L’Almanach international
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11 septembre : le Pakistan honore le père de la nation
Le Pakistan commémore l’anniversaire de la mort du fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah, disparu le 11 septembre 1948, quelques mois à peine après la création du Pakistan, intervenue le 14 août 1947.
Alors que la date du 11-Septembre rappelle chaque année le rôle assez trouble du Pakistan à l'égard d'Al-Qaïda, le pays commémore ce même jour la mort du fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah (1876-1948) disparu le 11 septembre 1948, quelques mois à peine après la création du Pakistan, intervenue le 14 août 1947. Cette fête nationale n'est pas chômée. Une cérémonie est organisée au Mazar-e-Quaid, le mausolée du Quaid-e-Azam, le « grand leader ».
Quaid-e-Azam figure depuis 1948 sur tous les billets de banque pakistanais, comme Gandhi sur ceux de l’Inde. En ce jour anniversaire de sa mort, une cérémonie, assez sobre, se déroule au mausolée du grand homme situé à Karachi. Des prières lui sont dédiées dans chaque mosquée du pays ; les chaînes de télévision ont prévu des programmes spéciaux ; des conférences sont données dans les établissements scolaires pour cultiver la mémoire de Muhammad Ali Jinnah (le Quaid), mais celle-ci a évolué avec le temps. Les Occidentaux insistent sur le comportement très laïque de ce musulman qui, dit-on, buvait de l’alcool et consommait du porc. Au Pakistan, le discours officiel le présente, au contraire, comme un pieux personnage grâce auquel les musulmans disposent d’un État nommé Pakistan (le « pays des purs»), même si beaucoup voient en lui un musulman bien trop tiède. Il est difficile de savoir comment il aurait géré le pays car il est mort de la tuberculose moins d’un an après l’indépendance du pays. L’État libéral, démocratique et laïque que Jinnah avait promis est loin d’être l’image que donne le Pakistan aujourd’hui, surtout après la dictature du général Zia-ul-Haq qui a franchement islamisé le pays dans les années 1980.
M. A. Jinnah a milité contre le colonialisme anglais aux côtés des hindous. Mais, dans les États indiens sous tutelle britannique, les musulmans étaient souvent perçus par les hindous comme des intrus et traités comme des citoyens de seconde zone. D’où l’idée de leur inventer un État séparé. Au grand dam de Gandhi et Nehru, Jinnah a fini, en 1939 par se rallier à cette idée en cherchant appui auprès de Londres qui, en 1947, parrainera la partition de son ancien empire. A-t-il réussi son pari ? Au Pakistan, il est désigné comme le père de la nation pour avoir œuvré à la création du pays. Mais sur le demi-milliard de musulmans d’Asie du sud, seuls 180 millions vivent aujourd’hui au Pakistan. Les musulmans de l’Inde qui sont aussi nombreux, lui reprochent amèrement la partition de 1947. Les 500 millions de musulmans d’Asie du sud auraient actuellement une tout autre influence face aux 800 millions d’hindous s’ils n’avaient pas été répartis sur deux, puis trois États (avec le Bangladesh) séparés. En fin de compte, bien peu aujourd’hui se réfèrent vraiment à Jinnah.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 septembre 2024
À propos des autres 11-Septembre, lire : Les 11-SEPTEMBRE, celui des Américains, des Catalans et tous les autres
14 mai : au Malawi, l’anniversaire de l’ancien dictateur
31 ans après sa destitution, le Malawi célèbre toujours l’anniversaire de son ancien dictateur par un jour férié et chômé. Il est vrai que Hastings Kamuzu Banda est aussi le « père de l’indépendance ».
31 ans après sa destitution, le Malawi célèbre toujours l’anniversaire de son ancien dictateur par un jour férié et chômé. Il est vrai que Hastings Kamuzu Banda est aussi le « père de l’indépendance ». Ce médecin établi en Écosse, où il a passé 40 ans de sa vie, était rentré dans son pays natal, le Nyassaland en 1958 pour prendre la tête de la fronde contre la création par les Anglais, d’une grande fédération regroupant son pays et les deux Rhodésies. En 1959, Banda fut arrêté et emprisonné pendant quelques mois avant d’être catapulté Premier ministre. En 1964, le Nyassaland obtiendra à son indépendance et c’est Kamuzu Banda qui lui choisira un nouveau nom : Malawi.
Kamuzu Banda en sera le premier président et il s’accrochera au pouvoir pendant encore trois décennies. Son mandat de président « à vie » est marqué par l'assassinat, l'emprisonnement ou l'exil des membres de l'opposition. L’impitoyable docteur Banda était notamment connu pour livrer ses opposants aux crocodiles… Il faudra attendre le 14 juin 1993 pour que les premières élections libres le poussent vers la sortie à l’âge de 96 ans. Quand il est mort, en exil en Afrique du Sud, il était encore poursuivi pour le meurtre de quatre parlementaires de l'opposition. Nelson Mandela n’a pas assisté à ses funérailles, non en raison de sa gouvernance autoritaire, mais pour ses liens avec l’Afrique du Sud de l’époque de l’apartheid. Car Banda était un ultraconservateur proche des régimes soutenus par les États-Unis.
Cette histoire appartient à un passé révolu, mais une bonne partie peuple Malawi garde une tendresse pour ce vieux président mort presque centenaire et qui a dirigé le pays pendant près d’un demi-siècle. Hastings Kamuzu Banda est né en mars ou en avril 1898. On ne sait pas trop car il n'y avait pas d'enregistrement de naissance à l'époque, mais sous le règne de Banda, son anniversaire officiel était célébré le 14 mai. Le Kamazu Day célébrant son anniversaire n’a jamais été aboli.
Cette année la principale cérémonie a lieu à Blantyre, dans le stade Kamuzu, bien sûr. La thématique de l’année 2024 : « Kamuzu, l’héritage du patriotisme, de l’intégrité et du travail acharné ». Les premier et troisième qualificatifs ne sont pas usurpés, le second est assez contestable quand on sait qu’au cours de sa présidence, sa fortune s’est accru de plusieurs centaine de millions de dollars. La corruption est un mal endémique au Malawi que le président actuel, Lazarus Chakwera, n’est pas arrivé à endiguer alors que le pays est un des plus pauvres du monde.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mai 2024
14 octobre : souvenir du père de la nation tanzanienne
Les Tanzaniens pleurent aujourd’hui Mwalimu, le maître (d’école) en swahili. C’est le surnom de Julius Nyerere, cet instituteur devenu président de son pays à l’indépendance et qui a abandonné le pouvoir librement en 1985 pour se retirer dans son village natal. Jour férié en Tanzanie.
Les Tanzaniens pleurent aujourd’hui Mwalimu, le maître (d’école) en swahili. C’est le surnom de Julius Nyerere, cet instituteur devenu président de son pays à l’indépendance et qui a abandonné le pouvoir librement en 1985 pour se retirer dans son village natal. Hormis Senghor au Sénégal, l’Afrique de cette époque a peu d’exemples de présidents prenant leur retraite plutôt que de s'accrocher au pouvoir. Le père de la nation Tanzanienne (baba wa taifa) est mort le 14 octobre 1999. L’anniversaire de sa mort est un jour férié (Nyerere Day).
Panafricain convaincu, Nyerere avait fait de Dar es-Salaam le siège du comité de libération de la jeune OUA (organisation de l’unité africaine) ; la capitale Tanzanienne devenait alors un centre révolutionnaire majeur. Les militants sud-africains de l’ANC y croisaient ceux angolais du MPLA, mozambicains du FRELIMO, ou encore des intellectuels internationalistes et anticolonialistes tels que Malcolm X, le Che Guevara où Walter Rodney.
Le culte du père de la nation avait été largement récupéré par le président John Magufuli, élu en 2015 et décédé en 2021 pour assoir une politique autoritaire. celle-ci a été largement remise en cause par Samia Suluhu Hassan, la vice-présidente qui lui a succédé. En 2022, on avait célébré le centenaire de sa naissance. Julius Kambarage Nyerere est né le 13 avril 1922 à Butiama et il est mort le 14 octobre 1999 à Londres.
On lui doit notamment l’adoption du swahili comme langue nationale qui s’est imposé face à des centaines de langues et dialectes locaux ainsi qu’à l’anglais, langue de l’ancienne puissance coloniale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
21 février : le Vanuatu pleure toujours le père de l'indépendance
Walter Lini, un prêtre anglican, a été une figure clé de la lutte pour l'indépendance des Nouvelles-Hébrides. Celle-ci a été obtenue très tardivement, en 1980, et l’archipel a pris le nom de Vanuatu. Mort le 21 février 1999, ce leader aux convictions anti coloniales, fait figure de père de l’indépendance.
Le père Walter Lini était un prêtre anglican, il a été une figure clé de la lutte pour l'indépendance des Nouvelles-Hébrides, obtenue très tardivement, en 1980. L’archipel du Pacifique, qui était un condominium franco-anglais, a alors changé de nom pour devenir le Vanuatu. Lors de l'indépendance, c’est Walter Lini qui a accédé au poste de Premier ministre du Vanuatu, le 30 juillet 1980. Il dirigera le pays jusqu’en 1991.
Vanuatu faisait partie du mouvement des non-alignés qui penchait vers le monde communiste. Par défi, face à l’Occident, Walter Lini avait noué des liens avec Cuba ainsi qu’avec la Libye du colonel Kadhafi, à une époque où celui-ci était un paria de la diplomatie internationale. Dans la région, on se souvient de Walter Lini comme d’un des principaux leaders à avoir protesté contre les essais nucléaires français dans le Pacifique et pour avoir toujours soutenu les revendications indépendantistes Kanaks et celles du Timor-oriental.
On ne connaît pas exactement sa date de naissance, en 1942, c’est la raison pour laquelle ce Water Lini Day a été fixé le jour anniversaire de sa mort, le 21 février 1999. Chaque année, des cérémonies ont lieu à Nazareth, au nord de l’île de Pentecôte dont il était un chef local très respecté. Sinon, c’est à Port-Vila, la capitale que se tiennent des festivités, en particulier dans sa paroisse anglicane de Tagabe, où un service religieux commémoratif a lieu, suivi du dépôt de gerbes sur la pierre commémorative de Lini, de discours de dirigeants nationaux et d'un déjeuner public.
Walter Hadye Lini demeure une figure très respectée du socialisme mélanésien, très anti-colonial. Son action est loin d’avoir fait l’unanimité, il a dû quitter le pouvoir en 1991 après avoir été mis en minorité, mais aujourd’hui avec le recul, il fait figure de père de l’indépendance du Vanuatu. Dans un pays dont la classe politique est notoirement corrompue, Walter Lini avait maintenu tout au long de sa vie politique une réputation de moralité et d’honnêteté. Le reproche que l’on pouvait lui faire est d’avoir souvent malmené l’opposition, en particulier francophone.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
20 février : aux États-Unis, c'est Presidents’ Day
La journée est surtout connue des milieux boursiers car ce jour-là, par tradition, Wall street est fermée. Rien avoir avec le président actuel, les Américains fêtent en réalité l’anniversaire de Georges Washington et profite de ce week-end prolongé pour faire du ski.
La Journée des présidents (Présidents’ Day) est surtout connue des milieux boursiers car ce jour-là, par tradition, Wall street est fermée. Les banquiers et les fonctionnaires fédéraux sont également en vacances. C’est une bonne journée pour le commerce, les vendeurs de voitures sont réputés casser les prix ce jour-là.
Rien avoir avec le président actuel, les Américains fêtent en réalité l’anniversaire de Georges Washington. Certes, celui-ci est né un 22 février, mais le Presidents’ Day tombe toujours un lundi (le troisième de février). Les commémorations qui associent aussi le président Lincoln (né le 12 février), se déroulent à Washington DC ainsi qu’à Alexandria, en Virginie, sa ville natale. Un grand défilé en costume du XVIIIe siècle, parcourt les rues de la ville au son de la cornemuse (Alexandria a été fondée par des Écossais), devant 75 000 spectateurs. La loge maçonnique locale participe également aux célébrations en hommage à l’un des leurs.
Ce n'est qu'en 1879, sous le président Rutherford B. Hayes, que l'anniversaire de Washington est devenu un jour férié, à observer le jour de son anniversaire, le 22 février. En 1968, le Congrès a adopté la loi sur les congés du lundi pour « assurer des observances annuelles uniformes de certains jours fériés légaux le lundi ». En effet, les syndicats américains ont obtenu pour que tous les 11 jours fériés fédéraux tombent un jour de semaine (sauf le 4 juillet, date sacrée), ce sont ainsi, toujours, de vrais jours fériés générant des week-end de trois jours, une idée à retenir… Mais, ironiquement, cela garantissait que la fête ne serait jamais organisée le jour de l'anniversaire de Washington, car le troisième lundi de février ne peut pas tomber plus tard que le 21 février. Or il est réputé être né un 22 février.
En vérité, Georges Washington est né le 11 février 1731, mais il s’agissait à l’époque du calendrier julien qui avait toujours cours en Grande-Bretagne alors que la plupart des pays d’Europe occidentale, dont la France, avaient adoptés dès le XVIe siècle le calendrier Grégorien. Quand les Anglais et les leurs colonies se sont enfin mis au nouveau calendrier, les personnes nées avant 1752 ont dû ajouter 11 jours à leur date de naissance. Ceux nés entre le 1er janvier et le 25 mars, comme Washington, ont également dû ajouter une année pour être synchronisés avec le nouveau calendrier. Si bien que la date de naissance du premier président américain est devenue le 22 février 1732.
Les prochains Présidents’ Day auront lieu les 19 février 2024, 17 février 2025, 16 février 2026, 15 février 2027, 21 février 2028…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
24 novembre : la Mongolie cultive la mémoire de Gengis Khan, son héros national
Cette “Journée de la fierté nationale mongole” est présentée comme le 860e anniversaire du « Père de la nation mongole ». Le Grande Empereur Gengis Khan a été érigé en glorieux ancêtre, il sert aujourd’hui à revaloriser une identité nationale mongole, méprisée à l’époque où le pays vivait sous la tutelle de Moscou.
La Mongolie fête aujourd’hui l’anniversaire de son héros national. Ce pays qui a échappé au statut de satellite de la Russie avec la disparition de l’URSS, cherche à se doter de nouvelles références identitaires. La figure de Gengis Khan, le guerrier qui a unifié les différentes tribus mongoles et qui s’est lancé à la conquête du monde au début du XIIIe siècle, est un moyen de redonner au pays une fierté qu’il avait perdue.
Déjà, en 2006, le pays avait organisé de grandes festivités pour les 800 ans de son empire. Depuis l’engouement pour cette figure qui a fait trembler les Russes et bien d’autres peuples, n’a fait que grandir. Il fallait trouver une date pour le célébrer chaque année. Les historiens sont très partagés sur la date de naissance du Grand Empereur : entre 1155 et 1162. Les autorités mongoles ont tranché. Elle ont constitué une commission qui a fini par se mettre d’accord sur une date très précise : le premier jour du premier mois d'hiver de l’an 1262. Cette date a permis de créer une Journée de la fierté nationale (үндэсний бахархлын өдөр) dont la première célébration a eu lieu en novembre 2012 à l’occasion de ce qui a été annoncé comme le 850e anniversaire de la naissance de Gengis Khan. La date est donc déterminée par le calendrier traditionnel mongol. En 2022, c’est ce 24 novembre que l’on fête le 860e anniversaire du « Père de la nation mongole ».
Le jour est férié et chômé en Mongolie. Le matin, on organise la cérémonie du Grand Drapeau Blanc de l'État mongol unifié, on rend hommage à chacun de ses statues monumentales, on décerne la médaille de l'Ordre Chingis Khan, la plus haute distinction, à des personnalités ayant contribué à la transmission des traditions de l'État, de l'histoire et de la culture mongole, on défile en costume d’époque dans les rue d’Oulan-Bator… mais la manifestation la plus populaire reste le match de lutte de haut niveau organisé ce jour-là. Il débute à 14h00 à la salle omnisports "Buyant-Ukhaa" de la capitale.
Gengis Khan (1162-1227) fut le premier empereur mongol. Son génie politique et militaire lui permit d’unifier les tribus turques et mongoles de l’Asie centrale en se lançant à la conquête de la majeure partie de l’Asie, la Russie, la Perse, la Mésopotamie et jusque dans l’est de l’Europe, soit l’un des plus grands empires jamais créé. Cela s’est fait au prix d’horribles massacres que la mémoire mongole a occulté mais que celle des peuples conquis a gardé comme un souvenir funeste. Sauf en Chine où l’un de ses petits-fils a fondé une dynastie, les Yuans qui ont régné pendant presque un siècle sur l’immense pays. Si bien que les autorités chinoises classent aujourd’hui Gengis Khan parmi les glorieux ancêtres de la Chine, une manière d’inclure les Mongols dans leur sphère d’influence, sachant qu’ils sont plus nombreux à vivre dans l’Empire du Milieu que dans la petite Mongolie dite « extérieure » qui célèbre aujourd’hui le père de sa nation.
Un article de l'Almanach international
17 mars : l’anniversaire de cheikh Mujibur Rahman, père de la nation bangladeshie
C’est lui qui avait permis l’émancipation du Bangladesh par rapport au Pakistan, mais au prix d’une guerre d’une rare violence de la part de ce dernier.
Au Bangladesh, c’est l’anniversaire de la naissance du cheikh Mujibur Rahman (শেখ মুজিবুর রহমানের জন্মদিন), le jour est férié. Il est né le 17 mars 1920. Il y a deux ans on a fêté en grande pompe, le centenaire de celui que l’on surnommait Bangabandhu (l’ami du Bengale). Chaque année, on célèbre à la fois son anniversaire de naissance (aujourd’hui) et celui de son assassinat, le 15 août 1972. Il y aura 50 ans cette année. On commémore également, chaque 7 mars, son fameux discours de 1971 lançant la lutte pour l’indépendance du pays. Mujibur Rahman est en effet l’iniateur de la scission avec le Pakistan et donc de la création du Bangladesh, autrefois simplement désigné sous le nom de Pakistan oriental. On se souvient que le conflit visant à empêcher l’émancipation du pays, fut d’une rare violence (3 millions de morts).
Aujourd’hui, c’est sa fille aînée, Sheikh Hasina, qui dirige le Bangladesh en tant que Première ministre depuis 2009 (le Bangladesh a un régime parlementaire). Elle l’avait déjà été de 1996 à 2001. Elle a aussi repris sa formation politique son père, la Ligue Awami (socialiste et laïque). On comprend le culte voué aujourd’hui à Sheikh Mujibur.
Le père de l’indépendance du Bangladesh, n’a toutefois pas été un brillant gouvernant. Sheikh Mujibur Rahman a pris la tête du premier gouvernement bangladeshi, en décembre 1971. Deux ans plus tard, son parti a remporté les élections de manière écrasante, mais assez rapidement son régime est devenu autoritaire, les partis interdits et le parlement dépourvu de pouvoirs réels. De plus, il s’est mis à dos l’armée et a finalement été renversé par un coup d’État militaire en 1975 et tué avec une partie de sa famille. Ce qui lui vaut l’image d’un martyr de la cause bangladesghie.
Cet anniversaire, ainsi que la veille, le 16 mars, ont été désignés par Sheikh Hasina comme Journée nationale de l'enfant (জাতীয় শিশু দিবস), en lien avec son père et l’amour qu’il portait aux enfants, nous dit-on. En cela, elle a voulu imiter l’Inde où la Journée nationale de l'enfance est célébrée le 14 novembre, anniversaire de Jawaharlal Nehru, l'“oncle bien-aimé” des enfants. À l’échelle mondiale, c’est le 20 novembre que l’on fête les enfants ou le 1er juin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
26 janvier : la République dominicaine célèbre Juan Pablo Duarte
C’est le 209e anniversaire de l’un des trois Padres de la Patria, les fondateurs et héros nationaux de la République dominicaine.
C’est un des trois Padres de la Patria, fondateurs et héros nationaux de la République dominicaine, avec Francisco del Rosario Sánchez et Ramón Matías Mella. Son anniversaire (Día del natalicio del Padre de la Patria Juan Pablo Duarte), chaque 26 janvier, est un jour férié.
Juan Pablo Duarte y Diez est né le 26 janvier 1813 à Saint-Domingue. À l'époque, la Capitainerie Générale de Saint-Domingue appartenait à l'Espagne. En 1821, l'élite créole a vaincu les colonialistes espagnols et a établi la République espagnole d'Haïti. Ainsi commença l'occupation haïtienne de Saint-Domingue.
En 1838, Duarte et un groupe de jeunes ont fondé La Trinitaria, une société patriotique secrète, pour obtenir l'indépendance à l’égard d'Haïti et établir la République dominicaine en tant qu'État souverain. Dans les années suivantes, Duarte et d'autres membres de La Trinitaria se sont alliés à d'autres révolutionnaires qui les ont aidés à diffuser les idées de libération.
Enfin, en 1844, la République dominicaine est devenue un État indépendant. Duarte s'est vu offrir la présidence, mais il a refusé et a insisté sur des élections démocratiques.
L'anniversaire de Duarte est observé comme un jour officiel du souvenir et un jour férié en République dominicaine. Ce jour-là, diverses cérémonies sont organisées pour honorer la mémoire du héros national. La plus importante a lieu dans le parc de l'Indépendance à Saint-Domingue, la capitale du pays. Duarte est aussi célébré par la levée du drapeau national, devant des représentant du gouvernement, puis par un Te Deum à la cathédrale et un dépôt de couronne à sa statue. Cette année, 2022, le Jour de Duarte tombant un mercredi, la journée chômée a été déplacée au lundi 24 janvier. En revanche les hommages des autorités ont bien lieu ce 26 janvier.
19 mai : la Turquie célèbre Atatürk et sa guerre de libération
Chaque année le 19 mai, la Turquie célèbre Atatürk et fête sa jeunesse sportive. Cet anniversaire rappelle la date du 19 mai 1919, considère comme le début de la guerre de libération qui a conduit à la création de la Turquie actuelle.
Chaque année, le 19 mai, la Turquie célèbre Atatürk et fête sa jeunesse sportive. Ce jour férié rappelle la date du 19 mai 1919, que l’historiographie officielle considère comme le début de la guerre de libération qui a conduit à la création de la Turquie actuelle dont les contours n’avaient rien d’évident à l’époque. Ce pays a été construit au détriment d’autres peuples : Arméniens, Grecs, Kurdes… et au prix de terribles massacres.
L’Empire ottoman, vaincu de la Première Guerre mondiale, était en effet occupé par plusieurs puissances étrangères (Anglais, Français, Italiens…). À l’Ouest les Grecs avaient proclamé le rattachement de l’Asie mineure à la Grèce. À l’Est, une République d’Arménie existait depuis déjà un an. Les Kurdes réclamaient, eux aussi, un État… la Turquie était en train d’être complètement dépecée comme l’a été l’Empire austro-hongrois à la même époque. Ce qui restait du pays était en proie à une guerre civile qui opposait l’armée du sultan aux nationalistes. Un officier en rupture avec le pouvoir du sultan, Mustapha Kemal, s’embarque alors pour le port de Samsun, sur la mer Noire où il débarque le 19 mai, il entame la reconquête du territoire qui se terminera en 1922 par une terrible guerre qui se fera notamment au détriment des Grecs et des Arméniens. Les Européens laisseront se créer une Turquie puissante dans l’espoir qu’elle ferait barrage à une URSS devenue inquiétante, en lui offrant le traité de Lausanne (1923).
Cette journée du 19 mai est commémorée officiellement depuis 1938 sous le nom Journée de commémoration d’Atatürk, de la Jeunesse et des Sports (Atatürk’ü anma Gençlik ve Spor Bayramı) et des marches accompagnent sa célébration, connue sous le nom "marche de la jeunesse" (Gençlik marşı). Les principales célébrations ont lieu à Ankara, au mausolée d’Ataturk mais aussi à Samsun où des centaines de scouts et des milliers de personnes participent à une marche au flambeau après avoir rallumé la flamme de l’indépendance. Une cérémonie a également lieu devant le monument de la République à Taksim dans la ville d’Istanbul. C’est une de ces journées qui flatte le nationalisme turc et dont raffole Recep Tayyip Erdoğan, le despote turc qui se veut l’égal d’Atatürk.
Cette journée est dédiée à Mustapha Kemal, dit Atatürk, dont on fête aussi l’anniversaire. Il est né en 1881, mais on ne sait pas quel jour. Alors quoi de mieux que le 19 mai ? C’est ce jour-là, en 1919, qu’il est né, disait-il.
Le même jour, en Grèce, on commémore depuis 1994, la Journée du génocide grec (Γενοκτονία των Ελλήνων του Πόντου) en mémoire de la mort des quelque 350 000 Grecs pontiques massacrés par les Turcs, dans les années 1915 à 1923. Les Arméniens ont également été victimes d’un génocide orchestré par les autorités ottomanes. Ils le commémores chaque 24 avril.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 mai 2021