9 décembre : la journée de la laïcité en France

 

En France, des voix réclament régulièrement de faire du 9 décembre un jour férié dédié à la laïcité. C’est l’anniversaire de la loi de 1905 de séparation entre l’Église et l’État. Un pas a été fait en ce sens sous la présidence de François Hollande : depuis 2015, une Journée de la laïcité est célébrée dans tous les établissements scolaires de France, le 9 décembre. Cette année, elle marque le 118e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État (1905), qui a participé à enraciner la laïcité (instituée dès 1882 pour les enseignements) à l’école publique.  « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » (art. 2 de la loi du 9 décembre 1905).

Outre le fait que cette loi n’est pas appliquée en Alsace et en Moselle créant une rupture d’égalité entre les Français, elle semble bien méconnue par Emmanuel Macron, qui, le 23 décembre dernier, assistait, en tant de président des Français, à la messe que le souverain pontife a célébrée au Stade-Vélodrome de Marseille. Ce qui ne s’était quasiment jamais fait sous la cinquième république.  Il y a deux jours,  le Grand Rabbin de France était invité à Élysée pour allumer la première bougise de la fête juive d’Hanoucca, une première dans l’histoire de la république. Cette année, la leçon des enseignants du secondaire sur la laïcité va être plus difficile à concevoir et à transmettre. L’Élysée va devoir fêter Noël (pas uniquement pour les enfants du personnel) de manière multiple. Car selon la fâcheuse logique communautarisme qui se met en place, il conviendra d’organiser un réveillon de Noël le soir du 5 janvier prochain, en solidarité avec les Arméniens qui ont connu eux aussi des journées dramatiques, il y a peu. Sans oublier ensuite, le Nowrouz, en mémoire des Kurdes et des Iraniens persécutés, l’Illumination du Bouddha… On se demande, à présent, quelle fête musulmane va être choisie par l’Élysée en mémoire des dizaines de milliers de Palestiniens morts à Gaza sous les bombes de Tsahal et en Cisjordanie, sous les balles des colons extrémistes ?

« La République ne reconnaît aucun culte », cette phrase forte de la loi de 1905 devrait figurer  au fronton de l’Élysée et pas seulement chaque 9 décembre.

Le principe de laïcité est au fondement du système éducatif français depuis la fin du XIXe siècle. Les différents enseignements contribuent à la transmission de la laïcité, en particulier l’enseignement moral et civique, l’histoire géographie ou encore la littérature. Ce principe figure dans l’article premier de la Constitution de 1958 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la Loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

Selon le Conseil constitutionnel  : « le principe de laïcité impose notamment le respect de toutes les croyances, l’égalité de tous les citoyens devant la loi sans distinction de religion et que la République garantisse le libre exercice des cultes » (décision n° 2012-297 QPC du 21 février 2013). Une position que chacun l’interprétera à sa manière…

La loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République institutionnalise la Journée de la laïcité au sein de la fonction publique. La loi rend obligatoire la désignation d'un référent laïcité dans les trois fonctions publiques. Le référent est notamment chargé d'organiser une journée de la laïcité le 9 décembre de chaque année. Les initiatives de l’Élysée ne lui facilitent pas la tâche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2023

 
Caricature de 1905

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