L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
23 mars : une date de paix ou de guerre en Afrique méridionale
Le 23 mars dans le sud du continent africain est à la fois symbole de guerre, voire de massacres dans l’est de la RDC, et de paix quand on songe à ce que la fin du conflit postcolonial, il y a 36 ans, a permis de bouleversements géopolitiques comme la paix en Angola, l’indépendance de la Namibie et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
Ce 23 mars 2024, un sommet extraordinaire de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique Australe) est réuni à Lusaka, capitale de la Zambie, pour débattre de questions de sécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo et à Cabo Delgado, au Mozambique. Kinshasa compte sur la force de la SADC en cours de déploiement dans l'est de la RDC pour l'aider à "récupérer les territoires" occupés par la rébellion du M23 (le Mouvement du 23 mars).
Cette date du 23 mars est brandie par un mouvement rebelle, majoritairement tutsi et soutenu par le Rwanda. Ce mouvement du 23 mars, également appelé M23, est un groupe créé à la suite de la guerre du Kivu. Il est composé d'ex-rebelles réintégrés dans l'armée congolaise à la suite d'un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec Kinshasa. Mais, en 2012, nombre de ses membres se sont mutinés, considérant que le gouvernement congolais n'avait pas respecté les modalités de l’accord de 2009. C’est ainsi qu’est né le M23. Dans l’est de la RDC, les combats ont repris de plus belle depuis 2021. Le M23 est accusé de nombreuses violences contre les populations civiles, par des ONG (Human Rights Watch), par la cour pénale internationale et par le gouvernement américain. C’est de cette situation d’urgence dont on débat aujourd’hui à Lusaka, hôte d’un sommet de la SADC.
Ce même jour, le 23 mars, a une autre signification en Afrique australe, depuis 2018. Cette année-là , on fêtait le 30e anniversaire de la bataille de Cuíto Cuanavale et le 23 mars a été décrété Jour de la Libération de l'Afrique Australe (Dia da Libertação da África Austral) en souvenir de la fin de cette bataille qui s’est déroulée du 15 novembre 1987 au 23 mars 1988 sur le territoire de l’Angola. Ce pays, en particulier, en a fait une célébration nationale qui a lieu chaque année, principalement à Cuíto Cuanavale et à Luanda. Pour le régime de Luanda, issu de ce conflit post-colonial, cultiver la gloire de cette victoire est un moyen de faire oublier l’absence totale d’alternance politique depuis un demi-siècle.
La bataille de Cuíto Cuanavale est décrite comme l’une des plus importantes et l’une des dernières de la guerre froide. Elle opposait l’armée du FPLA, un mouvement de libération angolais, au pouvoir à Luanda depuis l’indépendance du pays, à celle de l’UNITA, un autre mouvement rebelle dirigé par Jonas Savimbi, qui combattait pour le camp adverse, avec le soutien de l’Afrique du Sud (encore sous apartheid) et des États-Unis. Alors que les forces de Luanda bénéficiaient du soutien militaire de Cuba et de l’URSS selon la logique de la guerre froide.
Cette bataille qui gangrenait le sud du continent, s’est arrêtée un 23 mars, en 1988, et a débouché sur les Accords de New York, qui ont donné lieu à la mise en œuvre de la Résolution 435/78 du Conseil de sécurité de l'ONU, conduisant à un retrait des forces cubaines et sud-africaines, puis à l’indépendance de la Namibie deux ans plus tard (presque jour pour jour) et finalement en 1994, à la fin du régime de ségrégation raciale en vigueur en Afrique du Sud. C’est dire l’importance de cette date, même si cette victoire militaire est loin d’être le seul facteur des bouleversements géopolitiques vécus dans la région à la toute fin du XXe siècle.
La décision de faire du 23 mars un jour de commémoration a été approuvée à l'unanimité par 15 États membres de la SADC lors du 38e sommet ordinaire de cette organisation régionale qui s’est tenu en 2018 dans la capitale namibienne, Winddhoek. Sa célébration est variable selon les États. Seule l’Angola en a fait un jour férié et chômé, reporté à lundi puisque cette année, le 23 mars tombe un samedi.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2024
16 mars : le génocide kurde d’Halabja, quand un dictateur se sent les mains libres
Comme Poutine en Tchétchénie, Saddam Hussein a eu tout loisir de massacrer des populations totalement à sa merci dans l’indifférence de l’Occident… Les Kurdes commémorent les quelque 5000 morts, hommes, femmes, enfants tués une seule journée par un bombardement de gaz chimique sur le village d’Halabja par l’armée irakienne.
Le 16 mars de chaque année, les Kurdes du monde entier commémorent les quelque 5000 morts, hommes, femmes, enfants tués une seule journée par un bombardement de gaz chimique sur le village d’Halabja (ههڵهبجه ou Helepçe).
C’était le 16 mars 1988, l’Irak était en guerre contre l’Iran depuis huit ans, une guerre par procuration, soutenu par une bonne partie des pays occidentaux, en particulier les États-Unis, dans l’espoir de faire tomber le régime de Khomeiny à Téhéran. L’Iran a résisté au prix de centaine de millier de morts… Profitant du conflit, les Kurdes d’Irak, soutenus par l’Iran, sont entrés en rébellion contre le dictateur irakien Saddam Hussein. La localité kurde d’Halabja, située tout près de la frontière iranienne, en avait profité pour se libérer par les armes. La reconquête irakienne fut terrible, le 15 mars 1988, la ville était reprise par Bagdad. Le lendemain, des avions de combat irakiens ont survolé la zone pendant cinq heures, libérant des gaz toxiques, notamment du sarin et du gaz moutarde. L'attaque chimique a entraîné la mort d'environ 5 000 personnes, pour la plupart des civils. Le taux de mortalité était particulièrement élevé chez les enfants, car les gaz toxiques sont plus denses que l'air et ont donc tendance à couler au sol. Entre 7 000 et 10 000 personnes ont été blessées et/ou ont subi les conséquences à long terme de l'attaque.
L’émotion fut grande dans les opinions publiques occidentales, mais les réactions des partenaires occidentaux de l’Irak furent insignifiantes à l’époque. Saddam Hussein était vu comme un rempart contre l’Iran révolutionnaire. Dans un premier temps, l’US Defense Intelligence Agency avait même accusé l’Iran du massacre. Mais après enquête, la responsabilité du régime e Bagdad s’est avérée incontestable. Mais l’affaire classée sans suite.
En ce début d’année 1988, le massacre d’Halabja n’était qu’un épisode de la reconquête sanglante du Kurdistan, dite campagne d’Anna, qui fit plus de 180 000 morts en quelques semaines. Saddam Hussein ne sera renversé que 15 ans plus tard, par les Américains, et sous un prétexte fallacieux. L’épisode d’Halabja sera alors déclaré génocide. Ali Hassan Al Majid, un cousin de Saddam Hussein mieux connu sous le nom de "Chemical Ali", a été pendu en 2010 pour avoir ordonné l'attaque. Beaucoup regrettent que les Américains ne l’aient pas livré au tribunal international de La Haye, tout comme Saddam Hussein, le grand ordonnateur du massacre, avec lequel l’Occident a continué à coopérer pendant des années. Lui aussi a été exécuté après un semblant de procès.
La journée du 16 mars est un jour férié au Kurdistan autonome d’Irak. Des cérémonies ont lieu chaque année à Halabja où un mémorial a été construit. La ville a été désignée comme capitale de la paix par le Parlement du Kurdistan irakien en 2015. Aujourd’hui, les survivants réclament toujours réparation.
L’événement est aussi célébré à Erbil, la capitale kurde et dans la diaspora. En 2014, un mémorial dédié aux victimes de l'attaque chimique de 1988 a été édifié à La Haye, dans le jardin du siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Le monument a été inspiré par une photo intitulée "Silent Witness", prise par le journaliste turc Ramazan Ozturk.
#Halabja #Helebce #Halepçe #هەڵەبجە #Helebce #Halepçe #HalepceKatliamı
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
20 février : la date fétiche des Arméniens du Haut-Karabagh
Le 20 février est célébré comme la Journée de la renaissance de l'Artsakh. Une guerre avait permis de créer une République de l’Arstakh, une autre guerre a acté sa totale disparition et le départ des Arméniens qui y vivaient… Le 20 février était leur fête nationale.
Ce jour-là, le 20 février 1988, à la faveur de la perestroïka de Gorbatchev, le Soviet suprême (l’assemblée) du Haut-Karabagh a voté sa séparation d’avec la république soviétique d’Azerbaïdjan et son unification avec l’Arménie. En Azerbaïdjan, on a réagi en s’en prenant aux Arméniens qui vivaient nombreux dans les grandes villes de cette république. Aux pogroms, les Arméniens ont répondu militairement… 400 000 Arméniens quittaient le pays et les Azéris quittaient l’Arménie ainsi que le Haut-Karabagh, région de l’Azerbaïdjan à majorité arménienne. La guerre qui débute en 1988, s’arrêtera en 1994 sur une victoire arménienne. L’unification n’a pas lieu, elle n’était pas possible en droit international. Les forces arméniennes occupent 15% du territoire azerbaïdjanais et une république de l’Artsakh s’autoproclame, elle occupe non seulement le Haut-Karabagh, très majoritairement arménien depuis des siècles, mais aussi tout un glacis territorial qui a été vidé de sa population azérie. Le statu quo se maintient pendant trois décennies. En 2017, l’Artsakh se dote d’une constitution, adoptée par référendum le 20 février… Bakou qui n’ a jamais accepté cette situation, finit par réagir militairement. Cette nouvelle guerre du Haut-Karabagh va tourner à son avantage, avec l’aide de la Turquie et la bienveillance de Moscou qui a retourné sa veste. En septembre 2020, une partie des territoires perdus sont reconquis. Les Arméniens se sont épuisés dans une guerre très meurtrière. Le 20 février 2023 sera le dernier Jour de la renaissance de l'Artsakh (Արցախի վերածննդի օր) à être fêté à Stepanakert, la capitale de la petite république.
En septembre 2023, les Azerbaïdjanais prennent le contrôle total des territoires qui leur échappaient. Sur les 120 000 Arméniens de l’Arstakh, 100 000 ont fui vers l’Arménie. Le 28 septembre 2023, les autorités de la république de l’Artsakh annoncent sa dissolution d'ici le 1er janvier 2024. Le gouvernement en exil à Erevan reviendra sur sa dissolution, mais le pays demeure virtuel. Le 20 -Février n’est plus qu’une journée du souvenir d’un pays dont les Azéris s’acharnent à effacer les vestiges.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 février 2024
15 novembre : l’anniversaire d’un État palestinien qui n’existe pas encore
Un jour férié, en Palestine, commémore la proclamation d’un État de Palestine avec pour capitale Jérusalem. C’était le 15 novembre 1988, à l’initiative du Conseil national palestinien. Cette année, la Journée de l’indépendance palestinienne est un événement totalement surréaliste, plus encore que les années précédentes, en raison du terrible conflit opposant Israéliens et Palestiniens depuis l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre dernier qui a fait prendre conscience du caractère intenable de la configuration régionale.
Un jour férié, en Palestine, commémore la proclamation d’un État de Palestine avec pour capitale Jérusalem. C’était le 15 novembre 1988, à l’initiative du Conseil national palestinien. Cette année, la Journée de l’indépendance palestinienne (عيد الاستقلال الفلسطيني) est un événement totalement surréaliste, plus encore que les années précédentes, en raison du terrible conflit opposant Israéliens et Palestiniens depuis l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre dernier qui a fait prendre conscience du caractère intenable de la configuration régionale.
Écrite par le poète palestinien Mahmoud Darwich, la proclamation d’indépendance de la Palestine a été prononcée par Yasser Arafat, président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à Alger, le 15 novembre 1988. L’événement était considérable pour tous ceux qui avaient lutté pendant 40 ans pour qu’une Palestine soit reconnue et indépendante. Implicitement, Arafat et l’OLP reconnaissaient l’État d’Israël et se résignaient à un partage de la Palestine historique. En outre, l’OLP condamnait désormais le terrorisme. Cela aurait pu être un tournant majeur du conflit israélo-Palestinien. Le gouvernement israélien de Yitzhak Shamir (droite) rejette pourtant cette déclaration. Néanmoins, c’était l’époque où régnait encore un certain optimisme en Israël. En 1992, l’arrivée au pouvoir d’Yitzhak Rabin (travailliste) permit de nouer des contacts discrets avec l’OLP qui déboucheront sur accords d’Oslo, le 9 septembre 1993, lesquels reconnaissent le « droit d’Israël à une existence en paix et sécurité » en échange de la reconnaissance de l’OLP comme représentant légitime du peuple palestinien. Ces accords n’auront qu’un seul effet concret : la création de l’Autorité palestinienne, c’est-à-dire d’une esquisse de gouvernement palestinien, mais un gouvernement sans État et sans pouvoir réel.
Yitzhak Rabin sera assassiné par un militant juif d’extrême droite. La droite israélienne va arriver au pouvoir, remplacée, aujourd’hui, par l’extrême droite… Quant à l’État Palestine il est resté dans les limbes. Israël n’ayant jamais permis son existence. L’Autorité palestinienne, n’ayant autorité sur quasiment rien, est devenue une institution impopulaire et corrompue que les autorités israéliennes n’ont eu de cesse de rabaisser, notamment en favorisant un adversaire mortel, le Hamas. L’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 et la guerre de destruction punitive lancée par le gouvernement Netanyahou ont anéanti tout espoir d’une émergence progressive d’un État palestinien.
D’un projet de partage à un autre, la Palestine auto administrée a diminué comme peau de chagrin. Elle se limite à quelques confettis de territoires, encerclés par des colonies juives et l’armée israélienne. L’Afrique du Sud au plus fort de l’apartheid, avait tenté d’accorder ce genre d’« indépendance » à une série de bantoustans qui sont restés des États fantoches jusqu’à l’explosion du système. C’est à cette construction, aujourd’hui disparue, que fait penser la Palestine, 35 ans après sa proclamation comme État. À présent, seul un fait politique majeur, comme l’évacuation complète des colons installés en Cisjordanie (occupée illégalement) et le retrait des forces armées qui les épaulent, ne permettra de faire enfin émerger un État Palestinien tel que le prône l’ONU et la presque totalité des pays qui y sont représentés.
Cette situation n’a pas empêché la reconnaissance de l’État de Palestine par 138 pays dans le monde. Les États qui n’ont, pour le moment, pas procédé à ce geste sont ceux de l’Europe occidentale (sauf Suède, Islande et Vatican), de l’Amérique du Nord, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie… et Israël. La Palestine ne dispose que d’un siège d’observateur à l’ONU (seuls quatre pays ont voté contre : États-Unis, Canada, Hongrie et Israël). La Palestine a néanmoins été accueillie comme membre à part entière par l’UNESCO en 2011.
Le Parlement européen a voté en 2014 en faveur d’une reconnaissance d’un État palestinien en insistant sur le « principe la reconnaissance de l’État palestinien et la solution des deux États ». La Chambre des communes britannique avait avalisé une résolution similaire quelques jours plus tôt. L’Assemblée nationale française a voté en décembre 2014, une résolution qui « affirme l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit permettant l’établissement d’un État démocratique et souverain de Palestine », mais les gouvernements français et britanniques n’ont pas donné suite. Il en est de même pour l’exécutif européen.
L’État palestinien participe toutefois à des organisations internationales non gouvernementales, tels que le Comité international olympique (CIO) et le Comité international paralympique (CIP). Il est également membre de la Fifa, la Fédération internationale de football.
Son pays n’existe pas encore, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, va néanmoins ce 15 novembre recevoir une multitude de messages de félicitations, notamment ceux de nombreux chefs d’État d’Afrique, du monde arabe, d’Amérique latine, d’Asie. Le « Sud global », bien au-delà du monde arabe, a fait de la défense cause palestienne un véritable marqueur politique pour opposer sa vision du monde à celle de l’Occident dont il dénonce la cécité et la mauvaise foi. Le monde se fracture dangereusement sur les ruines et les cadavres de la guerre de Gaza.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 novembre 2023
Mise à jour 2024 : L’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie ont annoncé en 2024, leur reconnaissance de l’État de Palestine. Celui-ci est désormais reconnu par 12 pays membres de l’Union européenne sur 27.
En 2024, 147 pays, soit plus de 75 % des 193 États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) ont pris cette décision. Cette année, la Palestine est en outre devenue un État membre de l'UNESCO, avec le soutien notamment de la France.
3 novembre : les Maldives commémorent l’échec d’un coup d'État
Le régime commémore un coup d’État raté contre l’ancien président Gayoom, le 3 novembre 1988.
Le Jour de la victoire (Victory Day) des Maldives est observé chaque année le 3 novembre pour célébrer la victoire du gouvernement sur un groupe de mercenaires de l'Organisation populaire de libération de l'Eelam tamoul (PLOTE) qui avait tenté un coup d’État contre le président Gayoom, le 3 novembre 1988. La journée est une célébration annuelle destinée à conforter le régime, c’est un jour férié fédéral. La plupart des écoles et des entreprises sont fermées ce jour-là. Une cérémonie de lever du drapeau nationale près du monument et des défilés dans les rues de Malé et Hulhumalé, sont organisés pour marquer le jour de la victoire aux Maldives.
Au cours des trente ans d’un règne sans partage sur les Maldives, plusieurs tentatives d’assassinat du président autoritaire Maumoon Abdul Gayoom, ont été faites. Après l'échec de deux coups d'État, quelque 80 mercenaires armés de l'Organisation populaire de libération de l'Eelam tamoul ont débarqué dans la capitale Malé, déguisés en visiteurs. Commandités par Abdullah Luthufi, ces mercenaires étaient bien armés et organisés. Ils ont rapidement pris le contrôle de la ville – y compris l'aéroport, le port maritime, ainsi que les stations de radio et de télévision. Le président qui avait été escorté en lieu sûr, a demandé de l'aide aux États-Unis et au Royaume-Uni, qui étaient trop loin pour intervenir. C’est finalement l’Inde, grâce à l’envoi de parachutiste (opération Cactus) qui a empêché le renversement du régime.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 novembre 2022
17 novembre : les prémices de l'indépendance de l'Azerbaïdjan
L’Azerbaïdjan célèbre la Journée nationale de la renaissance qui commémore la grande manifestation du 17 novembre 1988 sur la place Lénine de Bakou
L’Azerbaïdjan célèbre chaque 17 novembre la Journée nationale de la renaissance (Milli dirçəliş günü). Cette année elle le fait en lançant une nouvelle offensive militaire contre l’Arménie. Le bilan serait de 15 morts pour la journée du 16 novembre. La commémoration est totalement liée au conflit arméno-azéri qui s’est conclu il y a un an par une défaite des Arméniens, mais dont les prémices remontent à 1988.
Cette journée commémore la grande manifestation du 17 novembre 1988 sur la place Lénine de Bakou (aujourd'hui place Azadliq, la Liberté) qui a duré jusqu’au 5 décembre. Les milliers d’Azerbaïdjanais étaient venus protester contre l'indifférence du gouvernement soviétique envers l’agitation des Arméniens au Haut-Karabakh réclamant le rattachement de leur territoire à l’Arménie. C'était la première manifestation antisoviétique à grande échelle en Azerbaïdjan. Ce fut le premiers pas important vers la proclamation de l'indépendance de l'Azerbaïdjan en 1991. Dans la nuit du 4 au 5 décembre, l’armée soviétique a attaqué et évacué de force la place, arrêtant les manifestants qui y ont passé la nuit. Les protestations et les manifestations se sont poursuivies à Bakou et dans d'autres villes pendant plusieurs jours après l'effondrement de la place. L’ image du rassemblement de Bakou a même été choisie comme symbole de la vague de protestations qui a balayé le monde en 1989. Le magazine Newsweek en a fait sa une.
Le Front populaire d'Azerbaïdjan (APF) a été créé en juin 1989. L'adoption de la loi constitutionnelle sur la souveraineté de l'Azerbaïdjan par le Soviet suprême en septembre de la même année a encore irrité Moscou et les 19 et 20 janvier 1990, des troupes ont été envoyées à Bakou. Lors des élections de 1990, une majorité des dirigeants du Front populaire a remporté le mandat de députés au Soviet suprême et formé une faction appelée Bloc démocratique. Le 18 octobre 1991, l’Azerbaïdjan proclame son indépendance, tout en effaçant l’autonomie de l’enclave du Haut-Karabagh. Le 10 décembre celle-ci fera de même à l’égard de l’URSS qui n’avait plus que quelques jours à vivre. C’est le début d’une guerre entre Azerbaïdjanais et Arméniens…
Le 17 novembre 1990 s'est tenue la première session du nouveau Soviet suprême de la République autonome de Nakhitchevan. Les mots « soviétique » et « socialiste » ont été supprimés du nom de la république autonome.
C’est en 1992, que le 17 novembre a été désigné Journée nationale de la renaissance. C’est un jour férié, mais depuis 2006, il n’est plus chômé. Le jour férié est marqué par des cérémonies officielles, des discours et divers événements organisés dans tout le pays.
Les commémorations de 2021 ont lieu dans un contexte de guerre. L’armée Azerbaïdjanaise qui a défait les Arméniens en novembre 2020, célèbre sa victoire tout en continuant à grignoter le territoire arménien à l’endroit, le plus stratégique et le plus vulnérable : l’étroite province arménienne du Siniuk qui sépare l’Azerbaïdjan de son exclave du Nakhitchevan. L’offensive se déroule dans une totale indifférence internationale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 novembre 2024
26-27 février : guerre de mémoire entre Azéris et Arméniens
Chaque 26 février, l’Azerbaïdjan commémore le massacre de Khodjaly, un épisode sanglant de la première guerre du Haut-Karabagh, le 26 février 1992. Hasard du calendrier, le 27 février, les Arméniens commémorent le pogrom de Soumgaït : trois jours de violence, les 27-29 février 1988 contre la minorité arménienne d’Azerbaïdjan.
Chaque 26 février, l’Azerbaïdjan commémore le massacre de Khodjaly, un épisode sanglant de la première guerre du Haut-Karabagh, le 26 février 1992. Les autorités azéries dénoncent la mort de 613 personnes dont 106 femmes et 83 enfants, des villageois pris au piège d’un conflit qui les dépassaient. Bakou accuse du massacre les forces armées arméniennes, aidées par le régiment no 366 de l'armée russe. Les Arméniens se défendent en accusant l’Azerbaïdjan d’être directement responsable de ce massacre, les soldats azéris auraient reçu l’ordre de tirer sur les civils de Khodjaly. Bakou a tenté en vain, à plusieurs reprises de faire reconnaître un « génocide » opéré par les Arméniens, dénonçant la désinformation de la diaspora arménienne plus influente en Occident que celle des Azéris même si ces derniers disposent à présent de relais médiatiques importants et d’un pouvoir d’influence qui repose sur l’argent du pétrole.
Hasard du calendrier, demain, le 27 février, les Arméniens vont comme chaque année, commémorer le pogrom de Soumgaït : trois jours de violence, les 27-29 février 1988 contre la minorité arménienne de cette banlieue industrielle de Bakou. Le nombre des victimes n’est pas connu : des dizaines de morts et des centaines de blessés. Il s'agit d'un événement historique et d'un tournant dans l'aggravation du conflit ethnique qui a provoqué les premiers flux de réfugiés arméniens de Soumgaït vers le Karabakh (Artsakh) et l'Arménie. Le caractère prémédité et organisé de ce pogrom n’a jamais été pleinement reconnu par Bakou. Une des conséquences de cette impunité fut que d’autres massacres d’Arméniens eurent lieu à Kirovabad (Gandja) en novembre 1988 et à Bakou en janvier 1990, provoquant l’exode de la minorité arménienne de l’Azerbaïdjan, comme d’ailleurs, l’exode de la minorité azérie d’Arménie.
Le pogrom était la réponse aux premiers troubles provoqués par les Arméniens du Haut-Karabagh. Il sera le déclencheur de la guerre de conquête du sud-ouest de l’Azerbaïdjan, dans les années 1992-1994, par les forces arméniennes mieux équipées et plus aguerries à l’époque. À l’automne 2020, la situation s’est retournée. Les Arméniens ont perdu quasiment toutes leurs conquêtes.
Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian
16 novembre : la révolution estonienne en chantant
Ce jour est férié en Estonie, en souvenir du jour où ce petit pays a osé affirmer sa souveraineté (par encore son indépendance), au sein de l'URSS. Depuis quelques mois, les Estoniens entonnaient des chants patriotiques en guise de protestation…
La journée est fériée en Estonie, en souvenir du jour où ce petit pays a osé affirmer sa souveraineté (pas encore son indépendance), au sein de l'URSS.
Le 16 novembre 1988, le soviet suprême d’Estonie déclarait sa souveraineté, Moscou déclarait cette déclaration non conforme à la constitution de l’URSS. Elle était pourtant l’aboutissement de la « Révolution chantante » (laulev revolutsioon) qui avait commencée spontanément en juin de la même année. 100 000 personnes avaient alors manifesté en entonnant des chants sur un parcours de quatre kilomètres aboutissant au lieu où se tenait habituellement le festival de la Chanson de Tallinn (Laulupidu), organisé tous les cinq ans depuis 1869. La foule brandissait des drapeaux aux couleurs de l’Estonie. En septembre, ils étaient quelque 300 000 au même endroit à entonner des chants patriotiques. La non-violence était consciemment une stratégie politique. Dans la soirée du 20 août 1991, l’Estonie a été proclamée indépendante, sans avoir perdu une seule vie. L’URSS avait vécu.
Le 16 novembre est désormais célébré chaque année comme le Jour de la déclaration de souveraineté (Suveräänsuse deklareerimise päev). Cette année, en raison de l’épidémie, les commémorations seront bien plus modestes qu’à l’ordinaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 novembre 2020
8 août : le 8888 des Birmans
Il y a 31 ans, le 8 août 1988, débutaient les grandes manifestations étudiantes de Rangoun contre le régime militaire. Très portés sur la numérologie, les Birmans célèbreront cette date fétiche, surtout dans la diaspora…
Il y a 32 ans, le 8 août 1988, débutaient les grandes manifestations étudiantes de Rangoun contre le régime militaire. Très portés sur la numérologie, les Birmans célèbrent cette date fétiche, surtout dans la diaspora, puisque cette révolte n’avait pas permis de faire tomber la dictature. Le soulèvement pris finalement fin le 18 septembre 1988 après un coup d’État sanglant (environ 3000 morts et des milliers de blessés). Une junte militaire s’est installée à la tête de la Birmanie. Elle, aujourd’hui encore, dans l’ombre du pouvoir.
Les étudiants thaïlandais avaient, eux aussi, par solidarité, coutume de la commémorer ce mouvement pro démocratique, unique dans l’histoire de la Birmanie, par des manifestations chaque 8 août.
La génération du 8888 a servi de référence aux émeutiers birmans de 2007 qui ont contribué à l’évolution du régime à partir de 2012. Un régime qui, toutefois, n'a malheureusement pas tenu sa promesse d'instaurer la paix et la démocratie. Aung Saun Su Kyi qui a joué un grand rôle lors des manifestations de 1988 comme du processus politique de 2012, est aujourd’hui très critiqué pour son mutisme face au génocide en cours dans l’ouest du pays. L’idéal de fraternité du 8888 entre les différents peuples qui compose le pays a été bien vite oublié.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 décembre : l'Arménie se souvient du séisme de 1988
Les autorités arméniennes, comme la diaspora, commémorent chaque année les presque 30 000 morts (et plus de 500 000 sans abris) causés par le séisme du 7 décembre 1988, à 11h41, de magnitude 6,9 ravageait le nord de l'Arménie, en particulier la région de Leninakan (aujourd'hui, Gyumi). C’était, il y a 30 ans, jour pour jour.
Les autorités arméniennes commémorent chaque année les presque 30 000 morts (et plus de 500 000 sans abris) causés par le séisme du 7 décembre 1988, à 11h41, de magnitude 6,9 ravageait le nord de l'Arménie, en particulier la région de Leninakan (aujourd'hui, Gyumi).
Le désarroi était tel que pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'URSS, qui vivait ses dernières années, acceptait une assistance étrangère d'urgence. Le séisme a presque entièrement détruit deux villes au nord de l’Arménie : Spitak et Leninakan. C’était, il y a 30 ans, jour pour jour.
En France la diaspora commémore la catastrophe, comme à Valence où le C24 Comité du 24 Avril Drôme-Ardèche appelle le public à un rassemblement devant la stèle du génocide à Valence, œuvre de Toros, square Jean-Manoug Stépanian. Au programme : allumage de bougies, dépôts de gerbes, dont celles du Maire de Valence Nicolas Daragon et du C24 et chant Pour toi Arménie, composé par les jeunes de l’Académie de danses et chants France-Ashtarak-Arménie. Prières.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde