L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1837, Canada, Célébration patriotique Bruno Teissier 1837, Canada, Célébration patriotique Bruno Teissier

20 mai : la Journée des patriotes au Québec, pour éviter de fêter la Monarchie

Cette journée commémore les événements de 1837-1838 qui virent les Québecois s’insurger contre l’occupant anglais pour la reconnaissance de leur peuple et la démocratie. Ce même jour, dans le reste du Canada, c’est la « fête de la Reine », même si le monarque est aujourd’hui un roi.

 

Le Québec est en effervescence, drapeaux de la province bien en évidence sur les bâtiments officiels et dans les rues, ambiance de fête empreinte de solennité, la journée est un mélange de grande fête populaire et de cérémonie du souvenir : défilés en tenue d’époque, reconstitutions de scène de bataille, repas champêtres, conférences, expositions… Cette Journée des patriotes commémore les événements de 1837-1838 qui virent les Québécois s’insurger face à l’occupant anglais pour la reconnaissance de leur peuple et la démocratie. Autrefois, cette journée était célébrée en novembre car la rébellion avait débuté en novembre 1837. Mais,  en  2003, il a fallu remplacer la fête de Dollard des Ormeaux, un héros aujourd’hui controversé de la lutte pour l’indépendance de la Nouvelle France. Or, cette journée étant fériée dans l’ensemble du Canada, il fallait lui trouver une thématique proprement québécoise faute de quoi, c’est le monarque qui est aujourd’hui célébré. On le sait, les Québécois n’aiment guère la monarchie britannique.

En effet, la Journée des patriotes a été placée ce jour-là pour concurrencer une autre fête, toujours d’actualité dans l’ensemble du Canada : la Fête de la reine ou Victoria Day. À l’origine, c’était l’anniversaire de la reine Victo­ria (née le 24 mai 1819). Aujourd’hui, le souverain du Canada est Charles III, mais la journée a conservé son appellation de Fête de la Reine. À cette occasion, l’Union Jack (drapeau du Royaume-Uni) flotte aux côtés du drapeau national canadien toute la journée. 

Cela dit, pour beaucoup de Canadiens, cette journée instaurée en 1953, représente avant tout un jour férié et chômé qui permet, chaque année, un week-end de trois jours puisqu’il tombe toujours un lundi ! Pour beaucoup, c’est le premier congé de l’année, il arrive au moment où les températures commencent à se radoucir. Certes, pour les catholiques, ce 20 mai est aussi le lundi de Pentecôte mais il n’est pas férié au Canada.

Le drapeau des patriotes du Canada des années 1837-1838 (vert-blanc-rouge) est encore régulièrement brandi lors de la fête nationale du Québec, le 24 juin,  et bien sûr pour la Journée des patriotes, au mois de mai.

En Ontario, où on célèbre officiellement Victoria Day, les Franco-Ontariens continuent toutefois de parler de cette journée comme de la fête de fête de Dollard.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2024

 
Le drapeau des patriotes du Canada des années 1837-1838

Le drapeau des patriotes du Canada des années 1837-1838

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1083, Hongrie, 20 août, Célébration patriotique Bruno Teissier 1083, Hongrie, 20 août, Célébration patriotique Bruno Teissier

20 août : la Saint-Étienne, fête nationale hongroise

Les Hongrois célèbrent aujourd’hui l’anniversaire de saint Étienne (Szent Istvan), premier roi de Hongrie (1000-1038), fondateur de l’État et évangélisateur du pays.

 

Les Hongrois célèbrent aujourd’hui l’anniversaire de saint Étienne (Szent Istvan ünnepe), premier roi de Hongrie (1000-1038), fondateur de l’État et évangélisateur du pays. Le 20-Août est aussi la Fête de la fondation de l’État (Államalapítás ünnepe).

Une série de manifestations marque l’événement dont la traditionnelle procession en costume d’époque portant la Sainte Dextre (relique de la main de saint Étienne), véritable trésor national. Un pain spécial est cuit à cette occasion, souvenir d’une époque (après-guerre) où l’on a voulu remplacer une fête religieuse par une fête des moissons et l’habitude a perduré. Le Danube est au cœur de la fête avec une gigantesque parade fluviale puis une parade aérienne au-dessus du fleuve, occasion pour des pilotes chevronnés de donner des frissons à une foule massée sur les berges du fleuve. C’est de là qu’on aura la meilleure vue, ce soir, sur le feu d’artifice qui est comme le point d’orgue de cette fête qui envahit aussi les rues de la ville et donne lieu aux journées de l’artisanat local dans le quartier du château de Buda. Entre tradition et modernité, les Hongrois ont fait de cette fête nationale finalement assez récente (1891) une occasion de célébrer leur saint patron, leur constitution et leur savoir-faire !

Le 20 août correspond à l’anniversaire de sa canonisation en 1083. Pour le Vatican, la fête de saint Étienne de Hongrie est le 16 août. Mais, le saint Étienne le plus connu en Occident n’est pas celui des Hongrois, mais celui qui se fête le 26 décembre.

La Constitution de 2012 mentionne que la Hongrie, depuis sa fondation par le roi Étienne, fait partie de l'Europe chrétienne. Cette nouvelle constitution, qui resteint le champs démocratique, fait référence à Dieu, au chistianisme et à la famille traditionnelle (les pilers de la propagande du régime autoritaire mis en place par Viktor Orban). La Hongrie est l’une des plus jeunes nations en Europe, moins de mille ans ! D’où, sans doute, le nationalisme chatouilleux des Hongrois et leur tropisme oriental prononcé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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11 juillet : la fête de la Communauté flamande

Chaque année, l’anniversaire de bataille des Éperons d'Or (Guldensporenslag) qui s’est déroulée à Courtrai, le 11 juillet 1302 sert de prétexte à une fête de la Communauté flamande de Belgique (Vlaanderen Feest), devenue la fête nationale flamande. Une occasion de relancer la revendication d'une plus grande autonomie de la Flandre.

 

Chaque année, l’anniversaire de bataille des Éperons d'Or (Guldensporenslag) qui s’est déroulée le 11 juillet 1302 sert de prétexte à une fête de la Communauté flamande de Belgique (Vlaanderen Feest), devenue la fête nationale flamande. 

Le comte de Flandre, avec l'aide des milices communales, a battu les troupes du roi de France dans la plaine de Groeninghe, près de Courtrai. Les centaines d’éperons d’or retrouvés sur le champ de bataille ont valu à cette bataille le nom de « Bataille des éperons d’or ». Ceux-ci ont été prélevés par les klauwaerts, membres des milices flamandes, avant d’être exposées comme trophées en l’église Notre-Dame de Courtrai.

Cette fête a été longtemps réclamée par les Flamands. La communauté flamande parvient à ses fins en 1973. Le 11 -Juillet est déclaré Feestdag van de Vlaamse Gemeenschap (Fête nationale de la communauté flamande) et devient un jour de congé obligatoire. D'habitude, le président de l'assemblée flamande prononce à cette occasion un discours dans la salle gothique de l'Hôtel de ville devant des centaines d'invités.  De son côté, le Ministre-président du gouvernement flamand Jan Jambon (N-VA) a prononce un discours au Groeningekouter de Courtrai, l'un des hauts lieux de l'histoire flamande.

Cette année, le ministre-président wallon Elio Di Rupo est l'invité d'honneur des festivités brugeoises de la Communauté flamande. L'ancien Premier ministre belge et ex-président du PS a fait la veille, une allocution sur sa vision de l'état du pays, au cours d'une séance solennelle en soirée dans la salle gothique de l'hôtel de ville de Bruges, selon le "11 Juli-Komitee".

L'ancien Premier ministre et ex-président du PS fera, la veille du 11 juillet, une allocution sur sa vision de l'état du pays, au cours d'une séance solennelle en soirée dans la salle gothique de l'hôtel de ville de Bruges, selon le "11 Juli-Komitee".

Depuis 2002, afin d’encourager les initiatives festives locales, le gouvernement flamand distribue un « chèque de fête » de 180 euros à tout citoyen qui organise une fête dans sa rue ou son quartier. Ce chèque peut être utilisé par exemple pour installer des jeux, des équipements dans la rue, acheter de la nourriture et des boissons auprès du secteur horeca local. C’est aujourd'hui devenu une tradition. La fête ne se limite pas au 11 juillet, de nombreux spectacles et festivités se sont déroulés ce week-end, certains perturbés par la pluie.

Une autre tradition du 11 juillet est la revendication d'une plus grande autonomie de la Flandre. L’an dernier, Liesbeth Homans avait, tout comme le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA également), glissé nombre d'accents communautaires dans son discours. Elle est revenue sur les activités du groupe de travail sur les affaires institutionnelles du parlement flamand qui a examiné la structure institutionnelle du pays au cours de l'année écoulée. L'une des conclusions de ce groupe de travail était que, dans l'attente des élections de 2024 et d'une éventuelle révision de la Constitution, la Flandre peut déjà prendre un certain nombre de mesures…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 juillet 2023

 
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23 juin : le jour du Grand-Duc, fête nationale du Luxembourg

L'anniversaire officiel du Grand-Duc est la fête nationale du Luxembourg. Elle est célébrée le 23 juin de chaque année, quelle que soit la date de naissance réelle du monarque régnant.

 

Dans certaines monarchies, l'anniversaire du souverain est un jour férié officiel. Au Luxembourg, l'anniversaire officiel du Grand-Duc est même la fête nationale du pays (Nationalfeierdag). Elle est célébrée le 23 juin de chaque année, quelle que soit la date de naissance réelle du monarque régnant.

L'anniversaire du souverain a été déclaré fête nationale du Luxembourg en 1947. Comme la Grande-Duchesse Charlotte, alors régnante, est née en janvier, la célébration a souvent été gâchée par le mauvais temps. C'est pourquoi en 1962, la date de son « anniversaire » fut fixée au 23 juin, veille de la Saint-Jean, du nom du prince héritier. Si le 23 juin tombe un dimanche, la célébration est reportée au 24 juin.

La célébration de l'anniversaire de S.A.R. le Grand-Duc débute la veille par une réception de la famille grand-ducale à l’Hôtel de ville, suivie d’une procession aux flambeaux (Fakelzuch) dans la soirée du 22 et d’un feu d’artifice (Freedefeier). Cette année, le populaire "Fakelzuch" commence à 21h20 près de la rue Beck à Groussgaass. De là, les quelque 2 500 participants sont conduits par la rue du Fossé jusqu'au Knuedler. La famille grand-ducale est attendue vers 21h30 pour suivre la retraite aux flambeaux en compagnie du bourgmestre Lydie Polfer, de l'échevin Serge Wilmes et Cie depuis la tribune devant la mairie.

Ensuite, le 23 juin, la journée commence par une cérémonie officielle au monument national de la Solidarité luxembourgeoise (Kanounenhiwwel), suivie du tir d'honneur de 21 coups de canon, tirés du Fetschenhaff, et d'un défilé militaire à 12h dans le quartier Kirchberg. Un Te Deum traditionnel est chanté à 16h dans la cathédrale Notre-Dame ainsi que dans toutes les églises du pys. Des concerts ont lieux un peu partout… Outre les célébrations officielles, il y a une grande fête pour les familles dans le parc de la ville tout au long de la fête nationale. Au "Spillfest", le Kinnekswiss se transforme en un gigantesque terrain de jeux de 10h à 18h.

L’héritier du trône et son épouse ont coutume de venir à Esch-sur-Alzette (la deuxième ville du pays) pour célébrer la Fête nationale avec la population, les associations locales et les scouts.

Ce Jour de la célébration officielle du jour anniversaire de la naissance du Grand-Duc est appelé par les luxembourgeois Groussherzogsgebuertsdag (le jour d’anniversaire du Grand-Duc). Les cérémonies sont retransmises sur RTL Télé Lëtzebuerg.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 juin 2021

Mise à jour : le 23 juin 2024, le Grand-Duc Henri de Luxembourg a profité de la fête nationale pour annoncer qu'il commencerait à transférer ses pouvoirs à son fils Guillaume en octobre, une étape décisive ouvrant la voie à l'abdication du monarque.

 
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1878, Bulgarie, 3 mars, Célébration patriotique Bruno Teissier 1878, Bulgarie, 3 mars, Célébration patriotique Bruno Teissier

3 mars : les ambiguïtés de la fête nationale bulgare

La fête nationale de la Bulgarie commémore la signature du traité de San Stefano le 3 mars 1878, faisant réapparaître une Bulgarie sur la carte de l’Europe, près de cinq siècles après sa disparition en 1396, absorbée par l’Empire ottoman. Une fête ambiguë néanmoins, qui met mal à l’aise les voisins de la Bulgarie.

 

La fête nationale de la Bulgarie commémore la signature du traité de San Stefano (Санстефански мирен договор) le 3 mars 1878, faisant réapparaître une Bulgarie sur la carte de l’Europe, près de cinq siècles après sa disparition en 1396, absorbée par l’Empire ottoman. On peut s’interroger sur le choix de la date, car ce n’est pas encore l’indépendance du pays, laquelle ne sera obtenue que 30 ans plus tard, en 1908. Concernant la Bulgarie, ce traité ne sera jamais appliqué. Il est très vite annulé et remplacé, quatre mois plus tard, par celui signé à Berlin en juillet 1878. Ce dernier n’alloue plus à la Bulgarie qu’un territoire réduit de moitié et morcelé en deux principautés qui demeurent toutes deux sous l’autorité d’Istanbul.

Si la date a été choisie comme fête nationale, en 1990, c’est qu’elle célèbre une Bulgarie rêvée, une grande Bulgarie qui englobait la Macédoine du Nord dans sa totalité et une moitié de celle du sud, si bien que la Bulgarie aurait disposé d’une côte sur la mer Égée. Si cette Grande Bulgarie n’a pas été créée c’est qu’on a craint que ce pays ne devienne un obligé de la Russie – il le deviendra effectivement plus tard – et lui offre une ouverture sur la Méditerranée. 

Les Bulgares sont très frustrés d’avoir entrevu les contours d’un tel pays et que cela leur ait été aussitôt retiré. Ils ont profité des guerres balkaniques (1912-1913) pour tenter de reprendre ces territoires, en vain.  Finalement, la Bulgarie put en partie mettre la main dessus entre 1941 et 1944 mais à la faveur d’une alliance avec l’Allemagne nazie. Ce pays du camp des vaincus se verra donc retirer tous ses gains territoriaux en 1944.

De fait, cette fête nationale bulgare est toujours empreinte d’un certain irrédentisme qui n’est pas sans rappeler le discours des nationalistes russes à l’égard de la Biélorussie et de l’Ukraine… Quoi d’étonnant que l’extrême droite bulgare en fasse une célébration largement orchestrée. Certes la Bulgarie n'a pas de velléités d'envahir la Macédoine du Nord, mais elle s'adonne tout de même à des tracasseries diplomatiques comme un veto à son entrée dans l'UE. Ce qui n'est pas rien. Cela dit, le nom officiel de cette fête rappelle juste la Libération de la Bulgarie du joug ottoman (Ден на Освобождението на България от османско иго).

À Sofia, après une messe à 10 heures en la cathédrale Alexandre Nevski, un service commémoratif et d'action de grâce est organisé en l'honneur de la fête nationale. À 11 heures, le président Roumen Radev et la vice-présidente Iliyana Yotova participent à une cérémonie dе levée du drapeau bulgare devant le tombeau du Soldat inconnu où sont commémorées les victimes de la lutte pour la liberté de Bulgarie. Un feu d’artifice et une revue de la garde d’honneur se déroulent à 18.30 sur l’esplanade devant l’Assemblée nationale quand le président reçoit le corps de parade de l’armée bulgare.

Des célébrations ont également lieu au col de Chipka (Шипченски проход) dans les Balkans, au centre de la Bulgarie, qui fut le théâtre d’une la bataille décisive, du 5 au 9 janvier 1878. Une monument commémoratif y a été construit.

Le 3 mars est devenu le Jour de la libération de la Bulgarie en 1888, mais il a fallu attendre 1978 pour qu'il devienne un jour férié en Bulgarie et 1990 pour qu’il soit officiellement déclaré fête nationale de la Bulgarie, en remplacement du 9 septembre, date anniversaire de l’entrée des troupes soviétiques sur le territoire bulgare en 1944, qui était la fête nationale de la Bulgarie communiste.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La cérémonie du 3-Mars au col Chipka

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De San Stefano (mars 1878) à Berlin (Juillet 1878)

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1990, Russie, 12 juin, Célébration patriotique Bruno Teissier 1990, Russie, 12 juin, Célébration patriotique Bruno Teissier

12 juin : le Jour de la Russie, fête paradoxale, pur produit de la propagande

La Journée de la Russie est une invention récente. Elle commémore le jour où la Russie a proclamé sa souveraineté au sein de l’URSS, le 12 juin 1990. Autrement dit, elle célèbre ce que Poutine qualifie de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle », c’est-à-dire la disparition de l’URSS ! La propagande du régime en a fait une fête à la gloire de la Russie éternelle.

 

C’est une fête totalement paradoxale qui se déroule aujourd’hui en Russie. La Journée de la Russie (День России) est une invention récente. Ce jour férié commémore le jour où la Russie a déclaré que, désormais, ses lois primaient sur les lois soviétiques. Certains en parlent même comme du “Jour de l’indépendance” (vis à vis de l’URSS).

En 1990, alors que l’URSS était confrontée à une série de déclarations de souveraineté, notamment celles des républiques baltes, la Russie proclamait la sienne le 12 juin 1990. Ce coup de pied de l’âne, de la part de la plus importante des républiques, n’a fait que précipiter la fin de l’URSS, dissoute le 25 décembre 1991. 

L'année suivante, le 12 juin 1991, la Russie (la RSFSR) a organisé sa première élection présidentielle, remportée par Boris Eltsine. En 1994, ce dernier a déclaré le 12 juin fête nationale sous l’appellation de Jour de l’adoption de la déclaration de souveraineté de la RSFSR, devenue ensuite la Fête de la Souveraineté de la Fédération de Russie (День суверенитета РФ). Puis finalement sur l’ordre de Vladimir Poutine, simplement le Jour de la Russie. Le paradoxe, c’est de voir les Russes et le premier d'entre eux Vladimir Poutine fêter un vote et un jour qui a engagé le processus de désintégration de l'URSS. Alors que ce même Vladimir Poutine a qualifié la disparition de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle », le 25 avril 2005, dans une adresse а l’Assemblée fédérale. En 2020, il a même fait noter dans la constitution russe que la Fédération de Russie s’inscrivait dans la continuité de l’URSS. Celle-la même dont on célèbre aujourd’hui la mise à mort ! On touche là toute l’ambiguïté d’un régime qui a totalement réhabilité le stalinisme, jusque dans les pratiques consistant à réécrire l’histoire, à éliminer les opposants, à étouffer toute contestation et bien sûr à intervenir militairement chez les pays « frères » qui lui résistent !

La veille du 12 juin 2017, l’opposant russe Alexeï Navalny, avait appelé à une manifestation d'ampleur dans toute la Russie pour le 12 juin. Celle-ci aura lieu, ce qui lui valut d’être emprisonné pour quelques semaines, mais il lui sera interdit de se présenter à l'élection présidentielle (on le sait, la démocratie n’a pas cours en Russie). La mobilisation des déçus du régime était chaque année, le 12 juin, plus importante. Dès l’année suivante, 4000 policiers ont été déployés pour l’occasion dans la capitale russe, des arrestations préventives ont été opérées les jours précédents dans les milieux d’opposition. Ce qui n’empêcha pas de grandes manifestations contre le président Poutine. D’ordinaire, un rassemblement se formait place Pouchkine et un défilé descendait l’avenue Sakharov… Mais, depuis cette époque, le régime s’est considérablement durci. Navalny a échappé à la mort, mais demeure en prison. Aujourd’hui, il n’est plus question de mobilisation de masse ni même de la moindre contestation individuelle. Poutine a totalement endossé le totalitarisme de l’ère soviétique.

Le régime et les médias entretiennent le flou complet sur la véritable signification de cette Journée de la Russie (12 июня День России) qui est avant tout, une occasion de plus de célébrer la grandeur de la Russie éternelle.

Les plus grandes célébrations ont lieu dans la capitale sur la Place Rouge à 17h00 avec un grand concert qui se termine par un feu d'artifice. De nombreux divertissements musicaux, théâtraux, sportifs sont organisés dans tous les quartiers de Moscou et les villes de provinces ainsi qu’en Biélorussie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 juin 2022

Mise à jour : Alexeï Navalny est mort au goulag en février 2024, probablement éliminé par le régime comme tant d’autres et comme au temps terribles de l’URSS.

 
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1855, 1945, Japon, Célébration patriotique, 7 février Bruno Teissier 1855, 1945, Japon, Célébration patriotique, 7 février Bruno Teissier

7 février : le Japon rappelle le contentieux sur les Kouriles

La Journée des Territoires du Nord est l’occasion, au Japon, de rappeler le contentieux territorial qui l’oppose à la Russie concernant les quatre îles les plus méridionales de l’archipel des Kouriles.

 

Le Japon célèbre chaque 7 février, depuis 1981, la Journée des Territoires du Nord (北方領土の日) : une occasion de rappeler le contentieux territorial qui oppose le Japon à la Russie concernant les quatre îles les plus méridionales de l’archipel des Kouriles.

La date de cette journée n’a pas été choisie par hasard : le 7 février 1855 que le Japon et la Russie tsariste avaient signé un traité de commerce, de navigation et de démarcation frontalière dans lequel l'appartenance des quatre îles du sud des Kouriles à l'empire du Soleil-Levant était explicitement reconnue.

Les îles de Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri ont été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l'annonce de la capitulation du Japon. Peuplées d'environ 17 000 habitants pour une superficie totale de quelque 5 000 km2, elles sont depuis administrées par Moscou.

C’est ce litige bloque depuis 77 ans la signature d’un traité de paix entre la Russie et le Japon. Ce dernier avait toutefois rétabli ses relations diplomatiques avec l’URSS en 1956, la Russie a pris le relais. Mais, la Déclaration commune nippo-soviétique de 1956, ratifiée par la Diète japonaise et le Soviet suprême de l’URSS, ne contient aucun accord sur l’attribution des Territoires du Nord et spécifie simplement que les îles Habomai et celle de Shikotan seront restituées au Japon une fois qu’un traité de paix aura été signé. Or, à ce jour aucun traité de paix n’a été signé entre les deux pays. Arguant qu’en cas de restitution, une base américaine pourrait s’y installer, les Russes ne veulent pas céder sur les deux îles principales : Iturup (nom russe de Etorofu) et Kunashir (Kunashiri) et ne restituer que deux îles : Habomai et Shikotan, les plus petites et inhospitalières. Tokyo juge cette proposition inacceptable et continue d'exiger la restitution de tous les Territoires du Nord ( (北方領土).

La seule avancée, obtenue en 1992, c’est la possibilité pour les Japonais de se rendre sur les îles sans visa. Ces autorisations sont renouvelées chaque été et permettent aux descendants des autochtones de venir entretenir les tombes de leurs ancêtres.

En janvier 2019, Kôno Tarô, ministre des Affaires étrangères du Japon, et Sergueï Lavrov, son homologue russe, ont entamé des négociations avec l’objectif de régler le litige des Territoires du Nord (îles Kouriles) et de signer un traité de paix. Elles n’ont pas abouti à ce jour. Toutefois, outre une très improbable restitution, les deux pays négocient également des projets économiques sur les îles dans les domaines de la pêche, de l'agriculture, de l'énergie éolienne, du tourisme.

 

Lycéens en visite au cap Nosappu (pointe nord-est du Japon) où a été construit Le pont des quatre îles, monument dédié à la prière pour le retour des îles Habomai sous souveraineté japonaise. 

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31 décembre : la journée de la diaspora et du nationalisme azéri

C’est la Journée internationale de solidarité des Azerbaïdjanais en souvenir du 31 décembre 1989, quand le Front populaire d'Azerbaïdjan demandait la suppression des frontières entre l’Iran et la république soviétique d’Azerbaïdjan.

 

Ce jour est férié en Azerbaïdjan en souvenir du 31 décembre 1989, quand le Front populaire d'Azerbaïdjan demandait la suppression des frontières entre la république soviétique d’Azerbaïdjan et l’Iran afin de réunir le peuple azéri en un seul État. Écoutant cet appel, près de 4000 manifestants azerbaïdjanais avaient traversé le fleuve Arax qui sépare les deux pays afin de rejoindre les Azerbaïdjanais iraniens. Coupant les fils barbelés, ils ont détruit la frontière sur 130 kilomètres, en exigeant la libre circulation entre les deux pays. Le même jour, le premier Congrès mondial des Azerbaïdjanais s’ouvrait à Istanbul, en Turquie. Ce sont ces deux événements qui ont inspiré la Journée internationale de solidarité des Azerbaïdjanais (Dünya Azərbaycanlılarının Həmrəylik Günü) qui est célébrée chaque 31 décembre depuis 1991.

L’Azerbaïdjan est un pays de 10 millions d’habitants, en très grande majorité Azéris. En Iran est peuplé de 85 millions d’habitants mais au moins 20 millions d’entre eux sont azéris, peut-être même 25 ou 30 millions selon certaines estimations. Tous ne sont pas animés d’une tentation séparatiste, loin de là. Certains sont même au cœur du régime de la république islamique, comme Mir Hossein Moussavi qui fut premier ministre de 1981 à 1989. Téhéran a toutefois perçu le danger de cette soudaine bouffé de nationalisme d’une population turcophone à l’identité encore assez floue et demandé à Gorbatchev de réagir. L’URSS finissante ne souhaitait pas avoir des problèmes avec un État faisant du prosélytisme religieux dans toute la région s’est efforcé de calmer le jeu vis-à-vis de l’Iran (on ne remet pas enchausse une frontière vieille de plus de deux siècles entre en pire russe et perse). En revanche, Moscou fermera les yeux sur les pogroms anti arméniens qui se dérouleront dans les jours qui suivent à Bakou (au moins 90 morts civils arméniens et de 700 blessés, du 12 au 18 janvier 1990) et qui permettrons de canaliser la violence azérie dans une direction moins problématique pour la Russie. 

La stratégie de Téhéran a été, dans un premier temps, d’amadouer Bakou et de tenter d’entraîner dans son orbite ce pays peu religieux mais de culture chiite. Peine perdue l’Azerbaïdjan, pays turcophone, a préféré s’appuyer sur Ankara pour assouvir ses ambitions nationalistes. La dernière guerre du Haut-Karabagh contre les Arméniens lui donnera raison. L’idée d’une réunion de tous les Azéris dans un même pays est aujourd’hui mise en sourdine en revanche la violence nationaliste se déchaîne contre le peuple Arménien, coupable d’isoler le Nakhitchevan, aujourd’hui peuplé d’Azéris du reste de l’Azerbaïdjan. D’où un grignotage des frontières de la république d’Arménie associé à une pression diplomatique constante sur Erevan. La Journée internationale de solidarité des Azerbaïdjanais, célébrée aujourd’hui, est une de ces journées où s’exacerbe le nationalisme azéri, aussi bien dans la diaspora qu’en Azerbaïdjan.

 

Le nationalisme azéri assorti des symboles de Noël

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17 novembre : les prémices de l'indépendance de l'Azerbaïdjan

L’Azerbaïdjan célèbre la Journée nationale de la renaissance qui commémore la grande manifestation du 17 novembre 1988 sur la place Lénine de Bakou

 

L’Azerbaïdjan célèbre chaque 17 novembre la Journée nationale de la renaissance (Milli dirçəliş günü). Cette année elle le fait en lançant une nouvelle offensive militaire contre l’Arménie. Le bilan serait de 15 morts pour la journée du 16 novembre. La commémoration est totalement liée au conflit arméno-azéri qui s’est conclu il y a un an par une défaite des Arméniens, mais dont les prémices remontent à 1988.

Cette journée commémore la grande manifestation du 17 novembre 1988 sur la place Lénine de Bakou (aujourd'hui place Azadliq, la Liberté) qui a duré jusqu’au 5 décembre. Les milliers d’Azerbaïdjanais étaient venus protester contre l'indifférence du gouvernement soviétique envers l’agitation des Arméniens au Haut-Karabakh réclamant le rattachement de leur territoire à l’Arménie. C'était la première manifestation antisoviétique à grande échelle en Azerbaïdjan. Ce fut le premiers pas important vers la proclamation de l'indépendance de l'Azerbaïdjan en 1991. Dans la nuit du 4 au 5 décembre, l’armée soviétique a attaqué et évacué de force la place, arrêtant les manifestants qui y ont passé la nuit. Les protestations et les manifestations se sont poursuivies à Bakou et dans d'autres villes pendant plusieurs jours après l'effondrement de la place. L’ image du rassemblement de Bakou a même été choisie comme symbole de la vague de protestations qui a balayé le monde en 1989. Le magazine Newsweek en a fait sa une.

Le Front populaire d'Azerbaïdjan (APF) a été créé en juin 1989. L'adoption de la loi constitutionnelle sur la souveraineté de l'Azerbaïdjan par le Soviet suprême en septembre de la même année a encore irrité Moscou et les 19 et 20 janvier 1990, des troupes ont été envoyées à Bakou. Lors des élections de 1990, une majorité des dirigeants du Front populaire a remporté le mandat de députés au Soviet suprême et formé une faction appelée Bloc démocratique. Le 18 octobre 1991, l’Azerbaïdjan proclame son indépendance, tout en effaçant l’autonomie de l’enclave du Haut-Karabagh. Le 10 décembre celle-ci fera de même à l’égard de l’URSS qui n’avait plus que quelques jours à vivre.  C’est le début d’une guerre entre Azerbaïdjanais et Arméniens…

Le 17 novembre 1990 s'est tenue la première session du nouveau Soviet suprême de la République autonome de Nakhitchevan. Les mots « soviétique » et « socialiste » ont été supprimés du nom de la république autonome. 

C’est en 1992, que le 17 novembre a été désigné Journée nationale de la renaissance. C’est un jour férié, mais depuis 2006, il n’est plus chômé. Le jour férié est marqué par des cérémonies officielles, des discours et divers événements organisés dans tout le pays. 

Les commémorations de 2021 ont lieu dans un contexte de guerre. L’armée Azerbaïdjanaise qui a défait les Arméniens en novembre 2020, célèbre sa victoire tout en continuant à grignoter le territoire arménien à l’endroit, le plus stratégique et le plus vulnérable : l’étroite province arménienne du Siniuk qui sépare l’Azerbaïdjan de son exclave du Nakhitchevan. L’offensive se déroule dans une totale indifférence internationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 novembre 2024

 

fin novembre 1988, place Lénine, à Bakou

Célébration dans une école, en tenue militaire

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