5 mai : une fête turque non musulmane

 

Ancienne fête d’origine pré-islamique, Hidirellez célèbre, chez les populations turques, sunnites et alévies, l’arrivée du printemps. La fête a commencé dès ce soir (5 mai) pour se poursuivre toute la journée du 6. Comme préparatifs, il y a un grand ménage de la maison, l’achat de vêtements neufs et la préparation de mets et boissons particulièrement soignés. Ce soir, on passe une partie de la nuit à danser, à chanter et à faire des buchers par-dessus lesquels on va sauter jusqu’au matin.

Aujourd’hui, seront organisés d’immenses pique-niques, comme en Égypte lors de la fête le printemps (25 avril). La tradition veut aussi que l’on décore un arbre (nahil) de toutes sortes d’objets en faisant un vœu. Dans la tradition populaire, les prophètes Hizir et Ilyas se sont retrouvés cette journée-là pour faire renaître la nature. Les noms Hizir et Ilyas ensuite réunis ont formé ainsi le mot Hidirellez. Hizir, appelé aussi Al Khidr (en perse), est une figure importante et énigmatique de l’alévisme, cette minorité religieuse issue du chiisme (mais exécrée par l’islam radical) et deuxième en nombre après les sunnites en Turquie.

Certains ont pu assimiler Hizir au prophète Élie, à Bouddha ou encore à Alexandre le Grand ! Pendant la domination ottomane, Hidirellez s’est répandu dans les Balkans où il est devenu Durdevdan (la Saint-Georges) pour les chrétiens (fêté le 6 mai en Bulgarie), Ederlezi pour les Gitans qui en ont fait la fête de tous les Rroms. C’est finalement un beau symbole d’acculturation que cette fête qui rassemble, comme en Égypte, au-delà de toute croyance.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2022

 
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