L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
22 décembre : la célébration des premiers colons nord-américains
La ville américaine de Plymouth, dans le Massachusetts, commémore le débarquement, en 1620, des premiers colons qui, bien plus tard, seront appelés les Pères pèlerins. C’est l’un des mythes fondateurs de l’Amérique qui est rejoué chaque 22 décembre à Plymouth, une fête est en lien direct avec Thanksgiving.
La ville américaine de Plymouth, dans le Massachusetts, commémore chaque 22 novembre le débarquement, en 1620, des premiers colons qui, bien plus tard, seront appelés les Pères pèlerins (Pilgrim fathers). Cette fête, célébrée pour la première fois en 1769, est connue comme la fête des ancêtres (Forefathers' Day). Cette commémoration annuelle a un retentissement dans tout le pays car, par tradition, ces premiers colons européens considérés comme les premiers « Américains ».
Comment s’étonner du poids de la religion aux États-Unis, quand on sait que des fondamentalistes protestants sont considérés comme à l’origine de la future fédération. Ce groupe de puritains anglais s’était d’abord réfugié aux Provinces-Unies (Pays-Bas), avant de se lancer dans une traversée de l’Atlantique dans le seul but de conserver son intégrité religieuse sur une terre que l’on disait vierge. Ils étaient guidés par une stricte observance de la foi et du culte calviniste, la vie communautaire basée sur la discipline et une morale des plus austère. Même s’ils ont été précédés par les Français, des Espagnols et même des Anglais, plus au nord, ou plus au sud, ils sont sans doute à l’origine de la première colonie européenne d’Amérique du Nord, du moins celle dont on a gardé la mémoire car ils ont su affronter le terrible hiver nord-américain.
Le folklore états-unien a popularisé le nom de leur vaisseau, le Mayflower. Après un voyage de deux mois, le navire jeta l'ancre à Cape Cod, dans ce qui est aujourd'hui le port de Provincetown. Comme ils n'avaient pas d’autorisation pour s'installer dans cette zone, les colons explorèrent la région et décidèrent de s'installer dans ce qui est aujourd’hui le port de Plymouth. Un premier groupe a débarqué sur le site de Plymouth le 21 décembre 1620. Après une erreur de conversion de calendrier, la commémoration annuelle avait été fixée au 22 décembre. Cette date, ancrée dans la tradition, a été conservée après la découverte de l’erreur historique.
La célébration, organisée par le Old Colony Club, commence tôt le matin. Les membres du club marchent jusqu'au sommet de Cole's Hill (un monument situé en face de Plymouth Rock), lisent une proclamation en l'honneur des Pères pèlerins et tirent le canon du club. La veille ou le lendemain, la Société du Mayflower qui regroupe les descendant du Mayflower, Organise un dîner où l’on sert le succotash est un plat composé de maïs sucré et de haricots que l’on pense avoir été consommé par les Aïeux que l’on célèbre ce jour.
C’est l’un des mythes fondateurs de l’Amérique qui est rejoué chaque 22 décembre à Plymouth. Cette fête est en lien direct avec Thanksgiving qui, avant de devenir une fête commerciale, était une célébration de la première récolte, synonyme de survie, et donc juste le fait que l’on va passer l’hiver. Dans ce récit, il n’y a guère de place faite aux autochtones qui évoluaient hors du monde chrétien, ce qui ne leur donnaient aucune existence réelle aux yeux des colons.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 décembre 2024
Le Débarquement des pèlerins, une œuvre de Charles Lucy
21 décembre : la Saint-Thomas inaugure le temps de Noël
Plusieurs pays ont conservé les traditions populaires de la Saint-Thomas qui marque le début du temps de Noël.
Ce jour est le plus court de l’année, il était connu jadis comme la Saint-Thomas. En 1969, l’Église catholique a déplacé la Saint-Thomas au 3 juillet (date de la translation de ses reliques à Édesse), mais de nombreuses Églises occidentales ont conservé la date du 21 décembre qui avait été fixé au IXe siècle et qui commémore son martyre. C’est le cas des catholiques espagnols ou des luthériens allemands, pour eux la période de Noël commence aujourd’hui.
Dans certains pays, la tradition était de se lever tôt et d’arriver à l'école ou au travail plus tôt que d’habitude. En Angleterre et en Belgique, les élèves se précipitaient à l'école pour arriver avant les enseignants et verrouiller la porte pour échapper à leur cours. En Allemagne et aux Pays-Bas, les enfants qui étaient les derniers à arriver à l'école étaient surnommés Domesesel (« âne de Thomas »).
En Autriche, les anciennes coutumes païennes associées au solstice d'hiver se confondaient avec la célébration de la Saint-Thomas. Les gens sonnaient des cloches ou faisaient d'autres bruits pour chasser les mauvais esprits . Il était également de coutume pour le chef de famille de traverser la maison en l’aspergeant d'eau bénite, en brûlant de l'encens et en priant pour protéger le reste de la famille. Des coutumes similaires existaient en Allemagne et en Tchéquie. Elles sont liées aux l’angoisses générées par cette période hivernale héritée de l’antique Yule.
Dans les pays nordiques, la Saint-Thomas est considérée comme le premier jour de la saison de Noël . Tous les préparatifs de Noël, de la coupe du bois de chauffage au brassage de la bière, devaient avoir été terminés avant le 21 décembre. La tradition n'est plus respectée aussi strictement, mais le marché de Noël d'Helsinki sur la place du Sénat est toujours appelé le marché de Saint-Thomas (Tuomaan Markkinat), même si aujourd’hui, il commence bien avant la Saint-Thomas.
En Angleterre, c'était un jour de charité, quand les pauvres femmes allaient mendier de porte en porte, on appelait cela un Thomasing. Le 21 décembre était le jour où le blé était cuit et distribué aux pauvres. La tradition s’est perdue au début du XXe siècle.
Thomas figure parmi les apôtres de Jésus. Il est connu comme celui qui a douté de sa résurrection. Ainsi, il est invoqué par les personnes qui doutent.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 décembre 2024
Le marché de Saint-Thomas à Helsinki
20 décembre : la fête d'Ezid, célébration yézidie
La fête d'Ezid est une fête des Kurdes adeptes du yésidisme. Comme beaucoup de célébrations qui ont lieu à cette période de l’année, elle est liée au solstice d’hiver.
La plupart des religions ont une fête liée au solstice d’hiver (Noël, Yule, Hanoucca…), pour les Yézidis, c’est la fête d'Ezid (Cejna Êzîd ou Eyda Êzîd), ce vendredi 20 novembre 2024. Cette fête mobile pour le calendrier grégorien, tombe le dernier vendredi avant le 21 décembre.
Sultan Êzîd est une figure religieuse importante pour les Kurdes adeptes du yézidisme. Il est considérée comme la manifestation terrestre de Dieu. Les historiens font remonter le nom de cette figure divine au calife ommeyade Yazid 1er . Un mouvement pro-ommeyade particulièrement favorable à Yazid existait dans les montagnes kurdes avant le XIIe siècle, lorsque Cheikh Adi, un soufi d'origine omeyyade s'y est installé et a attiré des adeptes. Ces derniers ont été appelés les Yazidi ou Yézidis. Aujourd’hui, la protection de Cheikh Adi est très importante dans l'existence des Yézidis et son tombeau est un lieu de pèlerinage dans le temple de Lalish .
Toutes les fêtes yézidies commence par un jeûne de trois jours. Celui-ci commence mardi matin - avant le lever du soleil et dure jusqu'au coucher du soleil. Le quatrième jour, qui tombe vendredi, commence la fête. Les gens installent de grandes tables, se rendent visite et se félicitent.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 décembre 2024
19 décembre : Goa fête sa libération
La journée est fériée dans l’État indien de Goa, elle commémore la prise par l’armée indienne, de ce petit territoire, portugais depuis quatre siècles et demi. Goa est le 25e État de l'Inde depuis 1987.
L’opération de l’armée indienne n’a duré que 36 heures, on déplora tout de même une cinquantaine de victimes due à un début de résistance des 3000 marins portugais face aux 30 000 hommes déployés par New Delhi. Le 19 décembre 1961, les Indiens investissaient la dernière colonie européenne établie sur son territoire, 14 ans après sa propre libération des Anglais. Ainsi était mis fin à 451 ans d’occupation portugaise, l’une des plus longues de l’histoire. Les Portugais sont arrivés sur les côtes indiennes en 1498 et s’établirent à Goa en 1510. Pour le Portugal c’était le début de la fin de l’empire, l'invasion de Goa (ou sa « libération », selon les points de vue) a eu un certain retentissement dans les colonies africaines où des maquis commençaient à s’organiser. En 2011, les autorités indiennes ont entrepris la construction d’un mémorial dédié aux victimes cette opération baptisée Vijay (विजय : « victoire », en hindi).
Le Jour de la libération de Goa, Daman et Diu (Dia da libertação de Goa, गोवा मुक्ति दिवस) est férié dans l’État de Goa. Un défilé aux flambeaux, organisé à partir de trois endroits différents de Goa, aboutit à l’Azad Maidan, lieu où les participants rendent hommage aux combattants de la liberté. Pour la première fois sera aussi organisé un marathon avec pour slogan Green miles Clean Goa.
Le territoire de l'Union de Goa, Daman et Diu sera annexé à l’Union indienne. En 1967, la question de savoir si l'État devait fusionner avec le Maharashtra a été résolue par un plébiscite au cours duquel la majorité du peuple de Goa a voté contre une fusion. Il est resté un territoire de l'Union jusqu'en 1987, date à laquelle il a obtenu le statut d'État. Goa est devenu le 25e État de l'Inde, alors que Daman et Diu (deux enclaves situées dans l’État du Gujerat) continuent d'être des territoires de l'Union. Goa est aujourd’hui l’un des États plus riches par habitant.
Les relations entre le Portugal et l'Inde ne seront normalisées qu'après la révolution du 25 avril 1974. Salazar, le dictateur portugais avait demandé à ses troupes de combattre jusqu’à la mort : « Je ne prévois pas la possibilité d'une trêve ni de prisonniers portugais » avait-il demandé. Le général Vassalo e Silva a donc désobéi aux ordres qui exigeaient le sacrifice de ses hommes. Environ 3 000 soldats portugais sont faits prisonniers et finalement libérés au bout de six mois. Un accueil glacial les attendra à Lisbonne et beaucoup seront punis pour avoir désobéi aux ordres. Le gouverneur Vassalo e Silva sera traduit devant un tribunal militaire et expulsé de l'armée. Après 1974, il fera une visite officielle à Goa, où il sera chaleureusement accueilli.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 décembre 2024
Timbre de la poste indienne émis en 2011, pour le 50e anniversaire de la libération de Goa
Le mémorial de guerre du navire de la marine indienne Gomantak construit à la mémoire de sept jeunes marins courageux et d'autres membres du personnel qui ont donné leur vie le 19 décembre 1961, lors de l’opération Vijay entreprise par la marine indienne pour la libération de l'île d'Anjadiv et des territoires de Goa, Daman et Diu de la domination portugaise.
18 décembre : le Niger fête sa république, pas sa démocratie perdue
Le 18 décembre n’est plus la fête nationale du Niger, mais demeure un jour férié important, c’est le Jour de la république. Il commémore la fondation de la république en 1958, sous tutelle française. Depuis le coup d’État militaire de juillet 2023, la république du Niger n’est plus une démocratie.
Depuis l’an dernier, le 18 décembre n’est plus la fête nationale du Niger, laquelle a retrouvé sa date du 3 août, qui marque l’anniversaire de l’indépendance, comme c’était le cas avant 2006. Le 18 décembre demeure un jour férié important, c’est le Jour de la république. Il commémore la fondation de la république en 1958, alors que le pays était encore sous tutelle française. C’est dans cette république semi-autonome, au sein de la Communauté française, que Hamani Diori est devenu le président du gouvernement provisoire du pays. Lorsque le Niger obtiendra son indépendance totale de la France en 1960, Diori sera élu premier président de la République du Niger.
Lors de cette fête, les bureaux du gouvernement et de nombreuses entreprises sont fermés. La fête de la République est célébrée par des discours publics, des cérémonies officielles, des événements culturels, etc. Chaque année, l'une des capitales régionales est choisie pour abriter les festivités pendant au moins dix jours. Chacune arborant une dénomination particulière, de Dosso Sogha, en passant par Diffa N’Glaa, Zinder Saboua, Tillabéry Tchandalo ou Tahoua Sakola.
Comme il est d’usage, le chef de l’État, président du CNSP, le général de brigade Abdourahamane Tiani et dirigeant putschiste du Niger, s’est adressé hier à la nation à l’occasion du 66e anniversaire de la Proclamation de la République du Niger. Le CNSP, Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, est la junte militaire qui a pris le pouvoir au Niger à la suite du coup d'État du 26 juillet 2023. Lequel a suspendu le fonctionnement de la république en renversant un président élu démocratiquement, Mohamed Bazoum, pour le remplacer par une junte militaire. Depuis, plusieurs institutions qui maintenaient l’État de droit ont été supprimées, comme la Cour de cassation, le Conseil d’État, la Cour des comptes, la Commission nationale des droits de l’homme et le médiateur de la République… Les activités des partis politiques ont été suspendues et plus d’une trentaine de détentions arbitraires ont été recensées par Amnesty International. La république du Niger n’est plus une démocratie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 décembre 2024
17 décembre : la journée du drapeau kurde
Au Kurdistan irakien, on célèbre chaque 17 décembre un drapeau qui a accompagné un siècle de lutte des Kurdes de Turquie, d’Iran, d’Irak et de Syrie. Il reprend les couleurs pan iraniennes que l’on retrouve aussi sur les drapeaux de l’Iran et du Tadjikistan.
Au Kurdistan irakien, le 17 décembre est la Journée du drapeau kurde (Roja Ala Kurdî) (ڕۆژی ئاڵای کورد), celui qui a été adopté en 1992 par le Kurdistan du Sud qui vit dans une situation d’autonomie de fait, au nord de l’Irak.
La date retenue, en 1999, pour cette célébration annuelle est l’anniversaire du 17 décembre 1946, lorsque ce drapeau a été utilisé pour la première fois par une éphémère république du Kurdistan fondée au nord-ouest de l’Iran, appelée aussi République de Mahabad, nom de sa capitale. Fondée en janvier 1946, elle a disparu en décembre de la même année écrasée par l’armée iranienne, appuyée par les États-Unis.
Ce drapeau, toutefois, est bien plus ancien, il a été créé en 1919 à Istanbul par la Société pour l'essor du Kurdistan (CTK) et arboré à Paris lors de la conférence de Paix, en 1920, par les premiers dirigeants du mouvement nationaliste kurde. La première fois qu’il fut brandi au Kurdistan, c'était au début du mois de mars 1921 , lorsque Elişer et Nuri Dêrsimi l’ont hissé à Emraniya Dêrsim, sur la montagne Koçgir, peuplée de Kurde.
Ce drapeau, connu sous le nom d’Ala Rengîn (drapeau coloré), fut aussi celui d’une république kurde de l’Ararat, fondée en octobre 1927 aux confins de la Turquie et de l’Arménie, par Khoyboun (Xoybûn), une organisation kurde créée au Liban. Mais, cet État, imaginé lors du soulèvement kurde des années 1926-1930, n’a pas eu le temps de s’organiser.
Ce drapeau reprend les couleurs pan iraniennes que l’on retrouve aussi sur les drapeaux de l’Iran et du Tadjikistan. Leur origine remonte à l’antique Empire achéménide qui dominait la région plusieurs siècles avant J.-C. Le rouge était la couleur de la noblesse, la valeur militaire, le sang du sacrifice pour une noble cause. Celle des martyrs de la cause kurde, telle qu’elle est interprétée aujourd’hui. Le blanc est symbole de pureté morale, de spiritualité ; les Kurdes en ont fait le symbole de l’égalité et de la paix à laquelle ils aspirent depuis un siècle. Le vert, symbolise la nature, la prospérité, la jeunesse. Le vert des paysages du pays des Kurdes, affirment ces derniers. Quant au soleil jaune avec ses 21 rayons, c’est un symbole commun aux traditions religieuses autochtones kurdes yazdaniennes : le yézidisme, le yarsanisme, l'alévisme… Les 21 rayons sont également très souvent associés au 21 mars, qui est la date du Newroz kurde.
Le drapeau kurde du Rojava (région kurde du nord-est de la Syrie), ne présente pas de soleil, mais un drapeau jaune, rouge et vert, en bandes horizontales. Cependant, le Mouvement pour une société démocratique (TEV-DEM) qui contrôle la région a un soleil jaune et ses 21 rayons pour emblème. Depuis quelques jours, les Kurdes du Rojava ont toutefois hissé le nouveau drapeau syrien, en signe d’allégeance.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 décembre 2024
Des élèves de l'école internationale Sarwaran, au Kurdistan irakien célèbrent la Journée du drapeau kurde.
16 décembre : le Kazakhstan affirme son indépendance
Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre. Aujourd’hui, le Kazakstan revisite sa longue période d’occupation russe puis soviétique et prend nettement ses distances avec Moscou.
Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre avant sa dissolution. Comme la plupart des républiques soviétiques, elle avait déclaré sa souveraineté dès le 25 octobre 1990, un jour dont l’anniversaire sert de fête nationale. Le 16 décembre n’en est pas moins une date importante car le Jour de l’indépendance (Тәуелсіздік күні) est tout de même gratifié de deux jours fériés, les festivités se prolongeant le 17 décembre.
Le Kazakhstan est resté longtemps proche de Moscou, au point l’appeler à l’aide lors des émeutes de janvier 2022. Les Russes avait aidé à rétablir l’ordre et Noursoultan Nazarbaïev, le président qui était arrivé à la tête du pays avant l’indépendance et qui s’était incrusté au pouvoir pendant près de trois décennies, avait été mis à l’écart. L’agression de l’Ukraine par la Russie va refroidir le Kazakhstan qui, depuis, prend ses distances, préférant décliner l’invitation de Moscou à intégrer les Brics.
Le 16 décembre est chaque année l’occasion pour les nationalistes, qui ont le vent en poupe, de dénoncer le colonialisme russe de jadis, la terrible famine de 1932 et la répression politique à l’époque soviétique, notamment celle l’insurrection de décembre 1986 dont le souvenir est réactivé par la coïncidence des dates d’anniversaire. Le 16 décembre 1986, le secrétaire général du PC kazakh, Guennadj Kolbin, prenait ses fonctions. Ce Russe parachuté par Moscou remplaçait Kunaev, un Kazakh, corrompu mais populaire. Cette nomination a provoqué les émeutes dites de Jeloqsan (décembre en langue kazakhe), violemment réprimées, mais perçue a posteriori comme le début de la renaissance kazakhe, d’où l’importance donnée aujourd’hui à ce double anniversaire du 16 décembre.
La météo annonçait des tempêtes et des chutes de neige pour ces deux jours fériés, la saison n’est jamais propice aux festivités en plein air. Dans les villages, on construit des yourtes y faire la fête. À Astana, la capitale, une grande réception est organisée au Palais présidentiel lors de laquelle le président Kassym-Jomart Tokaïev distribue médailles et décorations aux citoyens méritants. Pour l’occasion, beaucoup d’invités ont revêtu des costumes traditionnels.
À Almaty, ce 16 décembre, une cérémonie de dépôt de couronnes a lieu au monument de l'Indépendance sur la place de la République (ancienne place Brejnev). L'événement réunit des représentants du conseil des anciens combattants, de l'administration municipale, des organismes publics, des associations ethnoculturelles et des participants de l'événement de décembre 1986.
Le 17 décembre, des couronnes de fleurs seront déposées devant le monument « L'aube de l'indépendance », célébrant le 38e anniversaire de l'événement de décembre 1986. L’assistance marquera une minute de silence en souvenir des morts de la répression et les représentants religieux réciteront des versets du Coran.
Toute la semaine dernière, des concerts et des conférences ont été donnés. Dans un des principaux lycées de la ville, une réunion intitulée "Mes grands-pères aspiraient à l'indépendance », s’adressait aux lycéens. Tout un passé de lutte nationale et anticoloniale est en train de se construire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 décembre 2024
15 décembre : le culte au 2e amendement en Caroline du sud
Le Jour du 2e amendement est une journée de propagande observée dans certains États américains dont la Caroline du Sud, destinée à inculquer aux citoyens le droit de détenir et de porter des armes, protégé par le Deuxième amendement de la Constitution des États-Unis. Elle vise principalement les écoliers et lycéens par le biais programmes scolaires.
Le Jour du 2e amendement est une journée de propagande observée dans certains États américains dont la Caroline du Sud, destinée à inculquer aux citoyens le droit de détenir et de porter des armes, protégé par le Deuxième amendement de la Constitution des États-Unis. Elle vise principalement les écoliers et lycéens par le biais programmes scolaires, en s’appuyant sur le Second Amendment Education Act. En Caroline du Sud, le Jour du deuxième amendement (2nd Amendment Day) a été fixé le 15 décembre, jour anniversaire de sa ratification. La date est différente dans d’autres États.
Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis a été ratifié le 15 décembre 1791, en même temps que neuf autres articles de la Déclaration des droits. Il est rédigé ainsi « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit des citoyens de détenir et de porter des armes ne sera pas violé »
C'était une réponse aux inquiétudes issues de la convention de ratification de la Constitution de Virginie, selon lesquelles une milice contrôlée uniquement par le gouvernement fédéral ne serait probablement pas opérationnelle pour protéger les propriétaires d'esclaves d'une révolte d'esclaves. C’est James Madison, futur quatrième président américain, lui-même planteur et propriétaire de centaines d’esclaves, qui a rédigé cet amendement pour apaiser les inquiétudes de la Virginie où, à l’époque, les esclaves représentait plus de 40% de la population, et tous les anti-fédéralistes qui craignaient par-dessus tout de perdre le contrôle de la masse des esclaves africains qu’ils avaient importés pour travailler à leur place.
On instituait ainsi le droit de tous les citoyens de porter une arme. Sachant que les Noirs ne seront pas citoyens avant 1967, cet amendement a été perçu à l’époque comme une garantie de la pérennité du système raciste sur lequel se bâtissait le pays. La Caroline du Nord était jadis un des États qui défendait l’esclavage. Même devenus citoyens, les Noirs y ont eu le plus grand mal à se voir reconnu le droit de porter eux-mêmes une arme.
L’esclavage a fini par être aboli, mais le culte autour du 2e amendement a persisté. Il est basé sur la croyance qu’en armant la population, on assure sa sécurité. Ce dogme est totalement démenti par les statistiques de mort par arme à feu. De ce point de vue la Caroline du Nord est un État dans la moyenne états-unienne. Son taux de décès par armes à feu pour 100 000 habitants est de 16 (en 2023) contre 34 au Mississippi ou 29 en Louisiane, mais bien loin du tau du Massachusetts (3,4) ou du New Jersey (5,2) où la législation sur les armes est bien plus restrictive. À titre de comparaison, au sein de l’Union Européenne, les taux varient de 0,2 au Royaume-uni à 4,5 en Bulgarie pour 2023.
L’article 2 de la loi de 2015 (Second Amendment Education Act) votée en Caroline du Nord est rédigé ainsi : « Pour reconnaître l'importance du deuxième amendement pour nos droits fondamentaux en tant qu'Américains, le 15 décembre de chaque année est désigné et doit être reconnu comme “Journée de sensibilisation au deuxième amendement” en Caroline du Sud. Lors de la Journée de sensibilisation au deuxième amendement, les écoles organisent des concours d'affiches ou de dissertations sur le thème « Le droit de porter des armes un droit américain protégeant tous les autres » pour chaque niveau scolaire. (…) Le parent d'un élève qui souhaite dispenser son enfant de participer doit fournir une demande écrite d'exemption au directeur de l'école. Toutes les écoles primaires, secondaires et lycées publics doivent dispenser un enseignement sur le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis pendant au moins trois semaines consécutives au cours d'une période de notation au cours de chaque année scolaire. »
À l’échelle fédérale cet amendement est férocement défendu par le très influent lobby des armes National Rifle Association of America (NRA). Les États-Unis comptent davantage d’armes individuelles que d’habitants : un adulte sur trois possède au moins une arme et près d’un adulte sur deux vit dans un foyer où se trouve une arme. On le sait, chaque année, les fusillades de masse font des milliers de victimes aux États-Unis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2024
Source de image : NC 2nd Amendment Coalition
14 décembre : le jour où le Bangladesh a perdu ses élites
Au Bangladesh, c’est la Journée des intellectuels martyrs, en mémoire des intellectuels liquidés par l’armée pakistanaise pendant la guerre de libération, en 1971, qui permis au pays de se séparer du Pakistan.
Au Bangladesh, c’est la Journée des intellectuels martyrs (শহীদ বুদ্ধিজীবী দিবস), en mémoire des intellectuels liquidés par l’armée pakistanaise et ses collaborateurs, pendant la guerre de libération qui permit au pays de se séparer du Pakistan en 1971. Chaque année, le 14-Décembre est célébré dans une atmosphère de deuil. Le drapeau national est mis en berne dans tout le pays. Un drapeau noir flotte en signe de deuil.
Le 14 décembre 1971, sentant la défaite proche, afin d'anéantir la classe intellectuelle du Pakistan oriental (futur Bangladesh), les militaires ont tué des universitaires, des enseignants, des médecins, des ingénieurs, des journalistes et d'autres personnalités éminentes. Enlevé chez eux, les yeux bandés, ils ont été tués de manière sommaire. Leurs corps sont jetés à Rayerbazar, à Mirpur et dans d'autres lieux de massacre à Dacca (Dhaka). Deux jours après les événements du 14 décembre, le Bangladesh obtenait finalement son indépendance par la reddition des forces pakistanaises. Cette terrible guerre s’est soldée par 3 millions de morts et 10 millions de réfugiés (en Inde).
Un Mémorial des martyrs intellectuels (Badhya Bhumi Smriti Soudha) a été construit au Rayer Bazaar à Dacca. Une cérémonie s’y déroule chaque 14 décembre.
Le premier mémorial des intellectuels martyrs (Badhya Bhumi Smriti Soudha) a été construit à Mirpur, à Dacca (Dhaka). Un autre mémorial appelé Shaheed Buddhijibi Smritsoud à Rayer bazaar, Dacca, a été inaugurée le 14 décembre 1999.
Ce matin à 7h, le président Sahabuddin et le premier ministre, le professeur Muhammad Yunus, déposent une couronne au mémorial de Mirpur. Puis à 8h30, au Mémorial du massacre de Rayerbazar.
Des prières et des prières spéciales ont lieu dans les mosquées, les temples et les églises à l'occasion de la journée de deuil. Soulignant l'importance de cette journée pour le pays, les chaînes de télévision, dont Bangladesh Television, diffusent des programmes spéciaux pour l’occasion.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 décembre 2024
Le cimetière des intellectuels martyrs
13 décembre : le Jour du Souvenir acadien
Les Acadiens commémorent une opération de nettoyage ethnique qui a eu lieu au milieu du XVIIIe siècle au Canada, connue sous le nom de Grand Dérangement. La date du 13 décembre est celle d’un terrible naufrage qui a englouti des centaines d’Acadiens déportés par les Anglais.
Français et Anglais se sont affrontés pour le contrôle de ce qui est devenu le Canada. Les Anglais qui ont remporté la seconde guerre intercoloniale, vont chercher à angliciser leurs conquêtes, en particulier l’Acadie dont une grande partie des habitants français a refusé de prêter allégeance au roi d’Angleterre. Ils seront donc évincés de leur région (qui correspond aux provinces maritimes du Canada actuel, renvoyés brutalement en Europe ou chassés vers le Québec. Cette opération de nettoyage ethnique, qui a eu lieu au milieu du XVIIIe siècle, est connue sous le nom de Grand Dérangement.
Les descendants Acadiens, vivant toujours en Amérique du Nord, célèbrent cette mémoire chaque 15 août mais récemment, en 2004, ils ont rajouté une date désignée comme le Jour du Souvenir acadien qui est célébré chaque année le 13 décembre. Il a été institué pour rendre hommage à plus de 3 000 Acadiens qui ont été déportés de l'Île-du-Prince-Édouard en 1758, ainsi qu'aux autres victimes du Grand Dérangement.
La date du 13 décembre est celle du naufrage du Duke William, en 1758, faisant 362 victimes. Ce fut le pire de trois naufrages survenus dans l’espace de cinq jours, provoquant la mort de plus de 850 Acadiens. À ces décès, s’ajoutent ceux qui n’ont pas survécu à la pénible traversée de l’Atlantique des îles Royale et Saint-Jean vers l’Europe. Ce 13-Décembre n’oublie pas non plus ceux qui sont morts au Québec durant l’hiver 1757-1758, sont décédés de faim et de misère, surtout durant la grande disette sur la rivière Miramichi… Un hommage est rendu à toutes les victimes de la déportation du peuple Acadien (environ 11500 personnes) qui a débuté en 1755 pour laisser place à un repeuplement britannique des provinces orientales de la colonie anglaise : la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l'île-du-Prince-Édouard.
Le Jour du souvenir acadien est marqué à l’Île-du-Prince-Édouard par une cérémonie qui se déroule, cette année pour la vingtième fois, autour du Monument de l’Odyssée acadienne, inauguré le 13 décembre 2008, année où on marquait le 250e anniversaire de la déportation de l’île Saint-Jean, qui a été si meurtrière. Il existe près d’une vingtaine de monuments sont déjà érigés à la mémoire des Acadiens déportés, dont cinq au Nouveau-Brunswick, trois en Nouvelle-Écosse, un à l'Île-du-Prince-Édouard, un à Terre-Neuve-et-Labrador, quatre au Québec, un en Louisiane et un à Miquelon (France).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2024
Le drapeau acadien (photo Rémi Jouan)
12 décembre : le Jour de la constitution russe
La Russie commémore aujourd’hui une constitution qui a été tellement remaniée pour offrir à Poutine un pouvoir absolu et sans limite qu’elle ne ressemble plus guère à celle qui avait été adoptée en 1993 et qui était destinée à faire de la Russie une démocratie inspirée d’un régime semi-présidentiel à la française.
La Russie commémore aujourd’hui une constitution qui a été tellement remaniée pour offrir à Poutine un pouvoir absolu et sans limite qu’elle ne ressemble plus guère à celle qui avait été adoptée en 1993 et qui était destinée à faire de la Russie une démocratie inspirée d’un régime semi-présidentiel à la française.
La Constitution est approuvée lors d'un référendum constitutionnel organisé le 12 décembre 1993. L’année suivante Boris Elstine avait fait du 12 décembre un jour férié et chômé en l’honneur du nouveau régime. La Russie indépendante de l’URSS moribonde en 1991, ne pouvait pas continuer à vivre avec la constitution soviétique de 1978. La Constitution de 1993 fait une large place au respect du droit international, y compris des droits de l’homme, et consacre les principes de la séparation des pouvoirs, de l’État de droit et du respect de la démocratie. Au moins sur le papier.
Depuis 2005, le Jour de la Constitution russe (День Конституции России) n’est plus qu’un jour commémoratif officiel. Il est généralement marqué par des discours publics et des cérémonies, notamment la remise de leur premier passeport aux jeunes citoyens ayant atteint l'âge de quatorze ans. Comme chaque année, les tours de télévision du réseau de télévision et de radio russe sont illuminées aux couleurs de la Russie de 17h à minuit, en l'honneur du Jour de la Constitution.
Lors de ses premiers mandats, Vladimir Poutine affirmait régulièrement que la Constitution était sacrée et qu’il n’y toucherait jamais. En 2012, il affirmait encore « J’ai toujours défendu et je défends la Constitution de la Fédération de Russie. Et il y est clairement inscrit : pas plus de deux mandats successifs. ». L’avenir prouvera le contraire. Sentant le soutien populaire lui échapper, son propre parti Russie Unie ayant fait une contre-performance aux municipales de 2019, notamment à Moscou, Poutine décide d’adapter la constitution à son projet politique. La révision constitutionnelle de 2020 inscrit dans le marbre le droit de Vladimir Poutine à briguer deux mandats supplémentaires de six ans, pour 2024-2030 et 2030-2036. C’est la présidence à vie, ou presque, car Poutine aura 84 ans en 2036. Le référendum s’étale sur sept jours, du 25 juin au 1er juillet, pour approuver le fait accompli : les urnes ont été aux mains des présidents de bureaux de vote pendant sept jours et sept nuits, sans observateurs indépendants.
Le dictateur russe en profite pour façonner la culture politique du pays dans un sens à la fois souverainiste et ultra conservateur. Cette révision de la constitution de 1993 introduit la référence à Dieu et à la religion alors que jusque-là, la Russie se présentait comme un État laïc. Le nouveau texte impose les valeurs dites « traditionnelles » au droit de la famille, à l’éducation des enfants, à la sexualité… Il place également la loi russe au-dessus du droit international. On ajoute également l’interdiction de contester l’intégrité territoriale de la Russie ainsi que des références à l’héritage de l’URSS.
La consultation populaire demandait une réponse par oui ou non à un paquet de quarante-six révisions. Et il n’y avait pas de seuil de participation pour valider le vote. Par ce plébiscite de 2020, Vladimir poutine impose un régime de dictature personnelle dont le caractère autoritaire s’aggravera avec l’état de guerre instauré en février 2022, au moment de l’agression de l’Ukraine décidée par lui-même. L’interdiction de toute opposition est désormais totale et le champ médiatique est totalement muselé. On est passé, en très peu d’années d’un régime autoritaire qui se voulait soucieux du respect des normes constitutionnelles, du moins en façade, à un régime totalitaire digne de celui que les Russes ont connu jadis. Le plus inquiétant est que le projet du dictateur Poutine consiste aujourd’hui à un anéantissement de la démocratie à l’échelle du continent.
Cette tradition de fêter la constitution, sans la respecter, est héritée de l’URSS. Jusqu’en 1977, on célébrait chaque 5 décembre, la constitution de 1936. De 1978 à 1993, le Jour de la constitution était marqué le 7 octobre, jour de l’adoption de la constitution dite « de Brejnev » en 1977 .
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2024
Vladimir Poutine prêtant serment sur la Constitution le 7 mai 2000, au côté de Boris Eltsine, auquel il succède comme président de la Russie (il occupait en réalité le poste, par intérim, depuis le 31 décembre 1999 suite à la démission d’Eltsine).
Image de propagande en faveur du Jour de la constitution de la fédération de Russie
11 décembre : le jour où le Canada est devenu presque indépendant
Chaque 11 décembre, du lever du soleil, les bâtiments officiels du Canada hissent le drapeau britannique. C’est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Westminster, adopté par le Parlement britannique en 1931, qui accorde au Canada une quasi indépendance.
Chaque 11 décembre, du lever du soleil, les bâtiments officiels du Canada hissent le drapeau britannique, sans pour autant retirer le drapeau à la feuille d’érable. Cela concerne les immeubles fédéraux, les aéroports, les bases militaires et autres établissements fédéraux… tous se doivent d’arborer l’Union Jack, en même temps que le drapeau national, pour rendre hommage à une loi britannique votée en 1931.
Le 11 décembre est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Westminster adopté par le Parlement britannique. Ce jour-là, les dominions autonomes de l'Empire britannique, dont le Canada, sont devenus des nations quasi souveraines à part entière. Cette date fait un peu figure, pour le Canada, de l’obtention de l’indépendance. Enfin, presque, car la rupture de 1931 est loin d’être totale puisque le roi d’Angleterre demeure celui du Canada. L’indépendance ne sera que graduelle. Par exemple, jusqu’en 1949, c’est le comité judiciaire du Conseil privé, un organisme britannique, qui reste la dernière cour d’appel pour les Canadiens. Ce pouvoir sera ensuite transféré à la Cour suprême du Canada. Autre exemple, le Parlement britannique conserve le pouvoir de modifier la Constitution du Canada, jusqu’en 1982, année de son rapatriement outre Atlantique… En revanche, sur la scène internationale, le Canada n’avait pas attendu le statut de Westminster pour agir sans en référer à Londres. Dès 1923, il signait un accord de pêches avec les États-Unis. En 1926, un premier ambassadeur canadien prenait son poste à Washington…
La Confédération canadienne a été fondée en 1867 et a acquis le statut de nation à la bataille de la Crête de Vimy, le 9 avril 1917. Il lui restait d’obtenir la reconnaissance de son autonomie, à la fois sur les scènes nationale et internationale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2024
10 décembre : la victoire de l’Irak sur l’État islamique
Il y a 7 ans, le 10 décembre 2017, le premier ministre irakien annonçait la fin de la guerre contre Daech et la victoire de l’armée irakienne, célébrée désormais par un jour férié. L’État islamique n’a néanmoins pas été totalement anéanti, quelques djihadistes cachés dans le désert lancent encore des attaques sporadiques.
Le 10 décembre 2017, Haidar al-Abadi, le premier ministre irakien de l’époque annonçait la « victoire » de l’armé irakienne sur le groupe jihadiste État islamique (EI) et donc « la fin de la guerre contre Daech ». Pour célébrer cette victoire, le 10 décembre a été désigné jour férié sous le nom de Jour de la grande victoire contre l'État islamique (يوم النصر العظيم على داعش). Cette journée est marquée par des défilés militaires et d'autres événements festifs en l'honneur des forces armées irakiennes ainsi que par des interventions pédagogiques dans toutes les écoles.
La célébration n’a rien perdu de son importance. Samedi dernier, l’actuel premier ministre, Muhammad Shiaa Al-Sudani donnait ses directives pour les cinq jours de fête marquant le septième anniversaire de la victoire (du 8 au 12 décembre), demandant aux ministères mais aussi aux syndicats, associations et autres organisations de la société civile d’organiser des évènements pour l’occasion, en particulier le 10 décembre, jour chômé en Irak dans toutes les institutions gouvernementales.
Daech (l’État islamique) avait pris le contrôle d’une partie du pays en 2014 : d’abord Falloujah, et d’autres villes clé, puis Mossoul, la deuxième ville du pays, tombée le 9 juin 2014… Falloujah ne sera reprise par l’armée gouvernementale qu’en 2016 et Mossoul, le 10 juillet 2017. Il fallut encore quelques mois pour les dernières portions du territoire irakien, encore aux mains de Daech, tombent à leur tour.
Cela dit malgré cette victoire, célébrée chaque 10 décembre, l’éradication de Daech n’a jamais été totale ni en Irak ni en Syrie. L’EI aurait encore des armes et des caches dans le désert et continue d’attaquer sporadiquement les effectifs de l’armée et de la police, particulièrement dans les zones rurales et reculées, hors des grandes villes. Ce qui engendre des ripostes de l’armée gouvernementale. Dernièrement, le 22 octobre 2024, les autorités irakiennes annonçaient avoir tué 9 membres de l'État islamique dont Jassim al-Mazrouei, connu sous le nom d'Abou Abdel Qader, le chef de l’organisation en Irak depuis moins d'un an. Aujourd’hui encore, en dépit des dénégations de Donald Trump, les États-Unis déploient environ 2 500 militaires en Irak et près de 900 en Syrie, au sein de la coalition internationale créée en 2014 pour combattre Daech. L’alliance comprend des effectifs de plusieurs autres pays, notamment la France ou la Grande-Bretagne. Preuve que le danger n’a toujours pas été définitivement écarté, surtout depuis que le voisin syrien a sombré dans le chaos.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2024
9 décembre : les 200 ans d’indépendance du Pérou, la gloire de son armée
Le Pérou célèbre chaque 9 décembre son Jour de l’armée par de grands défilés militaires montrant une armée glorieuse. Cette année 2024 est particulière puisqu’on fête le 200e anniversaire de la bataille d’Ayacucho dont l’issue victorieuse est à l’origine du Pérou actuel.
Chaque 9 décembre, le Pérou célèbre son Jour de l’armée (Día del Ejército) par de grands défilés militaires montrant une armée glorieuse. Cette année 2024 est particulière puisqu’on fête le 200e anniversaire de la bataille d’Ayacucho dont l’issue victorieuse servit de prétexte à glorifier chaque année l’armée péruvienne.
Le 9 décembre 1824, une armée composée de soldats péruviens, argentins, vénézuéliens, colombiens et chiliens, sous le commandement du général Antonio José de Sucre, écrasait l’armée royaliste, fidèle au vice-roi du Pérou qui se battait pour le maintien de la domination espagnole sur l’Amérique du Sud. Cette victoire des indépendantistes à Pampa de Ayacucho, dans la banlieue d'Ayacucho, est importante car elle met un terme au dernier affrontement important des guerres d'indépendance en Amérique du Sud commencées par la révolution de Chuquisaca en 1809 dans le Haut-Pérou et s’achevant avec l'occupation des forteresses de Callao en 1826.
La bataille d'Ayacucho est généralement considérée comme la fin de la guerre d'indépendance péruvienne. Elle a ouvert la voie à l’existence du pays et lui a donné ses contours actuels. L’indépendance avait été proclamée le 28 juillet 1821 mais pour qu’elle soit effective, il fallait écarter la menace militaire de l’Espagne. C’est ce qu’à permis cette victoire. Mais celle-ci a eu une autre conséquence : une scission va très vite séparer le pays en un Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (qui va adopter le nom de Bolivie) et un Bas-Pérou (le Pérou actuel). C’est bien aujourd’hui que l’on peut célébrer le bicentenaire du Pérou. Pour l’occasion, les cérémonies durent plusieurs jours en présence de la présidente Dina Boluarte.
Aujourd’hui, le Pérou n’a plus faire face à la moindre menace militaire. Si l’armée est toujours officiellement une institution engagée dans la défense de la patrie, aujourd’hui, elle est avant tout une force mobilisable pour venir en aide à la population face à des événements naturels ou à des urgences majeures, comme le phénomène El Niño, les tremblements de terre, les glissements de terrain et les débordements de rivières… L’armée est fière d’affirmer que sur le terrain des catastrophes, les soldats péruviens sont toujours les premiers arrivés et les derniers repartis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 décembre 2024
Le début des cérémonies, hier, en présence de la présidente Dina Boluarte
Batalla de Ayacucho, œuvre de Martín Tovar y Tovar (1827-1902)
8 décembre : la fête nationale des Corses
Le 8 décembre s’est imposé depuis deux ou trois décennies comme la fête nationale de la Corse. Ses racines remontent au XVIIIe siècle mais la tradition, oubliée pendant deux siècles, n’a été réinventée que récemment.
Le 8 décembre s’est imposé depuis deux ou trois décennies comme la fête nationale de la Corse (a Festa di a nazione corse). Les racines toutefois sont beaucoup plus anciennes. Tout remonte à la révolte des Corses contre Gênes qui a débuté en 1729. La Corse à l’époque dépendait de la République de Gênes. Après avoir appelé la France et l’Autriche sans grand succès pour mater l’insurrection, Gênes finit par lâcher prise en 1735.
Selon la légende, le 8 décembre 1735, les principaux chefs de la lutte corse contre l'occupation génoise, se seraient réunis dans un couvent franciscain de Castagniccia, formant une assemblée qui prononçait la volonté d'indépendance de l’île. C’est une légende car il ne s’est rien passé précisément le 8 décembre de cette année-là.
C’est au début de l’année 1735 que la Corse se proclame indépendante et promulgue une constitution qui place l’île sous la protection de la Vierge, celle-ci était patronne de l’île depuis 1736. Ce texte du 30 janvier 1735 déclarait alors : « (...) nous décidons que tous, les armes et les drapeaux dans notre dit royaume, soient empreints de l'image de l'Immaculée Conception, que la veille et le jour de sa fête soient célébrés dans tout le royaume avec la plus parfaite dévotion (...) ». Ainsi le 8 décembre (l’Ottu di dicembri) devenait la fête de la nation corse. C’est à cette occasion qu’un chant religieux célébrant la Vierge Marie fut choisi comme hymne national, le Dio vi Salvi Regina (« Dieu vous garde, Reine »), composé au début du XVIIIe siècle par le jésuite napolitain Francesco de Geronimo.
Cet attachement de la Corse à l’Immaculée conception (Immaculata Cuncezziò) est d’ailleurs bien antérieure à celle du reste de l’Église catholique car c’est en 1854 seulement que cette vieille fête, un peu oubliée, a été érigée en dogme par le pape Pie IX, avec la date du 8 décembre.
Pourquoi ce choix de la Vierge qui contrarie ceux qui préféreraient une référence plus laïque ? Probablement est-ce un emprunt à la République de Gênes où elle était particulièrement vénérée. Ensuite, plus tard, quand la République française s’est voulue laïque, la Corse restée très catholique, a vu dans cette référence religieuse un moyen de se distinguer du continent et d’affirmer son identité propre.
On le sait, l’indépendance de la Corse a tourné court, après quelques retournements de situation, la France prit le contrôle de l’île de Beauté en 1769. Cette fête du 8 décembre tombera alors quasiment dans l’oubli pendant deux siècles, pour ne réapparaître que très discrètement dans les années 1970, dans le cadre du Riacquistu, « la réappropriation » par les Corses de leur passé culturel. Un semblable processus a eu lieu dans de nombreuses régions de France à cette époque, mais en Corse, il a évolué en revendication politique. C’est en 1981 que le mouvement autonomiste Unione di u populu corsu (« Union du peuple corse ») a commencé à revendiquer la date du 8 décembre et à lui donner une valeur politique.
L’adhésion à cette date ne fut pas immédiate, beaucoup auraient préféré fêter le 15 juillet, jour anniversaire de la proclamation de Pasquale Paoli comme chef de la nation corse en 1755, ce qui était politiquement beaucoup plus fort qu’une fête religieuse ressortie de la naphtaline. Mais les mouvements nationalistes, toujours très divisés, s’en sont tenus à la tradition, même s’il s’agit d’une tradition réinventée. Il y a quelques années, l’historien bastiais, Hubert Lenziani a exhumé une autre date dans un article qui relatait l'Assemblée d'Orezza de 1790 : « Une proposition émanant d’un représentant dénommé Pietri propose que le 30 novembre, faisant allusion à l’année 1789, date d’adhésion de la Corse à l’Imperium français, soit décrété fête nationale de la Corse. Ceci est voté à l’unanimité ». D’autres dates auraient pu s’imposer…
L’attachement à faire du 8 décembre un jour férié ne date véritablement que du début du XXIe siècle. Depuis quelques années, beaucoup de commerces corses tirent leur rideau ce jour-là. L'université de Corse-Pascal-Paoli de Corte a été pionnière en accordant la journée du 8 décembre aux étudiants dès 1998. Appuyée par les tenants locaux de la laïcité, l’Éducation nationale n’a jamais cédé pour les autres établissements. Mais face à l’absentéisme des lycéens les plus militants, elle a fini par accepter, en 2004, qu’au sein des établissements scolaires la journée du 8 décembre soit consacrée au patrimoine linguistique et culturel de la Corse, tout en laissant une grande autonomie aux lycéens pour l’organiser. C’est aussi une manière d’intégrer à la culture locale les nombreux lycéens issus de l’immigration, d’autant qu’en Corse le 8-Décembre a aujourd’hui largement perdu son caractère religieux. Même si, désormais, c’est généralement autour du 8 décembre que s’ouvrent les marchés de Noël, une tradition récemment importée du continent.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2024
7 décembre : le Timor oriental se souvient de la terrible occupation indonésienne
Le 7 décembre 1975, les forces militaires indonésiennes envahissaient le Timor oriental et occuperont pendant 24 ans, multipliant exactions et massacres. Au Timor oriental, le 7 décembre est désormais un jour férié dédié aux victimes de cette période noire de l’Histoire du pays.
Au Timor oriental, le 7 décembre est un jour férié dédié aux victimes de l'occupation indonésienne qui a duré de 1975 à 1999.
Le 28 novembre 1975, le Front révolutionnaire du Timor-Leste avait prononcé l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise. Neuf jours plus tard, le 7 décembre 1975, les forces militaires indonésiennes envahissaient le Timor oriental et l'occuperont pendant 24 ans. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui, en mémoire des victimes de cette période : exécutions, massacres, tortures et famine délibérée : quelque 250 000 personnes ont perdu la vie du fait de l’occupation indonésienne.
L’ONU a vigoureusement dénoncé cette agression militaire et ne reconnaîtra jamais l’annexion indonésienne du Timor oriental. Mais l’Indonésie, dont le dictateur Suharto avait le soutien total des États-Unis encourageront l’annexion du Timor-Leste par cette dernière. Quant à l’Australie, elle reconnaîtra cette annexion et en profitera pour piller ses ressources pétrolières du Timor oriental. Il faudra attendre la chute du dictateur indonésien, en 1998, et une évolution de l’attitude de l’Australie pour que l’emprise indonésienne se desserre à partir de 1999.
Aussitôt après l’indépendance, rétablie le 20 mai 2002, la journée du 7 décembre avait été déclarée Jour des héros nationaux. En 2016, celui-ci a été déplacé au 31 décembre et le 7-Décembre est devenu le Jour de mémoire des victimes de l'invasion indonésienne (Dia em Memória das Vítimas da Invasão Indonésia). Le 7 décembre 2020, un mémorial dédié aux victimes a été inauguré dans le port de Dili, la capitale. C’est là que se déroule les commémorations du 7-Décembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2024
Parachutage indonésiens au dessus de Dili le 7 décembre 1975 (Photo : Archives du musée de la Résistance du Timor-Leste)
6 décembre : la mémoire du siège de Dubrovnik
La Journée des défenseurs de Dubrovnik est liée au long siège de la ville lors de l'éclatement de la Yougoslavie en 1991-1992. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade contre la Croatie.
Cette journée est connue sous le nom de Journée des défenseurs de Dubrovnik (Dan branitelja Dubrovnika) et sa célébration est liée au long siège de Dubrovnik lors de l'éclatement de la Yougoslavie.
Le siège de Dubrovnik avait débuté le 1er octobre 1991 lorsque les unités de l'Armée populaire yougoslave lancèrent une attaque contre la ville. Le siège dura jusqu'au 31 mai 1992. Le conflit rappelle celui que vit l’Ukraine aujourd’hui. Belgrade n’avait pas accepté que la Croatie fasse sécession, et a lancé contre elle, l’Armée yougoslave, une armée essentiellement composée de Serbes puisque Slovènes, Croates et Bosniaques l’avaient quitté. Ces forces commanditées par l’ultra nationaliste serbe Slobodan Milosevic ont bombardé les principales villes croates pour tenter d’empêcher l’éclatement de la Yougoslavie communiste, avec la même fureur que Poutine a tenté de prendre Kiev ou Karkiv en 2022, en souvenir de la défunte URSS.
Une centaine de civils sont morts pendant le siège de Dubrovnik, 70 % des bâtiments de la vieille ville (classée au patrimoine mondial de l'UNESCO) furent endommagés. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade.
Chaque année, du 3 au 7 décembre, la ville organise tout un programme de commémorations dont la partie centrale a lieu le 6 décembre. La journée commence à 8h au cimetière de Boninovo, avec un hommage aux anciens combattants tombés au combat, en particulier les pompiers, les policiers… À 11h15, c’est un récital d'enfants du primaire à l'amphithéâtre Srđ et, à 12h, un dépôt de fleurs avec allumage de bougies au pied de la croix de Srđ (la montagne qui domine la ville). À 13h, dans le port de la vieille ville, on rend hommage aux marins et vétérans tués en mer. À 15h30, les officiels se rendent au Mémorial des martyrs de Sustjepan, dans le cimetière de ce village côtier situé au nord de Dubrovnik. À 15h45, une messe est dite dans l’église de St. Nikola de Sustjepan. À 17h, retour à Dubrovnik pour le défilé de la fanfare de la ville sur le vieux port, le Stradun et devant l'église Saint-Pierre. À 18h, dans la cathédrale de Dubrovnik, c’est la traditionnelle messe solennelle à la mémoire de tous les anciens combattants tombés au combat. La soirée se termine par des concerts : à 20h, sur le Stradun, la célèbre rue centrale de la vieille ville, Đani Stipanićev & Klapa More & Klapa Ragusavecchia et, à 21h, Marko Perković, dit Thompson, le célèbre chanteur de la mouvance nationaliste croate. Le maire de Dubrovnik, Mato Franković (HDZ, droite) a toutefois interdit d’arborer les symboles du mouvement oustachi (fasciste) lors de cette journée du 6 décembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2024
Cette année, pour le 6 décembre, le maire de Dubrovnik, Mato Franković, au centre, a fait confectionner des tee-shirts arborant le drapeau croate et l’effigie de saint Blaise, le patron de la ville. Ceci afin d’éviter d’être débordé par la symbolique nationaliste et fasciste qui tente de s’imposer lors de chaque commémoration liée au conflit yougoslave des années 1990.
5 décembre : le monde chiite pleure Fatima az-Zahrâ
Ce jour est un jour de deuil dans le monde chiite. En Iran et en Irak, l’anniversaire du martyre de Fatima est célébré chaque année par des cérémonies de deuil et des processions. Les chiites, en effet, sont convaincus que la fille du prophète Mahomet a été assassinée.
En Iran, en Irak et dans tout le reste du monde chiite, on célèbre le Martyre de Fâtima az-Zahrâ (شهادت حضرت فاطمه(س
Fatima (ou Fatimah) est la plus jeune fille de Mahomet, le prophète des musulmans. Fatimah az-Zahra (dite la brillante) est décédée vers 632, seulement quelques mois après son père. Pour les sunnites, la fille inconsolable serait morte de chagrin. Mais pour les chiites, elle n’aurait pas perdu la vie de manière naturelle mais des suites de ses blessures après l’attaque de sa maison commanditée par le calife Omar qu’elle tenait pour un usurpateur. Ce qui fait d'elle une martyre. Cet assassinat aurait eu lieu le 3 du mois de Joumada al-Thani en l’an 11 de l’Hégire (soit en 632 du calendrier chrétien) dont l’anniversaire tombe ce 5 décembre 2024.
Fatimah Zahra était la plus jeune fille du prophète des musulmans, Mahomet (ou Muhammad) et de sa première épouse Khadijah. Elle est très vénérée par tous les musulmans (chiites comme sunnites) car elle était très proche de son père et lui a offert son soutien quand il était en difficulté. Elle est également le seul membre de la famille du prophète à avoir eu une descendance. Elle était mariée à Ali, un cousin de Mahomet, qui fut donc le premier jeune homme à adhérer à l’islam, le premier imam aux yeux des chiites. Leurs deux fils Hassan et Hussein (Husayn) sont considérés comme les deuxième et troisième imams de l'islam chiite et les musulmans sunnites les considèrent également comme des personnalités importantes.
L'anniversaire du martyre de la fille du Prophète (Al-Fâtimîyya) est marqué chaque année par des cérémonies de deuil et des processions. Pour le commémorer, on hésite entre deux dates : le 13 Jumâda Ath-Thânîya (du calendrier musulman) et le 3 Jumâdâ al-Âkhira. La seconde date, qui tombe aujourd’hui pour le calendrier grégorien, est la plus importante des deux. Le premier Fâtimîyya (الفاطِميَّة) tombe vingt jours plus tôt. Les cérémonies durent donc 20 jours, mais seul le second Fâtimîyya est un jour férié en Iran depuis 2001. Ce jour-là, deux processions sont organisées, l’une dans la ville de Qom, vers le mausolée de Sayyida Ma’sûma, et l’autre dans la ville de Mechhed, vers le sanctuaire de l’Imam ar-Ridâ. Les villes saintes du chiite d’Irak, Najaf et Kerbala, organisent également de grande cérémonies. Ces célébrations sont précédées par trois nuits de la cérémonie de deuil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2024
Cérémonie au sanctuaire Alavi, à Najaf, l’une des villes saintes du chiisme, située en Irak
Qom, en Iran
4 décembre : la Journée de l'artillerie ukrainienne
Les Ukrainiens qui souhaitent éradiquer toute référence à leur passer commun avec les Russes et sous-entendre leur appartenance à l’Occident ont changé deux fois la date de la Journée des forces de fusée et de l'artillerie, désormais fêtée à la Sainte-Barbe.
La « Journée des forces de fusée et de l'artillerie » (День ракетних військ і артилерії) est une fête nationale en Ukraine, mais ce n’est pas un jour chômé. Elle tire son origine dans la fête du même nom instaurée en URSS et qui est toujours fêté en Russie le 19 novembre. En 1997, le président ukrainien Leonid Koutchma l’avait déplacé au 3 novembre. Ce jour-là de 1943 commençait la libération de Kyiv des envahisseurs nazis, au cours de laquelle, l’artillerie avait joué un très grand rôle. Le 3 novembre 1943, lors de la bataille du Dnipro, l’artillerie soviétique , dans des conditions difficiles, assura une percée de la défense allemande fortement fortifiée au nord de Kiev par les troupes de la 38e armée (commandant de l'armée - K.S. Moskalenko, commandant de l'artillerie de l'armée - V.M. Likhachev )
Mais cette date qui fait référence à la Seconde Guerre mondiale est encore trop liée au passé aux yeux des Ukrainiens qui souhaitent éradiquer toute référence à leur passer commun avec les Russes et sous-entendre leur appartenance à l’Occident. En 2024, le président Zelensky a pris la décision de ne plus fêter le 3-Novembre mais de déplacer cette fête professionnelle au 4 décembre qui est le jour de la Sainte-Barbe. Barbara, comme ont la nomme ici, est considérée comme la patronne des artilleurs en Ukraine, mais également dans les forces armées polonaises, françaises mais aussi espagnoles et états-uniennes. De leur côté, les Russes fêtent sainte Barbara le 17 décembre du calendrier grégorien.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 décembre 2024
Le 3 novembre 2017 quelque par en Ukraine (photo de l’armée ukrainienne)
3 décembre : la journée panaméricaine de la médecine
Cette journée panaméricaine de la médecine est le jour anniversaire de la naissance du docteur Carlos Juan Finlay, un médecin cubain. C’est lui qui a démontré que la propagation de la fièvre jaune se faisait par le moustique Aedes aegypti. Sa découverte a sauvé des centaines de milliers de vies.
Une journée latino-américaine de la médecine (Día de la Medicina Latinoamericana) avait d’abord été instituée et placée le 3 décembre, jour anniversaire de la naissance du docteur Carlos Juan Finlay, médecin cubain en 1833. Pendant les guerres d'indépendance cubaine, il a été engagé par l'armée américaine pour analyser les pertes de soldats dues à la fièvre jaune. C’est lui qui a démontré que la propagation de cette maladie se faisait par le moustique Aedes aegypti. Ce qui contredisait la théorie du médecin états-unien Walter Reed qui assurait qu’elle était d’origine bactérienne.
Quand Carlos Juan Finlay se rend aux États-Unis, en février 1881, pour présenter son ouvrage Le moustique hypothétiquement considéré comme un agent de transmission de la fièvre jaune, il est totalement ignoré par les milieux scientifiques restés fidèles à la théorie de Reed. Il faudra attendre 1911, quand la France décide de décerner à Finlay la Légion d'honneur pour sa découverte qui a sauvé des milliers de vies et que l'Angleterre lui décerne la médaille Mary Kinsley, pour que Finlay soit reconnu internationalement comme le vrai découvreur de l’agent de la fièvre jaune. Finlay a été proposé sept fois pour le prix Nobel de médecine, mais les États-Unis, mauvais joueurs, ont fait à chaque fois capoté l’affaire. Ce n’est que dans les années 1950 que la vérité historique fut enfin clarifiée.
Finalement une Journée panaméricaine des médecins de la médecine (Día Panamericano del Médico y la Medicina - Pan American Day of Doctors and Medicine Day) a été proposée par la Fédération médicale argentine par l'intermédiaire du professeur Remo Bergoglio lors du Congrès panaméricain de médecine qui s’est tenu en 1953 à Dallas, au Texas, organisée par l' Organisation panaméricaine de la santé (OPS).
La journée du 3 décembre (Día Nacional del Médico en Cuba) en l'honneur du médecin cubain Carlos Juan Finlay Barrés est particulièrement célébrée à Cuba où est né ce médecin (de parents écossais et français), mort à La Havane en 1915. La médecine, si elle n’est plus à Cuba ce qu’elle fut il y a quelques décennies, reste un secteur majeur dans le pays, à la fois produit de propagande pour le régime et aide réelle à de très nombreux pays parmi les les plus pauvres de la planète. Actuellement, quelque 28000 professionnels de la santé travaillent dans 58 pays. Depuis les années 1960, ils ont été plus de 400 000 à travailler un peu partout dans le monde. C’est une des grandes fiertés de Cuba dont le régime est aujourd’hui en déliquescence.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2024
Timbre poste cubain émis en 1981 à l’occasion du centenaire de la découverte scientifique de Finlay