L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
7 novembre : l’anniversaire de Nestor Makhno
L’anniversaire du début de la révolution d’Octobre n’est plus fêté ni en Russie ni en Ukraine. Mais, le 7 novembre est aussi l’anniversaire d’un héros ukrainien oublié, Nestor Makhno, dont la mémoire n’a été cultivée que par les milieux libertaires occidentaux, en particulier à Paris où il est mort il y a 90 ans.
Jadis, le 7 novembre on célébrait l’anniversaire du début de la révolution d’Octobre (c’est le jour de la prise du Palais d'hiver par les bolcheviks, le 25 octobre 1917 selon le calendrier Julien, 7 novembre pour notre calendrier). Il était fêté avec de grandes parades sur la Place Rouge… Depuis 2004, le jour n’est plus férié ni Russie (remplacé par le 4 novembre) ni en Ukraine.
Discrètement, un héros ukrainien a été sorti de l’oubli après la chute de l’URSS et surtout depuis 2022 et la tentative russe n’anéantir le pays. Il s’agit de Nestor Makhno, un paysan ukrainien qui s’était enthousiasmé de la révolution d’Octobre et qui avait rassemblé une armée de volontaires pour repousser l’occupant austro-allemand et lutter avec les bolcheviks contre les troupes restées fidèles au tsar. Ces deux dangers écartés, les bolcheviks se sont retournés conte Makhno et ses troupes et ont fini par anéantir l’État ukrainien indépendant et anarchiste qu’il avait créé à l’est de l’Ukraine, autour d’Houliaïpole son village natal, aujourd’hui sur la ligne de front entre Russes et Ukrainiens dans l’épuisante guerre déclenchée par Poutine.
Le territoire qu’il contrôlait avec son armée, la Makhnovchtchina, rassemblait quelque deux millions et demi d’habitants. Après une redistribution des terres des koulaks, il fonctionnait sous forme d’une série de communes libre, selon la démocratie directe prônée par les anarchistes. On était loin du modèle que mettait en place Lénine et Trotski. Ce dernier va même lever une armée pour y mettre un terme. Cet État ukrainien libertaire fondé en 1919, disparaît en 1921. Makhno devra s’exiler à Paris et cette éphémère Ukraine libre sera effacée de la mémoire de l’URSS. L’expression de son souvenir sera interdite à l’époque soviétique et son nom oublié à l’est de l’Europe. Seuls les anarchistes occidentaux, en particulier les libertaires anticommunistes de Mai 68, vont maintenir sa mémoire vivante.
Chaque 7 novembre, jour de son anniversaire (День народження Нестора Махна), il est usage de se recueillir devant la case 6685 du colombarium cimetière du Père Lachaise, pour déposer des fleurs ou boire une bière à son souvenir. Chaque année, à cette date, sa dernière demeure est visitée par des anarchistes de toutes origines et des membres de l’extrême gauche (au moins ceux qui ne sont pas pros russes). Nestor Makhno est né le 7 novembre 1888 à Houliaïpole (« le champ de la liberté », en ukrainien) où sa maison natale en partie détruite par des bombardements russes, avait été transformée en musée.
En affirmant son indépendance, après la chute de l’URSS, les nationalistes ukrainiens avaient plutôt cultivé des figures comme Simon Petlioura qui avait lui aussi combattu pour une Ukraine indépendance entre 1918 et 1921, mais discrédités par ses exactions antisémites, ou encore ou Stepan Bandera, qui a collaboré avec les nazis. Makhno, trop libertaire, trop antisystème pour un pays qui sortait tout juste du totalitarisme restait l’oublié de la mémoire nationale. Une première commémoration de Nestor Makhno a toutefois eu lieu dans son pays natal le 7 novembre 1998, à l'occasion du 110e anniversaire de sa naissance. Son nom sera cité en 2013 sur Maidan où son arrière-petit-fils est venu réciter des poèmes. Ici et là des statue à son effigie sont installées…
Mais, c’est l’attaque russe du 24 février 2022 qui a vraiment réveillé sa mémoire. Lui aussi avait levé des bataillons qui ont combattu une armée venue de Moscou. En 2022, plusieurs bataillons ukrainiens levés en hâte pour défendre Kiyv ont pris son nom. Leurs drapeaux noirs flottent aujourd’hui sur la ligne de front et sur les réseaux sociaux ukrainiens.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2024
5 septembre : les Indiens célèbrent leurs enseignants
Le philosophe Sarvepalli Radhakrishnan aurait aujourd’hui 136 ans. Il croyait en l'éducation comme vertu fondamentale pour l'homme et la société. C’est son anniversaire qui a été choisi en Inde pour fêter les professeurs et réfléchir à la politique éducative du pays, laquelle n’est pas à la hauteur des enjeux dans tous les États de la fédération.
Le philosophe Sarvepalli Radhakrishnan aurait aujourd’hui 136 ans. Il croyait en l'éducation comme vertu fondamentale pour l'homme et la société. C’est son anniversaire qui a été choisi en Inde pour fêter les professeurs et réfléchir à la politique éducative du pays, laquelle n’est pas à la hauteur des enjeux dans tous les États de la fédération. Radhakrishnan avait été le premier Indien à être nommé professeur à Oxford. Plus tard, il a été recteur de l’université de Delhi, puis président de la République. En son honneur, l’Inde célèbre les enseignants chaque 5 septembre.
Lorsque Radhakrishnan a été élu président en 1962, ses étudiants lui ont demandé de l'autoriser à célébrer son anniversaire. Radhakrishnan a suggéré qu'ils célèbrent plutôt le 5 septembre comme la Journée des enseignants (शिक्षक दिवस). Il était convaincu que les enseignants devraient être les meilleurs esprits de l'Inde.
La Journée des enseignants n'est pas un jour de congé dans les écoles indiennes. Les enfants viennent à l'école comme d'habitude, mais les cours sont remplacés par diverses activités festives. Dans certaines écoles, les élèves remplacent les enseignants le temps d’une journée.
À l’échelle internationale, c’est le 5 octobre que l’on célèbre les enseignants.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 septembre 2024
13 mai : la fête des Pretos Velhos, au Brésil, en mémoire des anciens esclaves
Chaque 13 mai, les adeptes de l’Umbanda célèbrent les Pretos Velhos. Le 13 mai, anniversaire de la loi qui a aboli l'esclavage. C’était en 1888, il y a 135 ans. Le Brésil était le dernier État américain à libérer ses esclaves.
Au Brésil, chaque 13 mai, les adeptes de l’Umbanda célèbrent les Pretos Velhos, des figures vénérées par cette religion afro-brésilienne. Ce sont les esprits des Africains noirs réduits en esclavage dans le pays et qui, du fait de leur âge avancé, avaient le pouvoir et le secret de vivre longtemps grâce à leur sagesse et endurer l'amertume de la vie terrestre. On célèbre l'esprit Umbanda tout au long du mois de mai, mais sa journée spéciale est le 13 mai, anniversaire de la loi d'or (Lei Áurea ) qui a aboli l'esclavage. C’était en 1888, il y a 135 ans. Le Brésil était le dernier État américain à libérer ses esclaves. Il sera également le dernier à les laisser tous voter. Au Brésil, le droit de vote pour les pauvres (qui sont majoritairement noirs) ne date que de la constitution de 1988, soit un siècle après l’abolition de l’esclavage.
L’Umbanda ne compte qu’un demi-million de membres au Brésil, mais cette fête déborde largement de la communauté des descendants d’esclaves qui la pratiquent au quotidien. Le 13 mai n’e’st pas une célébration nationale, mais certaines municipalités en ont fait un festival local qui se déroule le dimanche le plus proche du 13 mai.
La plupart des adeptes d'Umbanda croient aux esprits, dont il existe trois niveaux distincts : les esprits purs, les bons esprits et les mauvais esprits. Les Pretas et Pretos Velhos (vielles femmes et vieux hommes noirs) sont considérés comme de bons esprits. En fait, ils font partie des esprits les plus aimés, respectés et vénérés d'Umbanda. Les adeptes croient que les Pretos Velhos sont des esprits gentils, sages et pacifiques d'anciens esclaves morts en esclavage.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde