L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
25 octobre : la fête nationale kazakhe
Le Jour de la République commémore l'adoption de la Déclaration de souveraineté de la République socialiste soviétique kazakhe le 25 octobre 1990. 34 ans plus tard, le Kazakhstan est en train de prendre réellement et franchement ses distances avec la Russie.
Le Jour de la République (Республика күні) commémore l'adoption de la Déclaration de souveraineté de l'État de la République socialiste soviétique kazakhe, le 25 octobre 1990. Cette déclaration sera un premier pas vers l’indépendance du Kazakhstan, proclamée le 16 décembre 1991, soit dix jours avant la disparition de l’URSS. En effet, le Kazakhstan a été la toute dernière république soviétique à le faire.
Le Jour de la République a été officiellement déclaré fête nationale du Kazakhstan en 1995, puis rétrogradé en simple jour férié, au profit du 30 août (Jour de la Constitution), puis du 16 décembre (Jour de l’indépendance), et même supprimé, en 2009, de la liste des jours fériés par le président Nazarbaïev, puis, finalement, réinstauré en 2022 par le président Tokaïev, comme fête nationale (қазақстанның ұлттық күні).
Le Kazakhstan qui a déclaré son indépendance vis-à-vis de l’URSS, après la Russie elle-même, est resté longtemps très proche de Moscou. En décembre 2021, c’est encore l’armée russe, appelé par le nouveau président Tokaïev qui est intervenue pour le conforter au pouvoir face aux partisans de l’ancien président qui œuvraient en coulisse. Il faudra attendre l’invasion de l’Ukraine par Poutine pour que le Kazakhstan prenne ses distances, refusant d’envoyer la moindre troupe pour s’associer à cette folie.
Récemment, Astana déclinait la proposition de Moscou d’intégrer les BRICS, réunis non loin de là à Kazan, ce mois d’octobre 2024. En rétorsion, la Russie a aussitôt restreint ses importations de produits agricoles en provenance du Kazakhstan, notamment les légumes et les fleurs coupées. Le résultat, c’est que la Chine est devenue le premier partenaire commercial du Kazakhstan supplantant la Russie pour la première fois depuis que l'Empire russe a colonisé la région. Cette déclaration de souveraineté, commémorée chaque 25 octobre, est en train, 34 ans plus tard, de se concrétiser dans des faits.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 octobre 2024
24 août : l’Ukraine célèbre le 33e anniversaire de son indépendance
L'indépendance complète de l'Ukraine a été proclamée le 24 août 1991, suite de l’a déclaration de l’indépendance de la Russie elle-même, deux jours plus tôt, provoquant le démantèlement complet de l’URSS.
L'indépendance complète de l'Ukraine a été proclamée le 24 août 1991, suite de l’a déclaration de l’indépendance de la Russie elle-même, deux jours plus tôt, le 22 août, provoquant le démantèlement complet de l’URSS. Cependant, comme l’avaient fait la plupart des républiques soviétiques, le parlement de la RSS d'Ukraine avait déjà adopté une Déclaration de souveraineté de l'État de l'Ukraine le 16 juillet 1990, mais sans avoir jusque à ce 24 août 1991, sauté le pas de la séparation totale. Laquelle était justifiée par le fait que la Russie en faisait autant. L’URSS devait disparaître moins de quatre mois plus tard.
Est-ce une résurgence d’un État ukrainien ? Entre 1917 et 1920, plusieurs États ukrainiens distincts avaient vu le jour, mais chacun de manière éphémère. En 1921, la majeure partie de l'Ukraine a été intégrée à l'Union soviétique sous le nom de République socialiste soviétique d'Ukraine. Pendant les soixante-dix années suivantes, l'Ukraine a fait partie de l'URSS.
Le Jour de l'indépendance de l'Ukraine (День Незалежності України) est célébré chaque 24 août depuis 1992. Cette année, les célébrations publiques dans la capitale sont annulées en raison des risques de bombardement russe. En 2014, début de l’occupation russe du territoire ukrainien, Moscou avait choisi le 24 août pour lancer une offensive sur la ville de Ilovaisk. Et, il y a 6 mois jour pour jour, le dictateur Poutine lançait la destruction de l’Ukraine.
Le 24 août 2023, a été marqué par un fait d’armes symbolique, néanmoins très important. Des soldats d’élite ukrainiens sont parvenus à mettre pied sur le sol de la Crimée, détruisant quelques cibles bien choisies, et surtout plantant le drapeau ukrainien, le premier depuis 2014 sur ce territoire occupé par la Russie. En 2024, l’Ukraine occupe depuis plusieurs semaines, une portion du territoire russe…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 août 2024
25 juin : la Journée de l’unité slave, pur produit de la propagande russe
Depuis l’éclatement de l’URSS et la disparition de la Yougoslavie, les Russes célèbrent chaque 25 juin une Journée de l'amitié et de l'unité des Slaves. Une célébration d’origine soviétique visant à imposer la prééminence de Moscou sur l’ensemble du monde slave.
Depuis l’éclatement de l’URSS et la disparition de la Yougoslavie, les Russes célèbrent chaque 25 juin une Journée de l'amitié et de l'unité des Slaves (День дружбы и единства славян) « visant à rappeler aux peuples slaves leurs racines historiques et culturelles communes et à encourager la préservation de leurs liens séculaires les uns avec les autres ». Cette fête qui fait partie intégrante de la propagande russe, n’est guère marquée qu’en Russie, pays qui martyrise depuis dix ans les Ukrainiens, le peuple slave qui lui est le plus proche, et qui effraie ses cousins occidentaux en premier lieu les Polonais pour qui l’amitié slave rappelle les mauvais souvenirs de l’emprise russe sur leur pays à l’époque tsariste comme à l’époque soviétique.
L’origine de cette journée instituée dans les années 1990 est à chercher dans le Festival mondial de la jeunesse slave créé en 1957 en Union soviétique. Chaque année, il avait lieu à la frontière de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie, qui étaient à l'époque des républiques de l'Union soviétique. Un Monument de l’amitié y avait été édifié pour bien marquer les esprits et des représentants des pays « frères », les États slaves sous domination soviétique (Polonais Tchécoslovaques, Bulgares), étaient également invités à ce grand rassemblement destiné à monter que les peuples slaves ne faisaient qu’un et que sa tête était à Moscou. Aujourd’hui, cette célébration n’a guère d’écho auprès des 300 millions de Slaves vivant dans le monde. Quant à l’influence culturelle de la Russie, elle est en chute libre, y compris dans le monde slave.
Cette manifestation dans laquelle l’Église orthodoxe russe est aujourd’hui largement impliquée laisse peu de place au néopaganisme slave qui a tenté, un temps, de lancer un mouvement qui n’a pas entrainé grand monde.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 juin 2024
4 mai : la Lettonie fête le rétablissement de son indépendance
Ce samedi 4 mai, on célèbre le 34e anniversaire de l’annonce du rétablissement de l'indépendance de la république de Lettonie. C’est l’une des deux journées patriotiques importantes du pays, avec le 18 novembre. Deux dates en rupture avec son histoire soviétique. C’est aussi un week-end de trois jours, bienvenu avec l’arrivée du printemps.
Ce samedi 4 mai, on célèbre le 34e anniversaire du rétablissement de l'indépendance de la république de Lettonie. Les Lettons tiennent tout particulièrement à ce que la proclamation d’indépendance prononcée par le Soviet suprême de Lettonie le 4 mai 1990 soit considéré comme une restauration. Car ils insistent sur le caractère illégal de l’occupation militaire soviétique du 17 juin 1940, suivie un mois plus tard par de fausses élections entérinant la disparition de la république de Lettonie fondée le 18 novembre 1918. L'indépendance totale ne sera, en fait, rétablie que le 21 août 1991, après la fin d’une période de transition. Mais le 4-Mai, célébré sous le nom de Jour de la Restauration de l'Indépendance (Neatkarības atjaunošanas diena), est un jour férié majeur pour les Lettons.
Les festivités de ce 34e anniversaire commencent à 10h30 par une cérémonie solennelle de dépôt de fleurs au Monument de la Liberté, à Riga . De 12h à 13h30, un défilé de fanfares scolaires dédié au Jour de l'Indépendance se déroule sur la place Brīvības .
Puis, de 13h00 à 20h00, un rassemblement de personnes portant le costume national a lieu à Rātslaukum, dans le vieux Riga, accompagné d’un concert festif. À partir de 13h20, une procession festive suit l'itinéraire Kalķu iela - Brīvības laukums, pour, à nouveau, déposer des fleurs au Monument de la Liberté. Pour l’occasion, tout le monde est invité à porter le costume national en l'honneur de la Lettonie.
Ce même jour se déroule la Journée des forces armées nationales (Nacionālo bruņoto spēku diena) qui cette année a lieu à Rezekne. Traditionnellement, le 4 mai, les Forces armées nationales organisent un défilé militaire dans l'un des lieux historiques de Lettonie. L'année dernière, l'événement avait eu lieu à Alūksne, en Vidzeme, mais cette année, l'honneur d'accueillir l'événement revient à Rezekne, en Latgale.
L'événement débute à 9h00 avec un service dans la cathédrale catholique romaine du Très Sacré-Cœur de Jésus, à Rezekne, suivi, à 11h. d’un défilé militaire des forces armées lettones et étrangères, des gardes-frontières de l'État, du service national d'incendie et de secours, de la police… Une cérémonie est prévue au d'État et de la Jeune Garde au Monument de la Libération de Latgale « Unis pour Lettonie ".
Comme cette année, le 4 mai tombe un samedi, lundi sera férié et chômé, ce qui offre aux Lettons un week-end de trois jours alors que le printemps pointe son nez. Ce samedi est presque estival, mais ce sera moins le cas lundi.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 mai 2024
20 janvier : Les Ukrainiens n’oublient pas la Crimée
Alors que l’URSS était moribonde. Les Criméens organisaient un référendum visant à proclamer la souveraineté retrouvée d’une République socialiste soviétique autonome de Crimée. 94% ont voté oui, c’était le 20 janvier 1991. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui afin de contester l’occupation et l’annexion de la péninsule par la Russie depuis presque 10 ans.
Cette Journée de la République autonome de Crimée (День Автономної Республіки Крим) a été célébrée pour la première fois le 20 janvier 2015. Quelques mois auparavant, la Russie envahissait et annexait la péninsule de Crimée.
Une République socialiste soviétique autonome de Crimée avait été créée en 1921 au sein de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, sur ce qui était jadis le Khanat de Crimée. Mais Staline avait aboli cette république autonome pour rétrograder ce territoire au rang de simple oblast (région). Après la mort de Staline en 1953, le nouveau dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev a transféré cet oblast de Crimée à la République socialiste soviétique d'Ukraine. Le transfert fut officialisé en février 1954.
Alors que l’URSS était moribonde. Les Criméens organisaient un référendum visant à proclamer la souveraineté retrouvée d’une République socialiste soviétique autonome de Crimée. 94% ont voté oui, c’était le 20 janvier 1991. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui.
Le statut autonome de la Crimée a été officiellement rétabli le 12 février 1991. Le 24 août, l'Ukraine a déclaré son indépendance de l'Union soviétique, laquelle disparaissait en décembre 1991. En février 1992, la RSSA de Crimée était rebaptisée simplement République de Crimée. En juin, elle obtenait le statut de république autonome au sein de l'Ukraine. Tou ce processus institutionnel et démocratique n’apporte aucun argument à Moscou pour réclamer de rattacher la Crimée à la Russie, c’est pourtant ce qui a été fait pas la force en mars 2014.
Selon les traités internationaux en vigueur, la Crimée fait toujours partie intégrante de l'Ukraine. Cela a également été reconnu par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution de 2014. Et aujourd’hui, la Crimée continue d’être soutenu de toutes les manières au niveau international, comme le prouve le forum de la Plateforme de Crimée. En 2023, des délégations gouvernementales de 45 pays ont participé à la conférence : les États-Unis, tous les membres de l'UE, la Géorgie, la Moldavie, la Turquie, la Macédoine du Nord, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, le Canada et l'Islande. Parmi eux figurent neuf présidents, quatre premiers ministres, 14 chefs des affaires étrangères, ainsi que d'autres hommes politiques et ambassadeurs. C’est-à-dire tous les pays de l’UE et de l’OTAN, les pays du G7 au complet et les pays du format Normandie, à l’exception de la Fédération de Russie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2024
6 octobre : jour de deuil au Turkménistan
Le Turkménistan se souvient du séisme qui a couté la vie à 176 000 habitants, soit plus de 10 % de la population du pays à l’époque. Le 6 octobre 1948, à 20 h 12, un séisme d'une magnitude 9 sur l’échelle de Richter détruit totalement la ville et la région d'Achgabat.
Aujourd’hui, le Turkménistan se souvient du séisme qui a coûté la vie à 176 000 habitants, soit plus de 10 % de la population du pays à l’époque.
Le 6 octobre 1948, à 20 h12, un séisme d'une magnitude 9 sur l’échelle de Richter frappe la ville et la région d'Achgabat durant 7 secondes. la ville entière est détruite et se retrouve coupée du monde. C’est l’une des 10 grandes catastrophes naturelles du XXe siècle. Elle est peu connue car l’URSS avait refusé toute aide extérieure et a attendu 40 ans pour admettre l’ampleur des destructions et la mort de la grande majorité des habitants de cette ville située très loin de Moscou.
Au Turkménistan, le 6 octobre est férié depuis 1995, c’est un Jour de deuil (Hatyra Guni). Un musée-mémorial a été construit au centre d'Ashgabat. Des milliers de personnes viennent chaque année le 6 octobre s’y recueillir.
La ville, située à la frontière avec l’Iran, a été reconstruite, dans le style soviétique, mais tout en marbre blanc, grâce aux revenus du pétrole.
Cette journée du souvenir sert aussi de Jour de mémoire pour les victimes des guerres, en remplacement de la date du 12 janvier qui lui était consacrée jusqu’en 2014.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
5 mars : Staline, mort il y a 70 ans, se porte de mieux en mieux
Staline est mort le 5 mars 1953. Des milliers de personnes viennent lui rendre hommage, partout en Russie. La nostalgie de l’URSS est largement entretenue par le régime du dictateur Poutine. Lequel a encore, récemment, inauguré une nouvelle statue de son homologue soviétique.
Chaque année, pour l’anniversaire de la mort de Staline (годовщина смерти сталина), Vladimir Poutine évoque le grand homme, la Grande Guerre patriotique et la Grande Russie, dénommée URSS, sur laquelle il régnait. L’hymne soviétique, dans une version rénovée, est à nouveau utilisé. Une nouvelle statue de Staline a encore été inaugurée par Poutine en janvier 2023. L’image du dictateur soviétique a été complètement remise au goût du jour par le dictateur russe.
Chaque 5 mars, la foule des admirateurs du « Petit père des peuples » se presse dans un coin de la place Rouge pour lui rendre hommage. Staline est responsable de la mort et de la déportation de plusieurs de dizaines de millions de personnes. Et pourtant, il continue d’être admiré en Russie par une partie croissante de la population. Les mauvais
souvenirs sont désormais bannis des manuels scolaires. Il n’est plus question des purges (700 000 personnes exécutées rien qu’en 1937-1938) ni des déportations, du Goulag, des famines, de la censure et de la propagande. En décembre 2021, l’association Mémorial a été dissoute. C’est elle qui depuis les années 1980 avait courageusement raconté l’histoire des millions de victimes du dictateur soviétique. Que va faire Poutine de l’extraordinaire fond de documentation des exactions de Staline qu’elle avait constitué en quatre décennies d’investigation ? De Staline, la jeunesse ne doit connaître que sa gloire de co-vainqueur de la Seconde Guerre mondiale et la puissance d’une URSS qui dominait un espace allant de l’Allemagne à la Mongolie. Selon un sondage de l’institut Levada publié en 2019, plus de 70% de la population russe estime que Staline a joué un rôle positif dans l’histoire du pays. Ils étaient deux fois moins nombreux au début des années 2000. Des nostalgiques de l’époque soviétique viennent ainsi fleurir tous les ans sa tombe sur la place Rouge, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, le 5 mars 1953. Et ils sont de plus en plus nombreux à le faire.
En décembre 2021, lors du traditionnel dernier tournoi de hockey de l’année, à Moscou, l'équipe russe est entrée sur la glace vêtue d'un uniforme soviétique, enthousiasmant un public qui agitait le drapeau soviétique. Nostalgie quand tu nous tiens ! Berlin 1953, Budapest 1956, Prague, 1968, Gdansk 1981,… Minsk 2020, Kiev 2022… la logique est la même aux yeux du bon peuple russe.
En Géorgie, à Gori dans sa ville natale, on n’a déboulonné sa statue qu’en 2010. Pour finalement la ressortir en 2013 et la placer devant le musée qui a été constitué à sa gloire. Chaque 5 mars, des centaines de personnes viennent lui rendre hommage. Une cérémonie est organisée dans une église, avant un bon repas pris dans le meilleur hôtel-restaurant de la ville, chez “Joseph”, bien sûr. On peut y déguster les plats préférés de Staline et réserver sa chambre.
À Kaspisk, au Daghestan, une rue de la ville a été renommée en l'honneur de Staline… Staline est aussi largement fêté pour son anniversaire officiel, chaque 21 décembre ainsi que le 9 mai, journée où il est mis à l’honneur par Vladimir Poutine, lequel a pris ses distances avec Lénine qu’il accuse d’avoir entrainé la perte de l’URSS en en faisant dès l’origine un État fédéral, mais pour mieux valoriser Staline, le héros de Stalingrad. En janvier 2023, le dictateur Poutine inaugurait encore une nouvelle statue de son glorieux prédécesseur, c’était à Volgograd, l’ex-Stalingrad, bien sûr. Dans le discours que Poutine sert aux Russes, le vainqueur de 1945 a éclipsé le tyran de la Grande Terreur. S’attaquer à Staline revient, pour Poutine, à participer au complot ourdi par les Occidentaux visant à faire de la Russie un pays de second rang. Le discours de la Grande Patrie et de la Russie éternelle fonctionne sur la majeure partie de la population qui n’en a jamais connu d’autre. Le culte du grand homme n’est pas sans rappeler les sentiments qui animaient autrefois la paysannerie russe à l’égard du tsar Nicolas II.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
21 décembre : l'anniversaire de Staline, gloire de la Russie éternelle
À Moscou, la manifestation organisée par le parti communiste rassemble quelques milliers de personnes, pas uniquement de vieux nostalgiques de son régime. Beaucoup de jeunes y participent. D'année en année, elle connaît un succès croissant fortement encouragé par le régime de Poutine.
En Russie, le dictateur est revenu vraiment en grâce depuis quelques années. À Moscou, la manifestation organisée par le parti communiste rassemble quelques milliers de personnes, pas uniquement de vieux nostalgiques de son régime. Beaucoup de jeunes y participent. D'année en année, elle connaît un succès croissant. L'extrême droite voue elle aussi un culte à ce personnage qui avait fait de la Russie l'une des deux grandes puissances mondiales. Petit à petit, le voilà réhabilité par le régime de Poutine, même s'il ne l'avoue pas ouvertement. Il a été devancé par la population russe qui admet avoir une image plutôt positive de l'ancien leader communiste. Poutine qui ne critique jamais Staline, lui sait gré de la grandeur de la Russie à l’époque de son règne, au mépris de 10 à 20 millions de morts, mais en Russie, on tâche d’oublier les victimes, seul compte le prestige du pays. Plus aucune rue ne porte son nom, mais la tombe de Staline est fleurie chaque 21 décembre, comme chaque 3 mars pour l’anniversaire de sa mort. Ici ou là des statues de Staline sont réapparues.
Le 9 mai, fin de la « Grande Guerre patriotique » est une autre occasion de célébrer très officiellement Staline et Poutine ne s’en prive pas. La ville de Stalingrad, aujourd’hui Volgograd, pourrait même retrouver son nom. On en parle. Lançant sa guerre contre l’Ukraine en prétendant anéantir des nazis, Vladimir Poutine a cru endosser le costume de celui qu’il considère comme un héros de la Russie éternelle. Erreur tragique, la fin de Poutine risque d’être plus pitoyable encore que celle de Staline.
Le 21 décembre est la date officielle de l'anniversaire du « Petit père des peuples », celle qui est cultivée par ses admirateur. En réalité, Ioseb Besarionis dze Jughashvili, dit Staline est né à Gori, en Géorgie, le 6 décembre 1878 du calendrier julien, soit le 18 décembre du calendrier Grégorien et non le 21 décembre 1879 comme indiqué par les autorités. Ce glissement de quelques jours et d’une année date de l’époque où il était un révolutionnaire clandestin, vivant sous des faux noms, une manière de préserver son anonymat. Officiellement, on fête donc son 143e anniversaire.
15 décembre : la diaspora grecque commémore la purge dont elle a été victime en URSS
Le 11 décembre 1937, le gouvernement soviétique ordonnait une vaste purge parmi la communauté grecque. Ce fut l’une des plus sanglante de l’époque de la Grande Terreur en URSS : plus de 90% des personnes arrêtées ont été exécutées. D’autres ensuite ont été déportés en masse.
Le 15 décembre 1937, le commissaire du peuple aux Affaires intérieures de l’URSS, Nikolai Yezhov a signé le décret n ° 50215 déclenchant une vague d’arrestation visant la communauté grecque. À l’époque plus de 300 000 Grecs vivaient en URSS. C’est la mémoire de cette purge sanglante qui est commémorée dans la diaspora grecque plus qu’en Grèce elle-même : Ελληνική Επιχείρηση του NKVD 15 Δεκεμβρίου.
Le 20 juillet 1937, une première purge opérée par le NKVD avait visé les Allemands vivant en URSS, puis ce fut les Polonais, le 9 août, puis les Japonais, les Coréens, les Estoniens et Finlandais, les Iraniens et bien d’autres… Mais la plus sanglante de toutes fut sans doute l’ « Opération hellénique », selon le jargon stalinien de la période de la Grande Terreur : plus de 90% des quelque 22 000 Grecs emprisonnés du 15 décembre 1937 à mars 1938 ont été exécutés. Les élites ont été particulièrement visées, on a décapité les théâtres, les écoles de langues grecques… même des communistes grecs réfugiés en URSS pour fuir la dictature de Metaxas. Parmi les victimes de cette première série d’exécutions, figure Konstantin Chelpan, l’ingénieur qui a conçu le moteur du char soviétique T-34 et qui a reçu pour cela le prix Lénine. Ce char d’assaut a été un élément décisif de la victoire soviétique sur les Allemands lors de l’opération Barbarossa. Mais Chelpan n’a pas vécu cette victoire de l’URSS puisqu’il a été exécuté le 4 février 1938, après avoir dû avouer sous la torture qu’il dirigeait une organisation contre-révolutionnaire nationaliste grecque, complotant pour saboter une usine de Karkhiv.
Les persécutions de la communauté grecques ont particulièrement touché Azov, Odessa, la Crimée, Kharkiv, Kyiv, Donetsk et Krasnodar où vivait une grande partie de la communauté grecque soviétique, mais aussi Donetsk et Marioupol, des villes en grande partie grecques. Les campagnes ont été également très touchées par la “dékoulatisation” visant les Grecs, dans le village ukrainien de Stila, par exemple, au printemps 1938, pas un seul homme âgé de 18 à 60 ans n'avait été laissé en vie. Les purges ont duré 13 ans et contrairement à ce qu’ont vécu d’autres peuples comme les Tatars de Crimée, il n’y a eu aucune réhabilitation ultérieure prononcée par les autorités soviétiques. Les vagues d’arrestations suivantes ont surtout conduit à des déportations massives au goulag, principalement dans la Kolyma, dans l’extrême orient sibérien ou dans les steppes du Kazakhstan. Un grand nombre de ces détenus sont morts de maladie, d’autres se sont suicidés. Les morts massives ont commencé à l’automne 1938 avec les grands froids. Une libération à grande échelle eut lieu pendant l’hiver 1947-1948, mais, seule une petite moitié des prisonniers sont rentrés des camps. De 1937 à 1949, Staline a exterminé 38 000 Grecs.
Récemment, en Ukraine on a construit des monuments à leur mémoire et on discutait de faire du 15 décembre un jour de mémoire. Ce jour-là, des Grecs du monde entier ont une pensée pour les victimes, bien oubliée, de l'opération grecque du NKVD. La date est importante pour de nombreux Grecs, en particulier ceux dont les proches ont été tués pendant la purge. Ce n’est pas un jour commémoratif officiel en Grèce où cet épisode de l’histoire a été longtemps occulté. La Grèce aurait pu sauver beaucoup d’entre eux. Une fois passée la purge sanglante du 15 décembre, Staline proposait de laisser partir la communauté grecque d’URSS, mais Metaxas, le dictateur grec d’extrême droite, ne souhaitait pas le rapatriement de communistes grecs. Après des négociations acharnées, 10 000 visas furent tout de même délivrés par Athènes sur 40 000 demandes déposées, principalement accordés à des femmes et à des enfants de Grecs arrêtés. Une partie des malchanceux sont morts en Sibérie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 décembre 2022
22 juin : le Jour du souvenir et du chagrin en Russie
La journée est dédiée aux 27 millions de morts soviétiques de la « grande guerre patriotique », comme on la nomme en Russie. Dans tout le pays, on dépose des gerbes et des couronnes sur les tombes des soldats inconnus. La guerre, la guerre, toujours la guerre…
La Russie n’en fini pas de célébrer la « Grande Guerre patriotique » (c’est ainsi que que l’on nomme en Russie la Seconde Guerre mondiale). Est-ce pour faire oublier les piteuses guerres engagées par les Russes au cours du dernier demi siècle ?
La journée est dédiée aux 27 millions de morts soviétiques de la Grande Guerre patriotique. Dans tout le pays, on dépose des gerbes et des couronnes sur les tombes des soldats inconnus. Le 22 juin 1941 à l’aube, les soldats de Hitler commençaient à envahir l’URSS. Une entreprise qui, finalement, allait lui être fatale en raison de la résistance farouche des Soviétiques, opportunément aidés par le « général hiver ».
Instauré en 1996, le Jour du souvenir et du chagrin (День памяти и скорби), célébré chaque 22 juin, est surtout une journée de fierté d’avoir gagné cette guerre. Un sentiment cultivé à outrance par le régime de Vladimir Poutine qui, pour les besoins de sa propagande, a entrepris une réhabilitation totale de Staline et du régime soviétique.
12 juin : le Jour de la Russie, fête paradoxale, pur produit de la propagande
La Journée de la Russie est une invention récente. Elle commémore le jour où la Russie a proclamé sa souveraineté au sein de l’URSS, le 12 juin 1990. Autrement dit, elle célèbre ce que Poutine qualifie de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle », c’est-à-dire la disparition de l’URSS ! La propagande du régime en a fait une fête à la gloire de la Russie éternelle.
C’est une fête totalement paradoxale qui se déroule aujourd’hui en Russie. La Journée de la Russie (День России) est une invention récente. Ce jour férié commémore le jour où la Russie a déclaré que, désormais, ses lois primaient sur les lois soviétiques. Certains en parlent même comme du “Jour de l’indépendance” (vis à vis de l’URSS).
En 1990, alors que l’URSS était confrontée à une série de déclarations de souveraineté, notamment celles des républiques baltes, la Russie proclamait la sienne le 12 juin 1990. Ce coup de pied de l’âne, de la part de la plus importante des républiques, n’a fait que précipiter la fin de l’URSS, dissoute le 25 décembre 1991.
L'année suivante, le 12 juin 1991, la Russie (la RSFSR) a organisé sa première élection présidentielle, remportée par Boris Eltsine. En 1994, ce dernier a déclaré le 12 juin fête nationale sous l’appellation de Jour de l’adoption de la déclaration de souveraineté de la RSFSR, devenue ensuite la Fête de la Souveraineté de la Fédération de Russie (День суверенитета РФ). Puis finalement sur l’ordre de Vladimir Poutine, simplement le Jour de la Russie. Le paradoxe, c’est de voir les Russes et le premier d'entre eux Vladimir Poutine fêter un vote et un jour qui a engagé le processus de désintégration de l'URSS. Alors que ce même Vladimir Poutine a qualifié la disparition de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle », le 25 avril 2005, dans une adresse а l’Assemblée fédérale. En 2020, il a même fait noter dans la constitution russe que la Fédération de Russie s’inscrivait dans la continuité de l’URSS. Celle-la même dont on célèbre aujourd’hui la mise à mort ! On touche là toute l’ambiguïté d’un régime qui a totalement réhabilité le stalinisme, jusque dans les pratiques consistant à réécrire l’histoire, à éliminer les opposants, à étouffer toute contestation et bien sûr à intervenir militairement chez les pays « frères » qui lui résistent !
La veille du 12 juin 2017, l’opposant russe Alexeï Navalny, avait appelé à une manifestation d'ampleur dans toute la Russie pour le 12 juin. Celle-ci aura lieu, ce qui lui valut d’être emprisonné pour quelques semaines, mais il lui sera interdit de se présenter à l'élection présidentielle (on le sait, la démocratie n’a pas cours en Russie). La mobilisation des déçus du régime était chaque année, le 12 juin, plus importante. Dès l’année suivante, 4000 policiers ont été déployés pour l’occasion dans la capitale russe, des arrestations préventives ont été opérées les jours précédents dans les milieux d’opposition. Ce qui n’empêcha pas de grandes manifestations contre le président Poutine. D’ordinaire, un rassemblement se formait place Pouchkine et un défilé descendait l’avenue Sakharov… Mais, depuis cette époque, le régime s’est considérablement durci. Navalny a échappé à la mort, mais demeure en prison. Aujourd’hui, il n’est plus question de mobilisation de masse ni même de la moindre contestation individuelle. Poutine a totalement endossé le totalitarisme de l’ère soviétique.
Le régime et les médias entretiennent le flou complet sur la véritable signification de cette Journée de la Russie (12 июня День России) qui est avant tout, une occasion de plus de célébrer la grandeur de la Russie éternelle.
Les plus grandes célébrations ont lieu dans la capitale sur la Place Rouge à 17h00 avec un grand concert qui se termine par un feu d'artifice. De nombreux divertissements musicaux, théâtraux, sportifs sont organisés dans tous les quartiers de Moscou et les villes de provinces ainsi qu’en Biélorussie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 juin 2022
Mise à jour : Alexeï Navalny est mort au goulag en février 2024, probablement éliminé par le régime comme tant d’autres et comme au temps terribles de l’URSS.
17 novembre : les prémices de l'indépendance de l'Azerbaïdjan
L’Azerbaïdjan célèbre la Journée nationale de la renaissance qui commémore la grande manifestation du 17 novembre 1988 sur la place Lénine de Bakou
L’Azerbaïdjan célèbre chaque 17 novembre la Journée nationale de la renaissance (Milli dirçəliş günü). Cette année elle le fait en lançant une nouvelle offensive militaire contre l’Arménie. Le bilan serait de 15 morts pour la journée du 16 novembre. La commémoration est totalement liée au conflit arméno-azéri qui s’est conclu il y a un an par une défaite des Arméniens, mais dont les prémices remontent à 1988.
Cette journée commémore la grande manifestation du 17 novembre 1988 sur la place Lénine de Bakou (aujourd'hui place Azadliq, la Liberté) qui a duré jusqu’au 5 décembre. Les milliers d’Azerbaïdjanais étaient venus protester contre l'indifférence du gouvernement soviétique envers l’agitation des Arméniens au Haut-Karabakh réclamant le rattachement de leur territoire à l’Arménie. C'était la première manifestation antisoviétique à grande échelle en Azerbaïdjan. Ce fut le premiers pas important vers la proclamation de l'indépendance de l'Azerbaïdjan en 1991. Dans la nuit du 4 au 5 décembre, l’armée soviétique a attaqué et évacué de force la place, arrêtant les manifestants qui y ont passé la nuit. Les protestations et les manifestations se sont poursuivies à Bakou et dans d'autres villes pendant plusieurs jours après l'effondrement de la place. L’ image du rassemblement de Bakou a même été choisie comme symbole de la vague de protestations qui a balayé le monde en 1989. Le magazine Newsweek en a fait sa une.
Le Front populaire d'Azerbaïdjan (APF) a été créé en juin 1989. L'adoption de la loi constitutionnelle sur la souveraineté de l'Azerbaïdjan par le Soviet suprême en septembre de la même année a encore irrité Moscou et les 19 et 20 janvier 1990, des troupes ont été envoyées à Bakou. Lors des élections de 1990, une majorité des dirigeants du Front populaire a remporté le mandat de députés au Soviet suprême et formé une faction appelée Bloc démocratique. Le 18 octobre 1991, l’Azerbaïdjan proclame son indépendance, tout en effaçant l’autonomie de l’enclave du Haut-Karabagh. Le 10 décembre celle-ci fera de même à l’égard de l’URSS qui n’avait plus que quelques jours à vivre. C’est le début d’une guerre entre Azerbaïdjanais et Arméniens…
Le 17 novembre 1990 s'est tenue la première session du nouveau Soviet suprême de la République autonome de Nakhitchevan. Les mots « soviétique » et « socialiste » ont été supprimés du nom de la république autonome.
C’est en 1992, que le 17 novembre a été désigné Journée nationale de la renaissance. C’est un jour férié, mais depuis 2006, il n’est plus chômé. Le jour férié est marqué par des cérémonies officielles, des discours et divers événements organisés dans tout le pays.
Les commémorations de 2021 ont lieu dans un contexte de guerre. L’armée Azerbaïdjanaise qui a défait les Arméniens en novembre 2020, célèbre sa victoire tout en continuant à grignoter le territoire arménien à l’endroit, le plus stratégique et le plus vulnérable : l’étroite province arménienne du Siniuk qui sépare l’Azerbaïdjan de son exclave du Nakhitchevan. L’offensive se déroule dans une totale indifférence internationale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 novembre 2024
13 mai : les Russes célèbrent leur flotte de la mer Noire et leur présence en Crimée
Cette célébration annuelle a pris une dimension particulière depuis que, en 2014, la Crimée a été annexée par la Russie. Elle rappelle la date du 13 mai 1783. Ce jour où l’impératrice russe, Catherine II, signait un décret impérial qui autorisait la création d’une base navale et d’une flotte sur une mer où la Russie n’avait pas encore ses repères.
Cette célébration annuelle a pris une dimension particulière depuis que, en 2014, la Crimée a été annexée par la Russie. Elle rappelle la date du 13 mai 1783. Ce jour où l’impératrice russe, Catherine II, signait un décret impérial qui autorisait la création d’une base navale et d’une flotte sur une mer où la Russie n’avait pas encore ses repères. Peu de temps auparavant, l’escadre de l’amiral Klokatchev pénétrait dans la baie d’Akhtiarskaïa. Un mois plus tard, au fond de cette baie commencera la construction de la ville de Sébastopol, le futur siège de la flotte russe dans le sud de la péninsule de Crimée, prise aux Ottomans.
La flotte de la mer Noire a été créée le 13 mai 1783 par le prince Grigory Potemkine. C’est lui également qui fondera la future base navale. Laquelle au fil des siècles n’a rien d’un décor à la Potemkine. Quant à la flotte, ce n’est pas elle qui va mettre en difficulté le tsar Poutine, comme le cuirassé Potemkine avait ébranlé le trône de Nicolas II. Au contraire, au moment de l’annexion de la Crimée, plusieurs dizaines de navires ukrainiens ont fait le choix de rejoindre la flotte de la mer Noire (celle de la Russie), avec leur équipage au complet.
Sébastopol, au moment de la disparition de l’URSS, s’était retrouvé en Ukraine, avec un droit d’usage de la Russie, mais le bail se terminait en 2017. Poutine ne pouvant accepter cela, a préféré prendre les devants en mettant la main sur la Crimée avant le terme. Ensuite, l’objectif des Russes est l’exclusion complète des Ukrainiens de la mer Noire. Il y a pour cela deux étapes. La première est en train de se dérouler : c’est le blocage du détroit de Kertch menant à la mer d’Azov, un passage essentiel pour le commerce maritime de l’Ukraine. Le 24 avril dernier Moscou annoncé que la traversée des eaux de la Fédération de Russie serait suspendu pour tous les navires étrangers, militaires comme civils, jusqu’au 31 octobre. La procédure d’étouffement est en cours. La seconde étape sera de provoquer des soulèvements dans la ville d’Odessa, le seul grand port libre qu’il reste à l’Ukraine. La manœuvre consistera ensuite à venir en aide aux insurgés et à occuper Odessa, avant de l’annexer, comme Sébastopol. Ainsi étouffée, l’Ukraine tombera comme un fruit mûr dans l’escarcelle de la Russie. Avec l’espoir, du côté des Russes, que l’OTAN sur lequel comptent l’Ukraine et la Géorgie, ne réagira pas… Qui veut mourir pour Kiev ou Odessa ?
Sébastopol où se déroulent aujourd’hui les traditionnelles festivités militaires, a été assiégée en 1854 lors de la guerre de Crimée (un fait d’armes français qui valut de baptiser un boulevard parisien à son nom) puis à nouveau par l’Allemagne nazie, en 1941 (l’un des plus longs sièges de la guerre, la ville fut déclarée martyre comme Stalingrad et Leningrad).
On est ici sur un carrefour multiethnique, ces terres ont été grecques, turques, russes, soviétique et ukrainiennes. On est au cœur des mers chaudes tant convoitées par la Russie, née à plusieurs milliers de kilomètres de là. La Crimée est une dérisoire consolation pour un empire et une puissance perdue. Néanmoins, dangereuse pour son environnement immédiat. Quand cette fête a été instaurée en 1996, Moscou était encore loin des positions géostratégiques que la Russie a pu reconquérir en 25 ans. C’est cette réussite qui est célébrée aujourd’hui avec ce Jour de la flotte de la mer Noire (День Черноморского флота), célébré chaque 13 mai à Sébastopol et à Novorossiysk. Ne pas confondre avec le Jour de la marine (День Военно-Морского Флота), observé fin juillet.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
13 janvier : Il y a 30 ans, le bloody Sunday des Lituaniens
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, des chars soviétiques pénétraient dans Vilnius, à l’assaut du bâtiment de la télévision et du Parlement. La population lituanienne a réagit massivement. Plus de 50 000 personnes descendent alors dans la rue réclamer le maintien de l’indépendance et se massent pour empêcher l’occupation
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, des chars soviétiques pénétraient dans Vilnius, à l’assaut du bâtiment de la télévision et du Parlement. Le but de Moscou était de mettre au pas cette république qui avait déclaré unilatéralement son indépendance le 11 mars 1990 (elle avait été la première république soviétique à le faire).
La population lituanienne a réagit massivement. Plus de 50 000 personnes descendent alors dans la rue réclamer le maintien de l’indépendance et se massent pour empêcher l’occupation des principaux édifices stratégiques de la capitale et du Parlement. De brefs combats devant la tour de la télévision, le 13 janvier, ont fait 14 morts et quelques milliers de blessés. C’est à eux que ce jour de commémoration rend hommage, notamment lors d’une cérémonie au cimetière d’Antakalnis. La détermination pacifique des habitants de Vinius a payé : les troupes sont rappelées en Russie ; elles ne reviendront plus. L’URSS allait disparaitre avant la fin de l’année.
Hier soir une cérémonie nocturne a eu lieu. Les passionnés de course à pied ont honoré la mémoire de ceux qui sont morts pour la liberté de la Lituanie sur la traditionnelle « route de la vie et de la mort » allant du cimetière d'Antakalnis à la tour de télévision. Le même jour, une opération de don de sang est organisée à la bibliothèque nationale Martynas Mažvydas pour commémorer les défenseurs de la liberté. La journée s’est terminée par une cérémonie nocturne devant un grand bûché.
Ce 13 janvier, Journée des défenseurs de la liberté (Laisvės gynėjų diena), des fleurs seront déposées sur la place de l'Indépendance de la capitale au mémorial du 11 mars, après une levée du drapeau national. Le Seimas (Parlement lituanien) organise la cérémonie de remise du Prix de la liberté. Une messe est dite en la cathédrale de Vilnius. D’habitude, c’est journée portes ouvertes au Parlement, au Musée des victimes du génocide et au complexe commémoratif Tuskulėnai Peace Park. Ce ne sera pas le cas cette année pour raison sanitaire.
Mise à jour 2022 : Le 30 juin 2022, la Cour suprême de Lituanie a rendu son verdict définitif dans l’affaire du 13 janvier. Soixante-sept personnes, dont l’ancien ministre de la Défense soviétique, ont été condamnées pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le plus souvent par contumace. Les descendants des victimes ont longtemps demandé à entendre Mikhaïl Gorbatchev durant ce procès, en vain.
16 novembre : la révolution estonienne en chantant
Ce jour est férié en Estonie, en souvenir du jour où ce petit pays a osé affirmer sa souveraineté (par encore son indépendance), au sein de l'URSS. Depuis quelques mois, les Estoniens entonnaient des chants patriotiques en guise de protestation…
La journée est fériée en Estonie, en souvenir du jour où ce petit pays a osé affirmer sa souveraineté (pas encore son indépendance), au sein de l'URSS.
Le 16 novembre 1988, le soviet suprême d’Estonie déclarait sa souveraineté, Moscou déclarait cette déclaration non conforme à la constitution de l’URSS. Elle était pourtant l’aboutissement de la « Révolution chantante » (laulev revolutsioon) qui avait commencée spontanément en juin de la même année. 100 000 personnes avaient alors manifesté en entonnant des chants sur un parcours de quatre kilomètres aboutissant au lieu où se tenait habituellement le festival de la Chanson de Tallinn (Laulupidu), organisé tous les cinq ans depuis 1869. La foule brandissait des drapeaux aux couleurs de l’Estonie. En septembre, ils étaient quelque 300 000 au même endroit à entonner des chants patriotiques. La non-violence était consciemment une stratégie politique. Dans la soirée du 20 août 1991, l’Estonie a été proclamée indépendante, sans avoir perdu une seule vie. L’URSS avait vécu.
Le 16 novembre est désormais célébré chaque année comme le Jour de la déclaration de souveraineté (Suveräänsuse deklareerimise päev). Cette année, en raison de l’épidémie, les commémorations seront bien plus modestes qu’à l’ordinaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 novembre 2020
9 mai : les Russes commémorent la victoire
Comme à l’époque soviétique, les Russes commémorent la victoire de la « Grande Guerre patriotique » qui s’est achevée par la capitulation signée à Berlin, le 9 mai à 0h16. D’où la date du 9 mai retenue par Moscou, alors que Paris fête la cessation des combats, le 8 mai à 15h.
Comme à l’époque soviétique, les Russes commémorent la victoire de la « Grande Guerre patriotique » qui s’est achevée par la capitulation signée à Berlin, le 9 mai à 0h16. D’où la date du 9 mai retenue par Moscou, alors que Paris fête la cessation des combats, le 8 mai à 15h. Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année arborent leurs nombreuses médailles. Les autres se contentent du ruban de Saint-Georges (rayé orange et marron), vendu à la sauvette dans la rue et qui symbolise la victoire. Lors de sa première présidence, Boris Elsine a renoué avec les grands défilés militaires qui faisaient la fierté des dirigeants de l’URSS : porte-missile, patrouille aérienne... le pays fait état de sa force militaire aux yeux du monde.
Le défilé du 9 mai a été conservé dans la plupart des États ex-soviétiques, sauf les pays baltes où, au contraire la date a parfois servi à des cérémonies semi-officielles d’hommage aux Waffen-SS qui ont provoqué des troubles. Même chose en Ukraine où la journée du 9 mai est assez tendue, car ce pays très divisé sur la question de ses relations avec la Russie. À l’ouest, à Lviv (Lvov), la commémoration tourne généralement à l’émeute.
Pour marquer la journée, le président Poutine dépose des fleurs sur la tombe du Soldat inconnu dans le jardin Alexandre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 décembre : l'Arménie se souvient du séisme de 1988
Les autorités arméniennes, comme la diaspora, commémorent chaque année les presque 30 000 morts (et plus de 500 000 sans abris) causés par le séisme du 7 décembre 1988, à 11h41, de magnitude 6,9 ravageait le nord de l'Arménie, en particulier la région de Leninakan (aujourd'hui, Gyumi). C’était, il y a 30 ans, jour pour jour.
Les autorités arméniennes commémorent chaque année les presque 30 000 morts (et plus de 500 000 sans abris) causés par le séisme du 7 décembre 1988, à 11h41, de magnitude 6,9 ravageait le nord de l'Arménie, en particulier la région de Leninakan (aujourd'hui, Gyumi).
Le désarroi était tel que pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'URSS, qui vivait ses dernières années, acceptait une assistance étrangère d'urgence. Le séisme a presque entièrement détruit deux villes au nord de l’Arménie : Spitak et Leninakan. C’était, il y a 30 ans, jour pour jour.
En France la diaspora commémore la catastrophe, comme à Valence où le C24 Comité du 24 Avril Drôme-Ardèche appelle le public à un rassemblement devant la stèle du génocide à Valence, œuvre de Toros, square Jean-Manoug Stépanian. Au programme : allumage de bougies, dépôts de gerbes, dont celles du Maire de Valence Nicolas Daragon et du C24 et chant Pour toi Arménie, composé par les jeunes de l’Académie de danses et chants France-Ashtarak-Arménie. Prières.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde