L’Almanach international
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23 février : la fête nationale du Brunei
Cette année, le sultanat du Brunei fête ses 40 ans. Cet ancien protectorat britannique qui avait refusé de se fondre dans la fédération de Malaisie pour ne pas avoir à partager ses fabuleuses réserves de pétrole, a acquis son indépendance en 1984.
Cette année, le sultanat du Brunei fête ses 40 ans. Cet ancien protectorat britannique qui a refusé de se fondre dans la fédération de Malaisie pour ne pas avoir à partager ses fabuleuses réserves de pétrole, a acquis son indépendance le 1er janvier 1984 à minuit une. Les Anglais ont tout de même mis quelques semaines pour organiser une passion de pouvoir en douceur. C’est la raison pour laquelle le Brunei célèbre son indépendance et sa fête nationale (Hari Kebangsaan ; کبڠساءن هاري), le 23 février.
En signant un accord avec les Britanniques, en 1888 le Brunei s’était placé volontairement sous leur protectorat afin d’assurer sa survie politique. En 1959, Brunei Darussalam obtenait son autonomie, laissant au Royaume-Uni la politique étrangère et de défense.
Le pays est dirigé depuis 1968, d’une main de fer, par le sultan Hassanal Bolkiah. Lequel a suspendu la constitution et toutes les libertés. Il se comporte en simple dictateur d’un État islamique où la charia a été imposée comme la loi de l’État. Le sultan s’appropriant l’essentiel des bénéfices du pétrole, il possède l'une des premières fortunes privées mondiales.
Le thème de la 40e célébration de cette année est « Bersatu Mencapai Cita Negara » (Unis pour réaliser le rêve national). Le logo et la description du thème sont accessibles via www.kkbs.gov.bn ou www.mcys.gov.bn. La célébration de la 40e fête nationale se déroule, comme chaque année, au stade national Hassanal Bolkiah, Berakas.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 février 2024
5 décembre : les Kanaks commémorent l’assassinat des dix de Tiendanite
Alors qu’en métropole, on rend hommage aux victimes civiles et militaires des guerres coloniales en Afrique du Nord, en Nouvelle-Calédonie on se souvient des dix Kanaks victimes d’une embuscade tendue par des Caldoches (Néocalédoniens d’origine européenne), le 5 décembre 1984. Le Caillou vivait alors une situation de quasi guerre civile dont la mémoire n’est pas totalement digérée.
Alors qu’en métropole, on rend hommage aux victimes civiles et militaires des guerres coloniales en Afrique du Nord, en Nouvelle-Calédonie on se souvient des dix Kanaks victimes d’une embuscade tendue par des Caldoches (Néocalédoniens d’origine européenne), le 5 décembre 1984.
Chaque 5 décembre, se tient à Tiendanite, une cérémonie commémorant les dix militants kanaks assassinés. On se retrouve entre amis, voisins, cousins. On accueille des collégiens et lycéens pour leur transmettre la mémoire des luttes indépendantistes. Des membres du Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie sont là. Mais les officiels français ne sont pas les bienvenus. L’an dernier les fils de Jean-Marie Tjibaou, le chef du FLNKS de l’époque, neveux et cousins de plusieurs victimes, ont refusé d’accueillir le ministre Darmanin sur le site où se trouve aujourd’hui le mémorial dédié aux victimes.
La Nouvelle-Calédonie vivait à l’époque une véritable guerre civile, les indépendantistes manifestaient, coupaient les routes… Alors qu’ils revenaient d’une réunion politique à la mairie de Hienghène, des militants du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) circulant à bord de deux camionnettes. À Wan’Yaat, ils sont tombés dans une embuscade que des Caldoches avaient minutieusement préparée pour faire le plus de victimes possibles. Celle-ci fut d’une extrême violence, les hommes poursuivis, les chiens lâchés, les blessés achevés et les corps mutilés… On relèvera 10 morts, dont deux frères de J.M. Tjibaou ainsi plusieurs de ses neveux et cousins, ainsi que 5 blessés graves. Les terroristes sont de petits propriétaires de la vallée, descendants de colons, craignant d’être chassés de leurs exploitations en cas d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Cinq jours plus tôt Jean-Marie Tjibaou avait hissé pour la première fois le drapeau bleu rouge et vert de la Kanaky (le nom du pays adopté par les autochtones).
Les assassins se sont rendus et reconnaîtront les faits. Mais, ils ne seront jamais condamnés. La justice française va évoquer un motif de « légitime défense préventive » qui n’existe pas en droit français, pour prononcer leur acquittement. Les sept auteurs, membres des familles Mitride et Lapetite ont été relaxés par la cour d'assises de Nouméa le 29 octobre 1987. Le jury était composé exclusivement d'Européens et le juge d'instruction, un ancien militaire, avait déjà annoncé un non-lieu… Cela fait 39 ans que les Kanaks se se heurtent au silence de l’État français et des familles des coupables, avec le sentiment profond que justice n’a pas été faite.
Après ce drame, Jean-Marie Tjibaou réagira en déclarant : « La chasse au Kanak est ouverte ». La guerre civile ne fera que s’aggraver. En représailles, les indépendantistes vont multiplier les incendies de maisons caldoches situées en brousse. Plusieurs dizaines de morts seront à déplorer dans les deux camps… En 1988, des Kanaks prendront en otage cinq gendarmes dans une grotte de l’île d’Ouvéa. Le 5 mai, sur ordre d’un ministre du gouvernement Chirac, un commando ouvre le feu, entraînant la mort de dix-neuf Kanaks et deux gendarmes. C’est ce nouveau drame qui fera enfin prendre conscience à Paris de la gravité de la situation.
Aujourd’hui, la situation n’est plus la même mais reste tendue. La question de l’indépendance n’est toujours pas tranchée aux yeux des Kanaks qui ont boycotté le dernier référendum.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 décembre 2023
19 octobre : hommage des Polonais à Jerzy Popiełuszko
Jerzy Popiełuszko, jeune prêtre polonais, avait dès août 1980 soutenu ouvertement les grévistes de Solidarność. Son assassinat, le 19 octobre 1984, avait relancé le syndicat Solidarność dont l’activité protestataire était à la peine sous le régime communiste polonais. Il aurait 75 ans.
Son assassinat, il y a 38 ans, avait relancé le syndicat Solidarność dont l’activité protestataire était à la peine sous le régime communiste polonais. La découverte de son corps torturé après avoir été enlevé par des militaires, agents des services secrets, avait entraîné la manifestation de quelque 500 000 personnes.
Jerzy Popiełuszko, jeune prêtre de 33 ans, avait dès août 1980 soutenu ouvertement les grévistes de Solidarność. Dès lors il multiplia les sermons incendiaires contre le régime du général Jaruselski. Dans ses homélies, il dénonçait ouvertement les persécutions des opposants au régime, la censure et la répression : « La violence n’est pas une preuve de force, mais de faiblesse. Celui qui n’a pas su s’imposer par le cœur ou par l’esprit, cherche à gagner par la violence », disait-il en pleine loi martiale. Les autorités cherchaient à le bâillonner. Jerzy Popiełuszko a été victime de plusieurs attentats dont il a réchappé. Le 19 octobre 1984, la dernière tentative sera la bonne. Il est enlevé par trois hommes. Après un passage à tabac brutal, les tortionnaires ont jeté le prêtre dans la Vistule, près de Włocławek. Retrouvé plusieurs jours plus tard, il a été enterré sur la place devant l'église de St. Stanisław Kostka, où il était prêtre.
La modeste tombe de Jerzy Popiełuszko à Varsovie, objet de pèlerinage, a été visitée par des millions de personnes. Les Polonais lui rendent hommage chaque 19 octobre. La Vatican l’a béatifié en 2010, on parle même d’une canonisation.
La célébration du 38e anniversaire de la mort du martyr Popiełuszko (rocznica śmierci męczennika Popiełuszki) se déroule sur plusieurs jours sous le patronage du président de la République de Pologne, Andrzej Duda. Cela a débuté avec une pièce de théâtre dont la première a été jouée le jour du 75e anniversaire du père Jerzy. Le 19 octobre 2022 à 18h00 dans l'église Saint-Stanisław Kostka, à Varsovie, une messe solennelle est dite avec une prière pour la canonisation du bienheureux père Jerzy Popiełuszko. Le même jour, une chapelle dans laquelle se trouvent des reliques de la soutane, de la chemise et des objets que l'aumônier de Solidarité avait avec lui au moment de sa mort, est ouverte aux fidèles.
Les célébrations se termineront le 30 octobre avec "Chant de foi et de liberté", interprété par le Père Popiełuszkolors de ses messes pour la patrie.
La figure du prêtre martyr de la liberté est aujourd’hui reprise par le régime d’extrême droite de Jarosław Kaczyński (président du PiS, le parti d’extrême droite au pouvoir). Celui-ci n’hésite pas à comparer les manifestations de mécontentement à son égard aux violences faites à Jerzy Popiełuszko, assimilant ainsi les opposants politiques à des criminels.
En 2018, le Parlement a fait du 19 octobre une Journée nationale de commémoration du clergé inébranlable (Narodowy Dzień Pamięci Duchownych Niezłomnych), en hommage aux prêtres polonais qui ont défendu leur foi et lutté contre l'injustice.
Pour suivre les fêtes religieuses, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 octobre 2022
4 août : le Burkina Faso fête son nom
C'est l'anniversaire de la révolution du 4 août 1983 et du changement de nom, un an plus tard. Il y a 38 ans, la Haute Volta devenait le Burkina Faso, « le pays des hommes intègres » en foulfouldé, la langue parlée par les Peuls.
C'est l'anniversaire de la révolution du 4 août 1983 et du changement de nom, un an plus tard. Il y a 38 ans, la Haute Volta devenait le Burkina Faso, « le pays des hommes intègres » en foulfouldé, la langue parlée par les Peuls.
En vertu d’une ordonnance du 2 août 1984, le capitaine Thomas Sankara, désireux de faire table rase du « passé réactionnaire et néocolonial », rebaptise la Haute-Volta en République démocratique et populaire du Bourkina Fâso (orthographe originelle). Ce changement de nom de l’ancienne colonie française est célébré deux jours plus tard, le 4 août, jour du premier anniversaire de la révolution de Thomas Sankara. Ce jour-là, le Conseil national révolutionnaire (CNR) organisait des festivités dans tout le pays en l’honneur du nouveau Bourkina Fâso. Outre les cérémonies officielles, des matchs de football et de boxe, ainsi qu’une course cycliste, sont organisés.
Un an plus tôt, le 4 août 1983, Thomas Sankara prenait le pouvoir avec l’aide de son ami Blaise Compaoré. Il installe alors un régime révolutionnaire ; il veut redonner sa dignité à l'homme africain, moderniser le pays, émanciper les femmes... Il deviendra vite l'icône révolutionnaire d'une jeunesse qui se voulait panafricaine. Mais, il sera assassiné quatre ans plus tard dans des conditions assez troubles.
Ce célébration du 4-Août, qui a été fête nationale de 1984 à 1987, n’est plus officielle aujourd’hui.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
29 juin : Tahiti fête la perte de son indépendance
Officiellement, c’est la fête de l’autonomie, dont on célèbre aujourd’hui le 36e anniversaire par de nombreuses animations publiques sur le front de mer. Une « cérémonie protocolaire » avec levée des couleurs et hymne territorial aura également lieu à 15 heures devant le monument dédié à l’autonomie dans les jardins de Paofai.
Officiellement, c’est la fête de l’autonomie, dont on célèbre aujourd’hui le 36e anniversaire par de nombreuses animations publiques sur le front de mer. Une « cérémonie protocolaire » avec levée des couleurs et hymne territorial aura également lieu à 15 heures devant le monument dédié à l’autonomie dans les jardins de Paofai.
Cette fête est controversée car c’est aussi l’est l’anniversaire de la cession à la France de la souveraineté sur tous les territoires dépendant de la couronne de Tahiti par le roi Pomare V en 1880. Cette fête de l'autonomie est très mal perçue par une partie de la population qui y voit l'anniversaire de la perte de l'indépendance de leur État. Il a fallu, en effet, attendre 1984 pour qu'une loi française confére aux Polynésiens un gouvernement local.
Inventé par Gaston Flosse en 1985, le défilé (Hiva Vaevae) sur l’avenue Pouvana’a a Oop a été suspendu en 2004, puis remis au goût du jour lors du retour au pouvoir du vieux dirigeant en 2014. En 2018, le défilé n’a pas eu lieu, mais cette année pour le 35e anniversaire, quelque 14000 personnes doivent défiler pour la célébration qui se termine par un feu d’artifice.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde