L’Almanach international

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28 décembre : le grand pèlerinage dédié à saint Gabriel en Éthiopie

Chaque année, le 28 décembre quelque 100 000 pèlerins affluent dans la petite ville de Kulubi pour participer à une procession en l'honneur de saint Gabriel. Celui-ci est vénéré partout en Éthiopie, la notoriété de Kulubi est, en fait, liée à la fameuse victoire d’Adoua sur les Italiens.

 

Chaque année, le 28 décembre quelque 100 000 pèlerins affluent dans la petite ville de Kulubi pour participer à une procession en l'honneur de saint Gabriel, appelée Kulubi Gabriel. La localité de Kulubi est située à l’extrême nord de l’Oromia, entre Dire Dawa et Harar (à 480 km d’Addis Abeba)

La plupart des pèlerins sont arrivés hier soir à Kulubi pour venir prier dans l’église Saint-Gabriel pour accomplir un vœu, remercier l'archange pour les prières entendues et des demandes exaucées. Il est de coutume de laisser en offrande des bougies et des parapluies aux couleurs vives. Après la fête, les objets collectés sont à nouveau vendus aux croyants et les bénéfices sont utilisés pour aider les pauvres. Au cours de la fête, environ un millier de bébés sont baptisés, parmi eux beaucoup de petits Gabriel.

L’archange Gabriel a toujours été un des saints plus vénérés en Éthiopie. Le 28 décembre une grande célébration se déroule dans chaque église Saint-Gabriel du pays. Que ce soit à Addis-Abeba, à Lalibela, ou lors d'une randonnée communautaire Tesfa dans un village où une église possède un sanctuaire dédié à Gabriel, il y aura des célébrations spéciales. La Saint-Gabriel est également une fête majeure dans la diaspora notamment aux États-Unis ou au Canada.

L’importance de Kulubi de date que d’un peu plus d’un siècle, en 1896, l’empereur Ménélik II, dit le Ras Mekonnen, en route vers le nord pour combattre les Italiens, s’y est arrêté pour prier et demander de l’aide. Quelques semaines plus tard les Éthiopiens battaient les Italiens à Adoua, le 2 mars, devenu depuis un jour de fête nationale. À son retour, il fait bâtir une grande église en l’honneur de Gabriel. Son fils, Hailé Selassié, a ensuite, en 1962, fait reconstruire l’église qui celle que l’on visite aujourd’hui.

La Saint-Gabriel (ቅዱስ ገብርኤል) est célébrée le 19 Koiak (Tahsas) dans le calendrier éthiopien, ce qui correspond au 28 décembre (ou 29 décembre dans les années bissextiles éthiopiennes) dans le calendrier grégorien. Gabriel est un archange des religions abrahamiques (judaïsme, christianisme et islam) dont le nom signifie « Dieu est ma force ». Selon la tradition chrétienne, Gabriel est apparu au prophète Daniel pour expliquer ses visions et prédire la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus. En Éthiopie, Gabriel est aussi fêté le 26 juillet, ce qui donne lieu à un autre pèlerinage à Kulubi. Les catholiques fêtent modestement Gabriel le 29 septembre, en même temps que Michel et Raphaël.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 décembre 2023

 

Image : Service de presse éthiopien

L’église Saint-Gabriel de Kulubi

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28 décembre : le 1er avril des Espagnols

En Espagne, dans le monde hispanique et jusqu’aux Philippines,  c’est le jour des farces, à l’instar du 1er avril dans d’autres pays. Derrière cette journée un peu folle se cache une référence biblique et une fête dédiée aux Saints Innocents.

 

En Espagne, dans le monde hispanique et jusqu’aux Philippines,  c’est le jour des farces, à l’instar du 1er avril dans d’autres pays.  De la plaisanterie anodine au véritable canular, cette journée de la malice est aujourd’hui incontournable. En Espagne, une grande soirée télévisée très populaire met en scène des farces faites à des personnalités du showbiz. C’est l’occasion d’un gala de charité destiné à collecter des fonds pour différentes organisations qui se consacrent au traitement des problèmes des enfants. Au Mexique, les journaux participent à la fête en publiant de fausses nouvelles sur un ton ironique ou humoristique. 

Cette fête est connue sous le nom de Jour des Saints Innocents (Día de los Santos Inocentes), référence biblique à la mise à mort de tous les enfants de moins de deux ans nés à Bethléem sur ordre du roi Hérode le Grand. Cette légende a profondément marqué le discours religieux catholique et inspiré de nombreux peintres. On raconte que des mages se sont présentés à Hérode en lui demandant où était le futur roi des Juifs qui venait de naître. Celui-ci craignant pour son trône envoya des soldats passer par l’épée tous les nouveau-nés. L’Église catholique se souvient de ce massacre chaque 28 décembre. Au Mexique, c’est même considéré comme l'une des fêtes religieuses les plus importantes. Chaque paroisse la célèbre à sa manière, des cadeaux (vêtements) et de la nourriture (souvent des bonbons) sont offerts ce jour-là à l’enfant Jésus. Dans certaines villes espagnoles, la célébration prend l’allure d’un carnaval.

En France, la tradition de la « fête des fous » a disparu, mais on en trouve des traces dans des récits comme celui de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris. Les origines de cette fête sont bien antérieures puisqu’on les fait remonter aux Saturnales de l’époque romaine (rythmées par le calendrier julien).

Le matin du 28 décembre, en Carinthie et en Styrie (Autriche), les enfants (de moins de 12 ans) vont traditionnellement de maison en maison en souhaitant santé et bonheur pour le Nouvel An en chantant « Schapp, schapp, frisch und g'sund, s'ganze Jahr gsund bleibn, nit klunzn nit klagn, bis i wieder kumm schlagn. » ["Snap, snap, frais et en bonne santé, restez en bonne santé toute l'année sans vous plaindre jusqu'à ce que je revienne frapper à la porte."] En échange, ils reçoivent des bonbons ou quelques sous. Ils doivent toutefois être de retour chez eux avant midi, sous peine d’être tués nous dit cette très ancienne coutume qui s’est perdue dans le reste du monde germanique. En Carinthie, elle est connue sous le nom de Schappen et en Styrie de Frisch & Gsund. Autrefois, la tradition voulait que les enfants frappent symboliquement avec une petite branche les adultes des maisons visitées. L’Église a fait de cette tradition une punition symbolique des adultes pour le massacre ordonné par Hérode. La tradition païenne, les enfants participaient, sans le savoir, à une magie favorisant la fertilité.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 décembre 2022

 
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28 décembre : la mémoire de la déportation des Kalmouks par Staline

La Journée du souvenir des victimes de la déportation des Kalmouks, opérée par Staline en 1943.

 

Les Kalmouks, peuple mongol, sont les habitants de l’ancien Khanat de Khalmyk, devenu une colonie russe puis un oblast autonome au sein de la république de Russie, composante de l’URSS. En 1935, l’obast a accédé au statut de République socialiste soviétique autonome de Kalmoukie. Elle est située sur la côte nord de la mer Caspienne.

C’est pendant la Seconde guerre mondiale que la destinée de plusieurs peuples minoritaires de l’URSS a basculée. Dénoncés comme ennemi, les Tatars de Crimée, les Balkars,  les Tchétchènes et les Ingouches, les Kalmouks… Pour ces derniers cela s’est joué le 28 décembre 1943 avec l’ordre signé par Staline de déportation vers la Sibérie du peuple Kalmouks en entier. La veille leur république avait été supprimée de la carte de l’URSS. Accusés de collaborer avec les occupants nazis et combattu l’Armée rouge, quelque 100 000 personnes furent jetées hors de leurs maisons. Les femmes, les enfants et les vieillards ont été entassés dans des wagons à bestiaux pour être envoyés en Sibérie. Nom de code de l’opération « Ulusy » (Операция « Улусы »). 16 000 d’entre eux ont perdu la vie pendant la déportation, de faim, de froid ou de maladie, avant d’atteindre leur destination finale.  D’autres sont morts en Sibérie… Ils n’étaient plus que 60 000 en 1945.

Les Kalmouks ont été réhabilités après la mort de Joseph Staline . En 1956, son successeur Nikita Khrouchtchev dénonça les répressions de Staline et initia une série de réformes. La république soviétique de kalmoukie a été rétablie et les Kalmouks ont été autorisés à retourner dans leur région d'origine depuis les colonies sibériennes. En 1991, les répressions de Staline contre les minorités ethniques ont été officiellement déclarées comme un acte de génocide.

En 2004, le Parlement de Kalmoukie a déclaré le 28 décembre – anniversaire du début de la déportation – la Journée du souvenir des victimes de la déportation des Kalmouks (Депортация калмыков). Ce matin, un rassemblement de deuil a lieu à Elista, la capitale de la Kalmoukie, en mémoire des victimes de la déportation et de la répression. L'événement organisé près du monument d’Ernst Neizvestny "Exode et retour" réunit environ 3000 personnes. Des représentants d'organisations  d'anciens combattants, d'organismes de l'État et de simples citoyens déposent fleurs et couronnes au mémorial. Des cérémonies religieuses orthodoxes et bouddhistes complètent la journée commémorative. Ce jour, sur le territoire de la Kalmoukie, est un jour férié et chômé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Le monument “Exodus et Retour”

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