L’Almanach international
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14 mai : au Malawi, l’anniversaire de l’ancien dictateur
31 ans après sa destitution, le Malawi célèbre toujours l’anniversaire de son ancien dictateur par un jour férié et chômé. Il est vrai que Hastings Kamuzu Banda est aussi le « père de l’indépendance ».
31 ans après sa destitution, le Malawi célèbre toujours l’anniversaire de son ancien dictateur par un jour férié et chômé. Il est vrai que Hastings Kamuzu Banda est aussi le « père de l’indépendance ». Ce médecin établi en Écosse, où il a passé 40 ans de sa vie, était rentré dans son pays natal, le Nyassaland en 1958 pour prendre la tête de la fronde contre la création par les Anglais, d’une grande fédération regroupant son pays et les deux Rhodésies. En 1959, Banda fut arrêté et emprisonné pendant quelques mois avant d’être catapulté Premier ministre. En 1964, le Nyassaland obtiendra à son indépendance et c’est Kamuzu Banda qui lui choisira un nouveau nom : Malawi.
Kamuzu Banda en sera le premier président et il s’accrochera au pouvoir pendant encore trois décennies. Son mandat de président « à vie » est marqué par l'assassinat, l'emprisonnement ou l'exil des membres de l'opposition. L’impitoyable docteur Banda était notamment connu pour livrer ses opposants aux crocodiles… Il faudra attendre le 14 juin 1993 pour que les premières élections libres le poussent vers la sortie à l’âge de 96 ans. Quand il est mort, en exil en Afrique du Sud, il était encore poursuivi pour le meurtre de quatre parlementaires de l'opposition. Nelson Mandela n’a pas assisté à ses funérailles, non en raison de sa gouvernance autoritaire, mais pour ses liens avec l’Afrique du Sud de l’époque de l’apartheid. Car Banda était un ultraconservateur proche des régimes soutenus par les États-Unis.
Cette histoire appartient à un passé révolu, mais une bonne partie peuple Malawi garde une tendresse pour ce vieux président mort presque centenaire et qui a dirigé le pays pendant près d’un demi-siècle. Hastings Kamuzu Banda est né en mars ou en avril 1898. On ne sait pas trop car il n'y avait pas d'enregistrement de naissance à l'époque, mais sous le règne de Banda, son anniversaire officiel était célébré le 14 mai. Le Kamazu Day célébrant son anniversaire n’a jamais été aboli.
Cette année la principale cérémonie a lieu à Blantyre, dans le stade Kamuzu, bien sûr. La thématique de l’année 2024 : « Kamuzu, l’héritage du patriotisme, de l’intégrité et du travail acharné ». Les premier et troisième qualificatifs ne sont pas usurpés, le second est assez contestable quand on sait qu’au cours de sa présidence, sa fortune s’est accru de plusieurs centaine de millions de dollars. La corruption est un mal endémique au Malawi que le président actuel, Lazarus Chakwera, n’est pas arrivé à endiguer alors que le pays est un des plus pauvres du monde.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mai 2024
13 mai : Israël compte ses morts et fête son indépendance en pleine crise existentielle
Israël célèbre sa proclamation d’indépendance du 14 mai 1948. La fête nationale d'Israël est précédée d'un hommage aux soldats tombés au combat et aux victimes civiles du terrorisme. Mais comment se recueillir puis faire la fête, quand plus de 35 000 Palestiniens sont morts juste de l’autre côté du mur et que le massacre semble sans fin ?
Chaque année, le 5 lyar, soit cette année le 14 mai, Israël célèbre sa fête nationale en souvenir de sa proclamation d’indépendance du 14 mai 1948. Comme les jours du calendrier hébreu commencent et se terminent au coucher du soleil, la célébration du Jour de l’Indépendance d’Israël commence la veille dans le calendrier civil, autrement dit, les festivités débutent ce lundi 13 mai au soir.
Cependant, le Jour de l'Indépendance (Yom Haʿatzmaout, יום העצמאות) est toujours précédé du Jour du souvenir (Yom haZikaron, יום הזכרון), un jour de commémoration solennel rendant hommage aux soldats tombés au combat et aux victimes civiles du terrorisme. Cette commémoration a commencé ce dimanche 12 mai au coucher du soleil.
Donc dimanche 12 mai, à 19h, conformément à la loi de 1963 qui a formalisé le rituel, les entreprises de tout le pays ont fermé (le dimanche est un jour ouvré en Israël). À 20h, une première sirène, d'une durée d'une minute, a retenti dans tout Israël et la cérémonie nationale a commencé sur l’esplanade du Mur occidental (mur des lamentations) à Jérusalem, en présence du président Isaac Herzog, du ministre de la Défense Yoav Gallant et du chef d'état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi. À21h15, la Knesset organisait un événement spécial à la mémoire des morts, en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahou, du président de la Knesset, Amir Ohana, et du président par intérim de la Cour suprême, Uzi Vogelman.
On rend hommage aux morts de l’année 2023, selon les chiffres du ministère de la Défense, 711 membres des forces de sécurité sont tombés dans le cadre du conflit israélo-Palestinien et 822 civils (dont 37 enfants) ont été assassinés au cours de la même période, principalement lors du massacre du 7 octobre. Soit le pire bilan depuis qu’Israël existe.
Selon les données officielles, 25 039 membres des forces de sécurité sont tombés et 5 100 civils ont été tués dans des attaques terroristes depuis 1860. Curieusement, les statistiques israéliennes, publiées et révisées chaque année, remonte à une époque bien antérieure à la fondation d’Israël. Malheureusement dans leur aveuglement, les Israéliens font bien peu de cas des quelque 100 000 Palestiniens tués depuis le 14 mai 1948. Leur évocation serait pourtant totalement légitime, sachant que plus de 20% des citoyens israéliens sont des Palestiniens. Mais leur mémoire à eux n’a aucune place dans le discours officiel.
Une cérémonie du Jour du souvenir israélo-palestinien est tout de même organisée par Combattants pour la Paix et le Cercle des Parents-Forum Familles. Faute d’un soutien des autorités, elle est retransmise en ligne depuis plusieurs sites à travers le pays, notamment Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa et Acre. La cérémonie a débuté dimanche à 20h30, elle est diffusée sur les pages Facebook des organisations car les Palestiniens de Cisjordanie sont interdits d'accès en Israël depuis le 7 octobre 2023. Ce rassemblement, que ses organisateurs qualifient de plus grand événement pour la paix organisé conjointement par des Israéliens et des Palestiniens, est controversé depuis sa création en 2006, mais il attire des foules de plus en plus importantes au fil des ans. En 2023, 15 000 personne avaient assistés à la cérémonie au parc Ganei Yehoshua de Tel Aviv, et 200 000 personnes l’avaient regardée en ligne depuis le monde entier, selon les organisateurs.
Ce lundi 13 mai, à 8h30, les noms des soldats tombés au combat sont lus au mont Herzl à Jérusalem. À 11h, une seconde sirène, d'une durée de deux minutes, retentit dans tout Israël. Aussitôt après, des avions de l'armée de l'air survolent le mont Herzl, donnant le coup d'envoi de la cérémonie principale, en présence notamment de Herzog, Netanyahou, Ohana et Vogelman. À 13h, une cérémonie commémorative pour les victimes du terrorisme se déroule au mont Herzl. Elle se clôturera à 19h30.
Mardi 14 mai, sera fêté l’anniversaire du 14 mai 1948 (5 Iyar 5708 selon le calendrier juif). Ce jour-là, huit heures avant l'expiration du mandat britannique sur la Palestine, le futur Premier ministre David Ben Gourion déclara la création de l'État d'Israël. Le nouvel État fut rapidement reconnu par de nombreux pays, dont les États-Unis et l’Union soviétique. Cependant, les États arabes environnants, considérant cette implantation juive comme un vestige de la colonisation britannique, ne l’ont pas reconnu et ont aussitôt attaqué l’État juif nouvellement formé. Ainsi, le 15 mai 1948, débutait la première guerre israélo-arabe, connue en Israël sous le nom de Guerre d’indépendance car elle s’est soldée par une victoire des Israéliens.
Traditionnellement, les familles israéliennes célèbrent Yom Ha'atzmaut avec des barbecues et des pique-niques. Les gens décorent leurs balcons avec des drapeaux israéliens et attachent de petits drapeaux aux vitres des voitures. Certains drapeaux restent hissés jusqu'à la Journée de Jérusalem célébrée le 28 Iyar (le 5 juin prochain). Mais cette année, six mois après les massacres du 7 octobre, l’ambiance n’est pas du tout à la fête. Ce jour-là, Israël s’était réveillé en découvrant l’horreur de la tuerie de plusieurs centaines de civils et la prise en d’otage par le Hamas de plus d’une centaine d’autres. Ils découvraient la défaillance de leurs services de renseignement (au courant de la préparation d’une attaque, mais qui en a largement sous-estimé l’ampleur). Ils déploraient la désorganisation de l’armée (qui a mis des heures à intervenir pour neutraliser les terroristes) et devaient admettre que les murs n’apportent en rien la sécurité. Les Israéliens s’affligeaient l’incurie de son gouvernement d’extrême droite, lequel a eu l’idée folle de participer au financement du Hamas et de l’encourager secrètement afin de pousser les Palestiniens à la faute. Pensant, en réaction, anéantir toute velléité de revendication de ce peuple sans droit. Le drame du 7 octobre, repose sur le sordide jeu d’apprenti sorcier d’un premier ministre élaborant des stratégies pour se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible afin d’échapper à la prison pour corruption, quitte à mener son pays vers l’abîme.
Car, en ce 75e anniversaire d’Israël, c’est bien l’existence même d’Israël qui, pour la première fois, est questionnée si une solution définitive n’est pas trouvée à la question palestinienne. Les 35 000 morts (dont 12 300 enfants), peut-être 50 000 quand on fera vraiment le compte des victimes des bombes, des blessés qui n’ont pas survécu, des morts de malnutritions ou de manque de soin. L’horreur des bombardement sur Gaza a depuis longtemps occulté celle du du 7 Octobre. Netanyahou, décidant de bombarder une ville de deux millions d’habitants pour tuer quelques milliers de terroristes, a entrainé son pays dans le piège fatal, tendu par le Hamas. Face à un tel massacre, dont le bilan est bien pire que celui de la Nakba, la communauté internationale ne pourra plus ignorer la colonisation galopante des territoires occupés depuis 1967. Faute d’accepter de les lâcher en totalité, Israël, risque de tout perdre (c’est à dire le territoire reconnu en 1948) et de ne jamais fêter son centenaire.
En dépit d’une belle prestation à l’Eurovision, fête à laquelle les Palestiniens n’ont jamais été invités à participer, l’ambiance de la journée de Yom Ha'atzmaut n’a jamais été aussi peu sereine. Même si le pays, comme toujours, va s’efforcer de faire comme si… L’aveuglement et le dénie sont des maladies mortelles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mai 2024
14 mai : les 70 ans de Norodom Sihamoni, roi du Cambodge
C’est un monarque un peu désenchanté qui célèbre aujourd’hui son anniversaire. Trois jours de festivités masquent la rigueur d’un régime autoritaire, réprimant toute opposition, mais sur lequel le roi Norodom Sihamoni n’a aucune prise.
Le jour est férié au Cambodge pour l’anniversaire du souverain (ព្រះរាជពិធីបុណ្យចម្រើនព្រះជន្ម ព្រះបាទនរោត្តមសីហមុនី). À cette occasion, de nombreux bâtiments gouvernementaux sont décorés des portraits du roi et du drapeau national. Ce soir du 14 mai, un impressionnant feu d'artifice a lieu devant le Palais Royal de Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Les festivités durent trois jours, les Cambodgiens pour organiser des fêtes en famille ou entre amis.
Roi sans pouvoir, sous un régime de dictature, Norodom Sihamoni est né le 14 mai 1953. Il est le fils du roi Norodom Sihanouk et de sa deuxième épouse Norodom Monineath Sihanouk. Son nom de Sihamoni est issu de la contraction de Sihanouk et Monineath. Il a passé la majeure partie de sa vie hors du Cambodge, notamment en France, de 1988 à 2001, où il enseignait la danse classique.
Il est devenu roi le 14 octobre 2004 après l’abdication de son père. S’il a été choisi parmi les fils du roi Sihanouk, c’est en raison de son caractère discret pouvant s’accommoder du régime autoritaire de l’indéboulonnable Hun Sen. Le roi n'est pas marié et n'a pas d'enfant. Celui qui pourrait être le prince héritier du Cambodge est Norodom Ravichak, le fils du demi-frère aîné du roi, décédé en 2021.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
14 mai : la Sainte-Tamar, fête patriotique et religieuse en Géorgie
En Géorgie, on fête Tamaroba, une célébration en hommage à Tamar la Grande, une reine qui a gouverné la Géorgie de 1184 à 1213. Son règne est considéré comme le point culminant de l'âge d'or géorgien.
L’Église orthodoxe géorgienne commémore la Sainte-Tamar ou la Tamaroba (თამარობა). Cette fête rend hommage à Tamar la Grande, une reine qui a gouverné la Géorgie de 1184 à 1213. Son règne est considéré comme le point culminant de l'âge d'or géorgien.
Tamar, née vers 1160 est la fille du roi George III de Géorgie et de son épouse Burdukhan, dont le règne a été marqué par des rébellions de la noblesse cherchant à le détrôner. Le roi a réprimé les révoltes et couronné Tamar, âgée de 18 ans, co-dirigeante du royaume afin de faire d'elle son successeur légitime. Après la mort de son père en 1184, Tamar est devenue à 24 ans, la seule monarque de Géorgie avec le titre de roi ("mepe") et non de reine ("dedopali"). Son règne de 29 ans a vu le pays maintenir un État unifié avec une économie forte, une bureaucratie bien organisée, un équilibre prudent entre le pouvoir de l'État et de l'Église, des relations harmonieuses entre les différents groupes ethniques du Royaume et un épanouissement des arts. La reine a ensuite été romancée et idéalisée dans la culture géorgienne. Tamar la Grande a été canonisée par l'Église orthodoxe géorgienne. Son jour de fête est connu en Géorgie sous le nom de "Tamaroba". Ce n'est pas un jour férié, mais il est célébré dans les églises de tout le pays.
Tamar (et ses dérivés Tamara, Tamuna, Tamila, Tata, Tato, Tamta et bien d'autres) est l'un des prénoms les plus courants en Géorgie avec Nino, Mariam et Natia. Chaque 14 mai, les principales célébrations se déroulent à Akhaltsikhe où se trouve un monument en son honneur. #tamaroba
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
14 mai : au Liberia, c'est Unification Day
Un jour férié tout à fait de bon aloi dans un pays qui a été ravagé par deux guerres civiles consécutives entre 1989 et 2003.
Ce jour férié décrété par la présidente Elen Johnson Sirleaf en 2010 est tout à fait de bon aloi dans un pays qui a été ravagé par deux guerres civiles consécutives entre 1989 et 2003. La date du 14 mai fait référence à un discours de 1960 prononcé par le président William VS Tubman (1944-1971), lequel était parvenu à réduire l’animosité historique entre l’élite américano-libérienne et les autochtones. Mais celle-ci est devenue explosive trente ans plus tard. Même si le Liberia a aussi subi une terrible épidémie de fièvre Ebola dans les années 2014-2015 – et par chance, la pandémie actuelle de covid-19 le touche peu –, le pays a été plus encore éprouvé par les guerres civiles. Aujourd’hui, les risques politiques liés à son histoire particulière sont toujours latents. Une rechute est toujours possible.
On se souvient que le Liberia a été fondé au XIXe siècle pour des esclaves noirs américains affranchis. Entre 1822 et 1861, des milliers de Noirs libres ont été réinstallés dans la colonie de Cape Mesurado, territoire contrôlé par les Américains. Mais les autochtones, demeurés largement majoritaires, n’ont pas participé à la création de cet État. Ils ont même subi le travail forcé autorisé jusqu’en 1936. Même s’ils ont fini par obtenir le droit de vote, en 1944, ces derniers se sont longtemps considérés comme des citoyens de seconde zone par rapport aux colons et à leurs descendants. Cette division sociopolitique est à l’origine des deux guerres civiles qui ont ravagé le pays.