canton de Kyainseiggyi. L’armée birmane a perdu deux de ses bases, prises par l’Armée de libération nationale karen (KNLA). Mais quelque 3 000 habitants des villages de la région qui ont fui les combats vers la forêt, souffrent aujourd’hui de pénuries alimentaires. Plus d’un million de personnes ont ainsi été déplacées depuis le dernier coup d’État militaire… Ainsi vit la Birmanie indépendante depuis trois quarts de siècle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 décembre : la Journée internationale des droits des animaux
Avoir placé la Journée du droit des animaux le 10 décembre, le même jour que l’anniversaire de la déclaration des droits humains de 1948, est une manière militante de mettre humains et animaux à égalité sur le plan du droit. Mais quels droits est-on prêt à leur concéder ?
La Journée internationale des droits des animaux (International Animal Rights Day, IARD) tombe ne même jour que l’anniversaire de la Déclaration des Droits de l’homme par les Nation unies en 1948. C’est voulu, c’est une manière militante de mettre humains et animaux à égalité sur le plan du droit.
Pour discréditer le fait de réserver des droits aux seuls humains, on a inventé la notion de « spécisme » au début des années 1970. Le terme est claqué sur le mot racisme et fait référence aux espèces ; réfutant l’idée que l’homme est d’une espèce supérieure pouvant utiliser à la guise les autres espèces.
La journée du 10 décembre, est l’occasion aujourd’hui de bien plus de manifestations d’antispécistes que de rassemblements de militants défendant les droits d’homme, pourtant bien bafoués sur une grande partie de la planète. Entre une certaine droite bien pensante qui dénonce le « droitdel’hommisme » et une certaine gauche qui a oublié les combats sociaux au profit de la défense des animaux, les droits humains ne sont plus une valeur très tendance aujourd’hui.
En ce 10 décembre 2022, des manifestations de défense du droit des animaux sont prévues dans la plupart des villes du monde. Plusieurs dizaines de pays y participent. En France, l’association animaliste 269 Life France en a programmé dans de nombreuses villes. Les organisateurs invitent, bien sûr, les personnes souhaitant se joindre aux manifestations, à ne porter ni fourrure ni cuir, ni leurs imitations.
Déjà, une Déclaration universelle des droits de l’animal (DUDA) avait été adoptée en 1977 à Londres par la Ligue internationale des droits de l’animal et a été proclamée solennellement le 15 octobre 1978 à la Maison de l'UNESCO à Paris. Mais elle n’a aucune valeur juridique, c’est juste une prise de position philosophique.
La Journée internationale des droits des animaux a été officiellement établie en 1998 à l'occasion du 50e anniversaire de la signature de la Déclaration universelle des droits de l'homme pour souligner que tous les êtres vivants de la Terre ont droit au respect, à la vie et à la protection contre l'exploitation et la souffrance. C’est aujourd’hui un véritable phénomène international.
On ne peut pourtant pas dire que les droits et les mentalités n’aient pas fait, récemment, des progrès importants. En France, par exemple, le 28 janvier 2015, le Code civil a enfin reconnu l’animal comme étant un être vivant doué de sensibilité. En novembre 2021, une loi contre la maltraitance animale a été promulguée : les peines ont été aggravées en cas d’abandon et de maltraitance. Il a été décidé l’interdiction de vente de chiens et chats en animalerie dès janvier 2024 (seuls les élevages et refuges pourront désormais le faire). Les spectacles de dauphins ou d'orques seront interdits partir de 2026. Les cirques itinérants ne pourront plus produire de spectacle d'animaux sauvages à partir de 2028… En revanche, pour les corridas, où on utilise des animaux d’élevage, rien n’a été encore arrêté. Pas de décision non plus pour les animaux de laboratoire. Ces derniers ont d’ailleurs une journée (World Day for Laboratory Animals) qui leur est consacrée le 24 avril.
Ce n’est qu’un tout début, pour les antiscépistes les plus radicaux, qui réclament ni plus ni moins que la fermeture des boucheries et l’interdiction du métier de fourreur. Le but du combat antirspéciste est de mettre fin à l'exploitation et au meurtre de tous les êtres vivants. À leurs yeux la Journée mondiale des animaux du 4 octobre, inspirée par saint François d’Assise, paraît bien mièvre. Quant à la Journée mondiale de la vie sauvage, proposée par l’ONU, chaque 3 mars, elle est laissée aux écologistes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 décembre : la Journée mondiale des droits humains
C’est la Journée mondiale des droits de l'homme, jour anniversaire de la déclaration universelle adoptée le décembre 1948, à Paris, au Palais de Chaillot. Un 74e anniversaire un peu morose, même si les progrès sont considérables depuis cette époque.
C’est la Journée mondiale des droits de l'homme, jour anniversaire de la déclaration universelle adoptée le 10 décembre 1948, à Paris, au Palais de Chaillot. Le texte rédigé par René Cassin est le plus traduit au monde : 512 langues de l'abkhaze au zoulou, symbole de son universalité.
Les 193 États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) ont, au fil des décennies, adopté la Déclaration universelle. Mais aucun ne l’applique totalement. La Déclaration universelle n’est pas un traité. En l’adoptant, les États proclament des droits sans avoir à se conformer à des obligations juridiques.
Le succès du modèle chinois de développement, qui se construit contre les droits humains, gagne hélas du terrain dans les esprits, notamment dans les pays émergents. Dans les pays autoritaires, comme la Russie, la Turquie, la Chine, le Venezuela, Égypte…(la liste est longue), la violation des droits humain n’est plus sanctionnée. Israël refuse ses visas au personnel de l’ONU en charge des droits de l’homme… Un bien morose 74e anniversaire, même si les progrès sont considérables depuis 1948.
Critiquée sur le thème des droits de l’homme, la Chine riposte en organisant chaque année un forum des droits de l’homme Sud-Sud qui des officiels de plusieurs dizaines de pays afin d’imposer sa propre conception des droits de l’homme basée sur le développement économique et non sur les libertés individuelles. La 10e édition a eu leu à Pékin, le 26 juillet dernier.
Le thème de la Journée des droits de l’homme de cette année 2022 : “Dignité, liberté et justice pour tous” Le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme sera célébré le 10 décembre 2023. En préparation de cet événement phare sera lancée le 10 décembre 2022 une campagne d’une durée d’un an pour mettre à l’honneur la Déclaration en mettant l’accent sur son héritage, sa pertinence et le militantisme qu’elle inspire. Le 10 décembre est l’occasion de réaffirmer l’importance des droits de l’homme dans la reconstruction du monde auquel nous aspirons, d’insister sur la nécessité d’une solidarité mondiale et de rappeler notre interconnexion et l’humanité que nous partageons en tant qu’êtres humains.
En Tunisie, Attayar, Ettakatol, Al Jomhouri, Al Qotb et le parti des Travailleurs ont lancé un appel aux Tunisiens à participer à une marche ce 10 décembre 2022. La marche a pour thème « La défense de la démocratie, le refus de la mascarade électorale et la préservation des droits et des libertés publiques et individuelles ». La marche débute à 11h devant le jardin Habib Thameur, à côté de la station de métro "Le Passage" et se dirigera vers l'avenue Habib Bourguiba. La même source a indiqué que le slogan de la marche était « Libertés ! Libertés ! C'en est fini du régime tyrannique ».
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
1er décembre : le Costa Rica, un pays sans armée depuis 72 ans
Beaucoup de pays célèbrent leur armée, le Costa Rica fête chaque année son abolition. Elle a été dissoute il y a 72 ans, jour pour jour, le 1er décembre 1948, et le budget largement orienté vers le système éducatif et la santé…
Beaucoup de pays célèbrent leur armée, le Costa Rica fête chaque année son abolition (Día del abolición del ejército). Ce jour est même férié pour la première fois en 2020, il remplacera le 12 octobre (El Día de las Culturas, jour férié hérité des Espagnols). Certes, un congé payé non obligatoire mais tout de même cela marque la fierté des Costaricains pour cette particularité de leur pays.
L’armée a été dissoute il y a 72 ans, jour pour jour, le 1er décembre 1948, et le budget largement orienté vers le système éducatif et la santé, deux secteurs particulièrement performants aujourd’hui. Le siège de la police militaire est devenu un lycée, le Musée national est installé dans une ancienne caserne… Premier pays du monde a avoir sauté le pas, ce petit pays d’Amérique centrale promeut chaque année une Journée internationale pour l’abolition de l'armée qui n'a pas eu jusqu'à présent beaucoup d'échos. Seul son voisin du sud à répondu. Le Panama a supprimé la sienne en 1991, deux ans après une invasion militaire américaine. Armée ou pas, ces petits États de font pas le poids quand une grande puissance intervient, alors à quoi bon ?
Le Costa Rica a fait très peu d’émules sur le thème de l’abandon de l’armée (hormis le Panama, Andorre, le Liechtenstein, les Samoa…). Certains en Suisse y avaient songé, mais lors du référendum de 1989 seul Jura et Genève ont voté oui. Les autres avaient voté non comme 64% des Suisses. Le sujet vient régulièrement sur la table dans d’autres pays, y compris la France, mais sans beaucoup d’écho…
Aujourd’hui, le Costa Rica veut montrer la voie dans un autre domaine. Il produit déjà près de 98% de son électricité avec des énergies renouvelables. Son président, Carlos Alvarado, veut présenter son pays comme le laboratoire de la décarbonisation de l’économie. Il espère faire très prochainement du Costa Rica la première économie entièrement décarbonisée.
15 novembre : en Inde, les suprémacistes hindous vouent un culte à l’assassin de Gandhi
La frange la plus nationaliste du mouvement hindouiste voue aujourd’hui un culte à l’assassin du Mahatma Gandhi, Nathuram Godse. Celui-ci avait été aussitôt arrêté, emprisonné et condamné à la pendaison. Celle-ci a eu lieu le 15 novembre 1949.
Le 30 janvier 1948, le Mahtama Gandhi, apôtre de la non-violence, était assassiné. La date est toujours commémorée officiellement en Inde mais peu à peu vidée de son sens, même si le BJP au pouvoir mentionne toujours Gandhi comme le père de la nation. Celui-ci figure toujours sur les billets de banque indiens mais, son discours est complètement détourné, puisque la politique menée depuis quelques années par le premier ministre Modi est faite en son nom. Pire, la frange la plus nationaliste du mouvement hindouiste voue aujourd’hui un culte à son assassin, Nathuram Godse. Celui-ci avait été aussitôt arrêté, emprisonné et condamné à la pendaison. Son exécution a eu lieu le 15 novembre 1949. En ce jour anniversaire, le mémorial qui lui est dédié à Pune (ville située près de Bombay) accueille la foule des sympathisants de la cause. La famille ouvre l’urne contenant ses cendres pour les fidèles désireux d’obtenir la bénédiction du « patriote » en contemplant ses restes. Le 15 novembre est commémoré par la Hindu Mahasabha, parti extrémiste hindou, comme « jour de sacrifice ».
Il est reproché à Gandhi d’avoir été trop conciliant à l’égard des musulmans et d’avoir favorisé la création du Pakistan en 1947. Ce serait donc un traître à la patrie que Godse a exécuté. Le BJP au pouvoir n’a pas (encore) repris ce discours mais laisse dire les franges les plus nationalistes, comme le RSS, dont justement Nathuram Godse était membre à l’époque. Ce mouvement fasciste a été dissous après l’assassinat de Gandhi, il a aujourd’hui à nouveau pignon sur rue et il est responsable de nombreux faits de violence envers les musulmans et les chrétiens, notamment ces derniers mois. Sans toutefois cautionner la violence, nombre d’intellectuels, souscrivant à l'idéologie de l'Hindutva, s’appliquent aujourd’hui à expliquer son geste, à en réévaluer la portée. Considérant qu’il allait dans le sens de l’histoire, que la patrie était en danger après la partition de l’Inde. Même des médias anglophones, comme The Indian Express, publié à Bombay, ont publié cette année des éditoriaux en ce sens.
Dans tout le pays, plus d’une douzaine de statues du meurtrier de Gandhi ont déjà été érigées. Plusieurs temples hindous sont en cours de conversion en temples à la mémoire de Nathuram Vinayak Godse. Parallèlement, ces derniers mois, des suprémacistes hindous dégradent des représentations de Gandhi, attaqué ses mémoriaux et griffonné le mot traître sur sa photo. En juin 2019, une statue de Gandhi a même été décapitée publiquement dans l'est de l'Inde… Le phénomène est récent, il date de l’arrivée au pouvoir du BJP en 2014. Nathuram Godse est également célébré le jour anniversaire de sa naissance, le 19 mai ainsi que chaque 30 janvier (jour de son crime).
Un tel culte est à rapprocher de celui d’Ygal Amir, l’assassin de Yitzhak Rabin, premier ministre israélien et prix Nobel de la paix. Les suprémacistes juifs réclament régulièrement sa libération alors qu’il a été condamné à la prison à vie. Quant à Anders Breivik, l’auteur du massacre d’Oslo et d’Utøya, il est devenu l’égérie de nombre de néonazis et de suprémacistes blancs de par le monde.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 novembre 2020
29 mai : la journée des Casques bleus de l'ONU
Célébrée le 29 mai, la Journée internationale des Casques bleus de l’ONU rend hommage au personnel civil, policier et militaire pour sa contribution inestimable au travail de l’ONU. Elle constitue aussi l’occasion d’honorer la mémoire de plus de 3 900 Casques bleus qui ont perdu la vie en servant sous le drapeau des Nations Unies depuis 1948.
Célébrée le 29 mai, la Journée internationale des Casques bleus de l’ONU rend hommage au personnel civil, policier et militaire pour sa contribution inestimable au travail de l’ONU. Cette journée existe depuis 2002. Le 29 mais est l’anniversaire de la toute première opération, en 1948, en Israël/Palestine. C’est aussi l’occasion d’honorer la mémoire de plus de 3 900 Casques bleus qui ont perdu la vie en servant sous le drapeau des Nations Unies depuis 1948, dont 102 hommes et femmes en 2019.
Cette année, les Casques bleus doivent faire face à la pandémie de la COVID-19 et protéger les populations civiles dans les pays où ils sont déployés. Ils continuent d’accomplir leur mission du mieux qu’ils peuvent et soutiennent les gouvernements et les populations locales malgré les risques que pose la COVID-19.
La Journée internationale 2020 met en lumière le rôle des femmes sous le thème « Les femmes dans le maintien de la paix : une clef pour la paix » afin de célébrer le 20e anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.
La première opération de maintien de la paix de l’ONU a été créée le 29 mai 1948, quand le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement au Proche-Orient d’observateurs militaires de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) entre Israël et ses voisins arabes. Depuis cette date, plus d’un million d’hommes et de femmes ont servi dans 72 opérations de maintien de la paix de l’ONU, contribuant à la sécurité et sauvant la vie de millions de personnes. Plus de 95 000 personnels militaires, de police et personnels civils sont actuellement déployés à travers 13 missions de maintien de la paix.
La Journée internationale des Casques bleus de l’ONU est célébrée au Siège de l’ONU, à New York. Le Secrétaire général dépose une gerbe en l’honneur de tous les Casques bleus qui ont perdu la vie sous le drapeau de l’ONU au cours des sept décennies passées. De plus, la médaille Dag Hammarskjöld est décernée à titre posthume aux Casques bleus tombés au champ d’honneur en 2019. Le prix de la Lauréate de la promotion de l’égalité de genre dans le maintien de la paix sera attribué au cours d’une visio-conférence.
26 janvier : l'Inde célèbre son modèle démocratique
Jour de la République, en Inde, célèbre l’entrée en vigueur de la Constitution qui fait de l’Union indienne « une république souveraine, socialiste, laïque, démocratique » et un État où la démocratie est toujours bien vivante. Combien de pays d’Asie peuvent en dire autant ?
Les pays où les résultats des élections ne sont pas connus d’avance ne sont pas aussi nombreux qu’on ne le pense. Voilà au moins une différence majeure entre l’Inde et la Chine : l’alternance démocratique. L’année dernière, celle-ci n’a pourtant pas eu lieu, le BJP au pouvoir a au contraire renforcé ses positions. Le pourrait-il aujourd’hui alors que les différentes oppositions sont très remontées contre sa politique d’exclusion des minorités.
Un défilé militaire très coloré et teinté de ferveur patriotique parcours chaque 26 janvier la majestueuse avenue Rajpath à New Delhi pour ce Jour de la République. La date célèbre l’entrée en vigueur de la Constitution qui fait de l’Union indienne « une république souveraine, socialiste, laïque, démocratique », le 26 janvier 1950. Est-ce encore le cas aujourd’hui que la BJP a fait voter une loi excluant les non hindous de toute possibilité de naturalisation ? La nouvelle loi sur la citoyenneté (le Citizenship Amendment Act, CAA) qui définit implicitement ceux qui, parmi les « réfugiés », peuvent être considérés comme « légaux ». La définition se fait sur une base religieuse visant à conforter la majorité du pays décrite comme « hindoue ».
73 ans après l’indépendance de 1947, la « plus grande démocratie du monde » jouit d’un système politique stable, où les élections permettent de changer le gouvernement et où la presse et la justice veillent au respect des droits des citoyens. L’envers du décor : une bureaucratie imposante, une corruption endémique (lien de nombreux politiciens avec la pègre), un clientélisme politique généralisé, l’émergence de partis populistes et une dérive du pays vers un système de discrimination raciale clairement affirmé. Le fait que le brésilien Jair Bolsonaro soit, aujourd’hui, l’invité d’honneur du défilé militaire de Delhi, n’est pas un très bon signe.
Aujourd’hui, des défilés ont lieu dans différentes villes, c’est aussi l’occasion pour l’Inde mettre en scène sa puissance militaire. Le Jour de la République est également l’occasion au Cachemire de manifester contre la politique de New Delhi à son égard.
De 1930 à 1947, chaque 26 janvier, le Parti du Congrès (le mouvement indépendantiste indien) appelait à manifester contre l’occupation britannique du pays. Cette date était désignée comme le « Jour de l’indépendance » depuis qu’en 1930, le 26 janvier, ce parti avait proclamé (sans effet) l’indépendance du pays en réponse à l’octroi d’un simple statut de « dominion » à l’Inde par les Britanniques qui occupaient le pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 janvier 2020