L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
31 octobre : la Journée de la mer Noire
La Journée internationale d'action pour la mer Noire est une célébration régionale destinée à sensibiliser le public à la nécessité d'une coopération régionale pour la protection de la mer Noire, en particulier de son écosystème marin aujourd’hui menacé par la guerre déclenchée par la Russie.
La Journée internationale d'action pour la mer Noire est une célébration régionale destinée à sensibiliser le public à la nécessité d'une coopération régionale pour la protection de la mer Noire. Mais la préoccupation écologique a du laisser place à un souci de sécurité en raison de la guerre déclenchée par un des signataires, la Russie dont l’objectif géopolitique était de faire de cette mer un lac russe. La bataille de la mer Noire a été gagnée par l’Ukraine grâce au blocage des détroits par la Turquie inquiète de l’évolution de la situation. Cette dernière ainsi que la Bulgarie et la Roumanie ont signé un accord pour lutter conjointement contre les mines marines dérivantes. On est loin des préoccupations à l’origine de cette journée du 31 octobre qui était l’occasion de se pencher sur l’état des écosystèmes marins de la mer Noire.
Le 21 avril 1992, les représentants des pays riverains de la mer Noire, de la Turquie, de l'Ukraine, de la Russie, de la Bulgarie et de la Roumanie se sont réunis à Bucarest pour signer la Convention sur la protection de la mer Noire contre la pollution. Le 31 octobre 1996, les États membres de la convention ont signé le Plan d'action stratégique de la mer Noire, qui est devenu la base de la protection de la mer contre la pollution. C’est la date de signature de ce plan qui est célébré chaque année avec des résultats bien médiocres compte tenu de la situation. Depuis février 2022, la guerre a gravement perturbé les écosystèmes de cette mer fermée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 octobre 2024
9 octobre : mobilisation kurde pour Öcalan, emprisonné depuis 25 ans
Chaque année, 9 octobre est une date de mobilisation pour les Kurdes qui considèrent que le 9 octobre 1998 a débuté un « complot international » contre leur leader, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 25 ans.
Chaque année, 9 octobre est une date de mobilisation pour les Kurdes. Ils considèrent que le 9 octobre 1998 a débuté un « complot international » contre leur leader, Abdullah Öcalan, fondateur du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). C’est la date à laquelle A. Öcalan a été sommé de quitter Damas où il était installé depuis de longue année. Ce jour-là, a commencé une errance à travers de nombreux pays d’où il a été systématiquement expulsé. Le 15 février 1999, Abdullah Öcalan a finalement été capturé au Kenya par les services secrets américains et israéliens, avec l'aide de certains éléments des services secrets grecs. Il a été livré en toute illégalité aux services secrets turcs, le MIT, qui l’ont conduit clandestinement en Turquie, où il est emprisonné depuis 25 ans sur l’île prison d’Imrali, dans la mer de Marmara. Il a été condamné à la prison à vie pour terrorisme. Est-il encore en vie ? On est sans nouvelle de cet homme de 75 ans depuis plus de trois ans. Ni ses avocats ni sa famille n’ont pu rentre en contact avec lui depuis début 2021.
Le 9 octobre et le 15 février sont les deux dates récurrentes et symboliques pour les Kurdes, deux occasions de mettre en avant leurs revendications et de réclamer de l’aide. Chaque année plusieurs longues marches sont organisées à travers le monde par des organisations kurdes afin de dénoncer l’isolement dans lequel est maintenu le leader du mouvement de libération kurde.
Est-ce un hasard du calendrier si, en 2019, l’offensive de l'armée turque contre les forces kurdes du nord de la Syrie, a été lancée précisément le 9 octobre. Une manière de montrer qui est le maître dans la région.
Cette année, à Marseille, la marche a été déplacée au samedi 12 octobre 2024. La diaspora kurde de Marseille manifestera pour Öcalan mais aussi pour la libération des dizaines de milliers prisonniers politiques kurdes retenus en otage par le régime turc. Rendez-vous est donné à 13h, aux Réformés, en haut de la Canebière.
En région parisienne, c’est le 19 octobre 2024 que le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) organise un grand concert de solidarité en soutien à tous les prisonniers politiques kurdes détenus en Turquie. Avec Emel Mathlouthi, Mouss et Hakim (ex. groupe Zebda), le Trio Mademoiselle et Hozan Cömert. C’est à 16h à Montreuil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 octobre 2024
19 janvier : Hrant Dink, martyr de la liberté de presse
Quelques milliers de personnes défilent dans les rues d’Istanbul, des cérémonies ont lieu aussi à Paris, Lyon, Marseille, Bruxelles, Erevan... à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. L’AKP, au pouvoir, a jusqu’à présent, bloqué toute enquête sur ce crime.
Des cérémonies ont lieu aussi à Istanbul, à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 à 15 heures par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. Des rassemblements ont également lieu chaque année à Paris, Marseille, Bruxelles, Erevan... à Lyon, c’est rue Hrant Dink dans le 2e arrondissement.
Hrant Dink s'est fait connaître en fondant Agos, un journal paraissant en turc et en arménien, abordant des sujets jusque-là tabous. Il était haï par les nationalistes turcs pour avoir qualifié de génocide les massacres dont les Arméniens ont été les victimes pendant entre 1915 et 1917 sous l'Empire ottoman. Aujourd’hui encore, les autorités turques refusent toujours de reconnaître la réalité génocide. Hrant Dink a été déclaré « héros de la liberté de la presse » par l’International Press Institut (IPI).
Le journal Agos, devant lequel Hrant Dink a été tué de trois balles a aujourd’hui déménagé. Ses bureaux, rue Halaskârgazi district de Şişli à Istanbul, sont devenus un simple lieu de mémoire, ouvert au public depuis juin 2019, sous le nom “23.5 Lieu de mémoire Hrant Dink 23,5” '. Le lieu tire son nom d’un article titré 23,5 Avril publié par Hrant Dink le 23 avril 1996 dans Agos. Le 23 Avril, est la veille du 24 (le fameux 24 avril 1915), jour de sinistre mémoire pour les Arméniens. Hrant Dink s’était marié un 23 avril et le couple avait conçu son premier enfant dans la nuit qui a suivi, d’où le 23,5.
Ailleurs dans le monde, notamment dans les villes où vivent des Arméniens, le combat de Hrant Dink pour la mémoire est toujours célébré chaque 19 janvier. Par exemple, ce dimanche à Bruxelles, après un requiem à la mémoire de Hrant Dink joué en l’Église arménienne, rendez-vous est donné à 13 heures devant le monument dédié au génocide des Arméniens, Square Henri Michaux, 1050 Ixelles. Ou encore à Londres, à 18 heures, St Yeghiche Armenian Church 13b Cranley Gardens, Kensington Londres SW7 3.
Le tireur, Ogun Samast, 17 ans au moment des faits, a avoué le meurtre et a été condamné à près de 23 ans de prison en 2011. Mais l'identité de ses commanditaires continue de faire l'objet de polémiques et spéculation. Le combat n’est pas terminé pour faire éclater la vérité sur les circonstances du meurtre. À l’occasion de ce 16e anniversaire, l'Association des journalistes de Turquie (TGC) a réagis en demandant une enquête. La proposition du HDP (part d’opposition) d'"enquêter sur le meurtre de Hrant Dink sous tous ses aspects" a été rejetée récemment par les votes des députés AKP et MHP (la coalition au pouvoir) à l'Assemblée générale de la Grande Assemblée nationale de Turquie.
Expliquant sa proposition, le député du HDP Diyarbakır, Garo Paylan, a déclaré :
(…) « Hrant Dink faisait la une des journaux sur le fait d'affronter le passé. Le 6 février 2004, le journal Agos a rapporté l'allégation selon laquelle Sabiha Gökçe [la fille adoptive de Mustafa Kemal Atatürk] était une orpheline arménienne. L'apocalypse a éclaté dans le pays concernant l'affirmation selon laquelle un orphelin était arménien. Cependant, dans le passé, une personne sur cinq était arménienne, et des centaines de milliers d'orphelins ont été laissés derrière pendant que le peuple arménien était expulsé de ces terres. Il a été affirmé que Sabiha Gökçen pourrait également être une orpheline arménienne. À ce moment-là, tout l'enfer s'est déchaîné. L'état-major général a publié une déclaration très dure et pris pour cible Hrant Dink. L'état-major a considéré l'affirmation selon laquelle Sabiha Gökçen était arménienne comme une menace majeure. Ce n'était pas suffisant, deux jours plus tard, Hrant Dink a été appelé au poste de gouverneur et a été menacé par deux responsables du MİT. Il a été dit : "Attention, marche sur tes pieds". Ce n'était pas assez, Ülkü Ocakları s'est réuni devant la présidence du district de MHP Şişli, Il s'est présenté devant le journal Agos avec un discours de haine. "Hrant Dink est notre cible", a déclaré le président provincial de l'Ülkü Ocakları devant le journal Agos. Ce n'était pas suffisant, la justice a pris des mesures. Le pouvoir judiciaire a intenté une action en justice contre Hrant Dink avec l'allégation d'insulte à la turcité, ce que Hrant Dink n'a jamais voulu ou ne pouvait pas dire dans un article. Hrant Dink a été condamné, bien que certaines personnes aient dit : « Une telle chose ne peut pas arriver ».
Selon eux, Hrant Dink était désormais un ennemi déclaré des Turcs et il visait. Certains acteurs appelés « Ergenekonists » ont ciblé Hrant Dink devant le journal Agos. La presse ciblait Hrant Dink dans le linge, le titre et les gros titres. Hrant Dink a écrit l'article "Mon humeur est un malaise de pigeon" une semaine avant son assassinat le 19 janvier 2007, en disant "Je suis maintenant sur la cible". Il a expliqué dans tous les détails pourquoi il était visé, mais l'AKP était au pouvoir à ce moment-là et n'a rien fait. Il n'a pas protégé Hrant Dink. Bien que toutes les agences de renseignement de l'État savaient que Hrant Dink serait assassiné, elles n'ont pas surveillé Hrant Dink, mais le gang qui est parti de Trabzon Pelitli et les a amenés au journal Agos.» (…) Garo Paylan (député turc d'origine arménienne)
Le site du Mémorial Hrant Dink et celui du journal Argos
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
9 septembre : il y a 100 ans, l'incendie de Smyrne / l'indépendance d'Izmir
Les familles de Grecs d'Asie mineure se souviennent de l'incendie de Smyrne en 1922 qui a fait quelques dizaines de milliers de morts… Les Turcs célèbrent, eux, la prise de la par l’armée turque.
Alors que les Turcs célèbre l’ “ indépendance » d’Izmir, les familles des Grecs d'Asie mineure se souviennent de l'incendie de Smyrne en 1922 qui a fait quelques dizaines de milliers de morts, pas seulement des Grecs, aussi des Arméniens et tant d’autres. Les rescapés ont dû quitter la ville en hâte se réfugiant sur les navires dépêchés par plusieurs pays européens lesquels ont assisté à la destruction de la ville sans intervenir. Seuls les Italiens se sont montrés un pays plus actifs dans les actions de sauvetage des populations. Aujourd'hui peuplée uniquement de Turcs, la cité est aujourd’hui connue sous le nom d'Izmir.
Le Jour de l'indépendance d'Izmir (İzmir Bağımsızlık Günü) est un jour du souvenir célébré en Turquie chaque 9 septembre. Il commémore la libération de Smyrne (Izmir) de l'occupation grecque par Mustafa Kemal Atatürk en 1922. L’armée grecque avait débarqué à Smyrne le 15 mai 1919, dans ce qui était l’Empire ottoman à l’agonie. Environ la moitié de la population de la ville était grecque et ces dernier ont vu le débarquement grec à Smyrne comme une libération plutôt qu'une occupation. L'occupation de Smyrne a été l'un des événements qui ont déclenché la guerre gréco-turque.
Lorsque les forces turques ont vaincu l'armée grecque lors de la bataille de Dumlupınar le 30 août 1922, les troupes grecques se sont retirées vers Smyrne. Le 9 septembre, l'armée turque est entrée dans la ville d'Izmir, mettant fin à une occupation de trois ans.
Le jour de l'indépendance d'Izmir est une date importante dans le calendrier turc, mais ce n’est pas un jour férié. La journée est principalement observée dans la ville d'Izmir, où elle est marquée par des marches, des concerts, des spectacles aériens, des fêtes en plein air, des feux d'artifice et d'autres événements et activités festifs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 septembre 2022
5 mai : une fête turque non musulmane
C’est Hidirellez, une ancienne fête d’origine pré-islamique. Ce soir, on passe une partie de la nuit à danser, à chanter et à faire des buchers par-dessus lesquels on va sauter jusqu’au matin.
Ancienne fête d’origine pré-islamique, Hidirellez célèbre, chez les populations turques, sunnites et alévies, l’arrivée du printemps. La fête a commencé dès ce soir (5 mai) pour se poursuivre toute la journée du 6. Comme préparatifs, il y a un grand ménage de la maison, l’achat de vêtements neufs et la préparation de mets et boissons particulièrement soignés. Ce soir, on passe une partie de la nuit à danser, à chanter et à faire des buchers par-dessus lesquels on va sauter jusqu’au matin.
Aujourd’hui, seront organisés d’immenses pique-niques, comme en Égypte lors de la fête le printemps (25 avril). La tradition veut aussi que l’on décore un arbre (nahil) de toutes sortes d’objets en faisant un vœu. Dans la tradition populaire, les prophètes Hizir et Ilyas se sont retrouvés cette journée-là pour faire renaître la nature. Les noms Hizir et Ilyas ensuite réunis ont formé ainsi le mot Hidirellez. Hizir, appelé aussi Al Khidr (en perse), est une figure importante et énigmatique de l’alévisme, cette minorité religieuse issue du chiisme (mais exécrée par l’islam radical) et deuxième en nombre après les sunnites en Turquie.
Certains ont pu assimiler Hizir au prophète Élie, à Bouddha ou encore à Alexandre le Grand ! Pendant la domination ottomane, Hidirellez s’est répandu dans les Balkans où il est devenu Durdevdan (la Saint-Georges) pour les chrétiens (fêté le 6 mai en Bulgarie), Ederlezi pour les Gitans qui en ont fait la fête de tous les Rroms. C’est finalement un beau symbole d’acculturation que cette fête qui rassemble, comme en Égypte, au-delà de toute croyance.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2022
24 novembre : une journée pour opposer la science aux croyances religieuses
C’es le Jour de l’évolution (Evolution Day) afin de marquer l’anniversaire de la publication d’un ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin : L’Origine des espèces, paru le 24 novembre 1859.
Dans certaines universités américaines et même en Europe, on a pris l’habitude depuis un quart de siècle, de célébrer chaque 24 novembre un Jour de l’évolution (Evolution Day) afin de marquer l’anniversaire de la publication d’un ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin : L’Origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie, plus connu sous son titre abrégé L’Origine des espèces, paru le 24 novembre 1859.
Darwin ne fut certes pas le premier à proposer l’idée d’évolution contre celle de la création divine des espèces. Le Français Jean-Baptiste Lamarck ou les Britanniques Robert Chambers et Alfred Russel Wallace l’avaient déjà évoqué. Mais Charles Darwin faisant la synthèse des connaissances du temps proposait une véritable révolution des sciences et de la culture occidentale. Son livre est considéré comme le fondement de la biologie évolutive. Il contredit totalement l’ensemble des doctrines religieuses. Un siècle et demi plus tard, elle n’a toujours pas été acceptée par de nombreux milieux chrétiens évangéliques ou catholiques ainsi que pour la plupart des musulmans.
Jusqu’en 1967, dans le Tennessee, par exemple, il était interdit d’enseigner la théorie de l’évolution. Récemment, on y a voté une loi permettant aux enseignants de l’école publique de mettre le créationisme et la théorie darwinienne sur le même plan, comme deux options tout aussi crédibles les unes que les autres. Chez les fondamentalistes chrétiens la seconde est totalement bannie comme chez les musulmans radicaux. En Turquie, depuis 2019, la théorie de l'évolution est bannie des programmes scolaires du secondaire (collège et lycée) pour n'être abordée que dans l'enseignement supérieur !
En ces temps où les découvertes scientifiques sont rabaissées au rang de simples croyances, à une époque où une partie de la population, de tous pays, s’appuie sur de fumeuses superstitions pour rejeter les vaccins, il n’est pas inutile que la science établisse ses découvertes comme des réalités et non des options à prendre ou à laisser. Comme deux occasion valent mieux qu’une. Cette date vient compléter le Darwin Day, qui tombe le 12 février.
24 novembre : en Turquie, drôle de fête pour les professeurs
Alors que depuis le coup d’État de 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie fête ses professeurs, comme chaque 24 novembre. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leur professeurs…
Alors que depuis 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie, comme chaque 24 novembre, fête ses professeurs. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leurs professeurs, lesquels reçoivent des fleurs, parfois des cadeaux de la part des parents, et cette reconnaissance dépasse aujourd’hui les murs de l’école. La fête est récente, elle ne date que de 1981, quand on a fêté le centenaire de Mustapha Kemal, le fondateur de la Turquie moderne. Le 24 novembre 1928, il avait été désigné officiellement comme le premier des professeurs de Turquie.
Ce jour-là, il avait fait ouvrir les écoles publiques pour permettre aux adultes de venir y apprendre le nouvel alphabet turc, emprunté à l’alphabet latin pour remplacer celui qui avait été hérité des Arabes. En 1934, à nouveau un 24 novembre, Mustapha Kemal était honoré du patronyme d’Atatürk, le « Turc-père ». Créée par le très kémaliste général Evren, quelques mois après avoir pris le pouvoir par le putsch de 1980, cette Fête des professeurs (Öğretmenler Günü) a, paradoxalement, conservé toute sa vigueur sous la majorité islamo-conservatrice de l’AKP, arrivée au pouvoir au début des années 2000.
Depuis juillet 2016, des dizaines de milliers d’enseignants, militants de gauche, sympathisants pro-kurdes ou encore fidèles supposés de l’imam Fethullah Gülen, le "cerveau" du putsch selon Ankara, se sont ainsi retrouvées sur des listes et limogés par simple décret. Certains d’entre eux sont désormais tenus à l’écart de la société. Leur sécurité sociale a été annulée, leurs passeports confisqués, ils sont condamnés à une mort sociale. Même ceux qui travaillent à l’étranger ne sont pas à l’abris. En mars 2018, six professeurs en poste au Kosovo ont été enlevés ramenés de force en Turquie à bord d'un avion privé affrété par le ministère turc de l’Intérieur.
Fondateur du mouvement turc Hizmet (Service), Fethullah Gülen prône un islam ouvert à l’éducation. Cet enseignement était suivi par des millions d’adeptes (et près de 10% de la population turque avant 2016 !). Le mouvement possédait un réseau éducatif international comptant des milliers d’établissements à travers le monde, cibles du régime d’Erdoğan, partout où ils trouvent. Beaucoup ont fermé depuis le début des persécutions.
À l’échelle internationale, c’est le 5 octobre que l’on célèbre les enseignants.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 novembre : que reste-t-il aujourd'hui d'Atatürk, père fondateur de la Turquie ?
À 9 h 05, ce matin, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?
À 9 h 05, ce matin, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme si ce n’est l’exaltation patriotique dans le cadre de conflits tous azimuts ?
Mustapha Kemal a combattu pour rétablir une Turquie indépendante, quitte à empiéter sur le territoire d’autres peuples : Arméniens, Kurdes... Son lointain successeur semble vouloir reconstituer un semblant d’Empire ottoman : guerres en Syrie, Arménie, Libye, tensions en Méditerranée, implantation au Soudan… À l’intérieur du pays, la situation est de plus en plus tendue. Devenues quotidiennes, les purges décidées par le président Erdoğan s’abattent sur tous les opposants : ceux de gauche, les syndicalistes, les militants des droits de l’homme et de la cause kurde. Tout le monde est sous la menace, les gens sont tétanisés par la peur. Les héritiers politiques d’Atatürk ont toutefois gagné, l’an dernier, les mairies d’Istanbul et d’Ankara. Le kémalisme, représenté par le principal parti d’opposition, n’a sans doute pas dit son dernier mot.
Ce matin, des centaines de personnes se rassemblent devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, sur les rives du Bosphore où Atatürk a rendu son dernier souffle, le 10 novembre 1938, à 9h05. Heure à laquelle toutes les pendules du palais ont été arrêtées. Traditionnellement, une marche est organisée le 10 novembre par la municipalité de Beşiktaş jusqu’au palais de Dolmabahçe. Habituellement, une gigantesque chaîne humaine porte un drapeau turc mesurant plus d’un kilomètre de long. Cette année, en raison de la pandémie, les cérémonies sont beaucoup plus modestes.
D’ordinaire, à Ankara, des milliers de personnes affluent sur la colline d’Anıttepe où se trouve le mausolée Anıtkabir. La dépouille de Mustapha Kemal y a été transférée en 1953, lors de funérailles nationales. Le site accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Le mausolée abrite aussi un musée consacré à Atatürk et à la Guerre d’indépendance turque (1919-1922).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 novembre 2020
15 février : la journée de la cause kurde
Des dizaines de milliers de Kurdes sont attendus ce samedi à Strasbourg. Comme chaque année, le 15 février, plusieurs cortèges de marcheurs kurdes, venus de toute l’Europe, viennent manifester devant le siège du Conseil de l’Europe.
Chaque année, le 15 février, les Kurdes marquent l’anniversaire de la capture d’Abdullah Öcalan, chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), par des manifestations dans de nombreuses villes turques qui se terminent invariablement par des affrontements, souvent sanglants, avec la police. Cette année, c’est le 21e anniversaire de la capture de leur leader. Il intervient dans le contexte tendu de la guerre en Syrie où les Kurdes affrontent l’armée turque, depuis le désastreux retrait des Américains qui, jusque-là, les protégeaient.
Des dizaines de milliers de Kurdes sont attendus ce samedi, 15 février, à Strasbourg. Comme chaque année, plusieurs cortèges de marcheurs kurdes, venus de toute l’Europe, vont atteindre la capitale alsacienne après plusieurs jours de marche, pour manifester devant le siège du Conseil de l’Europe, une organisation dont la Turquie est membre. Ils sont chaque année quelque 25 000 à 30 000 à faire le voyage. Certains font plusieurs centaines de km à pied, venant d’Allemagne, de Suisse, Belgique, France...
Considéré comme l’ennemi public numéro un de la Turquie, A. Öcalan a été arrêté le 15 février 1999 par des agents turcs au Kenya au terme d'une longue traque. Depuis, il vit dans un isolement quasi-total dans l'île-prison d'Imrali, située en mer de Marmara. Cette absence en a fait une figue mythique et charismatique non seulement pour la rébellion kurde en Turquie, où le conflit avec l'État a fait plus de 40 000 morts depuis 1984, mais aussi pour les mouvements kurdes de la région, notamment ceux de Syrie. L’audience du PKK et la notoriété d’Öcalan, dit Apo, l’oncle, sont d’ailleurs aujourd’hui beaucoup plus importantes qu’il y a 20 ans, époque où il dirigeait le PKK d’une main de fer.
Les Kurdes considèrent que le 9 octobre 1998 a débuté un « complot international » contre leur leader. C’est la date à laquelle A. Öcalan a dû quitter Damas où il était installé depuis de longue année. La Turquie n’a -t-elle pas lancé son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, le… 9 octobre 2019. La date n’était pas un hasard. Il fallait montrer aux Kurdes qui est le maître dans la région.
15 février et 9 octobre sont les deux dates récurrentes et symboliques des Kurdes, deux occasions de mettre en avant leurs revendications et de réclamer de l’aide. Cette année, L’initiative internationale (organisation kurde) appelle à participer à une longue marche du 9 au 15 février 2020, du Luxembourg jusqu’à Strasbourg, sous le mot d’ordre « Liberté pour Ocalan – Coude à coude contre le fascisme ». Elle évoque particulièrement la « guerre d’agression » lancée par la Turquie et ses mercenaires djihadistes contre le Rojava (nord-est de la Syrie, région peuplée de Kurdes) apparu comme une « oasis de liberté » dans le chaos syrien, et qui a servi de base à la lutte menée contre Daesh.
Mise à jour 2023 : Le coup d’envoi de la longue marche annuelle demandant la libération d’Abdullah Öcalan a été donné par une conférence internationale le 4 Février en Genève. Deux jours plus tard, le 6 février, les militants internationalistes et kurdes entamaient la longue marche qui s’est terminée par un grand rassemblement à Strasbourg le samedi 11 février 2023.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
17 décembre : Konya, en Turquie, célèbre son poète soufi
La ville de Konya célèbre Roumi chaque 17 décembre. Considéré comme le plus grand poète mystique de la langue persane, Djalal al-Din Roumi est aussi à l’origine de la confrérie soufie des derviches tourneurs.
La ville de Konya célèbre Roumi (Rumi) chaque 17 décembre. Considéré comme le plus grand poète mystique de la langue persane, Djalal al-Din Roumi est aussi à l’origine de la confrérie soufie des derviches tourneurs (mawlawis) qui a fait la célébrité de Konya. C’est dans cette ville que Roumi dit Mevlana, est mort le 17 décembre 1273. Son tombeau fait toujours l'objet d'une grande vénération et d’un important centre de pèlerinage.
Chaque mois de décembre, la ville Turque de Konya organise une dizaine de journées de célébrations pour commémorer la mort de Roumi, poète dont les adeptes fondèrent, la confrérie des derviches tourneurs, appelés ainsi pour leur danse giratoire proche de la transe.
L’ancien couvent des derviches est devenu un musée d’art islamique qui accueille de très nombreux pèlerins, des adeptes de la mystique soufie de Mevlana (Roumi) venus du monde entier. Les cérémonies religieuses qui ont pris aujourd’hui une allure plus folklorique que mystique, sont organisées dans son mausolée et sont ouvertes à tous. Mais les soufis, sous Ataturk et même sous Erdogan, sont plutôt mal vus. Les autorités en ont toutefois perçu le potentiel touristique. Un festival de musique mystique de toutes les religions est d’ailleurs organisé en même temps au Centre Mevlana de Konya.
En 2007, le 800e anniversaire du poète avait été organisé par l’Unesco en collaboration avec l’Afghanistan, la République islamique d’Iran et la Turquie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 novembre : 80 ans après, la seconde mort de Mustapha Kemal
À 9 h 05, heure de son décès, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé le 10 novembre 1938. Avec Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?
À 9 h 05, des sirènes retentissent toute la Turquie se fige. Les sirènes retentissent La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938, il y a 80 ans jour pour jour. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?
Devenues quotidiennes, les purges décidées par le président Erdoğan s’abattent sur tous les opposants : ceux de gauche, les syndicalistes, les militants des droits de l’homme et de la cause kurde. Tout le monde est sous la menace, les gens sont tétanisés par la peur. Les dénonciations de Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (le parti d’Atatürk !) ne pèsent pas grand chose face au rouleau compresseur du parti islamo-conservateur, l'AKP.
Des centaines de personnes se rassemblent devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, sur les rives du Bosphore où Atatürk a rendu son dernier souffle, le 10 novembre 1938, à 9h05. Heure à laquelle toutes les pendules du palais ont été arrêtées. Traditionnellement, une marche est organisée aujourd’hui par la municipalité de Beşiktaş jusqu’au palais de Dolmabahçe. Une gigantesque chaîne humaine doit porter un drapeau turc mesurant plus d’un kilomètre de long.
À Ankara, des milliers de personnes afflux sur la colline d’Anıttepe où se trouve le mausolée Anıtkabir. La dépouille de Mustapha Kemal y a été transférée en 1953, lors de funérailles nationales. Le site accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Le mausolée abrite aussi un musée consacré à Atatürk et à la Guerre d’indépendance turque (1919-1922).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2018