L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
17 septembre : souvenir des révoltés croates de Villefranche-de-Rouergue
Villefranche-de-Rouergue (France) commémore, chaque année, la révolte, en 1943, de quelque 500 Croates enrôlés de force dans les unités SS de l’armée allemande. Cette année les autorités municipales célèbrent le 80e anniversaire de ce drame local.
Villefranche-de-Rouergue (France) commémore, chaque année, la révolte, en 1943, de quelque 500 Croates enrôlés de force dans les unités SS de l’armée allemande.
Il s’agissait précisément de soldats musulmans de Bosnie-Herzégovine, région alors intégrée à l'État croate indépendant, incorporés de force au sein de la 13e division Waffen-SS, qui portera plus tard le nom de division SS-Handschar. La plupart avaient à peine 20 ans.
Les insurgés ont réussi à échapper à leur commandement allemand, et à libérer la petite ville française. Mais la liberté ne fut que de très courte durée. Les autorités allemandes ont vite repris le dessus et condamné à mort les soldats survivants des combats. Ils sont inhumés au lieu-dit du Champ des martyrs croates où se déroulent les cérémonies de ce 80e anniversaire de la tragédie, en présence de hautes autorités de Croatie et de Bosnie-Herzégovine, en général les ambassadeurs. Une cérémonie se déroule en présence de vétérans locaux au mémorial de l'avenue des Croates, ponctuée par le dépôt de cinq gerbes et les différents hymnes (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Marseillaise, hymne européen et le Chant des partisans.
Pour ce 81e anniversaire, la cérémonie commémorative qui a lieu ce dimanche 17 septembre à 10 h 30 au Parc-Mémorial des martyrs croates et bosniens.
Une exposition : la Révolte des soldats croates et bosniens jusqu’au samedi 23 septembre à la médiathèque la Manufacture. Une visite-randonnée "Mémoire d’une révolte" ce samedi 16 septembre à 9 h 30 (rdv devant la mairie) dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine – Circuit de 5 km sur les sites qui ont été le théâtre des événements (environ 2h30).
Si la population locale a été épargnée par la répression sanglante qui s’est abattue sur les insurgés croates et bosniens enrôlés (pour la plupart de force) dans l’armée allemande, c’est grandement grâce à l’acte héroïque du maire de l’époque, Louis Fontanges, ancien combattant ayant perdu un bras pendant la guerre de 14/18 et qui parlait allemand. Se portant garant de la population Villefranchoise en engageant sa propre personne physique, il a permis d’éviter un bain de sang.
Le mémorial a été construit en 2006, sur un terrain du quartier Sainte-Marguerite, nommé depuis Champ des Martyrs croates, et qui s’ouvre d’ailleurs sur un axe rebaptisé « avenue des Croates ».
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 septembre 2024
8 septembre : à Malte, célébration patriotique et fête religieuse
Malte célèbre la fin victorieuse du siège de La Valette et la défaite des Turcs, en même temps que la Nativité de la Vierge
Le 8 septembre est une fête nationale à Malte sous le nom de Victory Day ou il-Vitorja. La victoire, c’est celle des Chevaliers de Saint-Jean, un ordre militaire catholique, sur les Turcs lors du Grand Siège de Malte de 1565. Celui-ci a duré du 18 mai au 11 septembre, mais comme le 8 septembre est le jour de la Nativité de Marie (il-Bambina), c’est cette date qui a été choisie pour fêter cette victoire de chrétiens contre des musulmans.
Un deuxième événement est aussi célébré le 8 septembre, c’est la rébellion, en 1800, des Maltais contre les troupes françaises qui occupaient l’archipel jusque-là. Enfin, le Jour de la Victoire est aussi l’anniversaire de la capitulation de l'Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1943, et celui de son retournement contre l'Allemagne, qui a également marqué la destinée de Malte.
La journée de Victory Day, ou Otto settembre, connue aussi sous le nom de fête de Notre-Dame-des-Victoires (Jum il-Vitorja), est un jour férié à Malte. La matinée est occupée par diverses cérémonies d'État dont un défilé des Forces armées de Malte. Au cours de l'après-midi, une régate traditionnelle de bateaux à rames, très disputée, se déroule dans le Grand Port. Le soir, plusieurs villes de Malte et de Gozo célèbrent la fête de Notre-Dame enfant (Maria Bambina/Notre-Dame de la Victoire). En effet, la fête qui est vieille de plusieurs siècles est devenue Il-Madonna tal-Vitorja, après le Grand Siège de 1565. #victoryday #ottosettembre
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 septembre 2024
8 juillet : hommage à Jean Moulin en gare de Metz
Comme chaque année, une cérémonie a lieu en gare de Metz pour commémorer l'anniversaire de la mort de Jean Moulin. Son décès, survenu dans le train le conduisant en Allemagne, a été enregistré en gare de Metz en 1943.
Comme chaque année, une cérémonie a lieu en gare de Metz pour célébrer l'anniversaire de la mort de Jean Moulin. Son décès, survenu dans le train le conduisant en Allemagne, a été enregistré en gare de Metz en 1943.
Arrêté le 21 juin par la Gestapo, le chef du Conseil national de la résistance aurait été interrogé, torturé et finalement déporté vers l'Allemagne. Il serait décédé de ses blessures dans le train, peu avant la frontière. Sa mort est enregistrée en gare de Metz... Cela dit, rien n'est moins sûr. En fait personne ne sait exactement où Jean Moulin est mort, certains se demandent même s'il était vraiment présent dans ce train-là.
Une exposition permanente en hommage à Jean Moulin, située dans la salle de réunion qui porte son nom à la préfecture de la Moselle, rappelle chaque jour le parcours de ce haut fonctionnaire qui a réuni les opposants à l’occupation nazie, jouant ainsi un rôle essentiel dans la libération de la France et la reconstruction du pays au lendemain de la guerre.
Le 8 juillet 2014, avait été inaugurée une statue en hommage à Jean Moulin. Le monument est une œuvre de l’artiste allemand, Stephan Balkenhol. Depuis le 21 juin (anniversaire son arrestation) dernier, une affiche aux traits de Jean Moulin est installée sur la façade de la préfecture.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 juillet 2024
16 février : la Grèce commémore le massacre de Domenikon
Ce massacre fait référence à la destruction totale du village de Domenikos dans le département de Larissa, en Thessalie, les 16 et 17 février 1943 par les forces d'occupation allemandes et italiennes qui, après y avoir mis le feu, ont ensuite procédé à l’exécution par la force brute de 150 villageois, soit tous les hommes de 14 à 80 ans.
Le massacre de Domenikos (Σφαγή του Δομένικου) fait référence à la destruction totale du village de Domenikos dans le département de Larissa, en Thessalie, les 16 et 17 février 1943 par les forces d'occupation allemandes et italiennes qui, après y avoir mis le feu, ont ensuite procédé à l’exécution par la force brute de 150 villageois, soit tous les hommes de 14 à 80 ans.
Cette page de la Seconde Guerre mondiale a été oubliée pendant de nombreuses années, selon l'historienne Lidia Santarelli, les massacres italiens en Grèce sont « un trou noir dans l'histoire ». Elle fut remise à jour par le documentaire de Giovanni Donfrancesco La guerra sporca di Mussolini (La sale guerre de Mussolini) diffusé à partir du 14 mars 2008 sur History Channel. Le village de Domenikon a été reconnu village martyr en 1998. L'Italie, quant à elle, a présenté ses excuses à la Grèce pour le massacre le 16 février 2009, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Athènes.
Le massacre de Domenikon est le premier massacre de civils en Grèce. Il a donc servi de « modèle » pour les autres massacres de civils qui ont rapidement suivi durant le reste de l'occupation italienne dans ce pays, jusqu'au retrait de l'armée italienne durant l'été 1943. Le massacre est surnommé par les Italiens « le petit Marzabotto ». Le second massacre de civils a lieu trente jours plus tard dans le village de Tsaritsani où soixante personnes ont été abattues, suivi de massacres dans d'autres secteurs de la Thessalie et en Grèce interne, comme à Domokos, Pharsale ou encore Oxine. On dénombre plusieurs milliers de civils massacrés dans toute la Grèce et près de 400 villages détruits partiellement ou totalement, dont Kalávryta est un autre exemple.
Aucun des 1500 criminels de guerre italiens - dont les coupables du massacre - n’a jamais été jugés, ceci pour que l'Italie puisse conserver après la Seconde Guerre mondiale, une bonne position internationale. La majorité des criminels de guerre italiens qui ont survécu ont continué à travailler pour le gouvernement italien. Le secret sur les crimes de guerre italiens a été encouragé par le Royaume-Uni et les États-Unis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 février 2024
13 décembre : mémoire d’un massacre de civils en Grèce
À Kalávryta (Καλάβρυτα), dans le Péloponèse, on ne prépare pas encore Noël, le village est en deuil chaque année à la même date. Il y a 80 ans, il était victime du plus grand massacre de civils opéré par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, la Shoah mise à part.
À Kalávryta (Καλάβρυτα), dans le Péloponèse, on ne prépare pas encore Noël, le village est en deuil chaque année à la même date, il a été victime du plus grand massacre de civils opéré par les nazis, la Shoah mise à part.
Il y a 80 ans, le 9 décembre 1943, la localité est cernée par les soldats allemands afin qu'aucun habitant ne puisse s'échapper. L'armée allemande rassure les habitants en leur indiquant qu'elle ne recherche que des rebelles, mais les troupes allemandes dirigées par Karl von Le Suire, en représailles à la mort de 81 soldats allemands tués par des résistants, commencent par brûler des maisons du village. Les hommes sont séparés des femmes et des enfants. Le 13 décembre, toute la population mâle, âgée de plus de 12 ans, fut tuée par des mitrailleuses à la sortie du village, seuls 13 en réchappèrent sur quelque 700 hommes (certains sources parlent d’un millier). Les femmes et les enfants parviennent, toutefois, à s'échapper du village en flamme. Le monastère d’’Agha Lavra, où avait commencé la guerre d'indépendance, est lui aussi incendié.
Sur les lieux du massacre, s'élève aujourd'hui un mémorial rappelant la date de l'évènement et portant sur de hautes stèles le nom de toutes les victimes. Mikis Theodorakis leur a dédié Le Requiem, en 1984. Le dernier des 13 survivants du massacre, Argyris Serlelis, est décédé le 27 février 2005.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2023
4 octobre : Bastia fête sa libération en 1943
Bastia fête le 80e anniversaire de sa libération, le 4 octobre 1943 par des soldats marocains sous encadrement français. Quelque 6 600 hommes de la 4e DMM (division marocaine de montagne), du bataillon de choc et du 2e GTM (groupe de tabors marocains) débarqués d’Afrique du Nord.
Bastia fête l’anniversaire de sa libération, le 4 octobre 1943 par des soldats marocains sous encadrement français. Quelque 6 600 hommes de la 4e DMM (division marocaine de montagne), du bataillon de choc et du 2e GTM (groupe de tabors marocains) débarqués d’Afrique du Nord. La ville avait connu une première libération, le 9 septembre, suite à la démission de Mussolini et à la capitulation des Italiens, mais Bastia avait été repris par les Allemands quelques jours plus tard. Peu avant 6 heures du matin, le capitaine Then entre dans la ville à la tête du 73e Goum marocain. Elle sera libérée une seconde fois, de manière définitive le 4 octobre 1943, il y a 80 ans aujourd’hui, non sans subir un ultime bombardement américain le même jour, alors que tous les Allemands avaient quitté la ville, en raison d’un problème de communication entre alliés.
Hier, 3 octobre les cérémonies officielles ont débuté au col de Teghime et à la nécropole de Saint-Florent. Aujourd’hui se tient au monument aux morts de la ville, la cérémonie du 80e anniversaire de la Libération de la Ville de Bastia.
La Corse est officiellement libérée le lendemain, devenant le premier département français à se défaire du joug nazi. Demain, c'est la Corse tout entière qui commémorera la date du 5 octobre 1943, jour où elle fut le premier département français libéré.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
23 septembre : la Lituanie commémore la Shoah
En Lituanie, l'instauration de la Journée commémorative de l'Holocauste est liée à la liquidation du ghetto de Vilnius, les 23 et 24 septembre 1943, il y a 80 ans aujourd’hui même, mais aussi à l’anniversaire de la liquidation de plus de 5000 juifs de la ville de Marijampolė, le 23 septembre 1941.
L'instauration de la Journée commémorative de l'Holocauste (Holokausto atminimo diena) est liée à la liquidation du ghetto de Vilnius, les 23 et 24 septembre 1943, il y a 80 ans aujourd’hui même, mais aussi à l’anniversaire de la liquidation de plus de 5000 juifs de la ville de Marijampolė par un Einsatzgruppen composé d’Allemands et de leurs collaborateurs lituaniens, le 23 septembre 1941.
La Shoah dans la Lituanie occupée par les nazis a commencé en 1939, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Les nazis occupèrent la Lituanie et créèrent le ghetto de Vilnius en 1941. Des milliers de Juifs y furent amenés. Au cours d'environ deux années d'activité, environ 40000 Juifs y furent tués. Seules quelques centaines de personnes ont réussi à survivre, la plupart en se cachant dans les forêts environnantes, en rejoignant les partisans soviétiques ou en trouvant refuge parmi des habitants qui les ont cachés.
Le Ghetto de Vilnius était divisé en un Grand Ghetto et un Petit Ghetto. Le Petit Ghetto fut liquidé en octobre 1941. La liquidation du Grand Ghetto commença le 6 août 1943. Les habitants furent déportés en Estonie, tués dans la forêt autour de Vilnius ou envoyés dans un camp d'extermination en Pologne. Le Ghetto fut totalement liquidé les 23 et 24 septembre 1943, c’est ce terrible anniversaire qui est célébré aujourd’hui.
La Journée commémorative de l'Holocauste a été instaurée en 1994. Chaque année, plus de 150 écoles de toute la Lituanie marquent ces anniversaires en marchant le long de la « Route de la mémoire » (Il existe plus de 200 lieux de ce type en Lituanie). Les participants au « Sentier de la mémoire » sont invités à apporter des pierres sur lesquelles sont inscrits les noms des victimes de l'Holocauste. C'est à la fois un respect de la tradition juive et une personnification symbolique des victimes.
À Vilnius, à 11h, une célébration se déroule sur la place Rūdninkai (ancien emplacement du ghetto de Vilnius). À 11h45 une marche le long du chemin de la mémoire (de la place Rūdninkai à la gare de Vilnius, distance d'environ 1 km) permet de prendre le train jusqu'à la gare de Paneriai. À 12h45, poursuite de la procession du chemin de la mémoire jusqu'au mémorial de Paneriai où se déroule à 13h une cérémonie en l'honneur des victimes de l'Holocauste.
À l’échelle européenne, c’est le 27 janvier qu’a été instaurée la Journée internationale de commémoration de l'Holocauste.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
18 août : la fête de l'armée macédonienne du Nord
La Macédoine du Nord célèbre son armée chaque 18 août. La date de cette fête de l’armée macédonienne commémore la création du bataillon Mirče Acev en 1943, il y a 80 ans.
La Macédoine du Nord célèbre son armée chaque 18 août. La date de cette fête de l’armée macédonienne (ден на македонската војска) commémore la création du bataillon Mirče Acev en 1943.
Mirče Acev avait pris la tête de la résistance communiste en Macédoine du Vardar pendant la Seconde Guerre mondiale. Arrêté par les forces d’occupation bulgares, il est mort en prison le 4 janvier 1943. Quand s’est formé le premier bataillon de partisans macédoniens, il a été baptisé Mirče Acev (баталјонот Мирче Ацев), en honneur de celui qui sera déclaré héros national yougoslave en 1945. Ce bataillon créé le 18 août 1943, est à l’origine de l'Armée populaire de libération de Macédoine (Народноослободителна војска на Македонија) qui a combattu les forces de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale et se fondra ensuite dans l’Armée yougoslave. L'armée macédonienne sous sa forme moderne a été fondée en 1992, après l'indépendance du pays vis-à-vis de la Yougoslavie. Ce sont aujourd’hui les forces armées de la République de Macédoine du Nord.
Le 18 août n’est pas férié, mais la journée est traditionnellement marquée par un défilé militaire et diverses cérémonies, en particulier pour ce 80e anniversaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
19 avril : la mémoire de l’insurrection du ghetto de Varsovie
Il y a 80 ans, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblinka… Ce soulèvement est considéré comme étant l'acte de résistance juive pendant la Shoah le plus connu et le plus commémoré.
Comme chaque année, en dépit de relations plutôt froides entre les deux pays, une délégation israélienne accompagne le président polonais pour déposer une gerbe devant le monument érigé à la gloire des héros du ghetto. Cette année, alors qu’on célèbre le 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie (80. rocznica powstania getta warszawskiego), Israël entame une normalisation de ses relations avec la Pologne. Les deux pays vont à nouveau échanger des ambassadeurs (lequel étaient absents depuis 2021). Aujourd’hui, des fêtes, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales, des conférences scientifiques, des ateliers et des promenades sont au programme.
Le musée du Ghetto de Varsovie (WGM), entre autres organise un concert de l'orchestre symphonique polono-israélien le 19 avril au Grand Théâtre - Opéra National. Le concert a eu lieu sous le patronage du président Andrzej Duda. L'orchestre, composé de jeunes musiciens de l'Académie de musique et de danse de Jérusalem et de l'Université de musique Fryderyk Chopin, est dirigé par Anna Sułkowska-Migoń (lauréate cette année du "Polityka's Passport"). Pendant le concert, la 8e Symphonie op. 53 "Fleurs polonaises". Les auteurs de l'ouvrage sont Mieczysław Weinberg et Julian Tuwim. Une pièce composée spécialement pour cette occasion par Elżbieta Sikora sera également présentée. Le WGM a également préparé l'exposition "Mémoire 1943" à Kordegarda - la galerie du Centre national de la culture (30 mars - 10 mai).
Il n’y a plus de témoins directs (le dernier combattant du ghetto de Varsovie, Simha Rotem est décédé le 22 décembre 2018 à l'âge de 94 ans), on évoque le courage de ces hommes face à leurs bourreaux et finalement à la mort. Le 19 avril 1943, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblinka. À cette époque, ils n’étaient plus que 60 000 dans la capitale polonaise contre 450 000 en 1940. Cette insurrection de près d’un mois, sans moyens et sans véritable espoir, aboutira à la destruction totale du ghetto et à la mort quasi-totale de ses derniers occupants.
À Paris, le Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) et de nombreuses associations et personnalités dont Memorial 98, a rendu hommage aux résistants du ghetto, le dimanche 16 à 14 30 h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
2 février : fêter les 80 ans de la bataille de Stalingrad pour légitimer l’agression de l’Ukraine ?
Pour les Russes, Stalingrad est devenue le symbole même de la victoire sur le nazisme, la bataille occupe une place centrale dans le patriotisme que promeut le Kremlin. Poutine participe à la célébration pour légitimer sa guerre de destruction lancée contre l’Ukraine, un État présenté par la propagande du Kremlin comme un État nazi.
Pour les Russes, Stalingrad est devenue le symbole même de la victoire sur le nazisme, la bataille occupe une place centrale dans le patriotisme que promeut le Kremlin. Chaque année, le 2 février est célébré comme une véritable fête nationale. Pour ce 80e anniversaire de la bataille de Stalingrad (80-летие Сталинградской битвы), le dictateur Poutine présent à Volgograd, redevenue Stalingrad le temps d’une journée (provisoirement car les habitants de la ville sont majoritairement opposés au changement de nom). Il est là, avant tout, pour légitimer sa guerre de destruction lancée contre l’Ukraine, un État présenté par la propagande du Kremlin comme un État nazi.
Le musée de la bataille de Stalingrad, un lieu de pèlerinage aussi incontournable qu’émouvant pour les Russes, accueille chaque 2 février des cérémonies de remise de décorations pour les familles de soldats tués en Ukraine. Poutine le visite ainsi que kourgane Mamaïev (Мамаев Курган), la coline où se trouve le mémorial de la bataille, pour y déposer une gerbe à la flamme éternelle située dans le hall de la gloire militaire. Le programme de la visite comprend également le discours du président lors d'un concert dédié au 80e anniversaire de la défaite des troupes nazies. Dans le musée du panorama, l’objectif de la visite du chef de l'État est la rencontre de représentants d'organisations publiques patriotiques et de jeunesse. Une entrevue entre Vladimir Poutine et le gouverneur de la région de Volgograd Andrey Bocharov est également au programme.
Après six mois de combats, la bataille s’achève le 2 février 1943 par la reddition du feld-maréchal von Paulus, de son état-major et de ses… 110 000 soldats. Il y a 80 ans jour pour jour. C’est la plus longue bataille jamais menée en Europe, son bilan est effroyable : la ville, qui comptait 600 000 habitants, a été rasée à près de 90 %. Au total, 1 million de soldats russes ou ukrainiens et 700 000 militaires allemands, roumains, italiens, hongrois et croates ont été tués, blessés ou disparus. Aujourd’hui encore, les steppes entourant la ville rendent chaque année des centaines de corps de soldats des deux camps. En 2022, plus de 1200 militaires de l’Armée rouge ont encore été retrouvés.
Volgograd, comme Coventry ou Hiroshima, fait partie du réseau international des cités martyres de la Seconde Guerre mondiale. L’ex-Stalingrad, auquel François Mitterrand a décerné la Légion d’honneur en 1984, est l’otage de son histoire tragique. La bataille de Stalingrad regroupe en réalité une succession de combats qui se sont tenus entre le 17 juillet 1942 et le 3 février 1943 dans la ville du même nom et à ses alentours. La défaite allemande marque le début du retournement de la Seconde Guerre mondiale vers la victoire des Alliés. La bataille est tous les livres d’Histoire autant en Occident qu’en Russie. Cela dit, Stalingrad ne constitue pas la fin des victoires allemandes et le retournement de la guerre s’est aussi joué à Guadalcanal, dans le Pacifique, où les Américains ont écrasé les Japonais ainsi qu’en Afrique du Nord, avec l’opération Torch, le premier débarquement allié puis la victoire d’El Alamein, remportée par les Anglais face à l’Afrika Korps d’Erwin Rommel
Aujourd’hui en Russie, la bataille est devenue un véritable objet de propagande. Les cérémonies des dernières années célébrant Stalingrad sont bien plus pompeuses qu’à l’époque soviétique. Cette année, la mémoire de cette boucherie est difficilement dissociable de celle qui se produit depuis presque un an en Ukraine à l’initiative de Moscou.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
23 janvier : les 80 ans d’un crime longtemps occulté, la destruction des Vieux-Quartiers de Marseille
Après des décennies d’oubli, la ville de Marseille prend en charge la commémoration des rafles du Vieux-Port, de l'Opéra et de la destruction de quelque 1500 immeuble de ses Vieux-Quartiers, la déportation de ses habitants. Ce crime de guerre, fruit de la collaboration entre Vichy et l’occupant allemand, fait depuis 2019 l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité…
Le samedi 23 janvier 1943, les troupes allemandes encerclent le quartier Saint-Jean, sur le vieux-Port de Marseille, entièrement bouclé. L’évacuation du quartier est immédiate, dans quelques jours, il sera entièrement détruit à la dynamite. La veille et le même jour, des rafles ont été opérées dans le quartier de l’Opéra, où vivent de nombreuses familles juives. Les 20 000 Marseillais ainsi raflés, enfants, femmes et hommes de tous âges, sont transférés, par tramways et camions, à la gare d’Arenc. Plusieurs trains les acheminent jusqu’à Fréjus, pressés dans des wagons à bestiaux, la plupart cadenassés. Le trajet dure toute la journée. À leur arrivée en gare de Fréjus, ils sont internés dans des camps désaffectés de l’armée coloniale.
Cette opération a été supervisée par Karl Oberg, chef de la SS en France et par René Bousquet, secrétaire général de la police du gouvernement français de Vichy. Les deux mêmes sont connus pour avoir organisé à Paris, la rafle du Vél’d’Hiv, en juillet 1942. Pour cette opération marseillaise, ils ont mobilisé près de 12 000 policiers, gendarmes, gardes mobiles français et aussi quelques membres du Service d’ordre légionnaire (la future Milice française) ainsi que, du côté allemand, 5 000 SS.
Après le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, Marseille est occupée dès le 12 novembre par les troupes allemandes qui arrivent en ville. Le 3 janvier 1943, des actions armées de la Résistance, notamment de la FTP-MOI, contre des lieux fréquentés par les occupants font de nombreux blessés. Des officiers et des soldats allemands sont tués. Des opérations de représailles sont immédiatement ordonnées par Himmler.
Les ruelles du quartier Saint-Jean qui serpentent des quais du Fort Saint-Jean jusqu’à la montée des Accoules sont réputées être un repaire de la Résistance, qui a investi un dédale de ruelles et d’immeubles enchâssés les uns sur les autres qui passait pour être un bastion de la pègre, de la prostitution, de la contrebande. De nombreux immigrés de toutes origines y vivaient.
D’après les chiffres du Mémorial de la Shoah, sur environ 20 000 habitants, 1642 habitants seront déportés hors de France, dont près de 800 juifs envoyés à Sobibor en Pologne (d’où aucun ne reviendra), tandis que ce sera Orianenburg-Sachsenhaussen pour plus de 700 autres - 200 juifs mais aussi 600 "suspects", des étrangers en situation irrégulière, des Tziganes, des homosexuels, des "vagabonds" personnes sans adresse fixe.
Le 1er février 1943, commencent les opérations de dynamitage du quartier Saint-Jean de Marseille qui durent plus de deux semaines, soulevant un épais nuage de poussière. 1 500 immeubles sont détruits et quatorze hectares de ruines, équivalant à 20 terrains de football, bordent désormais le Vieux-Port. 50 rues disparaissent de la carte. Il sera reconstruit après guerre notamment par Fernand Pouillon, mais il a perdu sa mémoire et ses habitants, morts ou éparpillés. Le traumatisme est tel que la chape de l’oubli va s’imposer pendant au moins un demi-siècle. Il faut attendre 1962 pour qu’une première plaque soit apposée sur la façade de l’immeuble à l’angle de la Grand-Rue et de la rue de la Guirlande. C’est là qu’ont commencé les premiers rassemblements, modestes et très peu médiatisés, chaque 23 janvier.
En 1973, un espace mémoriel est installée place Fortuné Sportiello (du nom d’un habitant du quartier Saint-Jean dont la famille atout perdu et qui s’est battu toute sa vie pour sa mémoire). Puis, en 1983, une autre place de l’Opéra. En 1995, pour le 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Ville de Marseille a souhaité rendre hommage aux victimes du nazisme en ouvrant un Mémorial des Camps de la Mort qui ne répond que très partiellement à la mémoire des habitants du quartier Saint-Jean, détruit. C’st le drame de la rue d’Aubagne, l’effondrement de deux immeubles, le 5 novembre 2018, qui fait remonter la mémoire de la destruction des quartiers du port.
Après la guerre, au terme d’un procès de trois jours, René Bousquet fut acquitté par la Haute Cour de justice. Il ne sera, finalement, inquiété par la justice qu’en 1991, inculpé de crimes contre l’humanité, mais pour la rafle du Vel’ d’Hiv. Il est mort assassiné chez lui par un déséquilibré, en 1993, sans avoir été condamné. Côté français, il y eut bien d’autres responsables : Antoine Lemoine, le préfet régional, Pierre Barraud, préfet délégué à la ville de Marseille, Maurice Rodelec du Porzic, l’intendant de police, René Chopin, préfet délégué des Bouches-du-Rhône,.. sont autant de complices du crime. Aucun ne sera condamné. Quant à l’Allemand Karl Oberg, lui sera emprisonné, puis libéré discrètement et finalement gracié en 1962, à la demande du président de Gaulle. La destruction du quartier Saint-Jean, la déportation de ses habitants, et l’assassinat d’une partie d’entre eux, elle fait enfin, depuis 2019, l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité… Peut-être aboutira-t-elle avant que les derniers survivants ne disparaissent ?
À l'occasion des 80 ans de la commémoration des rafles du Vieux-Port, de l'Opéra et de la destruction des Vieux-Quartiers, la Ville de Marseille organise une cérémonie de la mémoire dimanche 29 janvier 2023 à partir de 10h devant l'Hôtel de Ville et à 16h, place de l’Opéra. Tous les Marseillais sont invités à assister à ce temps de recueillement et de souvenir.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
22 novembre : le Liban en ruine fête une indépendance qu'il n'a jamais eu
C’est un pays en pleine déliquescence qui célèbre aujourd’hui sa fête nationale, le Liban n’a plus de président, plus de gouvernement, quasiment plus d’État. Ses banques ont ruiné le pays avec la complicité des 5 ou 6 oligarques qui contrôlent et dépouillent le pays… Plus que jamais, ce Jour de l’indépendance a quelque chose de surréaliste et de désespérant.
Cette année, le défilé militaire annuel célébrant le Jour de l'indépendance du Liban a été annulé, le cœur n’y est pas, le pays ruiné, n’a même plus de président…
En 1943, les Libanais s’étaient soulevés pour défendre leurs élites emprisonnées par les Français… Ces mêmes élites ont totalement ruiné pays et aujourd’hui, la population anéantie par des décennies d’incurie et de corruption, n’est même plus en état de se soulever.
Ce matin, comme tous les 22 novembre pour le Jour de l’indépendance, une cérémonie a lieu dans une forteresse perdue sur les pentes du mont Hermon, la Rachaya. C’est là qu’ont été emprisonnés pendant quelques jours, les plus hauts dignitaires de la République libanaise : le président El Khoury, le chef du gouvernement, plusieurs ministres et députés. Ils ont été arrêtés à 4 heures du matin, le 9 novembre 1943, sur ordre du représentant de la France. Tous avaient été élus ou nommés dans la foulée des législatives de septembre 1943 qui mettaient en place une nouvelle chambre. Leur crime, avoir voulu faire voter des amendements à la constitution effaçant toute référence au mandat français, instauré en 1920. En 1941, les forces franco-anglaises chassant les représentants de Vichy, avaient pourtant promis l’indépendance du Liban. Mais, le représentant de la France Libre n’entendait pas se voir ainsi forcer d’accepter un Liban libre.
À l’annonce de l’emprisonnement de l’élite de la nation, des manifestations ont éclaté un peu partout. Un gouvernement provisoire est formé, à l’image de celui qui lutte pour libérer la France de l’occupation allemande. Le 12, les femmes manifestent en masse. Le 13, c’est le tour de lycéens, sur lesquels l’armée française ouvre le feu faisant de nombreux blessés… Les Français cèdent finalement le 22 novembre, en libérant les captifs.
C’est cette date qui a été choisie comme fête nationale du Liban. L’indépendance formelle ne sera toutefois acquise que le 1er janvier 1944 et l’armée française ne quittera le Liban qu’en 1946.
Autrefois, le 22 novembre était l’occasion d’un discours télévisé du président de la république. Aujourd’hui, le pays n’a plus ni président ni gouvernement de plein exercice. Le mandat du président Aoun s’est terminé le 31 octobre. Jeudi dernier, le Parlement a échoué pour la sixième fois à élire un nouveau président, faute d'accord entre les différents clans mafieux qui se partagent le pays, aucun successeur n’a pu être désigné. Quant au gouvernement sortant, dirigé par Nagib Mikati, il est en effet chargé d’expédier affaires courantes, sans mandat ni légitimité politique depuis le mois de mai 2022.
Triste fête nationale pour un pays qui n’a jamais connu de souveraineté. Le 22 novembre est désigné comme le Jour de l’indépendance. Mais en réalité, ce pays dirigé par une poignée d’oligarques n’est que le théâtre de rivalités régionales. Certains clans libanais s’appuyent sur l’Arabie saoudite, d’autres sur l’Iran et la Syrie… comme, jadis les uns s’appuyaient sur la France, d’autres sur les Anglais ou les Turcs… le pays n’a, en réalité, jamais connu de souveraineté. Aujourd’hui, il n’a plus d’État, sa monnaie ne vaut plus rien. Les banques libanaises, dans les mains des oligarques, ont détourné les économies de tous les Libanais. Certains, par désespoir, vont braquer leur propre banque dans l’espoir de retirer un peu d’argent de leur propre compte… la famine et le choléra ont réapparu.
Dans l’urgence, le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM) vient d’accorder 5,4 milliards de dollars d'aide au Liban pour venir en aide à la population locale et aux deux millions de réfugiés syriens. Dans la population, on rêve d’une seconde indépendance, la vraie cette fois. Mais, il faudrait balayer tout le vieux système politique qui n’a plus rien de démocratique (qui en fait ne l’a jamais été)…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 novembre 2022
10 mars : la Journée du sauvetage des juifs bulgares
Une commémoration qui n’est pas sans ombres : les autorités bulgares ont permis en 1943 aux 48 000 juifs bulgares d’échapper à la Shoah, mais elles ont aussi livré aux camps nazis 11 000 juifs des territoires occupés par la Bulgarie.
Cette Journée du souvenir de l’Holocauste (Ден на възпоменание на Холокоста) a été instaurée en 2003. La célébration est aussi appelée Jour du Salut des juifs bulgares (Деня на спасяването на българските евреи) car elle fait référence au sauvetage des juifs de Bulgarie par l’action des hauts dignitaires de l’Église orthodoxe. Il est un fait remarquable que les quelque 48 000 juifs de nationalité bulgare ont survécu à la Shoah. Si bien que le 12 mars 2002, lors d’une cérémonie officielle à Jérusalem, les métropolites bulgares Stéphane (1878-1957) et Cyrille (1901-1971) ont été déclarés Justes du monde par Yad Vashem – l’institution créée en 1953 par la Knesset d’Israël pour perpétuer la mémoire des martyrs et des héros de la Shoah en Europe.
La belle histoire est toutefois un peu à nuancer. En 1940, la Bulgarie vit sous la dictature du roi Boris III, mise en place en 1935. Dès 1940, le pays adopte une législation anti-juive prévoyant l'identification et la marginalisation sociale et économique des citoyens juifs.
Début 1941, la Bulgarie choisit le camp de l’Allemagne nazie dans l’espoir de récupérer les territoires de la Macédoine et la Thrace grecque ainsi que la Macédoine yougoslave dont elle s’estime injustement privée (non-application du traité de San Stefano). En avril 1941, avec ce choix diplomatique et stratégique la Bulgarie assouvit en partie ses ambitions territoriales. Les nouveaux territoires ainsi conquis permettent à la Bulgarie de s’ouvrir sur la mer Égée et de s’étendre jusqu’aux frontières de l’Albanie. Elle devra évidemment rendre ces territoires en 1945, mais Sofia les gère pendant quatre ans.
À l’automne 1942, l’Allemagne qui s’est lancée dans la Solution finale (l’extermination des juifs d’Europe) se fait pressante dans ses demandes adressées à la Bulgarie de livraison de juifs. Le 22 février 1943, un accord prévoyant la déportation de 20 000 juifs des « nouveaux territoires » est conclu. Mais, le nombre des juifs des régions de Yougoslavie et de Grèce occupées par les Bulgares n'excédant pas les 12 000, le gouvernement de Sofia prévoit alors la déportation de 8 000 juifs bulgares dits « indésirables ».
Ainsi, début mars 1943, les autorités bulgares organisent des rafles de juifs dans le nord de la Grèce et dans la Macédoine yougoslave occupée. Regroupés à Skopje, ils sont déportés par le train, puis par bateau sur le Danube. Livrés aux Allemands, quelque 11 343 juifs seront exterminés à Treblinka.
Mais, s’agissant du sort des juifs de la Bulgarie proprement dite, la population bulgare, apprenant ce qui se tramait, s’est mobilisée dans plusieurs villes pour protester contre le sort qui est promis à leur compatriotes juifs. Une telle réaction s’est rarement vue en Europe à cette époque. Pressées par leurs fidèles, les autorités orthodoxes bulgares se sont adressées au roi Boris III pour le convaincre de ne pas participer à des persécutions contre ses propres sujets fussent-ils juifs. Finalement, le souverain fait savoir aux Allemands qu’on avait besoin d’eux pour des travaux des champs. 25 000 juifs de Sofia ont ainsi été déplacés dans la campagne bulgare, ce qui leur a sauvé la vie.
On notera que contrairement aux l’Églises catholiques ou luthériennes, l’Église orthodoxe bulgare n’a jamais eu dans son histoire de discours anti juifs. Au XIXe siècle, la communauté juive a participé à la lutte nationale contre les ottomans. Si bien que les Bulgares ont toujours considérés les juifs comme des concitoyens comme les autres. Les rancœurs de l’époque ottomanes étaient oubliées.
Les autorités bulgares de l’époque sont responsables de la disparition de quelque 11000 juifs (un fait que le gouvernement bulgare actuel a encore du mal à admettre) mais, en m^eme temps, elles ont contribué au sauvetage des 48 000 qui vivaient en Bulgarie en ne les livrant pas aux nazis. Ce pays refuge peut même affirmer être le seul dans l’Europe en guerre dont la population juive a augmenté pendant le conflit. La décision du roi Boris III d’assigner les juifs bulgares à des à des travaux agricoles ou de voirie dans tout le pays a été prise le 10 mars 1943. C’est cette date qui est commémorée aujourd’hui.
L’abrogation partielle de la législation anti-juive aura lieu le 31 août 1944, une mesure étendue par le gouvernement Muraviev (2-9 septembre 1944) avant la déclaration de guerre de l’Union soviétique à la Bulgarie (5 septembre), l’invasion de l’Armée rouge (8 septembre) et l’accession au pouvoir d’un Front de la patrie à dominante communiste (9 septembre). Il faudra toutefois attendre mars 1945 pour qu’un décret prévoie la restitution des biens juifs spoliés ou l’indemnisation des propriétaires dont les possessions nationalisées ne seront pas restituées, soit adopté.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
28 décembre : la mémoire de la déportation des Kalmouks par Staline
La Journée du souvenir des victimes de la déportation des Kalmouks, opérée par Staline en 1943.
Les Kalmouks, peuple mongol, sont les habitants de l’ancien Khanat de Khalmyk, devenu une colonie russe puis un oblast autonome au sein de la république de Russie, composante de l’URSS. En 1935, l’obast a accédé au statut de République socialiste soviétique autonome de Kalmoukie. Elle est située sur la côte nord de la mer Caspienne.
C’est pendant la Seconde guerre mondiale que la destinée de plusieurs peuples minoritaires de l’URSS a basculée. Dénoncés comme ennemi, les Tatars de Crimée, les Balkars, les Tchétchènes et les Ingouches, les Kalmouks… Pour ces derniers cela s’est joué le 28 décembre 1943 avec l’ordre signé par Staline de déportation vers la Sibérie du peuple Kalmouks en entier. La veille leur république avait été supprimée de la carte de l’URSS. Accusés de collaborer avec les occupants nazis et combattu l’Armée rouge, quelque 100 000 personnes furent jetées hors de leurs maisons. Les femmes, les enfants et les vieillards ont été entassés dans des wagons à bestiaux pour être envoyés en Sibérie. Nom de code de l’opération « Ulusy » (Операция « Улусы »). 16 000 d’entre eux ont perdu la vie pendant la déportation, de faim, de froid ou de maladie, avant d’atteindre leur destination finale. D’autres sont morts en Sibérie… Ils n’étaient plus que 60 000 en 1945.
Les Kalmouks ont été réhabilités après la mort de Joseph Staline . En 1956, son successeur Nikita Khrouchtchev dénonça les répressions de Staline et initia une série de réformes. La république soviétique de kalmoukie a été rétablie et les Kalmouks ont été autorisés à retourner dans leur région d'origine depuis les colonies sibériennes. En 1991, les répressions de Staline contre les minorités ethniques ont été officiellement déclarées comme un acte de génocide.
En 2004, le Parlement de Kalmoukie a déclaré le 28 décembre – anniversaire du début de la déportation – la Journée du souvenir des victimes de la déportation des Kalmouks (Депортация калмыков). Ce matin, un rassemblement de deuil a lieu à Elista, la capitale de la Kalmoukie, en mémoire des victimes de la déportation et de la répression. L'événement organisé près du monument d’Ernst Neizvestny "Exode et retour" réunit environ 3000 personnes. Des représentants d'organisations d'anciens combattants, d'organismes de l'État et de simples citoyens déposent fleurs et couronnes au mémorial. Des cérémonies religieuses orthodoxes et bouddhistes complètent la journée commémorative. Ce jour, sur le territoire de la Kalmoukie, est un jour férié et chômé.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
27 mai : sur fond de montée de l’extrême droite, la France célèbre la Résistance et son héritage : le modèle social français
Depuis 2013, le 27 mai est la Journée nationale de la Résistance. Ce n’est pas un jour férié mais une célébration d’homme et de femmes qui, pour certains, ont donné leur vie pour vaincre le fascisme. C’est aussi l’occasion de célébrer les acquis de la Résistance.
Depuis 2013, le 27 mai est la Journée nationale de la Résistance. Ce n’est pas un jour férié mais une célébration d’hommes et de femmes qui, pour certains, ont donné leur vie pour vaincre le fascisme. C’est aussi l’occasion de célébrer les acquis sociaux de la Résistance.
Le 27 mai marque la date de la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR), présidée par Jean Moulin, qui s'est déroulée le 27 mai 1943, rue du Four, à Paris.
Jean Moulin, préfet révoqué par le régime de Vichy, reçut du Général de Gaulle, au début de l'année 1942, la mission de rallier et d'unir les principaux mouvements de résistance afin de créer une véritable armée secrète œuvrant sur le territoire occupé par l'ennemi, sous une même autorité. C’est ainsi que furent réunis, dans un même lieu, au cœur de Paris occupé, les représentants des principaux mouvements de résistance français ainsi que des principaux partis politiques (radicaux, républicains, socialistes, communistes…) et syndicats (CFTC, CGT…) existant avant la guerre. Ensemble, ils allaient œuvrer à coordonner l’action de la Résistance et, dans la perspective de la libération du territoire national, à préparer la refondation de la République.
Le 15 mars 1944, après plusieurs mois de négociations, a été adopté, à l'unanimité, le programme du CNR. Il appelle à l'intensification de la lutte contre l'occupant et ses collaborateurs français, organisant l'insurrection armée, mais il jette également les bases d'une République nouvelle, profondément démocratisée, s'appuyant sur "un ordre social plus juste". La France de 2021 vit encore sur les créations du CNR : en premier lieu le régime général de la Sécurité sociale, les comités d'entreprise qui protège les salariés, la généralisation de l’assurance vieillesse, le statut de la Fonction Publique, le rétablissement de la semaine de 40 heures (passé à 35 heures un demi-siècle plus tard), la suppression de l'abattement de 10 % sur les salaires des femmes (même si l’égalité salariale n’est toujours pas atteinte), 3 semaines de congés payés (passé ensuite à 4 puis à 5)… Rien de tout cela n’existe dans un pays aussi prospère que les États-Unis. Le modèle français n’est pas unique mais n’existe que dans une dizaine de pays dans le monde. Et il convient de le défendre, c’est sur lui que repose le lien social français. Le 27 mai est une journée pour le rappeler à tous les blasés du système et autres gilets jaunes ignorants de ce qu’ils doivent à la Résistance.
28 avril : pèlerinage fasciste à Predappio, petite ville d'Émilie-Romagne
C'est l'anniversaire de l'exécution de Mussolini, en 1945. Les nostalgique affluent en masse chaque année à Predappio, en Émilie-Romagne, devant la maison natale de Mussolini ou dans a crypte où repose le corps du dictateur italien…
C'est l'anniversaire de l'exécution de Mussolini, en 1945. Chaque année, les nostalgiques du fascisme affluent en masse à Predappio, en Émilie-Romagne, devant la maison natale de Mussolini ou dans la crypte où repose le corps du dictateur italien, ouverte exceptionnellement quelques jours par an. Ces deux lieux sont les étapes obligatoires du pèlerinage des néofascistes en chemise noire. Cette année les mesures sanitaires perturbent ces célébrations annuelles de l’extrême droite italienne.
Lorsqu'il a compris qu'il avait perdu la guerre, Benito Mussolini a d'abord tenté de se réfugier en Suisse et de négocier sa reddition, en vain. Le 27 avril 1945, il a été capturé par une unité de partisans communistes à Dongo, près du lac de Côme. Et avec lui, son amante Clara Petacci et d'autres chefs fascistes. Le lendemain, ils ont tous été exécutés dans la ville de Giulino di Mezzegra, sans que l'on sache très clairement qui a donné l'ordre, et les corps ont été transportés par camion à Milan et exposés sur la place de Loreto, soumis à toutes sortes d'outrages et d'humiliations de la part de la foule. Ils ont ensuite été suspendus la tête en bas au chapiteau d'une station-service, à l’endroit même où, quelques mois plus tôt, 15 partisans avaient été pendus.
Quelques jours plus tard, on décide d'enterrer les cadavres dans une tombe anonyme au cimetière Musocco de Milan. Et ils y sont restés jusqu'à ce que dans la nuit du 23 au 24 avril 1946, trois militants néo-fascistes localisent la tombe, volent les dépouilles mortelles et les conservent pendant plusieurs mois, avec le soutien de prêtres catholiques de Milan. Les restes n'ont été retrouvés qu'en août, à Pavie, puis il a été décidé de les cacher dans un lieu inconnu, même de la famille. En fait, dans un couvent des capucins au Cerro Maggiore, à une vingtaine de kilomètres de Milan.
Ils y sont restés onze ans, jusqu'à ce que le Premier ministre chrétien-démocrate Adone Zoli, ayant besoin du vote des élus néo-fascistes du MSI, autorise le transfert des restes de Mussolini dans sa ville natale de Predappio. Cela devait se faire dans la discrétion, mais ce 31 aout 1957, des journalistes et des militants néo-fascistes en chemises noires étaient tout de même présents à la cérémonie funéraire au cours de laquelle il a été inhumé dans une crypte. Les dépouilles mortelles de sa femme Rachele et de leurs quatre enfants y ont inhumées par la suite.
Cette année, l'Association nationale Arditi d'Italie (Anai), un groupuscule de l’ultra droite, organise la commémoration de la mort de Benito Mussolini à Predappio ce dimanche 2 mai à 11 heures. Toutefois, en raison de la réglementation anti Covid, il n’y aura pas de procession de la Piazza Sant'Antonio au cimetière de San Cassiano. Ce pèlerinage fasciste se produit trois fois par an, pour la commémoration de la naissance (29 juillet) et de la mort de Mussolini (28 avril), ainsi que pour l'anniversaire de la Marche sur Rome (28 octobre).
Déplorant que sa ville soit vue comme le symbole de la nostalgie fasciste, le précédent maire de la ville, un élu de gauche, a lancé la construction d’un musée dans sa commune pour montrer aux visiteurs le vrai visage du fascisme pour ne pas laisser le terrain aux nostalgiques du régime. Ce musée du fascisme sera le premier du genre en Italie. Le lieu choisi est on ne peut plus symbolique : un grand bâtiment de 2000 m² qui abritait le siège du parti de Benito Mussolini à Predappio. Une ville nouvelle édifiée sur ordre du dictateur dans les années 1920, autour de sa maison natale. Cependant, le nouveau maire, divers droite, élu en 2019, fait traîner le projet.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 avril 2021
25 novembre : à Sarajevo, la fête sans les Serbes
La fête nationale de la Bosnie-Herzégovine (Dan državnosti) n’est célébrée que dans une partie du pays. Les Serbes en rejettent le symbole et préfèrent fêter le 9 janvier.
La fête nationale de la Bosnie-Herzégovine (Dan državnosti Bosne i Hercegovine) n’est célébrée que dans une partie du pays. Les Serbes en rejettent le symbole et préfèrent fêter leur 9 janvier. Ils font notamment remarquer que le 25 novembre 1943 fait référence à un pays, la Yougoslavie, qui n'existe plus.
Pourtant, et si justement la Bosnie-Herzégovine était la seule héritière de la défunte Yougoslavie ? Ce jour-là, le 9 novembre 1943, des résistants à l’occupation allemande se réunissaient à Mrkonjic Grad pour jeter les bases d’un futur État. Ils étaient Serbes, Croates, Musulmans… et avant tout, communistes : la future république Bosnie-Herzégovine sera pluri-communautaire. Ces résistants formaient le Conseil antifasciste d'État pour la libération nationale de la Bosnie-Herzégovine (Zemaljsko antifašističko vijeće narodnog oslobođenja Bosne i Hercegovine , ZAVNOBiH ) s’est imposé comme autorité suprême du futur État fédéré.
Le ZAVNOBiH décidait ceci :
Égalité entre Serbes, Musulmans et Croates de Bosnie-Herzégovine, leur patrie commune et indivisible;
Liberté de religion et de conscience et égalité de toutes les religions;
Liberté de réunion et d’accord, association et presse;
La sécurité des personnes et des biens des citoyens, ainsi que la liberté d'initiative privée dans la vie économique;
L'égalité entre les femmes et les hommes, tant dans la vie politique du pays que dans tous les domaines de l'activité sociale;
Loi électorale dans une Bosnie-Herzégovine démocratique, les électeurs se feront au scrutin secret sur la base du suffrage universel, égal et direct.
Le suffrage actif et passif concerne tous les citoyens, hommes et femmes, âgés de plus de 18 ans et qui ne sont pas privés de ce droit en vertu de la loi.
Les combattants de l’Armée de libération nationale et des partisans yougoslaves ont ce droit, quel que soit leur âge;
Chaque citoyen se voit garantir le droit de faire appel de la décision des autorités, ainsi que le droit de pétition et de plainte auprès de tous les organes du pouvoir de l'État;
Nul ne peut être condamné sans procédure judiciaire.
Certaines résolutions ne seront pas totalement appliquées par la Yougoslavie communiste mais ce jour-là naissait une entité politique qui deviendra en 1992, un État indépendant. Une indépendance reconnue par la communauté internationale (et fêtée chaque 1er mars), mais acquise suite à un référendum boycotté par un tiers de la population, la communauté serbe.
C’est cette même communauté serbe, aujourd’hui en grande partie repliée dans la Republika Srpska qui refuse de célébrer cette fête. En 2015, la Cour constitutionnelle de Sarajevo a déclaré anticonstitutionnel le choix du 9 janvier pour la Fête nationale de la Republika Srpska. Cette date marque la proclamation, le 9 janvier 1992, d’une « République du peuple serbe » trois mois avant la guerre de Bosnie (1992-1995) qui fit plus de 100 000 morts.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 novembre 2020
27 mai : journée de la Résistance en France, mémoire du CNR et de son programme
À l'initiative de François Hollande, la France fête depuis 2013 la Journée nationale de la résistance. Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance, autour de Jean Moulin.
À l'initiative de François Hollande, la France fête depuis 2013 la Journée nationale de la résistance. Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance (CNR), autour de Jean Moulin.
Créé en 1943, le CNR était l'organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes tendances politiques comprises.
Réuni pour la première fois le 27 mai 1943 au 48 rue du Four dans le 6e arrondissement de Paris, le Conseil national de la Résistance regroupe représentants des mouvements de Résistance (Libération-nord et sud, Combat, Franc-tireur, OCM, Front national, Ceux de la Libération et Ceux de la Résistance) des partis politiques (PCF, SFIO, Parti radical-socialiste, Parti démocrate Populaire, Fédération républicaine, Alliance démocratique) et des confédérations syndicales (CGT et CFTC). Présidé par Jean Moulin, il adopte, après débat, une motion de soutien au général de Gaulle « qui fut l'âme de la Résistance aux jours les plus sombres et qui n'a cessé depuis le 18 juin 1940 de préparer en pleine lucidité et en pleine indépendance la renaissance de la Patrie détruite comme des libertés républicaines déchirées ».
Ces dernières années, il était de bon ton dans les milieux de la droite française de vouloir liquider l’héritage du CNR en matière de gestion du pays (sécurité sociale, régime de retraite, droit du travail…). À l’heure de la « guerre » contre la Covid-19, cette démarche semble pour le moins incongrue.
Le "modèle social français" est en effet issu d'un texte, présenté par le Conseil national de la Résistance (CNR), d'une douzaine de pages, vieux de plus de 75 ans, à la diffusion clandestine et au titre improbable, "Les jours heureux". Le CNR est à l'origine de la création de l'ENA (octobre 1945), des premières ordonnances sur la Sécurité Sociale (octobre 1945), de la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques de crédit (décembre 1945), de la nationalisation du gaz et de l'électricité et des grandes compagnies d'assurances (avril 1946), de la loi sur les Comités d'entreprise, de la création des Charbonnages de France et nationalisation de toutes les Houillères (mai 1946), de la loi sur les prestations familiales (août 1946), sur les assurances vieillesse (septembre 1946), sur le statut de la Fonction Publique (octobre 1946). Le projet a lancé le rétablissement de la semaine de 40 heures, la suppression de l'abattement de 10% sur les salaires des femmes - mais le droit de vote et d'éligibilité des femmes, effectif pourtant en 1945, n'était pas prévu dans le programme du CNR -, une augmentation de 130% des retraites, 3 semaines de congés payés pour les jeunes travailleurs. Des syndicats indépendants sont reconstitués… Le patronat est mécontent mais, discrédité pour avoir largement collaboré pendant l'Occupation avec les Allemands, il n'a pas eu les moyens de s'y opposer. Depuis une trentaine d’années, les tentatives de le liquider se sont multipliées.
Denis Kessler, le vice-président du MEDEF, né en 1952, proposait en 2007, de liquider tous ces acquis. « La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Affirmait-il dans un éditorial publié dans Chalenges le 4 octobre 2007.
Sources : fondationresistance.org, L’Express, Médiapart…
22 février : manifestation néo-nazie en Bulgarie
Ce soir, comme chaque année, une marche au flambeau rassemble dans les rues de Sofia, la fine fleur de mouvance néo-nazie européenne. La « Marche de Loukov » est organisée pour commémorer le décès d’un général nazi, le bulgare Christo Loukov, en 1943.
Ce soir, comme chaque année à la mi-février, une marche au flambeau rassemble dans les rues de Sofia, la fine fleur de la mouvance néo-nazie européenne. La « Marche de Loukov » (Луков марш) est organisée par l'Union nationale bulgare (BNS) pour commémorer le décès de Christo Loukov, un ministre de la Défense des années 1930, pro nazi, mort assassiné par un groupe communiste le 13 février 1943. Loukov dirigeait l'Union des légions nationales bulgares, une organisation fasciste et antisémite. Son successeur idéologique, le BNS, est accusé d’avoir adopté une idéologie similaire.
Cette marche a été organisée très officiellement de 2003 à 2014 (le samedi le plus proche du 13 février), puis a été interdite par la municipalité de Sofia à la demande de Moscou. Néanmoins les autorités n’ont pas pu empêcher le défilé de centaines d’irréductibles bravant l’interdiction. Le 25 juillet 2019, le tribunal administratif a finalement annulé l'interdiction prononcée par le maire de Sofia, affirmant que celle-ci violait les droits constitutionnels des organisateurs… Cette sinistre manifestation aura donc bien lieu en 2020.
La Marche de Loukov est devenue au fil des années l’un des rendez-vous européens de la droite extrême. On peut y croiser des Allemands des organisations Die Rechte et Junge Nationalisten, des membres du groupe français la Jeune Nation (qui rend aujourd’hui hommage à Loukov sur la page d’accueil de son site internet) ou des partisans suédois du Mouvement de résistance nordique…
En 2018, le Congrès juif mondial, avait déposé une requête, signée par plus de 175 000 personnes auprès du Premier ministre bulgare Bokyo Borissov, pour protester contre une parade organisée par les néo-nazis célébrant un dirigeant de la Seconde Guerre mondiale, proche du Troisième Reich. Très peu de juifs vivent aujourd’hui en Bulgarie où l’antisémitisme est toujours présent. Fin janvier 2019, une synagogue de Sofia a encore été saccagée.
Les autorités bulgares n’ont pas dit leurs derniers mots. Le procureur général de Bulgarie, Ivan Geshev, a ordonné une enquête sur la légalité ou non de l’association néonazie Union nationale bulgare - Edelweiss, organisatrice de la marche annuelle de Loukov (Lukov Marsh)… à suivre.
Mise à jour 2023 : La Cour administrative suprême confirmant l'interdiction du maire de Sofia, Yordanka Fandukova, avait entraîné l'annulation de la procession aux flambeaux du 22 février 2020, mais la manifestation néonazi s’est poursuivie d’une autre manière, les années suivantes dans une ambiance de grandes tensions entre manifestants anti-nazis, forces de polices déployées dans Sofia et militants bulgares pronazis. Voilà qu’en 2023, pour le 80e anniversaire de l’élimination du leader nazi bulgare et pour le 20e anniversaire de la première Lukov Marsh, on annonce une nouvelle édition de la funeste marche pour le 25 février 2023 à 17h30. L’interdiction de cette manifestation est à nouveau demandée par toutes les forces politiques démocrates… à suivre
Le site internet des oraganisateurs : lukovmarsh-info
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde