L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
4 mars : un grand marché dédié à saint Casimir, patron de la Lituanie
La foire de Kaziukas se tient à Vilnius depuis plus de quatre siècles. Il y va de l’identité lituanienne. Kaziukas est le diminutif de Casimir, Kaziuko mugé existe depuis 1604. Cette année, c’est la 420e édition.
Seul saint catholique à être né en Lituanie, Casimir est célébré chaque 4 mars comme nul autre dans tout le pays et notamment à Vilnius où les célébrations prennent la forme d’un marché artisanal se déroulant dans la vieille ville dont les principales journées seront ce week-end prochain. La foire de Kaziukas se tient à Vilnius depuis plus de quatre siècles. Il y va de l’identité lituanienne. Kaziukas est le diminutif de Casimir, Kaziuko mugé existe depuis 1604. Cette année, c’est la 420e édition d’une foire qui attire chaque année quelque 2 000 commerçants et un demi-million de visiteurs sur trois jours (du vendredi au dimanche)
Prince de Pologne et grand duc de Lituanie, Casimir, né à Cracovie en 1458, était appelé à succéder à son père, Casimir IV, sur le trône de Pologne mais la vie en décida autrement. Homme pieux qui avait fait vœu de célibat et de chasteté et préférait se consacrer à l’adoration du Saint Sacrement ou donner son temps aux plus démunis plutôt que de gouverner, Casimir mourut en 1484, un 4 mars, en Lituanie, des suites d’une tuberculose. Son corps repose actuellement dans la cathédrale Saint-Stanislas de Vilnius et on lui attribue beaucoup de miracles. La Kaziukas permet notamment de trouver les fameux verba, rameaux tressés et multicolores, sans équivalent ailleurs, et qui seront bénis le 5 avril (dimanche des Rameaux).
Au fil du temps, le marché a occupé de différents endroits de la ville : place de Cathédrale, Lukiškės, même le marché Kalvarijų. Suite à la restauration de l’indépendance, toutefois, le marché put reconquérir le centre de Vilnius, s’étendant sur quatre côtés – le Kaziukas occupe actuellement plusieurs kilomètres de rues, places et cours de la vieille ville.
Depuis quelques années, la Kaziukas se décline dans d’autres villes de Lituanie et de Pologne. Casimir est aussi le patron de la Pologne, à l’époque Lituanie et Pologne ne formait qu’un seul État. Hrodna, la ville où il est mort, aujourd’hui en Biélorussie l’honore également.
On observe aussi des répliques de l’évènement aux États-Unis, en particulier dans l’Illinois où vivent beaucoup de descendants de Lituaniens. Dans la région, la Saint Casimir se confond avec la journée dédiée à Casimir Pulaski, un général polonais qui a participé à la guerre d’Indépendance américaine. Le Pulaski Day a cessé d'être un jour férié pour les écoles publiques de Chicago en 2012 afin d'augmenter le nombre de jours dans l'année scolaire, bien que certaines écoles de l'Illinois, comme celle du Wisconsin, continuent d'observer le 4 mars.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 mars 2024
23 novembre : la Lituanie fête son armée
La Journée des forces armées lituaniennes est l’anniversaire de la création de l’armée, le 23 novembre 1918, soit cinq jours tout juste après la déclaration d’indépendance de la Lituanie. Depuis 2022, cette journée a pris une dimension particulière, la Lituanie étant sur la ligne de front face à une Russie menace l’Europe.
La Journée des forces armées lituaniennes (Lietuvos kariuomenės diena) est l’anniversaire de la création de l’armée, le 23 novembre 1918, soit cinq jours tout juste après la déclaration d’indépendance de la Lituanie. Cette journée prend une dimension particulière avec le contexte régional actuel, la Lituanie étant sur la ligne de front. « À l'heure où un ennemi féroce attaque et ravage l'Ukraine, nous devons clairement comprendre que notre pays est également la cible des ambitions impériales de la Russie », déclarait le président Gitanas Nausėda, le 22 novembre 2022. Un an après la situation n’a pas changé.
Les célébrations durent plusieurs jours. Cette année, le principal défilé militaire a été reporté au 25 novembre, à 12h. Il rassemblera 14 000 soldats lituaniens et des 'équipements militaires de l'armée lituanienne ainsi que des membres des forces alliées de l'OTAN. Il aura lieu sur l'avenue Konstitucijos à Vilnius. Les invités de l'événement verront plus de 100 unités d'équipement militaire : véhicules de combat d'infanterie de l'armée lituanienne "Vilkas", obusier automoteur "PzH 2000", systèmes de défense aérienne "NASAMS", véhicules blindés tout-terrain "JLTV", les chars "Abrams" des alliés des États-Unis, les véhicules de combat d'infanterie Bradley, l'obusier automoteur Paladin, les chars Leopard de l'armée allemande, les véhicules de combat d'infanterie Puma et Marder et de nombreux autres équipements militaires. En survolant l'avenue Konstitucijos, les invités et les participants de l'événement seront accueillis par des avions et des avions de combat de l'armée de l'air effectuant la mission de police aérienne de l'OTAN en Lituanie. La célébration se terminera par la chanson Kanonada composée par Marijonas Mikutavičius et offerte à l'armée lituanienne.
Comme à chaque anniversaire de l'armée, le prix Lietuvos karžygio est décerné. Il récompense des actes altruistes, nobles ou risqués.
L'armée lituanienne est née dans des conditions difficiles : la Première Guerre mondiale étant terminée, l'armée allemande se retirait des territoires de l’empire russe qu’elle occupait, mais l’Armée rouge marchait déjà sur ses traces pour tenter d’occuper le terrain. Il fallait faire vite pour ne pas retomber sous le joug des Russes. Dès 1917, au sein de l’armée russe, un syndicat des officiers lituaniens s’était constitué. Ce qui avait permis de créer rapidement des unités distinctes : un bataillon lituanien d'un millier et demi de soldats se forme à Vitebsk, un bataillon de réserve à Smolensk, un bataillon lituanien à Rovno, un bataillon Vytautas le Grand en Sibérie et d'autres. Le syndicat et les unités ont été contraints de se dissoudre après la Révolution d'Octobre, mais cela a facilité la constitution d’une armée nationale, sitôt la guerre officiellement terminée. Cette armée ne lui sera pas d’un grand secours quand Staline décidera en 1940 d’occuper les pays baltes.
Aujourd’hui, compte tenu de la position stratégique de la Lituanie face à une Russie qui menace l’Europe, des exercices « Iron Wolf » sont organisés chaque année au printemps et en automne, ils visent à évaluer l'état de préparation au combat des bataillons appartenant à la brigade d'infanterie « Iron Wolf ». Quelque 3 600 soldats et 550 unités d'équipement militaire - chars, véhicules de combat d'infanterie, véhicules blindés, canons d'artillerie, transports de ravitaillement et administratifs - participeront à l'entraînement de deux semaines sur les terrains d'entraînement de Gaižiūnai et du général Silvestro Žukauskas et dans leurs environs. Des militaires de Lituanie et de sept autres pays de l'OTAN (Belgique, République tchèque, Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Luxembourg et États-Unis) participent à l'exercice.
Du 13 au 21 novembre, dans toute la Lituanie, les soldats se rendent dans les écoles et lycées, où ils présentent l'armée lituanienne, la profession militaire et partagent leurs expériences personnelles. Le pays qui n’a plus de service militaire veut susciter des vocations.
Des événements festifs ont également lieu dans les autres villes de Lituanie. L’anniversaire de l'armée est également célébré dans les missions militaires étrangères, dans les quartiers généraux militaires internationaux et même, à l’étranger, là où servent des soldats lituaniens.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 novembre 2023
23 septembre : la Lituanie commémore la Shoah
En Lituanie, l'instauration de la Journée commémorative de l'Holocauste est liée à la liquidation du ghetto de Vilnius, les 23 et 24 septembre 1943, il y a 80 ans aujourd’hui même, mais aussi à l’anniversaire de la liquidation de plus de 5000 juifs de la ville de Marijampolė, le 23 septembre 1941.
L'instauration de la Journée commémorative de l'Holocauste (Holokausto atminimo diena) est liée à la liquidation du ghetto de Vilnius, les 23 et 24 septembre 1943, il y a 80 ans aujourd’hui même, mais aussi à l’anniversaire de la liquidation de plus de 5000 juifs de la ville de Marijampolė par un Einsatzgruppen composé d’Allemands et de leurs collaborateurs lituaniens, le 23 septembre 1941.
La Shoah dans la Lituanie occupée par les nazis a commencé en 1939, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Les nazis occupèrent la Lituanie et créèrent le ghetto de Vilnius en 1941. Des milliers de Juifs y furent amenés. Au cours d'environ deux années d'activité, environ 40000 Juifs y furent tués. Seules quelques centaines de personnes ont réussi à survivre, la plupart en se cachant dans les forêts environnantes, en rejoignant les partisans soviétiques ou en trouvant refuge parmi des habitants qui les ont cachés.
Le Ghetto de Vilnius était divisé en un Grand Ghetto et un Petit Ghetto. Le Petit Ghetto fut liquidé en octobre 1941. La liquidation du Grand Ghetto commença le 6 août 1943. Les habitants furent déportés en Estonie, tués dans la forêt autour de Vilnius ou envoyés dans un camp d'extermination en Pologne. Le Ghetto fut totalement liquidé les 23 et 24 septembre 1943, c’est ce terrible anniversaire qui est célébré aujourd’hui.
La Journée commémorative de l'Holocauste a été instaurée en 1994. Chaque année, plus de 150 écoles de toute la Lituanie marquent ces anniversaires en marchant le long de la « Route de la mémoire » (Il existe plus de 200 lieux de ce type en Lituanie). Les participants au « Sentier de la mémoire » sont invités à apporter des pierres sur lesquelles sont inscrits les noms des victimes de l'Holocauste. C'est à la fois un respect de la tradition juive et une personnification symbolique des victimes.
À Vilnius, à 11h, une célébration se déroule sur la place Rūdninkai (ancien emplacement du ghetto de Vilnius). À 11h45 une marche le long du chemin de la mémoire (de la place Rūdninkai à la gare de Vilnius, distance d'environ 1 km) permet de prendre le train jusqu'à la gare de Paneriai. À 12h45, poursuite de la procession du chemin de la mémoire jusqu'au mémorial de Paneriai où se déroule à 13h une cérémonie en l'honneur des victimes de l'Holocauste.
À l’échelle européenne, c’est le 27 janvier qu’a été instaurée la Journée internationale de commémoration de l'Holocauste.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
22 septembre : le jour de l’unité balte
Chaque 22 septembre, entre 20h et 21h, il est d’usage en Lettonie et en Lituanie d’allumer des feux, en souvenir des pratiques des tribus baltes au moment de l’équinoxe d’automne (qui cette année tombe le 23 septembre). C’est aussi l’anniversaire de la bataille de Saule qui opposa le 22 septembre 1236 les forces païennes des Samogitiens et des Semigalliens à celle des Frères de l'Épée de Livonie, une force catholique.
Chaque 22 septembre, entre 20h et 21h, il est d’usage en Lettonie et en Lituanie d’allumer des feux, en souvenir des pratiques des tribus baltes au moment de l’équinoxe d’automne (qui cette année tombe le 23 septembre). Ce jour-là, la nuit et le jour sont d’une égale durée.
Le 22 est la date qui a été choisie en 2000 par les parlements des deux pays lors de la création du Jour de l’unité balte (Baltų vienybės diena (en lit.), Baltu vienības diena (en let.)) est, en fait, l’anniversaire de la bataille de Saule (Šiaulių mūšis ou Saules kauja) qui opposa le 22 septembre 1236 les forces païennes des Samogitiens et des Semigalliens aux Frères de l'Épée de Livonie, une force catholique lancée dans la conquête de ce qui deviendra la Lettonie et la Lituanie afin de les convertir au christianisme.
Cette fête, célébrée chaque année, vise à rapprocher les peuples baltes et à favoriser des liens solides entre les deux États baltes : Lettonie et Lituanie (l’Estonie dont la culture se rapproche de celle de la Finlande n’en fait pas partie). La Journée de l'unité balte est marquée par des réceptions officielles, des conférences, des expositions, des événements culturels, des concerts et d'autres événements et activités appropriés. Dans la soirée, sont mis en place des bûchers, on se promène avec des flambeaux, chants et danses traditionnelles sont au programme. Certaines villes font tirer des feux d’artifice. Les principaux événements se déroulent dans une ville à tour de rôle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
15 juillet : l’anniversaire de la bataille de Grunwald
Chaque année, des milliers de personnes se rassemblent le 15 juillet, ou autour de cette date, pour reconstituer, avec des costumes d’époque, une bataille célèbre qui figure dans tous les livres d’Histoire des petits écoliers polonais ou lituaniens. On fête cette année le 613e anniversaire de la bataille de Grunwald du 15 juillet 1410, devenue le symbole de la réaction de tout un pays face à une agression extérieure.
Chaque année, des milliers de personnes se rassemblent le 15 juillet, ou autour de cette date, pour reconstituer, avec des costumes d’époque, une bataille célèbre qui figure dans tous les livres d’Histoire des petits écoliers polonais ou lituaniens. On fête cette année le 613e anniversaire de la bataille de Grunwald.
Le 15 juillet 1410, plus de 50 000 chevaliers, fantassins et artilleurs polonais et lituaniens se sont battus dans le nord de la Pologne afin de repousser les chevaliers teutoniques, un ordre militaire et religieux allemand qui tentait d’imposer son pouvoir à l’ensemble de la région. Les Polono-lituaniens on réussit à prendre par surprise le bastion de l'Ordre à Marienburg (aujourd'hui Malbork) et l’orde a été écrasé à l'aube du 15 juillet dans les champs près de Tannenberg et Grunwald. La bataille est considérée depuis comme l'une des plus importantes de l'Histoire de la Pologne. En 1411, l'Ordre a dû payer une indemnité substantielle contre l’instauration de la Paix. Cette défaite signera le début de son déclin. Les 51 étendards teutoniques capturés ce jour-là furent partagés entre les rois Ladislas et Witold. Ils ornèrent désormais les cathédrales de Wawel et Wilno,
Cette bataille a ressurgi au XIXe siècle dans le récit national polonais, en témoignent les fêtes de Grunwald organisées à Cracovie en 1910 et l’impressionnante reconstitution de la bataille en 2010 pour le 600e anniversaire devant des dizaines de milliers de spectateurs. La charge émotionnelle entourant cette bataille a culminé au début des années 1990, à l’époque où l’Allemagne hésitait à reconnaître la frontière Oder-Neisse.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
6 juillet : la Lituanie fête le fondateur de l'État
Cette fête célèbre le couronnement de Mindaugas en 1253, le premier roi de Lituanie et le seul roi de l'histoire du pays. La date de son couronnement est incertaine, mais il a bien fallu en trouver une quand cette fête nationale a été instaurée en 1991…
Cette fête du 6 juillet célèbre le couronnement de Mindaugas en 1253, le premier roi de Lituanie et qui est resté le seul et unique roi de l'histoire du pays. La date de son couronnement est incertaine, mais il a bien fallu en trouver une (un peu au hasard) quand cette fête nationale a été instaurée en 1991, peu après la seconde indépendance du pays.
Mindaugas (ou Mendog) est considéré comme le fondateur de l’État lituanien, sous forme d’un grand-duché que son premier monarque a encouragé à se convertir au catholicisme en se faisant lui-même baptiser en 1250, avant de se faire couronner roi, trois ans plus tard.
Dans toutes les villes du pays, les Lituaniens chantent chaque 6 juillet l'hymne national à 21 heures précisément. La tradition est récente (2009) mais déjà bien établie. Ce Jour de l’État lituanien (Valstybės diena) est un jour férié.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
16 février : la fête nationale de la Lituanie
La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918 quand le pays a échappé à l’emprise russe. Le nom officiel de cette ce jour férié est Restauration de l’État lituanien. Les puristes parlent d’une renaissance de la Lituanie…
La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918 quand le pays a échappé à l’emprise russe. Le nom officiel de ce jour férié est L’anniversaire de la restauration de l’État lituanien (Lietuvos valstybės atkūrimo diena). La Lituanie est le seul pays balte à pouvoir affirmer cela car il a existé, jadis, un État Lituanien médiéval, apparu en 1253 qui dura jusqu’en 1385. Plus tard, la Lituanie et la Pologne ont vécu en symbiose, formant un État commun durant plusieurs siècles. Elles ont disparu ensemble, en 1795, et ont recouvré leur indépendance la même année, en 1918. Pour la Lituanie, l’indépendance a été reconnue par la Russie le 16 février 1920 (deux ans après sa proclamation) mais sera anéantie le 15 juin 1940 par l’armée soviétique qui occupera le pays et y demeurera pendant 50 ans (jusqu’en 1990).
Chaque 16 février, après un hissé de drapeau, un défilé de jeunes est organisé dans la capitale. Tout le monde est invité à le rejoindre à 10 heures sur la place de la Cathédrale de Vilnius. Les jeunes marchent ensuite jusqu’au cimetière Rasų, où ils rendent hommage à la mémoire des signataires en lisant l’Acte d’indépendance de 1918. Un autre événement traditionnel a lieu dans la rue Pilies devant la Maison des signataires. En soirée (dès 17 heures) il y aura des bûchers de la liberté sur l’avenue Gedimino à Vilnius. Ils sont allumés très officiellement par des personnes désignées comme méritantes aux yeux des autorités.
C’est aussi symboliquement, un 16 février, en 1949, que divers mouvements de résistance à l’occupation soviétique se sont rassemblés sous la conduite du général Jonas Žemaitis. Ce chef de la résistance lituanienne œuvrera dans la clandestinité jusqu’à son arrestation en 1953, suite à une trahison. Il sera condamné à mort et exécuté le 26 novembre 1954 à la prison de Boutyrka, à Moscou. Les discours officiels du 16 février lui font toujours une petite place.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
11 mars : le jour où la Lituanie a quitté l’URSS
Ce Jour de la restauration de l'indépendance de la Lituanie commémore le vote du 11 mars 1990, proclamant l’émancipation de la Lituanie à l’égard de Moscou. Le jour est férié.
C’est le Jour de la restauration de l'indépendance de la Lituanie (Lietuvos Nepriklausomybės atkūrimo diena), jour férié et jour de fête en Lituanie, est vécu cette année 2022 dans une ambiance de grande tension internationale. Le pays est, en effet, une prochaine victime possible de l’expansionnisme russe, compte tenu de sa situation entre la Biélorussie et l’enclave de Kaliningrad.
À Vilnius, la journée débute par une cérémonie sur la place de l’Indépendance (Nepriklausomybės aikštė), à proximité du Seimas (parlement lituanien) avec un discours du président Gitanas Nausėda et, à 12h., la levée des drapeaux des trois États baltes, car tous ont connu le même processus et la solidarité a toujours été de mise face à Moscou. Le 11 mars 1990, en proclamant son indépendance la Lituanie avait été la première de tout le bloc soviétique à faire. Elle montra la voie aux autres républiques soviétiques, provoquant ainsi la disparition de l’URSS en décembre 1991. L’URSS avait riposté avec un long blocus énergétique et économique.
La célébration se poursuit avec un défilé militaire. Même si le pays, face au danger russe a toujours supplié l’OTAN de renforcer sa présence en Lituanie – ce qui a finalement été fait ces deux dernières années –, il s’agit aussi de monter que le pays est mobilisé pour défendre son indépendance. Sur le plan symbolique, l’habitude a été prise chaque 11 mars de déployer un immense drapeau, long de 400 mètres, le long de l’avenue Gedimino, entre le Seimas et la place de la cathédrale. Les habitants de la ville marchent à ses côtés.
L’indépendance qui fut restaurée en 1990 avait été perdue le 14 juin 1940 par l’occupation du pays par les troupes soviétiques conformément au pacte Molotov-Ribbentrop (23 août 1939) qui partageait la région entre l’Allemagne nazie et l’URSS. En 1989, déjà les Lituaniens avaient annoncé leur intention de restaurer la république fondée en 1918 (le 16 février) et déclaré que l'adhésion de la Lituanie à l'URSS avait eue lieu illégalement et n'avait donc aucune valeur juridique. Le 24 février 1990, des élections ont eu lieu dans un contexte démocratique inédit. Le nouveau soviet de la république, réuni pendant trois jours, a fini, le 11 mars à 22h44, par proclamer l’indépendance de l’État de Lituanie avec 124 voix pour, 6 abstentions et aucune voix contre. Dans les semaines qui suivent, Moscou impose un blocus économique au pays. Pour intimider le pays l’armée russe est intervenue début janvier 1991. Le 13 janvier 1991, la foule se précipite pour défendre pacifiquement la tour de la télévision de Vilnius. L’agression armée de Moscou se limitera à 14 morts. Après cette journée sanglante, le président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, lauréat du prix Nobel de la paix 1990, laissera la Lituanie s’émanciper. Le 9 février 1991, les Lituaniens votent à 90 % pour l'indépendance. Le 6 septembre 1991, l'URSS reconnaît finalement l'indépendance de la Lituanie. Le retrait total des troupes russes ne sera achevé que le 31 août 1993.
La journée du 11 mars (kovo 11) est célébrée depuis 1991, mais ce n’est un jour férié et chômée que depuis 1996. Deux jours plus tôt, le 9 mars, c’est la cérémonie de remise des prix de la culture et de l'art du gouvernement. Ensuite, le 10 mars, des fleurs sont déposées sur les tombes des signataires de l'Acte d'indépendance de la Lituanie. La journée du 11 mars débute à 9 heures par un dépôt de gerbe au monument du 11 mars "Žinios" sur la place de l'Indépendance à Vilnius. À 10h : commémoration dédiée au jour de la restauration de l'indépendance de la Lituanie et cérémonie de remise de la bourse de l'indépendance de l'État dans la salle de l'acte du 11 mars. Diffusion en direct via LRT, et en live sur le site Web du Seimas,ainsi que sur Facebook et YouTube. À 12h : cérémonie de lever du drapeau des trois États baltes sur la place de l'Indépendance. La garde d'honneur de l'armée lituanienne y participe. À 12h30 : marche de la garde d'honneur de l'armée lituanienne et de l'orchestre de l'armée lituanienne sur l'avenue Gediminas, de la place de l'Indépendance à la place de la cathédrale. À 12h40 : début de la marche "Route vers la restauration de l'indépendance" sur l'avenue Gediminas avec les drapeaux de la Lituanie et de l'Ukraine. À 13h : messe en la basilique archicathédrale Saint-Stanislas et Saint-Ladislas de Vilnius. À 14h30 : cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres de l'Union des tirailleurs lituaniens sur la place de l'Indépendance. À 19h - Action d'unité et de solidarité « La liberté brille » sur la place de la Cathédrale.
23 août : une date funeste en Europe orientale
Une date à double face : l’ancienne fête nationale de la Roumanie communiste est aussi l’anniversaire du funeste pacte germano-soviétique.
Le 23 août était autrefois la fête nationale de la Roumanie communiste. La date célébrait la chute du régime fasciste d’Ion Antonescu par un coup d’État mené par le roi Michel Ier, le 23 août 1944. La Seconde Guerre mondiale n’était pas terminée et la Roumanie changeait de camp à la suite d’un renversement politique. En 1941, la Roumanie était entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne nazie. Suite à ce coup d’État, le roi rejoignait les Alliés et déclarait la guerre à l’Allemagne. Mais, alors que l’Armée Rouge avançait, les communistes se sont rapidement imposés au pouvoir. En 1947, ils forcent le roi à abdiquer et s’approprieront l’événement. De 1949 à 1990, en effet, le 23 août a été célébré comme le Jour de libération de l'occupation fasciste (Ziua eliberării de ocupația fascistă). C’était alors la principale fête de l'État roumain communiste. Après la chute Ceaucescu, la fête nationale roumaine a été déplacée au 1er décembre, une référence à la Grande Roumanie de 1918. Car, même si elle évoque la chute du fascisme, la date du 26 août était bien trop associée au communisme roumain.
La date du 23 août est toujours présente dans le calendrier mémoriel, mais elle a changé d’appellation et de référence historique. C’est aujourd’hui la Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme. Une célébration instaurée en 2009 par le Conseil de l’Europe. La date est celle du Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, aussi appelé pacte Molotov-Ribbentrop, qui a scellé le sort de toute l’Europe orientale, de l’Estonie à la Bulgarie, une série de pays européens commémorent cette date sous le nom de Jour du Ruban noir. La date est ignorée par la France mais elle est marquée, chaque année, par les États d’Europe orientale mais également par la Suède et le Canada.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 août 2021
7 juillet : la midsummer des Slaves
Les Russes célèbrent Kupala (ou koupala), une fête d’origine païenne, correspondant à un rite de fertilité plus tard adoptée par les chrétiens orthodoxes.
Les Russes célèbrent Kupala (ou koupala), une fête d’origine païenne, correspondant à un rite de fertilité plus tard adoptée par les chrétiens orthodoxes. Elle correspond à la fête de la Saint-Jean en Occident. Mais, pour tout ce qui est de la tradition, la Russie est restée fidèle au calendrier julien.
Elle est largement célébrée dans les zones habitées par des peuples slaves mais aussi de manière analogue dans les pays et régions habitées par les peuples baltes, celtiques, finno-ougriens et germaniques.
En Finlande (Juhannus) et en Estonie (Jaanipäev), cette fête est l'une des plus importantes du calendrier. Dans ce dernier pays, ainsi qu'en Lituanie, c’est un jour de congé légal.
Fête des amoureux, elle est parfois comparée à la Saint-Valentin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
14 juin : jour de deuil dans les républiques baltes
C’est jour de deuil dans les trois républiques baltes en mémoire des déportations opérées à partir du 14 juin 1941, il y a 80 ans jour pour jour par les autorités soviétiques.
C’est jour de deuil dans les trois républiques baltes en mémoire des déportations opérées par les Soviétiques à partir du 14 juin 1941, il y a 80 ans jour pour jour.
Ce jour-là, et au cours des trois jours qui suivirent, quelque 10 000 Estoniens, des familles entières, principalement des citadins, furent déportés vers la Sibérie dans des conditions atroces, au point qu’une partie d’entre eux sont morts avant d’arriver à destination. Les familles étaient divisées : les hommes furent majoritairement emprisonnés dans des camps en Sibérie d’où très peu sont revenus alors que les femmes et enfants furent emprisonnées à Kirov, Tomsk, Omsk, Novossibirsk, Krasnovarsk ou encore dans le Krai de l’Altaï. Quelques semaines plus tard, d’autres vagues de déportations ont eu lieu et concernent encore plusieurs milliers de personnes. C’est ce triste anniversaire que les Estoniens célèbrent par un jour de commémoration annuel appelé leinapäev.
Les Lettons déplorent la même tragédie : dans la nuit du 13 au 14 juin, ce sont plus de 5 000 citoyens qui ont été déportés. Le 14 juin est célébré chaque année comme le Jour de la commémoration des victimes de la terreur communiste (Komunistiskā genocīda upuru piemiņas dienā).
En Lituanie, cette date est appelée Jour de deuil et d'espoir (Gedulo ir vilties diena). Elle est jalonnée de cérémonies solennelles et de manifestations en mémoire des 18 500 déportations de cette sinistre journée… Au total, pour cette seule journée du 14 juin 1941 et lors des jours qui suivirent, en Lettonie, en Estonie et en Lituanie ce sont plus de 43 000 Baltes parmi lesquels plus de 3 000 enfants, qui sont déportés en Sibérie. Une majorité y laissera leur vie.
Selon le pacte Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939 signé par les dictateurs allemands et soviétiques, les deux États totalitaires se partageaient l’Europe ce qui ouvrait la voie à une occupation soviétique des républiques baltes en octobre et novembre 1939. Ensuite, le 22 juin 1941, le Troisième Reich allemand envahit l'URSS et occupe en quelques semaines les territoires baltes, mettant fin aux déportations vers la Sibérie et d’autres exactions encore plus terribles les remplaceront très vite. Sous l’occupation allemande, des centaines de milliers d’autres Baltes seront déportées ou tués, principalement des juifs exterminés par les nazis ou par des milices baltes dans le cadre de la Shoah. En 1944, l’URSS va ensuite réoccuper les républiques baltes pour un demi-siècle et reprendre de plus belle les déportations vers la Sibérie. Celles-ci dureront jusqu’en mars 1949 et concerneront encore 90 000 personnes. Les commémorations du 14 juin les concernent aussi.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 mai : les Lituaniens célèbrent leur langue, le livre et la presse
En Lituanie est célébré comme la Journée de la restauration de la presse lituanienne, de la langue et du livre. En mai 1864, Alexandre II de Russie avait interdit les manuels de langue lituanienne. L’interdiction n’a été levé qu’en 1904, le 7 mai.
Le 7 mai en Lituanie est célébré comme la Journée de la restauration de la presse lituanienne, de la langue et du livre. En mai 1864, Alexandre II de Russie avait interdit les manuels de langue lituanienne. L'interdiction a ensuite été étendue à toutes les publications en langue lituanienne imprimées dans l’alphabet latin. Il était illégal d'imprimer, mais aussi d'importer, de distribuer et de posséder de telles publications. L'interdiction n’a été officiellement levée que le 7 mai 1904. C’est cet anniversaire qui est célébré en Lituanie chaque 7 mai, avec la Journée de la restauration de la presse lituanienne, de la langue et du livre (Gegužės septintoji – Spaudos atgavimo, kalbos ir knygos diena).
Après les partitions de la Pologne à la fin XVIIIe siècle, une grande partie de la Lituanie a été incorporée à l'Empire russe. Après le soulèvement de janvier 1863 contre l'Empire russe, de nombreux politiciens russes étaient convaincus que la russification de la Lituanie aiderait à prévenir de nouveaux soulèvements. On a donc interdit de publier en lituanien dans la graphie latine. En revanche, L'utilisation de l'écriture cyrillique était autorisée et même encouragée par le gouvernement. Au lieu de faire accepter aux Lituaniens l'influence culturelle russe, l'interdiction a contribué à créer une résistance organisée et a finalement favorisé l’intérêt des écrivains pour cette langue. Des livres et des périodiques illégaux imprimés à l'extérieur du pays arrivaient régulièrement en contrebande. Finalement, ces 40 ans d’interdiction n’ont eut d’autres effets que de renforcer l’identité lituanienne et les revendications nationales. Ce contre quoi la mesure avait été prise.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
13 janvier : Il y a 30 ans, le bloody Sunday des Lituaniens
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, des chars soviétiques pénétraient dans Vilnius, à l’assaut du bâtiment de la télévision et du Parlement. La population lituanienne a réagit massivement. Plus de 50 000 personnes descendent alors dans la rue réclamer le maintien de l’indépendance et se massent pour empêcher l’occupation
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, des chars soviétiques pénétraient dans Vilnius, à l’assaut du bâtiment de la télévision et du Parlement. Le but de Moscou était de mettre au pas cette république qui avait déclaré unilatéralement son indépendance le 11 mars 1990 (elle avait été la première république soviétique à le faire).
La population lituanienne a réagit massivement. Plus de 50 000 personnes descendent alors dans la rue réclamer le maintien de l’indépendance et se massent pour empêcher l’occupation des principaux édifices stratégiques de la capitale et du Parlement. De brefs combats devant la tour de la télévision, le 13 janvier, ont fait 14 morts et quelques milliers de blessés. C’est à eux que ce jour de commémoration rend hommage, notamment lors d’une cérémonie au cimetière d’Antakalnis. La détermination pacifique des habitants de Vinius a payé : les troupes sont rappelées en Russie ; elles ne reviendront plus. L’URSS allait disparaitre avant la fin de l’année.
Hier soir une cérémonie nocturne a eu lieu. Les passionnés de course à pied ont honoré la mémoire de ceux qui sont morts pour la liberté de la Lituanie sur la traditionnelle « route de la vie et de la mort » allant du cimetière d'Antakalnis à la tour de télévision. Le même jour, une opération de don de sang est organisée à la bibliothèque nationale Martynas Mažvydas pour commémorer les défenseurs de la liberté. La journée s’est terminée par une cérémonie nocturne devant un grand bûché.
Ce 13 janvier, Journée des défenseurs de la liberté (Laisvės gynėjų diena), des fleurs seront déposées sur la place de l'Indépendance de la capitale au mémorial du 11 mars, après une levée du drapeau national. Le Seimas (Parlement lituanien) organise la cérémonie de remise du Prix de la liberté. Une messe est dite en la cathédrale de Vilnius. D’habitude, c’est journée portes ouvertes au Parlement, au Musée des victimes du génocide et au complexe commémoratif Tuskulėnai Peace Park. Ce ne sera pas le cas cette année pour raison sanitaire.
Mise à jour 2022 : Le 30 juin 2022, la Cour suprême de Lituanie a rendu son verdict définitif dans l’affaire du 13 janvier. Soixante-sept personnes, dont l’ancien ministre de la Défense soviétique, ont été condamnées pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le plus souvent par contumace. Les descendants des victimes ont longtemps demandé à entendre Mikhaïl Gorbatchev durant ce procès, en vain.