L’Almanach international
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4 janvier : le petit peuple Ogoni face aux multinationales
Les Ogonis forment un petit peuple d’un million et demi de personnes tout au plus, qui a réussi à chasser les compagnies pétrolières ravageant son territoire, tout en bravant la répression du mouvement nigérian. L’Ogoniland est aujourd’hui libre de multinationale mais son territoire est, hélas, détérioré pour très longtemps.
Les Ogonis ne forment d’un petit peuple d’un million et demi de personnes tout au plus. Si ce peuple du sud du Nigeria est connu, dans un pays qui en compte des dizaines, c’est qu’ il a réussi à chasser les compagnies pétrolières ravageant son territoire, l’Ogoniland, à peine plus de 1000 km2. Ce fut perçu comme l’une des premières victoires d’un mouvement altermondialiste.
Royal Dutch Shell a commencé à produire du pétrole dans le delta du Niger en 1958. En 1970, les chefs Ogoni ont remis une pétition au gouverneur militaire local pour se plaindre de Shell et de BP qui exploitaient conjointement des puits de pétrole situés sur leur territoire. Selon la pétition, l’entreprise « menaçait sérieusement le bien-être, voire la vie même » des Ogoni. Cette année-là, une éruption majeure s’était produite au champ pétrolifère de Bomu. Cela a duré trois semaines, provoquant une pollution et une indignation généralisées. Protestation sans résultat pendant des années. Les Ogonis seront néanmoins imités par d’autres peuples de la région, notamment les Ikos qui eux aussi se plaignent de Schell.
Entre 1976 et 1991, il y a eu près de 3 000 marées noires totalisant plus de 2,1 millions de barils de pétrole déversé dans le pays Ogoni, ce qui a eu un effet catastrophique sur l'écologie de la région. Au début des années 1990, menés par l’écrivain Ken Saro-Wiwa, les Ogonis ont commencé à chercher des soutiens internationaux. En décembre 1992. Ils ont exigé le paiement de 10 milliards de dollars de compensation dans un délai d'un mois, menaçant de perturber les opérations des compagnies pétrolières si elles ne se conformaient pas. En réponse, le gouvernement du Nigéria a interdit les rassemblements publics. Bravant cette interdiction, le 4 janvier 1993, 300 000 Ogonis se sont tout de même rassemblés pour manifester. C’est l’anniversaire de cette Journée des Ogonis (Ogoni Day) qui est fêté aujourd’hui.
En effet, après cette énorme manifestation et sa répercussion internationale, Shell a suspendu définitivement ses activités pétrolières en territoire ogoni, pourtant situé dans l'une des trois régions les plus riches en pétrole d'Afrique. Cette perte sèche, à l'époque, de plus de 30 % de la production de brut nigérian provoque une très vive réaction du président du Nigéria, Sani Abache : quelque 3 000 Ogonis vont mourir des suites des violences policières et militaires.
Le 10 novembre 1995, l’écrivain et militant écologiste nigérian Ken Saro-Wiwa et huit compagnons d'infortune ont été exécutés par la junte du président Sani Abacha à l’issue d’un procès inique. Fondateur du Mouvement pour la survie du peuple ogoni (Mosop) au début des années 1990, Ken Saro-Wiwa avait alerté l’opinion mondiale sur les désastres écologiques liés à l’exploitation du pétrole dans le delta du Niger, fédérant autour de lui des dizaines de milliers de personnes notamment dans des communautés ogonis peu habituées jusque-là à manifester pour leurs droits.
Les multinationales pétrolières sont partis, il y a maintenant trois décennies mais les Ogonis subissent toujours les dommages collatéraux de l’exploitation énergétique : une pollution massive des nappes phréatiques, des champs agricoles et des zones de pêches, à laquelle s'ajoute un air vicié par les émanations de gaz. Résultat, en 2024, les conditions de vie sont toujours aussi difficiles dans cette partie du delta du Niger. Une campagne de dépollution a été officiellement relancée par Abuja en 2016, mais il faudra des décennies pour obtenir des résultats tangibles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 janvier 2024
18 juin : les Seychelles célèbrent leur démocratie
Il y a trente ans, le 18 juin 1993, les Seychelles adoptaient une nouvelle constitution mettant un terme à 15 ans de dictature. La nouvelle loi suprême des Seychelles avait établi un système multipartite.
Il y a trente ans, le 18 juin 1993, les Seychelles adoptaient une nouvelle constitution mettant un terme à 15 ans de dictature de France-Albert René qui avait imposé un régime à parti unique, inspiré des régimes dit socialistes de l’époque. Après l’effondrement de l’URSS et du bloc de l’Est, ce type régime n’était plus tenable, même si aux Seychelles on était très loin d’un régime à la cubaine.
En 1991, René annonçait le passage à l'économie de marché et le retour au multipartisme. Le premier projet d'une nouvelle constitution reflétant les changements a été voté en 1992, mais il n'a pas reçu les 60% d'électeurs requis. Finalement, une version amendée de la constitution a été approuvée le 18 juin 1993. La nouvelle loi suprême des Seychelles a établi un système multipartite doté de trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) et proclamé le créole, l'anglais et le français comme langues nationales. La Constitution des Seychelles a été modifiée à plusieurs reprises depuis son adoption. Par exemple, l'amendement de 2016 a ramené les mandats présidentiel et vice-présidentiel à deux mandats consécutifs de cinq ans au lieu de trois mandats de cinq ans. Un autre amendement de 2017 stipulait que de nouvelles élections devaient avoir lieu dans les 90 jours en cas de décès, de démission ou de révocation du président.
L'anniversaire de l'adoption de la nouvelle constitution avait été proclamé fête nationale des Seychelles. Mais, en 2015, cependant, il a été décidé que le jour de l'indépendance (29 juin) serait désormais la fête nationale du pays. Le Jour de la Constitution (Constitution Day) est resté un jour férié, mais pas le plus important.
Aujourd’hui, la préoccupation principale des Seychelles n’est plus d’ordre politique mais climatique. Plus de la moitié des îles de l’archipel sont susceptibles de disparaître.
La cérémonie de lever du drapeau, à Mahe, est suivie par le président des Seychelles, Wavel Ramkalawan, le vice-président Ahmed Afif, le président de l'Assemblée nationale, Roger Mancienne, le juge en chef, Rony Govinden et d'autres hauts fonctionnaires et membres du corps diplomatique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
24 mai : l’Érythrée, surnommée « la Corée du Nord africaine », célèbre sa fête nationale
C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen libérait la capitale érythréenne d'Asmara. Son chef Issaias Afeworki et ses sbires, n’ont jamais quitté le pouvoir.
C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur, au point que ce pays de 3 millions d’habitants est à l’origine d’un des principaux flux de demandeurs d’asile politique en provenance de l’Afrique.
L’Érythrée avait été colonisée par les Italiens à la toute fin du XIXe sicle, puis avait été occupée par les Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, le pays a été revendiqué par l’Éthiopie, dépourvue de façade maritime. Avec le parrainage des Nations unies, l’Érythrée a été intégré en 1952 dans une fédération avec l’Éthiopie qui dure 10 ans et se termine par une confiscation de toute autonomie par Addis Abeba. En réaction, l’Érythrée est entrée en rébellion dès 1961 sous la conduite du Front de libération de l'Érythrée (FLE), puis du Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE). La guerre d'indépendance érythréenne a entraîné la mort de 10 % de la population du pays, mais s'est soldée par une victoire érythréenne décisive. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen a libéré la capitale érythréenne d'Asmara. L'anniversaire de cet événement est maintenant célébré comme le Jour de l'indépendance de l'Érythrée, bien que le référendum sur l'indépendance n'ait eu lieu que deux ans plus tard, après que l'indépendance du pays ait été reconnue internationalement, le 24 mai 1993. C’est cet anniversaire qui est fêté par les autorités de ce pays reclus, où toute voix dissidente disparaît au goulag. La constitution n’est pas appliquée, aucune élection ne fait même mine de singer la démocratie. Ce régime totalitaire est comparable à la Corée du Nord. Il est dirigé d'une main de fer depuis 30 ans par le président Issaias Afeworki, le dictateur actuel qui a émergé de la guerre d’indépendance. Il n'y a ni presse libre ni opposition politique ni même de société civile.
Le pays n’a jamais cessé d’entretenir une guerre larvée. Les civils sont enrôlés dans un service militaire si terriblement contraignant et dangereux que beaucoup fuient le pays pour y échapper. L’Érythrée a, à nouveau, affronté l’Éthiopie entre 1998 et 2000 pour un conflit frontalier qui a fait 80 000 morts. Accusé de déstabiliser la Corne de l'Afrique en soutenant des groupes armés comme les shebabs somaliens, le pays a fini par signer un accord de paix en 2018 avec le nouveau Premier ministre de l’Éthiopie, Abiy Ahmed, puis de soutenir ce dernier dans la guerre d’Addis Abeba contre le Tigré entre 2020 et 2022. En février 2022, l’Érythrée est un des très rares pays du monde à avoir soutenu l’agression de l’Ukraine par Poutine.
Le jour de l'indépendance est un jour férié et chômé. Les festivités durent une semaine jusqu'au 24 mai, c'est la Semaine de l'Indépendance (qinyat natsnet). Elle est marquée par des carnavals, des spectacles de rue, des compétitions sportives, des courses cyclistes, des concerts de musique, des défilés, des fêtes sous tente, de nombreux drapeaux et de nombreuses manifestations de patriotisme ferments encadrées par les autorités.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
22 avril : la mémoire d'un adolescent noir victime d’un crime raciste à Londres
La Journée Stephen Lawrence a été instituée en 2018 par la Première ministre Teresa May à l’occasion du 25e anniversaire du crime raciste qui a bouleversé le Royaume uni le 22 avril 1993.Cette affaire emblématique avait permis de faire évoluer le droit et les mentalités au Royaume-Uni.
La Journée Stephen Lawrence a été instituée en 2018 par la Première ministre Teresa May à l’occasion du 25e anniversaire du crime raciste qui a bouleversé le Royaume uni le 22 avril 1993.
Le soir du 22 avril 1993, le jeune Stephen Lawrence s’approchait d’un arrêt de bus pour rentrer chez lui. Alors qu'il marchait dans la rue pour voir si le bus arrivait, un groupe de jeunes blancs a entouré Lawrence et l'a poignardé avec un couteau à la clavicule droite et à l'épaule gauche. Les blessures ont sectionné les artères axillaires et pénétré dans un poumon. L’adolescent est mort dans l’ambulance qui le conduisait à l’hôpital. Lawrence a tenté de s'enfuir, mais il n'a réussi qu'à courir 130 mètres avant de s'effondrer. Stephen Lawrence était né en 1974 dans une famille d'immigrants jamaïcains arrivés au Royaume-Uni dans les années 1960.
Les agresseurs, membres d’un gang local coutumier des attaques à caractère racistes, ont été identifiés par les témoins et des témoignages d’habitants du quartier. Les suspects ont été arrêtés, mais toutes les charges ont finalement été abandonnées faute de preuves suffisantes. En avril 1994, la famille de Lawrence a engagé une poursuite privée . Comme la famille n'avait pas droit à l'aide juridictionnelle, ils ont dû créer un fonds de combat pour payer l'enquête, et leurs avocats ont travaillé bénévolement . Les charges retenues contre Norris et Jamie Acourt ont été abandonnées avant le procès et les trois autres suspects ont été acquittés par un jury en avril 1996. En juillet 1998 la famille Lawrence demande la démission du chef de la Met (Metropolitan Police Service), Sir Paul Condon. Celui-ci présente des excuses publiques en octobre 1998 et admet que des erreurs ont été commises. Un rapport est publié en février 1999. Il conclut que la force policière est « institutionnellement raciste » et propose des recommandations destinées à améliorer l'attitude de la police concernant le racisme, ainsi que des propositions de changements dans la loi pour renforcer le Race Relations Act.
Il a fallu attendre 2006, pour que l’enquête soit reprise sérieusement. Quatre ans plus tard, Norris et Dobson ont été arrêtés. En 2012, ils ont été finalement reconnus coupables et condamnés à une peine d'emprisonnement à perpétuité.
Ce fait divers emblématique a été commémoré dès 1994, ce n’est qu’en 2018 que le gouvernement conservateur de Teresa May a décidé d’en faire une journée du souvenir marquée chaque 22 avril, le Stephen Lawrence Day. Une fondation entretient la mémoire de l’adolescent. L’affaire Stephen Lawrence a amené de profonds changements culturels dans l'attitude vis-à-vis du racisme au Royaume-uni, notamment dans les forces de police, et des modifications importantes de la législation et des pratiques policières.
Une plaque a été posée à l'endroit où est mort Lawrence, sur le trottoir face au n° 320 dans Well Hall Road. Elle a été vandalisée à plusieurs reprises. Le Royal Institute of British Architects a institué en 1998 le prix Stephen Lawrence, un prix annuel d'architecture à la mémoire du jeune homme qui étudiait pour devenir architecte.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 janvier : le Ghana, les 30 ans d’une démocratie africaine
Il y a trente ans, le 7 janvier 1993, une nouvelle constitution entrait en vigueur au Ghana. Elle a permis l'installation d'une démocratie stable, faisant du Ghana un modèle dans une région souvent secouée par des putschs. Le pays célèbre discrètement son Constitution Day. L’évènement mériterait d’être un peu plus médiatisé, au moins pour faire taire ceux qui pensent que l’Afrique et la démocratie ne vont pas ensemble.
Il y a trente ans, le 7 janvier 1993, une nouvelle constitution entrait en vigueur au Ghana. Inspirée du modèle français, elle a permis l’instauration d’un système démocratique unique sur le continent africain. Cette constitution garantit les libertés individuelles, la liberté d’expression, le pluralisme politique et l’indépendance du système judiciaire, autant d’éléments clefs d’un système démocratique. Son texte a été soutenu par toutes les forces politiques du pays et a été approuvé fin 1992 à 92 % des voix. Le Ghana connaît depuis des alternances politiques pacifiques qui ont chaque fois lieu le 7 janvier. Deux partis dominent la scène politique ghanéenne : le Nouveau Parti patriotique (NPP, droite libérale-conservatrice) actuellement au pouvoir et représenté par le président Nana Akufo-Addo qui termine son second mandat, et le Congrès démocratique national (NDC, social-démocrate) de l'ancien président John Mahama. La prochaine élection présidentielle aura lieu en fin d’année et la prochaine passation de pouvoir se déroulera le 7 janvier 2024, car constitutionnellement l’actuel président ne peut pas se représenter. C’est lui qui a décidé, en 2018, de faire du 7 janvier un jour férié. On célèbre donc aujourd’hui le 5e Constitution Day.
Cette quatrième constitution du pays, qui instaure donc la quatrième république du Ghana qui fête aujourd’hui ses 30 ans, a été voulue par Jerry Rawling, un ancien militaire putschiste. Auteur de deux coups d’État militaire, en 1979, puis en 1981, il avait instauré un régime autoritaire avant de se convertir à la démocratie et au multipartisme (en 1992). C’est lui qui a organisé le référendum constitutionnel, sur les recommandations d’un comité de neuf juristes lesquels ont tiré les leçons des échecs des constitutions des trois régimes précédents (1957, 1960, 1969). Cette constitution s’inspire de la cinquième république française, avec un président et un premier ministre, un conseil d’État et un parlement. Elle a permis l'installation d'une démocratie stable, faisant du Ghana un modèle dans une région souvent secouée par des putschs et des crises post-électorales. Comme quoi, il n’y a pas de fatalité, le Ghana est comme ses voisins une mosaïque d’ethnies avec un clivage religieux , des musulmans au nord, des chrétiens au sud… Ces divisions ne sont pas instrumentalisées par la classe politique comme chez ses voisins. Le pays vit aujourd’hui une situation économique difficile au point d’avoir été secouru par le FMI, la préparation des élections de décembre va sans doute agiter le pays… La presse internationale devrait s’intéresser un peu plus souvent au Ghana. Ce pays peut inspirer le continent, ce serait bien d’en parler, au moins pour faire taire ceux qui pensent que l’Afrique et la démocratie ne vont pas ensemble.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
21 octobre : jour de deuil au Burundi pour un président assassiné
La Journée du président Melchior Ndadaye commémore aussi le putsch qui a renversé le premier président démocratiquement élu au Burundi, en 1993
Les Burundais commémorent chaque année la mort de Melchior Ndadaye, leur premier président élu démocratiquement, en 1993. Pour très peu de temps, car celui-ci a prêté serment le 10 juillet et il a été renversé et assassiné le 21 octobre 1993. Sa mort a déclenché une vague de manifestations à travers le pays, et la tentative de coup d'État a finalement échoué. Cyprien Ntaryamira, un autre homme politique hutu, a succédé à Ndadaye à la présidence, il sera à son tour assassiné en 1994. Pierre Buyoya, un Tutsi, avec le soutien de l'armée, renverse le quatrième président de la Troisième République du Burundi, Sylvestre Ntibantunganya, et reprend le pouvoir en 1996. Il le gardera jusqu’en 2006.
Plusieurs proches de Melchior Ndadaye ont aussi été assassinés ce même 21 octobre 1993 : le président de l’Assemblée nationale et son vice-président Pontien Karibwami et Gilles Bimazubute, le ministre de l’Intérieur Juvénal Ndayikeza et le chef de la Sûreté, Richard Ndikumwami. On se souvient d’eux comme « les martyrs de la démocratie ».
Melchior Ndadaye avait remporté l’élection présidentielle contre le président Buyoya le 1er juin 1993 avec environ 65% des suffrages, et son parti Frodebu avait emporté plus de 80% des sièges. Cet assassinat va engendrer une guerre civile sanglante provocant la mort de plus de 300 000 Burundais.
27 ans plus tard, en 2020, l’ex-président burundais Pierre Buyoya, sera condamné par contumace au Burundi à la prison à perpétuité pour l'assassinat du président Melchior Ndadaye en 1993. Il mourra quelques semaines plus tard du covid-19.
Le 21 octobre est aujourd’hui un jour férié au Burundi. Les cérémonies de la Journée du président Melchior Ndadaye débutent par une messe de requiem en sa mémoire à la cathédrale Regina Mundi, en présence des hautes autorités du pays dont le couple présidentiel, les présidents des deux chambres du parlement, les deux vice-présidents de la République, l’Ombudsman de la République du Burundi, ainsi que les membres du Gouvernement et des hauts cadres de l’État, les hauts cadres du corps de défense et de sécurité, les membres du corps diplomatique et consulaire accrédité au Burundi etc. La cérémonie se poursuit ensuite la place des Martyrs de la démocratie où est inhumé ce héros de la démocratie. Après la lecture de la biographie du président Melchior Ndadaye, le Président de la République accompagné de son épouse, dépose une gerbe de fleurs, en hommage à Melchior Ndadaye et à ses compagnons.
15 juin : l’Azerbaïdjan honore ses dictateurs, père et fils
Il y a 27 ans, le 15 juin 1993, Gueïdar Aliev (ou Heydar Aliyev) retrouvait le pouvoir à la faveur du chaos du menaçait le pays. Il est le père du dictateur actuel.
Il y a 27 ans, Gueïdar Aliev (ou Heydar Aliyev) retrouvait le pouvoir à la faveur du chaos qui menaçait le pays. Cet apparatchik soviétique a fait toute sa carrière au sein du KGB, comme Vladimir Poutine. Il en était même le dirigeant quand Leonid Brejnev l’a nommé à la tête de l’Azerbaïdjan en 1969. Comme tous les membres de la vieille garde, il a été écarté du pouvoir à l’indépendance du pays, au moment de la disparition de l’URSS (1991), mais fort de ses positions encore récentes, il est parvenu à reprendre le pouvoir le 15 juin 1993.
C’est cet événement que le pays salue aujourd’hui par un jour férié, la Journée du salut national (Milli Qurtuluş Günü), illustrée par un défilé militaire devant quelques généraux couvents de médailles militaires et un feu d’artifice dans la capitale. Gueïdar Aliev est mort il y a 17 ans, mais si son culte est toujours bien vivant, c’est que son fils Ilham lui a succédé et continue à diriger le pays d’une main de fer depuis 2003. Hormis une période de flottement entre 1991 et 1993, cela fait donc plus d’un demi-siècle que la famille Aliev règne en maître absolu sur l’Azerbaïdjan.
14 juin : le Malawi célèbre sa démocratie acquise après 30 ans de dictature
Le Malawi a attendu le 14 juin 1993 pour que soit organisé des élections libres. Le vieux dictateur (95 ans) n’a pas eu d’autre choix que d’organiser un référendum qui le poussera vers la sortie, mettant fin à 30 ans de sa dictature ultraconservatrice.
Le Malawi a attendu le 14 juin 1993 pour que soient organisées des élections libres. Le vieux dictateur (95 ans) n’avait pas eu d’autre choix que d’organiser un référendum qui le poussera vers la sortie, mettant fin à 30 ans de sa dictature ultraconservatrice.
La colonie britannique du Nyasaland est devenue indépendante en 1964 sous le nom de Malawi. Hastings Kamuzu Banda, chef du Parti conservateur a été nommé premier ministre. Deux ans plus tard, il proclame la république et se fait élire président. Lassé des élections truquées, il se déclare président à vie en 1971. Il le restera jusqu’en 1994 grâce à un régime de parti unique, une milice paramilitaire à sa solde et le soutien des États-Unis. En 1993, cependant, l’agitation intérieure croissante et la pression des chefs d'église et de la communauté internationale (le vent tourne en Afrique du Sud) ont forcé le président Banda à autoriser un référendum public qui lui sera défavorable à 63 % et l’obligera à quitter le pouvoir après les élections du 17 mai 1994 et la victoire du candidat du Front démocratique uni, Bakili Muluzu.
Le vieux dictateur Banda a quitté le pourvoir à 96 ans. Il est mort quelques semaines avant ses 100 ans en Afrique du Sud, le pays qui l’avait toujours soutenu.
Le 14 juin est célébré chaque année sous le nom de Freedom Day, mais ce n’est plus un jour férié depuis 2005. Ce pays est l’un des plus pauvres du monde, une bonne partie de sa classe politique est corrompue mais son système politique fonctionne. La dernière élection présidentielle a vu le président en place réélu grâce un très faible écart de voix avec son concurrent. En février 2020, la Cour constitutionnelle a donné raison à l’opposition en estimant que Peter Mutharika avait été « indûment élu », de nombreuses irrégularités ayant été constatées. C’est la première fois qu’une élection présidentielle est annulée au Malawi, deuxième pays après le Kenya en 2017, à prendre une telle décision en Afrique… Un nouveau scrutin est prévu le 23 juin prochain. À suivre…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 juin 2020
Mise à jour : À l’issue du scrutin du 23 juin 2020, Lazarus Chakwera l'emporte contre le président sortant Peter Mutharika dès le premier tour.
7 mai : la Journée des mosquées en Bosnie
C’est la Journée des mosquées en Bosnie-Herzégovine, en souvenir de la destruction complète par les Serbes, en 1993, de la mosquée de Ferhat-pacha, chef-d’œuvre de l’art ottoman du XVIe siècle dans la ville de Banja Luka, une localité située dans une zone peuplée majoritairement de Serbes qui se sont institués une république fantoche, la Republika srpska. Depuis la mosquée a été reconstruite. Elle a été inaugurée le jour anniversaire de sa destruction, le 7 mai 2016. Connue sous le nom de Ferhadija, la mosquée a été rebâtie après que les architectes eurent réussi à récupérer environ les deux tiers de la pierre d'origine et à utiliser les plans établis lorsqu'un tremblement de terre l'avait endommagée dans les années 1960.
La mosquée a été détruite il y a 27 ans, au plus fort de la guerre civile yougoslave, lorsque des musulmans de Bosnie (Bosniaques), des Croates et d'autres non-Serbes ont été chassés de chez eux par les Serbes dans un but de nettoyage ethnique. Une douzaine d’autres mosquées de Banja Luka ont été détruites et n’ont pas été reconstruites. Le crime a fini par payer, il n'y a quasiment plus de musulmans dans la région.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 mai 2020