L’Almanach international

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1963, Tunisie, indépendance, 15 octobre Bruno Teissier 1963, Tunisie, indépendance, 15 octobre Bruno Teissier

15 octobre : la Tunisie commémore l’évacuation de Bizerte

Le départ du dernier soldat français le 15 octobre 1963 a été célébré par des milliers de Tunisiens comme l'aboutissement de l'indépendance totale de la Tunisie. Le président de la République, Habib Bourguiba en avait fait aussitôt une fête nationale célébrée chaque année depuis 1964

 

Le départ du dernier soldat français le 15 octobre 1963 a été célébré par des milliers de Tunisiens comme l'aboutissement de l'indépendance totale de la Tunisie. Le président de la République, Habib Bourguiba en avait fait aussitôt une fête nationale célébrée chaque année depuis 1964. En 2024, c’est la 60e édition de la Fête de l’évacuation (عيد الجلاء). Cette célébration colle parfaitement avec le discours du dictateur, le président Kaïs Saïed qui, constamment, explique que l’origine des malheurs de la Tunisie est à chercher à l’étranger.

Cette évacuation est d’abord vue comme une revanche sur ce jour de 1881 où le général français, Aimé Bréart, en provenance de Toulon, débarquait avec 8000 hommes et parvenait à contraindre le Bey de Tunis de signer le traité du Bardo qui ratifiait la fin de l’indépendance du pays.

Dans les accords du 3 juin 1955 sur l'autonomie interne de la Tunisie, prélude à l’indépendance du 20 mars 1956, il était stipulé que la France gardait deux "zones de sécurité" (en fait des bases militaires), une au sud et l’autre à Bizerte, à l'extrême nord du pays. Sous couvert de défendre le passage entre Méditerranée occidentale et orientale, dans un contexte de guerre froide, la France tenait surtout à surveiller une Algérie dont elle n’envisageait pas encore l’indépendance.

Le président Bourguiba, père de l’indépendance, était perçu par ses pairs comme trop pro-occidental, en raison de ses bonnes relations avec les États-Unis. Il voulut infléchir cette réputation en s’attaquant à la présence française à Bizerte, mais la réaction du général de Gaulle fut d’une telle violence face à une armée tunisienne encore très modeste, que la bataille de Bizerte, en juillet 1961, fut un véritable carnage y compris au sein de la population civile : quelque 650 morts et 1560 blessés militaires et civils, contre 25 morts, côté français. Comme beaucoup de victoires militaires basées sur une telle disproportion, la victoire politique ira aux vaincus des armes. La France devra se résoudre à quitter Bizerte deux ans plus tard, la base était, d’ailleurs, devenue bien peu utile à présent que l’Algérie était parvenue à arracher son indépendance.

Le 15 octobre 1963, l’amiral Vivier quittait Bizerte, escorté par deux patrouilleurs tunisiens, Destour et Djamhuriya. Des réjouissances furent organisées, en présence de dirigeants égyptiens et maghrébins, pour fêter la victoire du peuple tunisien et le départ du dernier symbole du colonialisme. Depuis le retrait des troupes françaises du territoire tunisien en 1958, Bourguiba n’avait cessé de revendiquer l’achèvement de la décolonisation par l’évacuation de la base navale.

Ce mardi, le Carré des martyrs, à Bizerte, accueille la cérémonie de commémoration du 61e anniversaire de l'évacuation, en présence du président de la République, Kaïs Saïed. Celui-ci salue le drapeau au son de l'hymne national, après avoir déposé une gerbe de fleurs au pied du mémorial des martyrs et récité la Fatiha. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 octobre 2024

Le cimetière des Martyrs de Bizerte et un timbre commémorant le 20e anniversaire de l'évacuation

 
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1963, 1964, Kenya, indépendance, république, 12 décembre Bruno Teissier 1963, 1964, Kenya, indépendance, république, 12 décembre Bruno Teissier

12 décembre : la fête nationale du Kenya

Le Kenya fête aujourd’hui le 60e anniversaire de son indépendance, obtenue le 12 décembre 1963, mais la fête nationale du Kenya fait d’abord référence à l’adoption, un an plus tard, le 12 décembre 1964 d’un régime républicain, c’est pour cela que le 12 décembre est appelé le Jour de la République (Jamhuri Day).

 

Le Kenya fête aujourd’hui le 60e anniversaire de son indépendance (Uhuru Day), obtenue le 12 décembre 1963, mais la fête nationale du Kenya fait d’abord référence à l’adoption, un an plus tard, d’un régime républicain. Cet anniversaire est appelé le Jour de la République (Sikukuu ya Jamhuri en swahili ou Republic Day).

Le pays était une colonie britannique depuis le XIXe siècle. La lutte pour l’indépendance du Kenya avait commencé après la Seconde Guerre mondiale. L’un des événements les plus importants de cette période a été le soulèvement des Mau Mau qui a débuté en 1952. Le pays a finalement obtenu son autonomie le 1er juin 1963 (jour de Mdaraka), puis l’indépendance le 12 décembre suivant mais tout en demeurant sous la couronne anglaise. Le Kenya a ensuite rompu avec l’ancienne puissance coloniale enlevant une république, avec l'investiture de Jomo Kenyatta comme président le 12 décembre 1964.

Le Jour de Jamhuri est marqué par une grande parade militaire, la Parade des couleurs de l’armée nationale au stade Nyayo qui débute à 11h30, après une inspection des troupes par le président du Kenya, William Ruto, lequel est aussi commandant en chef des armées. Après que la bénédiction des drapeaux par un évêque anglican, un évêque catholique et un Kadhi musulman, le président remet officiellement les couleurs à deux porte-drapeaux. qui les reçoivent à genoux. C’est aussi la journée de distribution de médailles civiles et militaires.

C’est la fête, la journée est fériée et chômée. Les musées et parcs nationaux sont ouverts gratuitement pour l’occasion. C’est aussi le coup d’envoi des fêtes de Noël.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 décembre 2023

 

Uhuru Kenyatta, le président de 2013 à 2022 et fils du premier président du pays, salue les haut gradés avant le défilé militaire de la fête nationale, en 2021 (photo Standard)

Le président William Ruto inspecte la garde d'honneur au stade Nyayo lors des célébrations du 58e Jamhuri Day du Kenya, le 12 décembre 2022.

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1963, États-Unis, Noirs, 28 août Bruno Teissier 1963, États-Unis, Noirs, 28 août Bruno Teissier

28 août : I have a dream...

« I have a dream... » c’est le début d’un discours mythique de Martin Luther King, prononcé, il y a 60 ans, le 28 août 1963, au pied du Mémorial Lincoln, à Washington, devant 250 000 personnes marchant contre les discriminations raciales.

 

« I have a dream... » c’est le début d’un discours mythique de Martin Luther King, prononcé, il y a 60 ans, le 28 août 1963, au pied du Mémorial Lincoln, à Washington, devant 250 000 personnes marchant contre les discriminations raciales.

Il rêvait d'une Amérique où chaque citoyen, qu’il soit blanc ou afro-américain, posséderait les mêmes droits dans la justice et la paix (en 1963, les Noirs américains n’ont toujours pas le droit de vote).

Pour célébrer le cinquantième anniversaire du fameux discours, les États-Unis lui avaient consacré presque une semaine de commémorations, avec des marches, débats, concerts, expositions dans toute la ville. Les cloches des églises s’étaient mises à sonner à travers les États-Unis au moment où Barack Obama, le premier président noir du pays, prononçait un discours depuis les marches du Mémorial Lincoln.

Un demi-siècle après, les États-Unis ont encore bien des progrès à faire en matière d’égalité raciale.

Extrait :

« Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie, les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

Je rêve qu’un jour, même l’État du Mississippi, un État où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.

Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud. » (extrait)

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 août 2023

 
L’année suivante, Martin Luther King recevait le prix Nobel de la Paix.

L’année suivante, Martin Luther King recevait le prix Nobel de la Paix.

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1963, Lesotho, monarchie, 17 juillet Bruno Teissier 1963, Lesotho, monarchie, 17 juillet Bruno Teissier

17 juillet : le roi du Lesotho fête ses 60 ans

Ce jour férié est un moment important pour le peuple Basotho qui apprécie son roi sans pouvoir. L’anniversaire du roi Letsie III, est un moment d'unité et de fierté au royaume du Lesotho. Une occasion d’oublier que ce pays est un des plus pauvres du monde où un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

 

Chaque année, ce jour est férié au Lesotho pour l’anniversaire du roi (King's Birthday). Le roi Letsie III, né le 17 juillet 1963, est un monarque populaire. Il n'a pas de pouvoir exécutif et ne peut pas s'immiscer dans les affaires politiques du royaume. Il est le gardien des traditions. C'est un homme très apprécié au Lesotho, même si certains souhaitent qu'il ait davantage de pouvoir. 

Son arrivée sur le trône a été assez mouvementée. Son père, en 30 ans de règne, Moshoeshoe II a été contraint deux fois à l'exil. À chaque fois, c’est son fils Letsie qui a occupé la fonction royale. Il est monté sur le trône en novembre 1990, alors que le Premier ministre Lekhanya entreprenait une réforme constitutionnelle vidant de ses pouvoirs la fonction royale. En 1992, Moshoeshoe II, revenu d'exil, mais refuse d'occuper une fonction royale qui ne serait qu'honorifique. Letsie III finit pourtant par abdiquer le 25 janvier 1995 en faveur de son père. Mais ce dernier se tue le 15 janvier 1996 dans un accident de voiture. Letsie III monte alors définitivement sur le trône avant d'être couronné officiellement le 31 octobre 1997. La constitution de 1993 dispose que le roi ne peut s'immiscer dans les affaires politiques du royaume.

La tradition de célébrer l'anniversaire du roi au Lesotho a commencé sous le premier monarque du pays, le roi Moshoeshoe I, qui a établi la nation basotho au début du 19e siècle. Au fil des ans, la célébration a évolué pour honorer le monarque régnant actuel.

Le jour de l'anniversaire du roi, les habitants du Lesotho se réunissent pour célébrer leur monarque et exprimer leur loyauté envers la famille royale. La journée est marquée par diverses festivités (spectacles culturels, musique, danse traditionnelle et défilés militaires). La célébration principale a lieu au Palais royal de la capitale Maseru, où le roi Letsie III prononce un discours à la nation. Cette occasion est également l'occasion pour le roi de décerner des honneurs et des récompenses à des citoyens méritants qui ont versé une contribution significative au pays.

En plus des célébrations nationales, les communautés locales du Lesotho célèbrent l'anniversaire du roi à leur manière. Des rassemblements traditionnels de village, connus sous le nom de pitešano, sont organisés pour rassembler les gens afin de célébrer la journée avec de la nourriture, de la musique et de la danse. Il est courant que les familles préparent un festin composé de plats basotho traditionnels comme le papa (bouillie de maïs), le moroho (légumes verts ressemblant à des épinards) et le lepu (tête de mouton bouillie). Ces rassemblements renforcent les liens communautaires et permettent aux gens de partager des histoires et des souvenirs du roi et de la famille royale. Le Lesotho est néanmoins un des pays les plus pauvres de la planète. Plus de 30% de sa population (2,2 millions), majoritairement rurale, vit aujourd’hui avec moins de 1,90 dollar par jour.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1963, Kenya, autonomie, 1er juin Bruno Teissier 1963, Kenya, autonomie, 1er juin Bruno Teissier

1er juin : le Kenya  fête Madaraka Day

Le 1er juin 1963, après 80 ans d’occupation du pays, les Britanniques cédaient le pouvoir (madaraka) aux leaders locaux. C’était le prélude à l’indépendance du Kenya, en décembre de la même année. Chaque année, les autorités organisent une grande fête, pour marquer ce 60e anniversaire, c’est à Embu que le président William Ruto vient fêter ce Madaraka Day.

 

Madaraka, signifie « pouvoir » en swahili. Cette fête rappelle le jour où Londres a cédé le pouvoir à un gouvernement autonome Kenyan. C’était, il y a très exactement 60 ans. Le Kenya était occupé par les Britanniques depuis la fin du XIXe siècle. Le 1er juin 1963, ceux-ci cédaient le pouvoir à la population locale, soit quelques mois avant l’indépendance du 12 décembre 1963 et l’instauration d’une république un an plus tard, avec Jomo Kenyatta comme premier président.

En 1952, le soulèvement des Mau Mau avait donné le signal de la lutte pour contre les colons européens et le gouvernement colonial. À partir de 1956, le soulèvement a été durement réprimé, mais la marche pour l’indépendance était inéluctable. Le Kenya fête cette année son 60e anniversaire.

Si la fête d’indépendance se tient chaque année à Nairobi, le 12 décembre, celle qui commémore l’autonomie du pays, le 1er juin, se déroule dans une ville de province par roulement. Cette décentralisation date seulement de 2017, quelques villes en ont bénéficié. Cette année, pour le jubilé, c’est Embu, dans le centre du pays, qui a été choisie pour ce Madaraka Day. Le stade a été rénové en l’espace de 5 mois pour accueillir quelque 10 000 personnes. Les portes du stade sont ouvertes dès 4 heures du matin, la journée est présidée par William Ruto, le président du Kenya élu en août 2022. Dans le stade, on assiste à un grand défilé des forces vives de la nation, de la musique, des spectacles...

Traditionnellement, l’opposition organiste des festivités pour faire concurrence à celles du président. Le pays est divisé, son prédécesseur Uhuru Kenyatta, dont il était le vice-président l’a lâché pendant la campagne électorale pour faire alliance avec l’opposant, Raila Odinga, qui était candidat pour la 5e fois. Ce dernier n’a toujours pas reconnu la victoire de Wiliam Ruto.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mai 2023

 

Le Jomo Kenyatta International Stadium Kisumu rénové en vue des célébrations du Madaraka Day, le 1er juin 2023 (photo : Collins Odeur, Standard)

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1963, Afrique, 25 mai Bruno Teissier 1963, Afrique, 25 mai Bruno Teissier

25 mai : la journée mondiale de l'Afrique 

La Journée de l'Afrique est célébrée chaque 25 mai en mémoire de la naissance de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), fondée le 25 mai 1963 à Addis Abeba, il y a 60 ans jour pour jour. En 2002, l’OUA a laissé la place à l’UA (l’Union africaine), créée sur le modèle de l’UE, mais le 25 mai a été conservé comme fête de l’Afrique.

 

La Journée de l'Afrique, appelée autrefois Journée de la libération de l'Afrique, est célébrée chaque 25 mai en mémoire de la naissance de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), fondée le 25 mai 1963 à Addis Abeba, il y a 60 ans jour pour jour. En 2002, l’OUA a laissé la place à l’UA (l’Union africaine), créée sur le modèle de l’UE, mais le 25 mai a été conservé comme fête de l’Afrique.

Célébrée partout, y compris en Europe, le 25 mai est un jour férié dans certains États africains (Gambie, Ghana, Guinée, Lesotho, Mali, Mauritanie, Namibie, Zambie, Zimbabwe). Au Lesotho, la date est également connue sous le nom de Journée des héros.

L’OUA, devenue l’UA a été fondée avec 32 pays. L’organisation regroupe aujourd’hui les 55 États du continent quand l’organisation est au complet, ce qui rare. Certains États l’ont quitté pour un temps, ce fut le cas du Maroc de 1984 à 2017, pour protester contre l’admission de la République Sahraoui. D’autres en ont été exclus, généralement à la suite d’un coup d’État. C’est actuellement le cas du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et du Soudan. Ce qui n’empêche pas des dictateurs de présider l’institution. En février 2023, c’est le très controversé Azali Assoumani, le président des Comores, qui a pris la présidence tournante de l'UA, à la suite de Macky Sall, le chef de l'État sénégalais.

Il est prévu une vaste zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) qui doit réunir, en 2025, 1,5 milliard de personnes et devenir le plus grand marché mondial en termes de population. Tous les pays de l'UA, à l'exception de l'Érythrée, y ont adhéré, mais les discussions achoppent sur le calendrier des réductions des droits de douane, notamment pour les pays les moins développés. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Le drapeau de l’Union africaine

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1963, Syrie, 8 mars Bruno Teissier 1963, Syrie, 8 mars Bruno Teissier

8 mars : le régime syrien célèbre 60 ans de pouvoir du parti Baas

Ce jour férié syrien célèbre le coup d’État du 8 mars 1963 qui a permis au parti Baas d’accéder au pouvoir et de s’y maintenir depuis 60 ans. La soi-disant "Révolution du 8 mars" a engendré l’État policier aux pratiques sanguinaires que nous connaissons aujourd’hui.

 

Chaque année, le régime syrien commémore la Révolution du 8 mars (ثورة الثامن من آذار) par un jour férié et des cérémonies très martiales. Le 8 mars 1963, il y a 60 ans, un coup d’État  permettait au Parti socialiste de la résurrection arabe dit Ba’th ou Baas d’accéder au pouvoir à Damas. Cette force politique progressiste à l’époque, à la fois laïque et socialiste, s’est peu à peu laissée déborder par sa branche militaire, aux accents beaucoup plus nationaliste et autoritaire que panarabe et humaniste. À partir de 1970, suite à un nouveau coup d’État, interne au parti celui-là, c’est le général Hafez el-Assad qui a pris le pouvoir. Il l’a conservé d’une main de fer jusqu’à sa mort en 2000. Son fils Bachar el-Assad a pris la suite de la dictature sanguinaire que nous connaissons aujourd’hui à la tête de la Syrie.

« La Révolution du 8 mars, qui a représenté l'une des étapes lumineuses de l'histoire contemporaine de la Syrie et a été le résultat d'une longue lutte pour éradiquer l'injustice, la réaction et l'exploitation. » ainsi s’exprime la propagande du régime qui célèbre tous les ans  la présence du clan Assad à la tête d’un État policier qui règne sur la Syrie depuis plus d’un demi-siècle, au prix de centaines de milliers de morts. Chaque 8 mars, le Grand Conseil du parti rend hommage « aux masses du peuple syrien et aux militants du parti socialiste arabe Baas » comme s’il ne s’était rien passé depuis le 15 mars 2011. De l’idéologie bassiste d’origine, il ne reste plus rien. Le régime n’est plus soutenu idéologiquement que par Téhéran et quelques partis d’extrême droite européens.

Depuis 2022, le 8 mars est également un jour férié officiel dans la zone dirigée par l’Administration autonome du nord et l’est de la Syrie (AANES), autrement dit le Kurdistan syrien, région qui échappe au pouvoir de Damas. Ce n’est pas pour célébrer la pseudo-révolution du 8 mars, mais au titre de la Journée internationale des droits des femmes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Les portraits d’Assad, père et fils brandis par les militaires gardiens du régime

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1963, Allemagne, France, Traité d'amitié, 22 janvier Bruno Teissier 1963, Allemagne, France, Traité d'amitié, 22 janvier Bruno Teissier

22 janvier : Paris et Berlin célèbrent avec modestie 60 ans d'amitié franco-allemande

Chaque 22 janvier, on célèbre une journée franco-allemande en souvenir du Traité de l’Élysée signé entre les deux pays le 22 janvier1963, également connu sous le nom de Traité de l’amitié franco-allemande.

 

Chaque 22 janvier, on célèbre la Journée franco-allemande (Deutsch-Französischer Tag) en souvenir du Traité de l’Élysée signé entre les deux pays le 22 janvier 1963, également connu sous le nom de Traité de l’amitié franco-allemande. Son ambition était d’ancrer la réconciliation entre les deux pays, 18 ans à peine après la guerre, au sein de la société, en particulier par le biais de la culture et des échanges de jeunes. Depuis, pas loin de 10 millions de jeunes Français et Allemands ont participé à ces programmes d’échange.

Le couple franco-allemand, moteur de l’EU, a été beaucoup galvaudé, dénoncé, même fantasmé, car pendant quatre décennies, il a été très souvent un ménage à trois : l’Allemagne s’abritant derrière les blocages des Britanniques pour freiner elle-même les avancés ou la France en appelant aux Anglais pour faire bouger les Allemands. Depuis le Brexit, le vieux couple se retrouve en tête à tête, avec ses hauts et ses bas. Après une période de grâce en 2020/21 : l’Allemagne a accepté de mutualisme les dettes européennes liées à l’épidémie). Aucun autre des petits pays dit frugaux (ou radins) n’a été en mesure de tenir tête au couple franco-allemand. Alors que l’Allemagne était en train de s’habituer à l’idée d’une possible indépendance stratégique de l’Europe, la guerre en Ukraine a rebattu les cartes. L’Allemagne, qui a retrouvé son protecteur américain, est plus que jamais tentée de faire cavalier seul… Après ses hauts et ses bas, la coopération franco-allemande demeure le moteur de l’Europe.

Le 22 janvier 1963, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont signé le traité de l‘Élysée, l’acte de naissance notamment de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ).  Mais, c’est 40 ans plus tard, en 2003, Jacques Chirac et Gerhard Schröder ont lancé la première Journée franco-allemande, le 22 janvier. Ce même jour, en 2019, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont renforcé la coopération étroite entre les deux pays, avec le traité d’Aix-la-Chapelle et décidé, entre autres, de fonder le Fonds citoyen franco-allemand. Ce 22 janvier 2023 marque le 60e anniversaire de la signature du traité de l'Élysée, il n’est pas prévu de grandes avancées à cette occasion, le contexte bilatéral, comme international, n’étant pas optimum. Le sommet franco-allemand qui devait avoir lieu en octobre 2021 a été annulé, faute d’accord entre les deux parties. Dispute de vieux couple qui ne divorcera jamais ?

Si sur le plan économique et stratégique, les deux capitales ont toujours un peu de mal à s’accorder, en revanche sur le plan symbolique le couple franco-allemand fonctionne bien. Le projet « Kultur Ensemble », né du traité franco allemand d’Aix la Chapelle (22 janvier 2019), prévoit la création, sur le modèle de l’Institut franco allemand de Ramallah (Palestine), de huit instituts culturels franco allemands (ICFA) : Le premier institut a été inauguré en juin 2021 à Palerme, en Sicile, où il accueille des artistes en résidence. À Bichkek (Kirghizistan), un bureau culturel commun a été mis en place en novembre 2021, et, à Erbil (Irak), l’installation des activités culturelles franco allemandes sur le site de la citadelle, monument historique classé à l’Unesco, est prévue en 2023.

On pourra lire : Ces Allemands qui font la France, Trois siècles d’immigration allemande en France, par Christine Ramel et Bruno Teissier

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Timbre français émis il y a 10 ans, à l’occasion du 50e anniversaire du traité de l’Élysée.

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1963, Togo, assassinat, Coup d'état militaire Bruno Teissier 1963, Togo, assassinat, Coup d'état militaire Bruno Teissier

13 janvier : il y a 60 ans, Sylvanus Olympio était le premier président africain renversé et assassiné

Journée de deuil et de colère au Togo, le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. La victime est Sylvanus Olympio, président du Togo de 1961 à 1963, exécuté dans des circonstances troubles. Une affaire qui n’a jamais été élucidée. Les opposants au régime Gnassingbé profitent de cet anniversaire pour dénoncer une nouvelle fois la dictature familiale qui règne sur le Togo depuis 57 ans. Pendant plus de quatre décennies le 13 janvier a été un jour férié à la gloire du régime.

 

Le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. Le premier d’une longue série qui ne s’arrête pas. La victime en a été le président du Togo, Sylvanus Olympio, mort dans des circonstances étranges le 13 janvier 1963. Des soldats qui avaient combattu en Algérie étaient venus le chercher à son domicile où ils ne trouvèrent que son épouse. Le président leur avait refusé une intégration dans l’armée togolaise. On raconte qu’ils étaient venus pour se venger. Olympio, caché, leur échappa et parvient à se réfugier dans un véhicule garé dans l’enceinte de l’ambassade américaine qui jouxte sa résidence. Le lendemain tôt le matin, le 13 janvier 1963, les soldats sont revenus on extrait le président togolais de l’ambassade des États-Unis, qui n’était pas surveillée, pour l’exécuter devant le portail… selon la version officielle.

En vérité, on ignore tous les détails du déroulé des faits et de l’identité des commanditaires supposés. La famille demande toujours d’avoir accès aux archives officielles de la France qui restent inaccessibles à ce jour. On s’explique mal, également, pourquoi les États-Unis ne l’ont pas protégé, alors que Sylvanus Olympio, en froid avec Paris était au contraire en très bons termes avec Washington. Les documents du Département d’État sur cette affaire ne sont déclassifiés qu’au compte-gouttes…

Le gouvernement français avait tout intérêt à sa disparition, on lui prêtait l’intention de quitter la zone du franc CFA et de se rapprocher du monde anglo-saxon. Sylvanus Olympio avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Il parlait allemand, anglais, français, portugais, yorouba. Pour le président De Gaulle et Jacques Foccart, son conseiller aux affaires africaines, ce dirigeant africain apparaissait comme totalement indomptable. N’avait-il pas déclaré à l’AFP juste après l’indépendance du Togo : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. » ?

Sylvanus Olympio qui avait instauré un régime à parti unique avait été élu président en 1961 sans aucun adversaire. Plusieurs de ses opposants croupissaient en prison. Après son assassinat on a eu vite fait d’annoncer la mort d’un tyran. Certes, Olympio avait trahi la démocratie mais il avait une légitimité historique. En 1946, ce militant indépendantiste avait élu député et président pour 5 ans de la première assemblée représentative du Togo, après que son parti (le CUT Comité pour l’Unité Togolaise) a remporté la très grande majorité des sièges. En 1958, il est nommé premier ministre d’un Togo autonome, en attendant l’indépendance obtenue le 27 avril 1960.

Parmi les soldats venus le déloger et l’éliminer, figurait le sergent Étienne Eyadéma Gnassingbé. Il revendiquera son assassinat devant des journalistes français, puis se rétractera en 1992. Il est vrai qu’entre-temps, il était devenu président du Togo en renversant le successeur d’Olympio (1967). Eyadéma Gnassingbé restera 28 ans au pouvoir (jusqu’à sa mort en 2005) à la tête d’un régime de terreur qui aura malgré tout le soutient constant de la France. Son successeur n’est autre que son propre fils, Faure Gnassingbé qui se maintient au pouvoir jusqu’à aujourd’hui, de manière tout aussi autoritaire. La famille Gnassingbé règne en effet sur le pays depuis 1967.

Eyadéma Gnassingbé avait fait du 13 janvier un jour férié et chômé et décrété une Fête de libération nationale. Célébrée jusqu’en 2013, elle faisait l’objet d’un grandiose défilé civilo-militaire auquel assistaient plusieurs délégations étrangères dont la France et les États-Unis. Pour la famille Olympio et les adversaires politiques du clan Gnassingbé, le 13 janvier est un jour de deuil et de manifestations de protestation contre la dictature.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Ce timbre togolais est daté de l’indépendance, il n’était alors que Premier ministre

Ce timbre commémore une visite à Washington juste avant une rencontre avec le président De Gaulle, ce qui a beaucoup irrité Paris.

En 2012, la poste togolaise illustre les relations avec les présidents français successifs. On voit Eyadéma Gnassingbé avec De Gaulle, Mitterrand ainsi que Chirac et Faure Gnassingbé avec Sarkozy.

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1963, Maroc, monarchie Bruno Teissier 1963, Maroc, monarchie Bruno Teissier

21 août : fête de la jeunesse au Maroc

Mohammed VI, roi du Maroc fête son 59e anniversaire. Il est monté sur le trône le 30 juillet 1999. La journée est fériée et prétexte à une fête de la jeunesse. M6, un symbole pour la jeunesse marocaine ?

 

Mohammed VI, roi du Maroc fête son 59e anniversaire. Il est monté sur le trône le 30 juillet 1999. Ce 21 août est férié et prétexte à une Fête de la jeunesse (عيد الشباب). M6, un symbole pour la jeunesse marocaine ?

L'image du roi jeune et dynamique des années 2000 appartient aujourd'hui à un passé lointain !

Le Maroc est totalement tributaire de son roi pour fonctionner. Quand il est absent, comme c’est fréquemment le cas ces derniers temps, pour raison de santé, le pays avance au ralenti, voire peut être paralysé. Une situation qui laisse transparaitre la grande faiblesse des institutions marocaines. En ce jour de fête de la jeunesse, les regards de beaucoup se tournent vers le jeune prince, Moulay El Hassan, âgé de 19 ans, dont on attend avec impatience la majorité pour que le roi actuel lui cède le trône.

Dans notre catalogue : Géopolitique du Maroc par Kader Abderrahim

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Le roi Mohamed VI et son fils aîné, le prince héritier Moulay el Hassan

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1908, 1963, Inde, 30 octobre, héros national Bruno Teissier 1908, 1963, Inde, 30 octobre, héros national Bruno Teissier

30 octobre : l'anniversaire d'un chef charismatique dans le sud de l'Inde

Dans le sud du Tamil Nadu, en Inde, on célèbre Thevar Jayanthi : l'anniversaire de Pasumpon Muthuramalinga Thevar, le chef charismatique des Thevar

 

Dans le sud du Tamil Nadu, en Inde, on célèbre Thevar Jayanthi (ou Guru Pooja), chaque 30 octobre :  l'anniversaire de  Pasumpon Muthuramalinga Thevar, le chef charismatique des Thevar, une communauté de l’Inde du sud, appelée aussi Mukkulathor. Beaucoup sont de petits agriculteurs ou des ouvriers agricoles. Les Thevar ont reçu le statut de Backward Class (BC), basse caste. Cette fête leur permet de retrouver leur fierté. 

Muthuramalingam Thevar, dit Pasumpon a été syndicaliste et député, il a milité au sein du parti du Congrès, soutenant Bose plutôt que Gandhi, en 1939. On lui doit toutefois, la même année, l’abrogation d’une loi qui interdisait aux dalits (hors caste) de pénétrer dans les temples hindous.

Pasumpon Muthuramalingam Thevar était une figure importante de la politique du Tamil Nadu au XXe siècle. Il est né le 30 octobre 1908 à Pasumpon, au Tamil Nadu, dans le district de Ramnad. Il était socialiste et collègue de Subhash Chandra Bose. Il a été vice-président national du All India Forward Bloc (AIFB) à partir de 1952. Il a été élu trois fois à la circonscription parlementaire nationale. Il est décédé à Thirunagar, Madurai, le 30 octobre 1963. Le fait que la date de naissance et la date de mort de Thevar soient les mêmes a été interprété comme un signe de pouvoirs surnaturels.

Thevar repose dans son village natal de Pasumpon. Les principales célébrations de Thevar Jayanthi ont lieu dans son samadhi, situé à environ 80 km de Madurai.

Cette année, à nouveau, comme en 2020, en raison du coronavirus, seuls les représentants des partis politiques et les dirigeants communautaires ont été autorisés à visiter le mémorial. D’ordinaire, c’est une foule considérable qui se presse dans son mausolée, pendant trois jours, dès le 28 octobre, nécessitant la présence de quelque 20 000 policiers.

Bien que basse caste, les Mukkulathors revendiquent toujours une descendance des familles royales Chera, Chola et Pandyars et mettent les dalits à l’écart, car hors caste. Cette caste de petits propriétaires terriens Mukkulathor ou Thevar comprend les sous-castes des communautés Kallar, Agamudayar et Maravar. Beaucoup de dalits travaillent comme ouvriers agricoles sur les terres appartenant aux Mukkulathor qui les tiennent toujours à l’écart. Ce qui provoque encore des violences comme dans les années 1980-90 où elles ont fait de nombreux morts, notamment pendant les trois journées du Thevar Jayanthi.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 octobre 2021

 

Le ministre en chef Edappadi Palanisamye et le député Staline au mausolée de Thevar

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1963, Chine, Tourisme Bruno Teissier 1963, Chine, Tourisme Bruno Teissier

5 janvier : le festival de sculptures sur glace et de neige de Harbin

Le Festival de Harbin existe depuis 1963. C’est l’un des quatre événements majeurs dans le domaine, avec le Festival de la Neige, à Sapporo au Japon, le Carnaval d'Hiver, à Québec, et le Festival du Ski en Norvège.

 

Harbin est une ville du nord de la Chine au climat très froid en hiver. La température moyenne en janvier est de −16,8 et elle descend fréquement en dessous de –30. Le festival débute, chaque année, le 5 janvier. Cependant, si la température le permet, les attractions ouvrent souvent leurs portes avant le début officiel. Le style des sculptures sur glace sont issues du folklore chinois, mais un certain nombre d’entre elles font appels à l’esthétique russe, comme des églises orthodoxes, héritage de la présence d’une importante colonie russe, jadis, dans la région. D’autres encore, singent Las Vegas… Chaque année, un thème précis est donné afin de guider des sculpteurs venus du monde entier et offrir une histoire cohérente aux visiteurs. Tailler dans d’immenses blocs de glace, des visages, des monuments, des scènes et des histoires prennent forme pour le plus grand plaisir des touristes.

Le Festival de Harbin ( 哈尔滨国际冰雪节 ) existe depuis 1963. C’est l’un des quatre événements majeurs dans le domaine, avec le Festival de la Neige, à Sapporo au Japon, le Carnaval d'Hiver, à Québec, et le Festival du Ski en Norvège.

 
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