L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
20 octobre : la démocratie perdue du Guatemala
Le Guatemala célèbre aujourd’hui les 80 ans de sa révolution démocratique. Mais la démocratie ne dura que 10 ans. En 1954, Les États-Unis renversèrent le président élu démocratiquement pour le remplacer par une junte militaire. Il avait eu le tort de s’attaquer aux intérêts commerciaux américains…
Le Guatemala célèbre aujourd’hui sa révolution de 1944 qui a mis fin à une dictature. Mais la démocratie ne dura que 10 ans. En 1954, Les États-Unis renversèrent un président élu démocratiquement par une junte militaire. Il avait eu le tort de s’attaquer aux intérêts commerciaux américains.
La Révolution guatémaltèque de 1944 , également appelée Révolution d’octobre ou du 20 octobre, est un mouvement civilo-militaire qui s’est déclenché au Guatemala le 20 octobre 1944, mené par des militaires, des étudiants et des travailleurs, qui ont renversé le gouvernement de facto du général Federico Ponce Valdes. Cela a donné lieu aux premières élections libres dans ce pays et inauguré une période de dix ans de modernisation de l'État au profit des majorités de la classe ouvrière. L'historiographie qualifie cette période des « dix années de printemps » et parle d’un « âge d'or » au Guatemala. En 1945, Juan José Arévalo, président nouvellement élu, lancera une politique sociale ambitieuse visant à réformer le Code du travail en instaurant le droit de grève et accordant des droits aux indigènes. En 1954, son successeur, Jacobo Árbenz Guzmán, instaurera une taxe sur les exportations et mène une réforme agraire qui contraint la United Fruit Company (entreprise bananière américaine) à céder ses terres en friche. C’est ce qui signera sa perte. Un coup d’État organisé par la CIA reverse Árbenz et met en place une junte militaire. Le Guatemala vira ensuite 25 ans de guerre civile et de répression qui feront 200 000 morts.
Le 20 octobre est aujourd’hui une fête nationale dans ce pays d'Amérique centrale, commémoré comme le Jour de la révolution de 1944 (Día de la Revolución de 1944).
Cette année pour le 80e anniversaire de la Révolution, le gouvernement du Guatemala a organisé une série d'activités gratuites tout au long du mois d'octobre, parmi lesquelles une promenade nocturne (à partir de 18h) à travers les points emblématiques du centre historique et du centre civique, dont les façades seront éclairées par des projections cartographiques. Ce dimanche 20 octobre, un concert est donné devant le Palais national de la culture, auquel participeront l'orchestre symphonique et l'orchestre Marcial. Grâce au site Revolución Viva, le ministère de la Culture et des Sports (MCD) a programmé une série d'événements qui auront lieu jusqu’au 31 octobre.
Le jour férié tombant le dimanche, la journée de lundi 21 octobre a aussi été déclarée fériée et chômée.
Après des mois d'incertitude et des tensions politiques, l’entrée en fonction, le 15 janvier 2024, de Bernardo Arévalo, un président de la République élu avec plus de 60% des suffrages une ère nouvelle au Guatemala. Bien qu’assez conservateur, sur le plan sociétal, et libéral en matière économique, Bernardo Arévalo se dit social-démocrate. Il moins marqué à droite ou à l’extrême droite que ses prédécesseurs et s’applique à rétablir l’État de droit et les libertés publiques bien malmenés dans ce pays depuis 80 ans et de lutter contre une corruption endémique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 octobre 2024
29 septembre : la mémoire de Marzabotto
L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 80 ans, plus de 800 villageois de la localité de Marzabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…
L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 80 ans, du 29 septembre au 3 octobre 1944, plus de 800 villageois de la localité de Marzabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et des fascistes italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…
Triste épilogue :
Le chef du commando SS, l’Autrichien Walter Reder réussit à se réfugier en Bavière et fut arrêté par les Américains et extradé en 1948 en Italie sous l’accusation de crimes de guerre. Jugé en 1951, il fut condamné à la perpétuité par le Tribunal de Bologne, peine à accomplir au pénitencier de Gaeta. Le gouvernement autrichien réussit toutefois à obtenir la libération du criminel de guerre le 24 janvier 1985. Reder fut remis en liberté grâce à une lettre envoyée aux habitants de Marzabotto en décembre 1984 dans laquelle il exprimait un profond repentir et le regret de son geste. Immédiatement transféré à Vienne, il fut accueilli avec les honneurs militaires et fut par le ministre de la Défense autrichien de l’époque ce qui provoquera un scandale international. D’autant plus que Reder reviendra aussitôt sur les excuses adressées au peuple italien qu’il n’avait prononcées – selon ses propres dires – que par opportunisme politique ! Il est mort à Vienne en 1991.
Une cérémonie a eu lieu dimanche 29 septembre 2024 pour les 80 ans du crime de guerre, le président italien Sergio Mattarella et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier se sont rendus ensemble sur le site du massacre pour une cérémonie commémorative. Le président autrichien n’a pas fait le déplacement. Le fait est que l’Autriche n’a pas fait la même démarche instroptectives à l’égard de son passé nazi. Le même jour à Marzabotto, le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne, a dirigé une messe commémorative dans l'église de Marzabotto, dont la crypte abrite les corps des civils tués il y a 80 ans.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er octobre 2024
23 août : hommage aux tirailleurs sénégalais
Le 23 août 1944, un régiment de tirailleurs sénégalais entrait dans Toulon pour libérer la ville. Rien d’étonnant, puisque les soldats originaires des colonies françaises représentaient la moitié des effectifs des forces françaises qui ont participé à la libération de la France… Cette date est, aujourd’hui, commémorée au Sénégal.
ll y a 80 ans, le 23 août 1944, un régiment de tirailleurs sénégalais entrait dans Toulon pour libérer la ville. Rien d’étonnant, puisque les soldats originaires des colonies françaises représentaient la moitié des effectifs des forces françaises qui ont participé à la libération de la France. Sur 200 000 Africains engagés, 40 000 y ont laissé leur vie (contre 130 000 et 30 000 lors de la Première Guerre mondiale).
C’est la date qui a été choisie, en 2004, par Dakar pour célébrer une Journée internationale des tirailleurs « sénégalais », (journée dont l’après-midi est chômée au Sénégal), internationale parce que les tirailleurs étaient originaires de tout le continent pas seulement du Sénégal. Tous ont été confrontés au même problème de la reconnaissance de la France pour l’effort accompli et au caractère scandaleusement dérisoire de leur indemnisation financière.
D’ailleurs, le Sénégal associe à cette commémoration, celle du massacre de Thiaroye, le 1er décembre 1944. Parce qu’ils réclamaient leur solde un peu bruyamment, l’armée française a fait tirer dans la foule des tirailleurs mécontents : 35 morts, officiellement. Beaucoup plus d’après de nombreux témoignages.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 août 2024
17 juin : fête nationale de l'Islande
La république d’Islande célèbre aujourd’hui ses 80 ans. Un pique-nique géant est organisé sur le site de Thingvellir, là où fut fondé au Xe siècle le premier parlement islandais, et où fut proclamé l’indépendance, le 17 juin 1944… C’est la fête nationale islandaise.
Aujourd’hui, un pique-nique géant est organisé sur le site de Thingvellir, là où fut fondé au Xe siècle le premier parlement islandais, et où fut proclamé l’indépendance, le 17 juin 1944. Le jour choisi est l’anniversaire de la naissance, en 1811, de Jón Sigurdsson, le chef du mouvement indépendantiste et pacifiste islandais du XIXe siècle. Il y a 80 ans, l’Islande devenait une république indépendante. Jusque-là, l’île appartenait au royaume du Danemark qui dominait le pays depuis 1380.
La fête nationale de l’Islande (Þjóðhátíðardagurinn) débute le matin par une cérémonie patriotique est à Reykjavik, comprenant notamment un défilé dirigé par les cavaliers à cheval, suivis par la fanfare et les porte-drapeaux du mouvement scout. Le défilé part d'Austurvöllur pour rejoindre le cimetière de Suðurgata, où Þórdís Lóa Þórhallsdóttir, président du conseil municipal, déposera une couronne de fleurs au nom des habitants de Reykjavík sur les tombes de Jón Sigurðsson et de son épouse Ingibjörg Einarsdóttir.
Après le défilé, des discours sont prononcés en plein air, dont celui de Fjallkonan (la femme de la montagne), vêtue de Skautbúningur, qui récite un poème. Elle exprime l'esprit combatif de la nation islandaise et la dureté de la nature islandaise. Un rappel d’esprit romantique qui régnait lorsque furent faits les premiers pas vers l’indépendance.
Ensuite la fête se pousuit dans tout le pays jusque tard dans la nuit, laquelle est extrêmement courte à cette période de l’année. L’ambiance de fête foraine qui prévaut l’après-midi, avec musique et barbe à papa, se mue peu à peu en beuverie au cours de la soirée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 juin 2024
3 mai : la journée du panturquisme, vitrine du nationalisme turc le plus controversé
Chaque 3 mai, tout ce que la Turquie compte de militants de l’extrême droite nationaliste célèbre la Journée du turquisme. Le 3-Mai est aussi célébré, de manière plus folklorique, dans certains cercles politiques et culturels des Balkans à l’Asie centrale, en passant par le Caucase.
Cette manifestation annuelle rassemble toute l’extrême droite nationaliste turque, notamment les membres des milices fascistes et racistes que sont les Loups gris.
L'idéologie du panturquisme a commencé à émerger dans la seconde moitié du XIXe siècle parmi les intellectuels turcs de l'Empire ottoman et de l'Azerbaïdjan, ce dernier faisant alors partie de l'Empire russe. L'un des éminents idéologues du panturquisme de la première moitié du XXe siècle était l'auteur utra-nationaliste turc Hüseyin Nihal Atsiz, un admirateur du nazisme. Ce dernier critiquant la politique étrangère de la Turquie, notamment ses relations avec l’URSS, a fini par accuser directement certains membres du gouvernement turc de travailler pour Moscou. Le romancier Sabahattin Ali, qu'Atsız accuse de trahison, a porté plainte contre lui. Lui-même, Nihal Atsız et quelques autres militants nationalistes comme Zeki Velidi Togan, Nejdet Sançar et Reha Oğuz, ont été arrêtés et incarcéré à la prison militaire de Tophane (Istanbul). Lors de la deuxième séance du tribunal chargé de les juger, le 3 mai 1944, un groupe de nationaliste est venu manifester devant le tribunal pour les soutenir. L’année suivante, le 3 mai, Atsiz et d'autres nationalistes qui étaient toujours détenus dans une prison militaire ont célébré l'anniversaire de cette manifestation et l’habitude fut conservée, à tel point que le 3 mai a été déclaré Journée du turquisme (Türkçülük Günü).
Ce courant de pensée est représenté au parlement par Le Parti d’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi ou MHP), ainsi que le Bon Parti (İyi Parti). Deux formations qui représentent chacune environ 10% de l’électorat. La journée du 3-Mai est aussi célébrée par certains courants de l’AKP (le parti islamiste au pouvoir) et, bien sûr, les membres des Foyer turcs (Türk Ocakları).
Le turquisme est l'un des courants de pensée qui a émergé au dernier siècle de l'Empire ottoman et a constitué l'une des philosophies fondatrices de la République de Turquie. Certes Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie, avait dit un jour « Le père de mon corps est Ali Rıza Efendi, le père de mes sentiments est Namık Kemal, le père de mes idées est Ziya Gökalp ». Ce dernier, Ziya Gökalp, est un des principaux promoteurs du pantouranisme, visant à rassembler tous les peuples de culture turque des Balkans à la Chine. Mais sa vision était avant tout culturelle et non raciste comme c’est de cas, pour l’essentiel de la mouvance nationaliste turque du XXIe siècle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mai 2024
25 août : Paris commémore sa libération
Le 25 août 1944 la capitale est enfin libre au terme d'une semaine folle ou le peuple de Paris s'est battu dans les rues et sur les barricades. Les troupes françaises et les alliés américains foulent le bitume parisien le 24 août 1944. Cette année, un hommage particulier est rendu aux républicains espagnols qui ont participé à la libération de la capitale française.
Du 19 au 25 août 1944, l’action conjuguée des résistants, des soldats du général Leclerc et de la 2e division blindée, alliée à la mobilisation des habitants, va donner lieu à l’une des pages les plus marquantes de l'histoire de Paris.
Le 25 août 1944, la capitale est enfin libre au terme d'une semaine folle ou le peuple de Paris s'est battu dans les rues et sur les barricades. Les troupes françaises et les alliés américains foulent le bitume parisien le 24 août 1944.
La libération a commencé quelques jours avant et les villes autour de Paris ne sont pas en reste.
Hier, jeudi 24 août, la mairie de Paris a rendu hommage à la compagnie "Nueve" : des soldats républicains espagnols qui ont participé à la libération de Paris. Cette cérémonie a eu lieu dans le 4e arrondissement, en présence d’Anne Hidalgo, Maire de Paris et d’une délégation espagnole menée par le ministre Félix Bolaños.
Ce vendredi 25 août, on peut assister aux traditionnelles cérémonies dans divers lieux à Paris.
10h : cérémonie devant l'Arbre de la Liberté sur la place Stalingrad dans le XIXe arrondissement
10h30 : cérémonie organisée à la gare de l'Est par la SNCF (dépôt de gerbes) devant la plaque rendant hommage aux déportés
11h30 : cérémonie de dévoilement de la plaque rappelant que fut imprimée clandestinement la première édition du Silence de la mer au 88 boulevard de l'Hôpital dans le XIIIe
14h30 : cérémonie commémorative de la reddition des troupes allemandes au général Leclerc sur la place du 18 juin 1940 dans le XVe arrondissement
15h30 : hommage au Général Leclerc et aux combattants de la 2e Division blindée, honneurs militaires et dépôt de gerbes au pied de la statue du général Leclerc de Hauteclocque à la porte d'Orléans dans le XIVe arrondissement
17h45 : prise d'armes, lecture du In Memoriam, évocation historique et musicale sur le thème de "Dans la nuit, la Liberté - L’année 1943" sur le parvis de l'Hôtel de Ville
9 juin : la mémoire des pendus de Tulle
Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 d’entre eux ne reviendront pas.
Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 ne reviendront pas. Le lendemain, 10 juin, aura lieu le massacre d'Oradour qui a plus profondément encore marqué les mémoires.
Ce massacre a été ordonné par le général SS Heinz Lammerding. En 1953, celui-ci sera condamné à mort par contumace, en France, mais l'Allemagne de l'Ouest ne l'extradera jamais ni ne le jugera. Outre le massacre de Tulle, celui-ci est aussi responsable de ceux d'Oradour-sur-Glane et d’Argenton-sur-Creuse en 1944. Il est mort en 1971 à Bad Tölz, haut lieu de la culture SS, en 1971. Ses funérailles ont rassemblé plusieurs centaines d'anciens officiers nazis. Il dirigeait la division Das Reich qui avait œuvré sauvagement dans les Balkans et sur le Front de l’Est. Heinz Lammerding avait pour mission de réduire les maquis de Corrèze alors que le débarquement allié en Normandie venait juste d’avoir lieu. En fait de combattants, ses victimes ont principalement été des populations civiles.
Des tresses de fleurs sont accrochées aux balcons et aux réverbères, là où les victimes ont été suppliciées. Dans l'après-midi, comme chaque année depuis 1988, François Hollande qui a été maire de Tulle, prend part aux commémorations.
Les cérémonies d'hommage, initialement limitées au 9 juin s’étendent sur trois jours : le 7 juin, dépôt de gerbes près de la gare où furent assassinés les gardes-voies et au cimetière de Puy-Saint-Clair, où sont enterrés les maquisards tombés lors de la tentative de libération de la ville ; le 8, hommage aux membres du personnel de l'usine de la Marque victime des Allemands ; enfin, le 9 une marche silencieuse qui relie le quartier de Souilhac au monument de Cueille.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
18 mai : la déportation des Tatars de Crimée
Cette journée commémore la déportation des Tatars de Crimée, le 18 mai 1944 sur ordre de Staline. Aujourd’hui, des Tatars de Crimée militent pour que ce drame, connu sous le nom de Sürgünlik, soit reconnu comme un génocide.
Cette journée commémore la déportation des Tatars de Crimée, le 18 mai 1944, sur ordre de Staline. Le transfert de population et leur accueil furent tellement mal organisés que la moitié des déportés sont morts pendant le trajet ou au cours des mois qui suivirent. Aujourd’hui, des Tatars de Crimée militent pour que ce drame, dénommé Sürgünlik, soit reconnu comme un génocide. Aujourd’hui, toute commémoration est interdite. Leur menace sur l’avenir de la Crimée demeure pourtant très limitée. En fait, très peu ont eu la possibilité de revenir dans cette péninsule aujourd'hui totalement dominée par les Russes. Les Tatars ne représentent plus aujourd'hui que 12% de la population de la Crimée.
Occupant la région pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont tenté d’embrigader les Tatars contre les troupes soviétiques. Une petite minorité s’est laissé convaincre. Au début du mois d’avril 1944, l’entrée en Crimée de l’Armée rouge est aussitôt suivie une chasse aux « traîtres à la patrie ». C’est ainsi que les Tatars ont été frappés par une punition collective qui a consisté en une déportation massive vers l’Asie Centrale (principalement l’Ouzbékistan) ou la Sibérie. En deux jours du 18 au 20 mai 1944 environ 180 000 Tatars ont été déportés. La république soviétique de Crimée, créée en 1921, a été supprimée en 1945. Neuf ans plus tard, la péninsule est rattachée à l’Ukraine. Khrouchtchev, un Ukrainien, est alors à la tête de l’URSS. Les traces de l'ancienne présence tatare ont alors quasiment disparu. En 1967, un décret annule les accusations de collaboration avec les nazis, portées contre les Tatars de Crimée, mais seule une toute petite minorité d’en eux sera autorisée à revenir. La majorité devra attendre la perestroïka et surtout le démantèlement de l'Union soviétique en 1991. Quelque 250 000 Tatars sont retournés en Crimée, luttant pour rétablir leurs vies et leurs droits culturels dans une Ukraine qui elle-même devient indépendante et se soucie peu de leur sort. En 2014, la Russie confisque la région à l’Ukraine en s’appuyant sur un référendum truqué dans la plus pure tradition soviétique. Vladimir Poutine tente d’amadouer les Tatars avec des mesures valorisant leurs langues et leurs coutumes. Ceux-ci demeurent des citoyens de seconde zone dans un territoire sous contrôle russe où la démocratie est absente. En 2017, la Cour internationale de justice condamne la Russie pour avoir violé les droits politiques et culturels de Tatars.
En 1944, les déportations soviétiques ont aussi touché les Allemands, les Karatchaïs, les Kalmouks, les Tchétchènes et les Ingouches, les Balkars et d’autres minorités criméennes (Bulgares, Grecs et Arméniens) ou caucasiennes (Meskhètes, Kurde et Khemchine), tous déplacés de force en Sibérie ou en Asie centrale. Les Tatars de Crimée ont aussi été victimes des visées géopolitiques russes sur la péninsule de Crimée. Celles-ci aboutiront à l’annexion de la Crimée par Poutine en 2014 presque 70 ans jour pour jour après le nettoyage ethnique opéré par Staline.
À l'occasion du 79e anniversaire de l'exil et du génocide des Tatars de Crimée, le siège de l'Association de Crimée en Turquie a organisé un programme de commémoration et une cérémonie de prière à la mosquée Hacı Bayram-ı Veli, à Ankara, après la prière du soir du 17 mai 2023. Le programme de prière a été diffusé en direct sur la page Facebook de Crimea News Agency. Le 18 mai, les cérémonies commencent à 15h.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
16 avril : la Hongrie commémore la Shoah
Chaque année, le 16 avril, depuis 2001, la Hongrie commémore l’extermination de sa communauté juive. La date fait référence au 16 avril 1944 quand les juifs de Rhuténie (ou Subcarpathie) ont été raflés et enfermés dans des ghettos puis déportés dans les camps d'extermination.
Chaque année, le 16 avril, depuis 2001, la Hongrie commémore l’extermination de sa communauté juive. La date fait référence au 16 avril 1944 quand les juifs de Rhuténie (ou Subcarpathie) ont été raflés et enfermés dans des ghettos puis déportés dans les camps d'extermination.
Dans les années 1930, les dirigeants hongrois ont choisi de s'aligner sur les gouvernements fascistes d'Italie et d'Allemagne. Ainsi, à partir de 1938, le régent hongrois Miklós Horthy a adopté une série de mesures anti-juives inspirés des lois allemandes de Nuremberg. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Hongrois juifs ont été utilisés comme travailleurs forcés pour nettoyer les champs de mines, construire des aéroports et réparer les chemins de fer bombardés. Horthy, cependant, a refusé la déportation des Hongrois juifs vers les camps d'extermination. La situation a changé à partir du 19 mars 1944, lorsque les troupes allemandes ont occupé la Hongrie en réponse aux contacts de Horthy avec les Alliés dans l'espoir de négocier une reddition.
Dès les premiers jours de l’occupation allemande, 437 000 juifs hongrois ont été enfermés dans quelque 70 ghettos. Le ministère de l'Intérieur du gouvernement hongrois contrôlé par les nazis a ensuite ordonné leur déportation vers des camps d'extermination. Le 16 avril 1944, la déportation des juifs de Ruthénie a commencé (aujourd'hui en Ukraine, la Ruthénie a été occupée par la Hongrie de 1939 à 1944). Ce n’est que quand des informations sur les horreurs d’Auschwitz sont arrivées que Horthy a arrêté les expulsions, début juillet 1944. Après la chute d’Horthy, en octobre, quelque 50 000 juifs de Budapest ont encore été déportés en novembre et décembre 1944. Le ghetto de la capitale ne sera libéré qu’en janvier 1945. On estime que 70 % des juifs hongrois n'ont pas survécu à la Shoah.
La Journée du souvenir de l'Holocauste (A holokauszt áldozatainak emléknapja ) a été instituée par le gouvernement hongrois en 2000 et a été célébrée pour la première fois le 16 avril 2001. Les commémorations se déroulent principalement dans les lycées.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
17 mars : un nouveau jour férié letton pour célébrer la résistance aux nazis et à l’URSS
En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement en Lettonie. Elle fait référence à résistance aux deux ennemis mortels des années 1944-1945, les nazis et les Soviétiques. La création de cette journée a pour but de désactiver une célébration néonazie qui se déroule chaque 16 mars dans les rues de Riga.
En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale (Nacionālās pretošanās kustības piemiņas diena) fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement. Elle a été créée en juin 2021, à l'initiative du président Egils Levits et sur décision de la Saeima (le parlement). Plusieurs dates auraient été possibles, le 17 mars a été choisi pour couper l’herbe sous les pieds de l’extrême droite lettone qui avait pris l’habitude chaque 16 mars de faire défiler d’anciens SS lettons ayant combattu dans l’armée allemande contre l’Armée rouge. Ce défilé qui attirait tous les néonazis de la région était du plus mauvais effet pour l’image de la Lettonie, d’autant que ce défilé provoquait aussi la réaction, parfois violente, de nombreux militants pro-kremlin vivant en Lettonie.
En choisissant la date du 17 mars, les autorités lettones honorent les élites lettones réagissant à la fois à l’occupation allemande – laquelle avait débuté en juin 1941 et s’était totalement terminée le 8 mai 1945 seulement, pour les derniers territoires libérés – mais aussi soviétique, car début 1944, l’URSS reprenait l’offensive contre l’Allemagne et menaçait de reprendre le contrôle total de la Lettonie.
Le 17 mars 1944, le Conseil central de Lettonie (LCP) dirigé par le professeur Konstantīns Čakste (fils du premier président de Lettonie, Jānis Čakste), a conclu la collecte de 188 signatures de personnalités lettones pour un mémorandum réclamant la restauration effective de l'indépendance de l'État letton. Les élites lettones demandaient la restauration de la république de Lettonie telle qu’elle avait existé de 1920 à 1940. Le 14 juin 1940, l’Armée rouge avait envahi la Lettonie, un an plus tard l’URSS était remplacée par l’Allemagne nazie comme puissance occupante. Au printemps 1944, la Lettonie était prise entre deux feux.
Le LCP (Latvijas Centrālā padome) avait été fondé clandestinement, sous l'occupation allemande, le 13 août 1943, par les représentants des quatre plus grands partis composant l’ancien Parlement de la République de Lettonie (la Saeima), le Parti ouvrier social-démocrate letton, l’Union des agriculteurs lettons, le Centre démocratique et le Parti des agriculteurs chrétiens de Latgale. L’ancien président de la Saeima (Paula Kalniņa) et l'évêque Jázeps Rancāns y participait. Le LCP était la plus importante organisation de résistance.
Son objectif est la restauration de l'indépendance du pays sur la base de la Constitution de 1922. Le LCP, qui se considérait comme le centre et le coordinateur du mouvement de résistance en Lettonie, avait déclaré une lutte contre les deux puissances d'occupation - les Soviétiques et les nazis - dans sa plate-forme politique. Le mémorandum du 17 mars a été signé par 188 éminentes personnalités politiques, sociales, scientifiques et culturels lettons, représentants de l'intelligentsia.
Au printemps 1944, les forces de sécurité allemandes ont lancé une sévère répression contre le LCP. En avril, K. Čakste a été arrêté puis envoyé au camp de concentration de Stutthof (en Alsace), où il est décédé le 22 février 1945. Après que Riga soit repassée sous occupation soviétique, en octobre 1944, LCP a opéré à partir de Kurzeme, avant que certains de ses membres se soient réfugiés en Suède.
En effet, en 1944 et 1945, l'une des activités importantes du LCP a été d'aider des réfugiés à quitter la Lettonie pour la Suède. Le LCP a organisé une « action de bateau » qui a aidé environ 5 000 personnes à échapper à l'occupation soviétique. La commission militaire LCP sous la direction du général Jānis Kurelis et du capitaine Kristaps Upelnieks était active. Le LCP a misé sur les possibilités de reconquérir le statut d'État indépendant au moment de la vacance du pouvoir d'occupation, quand les forces allemandes quitteraient le pays, et avant que régime soviétique ne réoccupe le territoire de la Lettonie, avec l’espoir d’un soutien des alliés occidentaux qui étaient en train de gagner la guerre mondiale. Mais, afin de ménager Moscou, ce soutien n’est jamais venu.
Certains partisans du LCP ont pris le maquis dans les forêts du pays et se sont battus pendant plusieurs années. En 1949 (à nouveau un 17 mars), 24 partisans, réfugiés dans un bunker, livrèrent leur dernière bataille contre 760 hommes de la Tcheka (la police politique russe). 15 partisans sont morts, neuf ont été capturés. Cette ultime bataille, désespérée, fait de la date du 17 mars un double symbole d’une résistance à la fois politique et militaire contre les deux ennemis mortels de l’époque, les nazis et les Soviétiques.
En 2023, alors qu’une guerre déclenchée par Moscou, se déroule non loin des frontières de la Lettonie, un pays où vit une très importante communiste russe, ce genre de commémoration prend une dimension particulière. Le souci du gouvernement letton est que cette commémoration soit celle de tout le pays et non celle de l’extrême droite et des courants les plus nationalistes comme c’est le cas du défilé du 16 mars dans les rues de Riga.
Ce vendredi 17 mars à 17h00, un événement solennel dédié à la mémoire du Mouvement de la Résistance nationale se tient sur la place Brivibas, à Riga.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
22 décembre : l’anniversaire de l’armée populaire du Vietnam
C’est dans un Vietnam occupé à la fois par les Français et les Japonais, le 22 décembre 1944, qu’une première brigade armée du Việt Minh a été créée. Cet anniversaire est aujourd’hui célébré comme la Journée de La Défense nationale du Vietnam.
Dans un Vietnam occupé à la fois par les Français et les Japonais, le Việt Minh, un front de résistance vietnamien formé autour du Parti communiste, tente d’obtenir l’indépendance du pays. En septembre 1944, la décision est prise de lancer la lutte armée et Hô Chi Minh, un des dirigeants du PC, demande à Vo Nguyen Giap de former des brigades de propagande armée. La première brigade, forte de 34 hommes sommairement armés, est créée le 22 décembre 1944, dans la forêt du district de Nguyen Binh, province de Cao Bang. Ainsi est née l'Armée populaire vietnamienne (APV) dont on fête aujourd’hui le 78e anniversaire. C’est la Journée de l'Armée populaire (ngày quân đội nhân dân).
Le slogan de l'APV, inscrit sur le son drapeau, est « Déterminé à gagner » (Quyết thắng). Elle a tenu parole. Cette armée, toujours victorieuse, a vaincu les Français (1954), les Américains (1975) et même les Chinois (1979). Le Vietnam est aujourd’hui une puissance militaire redoutée dans la région et sa population est régulièrement entrainée à la défense du pays.
Le 22 décembre est appelé, Journée de la Défense nationale (Ngày quốc phòng) depuis 1989, année de l’évacuation du Cambodge, la dernière intervention de l’APV. La fête est observée dans tout le pays avec des discours publics évoquant l’héroïsme du peuple vietnamien, des cérémonies solennelles, des défilés militaires, des concerts et des spectacles… Malgré son importance, la Journée de l'Armée populaire n'est pas un jour férié, c'est simplement une célébration.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
31 octobre : au Pérou, c'est la Journée de la chanson créole
La célébration de ce genre culturel métissé, une musique faite de chansons européennes, africaines et andines, est aussi une célébration de l’identité nationale péruvienne.
La journée du 31 octobre est fériée au Pérou, c’est la Journée de la chanson créole (Día de la Canción Criolla), aujourd’hui en concurrence avec Halloween, importée d’Amérique du Nord. Cette année, elle permet un grand week-end de quatre jours.
C’est le président péruvien Manuel Prado Ugarteche qui a instituée cette Journée de la chanson créole, le 18 octobre 1944, jour de la fête catholique du Seigneur des Miracles. En valorisant un genre musical symbole du métissage culturel du pays, le président voulait renforcer la conscience nationale. Cette journée est ouverte chaque année par une cérémonie de lever de drapeau à Lima et à Callao, au son de l’hymne national.
Ce n'est qu’après la mort de Lucha Reyes, le 31 octobre 1973, la célébration a a été déplacée, en son honneur, au 31 octobre. Lucha Reyes, dite La Morena de Oro del Perú, était une chanteuse afro-péruvienne morte à 37 ans en pleine gloire. Cette grande voix de la chanson créole, repose au cimetière d'El Angel de Lima, sa tombe est abondamment fleurie chaque 31 octobre.
La musique Criollo dans sa forme moderne est née au début du XXe siècle à Lima, dans les Barrios Altos, Rimac et La Victoria. C’est un métissage de musiques européennes, andines et africaines. Ses genres les plus populaires sont la marinera, les vals et tondero péruviens, la polka, le festejo, les coplas de amor fino, la zamacueca et le lando. El plebeyo, La flor de la canela, Contigo Perú, Y se llama Perú… sont les titres des chansons les plus connues.
À Lima, la fête a commencé le 27 octobre dans le quartier de Lince et se poursuivra jusqu'au mardi 1er novembre dans le Parque de Los Bomberos. Plus de 30 exposants présentent une gastronomie diversifiée de plats créoles. Un hommage est rendu à deux grands personnages de notre musique créole, Augusto Polo Campos et Lucila Campos. Le fils du célèbre compositeur, Marco Polo Campos, et la fille de la célèbre chanteuse, Zoila Campos, sont présents. Ce 31 octobre, il aura lieu à La peña de Don José (avenida Nicolás de Piérola, 938 - Lima) avec une collection de musique créole sur vinyle accompagnée d'une vague moderne de cumbias.
Mais, le Pérou n’échappe pas lui non plus à l’influence nord américaine, des fêtes d’Halloween sont égalementorganisées dans différents parcs ou centres commerciaux de la ville. Des cimetières, comme le cimetière Presbítero Matías Maestro, dans le quartier de Barrios Altos, proposent même des visites nocturnes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
28 octobre : le centenaire de la Marche sur Rome
Chaque année, depuis la chute du fascisme, des nostalgiques de l’État totalitaire défilent par milliers dans les rues de la ville de Predappio, la ville natale de Benito Mussolini, en Émilie-Romagne. Cette année, le centenaire de l’événement coïncide, hélas, avec la formation d’un gouvernent comprenant des héritiers politiques du régime du Duce. Aujourd’hui, pourtant, une manifestation antifasciste se déroule dans le village natal de Mussolini. On célèbre la libération du village, le 28 octobre 1944. Une date qui n’avait pas été choisie au hasard.
Triste coïncidence, alors que vient de se former le gouvernement italien le plus à droite depuis 1946, un cabinet dont une partie des membres a milité jadis au MSI, le parti des héritiers du fascisme, l’Italie commémore le centenaire de la marche sur Rome du 28 octobre 1922 qui a porté le fascisme au pouvoir.
Aujourd’hui, pourtant, c’est une manifestation antifasciste qui se déroule dans le village natal de Mussolini. On célèbre la libération de Predappio, le 28 octobre 1944. Une date qui n’avait pas été choisie au hasard.
Chaque année, depuis la chute du fascisme, des nostalgiques de l’État totalitaire défilent par milliers dans les rues de la ville de Predappio, la ville natale de Benito Mussolini, en Émilie-Romagne.
Dimanche, des centaines d'autobus venus toute la péninsule vont converger vers la petite ville de 6 000 habitants, avec à leur bord des skinheads à tête rasée et des hommes de tous âges abordant une chemise noire. On se rassemble devant la maison natale du Duce et l’ancien siège du parti fasciste. Un temps fort est la visite de la crypte où se trouve la tombe de Mussolini. Celle-ci est visitée chaque année par quelque 100 000 personnes au grand désespoir des habitants de la petite ville qui d’ordinaire votent majoritairement à gauche.
Comme chaque année, à Predappio, pour l’anniversaire de la marche sur Rome (anniversario della marcia su Roma), les slogans fusent, les propos xénophobes ou fustigeant la démocratie s’expriment sans complexe lors de ce pèlerinage des nostalgiques de l'Italie fasciste. En 2017, aux termes d'un débat très âpre, le Parlement a adopté une nouvelle législation contre l'apologie du fascisme. Le parti Fratelli d'Italia de la nouvelle première ministre, Giorgia Meloni reste prudent dans ses discours, mais arbore toujours la flamme tricolore, symbole hérité du Mouvement social italien , les parties fondées par Giorgio Almirante et d'autres anciens représentants du Parti fasciste de Mussolini. Comme lors de l’anniversaire du Duce, le 31 juillet dernier, les organisateurs de la manifestation ont demandé de remplacer le salut fasciste par une "main sur le cœur", plus neutre politiquement.
La piteuse expédition du 28 octobre 1922, sous une pluie battante, n’aurait peut-être abouti à rien si le roi Emmanuel III n’avait pas refusé de signer l’état d’urgence demandé par le gouvernement libéral que Mussolini cherchait à intimider, et offert ensuite le pouvoir aux fascistes.
Le travail de mémoire sur cette époque n’est pas terminé, loin de là. Un électeur un quatre a voté pour Fratelli d’Italia, la formation d’extrême droite qui arrive pour la première fois au pouvoir depuis l’instauration de la république en 1946. Sa cheffe, Giorgia Meloni ne compte pas modifier le symbole de son parti et il a fallu de multiples protestations pour que le banquet prévu aujourd’hui à Piacenza pour célébrer la marche sur Rome soit finalement annulé à la dernière minute, en dépit de dizaines de réservations venues de toute l’Italie.
Mise a jour 31 octobre 2022 : En dépit des recommandations des organisateurs, une partie des participants à la commémoration de la marche sur Rome, organisée par l’extrême droite, le 30 octobre à Predappio, a bien fait le salut fasciste.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
20 octobre : journée de la libération de Belgrade
Le 20 octobre 1944, après six jours de violents combats, Belgrade était enfin libre après 1 287 jours d’occupation par les Allemands de la capitale yougoslave. Cette Journée de la liberté est l’occasion d’un défilé calqué, toute proportion gardée, sur ceux qui se déroulent à Moscou.
Le 20 octobre 1944, après six jours de violents combats, Belgrade était enfin libre après 1 287 jours d’occupation par les Allemands de la capitale yougoslave. Un grand nombre de citoyens sont descendus dans les rues pour saluer avec enthousiasme les libérateurs. Belgrade a été la seule capitale d'Europe dont la libération est due, à parts égales, aux forces de l'armée nationale régulière, l'Armée de libération nationale de Yougoslavie, et à celle d’une grande puissance, en l’occurrence l’armée rouge de l’URSS.
Ce matin, une proclamation de la ville est lue aux enfants de toutes les écoles élémentaires de Belgrade à l'occasion de la Journée de la libération de Belgrade (Дан ослобођења Београда).
Au centre-ville, à 11h, un défilé intitulé "Victoire de la liberté" commence devant l'hôtel Moskva sur Terazije. Les cadets de l'Académie militaire y participent avec des répliques des drapeaux des brigades qui ont participé à la libération de Belgrade en 1944, ainsi que des membres des forces armées serbes, des anciens combattants, des citoyens et des représentants de SUBNOR, qui portent des photos de leurs ancêtres qui ont participé aux batailles pour la libération de Belgrade de l'occupation allemande. Ce type de défilé est calqué sur ceux qui se pratiquent plusieurs fois par an dans la Russie de Poutine.
À l'occasion du Jour de la libération de Belgrade, le chœur, les solistes et l'orchestre de l'Opéra de Belgrade se produiront à Trg Republike à 14h15. On pourra entendre les chanteurs Dušan Svilar, Filip Žmaher, Ivan Milinković, les chanteurs Bojana Stamenov, Jelena du groupe Zana et Nevena Božović. Les artistes de ballet du groupe de Milan Gromilić ont également complété le programme.
Délégations du gouvernement de Serbie et de la ville de Belgrade déposent des couronnes au complexe commémoratif du cimetière des libérateurs de Belgrade et au monument aux pilotes soviétiques tombés sur Avala.
Dans quelques jours, le 1er novembre, on commémorera une autre libération de Belgrade, cette fois celle de 1918, à l’issue de la Première guerre mondiale. Ce sera la seconde des Journées de la liberté 2022 (Дани слободе 2022).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 octobre 2022
22 septembre : les Estoniens commémorent une indépendance ratée
On célèbre en Estonie la Journée de la Résistance, un anniversaire qui fait référence à une tentative ratée de restaurer l’indépendance du pays après le départ des Allemands en 1944.
Depuis 2007, on célèbre en Estonie le 22 septembre comme la Journée de la Résistance (Vastupanuvõitluse päev), un anniversaire qui fait référence à une tentative ratée de restaurer l’indépendance du pays après le départ des Allemands en 1944.
En 1940, l’Estonie, indépendante depuis 1918, était occupée par l’URSS et un an plus tard par l’Allemagne nazie. Vaincues par les Soviétiques sur le front de l’Est, les forces d'occupation allemandes ont commencé à se retirer d'Estonie en septembre 1944. Un groupe de patriotes et d'hommes politiques estoniens y ont vu une opportunité de restaurer l'indépendance du pays. Le 18 septembre, ils ont formé le Comité national de la République d'Estonie. Otto Tief a été nommé Premier ministre . C’est lui qui proclame le rétablissement de l'indépendance. Celle-ci sera très brève, car quatre jours plus tard, les troupes soviétiques ont pris Tallinn et renversé le gouvernement de Tief. L’Estonie était à nouveau réintégré à l’URSS. Il faudra attendre 1991, le 20 août, pour que l’Estonie recouvre son indépendance.
Depuis 2007, le 22 septembre est célébré comme fête nationale sous le nom de Journée de la Résistance, mais la journée reste un jour ouvrable. Le matin, à 7h30, le drapeau estonien bleu-noir-blanc est hissé sur la tour Pika Hermann.
Dans l'après-midi, à 15h30 , des gerbes sont déposés sur la tombe d'Otto Tief au cimetière de la forêt.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
2 août : la Macédoine du Nord célèbre ses origines et son indépendance
LLa Macédoine du Nord chante et danse une partie de la semaine. On fête la Saint Élie (Iliden), mais c'est surtout l’anniversaire de l’insurrection de 1903 qui a abouti à la création d’un État macédonien, lequel n'est indépendant que depuis 30 ans.
La Macédoine du Nord chante et danse une partie de la semaine, mais aujourd'hui, c’est le jour de sortir son costume folklorique ou sa tenue guerrière de l’époque de la lutte contre les Turcs. Ici, on fête la Saint Élie (Iliden), mais c'est surtout l’anniversaire de l’insurrection de 1903 qui a abouti à la création d’un État macédonien que l’on célèbre. Le premier de puis Alexandre le Grand diront les plus nationalistes, au grand dam de leurs voisins grecs.
Cette première Macédoine n’a durée que 10 jours, elle fut réprimée dans le sang, sans que le reste de l’Europe ne s’en émeuve et n’était limité qu’à la seule ville de Krusevo, dans le centre du pays. Si le souvenir reste vif, c’est que cette « République de Krusevo », était peuplée de Slaves, de Grecs, de Valaques… et qu’elle fut appuyée par les Turcs des villages environnant. Inspirée de la Commune de Paris, elle se voulait socialiste, mais surtout résolument pluri-ethnique, une option qui n’était guère de saison dans une Europe où partout fleurissaient les nationalismes.
Quatre décennie plus tard, en 1944, c'est encore le 2 août que les partisans luttant contre l'occupant allemand, ont proclamé une République de Macédoine qui deviendra une composante de la Yougoslavie de Tito et en 1992, un pays indépendant. Le 2 août est ainsi la Fête de la république (Ден на Републиката). Raison de plus pour avoir fait de ce jour la fête nationale de la Macédoine du Nord.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
11 janvier : au Maroc, on commémore le Manifeste de l'indépendance
Le Maroc se souvient de sa première déclaration d’indépendance prononcée le 11 janvier 1944, soit douze ans avant qu’elle ne soit effective.
Chaque année, le Maroc se souvient de sa première déclaration d’indépendance prononcée le 11 janvier 1944, soit douze ans avant qu’elle ne soit effective. Ce Jour du Manifeste de l’indépendance ( ذكرى تقديم وثيقة الاستقلال ) est férié et chômé, au moins pour les fonctionnaires.
En janvier 1944, le Maroc vit depuis trois décennies sous la tutelle de la France (et de l’Espagne, au Nord), l’Europe est encore en guerre, mais ce manifeste s’inscrit dans un processus qui a débuté dans les années 1930. En novembre 1942, l’Armée américaine a débarqué au Maroc, renversant les autorités françaises restées fidèles au gouvernement de Vichy ce qui renforce le sultan du Maroc qui, lui, n’a pas participé à la politique collaborationniste, il a au contraire protégé les juifs du Maroc. En juin 1943, en marge d’une conférence internationale organisée à Anfa (un quartier de Casablanca), le président américain Roosevelt promet au sultan du Maroc de soutenir l’indépendance de son pays. La même année, la mouvance nationaliste marocaine s’organise et fonde un parti politique, l’Istiqlal (« Parti de l'indépendance »). Ce sont 67 de ses membres les plus éminents (dont une femme) qui rédigent ce manifeste demandant la pleine indépendance du Maroc. Et, c’est l’anniversaire de la présentation de ce manifeste, remis aux autorités coloniales et aux représentations de trois puissances, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique, qui est célébré chaque 11 janvier au Maroc.
L’indépendance ne sera, péniblement, obtenue que le 2 mars 1956, une date qui ne fait pas l’objet d’un jour férié. En revanche, une autre fête nationale commémore la marche vers l’indépendance : le 18 novembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
Lire la Géopolitique du Maroc par Kader Abderrahim
25 octobre : la fête de l'armée roumaine
La date rappelle de la reconquête sur les nazis, en 1944, de Carei, la dernière ville avant la frontière hongroise. Ce jour était également l’anniversaire du roi Michel.
Chaque 25 octobre, la Roumanie célèbre son armée. La date commémore la reconquête du territoire à la fin de de la Seconde Guerre mondiale, le 25 octobre 1944.
Le 23 août 1944, le dictateur roumain, Ion Antonescu qui avait soutenu l'Allemagne nazie, est renversé par une coalition des forces d’opposition rassemblée par le roi Michel Ier. Aussitôt, l’armée roumaine s’est retournée contre la Wehrmacht. Avec l’aide des Soviétiques, elle est partie à la reconquête de son territoire occupé par les Allemands et en particulier des provinces cédées à la Hongrie fasciste. Le 25 octobre 1944 est la date de la reconquête de Carei, la dernière ville avant la frontière hongroise. Ce jour était également l’anniversaire du roi Michel.
La date symbole donc la reconquête du territoire, en particulier celle de la Transylvanie, disputée avec la Hongrie. En revanche, la Roumanie ne récupèrera pas toutes ses provinces d’avant la guerre : l’URSS ne lui restituera pas ce qui est devenu l’actuelle Moldavie, ainsi que la partie de la Bucovine aujourd’hui intégrée à l’Ukraine. La célébration du 25 octobre a été créée en 1959, il ne fallait pas à l’époque fâcher Moscou.
La Journée des forces armées roumaines, également connue sous le nom de Journée de l'armée roumaine (Ziua Armatei Române), n'est pas un jour férié, mais elle est encore largement célébrée dans tout le pays. Il est marqué par des discours officiels, des cérémonies solennelles, des défilés militaires notamment à Bucarest où l’armée défile jusqu’à l’arc de triomphe.
Cette journée est aussi l’occasion de célébrer l’armée actuelle. Actuellement, un millier de soldats roumains sont impliqués dans des missions internationales, sous les auspices de l'OTAN, de l'UE, de l'ONU et de type coalition. Jusqu’à récemment, le contingent le plus important, 693 hommes, était déployé en Afghanistan, sous les auspices de l'OTAN, dans le cadre de la mission Resolute Support. La première action de l'armée roumaine hors des frontières nationales, après 1990, a commencé le 8 mars 1996, avec des contingents des armées des États membres et partenaires de l'OTAN, sur le théâtre d'opérations en Bosnie-Herzégovine, avec le 96e bataillon de génie. . En 2000, l'armée roumaine a commencé à participer à la mission de l'OTAN KFOR dans la province du Kosovo, avec du personnel et, plus tard, avec des sous-unités spécialisées au niveau de l'entreprise. La Roumanie a participé, avec 838 soldats, entre juillet 2003 et 31 juillet 2009, aux efforts internationaux pour la stabilisation de l'Irak, tant au sein de la Force multinationale (MNF-I) qu'au sein de la mission OTAN d'entraînement des forces de sécurité irakiennes. Au cours des missions sur les théâtres d'opérations, 30 soldats roumains sont morts et plus de 140 autres ont été blessés.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 octobre 2021
23 août : une date funeste en Europe orientale
Une date à double face : l’ancienne fête nationale de la Roumanie communiste est aussi l’anniversaire du funeste pacte germano-soviétique.
Le 23 août était autrefois la fête nationale de la Roumanie communiste. La date célébrait la chute du régime fasciste d’Ion Antonescu par un coup d’État mené par le roi Michel Ier, le 23 août 1944. La Seconde Guerre mondiale n’était pas terminée et la Roumanie changeait de camp à la suite d’un renversement politique. En 1941, la Roumanie était entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne nazie. Suite à ce coup d’État, le roi rejoignait les Alliés et déclarait la guerre à l’Allemagne. Mais, alors que l’Armée Rouge avançait, les communistes se sont rapidement imposés au pouvoir. En 1947, ils forcent le roi à abdiquer et s’approprieront l’événement. De 1949 à 1990, en effet, le 23 août a été célébré comme le Jour de libération de l'occupation fasciste (Ziua eliberării de ocupația fascistă). C’était alors la principale fête de l'État roumain communiste. Après la chute Ceaucescu, la fête nationale roumaine a été déplacée au 1er décembre, une référence à la Grande Roumanie de 1918. Car, même si elle évoque la chute du fascisme, la date du 26 août était bien trop associée au communisme roumain.
La date du 23 août est toujours présente dans le calendrier mémoriel, mais elle a changé d’appellation et de référence historique. C’est aujourd’hui la Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme. Une célébration instaurée en 2009 par le Conseil de l’Europe. La date est celle du Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, aussi appelé pacte Molotov-Ribbentrop, qui a scellé le sort de toute l’Europe orientale, de l’Estonie à la Bulgarie, une série de pays européens commémorent cette date sous le nom de Jour du Ruban noir. La date est ignorée par la France mais elle est marquée, chaque année, par les États d’Europe orientale mais également par la Suède et le Canada.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 août 2021
27 janvier : la mémoire étouffée d'une grande tragédie du XXe siècle : le blocus de Léningrad
Aujourd’hui, c’est la Journée du blocus de Léningrad (День снятия блокады города Ленинграда). Comme chaque 27 janvier, la foule vient déposer des fleurs au monument de la mère patrie au cimetière Piskaryovskoye où repose un demi million de victimes.
La Russie n’en finit pas de commémorer la Grande Guerre patriotique (notre Seconde guerre mondiale). Aujourd’hui, c’est la Journée du blocus de Léningrad (День снятия блокады города Ленинграда). Léningrad était le nom de Saint-Pétersbourg entre 1924 et 1991. Comme chaque 27 janvier, la foule vient déposer des fleurs au monument de la mère patrie au cimetière Piskaryovskoye, où la plupart des victimes du siège de Leningrad ont été enterrées. Plus de 470 000 civils et plusieurs dizaines de milliers de soldats morts pour la ville y reposent dans des fosses communes dont le frère aîné de Vladimir Poutine. Ce frère qu’il n’a pas connu, puisqu’il est né après la guerre, mais sa famille a été profondément marquée par cet épisode peu connu de la guerre et qui est pourtant l’une des grandes tragédies du XXe siècle. On estime à un million le nombre de victimes de la faim, du froid (il a fait jusqu’à -38° durant l’hiver 1941) et des bombardements.
Le blocus a commencé le 8 septembre 1941, quand la ville a été presque totalement encerclée par l’armée allemande. N’ayant pas été évacuée, la population de 2,5 millions a été prise au piège. Durant des mois quelque 100 000 bombes incendiaires sont tombées sur la ville, visant principalement les entrepôts de nourriture. Plus de 2000 personnes ont été arrêtées et condamnées pour cannibalisme. Les Allemands ont aussi bombardé les systèmes d’approvisionnement en eau de la ville. En 1942, l’eau courante a donc été coupée, et l’eau ne pouvait plus être obtenue que dans les canaux et rivières, quand ceux-ci n’étaient pas gelés. Le siège a duré jusqu’au 27 janvier 1944, soit 872 jours. C’est l’anniversaire de cette libération qui est fêtée aujourd’hui, comme chaque année depuis le milieu des années 1960, par un feu d’artifice.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde