15 novembre : en Inde, les suprémacistes hindous vouent un culte à l’assassin de Gandhi

 

Le 30 janvier 1948, le Mahtama Gandhi, apôtre de la non-violence, était assassiné. La date est toujours commémorée officiellement en Inde mais peu à peu vidée de son sens, même si le BJP au pouvoir mentionne toujours Gandhi comme le père de la nation. Celui-ci figure toujours sur les billets de banque indiens mais, son discours est complètement détourné, puisque la politique menée depuis quelques années par le premier ministre Modi est faite en son nom. Pire, la frange la plus nationaliste du mouvement hindouiste voue aujourd’hui un culte à son assassin, Nathuram Godse. Celui-ci avait été aussitôt arrêté, emprisonné et condamné à la pendaison. Son exécution a eu lieu le 15 novembre 1949. En ce jour anniversaire, le mémorial qui lui est dédié à Pune (ville située près de Bombay) accueille la foule des sympathisants de la cause. La famille ouvre l’urne contenant ses cendres pour les fidèles désireux d’obtenir la bénédiction du « patriote » en contemplant ses restes. Le 15 novembre est commémoré par la Hindu Mahasabha, parti extrémiste hindou, comme « jour de sacrifice ». 

Il est reproché à Gandhi d’avoir été trop conciliant à l’égard des musulmans et d’avoir favorisé la création du Pakistan en 1947. Ce serait donc un traître à la patrie que Godse a exécuté. Le BJP au pouvoir n’a pas (encore) repris ce discours mais laisse dire les franges les plus nationalistes, comme le RSS, dont justement Nathuram Godse était membre à l’époque. Ce mouvement fasciste a été dissous après l’assassinat de Gandhi, il a aujourd’hui à nouveau pignon sur rue et il est responsable de nombreux faits de violence envers les musulmans et les chrétiens, notamment ces derniers mois. Sans toutefois cautionner la violence, nombre d’intellectuels, souscrivant à l'idéologie de l'Hindutva, s’appliquent aujourd’hui à expliquer son geste, à en réévaluer la portée. Considérant qu’il allait dans le sens de l’histoire, que la patrie était en danger après la partition de l’Inde. Même des médias anglophones, comme The Indian Express, publié à Bombay, ont publié cette année des éditoriaux en ce sens.

Dans tout le pays, plus d’une douzaine de statues du meurtrier de Gandhi ont déjà été érigées. Plusieurs temples hindous sont en cours de conversion en temples à la mémoire de Nathuram Vinayak Godse. Parallèlement, ces derniers mois, des suprémacistes hindous dégradent des représentations de Gandhi, attaqué ses mémoriaux et griffonné le mot traître sur sa photo. En juin 2019, une statue de Gandhi a même été décapitée publiquement dans l'est de l'Inde… Le  phénomène est récent, il date de l’arrivée au pouvoir du BJP en 2014. Nathuram Godse est également célébré le jour anniversaire de sa naissance, le 19 mai ainsi que chaque 30 janvier (jour de son crime).

Un tel culte est à rapprocher de celui d’Ygal Amir, l’assassin de Yitzhak Rabin, premier ministre israélien et prix Nobel de la paix. Les suprémacistes juifs réclament régulièrement sa libération alors qu’il a été condamné à la prison à vie. Quant à Anders Breivik, l’auteur du massacre d’Oslo et d’Utøya, il est devenu l’égérie de nombre de néonazis et de suprémacistes blancs de par le monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 novembre 2020

 
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Pooja Shakun Pandey, l’une des dirigeantes du Hindu Mahasabha, rejoue la scène de l’assassinat——————————————————————————————————————————————————-Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouv…

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