L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
4 novembre : la Journée de l’unité du peuple russe, faute de celle des Slaves
Cette journée, tout en commémorant la libération de Moscou de l'occupation polonaise, en 1612, invite à penser que la Russie doit constamment se défendre face aux ennemis qui l’entourent et la menacent. Ce jour férié qui entretien cette paranoïa collective a aussi été instauré par Vladimir Poutine pour remplacer le 7 novembre.
Chaque épisode de la longue histoire russe est bon pour cultiver le sentiment d’un pays devant constamment se défendre contre des ennemis menaçant son intégrité. Aujourd’hui, c'est la Journée de l’unité du peuple (День народного единства), un jour férié qui commémore la libération de Moscou en 1612 et en même temps entretien une paranoïa collective propice au maintient au pouvoir de Poutine et son régime.
Instaurée en 2005 par Vladimir Poutine, cette journée a aussi pour but de renforcer l’identité nationale et de remplacer le jour férié du 7 novembre qui célébrait autrefois la révolution russe de 1917. Aujourd’hui, il faut également montrer qu’en dépit de l’enlisement de son armée en Ukraine ainsi que de l’affaissement économique et moral du pays, la Russie est toujours debout, n’en déplaise au monde entier.
Cette journée patriotique est avant tout un évènement culturel. Dans toutes les villes de Russie, ainsi que dans la Crimée occupée, le 4 novembre est une journée fériée permettant au peuple russe de profiter de spectacles, de visiter gratuitement les musées. À Moscou, c’est la traditionnelle Nuit des Arts, consacrée à l'Année du patrimoine culturel des peuples de Russie. Au total, plus de 160 événements dédiés à la fête ont lieu dans la capitale du 3 au 6 novembre.
Le 4 novembre 1612 (22 octobre selon le calendrier de l’époque) est une date connue de tous les écoliers. Ce jour-là, Moscou a été libéré de l’occupation polonaise par une milice populaire, dirigée par le chef de Nizhny Novgorod, Kouzma Minin et le prince de Novgorod, Dmitry Pozharsky. Après avoir chassé les Polonais du pays, les États généraux (Zemski Sobor) se sont réunis et, quelques semaines plus tard, vont élire Michel Romanov, tsar de toutes les Russies dont les descendants régneront sur le pays jusqu’en 1917.
Selon la légende, la milice russe serait entrée à Moscou, emportant avec elle l'icône de Kazan de la Mère de Dieu. Plus tard, en 1649, le tsar Alexei Mikhailovich fera du 4 novembre (22 octobre selon le calendrier julien) une fête religieuse et nationale, célébrée par l'Église orthodoxe russe et dédiée à Notre-Dame de Kazan, dont l'image est liée à la libération de la Patrie de l'envahisseur étranger. Des processions religieuses traditionnelles sont également organisées.
Enfin, cette journée du 4 novembre avait été, au fil des années, récupérée par tout ce que la Russie compte de partis ultranationalistes et xénophobes, de skinheads et autres néo-fascistes russes, qui y ont vu une occasion d'exprimer en toute légalité leurs idées extrémistes. Cette année, la fameuse Marche russe (Русский марш) qui traditionnellement marque la journée du 4 novembre a lieu à Kazan.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 novembre 2024
31 octobre : la Journée de la mer Noire
La Journée internationale d'action pour la mer Noire est une célébration régionale destinée à sensibiliser le public à la nécessité d'une coopération régionale pour la protection de la mer Noire, en particulier de son écosystème marin aujourd’hui menacé par la guerre déclenchée par la Russie.
La Journée internationale d'action pour la mer Noire est une célébration régionale destinée à sensibiliser le public à la nécessité d'une coopération régionale pour la protection de la mer Noire. Mais la préoccupation écologique a du laisser place à un souci de sécurité en raison de la guerre déclenchée par un des signataires, la Russie dont l’objectif géopolitique était de faire de cette mer un lac russe. La bataille de la mer Noire a été gagnée par l’Ukraine grâce au blocage des détroits par la Turquie inquiète de l’évolution de la situation. Cette dernière ainsi que la Bulgarie et la Roumanie ont signé un accord pour lutter conjointement contre les mines marines dérivantes. On est loin des préoccupations à l’origine de cette journée du 31 octobre qui était l’occasion de se pencher sur l’état des écosystèmes marins de la mer Noire.
Le 21 avril 1992, les représentants des pays riverains de la mer Noire, de la Turquie, de l'Ukraine, de la Russie, de la Bulgarie et de la Roumanie se sont réunis à Bucarest pour signer la Convention sur la protection de la mer Noire contre la pollution. Le 31 octobre 1996, les États membres de la convention ont signé le Plan d'action stratégique de la mer Noire, qui est devenu la base de la protection de la mer contre la pollution. C’est la date de signature de ce plan qui est célébré chaque année avec des résultats bien médiocres compte tenu de la situation. Depuis février 2022, la guerre a gravement perturbé les écosystèmes de cette mer fermée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 octobre 2024
19 septembre : la Russie célèbre les créateurs d'armes
La Saint-Michel du calendrier orthodoxe est l’occasion pour les Russes de célébrer des créateurs d'armes.
La Journée des armuriers (День создателей оружия) est une fête professionnelle célébrée en Russie le 19 septembre. La première célébration a eu lieu le 19 septembre 2012.
En mai 2010, le Premier ministre russe Vladimir Poutine visitait une usine d'armement dans la ville d'Ijevsk, quand il a rencontré Mikhail Kalachnikov, un célèbre inventeur russe et concepteur d'armes légères, notamment le légendaire fusil d'assaut AK-47. Kalachnikov a demandé à Poutine d'établir une fête professionnelle pour les concepteurs d'armes russes. Cette demande a été soutenue par l'Union des concepteurs d'armes russes.
La Journée des créateurs d'armes a été officiellement créée par le président Dmitri Medvedev en 2011. La date du 19 septembre a été choisie car ce jour-là, l'Église orthodoxe russe honore l'archange Michel. Celui-ci n’est-il pas vénéré comme Archistrategos (Арчи Стратегос), le commandant suprême des armées célestes ?
Comme la plupart des jours fériés professionnels russes, le 19 septembre reste un jour ouvrable. Il est surtout célébré dans les villes et villages qui ont des usines d'armement, comme Ijevsk, Barnaul, Novossibirsk, Toula, Kovrov, ainsi qu’au sommet de l’État.
Le développement de la production d'armes à feu avec le soutien de l'État a commencé dans les années 1470, avec l'implantation à Moscou d'un canon, puis d'une poudrière, de fonderies et d’usines de salpêtre, ainsi que de moulins à poudre. Au XVIe siècle, l'armée russe était l'une des plus équipées en artillerie.
C’est sous le tsar Pierre le Grand, que la production de masse d'armes a été organisée, avec le soutien de spécialistes européens. En 1701, la fabrique d'armes Olonets (Petrovsky) est fondée. En 1707, l’usine Dvor qui commence à produire à Saint-Pétersbourg. Et en 1712, commence l'histoire de la légendaire fabrique d'armes de Tula. En 1721, une usine de production d'armes a été ouverte à Sestroretsk…
Le mois de septembre est associé à l'Armurerie du Kremlin de Moscou - le lieu le plus important aux XVIe-XVIIe siècles pour la production et le stockage d'armes en Russie. Bien que la date exacte de la création de l’entrepôt lui-même soit inconnue, le poste d'armurier a été mentionné pour la première fois en septembre 1508.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
21 juillet : Notre-Dame de Kazan, icône russe
Les Russes vénèrent Notre-Dame de Kazan, une icône (miraculeuse bien sûr) qui date de 1572 et à laquelle deux cathédrales sont consacrées : celles de Moscou et de Saint-Petersbourg.
Les Russes vénèrent Notre-Dame de Kazan (Казанская Богоматерь), une icône (miraculeuse, bien sûr) qui daterait du XIIIe siècle et à laquelle deux cathédrales sont consacrées : celle de Moscou et celle de Saint-Petersbourg. En 1572, le tsar Ivan le Terrible battait les Tatars du royaume de Kazan. Considérant comme miraculeuse cette victoire sur un ennemi aussi acharné, il ordonnera aussitôt que l’on construise une cathédrale à Kazan, capitale de cet État musulman. Il avait mis le feu à toute la ville, la légende raconte que l’icône serait apparue en songe à une fillette qui permit de la localiser. Le monastère où elle se trouvait aurait brûlé mais l’icône aurait été retrouvée intacte sous les cendres.
Ce jour du 21 juillet (8 juillet du calendrier julien) est aussi connu en Russie comme "Jour de l’Unité". À cette occasion, les autorités russes commémorent les soldats tombés pour défendre leur pays (ou entraînés dans l’agression d’un pays voisin).
La précieuse icône a été dérobée le 29 juin 1904 du monastère où elle se trouvait et elle n’a jamais été retrouvée. Certains Russes datent de cette disparition, le début de leurs malheurs (révolutions de 1905, 1917, famines, guerres...). Il est vrai qu’elle a été invoquée à de multiples reprises dans l'histoire russe, notamment pour se prémunir des invasions étrangères. Dimitri Pojarski, le libérateur de Moscou en 1612, ou le général Koutouzov, le vainqueur de Napoléon s’en sont remis à elle, dit-on. Aujourd’hui, on vénère des copies plus ou moins anciennes. L’une d’elles datant du XVIIIe siècle et qui avait fui la Russie en 1917, a été offerte au Patriarcat de Moscou par le Vatican en 2004. Elle a trouvé sa place dans la cathédrale de Kazan le 21 juillet 2005. Jean Paul II espérait sans doute, par ce geste, se faire inviter en Russie. Ce qui, pour des raisons géopolitiques, ne s’est pas fait. Le projet s’étant heurté à l’opposition catégorique du patriarche russe Alexis II.
À noter que ND de Kazan est fêtée deux fois, le 8/21 juillet et le 22 Octobre/4 novembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 juillet 2024
25 juin : la Journée de l’unité slave, pur produit de la propagande russe
Depuis l’éclatement de l’URSS et la disparition de la Yougoslavie, les Russes célèbrent chaque 25 juin une Journée de l'amitié et de l'unité des Slaves. Une célébration d’origine soviétique visant à imposer la prééminence de Moscou sur l’ensemble du monde slave.
Depuis l’éclatement de l’URSS et la disparition de la Yougoslavie, les Russes célèbrent chaque 25 juin une Journée de l'amitié et de l'unité des Slaves (День дружбы и единства славян) « visant à rappeler aux peuples slaves leurs racines historiques et culturelles communes et à encourager la préservation de leurs liens séculaires les uns avec les autres ». Cette fête qui fait partie intégrante de la propagande russe, n’est guère marquée qu’en Russie, pays qui martyrise depuis dix ans les Ukrainiens, le peuple slave qui lui est le plus proche, et qui effraie ses cousins occidentaux en premier lieu les Polonais pour qui l’amitié slave rappelle les mauvais souvenirs de l’emprise russe sur leur pays à l’époque tsariste comme à l’époque soviétique.
L’origine de cette journée instituée dans les années 1990 est à chercher dans le Festival mondial de la jeunesse slave créé en 1957 en Union soviétique. Chaque année, il avait lieu à la frontière de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie, qui étaient à l'époque des républiques de l'Union soviétique. Un Monument de l’amitié y avait été édifié pour bien marquer les esprits et des représentants des pays « frères », les États slaves sous domination soviétique (Polonais Tchécoslovaques, Bulgares), étaient également invités à ce grand rassemblement destiné à monter que les peuples slaves ne faisaient qu’un et que sa tête était à Moscou. Aujourd’hui, cette célébration n’a guère d’écho auprès des 300 millions de Slaves vivant dans le monde. Quant à l’influence culturelle de la Russie, elle est en chute libre, y compris dans le monde slave.
Cette manifestation dans laquelle l’Église orthodoxe russe est aujourd’hui largement impliquée laisse peu de place au néopaganisme slave qui a tenté, un temps, de lancer un mouvement qui n’a pas entrainé grand monde.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 juin 2024
21 mai : le jour de deuil circassien, en mémoire d’un génocide perpétré par les Russes
Ce Jour de deuil a été institué en souvenir du jour où la Russie a proclamé sa victoire définitive sur la Circassie détruite, le 21 mai 1864. Cette commémoration du génocide circasien, aujourd’hui interdite en Russie, se déroule principalement dans la diaspora.
La Circassie est une colonie russe située dans le nord du Caucase, une région que les Russes ont conquis après un siècle de guerre et de massacres. L’invasion russe a commencé en 1763 et ne s’est achevée qu’un siècle plus tard par un défilé de la victoire de l’armée du tsar le 21 mai 1864, à Krasnaya Polyana, non loin de Sotchi. Ce fut la guerre la plus longue que la Russie n’ait jamais menée.
La stratégie de l’Empire russe pour s’imposer dans le nord du Caucase était pleinement génocidaire. Elle consistait à massacrer systématiquement des civils afin de les terroriser ou de les pousser à l’exil. En un siècle, 1 500 000 Circassiens (soit 90% de la population totale !) ont été tués ou expulsés vers l'Empire ottoman, où vit aujourd’hui la majeure partie de la diaspora circasienne.
Les quelques Circadiens demeurés sur leurs terres, ont été séparés par les Russes en quatre sous-groupes : Kabardiens, Tcherkesses, Adyghéens et Chapsoughs, selon la logique du “diviser pour mieux régner”. C’était aussi une manière de gommer l’identité circasienne qui n’a plus droit de cité en Russie. Moscou a ensuite créé sur ce qui était jadis la Circassie, trois républiques “autonomes” : les républiques d'Adyguée, de Kabardino-Balkarie et de Karachay-Tcherkessie, où les Circassiens constituent la majeure partie de la population, descendant des quelques rescapés du génocide.
En 1990, quand l’emprise russe s’est provisoirement desserrée, un Jour de deuil circassien (Шъыгъо-шӏэжъ маф) a été institué en souvenir du jour où la Russie a proclamé sa victoire définitive sur la Circassie détruite et endeuillée. Chaque 21 mai, jour férié et chômé local, des rassemblements, des processions et dépôts de couronnes de fluets ont eu lieu dans les quatre républiques circadiennes jusqu’en 2021. Aujourd’hui, c’est surtout dans la diaspora, en Turquie, en Jordanie, en Syrie, aux États-Unis, en Allemagne…
Depuis le début de l'année 2022, les autorités russes s'emploient systématiquement à annuler les événements commémoratifs et festifs circassiens. Sous des prétextes farfelus, ils ont interdit la célébration du jour du drapeau circassien, puis ont prohibé la procession devenue traditionnelle en l'honneur du jour de deuil du 21 mai.
En Russie, ce génocide a été soumis à un révisionnisme historique ancien, ce qui explique qu’en Occident on connaisse si mal ce drame du Nord Caucase, par rapport à celui des Arméniens au début du siècle suivant. Aujourd’hui, les responsables de l'État russe vont jusqu'à affirmer que le conflit "n'a jamais eu lieu" et que la Circassie "a volontairement rejoint la Russie au XVIe siècle".
Il n’est pas encore question en Russie de discours décolonial. Au XXIe siècle, la question des colonies vue de Moscou se règle encore par des massacres, les Tchétchènes en ont fait les frais (300 000 morts sous Poutine, soit 30% de ce peuple), aujourd’hui, c’est au tour de l’Ukraine d’affronter la volonté russe de dominer et de détruire à la moindre résistance…
Le 21 mai est la date de la bataille de Qbaada (аибашьра) considérée comme la dernière bataille de la guerre du Caucase. Elle s’est terminée le 21 mai du calendrier julien (soit le 2 juin du grégorien) mais les Circadiens ont retenu cette date pour exprimer leur deuil dans le calendrier actuel. La bataille a opposé l'armée circassienne de 20 000 hommes et femmes, composée de villageois et de milices locales ainsi que de cavaliers tribaux, à une armée russe de 100 000 hommes, composée de cavaliers cosaques et russes, d'infanterie et d'artillerie. Les forces russes avancèrent de quatre côtés. Les forces circassiennes ont tenté de briser la ligne, mais beaucoup ont été touchées par l'artillerie et l'infanterie russes avant même de parvenir à atteindre le front. Les combattants restants furent bientôt vaincus. L'armée russe a commencé à célébrer la victoire sur les cadavres et un défilé militaro-religieux a eu lieu, au cours duquel 100 guerriers circassiens ont été publiquement exécutés. L'armée russe a ensuite continué à attaquer et à incendier les villages circassiens, détruisant les champs pour empêcher le retour, abattant les arbres et chassant les gens vers la côte de la mer Noire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 mai 2024
18 mai : la Russie célèbre sa flotte de la Baltique
La Russie, pays militarisé à l’extrême, commémore toutes ses batailles, en particulier celle qui ont une valeur géopolitique. La célébration russe de sa Journée de la flotte baltique qui s’insère la propagande du régime poutinien, est principalement marquée par un défilé naval de grande ampleur.
La Russie, pays militarisé à l’extrême, commémore toutes ses batailles, en particulier celle qui ont une valeur géopolitique. Le 18 mai 1703, une flottille de 30 bateaux avec des soldats des régiments Preobrazhensky et Semenovsky sous le commandement du tsar Pierre Ier, remporta sa toute première victoire militaire en capturant deux navires de guerre suédois, le Gedan et l'Astrild, à l’embouchure du fleuve Neva. Cette victoire était inespérée face à une Suède qui était, à l’époque, la puissance militaire de la Baltique, alors que la Russie, n’était encore qu’un pays encore modeste et très peu ouvert sur la mer. Tous les participants à cette bataille ont reçu des médailles spéciales avec l'inscription "L'impensable se produit".
Rétrospectivement, ce 18 mai est considéré comme l'anniversaire de la flotte russe de la Baltique. En 1703, la Russie reçut son premier navire de guerre : une frégate à trois mâts de 24 canons Shtandart. En 1724, la flotte comptait 141 navires de guerre à voile et des centaines de navires propulsés à l'aviron.
Aujourd’hui, la flotte baltique qui a perdu ses bases d’Estonie, Lettonie et Lituanie, a son siège à Kaliningrad avec des bases principales à Baltyisk et Cronstadt. La Russie de Poutine qui a déjà agressé la Géorgie et a entrepris de détruire l’Ukraine, est jugée suffisamment menaçante pour que la Suède et la Finlande aient finalement intégré l’OTAN, que le Danemark ait récemment élargi son service militaire aux femmes et que la Pologne ait confirmé son souhait d’abriter des armes nucléaires américaines sur son sol.
La célébration russe de sa Journée de la flotte baltique (День Балтийского флота) qui s’insère la propagande du régime poutinien, est principalement marquée par un défilé naval de grande ampleur. Des anciens combattants, des Pétersbourgeois et des militaires déposent des fleurs au mémorial dédié à Pierre le Grand.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 mai 2024
5 mars : Staline, mort il y a 70 ans, se porte de mieux en mieux
Staline est mort le 5 mars 1953. Des milliers de personnes viennent lui rendre hommage, partout en Russie. La nostalgie de l’URSS est largement entretenue par le régime du dictateur Poutine. Lequel a encore, récemment, inauguré une nouvelle statue de son homologue soviétique.
Chaque année, pour l’anniversaire de la mort de Staline (годовщина смерти сталина), Vladimir Poutine évoque le grand homme, la Grande Guerre patriotique et la Grande Russie, dénommée URSS, sur laquelle il régnait. L’hymne soviétique, dans une version rénovée, est à nouveau utilisé. Une nouvelle statue de Staline a encore été inaugurée par Poutine en janvier 2023. L’image du dictateur soviétique a été complètement remise au goût du jour par le dictateur russe.
Chaque 5 mars, la foule des admirateurs du « Petit père des peuples » se presse dans un coin de la place Rouge pour lui rendre hommage. Staline est responsable de la mort et de la déportation de plusieurs de dizaines de millions de personnes. Et pourtant, il continue d’être admiré en Russie par une partie croissante de la population. Les mauvais
souvenirs sont désormais bannis des manuels scolaires. Il n’est plus question des purges (700 000 personnes exécutées rien qu’en 1937-1938) ni des déportations, du Goulag, des famines, de la censure et de la propagande. En décembre 2021, l’association Mémorial a été dissoute. C’est elle qui depuis les années 1980 avait courageusement raconté l’histoire des millions de victimes du dictateur soviétique. Que va faire Poutine de l’extraordinaire fond de documentation des exactions de Staline qu’elle avait constitué en quatre décennies d’investigation ? De Staline, la jeunesse ne doit connaître que sa gloire de co-vainqueur de la Seconde Guerre mondiale et la puissance d’une URSS qui dominait un espace allant de l’Allemagne à la Mongolie. Selon un sondage de l’institut Levada publié en 2019, plus de 70% de la population russe estime que Staline a joué un rôle positif dans l’histoire du pays. Ils étaient deux fois moins nombreux au début des années 2000. Des nostalgiques de l’époque soviétique viennent ainsi fleurir tous les ans sa tombe sur la place Rouge, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, le 5 mars 1953. Et ils sont de plus en plus nombreux à le faire.
En décembre 2021, lors du traditionnel dernier tournoi de hockey de l’année, à Moscou, l'équipe russe est entrée sur la glace vêtue d'un uniforme soviétique, enthousiasmant un public qui agitait le drapeau soviétique. Nostalgie quand tu nous tiens ! Berlin 1953, Budapest 1956, Prague, 1968, Gdansk 1981,… Minsk 2020, Kiev 2022… la logique est la même aux yeux du bon peuple russe.
En Géorgie, à Gori dans sa ville natale, on n’a déboulonné sa statue qu’en 2010. Pour finalement la ressortir en 2013 et la placer devant le musée qui a été constitué à sa gloire. Chaque 5 mars, des centaines de personnes viennent lui rendre hommage. Une cérémonie est organisée dans une église, avant un bon repas pris dans le meilleur hôtel-restaurant de la ville, chez “Joseph”, bien sûr. On peut y déguster les plats préférés de Staline et réserver sa chambre.
À Kaspisk, au Daghestan, une rue de la ville a été renommée en l'honneur de Staline… Staline est aussi largement fêté pour son anniversaire officiel, chaque 21 décembre ainsi que le 9 mai, journée où il est mis à l’honneur par Vladimir Poutine, lequel a pris ses distances avec Lénine qu’il accuse d’avoir entrainé la perte de l’URSS en en faisant dès l’origine un État fédéral, mais pour mieux valoriser Staline, le héros de Stalingrad. En janvier 2023, le dictateur Poutine inaugurait encore une nouvelle statue de son glorieux prédécesseur, c’était à Volgograd, l’ex-Stalingrad, bien sûr. Dans le discours que Poutine sert aux Russes, le vainqueur de 1945 a éclipsé le tyran de la Grande Terreur. S’attaquer à Staline revient, pour Poutine, à participer au complot ourdi par les Occidentaux visant à faire de la Russie un pays de second rang. Le discours de la Grande Patrie et de la Russie éternelle fonctionne sur la majeure partie de la population qui n’en a jamais connu d’autre. Le culte du grand homme n’est pas sans rappeler les sentiments qui animaient autrefois la paysannerie russe à l’égard du tsar Nicolas II.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
6 décembre : Il y a 105 ans, la Finlande quittait l’empire russe
La Finlande célèbre son émancipation. Le 6 décembre 1917, à la faveur de la révolution russe, les Finlandais se libéraient de la tutelle de l'empire des tsars. Pour la première fois de son histoire, la Finlande devenait un État.
Ce jour de fête en Finlande célèbre l'émancipation du pays. Le 6 décembre 1917, à la faveur de la révolution russe, les Finlandais se libéraient de la tutelle de l'empire des tsars. Pour la première fois de son histoire, la Finlande devenait un État. Ce Jour de l’indépendance (Itsenäisyyspäivä) est aussi la fête nationale finlandaise.
La Finlande a vécu 600 ans sous domination suédoise, jusqu’en 1809, puis pendant 108 ans comme Grand-duché, intégré à l’empire des tsars de Russie. Les rêves d’indépendance ont surgis vers 1890, ils se sont accentués à partir de 1908 quand une politique de russification a été imposée par le Tsar. Les députés finlandais commençaient à discuter d’autonomie quand la révolution russe a éclaté en mars 1917. La Douma russe a élu un gouvernement provisoire, qui a aboli une grande partie des lois contraignantes imposées à la Finlande si bien que le parlement local pouvait être convoqué. À l'été 1917, le parlement finlandais adopte une série de lois d’autonomie. La Douma russe réagit en annulant ce vote et en prononçant la dissolution de l’assemblée, si bien que nombre de députés indépendantistes vont se rapprocher des bolcheviks qui les soutenaient. Quand ces derniers sont arrivés au pouvoir, en novembre 1917, la voie vers l’indépendance était enfin libre. Craignant la propagation du bolchevisme en Finlande, un gouvernement bourgeois se met en place avec à sa tête Pehr Evind Svinhufvud, c’est lui qui lit la déclaration d’indépendance de la Finlande, le 4 décembre 1917, devant le Parlement d’Helsinki qui l’adopte le 6 décembre. Il rendra ensuite visite à Lénine à Pétrograd et obtient de celui-ci la reconnaissance de l’indépendance de la Finlande peu avant minuit le 31 décembre 1917. Début janvier 1918, l'exemple de la Russie a été suivi par la France, l'Allemagne et la Suède.
Après deux années d’interruption (suite au covid), la célébration de l’indépendance reprend son cours habituel. Depuis 1957, date du 40e anniversaire, la commémoration débute par un lever solennel du drapeau sur la colline de l’observatoire à Helsinki au son du chant de chorales. Une messe (aujourd’hui œcuménique) est ensuite dite en la cathédrale en présence du président, du gouvernement et des députés. Les officiels se recueillent ensuite devant le monument des héros de la Seconde Guerre mondiale, au cimetière Hietaniemi. Cette guerre avait été un défi majeur pour l’indépendance du pays. Elle occupe une grande place dans les mémoires. Il est d’usage le 6 décembre de se rendre en famille dans les cimetières. De nombreux chœurs d'église interprètent l'hymne national, Finlandia, composé par Jean Sibelius, ainsi que Le cri nocturne des vétérans. Une fête au château pour les nécessiteux se tient devant le palais présidentiel.
Ce soir, avant de s'installer devant son poste de télévision pour assister en direct à la soirée de gala donné par le président de la République, chaque famille va déposer deux bougies sur le rebord de sa fenêtre entre 18h et 20h. Toute la soirée quelque deux millions et demi de Finlandais (sur 5,5 millions) vont passer la soirée à commenter la réception du président. Devant le défilé des quelque 2 000 invités, on commente la tenue des uns ou des autres, on s’étonne ou se réjouit qu’untel ou untel ait été invité… Ensuite, ils sont plus d’un million à revoir le film Soldat inconnu, réalisé par Edvin Laine. Ce film, sorti en 1955, rassemble de nombreux Finlandais devant la télévision chaque soir de la fête de l'Indépendance, depuis 2000.
Un défilé militaire est également organisé le jour de la fête nationale, il a lieu chaque année dans une ville différente : en 2022, c’est Hammina qui l’accueille. Le thème de l’année est « La sécurité se fait ensemble ». Dans un contexte de guerre, auquel la Finlande est très sensible car frontalière de la Russie, la thématique militaire est largement commentée. Le défilé a été retransmis en direct par la télévision dans l’après-midi.
Le 6 décembre est célébré comme la fête de l'indépendance depuis 1919 mais ce jour n’est chômé que depuis 1929 et c’est un jour férié depuis 1937 seulement car il y a eu longtemps des débats entre la gauche et la droite sur le choix du jour de la fête nationale. L’indépendance a en effet est suivie d’une guerre civile qui a déchiré le pays. La droite voulait célébrer l'indépendance le jour du défilé de la victoire de l'Armée blanche le 16 mai 1919. Alors que la gauche préférait le 15 novembre, ce jour de 1917 où les députés, majoritairement de gauche, avaient pris le pouvoir, permettant ensuite la proclamation de l’indépendance.
Si la gauche et la droite se sont accordées depuis longtemps sur la date du 6 décembre. Ce jour est néanmoins depuis quelques années l’occasion d’affrontements violents dans la capitale entre des groupes d’extrême droite, voire des néo-nazis, et des antifas. Depuis les années 1950, à Helsinki, des étudiants ultra nationaliste organisent une marche aux flambeaux qui commence à 16h avec le dépôt de gerbes au Sankaririst du cimetière de Hietaniemi, ainsi que sur la tombe de Mannerheim et se termine le soir devant le Sénat. Par ailleurs, un autre mouvement bleu-noir, la “Finlande se réveille” (Suomi herää), un cortège composé de néo-nazis ouvertement racistes et fascistes, part de Rautatientori, lui aussi vers 16h00, pour rejoindre le Parlement. Le ralliement était #Motti612. Des éléments d’extrême gauche, sous le slogan “Helsinki sans nazis” (Helsinki ilman natseja), sont bien déterminés à entraver leurs marches, comme l’an dernier. Ils partent de Narinkkatori à 16h30… En 2022, les contremanifestations sont organisées par le groupe A, Varisverkosto, la Jeunesse de gauche d'Helsinki, Pinkkimusta Helsinki, le groupe Emilia et le groupe antifascisme d’Elokapina… Des policiers de toute la Finlande ont été appelés en renfort dans les rues d'Helsinki.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2022
22 juin : le Jour du souvenir et du chagrin en Russie
La journée est dédiée aux 27 millions de morts soviétiques de la « grande guerre patriotique », comme on la nomme en Russie. Dans tout le pays, on dépose des gerbes et des couronnes sur les tombes des soldats inconnus. La guerre, la guerre, toujours la guerre…
La Russie n’en fini pas de célébrer la « Grande Guerre patriotique » (c’est ainsi que que l’on nomme en Russie la Seconde Guerre mondiale). Est-ce pour faire oublier les piteuses guerres engagées par les Russes au cours du dernier demi siècle ?
La journée est dédiée aux 27 millions de morts soviétiques de la Grande Guerre patriotique. Dans tout le pays, on dépose des gerbes et des couronnes sur les tombes des soldats inconnus. Le 22 juin 1941 à l’aube, les soldats de Hitler commençaient à envahir l’URSS. Une entreprise qui, finalement, allait lui être fatale en raison de la résistance farouche des Soviétiques, opportunément aidés par le « général hiver ».
Instauré en 1996, le Jour du souvenir et du chagrin (День памяти и скорби), célébré chaque 22 juin, est surtout une journée de fierté d’avoir gagné cette guerre. Un sentiment cultivé à outrance par le régime de Vladimir Poutine qui, pour les besoins de sa propagande, a entrepris une réhabilitation totale de Staline et du régime soviétique.
12 juin : le Jour de la Russie, fête paradoxale, pur produit de la propagande
La Journée de la Russie est une invention récente. Elle commémore le jour où la Russie a proclamé sa souveraineté au sein de l’URSS, le 12 juin 1990. Autrement dit, elle célèbre ce que Poutine qualifie de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle », c’est-à-dire la disparition de l’URSS ! La propagande du régime en a fait une fête à la gloire de la Russie éternelle.
C’est une fête totalement paradoxale qui se déroule aujourd’hui en Russie. La Journée de la Russie (День России) est une invention récente. Ce jour férié commémore le jour où la Russie a déclaré que, désormais, ses lois primaient sur les lois soviétiques. Certains en parlent même comme du “Jour de l’indépendance” (vis à vis de l’URSS).
En 1990, alors que l’URSS était confrontée à une série de déclarations de souveraineté, notamment celles des républiques baltes, la Russie proclamait la sienne le 12 juin 1990. Ce coup de pied de l’âne, de la part de la plus importante des républiques, n’a fait que précipiter la fin de l’URSS, dissoute le 25 décembre 1991.
L'année suivante, le 12 juin 1991, la Russie (la RSFSR) a organisé sa première élection présidentielle, remportée par Boris Eltsine. En 1994, ce dernier a déclaré le 12 juin fête nationale sous l’appellation de Jour de l’adoption de la déclaration de souveraineté de la RSFSR, devenue ensuite la Fête de la Souveraineté de la Fédération de Russie (День суверенитета РФ). Puis finalement sur l’ordre de Vladimir Poutine, simplement le Jour de la Russie. Le paradoxe, c’est de voir les Russes et le premier d'entre eux Vladimir Poutine fêter un vote et un jour qui a engagé le processus de désintégration de l'URSS. Alors que ce même Vladimir Poutine a qualifié la disparition de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle », le 25 avril 2005, dans une adresse а l’Assemblée fédérale. En 2020, il a même fait noter dans la constitution russe que la Fédération de Russie s’inscrivait dans la continuité de l’URSS. Celle-la même dont on célèbre aujourd’hui la mise à mort ! On touche là toute l’ambiguïté d’un régime qui a totalement réhabilité le stalinisme, jusque dans les pratiques consistant à réécrire l’histoire, à éliminer les opposants, à étouffer toute contestation et bien sûr à intervenir militairement chez les pays « frères » qui lui résistent !
La veille du 12 juin 2017, l’opposant russe Alexeï Navalny, avait appelé à une manifestation d'ampleur dans toute la Russie pour le 12 juin. Celle-ci aura lieu, ce qui lui valut d’être emprisonné pour quelques semaines, mais il lui sera interdit de se présenter à l'élection présidentielle (on le sait, la démocratie n’a pas cours en Russie). La mobilisation des déçus du régime était chaque année, le 12 juin, plus importante. Dès l’année suivante, 4000 policiers ont été déployés pour l’occasion dans la capitale russe, des arrestations préventives ont été opérées les jours précédents dans les milieux d’opposition. Ce qui n’empêcha pas de grandes manifestations contre le président Poutine. D’ordinaire, un rassemblement se formait place Pouchkine et un défilé descendait l’avenue Sakharov… Mais, depuis cette époque, le régime s’est considérablement durci. Navalny a échappé à la mort, mais demeure en prison. Aujourd’hui, il n’est plus question de mobilisation de masse ni même de la moindre contestation individuelle. Poutine a totalement endossé le totalitarisme de l’ère soviétique.
Le régime et les médias entretiennent le flou complet sur la véritable signification de cette Journée de la Russie (12 июня День России) qui est avant tout, une occasion de plus de célébrer la grandeur de la Russie éternelle.
Les plus grandes célébrations ont lieu dans la capitale sur la Place Rouge à 17h00 avec un grand concert qui se termine par un feu d'artifice. De nombreux divertissements musicaux, théâtraux, sportifs sont organisés dans tous les quartiers de Moscou et les villes de provinces ainsi qu’en Biélorussie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 juin 2022
Mise à jour : Alexeï Navalny est mort au goulag en février 2024, probablement éliminé par le régime comme tant d’autres et comme au temps terribles de l’URSS.
7 juillet : la midsummer des Slaves
Les Russes célèbrent Kupala (ou koupala), une fête d’origine païenne, correspondant à un rite de fertilité plus tard adoptée par les chrétiens orthodoxes.
Les Russes célèbrent Kupala (ou koupala), une fête d’origine païenne, correspondant à un rite de fertilité plus tard adoptée par les chrétiens orthodoxes. Elle correspond à la fête de la Saint-Jean en Occident. Mais, pour tout ce qui est de la tradition, la Russie est restée fidèle au calendrier julien.
Elle est largement célébrée dans les zones habitées par des peuples slaves mais aussi de manière analogue dans les pays et régions habitées par les peuples baltes, celtiques, finno-ougriens et germaniques.
En Finlande (Juhannus) et en Estonie (Jaanipäev), cette fête est l'une des plus importantes du calendrier. Dans ce dernier pays, ainsi qu'en Lituanie, c’est un jour de congé légal.
Fête des amoureux, elle est parfois comparée à la Saint-Valentin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
4 novembre : la très xénophobe Marche russe dans les rues de Moscou
Plusieurs milliers de personnes défilent dans les rues de Moscou en scandant « La Russie aux Russes, l'Europe pour les Blancs ». Officiellement, c'est la Journée de l’unité du peuple qui commémore la libération de Moscou en 1612, de l'occupation polonaise.
Plusieurs milliers de personnes défilent dans les rues de Moscou en scandant « La Russie aux Russes, l'Europe pour les Blancs », c’est la Marche russe (Русский марш). Officiellement, c'est la Journée de l’unité du peuple (День народного единства) qui commémore la libération de Moscou en 1612, de l'occupation polonaise. Instaurée en 2005 par Vladimir Poutine pour renforcer l’identité nationale. Elle a été récupérée par tout ce que la Russie compte de partis ultranationalistes et xénophobes, comme le Mouvement eurasien d’Alexandre Douguine, des skinheads et autres néo-fascistes russes, qui y ont vu une occasion d'exprimer en toute légalité leurs idées extrémistes.
Le même jour, les chrétiens orthodoxes célèbrent l'icône de Notre-Dame de Kazan, dont l'image est liée à la libération de la Patrie de l'envahisseur étranger. Des processions religieuses traditionnelles sont également organisées.
Mise à jour 2022 : Dans le contexte de guerre contre l’Ukraine, les autorités moscovites ont interdit les marches. En 2021, elles s’étaient déroulées dans des conditions difficiles. En 2022, les organisateurs les remplacent par des réunions secrètes de militants partageant les mêmes idées, suivies d'événements humanitaires ou culturels.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 janvier : le Noël des Orientaux
Les chrétiens orientaux de Russie, de Serbie, de Géorgie, d’Éthiopie, d’Égypte... qui ont conservé le calendrier julien, fêtent Noël. La célébration a généralement lieu dans la nuit du 6 au 7 janvier…
Les chrétiens orientaux de Russie, de Serbie, de Géorgie, d’Éthiopie, d’Égypte... qui ont conservé le calendrier julien, fêtent Noël. La célébration a généralement lieu dans la nuit du 6 au 7 janvier et, dans beaucoup de pays, la fête commence dès le retour de la messe. Elle donne lieu à de véritables festins. En Égypte, où ce jour est férié depuis 2003, la messe de minuit est suivie d’un grand banquet en prélude à un jeûne qui va durer 14 jours.
C’est Jules César qui, en 45 av. JC, réforma le calendrier romain pour rattraper le retard sur le cycle solaire, et décréta une année de 365,25 jours dont le début était fixé au 1er janvier. Ce calendrier julien (du nom de son concepteur) sera le seul utilisé dans le monde chrétien jusqu’à ce qu’une bulle du Pape Grégoire XIII, en 1582, institue un nouveau calendrier, dit « grégorien », visant à rattraper le retard de 10 jours accumulé par le calendrier julien au cours des siècles. Pour cela, il fut décrété que, cette année-là, le vendredi 15 octobre succéderait sans transition au jeudi 4 octobre. À ces 10 jours, il faut ajouter un écart de 0,0078 jour par an (soit 3,32 jours) depuis 1582 entre les deux calendriers ce qui conduit à une différence de 13 jours. Les Églises catholique et protestantes utilisent toutes le calendrier grégorien, comme les orthodoxes de Grèce, Chypre, et Bulgarie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
17 juillet : anniversaire de l'assassinat du dernier tsar de Russie
Comme chaque année, des dizaines de milliers de croyants se rendent à Ekaterinbourg, dans l’Oural, pour célébrer l’anniversaire du massacre de la famille impériale de Russie en 1918.
Comme chaque année, des dizaines de milliers de croyants se rendent à Ekaterinbourg, dans l’Oural, pour célébrer l’anniversaire du massacre de la famille impériale de Russie en 1918.
Nicolas II, la tsarine Alexandra et leurs cinq enfants ont été fusillés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 par les bolchéviques qui ont ainsi mis fin à 300 ans de dynastie Romanov à la tête de l'Empire russe. Les circonstances du crime demeurent très floues comme l’identité de leurs auteurs. Le Tchéka dit, du bout des lèvres, la version officielle.
À l’emplacement de la maison (détruite en 1977 sur ordre de Boris Elstine pour mettre fin aux pèlerinages chaque 17 juillet) s’élève l’église du Sang-Versé. Malgré ces découvertes, et alors que la famille a été canonisée en 2000, l’Église orthodoxe refuse encore aujourd’hui de reconnaître ces ossements : "Pour elle, c’est un vrai problème. Elle ne peut pas risquer de reconnaître comme des reliques des restes qui pourraient ne pas l'être.
En 2008, la Cour Suprême de Russie a réhabilité la famille impériale, la jugeant victime de la répression politique bolchevique. Les autorités russes ne prennent pourtant pas part aux cérémonies.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
9 mai : les Russes commémorent la victoire
Comme à l’époque soviétique, les Russes commémorent la victoire de la « Grande Guerre patriotique » qui s’est achevée par la capitulation signée à Berlin, le 9 mai à 0h16. D’où la date du 9 mai retenue par Moscou, alors que Paris fête la cessation des combats, le 8 mai à 15h.
Comme à l’époque soviétique, les Russes commémorent la victoire de la « Grande Guerre patriotique » qui s’est achevée par la capitulation signée à Berlin, le 9 mai à 0h16. D’où la date du 9 mai retenue par Moscou, alors que Paris fête la cessation des combats, le 8 mai à 15h. Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année arborent leurs nombreuses médailles. Les autres se contentent du ruban de Saint-Georges (rayé orange et marron), vendu à la sauvette dans la rue et qui symbolise la victoire. Lors de sa première présidence, Boris Elsine a renoué avec les grands défilés militaires qui faisaient la fierté des dirigeants de l’URSS : porte-missile, patrouille aérienne... le pays fait état de sa force militaire aux yeux du monde.
Le défilé du 9 mai a été conservé dans la plupart des États ex-soviétiques, sauf les pays baltes où, au contraire la date a parfois servi à des cérémonies semi-officielles d’hommage aux Waffen-SS qui ont provoqué des troubles. Même chose en Ukraine où la journée du 9 mai est assez tendue, car ce pays très divisé sur la question de ses relations avec la Russie. À l’ouest, à Lviv (Lvov), la commémoration tourne généralement à l’émeute.
Pour marquer la journée, le président Poutine dépose des fleurs sur la tombe du Soldat inconnu dans le jardin Alexandre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
19 janvier : le baptême glacé des Russes
Ce vendredi soir, dès minuit, des milliers de Russes vont s'immerger dans l'eau glacée à l’occasion de l’Épiphanie. En Russie, la date de cette fête dépend du calendrier julien, ce qui la place le 19 janvier dans le calendrier grégorien.
Ce vendredi soir, dès minuit, des milliers de Russes vont s'immerger dans l'eau glacée à l’occasion de l’Épiphanie. En Russie, la date de cette fête dépend du calendrier julien, ce qui la place le 19 janvier dans le calendrier grégorien.
Envie de se purifier le corps…ou de laver son âme de ses péchés ou encore désir de retrouver de l’énergie et des forces pour toute une année, c’est une tradition qui perdure selon un rituel immuable censé rappeler le baptême du Christ (Théophanie).
On fait des trous en forme de croix (du nom de yordan, en souvenir du Jourdain ) dans la glace et l’on s’immerge le corps dans l’eau glacée à 3 reprises (au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit), en poussant des cris de joie ! La cérémonie commence dès minuit et, à Moscou même où l’on attend plusieurs dizaines de milliers de participants, de plus en plus nombreux chaque année, quelque 200 sauveteurs ont été mobilisés en cas d’incident… Il en coûtera 3 500 roubles (un peu plus de 80 euros) aux courageux mais un buffet leur sera servi une fois le rituel terminé. On peut voir dans cet engouement un retour de la religion, si longtemps brimée et contrôlée à l’époque soviétique.
On s’en doute, le surhomme russe, Vladimir Poutine, se doit de montrer l’exemple. L’an dernier il s’est plongé dans le lac Seliger, dans la région de Tver.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde