L’Almanach international
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7 décembre : le Timor oriental se souvient de la terrible occupation indonésienne
Le 7 décembre 1975, les forces militaires indonésiennes envahissaient le Timor oriental et occuperont pendant 24 ans, multipliant exactions et massacres. Au Timor oriental, le 7 décembre est désormais un jour férié dédié aux victimes de cette période noire de l’Histoire du pays.
Au Timor oriental, le 7 décembre est un jour férié dédié aux victimes de l'occupation indonésienne qui a duré de 1975 à 1999.
Le 28 novembre 1975, le Front révolutionnaire du Timor-Leste avait prononcé l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise. Neuf jours plus tard, le 7 décembre 1975, les forces militaires indonésiennes envahissaient le Timor oriental et l'occuperont pendant 24 ans. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui, en mémoire des victimes de cette période : exécutions, massacres, tortures et famine délibérée : quelque 250 000 personnes ont perdu la vie du fait de l’occupation indonésienne.
L’ONU a vigoureusement dénoncé cette agression militaire et ne reconnaîtra jamais l’annexion indonésienne du Timor oriental. Mais l’Indonésie, dont le dictateur Suharto avait le soutien total des États-Unis encourageront l’annexion du Timor-Leste par cette dernière. Quant à l’Australie, elle reconnaîtra cette annexion et en profitera pour piller ses ressources pétrolières du Timor oriental. Il faudra attendre la chute du dictateur indonésien, en 1998, et une évolution de l’attitude de l’Australie pour que l’emprise indonésienne se desserre à partir de 1999.
Aussitôt après l’indépendance, rétablie le 20 mai 2002, la journée du 7 décembre avait été déclarée Jour des héros nationaux. En 2016, celui-ci a été déplacé au 31 décembre et le 7-Décembre est devenu le Jour de mémoire des victimes de l'invasion indonésienne (Dia em Memória das Vítimas da Invasão Indonésia). Le 7 décembre 2020, un mémorial dédié aux victimes a été inauguré dans le port de Dili, la capitale. C’est là que se déroule les commémorations du 7-Décembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2024
Parachutage indonésiens au dessus de Dili le 7 décembre 1975 (Photo : Archives du musée de la Résistance du Timor-Leste)
25 février : la Géorgie commémore l’occupation soviétique
Le 25 février 1921 s’achevait la bataille de Tbilissi qui permettait à la future URSS d’intégrer la Géorgie. L’occupation durera 70 ans. Elle n’a pas totalement cessé puisque les Russes occupent toujours une partie du territoire de la Géorgie.
Le 25 février 1921 s’achevait la bataille de Tbilissi, une bataille décisive entre la Russie soviétique et la République démocratique de Géorgie. La 11e armée bolchevique entrait à Tbilissi et le nouveau pouvoir allait proclamer une République socialiste soviétique de Géorgie. La ville n’avait été défendue que par une poignée de soldats dont des étudiants de 20 à 21 ans, des cadets de l’école militaire.
Cette Journée de l’occupation soviétique (საბჭოთა ოკუპაციის დღე), instaurée en 2010, est aussi la Journée des héros (გმირების დღე) tombés à Kojori (où se trouve un mémorial) et à Tabakhmel, en périphérie de la capitale géorgienne.
Chaque 25 février, le drapeau national est hissé sur les édifices parlementaires de Tbilissi et de Koutaïssi, ainsi que sur le bâtiment de l'administration présidentielle. Partout, une minute de silence marque l'un des jours les plus tragiques de l'histoire géorgienne. Cette année 2022, l’agression russe sur l’Ukraine donne un retentissement particulier à cette commémoration.
Tout a commencé le 12 février, avec un soulèvement bolchevique dans la région de Lore (une région disputée entre l’Arménie et la Géorgie). On fait appel à Lénine qui décide d’intervenir. C’est le matin du 16 février 1921, que des unités de la 11e armée soviétique ont commencé à envahir le territoire géorgien… Les Anglais ont laissé la région aux Russes. La Turquie attaquait par le Sud. La Géorgie est abandonnée à elle-même.
Le pays a perdu sa souveraineté moins de trois ans après la déclaration d'indépendance du Conseil national géorgien (26 mai 1918). Le gouvernement de la République démocratique de Géorgie va se réfugier à Batoumi puis émigre en France, le 17 mars 1921. Une résistance s’installe mais en septembre 1922, les autorités soviétiques vont réprimer un soulèvement populaire dans le sang. En mars 1923, des membres du Centre de lutte pour la libération de la Géorgie sont arrêtés et condamnés à mort… toute résistance va très vite cesser face à la répression soviétique.
Les événements festifs du 25 février sont limités à des dépôts de gerbes et minutes de silences. Des funérailles commémorant les âmes des héros sont célébrées dans les églises orthodoxes.
La Géorgie a finalement récupéré son indépendance le 9 avril 1991, après 70 ans d’occupation soviétique. Mais aussitôt des milices prorusses ont provoqué des troubles dans la province d’Abkhazie. L’armée russe a pris ce prétexte pour envahir la région et l’occupe toujours (comme la Crimée, l’Abkhazie est une riviera réservée aux privilégiés russes). Le scénario se répète en 2008 après que la Géorgie ait évoqué l’idée de rejoindre l’UE et l’OTAN. Cette fois, c’est le soulèvement d’une petite minorité ossète prorusse qui permet à Poutine d’envahir l’Ossétie du Sud. L’Europe représentée par le président Sarkozy, qui se précipite à Moscou, fini par entériner la quasi annexion. Une nouvelle fois, la Géorgie est abandonnée à elle-même. En a perdu 20% de son territoire et surtout sa liberté diplomatique. L’exercice étant bien rodé, Poutine a réitéré le procédé avec la Crimée et le Donbass à l’égard de l’Ukraine…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 février 2022
Les cadets partant défendre Tbilissi le 23 février 1921
Cérémonie au Mémorial des héros, avec l’ancien et le nouveau drapeau géorgien