L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
13 novembre : qui se souvient d’Yitzhak Rabin ?
Une Journée commémorative d'Yitzhak Rabin a lieu chaque année le douzième jour du mois de Heshvan, jour de l'assassinat d'Yitzhak Rabin, selon le calendrier hébraïque. Cette journée tombe ce 13 novembre 2024. La cérémonie se déroule au cimetière du mont Herzl à Jérusalem, où l'ancien premier ministre est enterré. Comme les années précédentes, Netanhayou n’assiste pas à cet hommage. Les jeunes générations, en Israël, connaissent-elles encore le nom d’Yitzhak Rabin ?
Le 4 novembre 1995, il y a 29 ans, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin était assassiné par un extrémiste juif, sur la place des Rois d'Israël à Tel Aviv, à la fin d’un rassemblement qui portait le titre « Oui à la paix, non à la violence ».
Chaque année, la Knesset organise une journée d’hommage mais cette année, comme l’an dernier, à la demande de la famille, elle n’a pas été organisée. Une Journée commémorative d'Yitzhak Rabin (יום הזיכרון ליצחק רבין) a également lieu chaque année le douzième jour du mois de Heshvan, jour de l'assassinat d'Yitzhak Rabin, selon le calendrier hébraïque. Cette journée tombe ce 13 novembre 2024. La cérémonie se déroule au cimetière du mont Herzl à Jérusalem, où l'ancien Premier ministre est enterré. Comme les années précédentes, Netanhayou n’assiste pas à cet hommage.
Le 13 septembre 1993, Rabin avait signé l'accord de « Déclaration de principes » concernant la reconnaissance mutuelle entre Israël et les Palestiniens et l'autonomie gouvernementale à Gaza et à Jéricho, lors d'une cérémonie solennelle tenue sur les pelouses de la Maison Blanche avec la participation du président des États-Unis, Bill Clinton, et le chef de l'OLP, Yasser Arafat. Pour sa participation au processus d'Oslo, Yitzhak Rabin avait reçu le prix Nobel de la paix. C’est aussi cet engagement pour la paix qui lui a coûté la vie. Aujourd’hui son assassin, Yigal amir, ultranationaliste juif, est vénéré en héros par une frange de l’extrême droite qui soutien le gouvernement. Régulièrement, ses partisans demandent sa libération.
Chaque année les écoles se devaient s’engager un processus éducatif pour décortiquer le processus qui a abouti à l’assassinat de celui qui avait engagé le processus de paix avec les Palestiniens. Très peu le font encore aujourd’hui, surtout depuis le 7-Octobre.
Autrefois, jusqu’en 2019, les soirs de shabbat à l’approche du 12 heshavan, des rassemblements commémoratifs se produisaient sur ce qui est devenu la place Yitzhaz Rabin à Tel Aviv. Des intellectuels, des religieux, des politiques prenaient la parole. Des artistes se produisaient… Ces rassemblements ont cessé faute de participants, faute de militant pour la paix suffisamment nombreux pour les maintenir, et cela bien avant que ne se produise le 7-Octobre. Yitzhak Rabin et son engagement pour un monde meilleur, sont bien oubliés depuis longtemps. Les jeunes générations, en Israël, connaissent-elles son nom ?
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 novembre 2024
14 février : le souvenir lointain de Rafic Hariri
Le 14 février est un jour férié au Liban. Mais qui se souvient de Rafic Hariri, symbole du renouveau économique du pays, alors que le Liban est aujourd’hui ruiné et plus divisé que jamais ? Son assassinat spectaculaire, opéré par des forces pro-syriennes, avait pourtant choqué le monde entier. Pour ce 19e anniversaire son fils est de retour à Beyrouth, parviendra-t-il à sortir le Liban de sa dérive mortifère ?
L’annonce de son assassinat spectaculaire, le 14 février 2005, dans une attaque terroriste (environ 1 800 kilogrammes de TNT explosant alors que son cortège traversait Beyrouth) avait provoqué un sursaut démocratique, une « révolution du cèdre » annonciatrice d’un nouveau Pacte national qui scellerait — enfin — la vraie réconciliation nationale après quinze ans de guerre civile… Cet élan appartient à l’histoire ancienne.
Le 14 février est un jour férié au Liban. Mais qui se souvient de Rafic Hariri, symbole du renouveau économique du pays, alors que le Liban est aujourd’hui ruiné, et plus divisé que jamais ? Même dans son fief de Saïda la commémoration de la mort d’Hariri se fait chaque année un peu plus discrète. Le pays n’a plus de président depuis octobre, il est menacé d’une guerre avec son voisin. Le courant politique que représentait Rafic Hariri est aujourd’hui marginalisé, son fils Saad Hariri, a quitté la vie politique en 2021, mais ce dernier est de retour à Beyrouth pour ce 14 février 2024 à l’occasion du 19e anniversaire de la mort de son père.… Certains se prennent à rêver à un retour au pouvoir du Courant du futur, pro Hariri. Pour l’heure, ce sont les milieux pro-syriens, et profondément anti-israéliens, ceux-là mêmes qui ont fomenté l’assassinat d’Hariri, qui se sont imposés à la tête d’un pays à la dérive.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 février 2024
3 janvier : l’anniversaire de l’assassinat de Qassem Soleimani
À Bagdad et à Téhéran, on commémore l’assassinat de Qassem Soleimani, un général iranien considéré comme l’architecte de la politique expansionniste de l’Iran dans la région, qui fut éliminé sur ordre de Donald Trump.
Cet anniversaire est célébré en Irak et en Iran dans le contexte très particulier de la guerre de Gaza, alors que la veille un tir ciblé israélien a éliminé le numéro du bureau politique du Hamas, dans la banlieue de Beyrouth.
C’est dans la banlieue de Bagdad que Qassem Soleimani a été tué. Ce général iranien est l’architecte de la politique expansionniste de l’Iran dans la région et le Hamas est considéré comme l’un des pions de Téhéran. L’Irak a déjà organisé des cérémonies fin décembre, mais ce mardi des milliers de partisans de diverses factions armées irakiennes, sont appelées à manifester pour célébrer le leader disparu et dénoncer la présence américaine stationnée en Irak.
Le 3 janvier 2020, sur ordre de Donald Trump, un drone armé a pulvérisé le véhicule où se trouvaient Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient et Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro 2 du Hachd al-Chaabi, coalition de factions intégrées à l'État irakien. L’attaque a eu lieu de nuit sur une route de l'aéroport international de Bagdad,
À Téhéran, le guide suprême Ali Khamenei a reçu samedi la famille du général iranien tué, en présence du commandant des Gardiens de la Révolution et du chef de la force Qods, unité d'élite chargée des opérations extérieures, autrefois dirigée par Soleimani.
Il y a quelques jours, le porte-parole du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI), Ramazan Sharif déclarait que les massacres du 7 octobre étaient « une des représailles » pour l’assassinat de Soleimani. Il l’a fait dans une déclaration sur la mort d’un autre haut responsable, tué plus tôt cette semaine, lors d’une frappe aérienne que l’Iran a imputée à Israël. Il s’agit du général de brigade Razi Mousavi,chef du CGRI, « compagnon » de Soleimani, tué dans une frappe contre sa maison à Damas, le 25 décembre 2023.
Comme quoi l’élimination de cadre du Hamas pourrait se faire sans massacrer tout un peuple !
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 janvier 2024
Mise à jour 3 janvier : Cent trois personnes ont été tuées dans le sud de l’Iran par une double explosion, mercredi 3 janvier, près de la tombe du général Ghassem Soleimani, dont le pays célèbre le quatrième anniversaire de la mort, a rapporté la télévision d’Etat. (Le Monde.fr)
5 décembre : les Kanaks commémorent l’assassinat des dix de Tiendanite
Alors qu’en métropole, on rend hommage aux victimes civiles et militaires des guerres coloniales en Afrique du Nord, en Nouvelle-Calédonie on se souvient des dix Kanaks victimes d’une embuscade tendue par des Caldoches (Néocalédoniens d’origine européenne), le 5 décembre 1984. Le Caillou vivait alors une situation de quasi guerre civile dont la mémoire n’est pas totalement digérée.
Alors qu’en métropole, on rend hommage aux victimes civiles et militaires des guerres coloniales en Afrique du Nord, en Nouvelle-Calédonie on se souvient des dix Kanaks victimes d’une embuscade tendue par des Caldoches (Néocalédoniens d’origine européenne), le 5 décembre 1984.
Chaque 5 décembre, se tient à Tiendanite, une cérémonie commémorant les dix militants kanaks assassinés. On se retrouve entre amis, voisins, cousins. On accueille des collégiens et lycéens pour leur transmettre la mémoire des luttes indépendantistes. Des membres du Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie sont là. Mais les officiels français ne sont pas les bienvenus. L’an dernier les fils de Jean-Marie Tjibaou, le chef du FLNKS de l’époque, neveux et cousins de plusieurs victimes, ont refusé d’accueillir le ministre Darmanin sur le site où se trouve aujourd’hui le mémorial dédié aux victimes.
La Nouvelle-Calédonie vivait à l’époque une véritable guerre civile, les indépendantistes manifestaient, coupaient les routes… Alors qu’ils revenaient d’une réunion politique à la mairie de Hienghène, des militants du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) circulant à bord de deux camionnettes. À Wan’Yaat, ils sont tombés dans une embuscade que des Caldoches avaient minutieusement préparée pour faire le plus de victimes possibles. Celle-ci fut d’une extrême violence, les hommes poursuivis, les chiens lâchés, les blessés achevés et les corps mutilés… On relèvera 10 morts, dont deux frères de J.M. Tjibaou ainsi plusieurs de ses neveux et cousins, ainsi que 5 blessés graves. Les terroristes sont de petits propriétaires de la vallée, descendants de colons, craignant d’être chassés de leurs exploitations en cas d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Cinq jours plus tôt Jean-Marie Tjibaou avait hissé pour la première fois le drapeau bleu rouge et vert de la Kanaky (le nom du pays adopté par les autochtones).
Les assassins se sont rendus et reconnaîtront les faits. Mais, ils ne seront jamais condamnés. La justice française va évoquer un motif de « légitime défense préventive » qui n’existe pas en droit français, pour prononcer leur acquittement. Les sept auteurs, membres des familles Mitride et Lapetite ont été relaxés par la cour d'assises de Nouméa le 29 octobre 1987. Le jury était composé exclusivement d'Européens et le juge d'instruction, un ancien militaire, avait déjà annoncé un non-lieu… Cela fait 39 ans que les Kanaks se se heurtent au silence de l’État français et des familles des coupables, avec le sentiment profond que justice n’a pas été faite.
Après ce drame, Jean-Marie Tjibaou réagira en déclarant : « La chasse au Kanak est ouverte ». La guerre civile ne fera que s’aggraver. En représailles, les indépendantistes vont multiplier les incendies de maisons caldoches situées en brousse. Plusieurs dizaines de morts seront à déplorer dans les deux camps… En 1988, des Kanaks prendront en otage cinq gendarmes dans une grotte de l’île d’Ouvéa. Le 5 mai, sur ordre d’un ministre du gouvernement Chirac, un commando ouvre le feu, entraînant la mort de dix-neuf Kanaks et deux gendarmes. C’est ce nouveau drame qui fera enfin prendre conscience à Paris de la gravité de la situation.
Aujourd’hui, la situation n’est plus la même mais reste tendue. La question de l’indépendance n’est toujours pas tranchée aux yeux des Kanaks qui ont boycotté le dernier référendum.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 décembre 2023
7 avril : Zanzibar commémore l’assassinat de son premier président
Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. La sanglante révolution de 1964 dont il est l’un des initiateurs lui a permis de devenir président de Zanzibar. Avec l’aide de la Chine, il a redistribué les terres et fait construire nombreuses maisons. Il n’a, en revanche, pas ménagé ses opposants. Son fils qui a été élu par deux fois président au tout début du XXIe siècle, cultive sa mémoire.
Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. Fils d’une esclave originaire du Malawi, il est arrivé à Zanzibar alors qu’il était encore un enfant. L’île était alors dominée par une classe politique arabo-persanne qui s’était imposée à l’époque où l’archipel de Zanzibar était une colonie arabe, dépendant du sultanat d’Oman et pratiquant le commerce des esclaves africains. Ce rôle plaque tournante de l’esclavage a duré jusqu’à son abolition, très tardive, en 1890, quand l’île est devenue une colonie britannique.
Abeid Karume est entré en politique en 1954 en devenant maire de la capitale et en adhérant au parti pro britannique Afro-Shirazi, militant contre la domination arabe. Dix ans plus tard, il participe à la très sanglante révolution du 12 janvier 1964 qui renverse le dernier sultan. Karume devient alors le premier président de la république de Zanzibar. Cette révolution d’inspiration socialiste s’attaque à la classe dirigeante arabe qui contrôle toutes les terres. Certaines familles sont largement dépossédées par la redistribution des terres à la population swahilie locale. Ce sont d’ailleurs de jeunes officiers arabes, issus de familles locales humiliées et persécuté Karume, qui ont abattu le président le 7 avril 1972, mettant fin à un régime autoritaire et prochinois. Le cheikh Karume, qui avait récemment changé son titre de président de Zanzibar en président du Conseil révolutionnaire, se trouvait au siège de son parti Afro-Shirazi lorsque des hommes armés ont fait irruption dans la pièce et l'ont tué avec des mitraillettes.
Président de Zanzibar, il était aussi le vice-président de la Tanzanie dont l’île est une composante depuis que Abe Karume et Julius K. Nyerere ont fondé la Tanzanie. Ce dernier a assisté à ses funérailles et la décrété que le 7 avril serait désormais le Karume Day, un jour férié et chômé dans tout le pays, pas seulement à Zanzibar. Ce président autoritaire qui pourchassait les opposants de manière impitoyable, a aussi laissé une œuvre sociale. Il a établi un système d'éducation et de services de santé gratuits pour tous les Zanzibaris, quelle que soit leur race, leur couleur ou leur appartenance ethnique. En dehors de cela, il s'est engagé dans la construction de nombreuses maisons mises à la disposition des habitants de Zanzibar à des loyers très abordables. Karume demeure très populaire. Sa mémoire a été grandement cultivée par son fils. Son premier fils, Amani Abeid Karume, lui a succédé à la présidence pour deux mandats successifs de 2000 à 2010 obtenus démocratiquement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
13 janvier : il y a 60 ans, Sylvanus Olympio était le premier président africain renversé et assassiné
Journée de deuil et de colère au Togo, le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. La victime est Sylvanus Olympio, président du Togo de 1961 à 1963, exécuté dans des circonstances troubles. Une affaire qui n’a jamais été élucidée. Les opposants au régime Gnassingbé profitent de cet anniversaire pour dénoncer une nouvelle fois la dictature familiale qui règne sur le Togo depuis 57 ans. Pendant plus de quatre décennies le 13 janvier a été un jour férié à la gloire du régime.
Le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. Le premier d’une longue série qui ne s’arrête pas. La victime en a été le président du Togo, Sylvanus Olympio, mort dans des circonstances étranges le 13 janvier 1963. Des soldats qui avaient combattu en Algérie étaient venus le chercher à son domicile où ils ne trouvèrent que son épouse. Le président leur avait refusé une intégration dans l’armée togolaise. On raconte qu’ils étaient venus pour se venger. Olympio, caché, leur échappa et parvient à se réfugier dans un véhicule garé dans l’enceinte de l’ambassade américaine qui jouxte sa résidence. Le lendemain tôt le matin, le 13 janvier 1963, les soldats sont revenus on extrait le président togolais de l’ambassade des États-Unis, qui n’était pas surveillée, pour l’exécuter devant le portail… selon la version officielle.
En vérité, on ignore tous les détails du déroulé des faits et de l’identité des commanditaires supposés. La famille demande toujours d’avoir accès aux archives officielles de la France qui restent inaccessibles à ce jour. On s’explique mal, également, pourquoi les États-Unis ne l’ont pas protégé, alors que Sylvanus Olympio, en froid avec Paris était au contraire en très bons termes avec Washington. Les documents du Département d’État sur cette affaire ne sont déclassifiés qu’au compte-gouttes…
Le gouvernement français avait tout intérêt à sa disparition, on lui prêtait l’intention de quitter la zone du franc CFA et de se rapprocher du monde anglo-saxon. Sylvanus Olympio avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Il parlait allemand, anglais, français, portugais, yorouba. Pour le président De Gaulle et Jacques Foccart, son conseiller aux affaires africaines, ce dirigeant africain apparaissait comme totalement indomptable. N’avait-il pas déclaré à l’AFP juste après l’indépendance du Togo : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. » ?
Sylvanus Olympio qui avait instauré un régime à parti unique avait été élu président en 1961 sans aucun adversaire. Plusieurs de ses opposants croupissaient en prison. Après son assassinat on a eu vite fait d’annoncer la mort d’un tyran. Certes, Olympio avait trahi la démocratie mais il avait une légitimité historique. En 1946, ce militant indépendantiste avait élu député et président pour 5 ans de la première assemblée représentative du Togo, après que son parti (le CUT Comité pour l’Unité Togolaise) a remporté la très grande majorité des sièges. En 1958, il est nommé premier ministre d’un Togo autonome, en attendant l’indépendance obtenue le 27 avril 1960.
Parmi les soldats venus le déloger et l’éliminer, figurait le sergent Étienne Eyadéma Gnassingbé. Il revendiquera son assassinat devant des journalistes français, puis se rétractera en 1992. Il est vrai qu’entre-temps, il était devenu président du Togo en renversant le successeur d’Olympio (1967). Eyadéma Gnassingbé restera 28 ans au pouvoir (jusqu’à sa mort en 2005) à la tête d’un régime de terreur qui aura malgré tout le soutient constant de la France. Son successeur n’est autre que son propre fils, Faure Gnassingbé qui se maintient au pouvoir jusqu’à aujourd’hui, de manière tout aussi autoritaire. La famille Gnassingbé règne en effet sur le pays depuis 1967.
Eyadéma Gnassingbé avait fait du 13 janvier un jour férié et chômé et décrété une Fête de libération nationale. Célébrée jusqu’en 2013, elle faisait l’objet d’un grandiose défilé civilo-militaire auquel assistaient plusieurs délégations étrangères dont la France et les États-Unis. Pour la famille Olympio et les adversaires politiques du clan Gnassingbé, le 13 janvier est un jour de deuil et de manifestations de protestation contre la dictature.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
15 octobre : hommage au Che africain, l'homme intègre du Burkina
Il y a 35 ans Thomas Sankara était assassiné. Fidèles et parents se recueillent sur la tombe du « père de la nation burkinabé ». À ses côtés, reposent les « martyrs du 15 octobre » assassinés par un commando armé en même temps que lui en 1987, lors du coup d’État qui a mené Blaise Compaoré au pouvoir…
Il y a 35 ans, Thomas Sankara était assassiné. Fidèles et parents se recueillent sur la tombe du « père de la nation burkinabé » au cimetière de Dag-noën, près de Ouagadougou. À ses côtés reposent les « martyrs du 15 octobre » assassinés par un commando armé en même temps que lui en 1987, lors du coup d’État qui a mené Blaise Compaoré au pouvoir pour... 5 mandats successifs. L'ancien compagnon de Sankara a été renversé il y a 8 ans. Depuis, la dépouille de Sankara a été exhumée, les résultats de l'autopsie viennent d'être rendus public : il a été criblé de balle.
À 16 heures, un cortège défilera avenue Sankara, à Ouagadougou. La soirée se terminera en musique. Plusieurs soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), corps d’élite de l’armée burkinabé dont faisait partie Blaise Compaoré au moment du putsch de 1987, ont été inculpés . La justice va-t-elle rattraper l'ancien président ? Après des décennies de bataille judiciaire, le procès de l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara et de ses douze compagnons s’est ouvert le 11 octobre 2021. Mais, en l’absence de Blaise Compaoré, réfugié en Côte d’Ivoire, et de Hyacinthe Kafando, le chef présumé du commando qui a tué Sankara. En revanche, Mariam Sankara, la veuve de Thomas Sankara, est venue Montpellier où elle réside. Le procès s’est refermé le 10 mai 2022 avec le délibéré sur les intérêts civils. Un mois plut tôt, le 6 avril, trois des quatorze accusés avaient été condamnés à la prison à perpétuité dont l’ancien président Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando.
« Pour certains, le retournement de Compaoré contre son frère d’armes est à chercher du côté du voisin ivoirien. En 1985, Blaise se marie avec Chantal Terrasson de Fougères, une Ivoirienne proche de Félix Houphouët-Boigny, alors président de la Côte d’Ivoire, réputé pour sa proximité avec la France et pour son anti-communisme. Les agitations révolutionnaires du petit capitaine voisin agacent le chef de l’État, qui s’est lui-même décrit comme un "crocodile qui se nourrit de capitaines" ». (Morgane Le Cam, Le Monde, 14 octobre 2017)
En 2018, le 15 octobre, la première pierre d'un monument lui étant dédié, sur les lieux mêmes de son assassinat, était posée. Il a été inauguré en mars 2019. Cette même année, l’enquête est enfin relancée notamment grâce à la déclassification des archives françaises. Autre soupçon : y a-t-il eu une main libyenne dans l'assassinat du jeune capitaine ? Quid de l’action de la France ? La justice suit son cours : une première reconstitution des faits a été réalisée en février 2020.
Pour ce 35e anniversaire de l’assassinat du père de la révolution, Thomas Sankara, la commémoration se tient ce samedi 15 octobre 2022 au mémorial Thomas Sankara. Elle est présidée par le capitaine Ibrahim Traoré, nouveau chef de l’Etat, issu du putsch du 30 septembre dernier. Le thème de cette commémoration 2022 est "Passer le flambeau de la révolution à la jeunesse ".
Mise à jour 2022 : le 26 juillet 2022, Blaise Compaoré, condamné par contumace à perpétuité pour l’assassinat de son prédécesseur, Thomas Sankara, en 1987, a demandé « pardon » à la famille de ce dernier, mais aussi à l’ensemble du « peuple burkinabé » pour « les souffrances » endurées pendant ses vingt-sept années au pouvoir.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
16 février : saint Janani Luwum, martyr de la dictature d’Amin Dada
Le 16 février est férié en Ouganda, c’est la journée à la mémoire de l'archevêque Janani Luwum, un haut dignitaire anglican assassiné en 1977 sous la dictature du président Idi Amin Dada.
Le 16 février est férié en Ouganda depuis 2016, c’est la journée à la mémoire de l'archevêque Janani Luwum, un haut dignitaire anglican assassiné sous la dictature du président Idi Amin Dada.
À partir du coup d'État de 1971, qui a permis le renversement du président Milton Obote par le général Idi Amin Dada, Monseigneur Luwum a été l'un des principaux critiques du régime du dictateur dont le règne (1971-1979) a été un des plus sanglants de l’histoire de l’Afrique. En 1977, l'archevêque Luwum a présenté une note de protestation, signée par tous les évêques, contre sa politique de disparitions inexpliquées et d'assassinats arbitraires.
Le 16 février 1977 (c’est la date qui est commémorée aujourd’hui), il a été accusé de trahison. Janani Luwum et deux membres de son cabinet ont été conduits en prison. Le lendemain, leur mort a été annoncée à la radio. Officiellement, ils auraient été victimes d’un accident de la circulation. En réalité, leurs dépouilles ont été retrouvées criblées de balles. Ils ont été exécutés, sans doute sur ordre du dictateur. Une foule s’est aussitôt regroupé spontanément devant la cathédrale Saint-Paul de Kampala. L’archevêque y sera enterré à côté de la tombe de James Hannington, un évêque martyr de 1885. Quelques jours plus tard, quelque 10000 Ougandais se sont réunis à Nairobi où nombre d’entre eux ont trouvé refuge et où s’installera la famille de Janani Luwum.
Cet assassinat fut un tournant de l’histoire du pays. Désormais tout le monde, y compris ses soutiens occidentaux, est convaincu que la chute d’Idi Amin Dada était souhaitable et imminente. le dictateur sanguinaire ne tombera que le 11 avril 1979, suite à une tentative ratée d’envahir la Tanzanie. Il a laissé un pays en ruines et la mémoire de 300 000 morts. Il ne sera jamais jugé, l’Arabie saoudite lui ayant donné refuge jusqu’à la fin de ses jours.
L’Église anglicane a fait de Janani Luwum un saint fêté le 17 février, date anniversaire de son assassinat. Il est enterré dans son village natal de Mucwini. Sa statue figure depuis 1998 en surplomb du portail ouest de l'abbaye de Westminster, à Londres, aux côtés d’autres martyrs chrétiens du XXe siècle. Janani Luwum Day, le 16 février, est un jour férié en Ouganda.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
27 octobre : anniversaire et deuil en Arménie
C’est l' anniversaire de l'intronisation du Catholicos de tous les Arméniens et celui de la fusillade du parlement arménien, survenu le même jour de 1999.
Le 27 octobre, l'Église apostolique arménienne célèbre l' anniversaire de l'intronisation du Catholicos de tous les Arméniens Karekin II. Ce dernier a été élu et intronisé le 27 octobre 1999, à la suite du décès de son prédécesseur Karekin I. Il occupe le siège historique d’Etchmiadzine qui fait figure de Saint-Siège des Arméniens. Mais il existe aussi un catholicos concurrent, à Beyrouth ainsi que deux patriarches qui siègent à Jérusalem et à Istanbul. Ce qui fait de l’Égilse apostolique arménienne, une église quadricéphale.
Hasard du calendrier, le même jour de la même année, un groupe de cinq hommes armés a fait irruption dans le bâtiment de l'Assemblée nationale à Erevan et a abattu huit personnes, dont le Premier ministre Vazgen Sargsyan et la présidente de l'Assemblée nationale Karen Demirchyan, et blessé au moins 30 personnes. Le coup d'État a échoué. Le procès a débuté en février 2001 et le verdict a été rendu en décembre 2003. Les cinq principaux auteurs de la fusillade ont été condamnés à la prison à vie. Trois d’entre eux sont décédés en prison depuis. Le 27 octobre de chaque année, les Arméniens honorent la mémoire des victimes de la fusillade du parlement arménien (Հոկտեմբերի 27). Le 27 octobre 2009, un mémorial a été installé dans le parc de l'Assemblée nationale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 octobre 2021
21 octobre : jour de deuil au Burundi pour un président assassiné
La Journée du président Melchior Ndadaye commémore aussi le putsch qui a renversé le premier président démocratiquement élu au Burundi, en 1993
Les Burundais commémorent chaque année la mort de Melchior Ndadaye, leur premier président élu démocratiquement, en 1993. Pour très peu de temps, car celui-ci a prêté serment le 10 juillet et il a été renversé et assassiné le 21 octobre 1993. Sa mort a déclenché une vague de manifestations à travers le pays, et la tentative de coup d'État a finalement échoué. Cyprien Ntaryamira, un autre homme politique hutu, a succédé à Ndadaye à la présidence, il sera à son tour assassiné en 1994. Pierre Buyoya, un Tutsi, avec le soutien de l'armée, renverse le quatrième président de la Troisième République du Burundi, Sylvestre Ntibantunganya, et reprend le pouvoir en 1996. Il le gardera jusqu’en 2006.
Plusieurs proches de Melchior Ndadaye ont aussi été assassinés ce même 21 octobre 1993 : le président de l’Assemblée nationale et son vice-président Pontien Karibwami et Gilles Bimazubute, le ministre de l’Intérieur Juvénal Ndayikeza et le chef de la Sûreté, Richard Ndikumwami. On se souvient d’eux comme « les martyrs de la démocratie ».
Melchior Ndadaye avait remporté l’élection présidentielle contre le président Buyoya le 1er juin 1993 avec environ 65% des suffrages, et son parti Frodebu avait emporté plus de 80% des sièges. Cet assassinat va engendrer une guerre civile sanglante provocant la mort de plus de 300 000 Burundais.
27 ans plus tard, en 2020, l’ex-président burundais Pierre Buyoya, sera condamné par contumace au Burundi à la prison à perpétuité pour l'assassinat du président Melchior Ndadaye en 1993. Il mourra quelques semaines plus tard du covid-19.
Le 21 octobre est aujourd’hui un jour férié au Burundi. Les cérémonies de la Journée du président Melchior Ndadaye débutent par une messe de requiem en sa mémoire à la cathédrale Regina Mundi, en présence des hautes autorités du pays dont le couple présidentiel, les présidents des deux chambres du parlement, les deux vice-présidents de la République, l’Ombudsman de la République du Burundi, ainsi que les membres du Gouvernement et des hauts cadres de l’État, les hauts cadres du corps de défense et de sécurité, les membres du corps diplomatique et consulaire accrédité au Burundi etc. La cérémonie se poursuit ensuite la place des Martyrs de la démocratie où est inhumé ce héros de la démocratie. Après la lecture de la biographie du président Melchior Ndadaye, le Président de la République accompagné de son épouse, dépose une gerbe de fleurs, en hommage à Melchior Ndadaye et à ses compagnons.