L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
20-21 mars : le nouvel an du monde persan
L’équinoxe de printemps et donc la célébration de la fête de Norouz tombent cette année le 20 mars. Le monde persan entre dans l’année 1404. Ce nouvel an est célébré par des spectacles de musique et de danse donnés dans la rue, des rituels publics faisant intervenir l’eau et le feu, ainsi que des repas en famille.
L’équinoxe de printemps (à 10h01 TU) et donc la célébration de la fête de Nowrouz tombent le 20 mars. Le monde persan entre dans la nouvelle année 1404.
Il est de tradition de se retrouver en famille et de partager un repas traditionnel qui consiste en du riz cuit avec des fines herbes (persil, coriandre, aneth, ciboulette) et servi avec du poisson. De nombreux pays soumis, par le passé, à l’influence culturelle perse (Kurdistan, Afghanistan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, Kazakhstan…) célèbrent à leur façon Norouz associée à l’équinoxe de printemps (autour du 21 mars, cette année le 20 mars) et à la renaissance de la nature. On en profite très souvent pour faire un grand nettoyage de printemps, renouveler sa garde-robe et échanger avec ses voisins et amis de la nourriture ou des cadeaux. Au total, on estime à 300 millions, à travers le monde, le nombre d’adeptes de cette fête, tirée du calendrier zoroastrien et qui remonterait à plus de 3 000 ans. Sa reconnaissance officielle est venue de l’ONU qui, en 2010, a décidé de faire du 21 mars la « journée internationale de Norouz ».
« Le 21 mars (le 19 ou le 20 selon les années) marque le début de l’année dans des régions d’Afghanistan, d’Azerbaïdjan, d’Inde, d’Iran, d’Iraq, du Kazakhstan, du Kirghizistan, d’Ouzbékistan, du Pakistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de Turquie. Connu sous le nom de nawrouz (« jour nouveau ») ou sous d’autres dénominations dans chacun des pays concernés, il correspond à une célébration comprenant divers rituels, cérémonies et autres événements culturels qui se déroulent sur deux semaines environ. Une importante tradition propre à cette période veut que les individus se rassemblent autour d’une table, décorée d’objets qui symbolisent la pureté, la clarté, la vie et la richesse, pour partager un repas avec leurs proches. Les participants portent à cette occasion de nouveaux vêtements et rendent visite à leurs parents, notamment à ceux qui sont âgés, et à leurs voisins. Des cadeaux, surtout destinés aux enfants, sont échangés ; il s’agit généralement d’objets fabriqués par des artisans. Le nawrouz inclut également des spectacles de musique et de danse donnés dans la rue, des rituels publics faisant intervenir l’eau et le feu, des sports traditionnels et la fabrication d’objets artisanaux. Ces pratiques favorisent la diversité culturelle et la tolérance et contribuent à renforcer la solidarité et la paix au sein de la communauté. Elles sont transmises par les anciennes générations aux jeunes à travers l’observation et la participation. » (source l’UNESCO)
#Nawrouz #Novruz #Nowrouz #Nawrouz #Nauryz #Nooruz #Nowruz #Navruz #Nowruz #Navruz
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mars 2025
Célébration de Newroz en Turquie, photos Bertil Videt, 2006
15 mars : Turcs et Arméniens, deux mémoires antagonistes
Chaque année, le 15 mars, resurgit le souvenir de l’assassinat, en 1921, dans une rue de Berlin, de Talat Pacha par un jeune Arménien nommé Soghomon Tehlirian…
Chaque année, le 15 mars, resurgit le souvenir de l’assassinat, en 1921, dans une rue de Berlin, de Mehmet Talaat Pacha par un jeune Arménien nommé Soghomon Tehlirian. Lors de son procès ce dernier a décrit comment une partie de sa famille a été massacrée en 1915 et a déclaré qu'il avait tué Talaat Pacha pour se venger. Sa victime n’était autre que le ministre de l’Intérieur du gouvernement ottoman, principal organisateur du génocide arménien à qui est attribué l'ordre de « tuer tous les hommes, femmes et enfants arméniens sans exception ». Le procès fut l’occasion, pour la communauté internationale, de se pencher sur l'impunité des responsables du génocide et Tehlirian fut finalement acquitté.
Soghomon Tehlirian qui a terminé sa vie en Californie est célébré comme un héros par les Arméniens qui lui ont dressé de nombreuses statues, dont une à Erevan où il est représenté un pied sur la tête de Talal Pacha, ce qui a beaucoup fâché les Turcs. L’une des dernières en date, a été inaugurée l’an dernier, le 15 mars 2024, à l’occasion du 103e anniversaire de l’exécution, à La Penne-sur-Huveaune, une banlieue de Marseille où la communauté arménienne est très active.
Quant à Mehmet Talaat Pacha, il avait été promu Grand Vizir en 1917. Mais après défaite de l’Empire ottoman, lui et quelques autres amis s'échappèrent du pays à bord d'un sous-marin allemand le 1er novembre 1918. Il a changé d'identité et s’est installé à Berlin où il a fini par être retrouvé et exécuté dans le cadre de l’opération Némésis. Sous Atatürk, il a été quelque peu oublié, mais en 1943, l’Allemagne nazie a autorisé le transfert de sa dépouille en Turquie. Son corps, retiré de sa sépulture, enveloppé d'un drapeau et entouré de fleurs, fut transporté à Istanbul dans un wagon spécial. Talaat Pacha a été réinhumé au cimetière des martyrs d' Abide-i Hürriyet, situé à Şişli (un ancien quartier arménien d’Istanbul). Erdogan fait fleurir sa tombe régulièrement et a largement contribué à sa promotion au statut de héros national. Talaat Pacha est perçu aujourd’hui par les nationalistes comme le précurseur de la Turquie moderne, éclipsant ainsi la figure de Mustapha Kemal. L’idéologie fondamentaliste du parti de la Justice et du développement (AKP) turc et son leader autoritaire, Recep Tayyip Erdoğan sont les véritables héritiers de l’œuvre politique de Talaat Pacha dont il convient aujourd’hui de lisser la mémoire.
C’est dans ce but qu’a été fondé en 2005, le Comité Talaat Pacha (Talat Paşa Komites), organisation nationaliste turque visant à s'opposer à la reconnaissance du génocide arménien, créée sous la direction de Rauf Denktaş, premier président de la République turque (non reconnue) de Chypre du Nord. Ce comité travaille à imposer la négation du génocide arménien, tout en rendant hommage à Talaat.
Un des principaux boulevards d'Ankara, un grand boulevard d’Izmir et une avenue d'Edirne, l'ex-Andrinople, portent le nom Talaat Pacha. C'est par cette dernière avenue que l'on entre en Turquie à partir de la Bulgarie et de l'Union européenne.
En 2017, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin inaugurait un square Soghomon Tehlirian. Il existe des rues, boulevards et places honorant ce « héros de la résistance arménienne ».
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 mars 2025
17 décembre : la journée du drapeau kurde
Au Kurdistan irakien, on célèbre chaque 17 décembre un drapeau qui a accompagné un siècle de lutte des Kurdes de Turquie, d’Iran, d’Irak et de Syrie. Il reprend les couleurs pan iraniennes que l’on retrouve aussi sur les drapeaux de l’Iran et du Tadjikistan.
Au Kurdistan irakien, le 17 décembre est la Journée du drapeau kurde (Roja Ala Kurdî) (ڕۆژی ئاڵای کورد), celui qui a été adopté en 1992 par le Kurdistan du Sud qui vit dans une situation d’autonomie de fait, au nord de l’Irak.
La date retenue, en 1999, pour cette célébration annuelle est l’anniversaire du 17 décembre 1946, lorsque ce drapeau a été utilisé pour la première fois par une éphémère république du Kurdistan fondée au nord-ouest de l’Iran, appelée aussi République de Mahabad, nom de sa capitale. Fondée en janvier 1946, elle a disparu en décembre de la même année écrasée par l’armée iranienne, appuyée par les États-Unis.
Ce drapeau, toutefois, est bien plus ancien, il a été créé en 1919 à Istanbul par la Société pour l'essor du Kurdistan (CTK) et arboré à Paris lors de la conférence de Paix, en 1920, par les premiers dirigeants du mouvement nationaliste kurde. La première fois qu’il fut brandi au Kurdistan, c'était au début du mois de mars 1921 , lorsque Elişer et Nuri Dêrsimi l’ont hissé à Emraniya Dêrsim, sur la montagne Koçgir, peuplée de Kurde.
Ce drapeau, connu sous le nom d’Ala Rengîn (drapeau coloré), fut aussi celui d’une république kurde de l’Ararat, fondée en octobre 1927 aux confins de la Turquie et de l’Arménie, par Khoyboun (Xoybûn), une organisation kurde créée au Liban. Mais, cet État, imaginé lors du soulèvement kurde des années 1926-1930, n’a pas eu le temps de s’organiser.
Ce drapeau reprend les couleurs pan iraniennes que l’on retrouve aussi sur les drapeaux de l’Iran et du Tadjikistan. Leur origine remonte à l’antique Empire achéménide qui dominait la région plusieurs siècles avant J.-C. Le rouge était la couleur de la noblesse, la valeur militaire, le sang du sacrifice pour une noble cause. Celle des martyrs de la cause kurde, telle qu’elle est interprétée aujourd’hui. Le blanc est symbole de pureté morale, de spiritualité ; les Kurdes en ont fait le symbole de l’égalité et de la paix à laquelle ils aspirent depuis un siècle. Le vert, symbolise la nature, la prospérité, la jeunesse. Le vert des paysages du pays des Kurdes, affirment ces derniers. Quant au soleil jaune avec ses 21 rayons, c’est un symbole commun aux traditions religieuses autochtones kurdes yazdaniennes : le yézidisme, le yarsanisme, l'alévisme… Les 21 rayons sont également très souvent associés au 21 mars, qui est la date du Newroz kurde.
Le drapeau kurde du Rojava (région kurde du nord-est de la Syrie), ne présente pas de soleil, mais un drapeau jaune, rouge et vert, en bandes horizontales. Cependant, le Mouvement pour une société démocratique (TEV-DEM) qui contrôle la région a un soleil jaune et ses 21 rayons pour emblème. Depuis quelques jours, les Kurdes du Rojava ont toutefois hissé le nouveau drapeau syrien, en signe d’allégeance.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 décembre 2024
Des élèves de l'école internationale Sarwaran, au Kurdistan irakien célèbrent la Journée du drapeau kurde.
31 octobre : la Journée de la mer Noire
La Journée internationale d'action pour la mer Noire est une célébration régionale destinée à sensibiliser le public à la nécessité d'une coopération régionale pour la protection de la mer Noire, en particulier de son écosystème marin aujourd’hui menacé par la guerre déclenchée par la Russie.
La Journée internationale d'action pour la mer Noire est une célébration régionale destinée à sensibiliser le public à la nécessité d'une coopération régionale pour la protection de la mer Noire. Mais la préoccupation écologique a du laisser place à un souci de sécurité en raison de la guerre déclenchée par un des signataires, la Russie dont l’objectif géopolitique était de faire de cette mer un lac russe. La bataille de la mer Noire a été gagnée par l’Ukraine grâce au blocage des détroits par la Turquie inquiète de l’évolution de la situation. Cette dernière ainsi que la Bulgarie et la Roumanie ont signé un accord pour lutter conjointement contre les mines marines dérivantes. On est loin des préoccupations à l’origine de cette journée du 31 octobre qui était l’occasion de se pencher sur l’état des écosystèmes marins de la mer Noire.
Le 21 avril 1992, les représentants des pays riverains de la mer Noire, de la Turquie, de l'Ukraine, de la Russie, de la Bulgarie et de la Roumanie se sont réunis à Bucarest pour signer la Convention sur la protection de la mer Noire contre la pollution. Le 31 octobre 1996, les États membres de la convention ont signé le Plan d'action stratégique de la mer Noire, qui est devenu la base de la protection de la mer contre la pollution. C’est la date de signature de ce plan qui est célébré chaque année avec des résultats bien médiocres compte tenu de la situation. Depuis février 2022, la guerre a gravement perturbé les écosystèmes de cette mer fermée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 octobre 2024
9 octobre : mobilisation kurde pour Öcalan, emprisonné depuis 25 ans
Chaque année, 9 octobre est une date de mobilisation pour les Kurdes qui considèrent que le 9 octobre 1998 a débuté un « complot international » contre leur leader, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 25 ans.
Chaque année, 9 octobre est une date de mobilisation pour les Kurdes. Ils considèrent que le 9 octobre 1998 a débuté un « complot international » contre leur leader, Abdullah Öcalan, fondateur du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). C’est la date à laquelle A. Öcalan a été sommé de quitter Damas où il était installé depuis de longue année. Ce jour-là, a commencé une errance à travers de nombreux pays d’où il a été systématiquement expulsé. Le 15 février 1999, Abdullah Öcalan a finalement été capturé au Kenya par les services secrets américains et israéliens, avec l'aide de certains éléments des services secrets grecs. Il a été livré en toute illégalité aux services secrets turcs, le MIT, qui l’ont conduit clandestinement en Turquie, où il est emprisonné depuis 25 ans sur l’île prison d’Imrali, dans la mer de Marmara. Il a été condamné à la prison à vie pour terrorisme. Est-il encore en vie ? On est sans nouvelle de cet homme de 75 ans depuis plus de trois ans. Ni ses avocats ni sa famille n’ont pu rentre en contact avec lui depuis début 2021.
Le 9 octobre et le 15 février sont les deux dates récurrentes et symboliques pour les Kurdes, deux occasions de mettre en avant leurs revendications et de réclamer de l’aide. Chaque année plusieurs longues marches sont organisées à travers le monde par des organisations kurdes afin de dénoncer l’isolement dans lequel est maintenu le leader du mouvement de libération kurde.
Est-ce un hasard du calendrier si, en 2019, l’offensive de l'armée turque contre les forces kurdes du nord de la Syrie, a été lancée précisément le 9 octobre. Une manière de montrer qui est le maître dans la région.
Cette année, à Marseille, la marche a été déplacée au samedi 12 octobre 2024. La diaspora kurde de Marseille manifestera pour Öcalan mais aussi pour la libération des dizaines de milliers prisonniers politiques kurdes retenus en otage par le régime turc. Rendez-vous est donné à 13h, aux Réformés, en haut de la Canebière.
En région parisienne, c’est le 19 octobre 2024 que le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) organise un grand concert de solidarité en soutien à tous les prisonniers politiques kurdes détenus en Turquie. Avec Emel Mathlouthi, Mouss et Hakim (ex. groupe Zebda), le Trio Mademoiselle et Hozan Cömert. C’est à 16h à Montreuil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 octobre 2024
Manifestation kurde à Bruxelles (photo : Eoghan OLionnain)
3 mai : la journée du panturquisme, vitrine du nationalisme turc le plus controversé
Chaque 3 mai, tout ce que la Turquie compte de militants de l’extrême droite nationaliste célèbre la Journée du turquisme. Le 3-Mai est aussi célébré, de manière plus folklorique, dans certains cercles politiques et culturels des Balkans à l’Asie centrale, en passant par le Caucase.
Cette manifestation annuelle rassemble toute l’extrême droite nationaliste turque, notamment les membres des milices fascistes et racistes que sont les Loups gris.
L'idéologie du panturquisme a commencé à émerger dans la seconde moitié du XIXe siècle parmi les intellectuels turcs de l'Empire ottoman et de l'Azerbaïdjan, ce dernier faisant alors partie de l'Empire russe. L'un des éminents idéologues du panturquisme de la première moitié du XXe siècle était l'auteur utra-nationaliste turc, Hüseyin Nihal Atsiz, un admirateur du nazisme. Ce dernier critiquant la politique étrangère de la Turquie, notamment ses relations avec l’URSS, a fini par accuser directement certains membres du gouvernement turc de travailler pour Moscou. Le romancier Sabahattin Ali, qu'Atsız accuse de trahison, a porté plainte contre lui. Lui-même, Nihal Atsız et quelques autres militants nationalistes comme Zeki Velidi Togan, Nejdet Sançar et Reha Oğuz, ont été arrêtés et incarcéré à la prison militaire de Tophane (Istanbul). Lors de la deuxième séance du tribunal chargé de les juger, le 3 mai 1944, un groupe de nationaliste est venu manifester devant le tribunal pour les soutenir. L’année suivante, le 3 mai, Atsiz et d'autres nationalistes qui étaient toujours détenus dans une prison militaire ont célébré l'anniversaire de cette manifestation et l’habitude fut conservée, à tel point que le 3 mai a été déclaré Journée du turquisme (Türkçülük Günü).
Ce courant de pensée est représenté au parlement par Le Parti d’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi ou MHP), ainsi que le Bon Parti (İyi Parti). Deux formations qui représentent chacune environ 10% de l’électorat. La journée du 3-Mai est aussi célébrée par certains courants de l’AKP (le parti islamiste au pouvoir) et, bien sûr, les membres des Foyer turcs (Türk Ocakları).
Le turquisme est l'un des courants de pensée qui a émergé au dernier siècle de l'Empire ottoman et a constitué l'une des philosophies fondatrices de la République de Turquie. Certes Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie, avait dit un jour « Le père de mon corps est Ali Rıza Efendi, le père de mes sentiments est Namık Kemal, le père de mes idées est Ziya Gökalp ». Ce dernier, Ziya Gökalp, est un des principaux promoteurs du pantouranisme, visant à rassembler tous les peuples de culture turque des Balkans à la Chine. Mais sa vision était avant tout culturelle et non raciste comme c’est de cas, pour l’essentiel de la mouvance nationaliste turque du XXIe siècle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mai 2024
Manifestation des Loups gris à Ankara, un 3 mai
Le signe de ralliement des loups gris. En médaillon, Alparslan Türkeş (1917-1997), le fondateur du Parti d'action nationaliste.
Militants nationalistes azéris devant le mausolée d’Atatürk à Ankara
19 janvier : Hrant Dink, martyr de la liberté de presse
Quelques milliers de personnes défilent dans les rues d’Istanbul, des cérémonies ont lieu aussi à Paris, Lyon, Marseille, Bruxelles, Erevan... à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. L’AKP, au pouvoir, a jusqu’à présent, bloqué toute enquête sur ce crime.
Des cérémonies ont lieu aussi à Istanbul, à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 à 15 heures par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. Des rassemblements ont également lieu chaque année à Paris, Marseille, Bruxelles, Erevan... à Lyon, c’est rue Hrant Dink dans le 2e arrondissement.
Hrant Dink s'est fait connaître en fondant Agos, un journal paraissant en turc et en arménien, abordant des sujets jusque-là tabous. Il était haï par les nationalistes turcs pour avoir qualifié de génocide les massacres dont les Arméniens ont été les victimes pendant entre 1915 et 1917 sous l'Empire ottoman. Aujourd’hui encore, les autorités turques refusent toujours de reconnaître la réalité génocide. Hrant Dink a été déclaré « héros de la liberté de la presse » par l’International Press Institut (IPI).
Le journal Agos, devant lequel Hrant Dink a été tué de trois balles a aujourd’hui déménagé. Ses bureaux, rue Halaskârgazi district de Şişli à Istanbul, sont devenus un simple lieu de mémoire, ouvert au public depuis juin 2019, sous le nom “23.5 Lieu de mémoire Hrant Dink 23,5” '. Le lieu tire son nom d’un article titré 23,5 Avril publié par Hrant Dink le 23 avril 1996 dans Agos. Le 23 Avril, est la veille du 24 (le fameux 24 avril 1915), jour de sinistre mémoire pour les Arméniens. Hrant Dink s’était marié un 23 avril et le couple avait conçu son premier enfant dans la nuit qui a suivi, d’où le 23,5.
Ailleurs dans le monde, notamment dans les villes où vivent des Arméniens, le combat de Hrant Dink pour la mémoire est toujours célébré chaque 19 janvier. Par exemple, ce dimanche à Bruxelles, après un requiem à la mémoire de Hrant Dink joué en l’Église arménienne, rendez-vous est donné à 13 heures devant le monument dédié au génocide des Arméniens, Square Henri Michaux, 1050 Ixelles. Ou encore à Londres, à 18 heures, St Yeghiche Armenian Church 13b Cranley Gardens, Kensington Londres SW7 3.
Le tireur, Ogun Samast, 17 ans au moment des faits, a avoué le meurtre et a été condamné à près de 23 ans de prison en 2011. Mais l'identité de ses commanditaires continue de faire l'objet de polémiques et spéculation. Le combat n’est pas terminé pour faire éclater la vérité sur les circonstances du meurtre. À l’occasion de ce 16e anniversaire, l'Association des journalistes de Turquie (TGC) a réagis en demandant une enquête. La proposition du HDP (part d’opposition) d'"enquêter sur le meurtre de Hrant Dink sous tous ses aspects" a été rejetée récemment par les votes des députés AKP et MHP (la coalition au pouvoir) à l'Assemblée générale de la Grande Assemblée nationale de Turquie.
Expliquant sa proposition, le député du HDP Diyarbakır, Garo Paylan, a déclaré : (…) « Hrant Dink faisait la une des journaux sur le fait d'affronter le passé. Le 6 février 2004, le journal Agos a rapporté l'allégation selon laquelle Sabiha Gökçe [la fille adoptive de Mustafa Kemal Atatürk] était une orpheline arménienne. L'apocalypse a éclaté dans le pays concernant l'affirmation selon laquelle un orphelin était arménien. Cependant, dans le passé, une personne sur cinq était arménienne, et des centaines de milliers d'orphelins ont été laissés derrière pendant que le peuple arménien était expulsé de ces terres. Il a été affirmé que Sabiha Gökçen pourrait également être une orpheline arménienne. À ce moment-là, tout l'enfer s'est déchaîné. L'état-major général a publié une déclaration très dure et pris pour cible Hrant Dink. L'état-major a considéré l'affirmation selon laquelle Sabiha Gökçen était arménienne comme une menace majeure. Ce n'était pas suffisant, deux jours plus tard, Hrant Dink a été appelé au poste de gouverneur et a été menacé par deux responsables du MİT. Il a été dit : "Attention, marche sur tes pieds". Ce n'était pas assez, Ülkü Ocakları s'est réuni devant la présidence du district de MHP Şişli, Il s'est présenté devant le journal Agos avec un discours de haine. "Hrant Dink est notre cible", a déclaré le président provincial de l'Ülkü Ocakları devant le journal Agos. Ce n'était pas suffisant, la justice a pris des mesures. Le pouvoir judiciaire a intenté une action en justice contre Hrant Dink avec l'allégation d'insulte à la turcité, ce que Hrant Dink n'a jamais voulu ou ne pouvait pas dire dans un article. Hrant Dink a été condamné, bien que certaines personnes aient dit : « Une telle chose ne peut pas arriver ».
Selon eux, Hrant Dink était désormais un ennemi déclaré des Turcs et il visait. Certains acteurs appelés « Ergenekonists » ont ciblé Hrant Dink devant le journal Agos. La presse ciblait Hrant Dink dans le linge, le titre et les gros titres. Hrant Dink a écrit l'article "Mon humeur est un malaise de pigeon" une semaine avant son assassinat le 19 janvier 2007, en disant "Je suis maintenant sur la cible". Il a expliqué dans tous les détails pourquoi il était visé, mais l'AKP était au pouvoir à ce moment-là et n'a rien fait. Il n'a pas protégé Hrant Dink. Bien que toutes les agences de renseignement de l'État savaient que Hrant Dink serait assassiné, elles n'ont pas surveillé Hrant Dink, mais le gang qui est parti de Trabzon Pelitli et les a amenés au journal Agos.» (…) Garo Paylan (député turc d'origine arménienne)
Le site du Mémorial Hrant Dink et celui du journal Argos
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2023
9 septembre : il y a 100 ans, l'incendie de Smyrne / l'indépendance d'Izmir
Les familles de Grecs d'Asie mineure se souviennent de l'incendie de Smyrne en 1922 qui a fait quelques dizaines de milliers de morts… Les Turcs célèbrent, eux, la prise de la par l’armée turque.
Alors que les Turcs célèbre l’ “ indépendance » d’Izmir, les familles des Grecs d'Asie mineure se souviennent de l'incendie de Smyrne en 1922 qui a fait quelques dizaines de milliers de morts, pas seulement des Grecs, aussi des Arméniens et tant d’autres. Les rescapés ont dû quitter la ville en hâte se réfugiant sur les navires dépêchés par plusieurs pays européens lesquels ont assisté à la destruction de la ville sans intervenir. Seuls les Italiens se sont montrés un pays plus actifs dans les actions de sauvetage des populations. Aujourd'hui peuplée uniquement de Turcs, la cité est aujourd’hui connue sous le nom d'Izmir.
Le Jour de l'indépendance d'Izmir (İzmir Bağımsızlık Günü) est un jour du souvenir célébré en Turquie chaque 9 septembre. Il commémore la libération de Smyrne (Izmir) de l'occupation grecque par Mustafa Kemal Atatürk en 1922. L’armée grecque avait débarqué à Smyrne le 15 mai 1919, dans ce qui était l’Empire ottoman à l’agonie. Environ la moitié de la population de la ville était grecque et ces dernier ont vu le débarquement grec à Smyrne comme une libération plutôt qu'une occupation. L'occupation de Smyrne a été l'un des événements qui ont déclenché la guerre gréco-turque.
Lorsque les forces turques ont vaincu l'armée grecque lors de la bataille de Dumlupınar le 30 août 1922, les troupes grecques se sont retirées vers Smyrne. Le 9 septembre, l'armée turque est entrée dans la ville d'Izmir, mettant fin à une occupation de trois ans.
Le jour de l'indépendance d'Izmir est une date importante dans le calendrier turc, mais ce n’est pas un jour férié. La journée est principalement observée dans la ville d'Izmir, où elle est marquée par des marches, des concerts, des spectacles aériens, des fêtes en plein air, des feux d'artifice et d'autres événements et activités festifs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 septembre 2022
Η Καταστροφή της Σμύρνης
Ahmet Ziya Akbulut, Türk Ordusunun İzmir'e Girişi, (Atatürk ve Kurtuluş Savaşı Müzesi)
5 mai : une fête turque non musulmane
C’est Hidirellez, une ancienne fête d’origine pré-islamique. Ce soir, on passe une partie de la nuit à danser, à chanter et à faire des buchers par-dessus lesquels on va sauter jusqu’au matin.
Ancienne fête d’origine pré-islamique, Hidirellez célèbre, chez les populations turques, sunnites et alévies, l’arrivée du printemps. La fête a commencé dès ce soir (5 mai) pour se poursuivre toute la journée du 6. Comme préparatifs, il y a un grand ménage de la maison, l’achat de vêtements neufs et la préparation de mets et boissons particulièrement soignés. Ce soir, on passe une partie de la nuit à danser, à chanter et à faire des buchers par-dessus lesquels on va sauter jusqu’au matin.
Aujourd’hui, seront organisés d’immenses pique-niques, comme en Égypte lors de la fête le printemps (25 avril). La tradition veut aussi que l’on décore un arbre (nahil) de toutes sortes d’objets en faisant un vœu. Dans la tradition populaire, les prophètes Hizir et Ilyas se sont retrouvés cette journée-là pour faire renaître la nature. Les noms Hizir et Ilyas ensuite réunis ont formé ainsi le mot Hidirellez. Hizir, appelé aussi Al Khidr (en perse), est une figure importante et énigmatique de l’alévisme, cette minorité religieuse issue du chiisme (mais exécrée par l’islam radical) et deuxième en nombre après les sunnites en Turquie.
Certains ont pu assimiler Hizir au prophète Élie, à Bouddha ou encore à Alexandre le Grand ! Pendant la domination ottomane, Hidirellez s’est répandu dans les Balkans où il est devenu Durdevdan (la Saint-Georges) pour les chrétiens (fêté le 6 mai en Bulgarie), Ederlezi pour les Gitans qui en ont fait la fête de tous les Rroms. C’est finalement un beau symbole d’acculturation que cette fête qui rassemble, comme en Égypte, au-delà de toute croyance.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2022
24 novembre : une journée pour opposer la science aux croyances religieuses
C’es le Jour de l’évolution (Evolution Day) afin de marquer l’anniversaire de la publication d’un ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin : L’Origine des espèces, paru le 24 novembre 1859.
Dans certaines universités américaines et même en Europe, on a pris l’habitude depuis un quart de siècle, de célébrer chaque 24 novembre un Jour de l’évolution (Evolution Day) afin de marquer l’anniversaire de la publication d’un ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin : L’Origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie, plus connu sous son titre abrégé L’Origine des espèces, paru le 24 novembre 1859.
Darwin ne fut certes pas le premier à proposer l’idée d’évolution contre celle de la création divine des espèces. Le Français Jean-Baptiste Lamarck ou les Britanniques Robert Chambers et Alfred Russel Wallace l’avaient déjà évoqué. Mais Charles Darwin faisant la synthèse des connaissances du temps proposait une véritable révolution des sciences et de la culture occidentale. Son livre est considéré comme le fondement de la biologie évolutive. Il contredit totalement l’ensemble des doctrines religieuses. Un siècle et demi plus tard, elle n’a toujours pas été acceptée par de nombreux milieux chrétiens évangéliques ou catholiques ainsi que pour la plupart des musulmans.
Jusqu’en 1967, dans le Tennessee, par exemple, il était interdit d’enseigner la théorie de l’évolution. Récemment, on y a voté une loi permettant aux enseignants de l’école publique de mettre le créationisme et la théorie darwinienne sur le même plan, comme deux options tout aussi crédibles les unes que les autres. Chez les fondamentalistes chrétiens la seconde est totalement bannie comme chez les musulmans radicaux. En Turquie, depuis 2019, la théorie de l'évolution est bannie des programmes scolaires du secondaire (collège et lycée) pour n'être abordée que dans l'enseignement supérieur !
En ces temps où les découvertes scientifiques sont rabaissées au rang de simples croyances, à une époque où une partie de la population, de tous pays, s’appuie sur de fumeuses superstitions pour rejeter les vaccins, il n’est pas inutile que la science établisse ses découvertes comme des réalités et non des options à prendre ou à laisser. Comme deux occasion valent mieux qu’une. Cette date vient compléter le Darwin Day, qui tombe le 12 février.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2021
24 novembre : en Turquie, drôle de fête pour les professeurs
Alors que depuis le coup d’État de 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie fête ses professeurs, comme chaque 24 novembre. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leur professeurs…
Alors que depuis 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie, comme chaque 24 novembre, fête ses professeurs. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leurs professeurs, lesquels reçoivent des fleurs, parfois des cadeaux de la part des parents, et cette reconnaissance dépasse aujourd’hui les murs de l’école. La fête est relativement récente, elle ne date que de 1981, quand on a fêté le centenaire de Mustapha Kemal, le fondateur de la Turquie moderne. Le 24 novembre 1928, il avait été désigné officiellement comme le premier des professeurs de Turquie.
Ce jour-là, il avait fait ouvrir les écoles publiques pour permettre aux adultes de venir y apprendre le nouvel alphabet turc, emprunté à l’alphabet latin pour remplacer celui qui avait été hérité des Arabes. En 1934, à nouveau un 24 novembre, Mustapha Kemal était honoré du patronyme d’Atatürk, le « Turc-père ». Créée par le très kémaliste général Evren, quelques mois après avoir pris le pouvoir par le putsch de 1980, cette Fête des professeurs (Öğretmenler Günü) a, paradoxalement, conservé toute sa vigueur sous la majorité islamo-conservatrice de l’AKP, arrivée au pouvoir au début des années 2000.
Depuis juillet 2016, des dizaines de milliers d’enseignants, militants de gauche, sympathisants pro-kurdes ou encore fidèles supposés de l’imam Fethullah Gülen, le "cerveau" du putsch selon Ankara, se sont ainsi retrouvées sur des listes et limogés par simple décret. Certains d’entre eux sont désormais tenus à l’écart de la société. Leur sécurité sociale a été annulée, leurs passeports confisqués, ils sont condamnés à une mort sociale. Même ceux qui travaillent à l’étranger ne sont pas à l’abris. En mars 2018, six professeurs en poste au Kosovo ont été enlevés ramenés de force en Turquie à bord d'un avion privé affrété par le ministère turc de l’Intérieur.
Fondateur du mouvement turc Hizmet (Service), Fethullah Gülen prône un islam ouvert à l’éducation. Cet enseignement était suivi par des millions d’adeptes (et près de 10% de la population turque avant 2016 !). Le mouvement possédait un réseau éducatif international comptant des milliers d’établissements à travers le monde, cibles du régime d’Erdoğan, partout où ils trouvent. Presque tous ont fermé depuis le début des persécutions.
À l’échelle internationale, c’est le 5 octobre que l’on célèbre les enseignants.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2024
Mustapha Kemal, 1928
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps. Vous pouvez le faire sur Tipeee
10 novembre : que reste-t-il aujourd'hui d'Atatürk, père fondateur de la Turquie ?
À 9 h 05, ce matin, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?
À 9 h 05, ce matin, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme si ce n’est l’exaltation patriotique dans le cadre de conflits tous azimuts ?
Mustapha Kemal a combattu pour rétablir une Turquie indépendante, quitte à empiéter sur le territoire d’autres peuples : Arméniens, Kurdes... Son lointain successeur semble vouloir reconstituer un semblant d’Empire ottoman : guerres en Syrie, Arménie, Libye, tensions en Méditerranée, implantation au Soudan… À l’intérieur du pays, la situation est de plus en plus tendue. Devenues quotidiennes, les purges décidées par le président Erdoğan s’abattent sur tous les opposants : ceux de gauche, les syndicalistes, les militants des droits de l’homme et de la cause kurde. Tout le monde est sous la menace, les gens sont tétanisés par la peur. Les héritiers politiques d’Atatürk ont toutefois gagné, l’an dernier, les mairies d’Istanbul et d’Ankara. Le kémalisme, représenté par le principal parti d’opposition, n’a sans doute pas dit son dernier mot.
Ce matin, des centaines de personnes se rassemblent devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, sur les rives du Bosphore où Atatürk a rendu son dernier souffle, le 10 novembre 1938, à 9h05. Heure à laquelle toutes les pendules du palais ont été arrêtées. Traditionnellement, une marche est organisée le 10 novembre par la municipalité de Beşiktaş jusqu’au palais de Dolmabahçe. Habituellement, une gigantesque chaîne humaine porte un drapeau turc mesurant plus d’un kilomètre de long. Cette année, en raison de la pandémie, les cérémonies sont beaucoup plus modestes.
D’ordinaire, à Ankara, des milliers de personnes affluent sur la colline d’Anıttepe où se trouve le mausolée Anıtkabir. La dépouille de Mustapha Kemal y a été transférée en 1953, lors de funérailles nationales. Le site accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Le mausolée abrite aussi un musée consacré à Atatürk et à la Guerre d’indépendance turque (1919-1922).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 novembre 2020
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee
15 février : la journée de la cause kurde
Des dizaines de milliers de Kurdes sont attendus ce samedi à Strasbourg. Comme chaque année, le 15 février, plusieurs cortèges de marcheurs kurdes, venus de toute l’Europe, viennent manifester devant le siège du Conseil de l’Europe.
Chaque année, le 15 février, les Kurdes marquent l’anniversaire de la capture d’Abdullah Öcalan, chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), par des manifestations dans de nombreuses villes turques qui se terminent invariablement par des affrontements, souvent sanglants, avec la police. Cette année, c’est le 21e anniversaire de la capture de leur leader. Il intervient dans le contexte tendu de la guerre en Syrie où les Kurdes affrontent l’armée turque, depuis le désastreux retrait des Américains qui, jusque-là, les protégeaient.
Des dizaines de milliers de Kurdes sont attendus ce samedi, 15 février, à Strasbourg. Comme chaque année, plusieurs cortèges de marcheurs kurdes, venus de toute l’Europe, vont atteindre la capitale alsacienne après plusieurs jours de marche, pour manifester devant le siège du Conseil de l’Europe, une organisation dont la Turquie est membre. Ils sont chaque année quelque 25 000 à 30 000 à faire le voyage. Certains font plusieurs centaines de km à pied, venant d’Allemagne, de Suisse, Belgique, France...
Considéré comme l’ennemi public numéro un de la Turquie, A. Öcalan a été arrêté le 15 février 1999 par des agents turcs au Kenya au terme d'une longue traque. Depuis, il vit dans un isolement quasi-total dans l'île-prison d'Imrali, située en mer de Marmara. Cette absence en a fait une figue mythique et charismatique non seulement pour la rébellion kurde en Turquie, où le conflit avec l'État a fait plus de 40 000 morts depuis 1984, mais aussi pour les mouvements kurdes de la région, notamment ceux de Syrie. L’audience du PKK et la notoriété d’Öcalan, dit Apo, l’oncle, sont d’ailleurs aujourd’hui beaucoup plus importantes qu’il y a 20 ans, époque où il dirigeait le PKK d’une main de fer.
Les Kurdes considèrent que le 9 octobre 1998 a débuté un « complot international » contre leur leader. C’est la date à laquelle A. Öcalan a dû quitter Damas où il était installé depuis de longue année. La Turquie n’a -t-elle pas lancé son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, le… 9 octobre 2019. La date n’était pas un hasard. Il fallait montrer aux Kurdes qui est le maître dans la région.
15 février et 9 octobre sont les deux dates récurrentes et symboliques des Kurdes, deux occasions de mettre en avant leurs revendications et de réclamer de l’aide. Cette année, L’initiative internationale (organisation kurde) appelle à participer à une longue marche du 9 au 15 février 2020, du Luxembourg jusqu’à Strasbourg, sous le mot d’ordre « Liberté pour Ocalan – Coude à coude contre le fascisme ». Elle évoque particulièrement la « guerre d’agression » lancée par la Turquie et ses mercenaires djihadistes contre le Rojava (nord-est de la Syrie, région peuplée de Kurdes) apparu comme une « oasis de liberté » dans le chaos syrien, et qui a servi de base à la lutte menée contre Daesh.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 février 2020
Mise à jour 2023 : Le coup d’envoi de la longue marche annuelle demandant la libération d’Abdullah Öcalan a été donné par une conférence internationale le 4 Février en Genève. Deux jours plus tard, le 6 février, les militants internationalistes et kurdes entamaient la longue marche qui s’est terminée par un grand rassemblement à Strasbourg le samedi 11 février 2023.
17 décembre : Konya, en Turquie, célèbre son poète soufi
La ville de Konya célèbre Roumi chaque 17 décembre. Considéré comme le plus grand poète mystique de la langue persane, Djalal al-Din Roumi est aussi à l’origine de la confrérie soufie des derviches tourneurs.
La ville de Konya célèbre Roumi (Rumi) chaque 17 décembre. Considéré comme le plus grand poète mystique de la langue persane, Djalal al-Din Roumi est aussi à l’origine de la confrérie soufie des derviches tourneurs (mawlawis) qui a fait la célébrité de Konya. C’est dans cette ville que Roumi dit Mevlana, est mort le 17 décembre 1273. Son tombeau fait toujours l'objet d'une grande vénération et d’un important centre de pèlerinage.
Chaque mois de décembre, la ville Turque de Konya organise une dizaine de journées de célébrations pour commémorer la mort de Roumi, poète dont les adeptes fondèrent, la confrérie des derviches tourneurs, appelés ainsi pour leur danse giratoire proche de la transe.
L’ancien couvent des derviches est devenu un musée d’art islamique qui accueille de très nombreux pèlerins, des adeptes de la mystique soufie de Mevlana (Roumi) venus du monde entier. Les cérémonies religieuses qui ont pris aujourd’hui une allure plus folklorique que mystique, sont organisées dans son mausolée et sont ouvertes à tous. Mais les soufis, sous Ataturk et même sous Erdogan, sont plutôt mal vus. Les autorités en ont toutefois perçu le potentiel touristique. Un festival de musique mystique de toutes les religions est d’ailleurs organisé en même temps au Centre Mevlana de Konya.
En 2007, le 800e anniversaire du poète avait été organisé par l’Unesco en collaboration avec l’Afghanistan, la République islamique d’Iran et la Turquie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 novembre : 80 ans après, la seconde mort de Mustapha Kemal
À 9 h 05, heure de son décès, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé le 10 novembre 1938. Avec Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?
À 9 h 05, des sirènes retentissent toute la Turquie se fige. Les sirènes retentissent La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938, il y a 80 ans jour pour jour. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?
Devenues quotidiennes, les purges décidées par le président Erdoğan s’abattent sur tous les opposants : ceux de gauche, les syndicalistes, les militants des droits de l’homme et de la cause kurde. Tout le monde est sous la menace, les gens sont tétanisés par la peur. Les dénonciations de Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (le parti d’Atatürk !) ne pèsent pas grand chose face au rouleau compresseur du parti islamo-conservateur, l'AKP.
Des centaines de personnes se rassemblent devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, sur les rives du Bosphore où Atatürk a rendu son dernier souffle, le 10 novembre 1938, à 9h05. Heure à laquelle toutes les pendules du palais ont été arrêtées. Traditionnellement, une marche est organisée aujourd’hui par la municipalité de Beşiktaş jusqu’au palais de Dolmabahçe. Une gigantesque chaîne humaine doit porter un drapeau turc mesurant plus d’un kilomètre de long.
À Ankara, des milliers de personnes afflux sur la colline d’Anıttepe où se trouve le mausolée Anıtkabir. La dépouille de Mustapha Kemal y a été transférée en 1953, lors de funérailles nationales. Le site accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Le mausolée abrite aussi un musée consacré à Atatürk et à la Guerre d’indépendance turque (1919-1922).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2018