L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1675, Inde, Pendjab, 24 novembre Bruno Teissier 1675, Inde, Pendjab, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : les sikhs pleurent leur neuvième gourou

Guru Tegh Bahadur vivait en Inde au XVIIe siècle, il est vénéré par les sikhs comme l’un des dix gourous fondateurs de leur religion. C’est lui qui a fondé la ville d’Anandpur Sahib, au Pendjab, l’une des villes les plus sacrée du sikhisme. Mais, c’est surtout son martyre qui a marqué la mémoire.

 

Guru Tegh Bahadur (ਗੁਰੂ ਤੇਗ਼ ਬਹਾਦੁਰ) vivait en Inde au XVIIe siècle, il est vénéré par les sikhs sous le nom de Srisht-di-Chadar (protecteur de l'humanité). C’est lui qui a fondé la ville d’Anandpur Sahib, située aujourd’hui au Pendjab, qui est l’une des villes les plus sacrée du sikhisme. Mais, c’est surtout son martyre qui a marqué la mémoire.

En mai 1675, Guru Tegh Bahadur fut approché par des pandits (sages) hindous du Cachemire, sollicitant l'intercession du gourou contre les conversions des hindous à l'islam imposées par les dirigeants moghols de l’Inde. Il encourage les pandits à résister à ces conversions forcées. Lui-même refuse de se convertir à l'islam. Pour cela il est convoqué à Delhi chez l’empereur Aurangzeb furieux. Lui et ses fidèles sont torturés. Guru Teg Bahadur Ji est condamné à mort. Il a été publiquement exécuté par décapitation. Les sikhs ont retenu la date du 24 novembre 1675 pour cette exécution, même si les historiens avancent la date du 11 novembre. Avant se se rendre chez l’empereur, il avait pris soin de désigner son fils, fils, Gobind Rai, Guru, comme son successeur. Ce dernier est le dixième et dernier des dix gourous fondateurs du sikhisme.

Chaque 24 novembre, les sikhs vénèrent un sage qui s’est sacrifié pour la liberté religieuse. Devant tant de résistance, Aurangzeb  renoncera à ses projets de conversion de masse à un  islam radical. À chaque date anniversaire, les sikhs commémorent Le martyre de Guru Tegh Bahadur (गुरु तेग बहादुर पुण्यतिथि). Ce jour-là, un grand nombre de fidèles se rassemblent pour des processions en hommage au Guru. Des kirtans (chants religieux) sont chantés dans les gurudwaras (temples sikhs)  par les fidèles.

À la mémoire de Guru Tegh Bahadur, un gurdwara nommé Sis Ganj Sahib a été construit sur le site de son martyre : Chandni Chowk à Delhi. Lors du défilé de la fête de la République, le régiment sikh de l'armée indienne salue le Sis Ganj Gurudwara avant de saluer le président de l'Inde. Un autre gurdwara, Raqab Ganj Sahib à Delhi a été construit sur le site de la maison de Lakhi Shah Vanjara, le disciple qui avait brûlé sa maison pour incinérer le corps du gourou. Ces temples sont d’importants lieux de pèlerinage, en particulier chaque 24 novembre. depuis 1979, c'est le seul cas de salut à deux reprises lors du défilé de la Fête de la République par un régiment de l'armée indienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2023

 
Lire la suite
1859, sciences, 24 novembre Bruno Teissier 1859, sciences, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : une journée pour opposer la science aux croyances religieuses

C’es le Jour de l’évolution (Evolution Day) afin de marquer l’anniversaire de la publication d’un ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin : L’Origine des espèces, paru le 24 novembre 1859.

 

Dans certaines universités américaines et même en Europe, on a pris l’habitude depuis un quart de siècle, de célébrer chaque 24 novembre un Jour de l’évolution (Evolution Day) afin de marquer l’anniversaire de la publication d’un ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin : L’Origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie, plus connu sous son titre abrégé L’Origine des espèces, paru le 24 novembre 1859.

Darwin ne fut certes pas le premier à proposer l’idée d’évolution contre celle de la création divine des espèces. Le Français Jean-Baptiste Lamarck ou les Britanniques  Robert Chambers et Alfred Russel Wallace l’avaient déjà évoqué. Mais Charles Darwin faisant la synthèse des connaissances du temps proposait une véritable révolution des sciences et de la culture occidentale. Son livre est considéré comme le fondement de la biologie évolutive. Il contredit totalement l’ensemble des doctrines religieuses. Un siècle et demi plus tard, elle n’a toujours pas été acceptée par de nombreux milieux chrétiens évangéliques ou catholiques ainsi que pour la plupart des musulmans.

Jusqu’en 1967, dans le Tennessee, par exemple, il était interdit d’enseigner la théorie de l’évolution. Récemment, on y a voté une loi permettant aux enseignants de l’école publique de mettre le créationisme et la théorie darwinienne sur le même plan, comme deux options tout aussi crédibles les unes que les autres. Chez les fondamentalistes chrétiens la seconde est totalement bannie comme chez les musulmans radicaux. En Turquie, depuis 2019, la théorie de l'évolution est bannie des programmes scolaires du secondaire (collège et lycée) pour n'être abordée que dans l'enseignement supérieur !

En ces temps où les découvertes scientifiques sont rabaissées au rang de simples croyances, à une époque où une partie de la population, de tous pays, s’appuie sur de fumeuses superstitions pour rejeter les vaccins, il n’est pas inutile que la science établisse ses découvertes comme des réalités et non des options à prendre ou à laisser. Comme deux occasion valent mieux qu’une. Cette date vient compléter le Darwin Day, qui tombe le 12 février.

 
Lire la suite
1928, Turquie, Enseignants, Langues, 24 novembre Bruno Teissier 1928, Turquie, Enseignants, Langues, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : en Turquie, drôle de fête pour les professeurs

Alors que depuis le coup d’État de 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie fête ses professeurs, comme chaque 24 novembre. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leur professeurs…

 

Alors que depuis 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie, comme chaque 24 novembre, fête ses professeurs. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leurs professeurs, lesquels reçoivent des fleurs, parfois des cadeaux de la part des parents, et cette reconnaissance dépasse aujourd’hui les murs de l’école. La fête est récente, elle ne date que de 1981, quand on a fêté le centenaire de Mustapha Kemal, le fondateur de la Turquie moderne. Le 24 novembre 1928, il avait été désigné officiellement comme le premier des professeurs de Turquie.

Ce jour-là, il avait fait ouvrir les écoles publiques pour permettre aux adultes de venir y apprendre le nouvel alphabet turc, emprunté à l’alphabet latin pour remplacer celui qui avait été hérité des Arabes. En 1934, à nouveau un 24 novembre, Mustapha Kemal était honoré du patronyme d’Atatürk, le « Turc-père ». Créée par le très kémaliste général Evren, quelques mois après avoir pris le pouvoir par le putsch de 1980, cette Fête des professeurs (Öğretmenler Günü) a, paradoxalement, conservé toute sa vigueur sous la majorité islamo-conservatrice de l’AKP, arrivée au pouvoir au début des années 2000.

Depuis juillet 2016, des dizaines de milliers d’enseignants, militants de gauche, sympathisants pro-kurdes ou encore fidèles supposés de l’imam Fethullah Gülen, le "cerveau" du putsch selon Ankara, se sont ainsi retrouvées sur des listes et limogés par simple décret. Certains d’entre eux sont désormais tenus à l’écart de la société. Leur sécurité sociale a été annulée, leurs passeports confisqués, ils sont condamnés à une mort sociale. Même ceux qui travaillent à l’étranger ne sont pas à l’abris. En mars 2018, six professeurs en poste au Kosovo ont été enlevés ramenés de force en Turquie à bord d'un avion privé affrété par le ministère turc de l’Intérieur.

Fondateur du mouvement turc Hizmet (Service), Fethullah Gülen prône un islam ouvert à l’éducation. Cet enseignement était suivi par des millions d’adeptes (et près de 10% de la population turque avant 2016 !). Le mouvement possédait un réseau éducatif international comptant des milliers d’établissements à travers le monde, cibles du régime d’Erdoğan, partout où ils trouvent. Beaucoup ont fermé depuis le début des persécutions.

À l’échelle internationale, c’est le 5 octobre que l’on célèbre les enseignants.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Mustapha Kemal, 1928Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps. Vous pouvez le faire sur Tipeee

Mustapha Kemal, 1928

Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps. Vous pouvez le faire sur Tipeee

Lire la suite