L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
10 octobre : la fête chinoise du Double dix, à Taipei et Pékin
Tout naturellement Taïwan a fait du 10 octobre sa fête nationale, mais sa célébration peine à mobiliser la jeunesse taïwanaise car cette fête fait référence à des événements qui n’ont pas concerné l'île. Sur le continent, Pékin s’en tient à un simple discours du président retransmis dans tous les médias, rien qui n’émeuve ni ne puisse provoquer de troubles dans la population.
Tout naturellement Taïwan a fait du 10 octobre sa fête nationale, mais sa célébration peine, chaque année un peu plus, à mobiliser la jeunesse taïwanaise car cette fête fait référence à des événements qui n’ont pas concerné l’île.
Le « Double Dix » (雙十節), dixième jour du dixième mois de l’année en mémoire du 10 janvier 1911, jour du soulèvement de Wuchang (武昌起義). Celui-ci provoque le renversement de la dynastie Qing, mettant fin à 22 siècles d’Empire chinois, et entraînera la fondation de la République chinoise, le 1er janvier suivant. En 1911, l’île de Formose (Taïwan) appartient à l’Empire japonais, une situation qui durera jusqu’en 1945. Si bien que la population taïwanaise n’a pas la mémoire des premières décennies de la république de Chine. Au XXe siècle, elle n’a été rattachée au continent que de 1945 à 1949.
La république de Chine a été fondée à Nankin, le 1er janvier 1912 par Sun Yat-sen et le Double-Dix était la fête nationale de la Chine jusqu’en 1948. Ce sont ses héritiers politiques qui se sont réfugiés à Taïwan en 1949 après avoir perdu le contrôle de la Chine où Mao a pris le pouvoir le 1er octobre. Seuls Taïwan et Hong-Kong (pour quelques décennies) ont échappé au régime communiste.
Sun Yat-sen (孫逸仙), dont se recommandent les deux pays, est considéré comme le père de la République de Chine, mais il est aussi le fondateur du Kuomindang, le Parti nationaliste chinois, qui, plus tard, tentera d’empêcher Mao Zedong de prendre le pouvoir en Chine, d’où la sobriété de Pékin dans la commémoration de cette date et de ce personnage dont le portrait est mis à l’honneur à Taïwan chaque 10 octobre.
Le régime de Taïwan qui continue de porter le nom de « République de Chine » (le continent étant la « République populaire de Chine ») organise chaque 10 octobre une grande parade militaire (qui depuis quelques années comprend aussi des civils) devant le Palais présidentiel à Taipei. Le drapeau national est solennellement hissé en ce jour de fête nationale, des représentations de danses populaires et d’arts martiaux sont proposées à la foule. La culture aborigène est aussi depuis quelques années mise à l’honneur. Le président William Lai (賴清德) prononce un discours, son premier discours à l'occasion de la fête nationale depuis son entrée en fonction en mai 2024. Un événement qui inquiète toujours Pékin, car le président taïwanais est élu démocratiquement. À Taipeh, un feu d’artifice géant tiré au-dessus du fleuve Tamshui clôt cette journée de célébration.
La fiction politique continue de présenter le régime taïwanais comme le seul légitime pour l’ensemble de la Chine). Toutefois, les réfugiés politiques de 1949 qui ont pris le pouvoir dans l’île ne représentent aujourd’hui, avec leurs descendants, que 15% de la population. Cela explique pourquoi, une majorité de Taïwanais, en particulier les jeunes générations, ne ne sentent pas très concerné et souhaiteraient tourner la page de cette situation absurde. Sans la lourde menace de Pékin, il y a longtemps que cette histoire officielle aurait été jetée aux orties. En effet, la Chine revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire souverain et n’exclut pas de recourir à la force pour prendre l’île sous son contrôle. En ce jour de fête nationale, Taïwan est en état d'alerte en raison d’exercices militaires chinois en mer, à proximité de l'île.
Pékin, discret face à cette célébration, ne veut toutefois pas être en reste et commémore chaque Double-Dix (双十节), la révolution Xinhai dont le point culminant est le soulèvement de Wuchang (une révolte militaire contre le représentant de l’empereur dans la province de Hubei) qui provoqua ensuite le soulèvement de plusieurs provinces et abouti à la chute du régime impérial. La Chine « communiste » ne pouvait pas ne pas faire référence à cette première révolution, prélude à la suivante. Toutefois, Pékin s’en tient à un simple discours du Président retransmis dans tous les médias, rien qui n’émeuve ni ne puisse provoquer de troubles dans la population.
Quant aux Chinois d’outre-mer qui s’identifient à la République de Chine, ils organisent également des célébrations chaque 10 octobre. En particulier, les quartiers chinois de Chicago et de San Francisco aux États-Unis où le motif rouge du Double Ten fait figure de logo.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 octobre 2024
Mise à jour du 11 octobre 2024 : « Ici, la démocratie et la liberté progressent et prospèrent. La République populaire de Chine n'a aucun droit de représenter Taiwan », a dit Lai Ching-te dans son discours prononcé à l’occasion de la fête nationale. «Je maintiendrai aussi l'engagement de résister à l'annexion ou l'empiètement de notre souveraineté», a ajouté le président Lai. Ce qui a provoqué une vive réaction de Pékin et une mise en garde des États-Unis à l’égard de la Chine. La fête nationale de Taiwan n’est jamais de tout repos.
30 septembre : la Chine honore ses martyrs en renouvelant ses héros
Ce jour férié de création récente (2014), participe à l’exaltation du nationalisme chinois qui a très amplement remplacé l’idéal communiste. En cette période de tension géopolitique régionale, il convient pour les dirigeants chinois de mobiliser le peuple. Cette célébration semble aujourd’hui plus importante pour le régime que les 75 ans de la victoire de Mao qui seront fêtés demain.
À Pékin, en cette veille de fête nationale, une cérémonie grandiose est organisée place Tiananmen, autour du Monument aux héros du peuple, en présence du président Xi Jinping, accompagné des dirigeants du Parti et de l'État. Cette célébration est de création récente, elle participe à l’exaltation du nationalisme qui a très amplement remplacé l’idéal communiste. Xi Jinping a déclaré qu'« une nation prometteuse ne peut pas aller de l'avant sans héros » et que « ce n'est qu'en respectant les héros que d'autres héros émergeront ». En cette période de tension géopolitique régionale, il convient de mobiliser le peuple. Cette célébration semble aujourd’hui plus importante pour le régime que les 75 ans de la victoire de Mao qui seront fêtés demain.
Avant 2014, on se contentait d’un dépôt de la corbeille de fleurs au pied du monument, le 1er octobre pendant les festivités liées à l’anniversaire de la prise du pouvoir des communistes en Chine. Depuis une décennie, les Chinois qui sont morts pour la patrie, principalement au XXe siècle, soit quelque 20 millions de martyrs, mais aussi au cours des siècles antérieurs, ont droit à un jour férié spécifique : la Journée des martyrs (烈士纪念日), chaque 30 septembre. Les provinces et les villes de chine sont censées organiser à leur échelle de pareilles cérémonies.
On s’éloigne aujourd’hui de la célébration des héros rebelles communistes fondateurs du régime et on élargit la focale à d’autres époques, ainsi qu’aux Chinois morts à l’étranger. Ceux, par exemple qui sont morts pendant les bombardements de l'OTAN sur la Serbie menés par les États-Unis en 1999. Les médias font aussi émerger des figures anciennes offertes à la vénération tel Qu Yuan, un poète et ministre de l'ancien État de Chu qui fut banni pour avoir prôné la résistance contre l'État rival de Qin et qui se noya en apprenant la prise de la capitale de Chu par ce dernier État en 278 avant J.-C.
Depuis l’épisode du covid, beaucoup de célébrations se font désormais en ligne, ce qui simplifie la gestion des mémoriaux, évite le risque de politisation associé aux commémorations publiques et facilite ainsi le contrôle du parti et de l’État. Un site mémorial répertorie quelque deux millions de Chinois à honorer quitte à en réhabilité discrètement quelques uns comme le médecin Li Wenliang (李文亮), le lanceur d’alerte de Wuhan qui a alerté ses collègues de l'apparition d'un nouveau coronavirus en décembre 2019, mort à 34 ans dans des circonstances mal établies. Bien qu’il ait été, à l’époque, condamné par les autorités pour « trouble à l'ordre public », il dispose de son propre mémorial virtuel sur ce site.
La cérémonie commence à 10 heures du matin place Tiananmen. La fanfare militaire joue l'hymne national « La Marche des volontaires », repris par l’assistance. Puis après un moment de silence, un groupe d'enfants tenant des fleurs dans leurs mains chantent Nous sommes les successeurs du communisme et saluent le monument…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 septembre 2024
4 juin : la dissidence chinoise en exil célèbre le 35 mai en mémoire de Tiananmen
Le 35 mai correspond au 4 juin 1989, date de l'intervention de l'armée lors des manifestations de la place Tiananmen. La féroce répression avait fait quelque 10 000 victimes. Depuis une chape de plomb est tombée sur le pays. Aucune commémoration n’est possible.
Le 35 mai correspond au 4 juin 1989, date de l'intervention de l'armée lors des manifestations de la place Tiananmen. Il s'agit d'un mot-clé permettant de contourner la censure des autorités chinoises via des logiciels de surveillance. Évidemment toute commémoration est interdite en Chine. Jusqu’en 2019, il n’y avait que dans la ville de Hong-Kong que chaque 4 juin, plusieurs dizaines de milliers de manifestants se rassemblaient pour une veillée d’hommage aux victimes. Cette année, comme en 2020, la manifestation a été à nouveau interdite à Hong Kong et à Macao, pour raison sanitaire selon les autorités.
Sur le continent, la moindre allusion à cette « rébellion contre-révolutionnaire » est interdite. Les autorités opèrent des arrestations préventives quelques jours avant la date, tout rassemblement est impossible. La censure est implacable « 4 juin » (六四 ) de même de même que les chiffres 6 et 4 doivent être bannis des messages, les internautes avaient pris l’habitude de parler du « 35 mai » («May 35» ou «535»). Ce qui permettait en même temps de s’affranchir du chiffre 4 qui en Chine porte malheur. Mais, l’expression du 35 mai a été à son tour rattrapée par la censure, tout comme le code 9875321, où le 4 et le 6 était sciemment retirés…
Au printemps 1989, des milliers d’étudiants et d'intellectuels, mais aussi des ouvriers étaient rassemblés depuis le 4 mai sur la place Tiananmen (la principale place de pékin) pour dénoncer la corruption et l’incapacité du régime en demandant des réformes politiques et démocratiques. Le gouvernement chinois, d’abord indécis, a fini par envoyer l’Armée pour mater cette révolte. La répression du « printemps de Pékin » a débuté le 4 juin 1989 (c’est la date qu’on commémore aujourd’hui), elle a duré plusieurs jours, faisant quelque 10 000 morts et de disparus.
Tout le monde se souvient de l’image d’un homme seul et anonyme, tentant de stopper une colonne de chars. Il a été vu comme le symbole du combat inégal entre les étudiants et le totalitarisme chinois. Pour contourner la censure qui frappe aussi les photos de char, chaque année, à l’approche du 4 juin, quelqu’un a eu l’idée de les remplacer par des canards jaunes. Lesquels sont tombés à leur tour sous le coup de la censure.
Pendant trois décennies, c’est à Hong Kong, qu’étaient organisées des veillées annuelles à la mémoire des victimes de la répression. En 2020, le rassemblement a été interdit pour des raisons de lutte contre l’épidémie, interdiction renouvelée en 2021 pour la même raison. Depuis, une chape de plomb est tombée sur l’ancienne colonie britannique devenue chinoise, plus aucune référence à Tiananmen n’y est plus possible.
Depuis une vingtaine d’années, le pays a dressé ce que l'on surnomme trivialement la « Grande muraille numérique » chinoise autour de « son » internet. Si bien que celui-ci ressemble aujourd'hui davantage à un réseau domestique qu'à un espace ouvert sur le monde. #TiananmenSquareMassacre #MilkTeaAlliance
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2024
3 juin : une journée antitabac à Taïwan en souvenir de la guerre de l’opium
Derrière une banale journée antitabac se cache une profonde blessure nationale qui marque toujours l’identité chinoise, y compris à Taïwan où le comportement de voyou des Européens à l’égard de la Chine est dans tous les livres d’Histoire.
Le 3 juin est aujourd’hui connu à Taïwan comme la journée antitabac, mais la date fait référence à un événement qui a profondément marqué la chine. Longtemps, le 3 juin a été désigné comme la Journée du mouvement pour la répression de l'opium (禁菸節).
L’opium, découvert et utilisé d’abord comme un médicament par les Chinois a fini par devenir un fléau au point que l’empereur Yougzheng, en 1729, a publié un édit pour interdire sa consommation. Cet édit a aussitôt engendré des réseaux de contrebande, notamment avec l’Inde où les Anglais se sont arrogés le monopole de la production de l’opium du Bengale. Grâce à leur marine performante, ils se sont vite imposés dans le commerce de cette drogue dont les bénéfices leur permettaient d’acheter des produits chinois. Devant l’importance de ce trafic, favorisé par des fonctionnaires chinois corrompus, les autorités chinoises ont décidé de frapper un grand coup : 20 000 coffres d'opium (soit 1 210 tonnes) furent saisis. La confiscation aux commerçants anglais s’est faite sans compensation et cet énorme stock d’opium fut détruit dans un grand bûché le 3 juin 1839. C’est l’anniversaire de cet acte de souveraineté et d’autorité contre les trafics de drogues qui est célébré aujourd’hui.
Les Anglais ont aussitôt déclaré la guerre à la Chine pour entrave au commerce ! La Guerre de l’opium (鴉片戰爭) débuta en 1840 par la prise de l’île stratégique de Zhoushan par les Anglais, puis la chute de Canton, le grand port dans lequel s’organisait le trafic de l’opium. Elle se termine en 1842 par la défaite de la Chine qui, toutefois, maintient son hostilité au fait que les Européens leur imposent la vente libre de la drogue sur son territoire. Cette résistance chinoise engendrera une seconde guerre de l’opium, impliquera, outre les Anglais, les Français, les Russes et les Américains. Elle se terminera à nouveau par une défaite et une capitulation, et même le pillage de Pékin par les Anglais et les Français en 1860. C’est ainsi que les autorités chinoises ont été acculées à signer la convention de Pékin de 1860 qui autorise le libre commerce de l’opium dans tout le pays. Les conséquences de ces deux guerres sont catastrophiques pour la chine, qui mettra un siècle à s’en remettre. Le souvenir de l’humiliation provoquée ce « traité inégal » a grandement participé à l’émergence du nationalisme chinois et à sa profonde méfiance à l’égard de l’Occident.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 juin 2024
12 mars : la journée de l’arbre en Chine et à Taïwan
L’anniversaire de la mort de Sun Yat-sen, le fondateur la république de Chine, sert aujourd’hui de date de référence pour encourager à la reforestation dans un pays où l’industrialisation à outrance a mis les forêts à mal.
La date choisie pour cette Journée de l'arbre (植樹節) est celle de l’anniversaire de la mort de Sun Yat-sen, le fondateur la république de Chine. Ce médecin, devenu président, avait dès 1914, suggéré de copier la fête américaine de plantation des arbres. Très tôt, il avait pris au sérieux la question du reboisement. Ce n’est qu’après sa mort, le 12 mars 1925, que gouvernement chinois a commencé à prêter attention aux projets de reboisement. En 1929, la Journée de l'arbre fut créée pour célébrer l'anniversaire de la mort du Dr Sun Yat-sen. Après la prise du pouvoir des communistes en 1949, c’est à Taïwan où le gouvernement chinois s’était réfugié, que cette journée de l’arbre a continué à être observée. Mais, Pékin ne voulant pas abandonner à Taïwan, la mémoire du révolutionnaire Sun Yat-sen, une Journée de l’arbre a finalement été instaurée en 1980, en Chine populaire. Le gouvernement recommande que chacun replante un arbre ce jour-là, ce que font beaucoup d’écoliers mobilisés pour cela. Aujourd’hui, de nombreux couples choisissent de se marier la veille du 12 mars et plantent un arbre pour marquer le début de leur vie commune et la nouvelle vie de l'arbre.
Cette impulsion est devenu indispensable dans un pays menacé, plus que d’autres, par la pollution et le réchauffement climatique. Lors du « Grand bon en avant », impulsé par Mao, à partir de 1958, des forêts entières ont été détruites pour alimenter les fours artisanaux pour fondre l’acier. Ensuite, au moment de la Révolution culturelle, des millions hectares de forêts ont été transformées en culture de maïs et de blé. Après la mort de Mao, en 1976, sous Deng Xiaoping, les paysans se sont vus attribuer plus de terres, à titre individuel, qu’ils ont déboisées massivement… Après des décennies de croissance effrénée responsable de la destruction d'écosystèmes majeurs, la République populaire promet aujourd’hui de créer des “barrières de sécurité écologiques” (une grande muraille verte, 三北防护林;) et de préserver de l'empreinte humaine jusqu'à un quart de la superficie totale de son territoire. Mais si la Chine protège aujourd’hui ses forêts, elle est devenue le premier importateur mondial de bois, principalement en provenance de pays d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est où les forêts sont exploitées illégalement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 mars 2024
1er octobre : les Chinois en vacances pour la fête nationale
La fête nationale chinoise est l’anniversaire du régime mis en place en 1949 par Mao Zedong. C’est surtout le début d’une période de congés. Quelque 800 millions de Chinois vont se croiser sur les routes !
La fête nationale chinoise (国庆节) est l’anniversaire du régime mis en place en 1949 par Mao Zedong. L'événement, jadis célébré avec magnificence, est beaucoup moins fêté aujourd’hui. Mais, cette année, pour les 74 ans du régime, un défilé militaire est prévu comme au bon vieux temps. Une occasion pour la Chine de montrer sa puissance, une sélection de nouvelles armes utilisées par l’Armée populaire de libération (APL) de la Chine sera présentée.
Le 1er octobre 1949, le président Mao Zedong proclamait la république populaire de Chine sur la place Tian'anmen. La première session plénière de la première Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) décidait cette même année de fixer la date de la fête nationale au premier jour du mois d'octobre. Durant les deux décennies et demi de pouvoir maoïste, les Chinois connaîtront les purges contre-révolutionnaires, la famine et les grands projets révolutionnaires de l’État… Des années sombres pour beaucoup. Qui s’en souci aujourd’hui, c’est les vacances !
Cette année, c’est férié du 29 septembre (fête lunaire de la mi-automne) au 6 octobre. Cette période de congés est l’une des deux "semaines d'or" (黄金周), l’autre est prise au nouvel an chinois, en février. L’étalement des vacances n’existe pas encore, tout le monde part en même temps. Ainsi, cette semaine, quelque 800 millions de Chinois vont se croiser sur les routes ! Le tourisme local explose, les sites célèbres sont littéralement envahis.
Pour ceux qui ne partent pas, autour du 1er octobre, de nombreux centres commerciaux et sites de vente en ligne proposent d’importantes soldes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er octobre 2023
1er juin : la fête des enfants et... des parents
La journée de l’Enfance est particulièrement fêtée dans les anciens pays communistes. En particulier en Chine où ce jour-là les enfants n’ont pas classe, mais défilent dans les rues.
La Journée de l’Enfance est particulièrement fêtée dans les anciens pays communistes. Surtout en Chine où chaque 1er juin, les enfants n’ont pas classe et défilent dans les rues. Une loi chinoise de 2007 réserve cette fête aux moins de 14 ans. C’est aussi le cas en Corée du Nord, au Laos, en Mongolie, au Vietnam, en Éthiopie, en Birmanie, en Russie… où la journée est célébrées depuis 1950.
Cette Journée internationale de protection de l’enfant (International Day for Protection of Children), selon une autre appellation, vise à attirer plus d’attention sur la protection, l’éducation, la santé et le bien-être des enfants. Inspirée par une Conférence mondiale tenue à Genève, en 1925, autour de la protection de l’enfance, elle a véritablement été instituée par la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF), lors d’une réunion à Moscou en novembre 1949, pour rappeler le souvenir douloureux des enfants tués pendant la Seconde Guerre mondiale par les nazis. En particulier les 88 enfants tués dans le village tchèque de Lidice, en juin 1942.
Quoi qu’il en soit, en 2012, l'Assemblée générale de l’ONU a décidé de proclamer le 1er juin, Journée mondiale des parents (World Parents Day), pour mettre à l'honneur les parents du monde entier. Sinon, le calendrier l’ONU propose lui aussi une Journée internationale des droits de l'enfant, fixée le 20 novembre.
Il existe aussi ne nombreuses fêtes nationales dédiées aux enfants : en Inde, au Népal, au Bangladesh, en Thaïlande, en Turquie, au Japon, à Singapour, en Allemagne, en Suède, aux États-Unis, au Brésil, en Argentine… En Chine, le 1er juin a remplacé le 4 avril (adopté en 1932 et qui a toujours cours à Taïwan).
Officiellement, la Journée des enfants est célébrée le 1er juin dans les anciens États de l'Union soviétique : l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, l'Estonie, la Géorgie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Lettonie, la Lituanie, la Moldavie, la Russie, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Ukraine, l'Ouzbékistan ainsi que d'autres anciens ou États communistes actuels : Albanie, Angola, Bénin, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Cambodge, Croatie, Cuba, République tchèque, Slovaquie, Éthiopie , Kosovo, Laos, Mongolie, Monténégro, Mozambique, Chine, Macédoine du Nord, Pologne, Portugal, Roumanie, Serbie, Slovénie, Tanzanie, Vietnam et Yémen, ainsi qu’en Israël au sein de sa population juive soviétique. Cela dit, dans beaucoup de ces pays la fête semble être tombée en désuétude. Mais pas partout, en Roumanie, par exemple, le 1er juin est même devenu un jour férié en 2017, sous le nom de Journée de l’enfance (Ziua Copilului). De nombreux musées leur ouvrent les portes chaque 1er juin pour des animations. Au Cap-Vert, on a élargi la cible, c’est la Journée de la Jeunesse (fériée), comme en Mongolie où c’est la Fête des mères et des enfants.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
12 novembre : Taïwan honore le père de la Chine moderne
La journée est fériée à Taïwan, jour anniversaire de Sun Yat Sen (1866-1925), le « père de la Chine moderne ». Une cérémonie lui est dédiée au fastueux mémorial qui lui a été construit dans le centre de Taïpeh. Mais, la commémoration n’est pas du goût de tout le monde…
La journée est fériée à Taïwan, jour anniversaire de Sun Yat Sen (1866-1925), le « père de la Chine moderne ». Une cérémonie lui est dédiée au fastueux mémorial qui lui a été construit dans le centre de Taïpeh. Mais, la commémoration n’est pas du goût de tout le monde. En quoi le fondateur, en 1912, d’une république chinoise centrée sur la ville Nankin, à une époque où l’île de Formose (devenue Taïwan) était une possession japonaise, peut-il concerner les autochtones de l’île ? Et même la grande majorité des chinois Hans installés à Taïwan depuis les XVIIe et XVIIIe siècle ? Depuis que les indépendantistes sont au pouvoir à Taipeh, cette commémoration est un peu mise en sourdine, mais reste chômée. Certains proposent même de supprimer tous les portraits géants dans le pays.
25 octobre : Taïwan face à son histoire
Taïwan célèbre la fin de 50 ans d’occupation japonaise (1895-1945). Officiellement, c’est le « Jour de la rétrocession », mais ce terme fait polémique, les indépendantistes refusant de fêter un rattachement à la Chine. Du coup, le Retrocession Day est devenu un jour de manifestations anti Pékin, exacerbé par le soulèvement de Hong-Kong.
Taïwan célèbre la fin d’un demi siècle d’occupation japonaise (1895-1945), il y a 75 ans jour pour jour. Officiellement, c’est le « Jour de la rétrocession » (臺灣光復節), mais ce terme fait polémique, les indépendantistes refusant de fêter un rattachement à la Chine. Du coup, le Retrocession Day est devenu un jour de manifestations anti Pékin, exacerbé par le soulèvement de Hong-Kong.
La position officielle de la Chine demeure que Taïwan et les îles Pescadores ont été rétrocédés à la future République populaire de Chine en accord avec les actes de reddition de 1945. Concernant Taiwan, c’est le commandant en chef des forces japonaises sur l’île qui signa les documents de reddition à la mairie de Taipei le 25 octobre 1945. Aujourd’hui, les indépendantistes, en particulier le Parti progressiste démocratique, soutiennent qu’il s'agissait en réalité d'une occupation militaire provisoire et non d'un transfert de souveraineté des territoires de Taiwan à la Chine continentale. Le 25 octobre n’a pas lieu alors de porter le nom de Retrocession Day. D’ailleurs, ce jour n’est même pas férié.
Le malaise est aggravé par un autre anniversaire, celui de l’expulsion de Taïwan du siège de de la Chine à l’ONU, quand celui-ci a été accordé à Pékin en 1971, un 25 octobre !
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 octobre 2020
27 juillet : l'anniversaire du général Kwan, dieu chinois de la Guerre
Vénéré tant par les membres des sociétés secrètes que par la police qui les pourchasse, Kwan Tai est une figure du crime et de la justice. Ce général de la très ancienne dynastie des Han (IIe siècle ap. JC), immortalisé en tant que dieu de la Guerre…
Vénéré tant par les membres des sociétés secrètes que par la police qui les pourchasse, Kwan Tai est une figure du crime et de la justice. Ce général de la très ancienne dynastie des Han (IIe siècle ap. JC), immortalisé en tant que dieu de la Guerre, est le plus souvent vu comme un symbole de loyauté et d'intégrité qui attire tant les organisations de type militaire que les sociétés secrètes chinoises, (ces dernières étant bien souvent, à l'origine, des groupes révolutionnaires).
À l'occasion de cet anniversaire, de nombreuses célébrations sont organisées dans la ville de Hong Kong, et notamment au temple de Man Mo.
7 octobre : la fête chinoise du Double neuf, journée du troisième âge
n ce neuvième jour du neuvième mois selon le calendrier lunaire, les Chinois célèbrent la fête du double 9. En chinois, le mot « neuf » est homophone du mot « éternité ». Comme le chiffre « 9 » est le nombre impair au plus haut degré, le « double 9 » porte en lui la longévité. Ce jour est donc particulièrement propice pour témoigner respect et reconnaissance aux personnes âgées et, depuis 1989, il a officiellement été désigné Journée du Troisième âge en Chine.
En ce neuvième jour du neuvième mois selon le calendrier lunaire, les Chinois célèbrent la fête du double 9 (重阳节) dite aussi fête de Chongyang ou encore « fête où l’on gravit les hauteurs ». Effectivement, pour beaucoup de Chinois (même si la fête est suivie de manière inégale dans le pays), ce jour est l’occasion de gravir une colline pour y pique-niquer et y déguster des gâteaux « double-yang » (en chinois les mots gâteau et montée sont des homonymes), d’autres dits gâteaux « neuf feuilles » ou en forme de pagode, enfin l’incontournable gâteau au chrysanthème. Cette plante, en pleine floraison, est également consommée sous forme de vin. On dit qu’elle éloigne les mauvais esprits et la malchance. Si les origines de cette fête restent obscures, on raconte qu’un certain Huang Jing, adepte du taoïsme, aurait échappé à la mort ainsi que sa famille en se réfugiant sur une colline et en buvant du vin de chrysanthème, sur les conseils de son maître tao, prévenu d’une calamité qui devait toucher le pays. On sait, par ailleurs, par le Yi Jing (grand livre du yin et du yang) que le chiffre « 9 » est un chiffre yang (symbole de bonne fortune et de clarté) et qu’en chinois, le mot « neuf » est homophone du mot « éternité ». Comme le chiffre « 9 » est le nombre impair au plus haut degré, le « double 9 » porte en lui la longévité. Ce jour est donc particulièrement propice pour témoigner respect et reconnaissance aux personnes âgées et, depuis 1989, il a officiellement été désigné Journée du Troisième âge en Chine.
5 février : le nouvel an chinois, vietnamien, coréen...
Plusieurs pays asiatiques fêtent aujourd’hui leur entrée dans l’année du Cochon de terre, l’an 4717 du calendrier chinois. Une occasion de retrouvailles familiales…
Plusieurs pays asiatiques fêtent aujourd’hui leur entrée dans l’année du Cochon de terre, l’an 4717 du calendrier chinois. Une occasion de retrouvailles familiales, de retour dans sa terre natale qui donne lieu à d’innombrables allées et venues à travers les pays (plus de trois milliards ces dernières années pour toute la période des fêtes) avec son lot d’encombrements sur les routes, dans les gares aussi bien que dans les aéroports.
Le nouvel an chinois (农历新年) est célébré partout où la diaspora chinoise s’est installée, sur tous les continents. Dans beaucoup de pays d’Asie où ce jour donne lieu à des festivités grandioses, au Vietnam (Fête du Têt), en Indonésie, Malaisie, Corée du Sud (Seollal), Thaïlande ou aux Philippines on n’apprécie guère le terme de nouvel an chinois pour une fête que chaque pays s’est appropriée et il serait peut-être plus judicieux de parler de nouvel an du calendrier chinois ou tout simplement de nouvel an lunaire ou encore de Fête du Printemps (春节).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde