L’Almanach international

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1919, Afghanistan, indépendance, 19 août Bruno Teissier 1919, Afghanistan, indépendance, 19 août Bruno Teissier

19 août : la fête nationale de l’Afghanistan

Les Afghans célèbrent leur indépendance. La prise de pouvoir des talibans, il y a deux ans, sur l’ensemble du pays, n’a rien changé à la fête de l’indépendance qui commémore l’abolition du protectorat britannique en 1919.

 

Chaque 19 août, les Afghans célèbrent leur indépendance. La prise de pouvoir des talibans, il y a deux ans, sur l’ensemble du pays, n’a pas changé l’esprit de la fête de l’indépendance (د افغانستان د خپلواکۍ ورځ). Le ministère du Travail  vient de décider que, pour l’occasion, la journée du 28 Zamri (selon le calendrier local) serait fériée.

Il ne s’agit pas de fêter la déroute des États-Unis, en 2021, mais de commémorer le traité de Rawalpindi qui reconnaissait l'indépendance de l'Afghanistan, à l’issue de la troisième guerre anglo-afghane. Le protectorat britannique était aboli et l’indépendance était formellement proclamée le 19 août 1919. Le royaume d’Afghanistan était alors dirigé par Ghazi Amanullah Khan.

En 2021, quatre jours après la prise de Kaboul par les talibans, lors des rassemblements de la fête de l'indépendance afghane à Jalalabad et dans d'autres villes les 18 et 19 août, les talibans ont tué trois personnes et blessé plus d'une douzaine d'autres pour avoir enlevé les drapeaux talibans et affiché les drapeaux afghans tricolores à la place. Ces velléités d’indépendance ne s’est pas renouvelée en 2022.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 août 2023

 

Ghazi Amanullah Khan, le héros de l’indépendance

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20-21 mars : le nouvel an du monde persan

Ce 20 mars, c’est l’équinoxe de printemps (à 21h24 TU) et la célébration de la fête de Nowrouz. Demain matin, le monde persan entre dans la nouvelle année 1402.

 

Ce 20 mars, c’est l’équinoxe de printemps (à 21h24 TU) et la célébration de la fête de Nowrouz. Demain matin, le monde persan entre dans la nouvelle année 1402.

Il est de tradition de se retrouver en famille et de partager un repas traditionnel qui consiste en du riz cuit avec des fines herbes (persil, coriandre, aneth, ciboulette) et servi avec du poisson. De nombreux pays soumis, par le passé, à l’influence culturelle perse (Kurdistan, Afghanistan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, Kazakhstan…) célèbrent à leur façon Norouz associée à l’équinoxe de printemps (20 mars) et à la renaissance de la nature. On en profite très souvent pour faire un grand nettoyage de printemps, renouveler sa garde-robe et échanger avec ses voisins et amis de la nourriture ou des cadeaux. Au total, on estime à 300 millions, à travers le monde, le nombre d’adeptes de cette fête, tirée du calendrier zoroastrien et qui remonterait à plus de 3 000 ans. Sa reconnaissance officielle est venue de l’ONU qui, en 2010, a décidé de faire du 21 mars la « journée internationale de Norouz ».

« Le 21 mars marque le début de l’année dans des régions d’Afghanistan, d’Azerbaïdjan, d’Inde, d’Iran, d’Iraq, du Kazakhstan, du Kirghizistan, d’Ouzbékistan, du Pakistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de Turquie. Connu sous le nom de « nawrouz » (« jour nouveau ») ou sous d’autres dénominations dans chacun des pays concernés, il correspond à une célébration comprenant divers rituels, cérémonies et autres événements culturels qui se déroulent sur deux semaines environ. Une importante tradition propre à cette période veut que les individus se rassemblent autour d’une table, décorée d’objets qui symbolisent la pureté, la clarté, la vie et la richesse, pour partager un repas avec leurs proches. Les participants portent à cette occasion de nouveaux vêtements et rendent visite à leurs parents, notamment à ceux qui sont âgés, et à leurs voisins. Des cadeaux, surtout destinés aux enfants, sont échangés ; il s’agit généralement d’objets fabriqués par des artisans. Le nawrouz inclut également des spectacles de musique et de danse donnés dans la rue, des rituels publics faisant intervenir l’eau et le feu, des sports traditionnels et la fabrication d’objets artisanaux. Ces pratiques favorisent la diversité culturelle et la tolérance et contribuent à renforcer la solidarité et la paix au sein de la communauté. Elles sont transmises par les anciennes générations aux jeunes à travers l’observation et la participation. » (source l’UNESCO)

Mais cette année, les Iraniens n’ont pas le cœur faire à la fête malgré les feux d’artifice : une vague de contestation sans précédent a secoué le pays après la mort de Masha Amini, en septembre, et l’économie du pays poursuit sa chute libre – amorcée en 2018 avec le rétablissement des sanctions américaines. 

#Nawrouz #Novruz #Nowrouz #Nawrouz #Nauryz #Nooruz #Nowruz #Navruz #Nowruz #Navruz

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Célébration de Newroz en Turquie, photo Bertil Videt, 2006

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1979, Iran, Afghanistan, États-Unis, islam, 1er février Bruno Teissier 1979, Iran, Afghanistan, États-Unis, islam, 1er février Bruno Teissier

1er février : qui osera célébrer la journée mondiale du hijab 2023 ?

À la suite du meurtre brutal, le 22 septembre 2022, de Mahsa Amini par la police des mœurs iraniennes pour ne pas avoir convenablement ajusté son hijab, ainsi qu’au retour du voile intégral pour les femmes afghanes, qui va oser célébrer la Journée mondiale du hijab 2023 ?

 

À la suite du meurtre brutal, le 22 septembre 2022, de Mahsa Amini par la police des mœurs iraniennes pour ne pas avoir convenablement ajusté son hijab, ainsi qu’au retour de l’obligation du voile intégral pour les femmes afghanes, qui va oser célébrer la Journée mondiale du hijab 2023 ?

Qu'on le veille ou non, le hijab est devenu le symbole de l'oppression de la République islamique d’Iran, en particulier de son oppression des femmes. Depuis septembre 2022, des femmes  manifestent en brûlant leur foulard et en se coupant les cheveux, deux gestes symboles de leur quête de liberté. Pour la première fois, elles sont franchement soutenues par les hommes, ceux qui ne soutiennent pas le régime.

Le 7 mai 2022, dans un décret rendu public devant la presse à Kaboul, le chef suprême des talibans , Hibatullah Akhundzada, qui dirige aujourd’hui l’Afghanistan, a ordonné que les femmes portent "un tchadri (autre nom de la burqa), car c'est traditionnel et respectueux". Après la fermeture des collèges et lycées aux filles, cette nouvelle mesure est la plus sévère restriction à la liberté des femmes depuis le retour au pouvoir des talibans à la mi-août 2021. « Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles devraient voiler leur visage quand elles font face à un homme qui n'est pas membre de leur famille », pour éviter la provocation, ajoute ce décret. Les talibans déjà rendu la burqa obligatoire lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001.

À la suite de la révolution islamique de 1979, les autorités iraniennes ont imposé un code vestimentaire obligatoire obligeant toutes les femmes à porter un foulard et des vêtements amples qui dissimulent leur silhouette en public. Sans être obligatoire, cette coutume ancestrale a resurgi dans le monde arabe comme une traînée de poudre et s’est imposée aux sociétés arabo-musulmanes à partir des années 1980. Du Caire à Tanger, alors qu’au milieu des années 1980, seule une petite minorité de femmes portait un foulard pour cacher leur chevelure et leur cou, souvent des femmes issues de campagnes ou appartenant à des milieux religieux stricts, deux décennies plus tard, elles n’étaient plus qu’une minorité à ne pas le porter. Cette symbolique ultra-conservatrice, plus que religieuse, est devenue la norme jusque dans les banlieues des métropoles européennes.

En 2023, à New York, une Américaine d’origine bangladaise, Nazma Khan a lancé la Journée mondiale du hijab (World Hijab Day) "de sensibiliser et de normaliser le port du hijab" dans un but de tolérance religieuse. En 2017, l'État de New York a reconnu la Journée mondiale du hijab et un événement marquant cette journée a été organisé à la Chambre des communes, en présence de Theresa May (ancienne première ministre britannique). La date retenue pour cette journée, le 1er février, est plutôt mal choisie, c’est celle du retour en Iran de l’ayatollah Khomeini, celui-là même qui a instauré en Iran une dictature religieuse qui n’a rien à voir avec la tolérance mise en avant par les promoteurs de cette journée du hidjab. Malheusement, cette date du 1er février est bien un choix assumé en raison de sa symbolique.

Les Nations unies se sont emparées du symbole, en instaurant une Semaine de l’harmonie interconfessionnelle qui commence ce même 1er février (la symbolique est totalement assumée). En ce jour, les promoteurs du hijab invitent toutes les femmes à « éprouver un sentiment de libération » en essayant le voile ne serait-ce qu’une journée. D’aucuns ont suggéré que les femmes voilées animées d’un esprit de tolérance, profitent de la deuxième journée de cette semaine interconfessionelle à se dévoiler afin d’éprouver, à leur tour, le sentiment de la libération.  L’idée, on s’en doute, n’a pas été retenue.

Le 1er février était aussi l’occasion à Neauphle-le-château (où Khomeiny avait vécu ses mois d’exil en France), d’une manifestation commémorative en l’honneur de l’ayatollah et du régime qu’il a instauré en Iran. La dernière s’est tenue en 2021. La célébration du 1er février est interdite par la municipalité depuis 2022.

 
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2001, Afghanistan, 9 septembre, martyrs, héros national Bruno Teissier 2001, Afghanistan, 9 septembre, martyrs, héros national Bruno Teissier

9 septembre : hommage au commandant Massoud, figure de la résistance afghane

Le 20e anniversaire anniversaire de l’assassinat du Lion du Panshir, alors que les talibans ont pris Kaboul et commence à investir le Panshir

 

Ce 9 septembre est en principe férié en Afghanistan. Mais que signifie un jour férié dans le chaos actuel ? Cette journée à la mémoire d’Ahmed Shah Massoud avait été décidée par l’ancien régime. Dans le nord du pays ses portraits ont été détruits. 

Ce chef militaire, surnommé le Lion du Panshir ( شیر پنجشی ), avait tenu tête aux Soviétiques sans quitter son fief. Il a été assassiné il y a exactement 20 ans, le 9 septembre 2001, par un attentat suicide opéré par des kamikazes d’Al-Qaida, arrivés de Belgique, déjà ! C’était une autre époque. En avril 2001, lors d’un passage en Europe, Massoud avait bien essayé d'attirer l'attention de la communauté internationale sur le danger représentait par l’organisation terroriste dirigée par Oussama Ben Laden, mais en vain. Lui-même n’aura pas l’écho des attentats du 11 septembre, seront perpétrés deux jours après son assassinat. Les deux crimes étaient incontestablement liés.

En Juin 2002, la Loya Jirga, la Grande assemblée traditionnelle, a créé un jour férié en son honneur qui sera ensuite baptisé Jour des Martyrs pour honorer toutes les personnes mortes en combattant pour l'Afghanistan, en particulier contre les Soviétiques. Ahmad Shah, dont le nom de guerre était Massoud (le chanceux), avait pris les armes après le coup d’État communiste de 1978 et s’était replié dans sa vallée natale du Panshir, à une centaine de kilomètres au nord-est de Kaboul. En dépit de neuf tentatives, l’Armée rouge n’était jamais parvenue à le déloger et à le soumettre.

Qualifié de « héros national afghan », il est surtout un héros tadjik, son ethnie d’origine. Son image est plus brouillée chez les Pachtounes, très influencés par les talibans et franchement négatives chez les Hazaras, même si sont fils espère aujourd’hui leur ralliement contre les talibans. Après le départ des Soviétiques, Massoud a fait partie de plusieurs gouvernements de coalition qui ont dirigé l’Afghanistan de 1992 à 1996. Il a notamment été ministre de la Défense. Pendant cette période, ses hommes se sont rendus coupables de pillages à Kaboul et d’exactions notamment contre la minorité chiite hazara. Ce qui a contribué au fait qu’une partie des habitants de Kaboul ont accueilli favorablement la prise du pouvoir des talibans en 1996. Les mêmes qui, aujourd’hui se félicitent de la chute d’un gouvernement corrompu et arbitraire. À l’époque Massoud s’était alors replié dans le Panshir, véritable forteresse montagneuse, où les talibans n’ont jamais pu l’atteindre. Seul le terrorisme extrême d’Al-Qaida a pu l’anéantir. C’était, il y a 20 ans jour pour jour.

Aujourd’hui, son fils unique (au côté de cinq filles), Ahmad Massoud, né en 1989,  a repris le combat sans avoir l’aura de son père. Comme lui, il a créé un Front de résistance nationale et s’est retranché dans le Panshir dans des conditions moins favorables. Avant-hier les talibans ont annoncé avoir pris la célèbre vallée. Il s’agit surtout d’un effet d’annonce pour marquer les esprits. En fait, ils n’ont investi que la capitale régionale, Bazarek (la ville natale de Massoud et celle qui abrite son mausolée), ainsi que quelques villages alentour. On ne sait pas encore ce qu’il en sera du reste de la célèbre vallée ni si le jeune commandant s’y trouve encore. La saga des Massoud n’est peut-être pas achevée.

Il y a quelques mois, la ville de Paris rendait hommage au lion du Panshir qui avait été étudiant dans cette ville et qui était un grand lecteur de Victor Hugo. Le 27 mars 2021, une allée du Commandant-Massoud a été inaugurée dans un coin des Champs-Élysées, en présence de son fils Ahmad Massoud.  

Le 9 septembre 2021, le tombeau du commandant Massoud a été profané par les talibans voir le tweet ci-dessous.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 septembre 2021

 
photo : A. A. Wiseman.         À propos du 11-Septembre.

photo : A. A. Wiseman.

À propos du 11-Septembre.

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