L’Almanach international
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19 juillet : au Nicaragua, une célébration vide de sens
La date fait référence à la chute du dictateur Somoza dont la famille régnait sur le pays depuis près de quatre décennies , jusqu’en juillet 1979. L’homme fort de cette révolution a instauré une dictature très semblable à celle qu’il a contribué à renverser il y a 45 ans.
La date fait référence à la chute du dictateur Somoza dont la famille régnait sur le pays depuis près de quatre décennies puisqu’elle a pris le pouvoir en 1936 et l’a perdu le 17 juillet 1979 après presque deux décennies d’une guerre de libération dont la victoire a eu un retentissement mondial. C’est l’entrée dans Managua des forces sandinistes, le 19 juillet 1979 qui est commémoré aujourd’hui par un jour férié.
En 1961, diverses organisations d'opposition avaient formé le Front sandiniste de libération nationale (FSLN). Celui-ci porte le nom d'Augusto César Sandino, un révolutionnaire nicaraguayen qui a mené une rébellion contre l'occupation américaine du Nicaragua à la fin des années 1920 et au début des années 1930.
La révolution menée par le FSLN est maintenant connue sous le nom de révolution sandiniste ou révolution nicaraguayenne. Dans les années 1970, le FSLN lance une campagne militaire contre le régime. Finalement, le président Anastasio Somoza Debayle démissionne le 17 juillet 1979. Deux jours plus tard, l'armée du FSLN entre dans la capitale Managua et prend le pouvoir.
C’est Daniel Ortega, chef de file de la faction dite tercériste du FSLN (qui insistait sur l'action militaire davantage que sur le travail idéologique pour abattre le régime) qui accède au pouvoir. Les États-Unis vont tout faire pour miner cette révolution socialiste inspirée de Salvador Allende et de Fidel Castro. Celle-ci évoluera vers la démocratie. Une alternance aura lieu en 1990 avec la victoire de l’opposition. Après plusieurs gouvernements conservateurs successifs, Daniel Ortega revient au pouvoir en 2007 après avoir remporté l’élection présidentielle. La démocratie va peu à peu être écornée. Ortega et son épouse instaurent peu à peu une dictature familiale très semblable à celle qui est tombée en 1979. Ce qui rend cette célébration du 19 juillet totalement vide de sens.
La main mise sur le pays par le clan Ortega s’est encore accélérée ces derniers jours avec la fermeture définitive de Radio Maria après 40 ans d’existence. Depuis 2018, plus de 3 500 partis politiques, associations et ONG ont été supprimés. La répression contre l’Église, mais aussi contre tout espace de pouvoir qui échappe au clan présidentiel, se poursuit implacablement. Le Nicaragua, à contre-courant du reste de l’Amérique latine, est devenu une véritable dictature.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 juillet 2024
19 juillet : Aung San Suu Kyi sera-t-elle autorisée par la junte birmane à rendre hommage à son père assassiné il y a 74 ans ?
Le 19 juillet est chaque année une commémoration majeure en Birmanie. Les sirènes retentissent à travers tout le pays, celui-ci se fige à 10h37 précise. La tradition, interrompue sous le régime militaire avait été reprise depuis 2016.
Le 19 juillet est chaque année une commémoration majeure en Birmanie. Les sirènes retentissent à travers tout le pays, celui-ci se fige à 10h37 précise. La tradition, interrompue sous le régime militaire avait été reprise depuis 2016.
Ce jour férié commémore l’assassinat de huit dirigeants du gouvernement intérimaire birman d'avant l'indépendance le 19 juillet 1947. Le processus d’indépendance était bien engagé (celle-ci sera obtenue le 3 janvier 1948). En avril 1947, des élections générales avaient eu lieu pour former l'assemblée constituante. Le 19 juillet 1947, plusieurs membres du gouvernement intérimaires tenaient une réunion du cabinet dans le bâtiment du Secrétariat à Rangoon. Au milieu de la réunion, un groupe de paramilitaires armés a fait irruption dans le Secrétariat et abattu huit ministres, dont le Premier ministre Aung Sun. Le seul à avoir survécu était le ministre des Finances Tin Tun. Dès 1948, le 19 juillet a été décrété férié sous le nom de Journée des martyrs (အာဇာနည်နေ့). Une journée fondatrice de la nation.
Aung Sun, est le père de Aung San Suu Kyi qui pendant des décennies a été l’égérie des opposants au régime militaire. La cérémonie du 19 juillet était la seule sortie publique de Aung San Suu Kyi pendant les années où elle était assignée à résidence et l’occasion pour l’opposition de se faire entendre. L’année 2016 avait marqué un tournant : le 19 juillet, le chef militaire, le général en chef Min Aung Hlaing, et son épouse étaient présents lorsque Daw Aung Suu Kyi avait offert des repas aux moines en souvenir de son père et de ses collègues, à son domicile de Rangoon. Il s'agissait de la première visite d'un chef militaire chez elle depuis que le général Saw Maung avait assisté à la veillée de sa mère, Daw Khin Kyi, en 1988.
Suite au coup d'État militaire du 1er février 2021, U Win Myint (le président) et Daw Aung San Suu Kyi ont été à nouveau arrêtés. Depuis, ils sont détenus dans un lieu inconnu à Naypyitaw (la nouvelle capitale). Aung San Suu Kyi qui est âgée de 77 ans, risque jusqu'à 75 ans de prison pour plusieurs chefs d'accusation. Les militaires vont-ils l’autoriser à participer aux cérémonies d’hommage à son père et à ses compagnons de lutte anti-coloniale ?
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
19 juillet : le Nicaragua fête sa libération dans le sang
Drôle de fête au Nicaragua où le Día de la Liberación Nacional célèbre le la chute de la dictature de Somoza le 19 juillet 1979 par Front national de libération sandiniste, dirigé par Daniel Ortega. Celui-là même qui, parvenu au pouvoir, fait tirer sur la foule des manifestants. Lesquels dénoncent un régime corrompu qui se rapproche dangereusement de celui de Somoza.
Drôle de fête au Nicaragua où le Día de la Liberación Nacional célèbre la chute de la dictature de Somoza le 19 juillet 1979 par le Front national de libération sandiniste, dirigé par Daniel Ortega. Celui-là même qui, aujourd’hui au pouvoir, fait tirer sur la foule des manifestants. Ceux-ci dénoncent un régime corrompu qui se rapproche dangereusement de celui de Somoza.
Aujourd’hui, le président du Nicaragua est à nouveau Daniel Ortega, le libérateur a vieilli et oublié ses idéaux de liberté. Il est flanqué de son épouse Rosario Murillo, vice-présidente. Le couple qui s'accroche au pouvoir. Des vagues de protestation, organisées depuis avril 2018, sont réprimées dans le sang.
Récemment, Ortega a lâché du lest en libérant les prisonniers politiques les plus en vue, mais n’a pas lâché le pouvoir… Les manifestations ont été durement réprimées et les violences ont fait au moins 325 morts et 2 000 blessés, pour leur écrasante majorité parmi les opposants, selon des organisations humanitaires. Selon les groupes d'opposition, entre 600 et 800 opposants ont été emprisonnés et plus de 62 000 Nicaraguayens se sont exilés.
Le Parlement du Nicaragua, dominé par les députés favorables au président Ortega, a adopté début juin 2019 une loi d'amnistie en faveur des prisonniers politiques, mais aussi… des forces de répression.
Ortega finira-t-il comme Somoza dont on célèbre aujourd’hui les 41 ans de la chute ? Chute à laquelle Daniel Ortega a grandement participé !