L’Almanach international

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1979, Inde, Langues, 19 janvier Bruno Teissier 1979, Inde, Langues, 19 janvier Bruno Teissier

19 janvier : la journée du kokborok, langue tibéto-birmane

Les locuteurs du kokborok, une langue tibéto-birmane de l’État indien du Tripura, ont toujours défendu leur langue afin qu’elle ne disparaisse pas comme de nombreuses langues de l’Inde chaque année.

 

Les locuteurs du kokborok, une langue tibéto-birmane parlée principalement dans les États indiens du Tripura (25% des habitants), mais aussi plus marginalement au Bengale occidental, dans l’Assam et au Mizoram, mais aussi dans dans les Chittagong Hill Tracts, au Bangladesh, soit en tout guère plus d’un million de personnes, ont toujours défendu leur langue afin qu’elle ne disparaisse pas comme de nombreuses langues de l’Inde chaque année.

Face au sanskrit et au persan (jadis), au bengali, puis à l’anglais de la puissance occupante, le kókborok n’était qu’un ensemble de dialectes, sans nom défini : c’était la langue (kók) des gens (borok), des autochtones. Aujourd’hui, elle est aussi appelée le tripuri. Dans les années 1970, les tribus ont lancé une revendication pour que la langue kokborok soit reconnue comme langue d'État, avec le soutien des formations de gauche. En 1975, une manifestation s’était même terminée par un mort et de très nombreux blessés, la police ayant ouvert le feu sur le cortège pacifique. D’ailleurs, un Jour des Martyrs est célébré le 3 mars de chaque année en mémoire du martyr de la langue, nommé Dhananjay Tripura.

Finalement, après la formation d’un premier gouvernement du Front de gauche en 1978, des initiatives ont été prises pour répondre aux quatre revendications des tribus. Le 19 janvier 1979, la langue Kokborok a reçu le statut de langue d'État. La Journée de la langue kokborok, chaque 19 janvier, célèbre l’anniversaire de cette reconnaissance. En même temps, la reconstruction des réserves tribales et la restitution des terres cédées aux tribus ont commencé. Dans cet État peuplé à 60% de Bengalis, les montagnes sont occupées par des tribus réclamant toujours plus d’autonomie. Aujourd’hui le BJP (droite nationaliste) est au pouvoir, certains mouvements d’extrême gauche entretiennent une agitation endémique.

La langue kókborok est enseignée dans les écoles du Tripura du primaire au secondaire supérieur depuis les années 1980. L’université du Tripura l’enseigne à partir de 1994 et délivre un diplôme d'études supérieures en kókborok depuis 2001. Il existe actuellement une demande de reconnaissance de la langue comme l'une des langues officielles reconnues de l'Inde conformément à l'annexe 8 de la Constitution. La forme officielle est le dialecte parlé à Agartala, la capitale de l'État du Tripura.

La question de l'écriture est très politisée, le gouvernement prône l’écriture bengali mais les organisations nationalistes ethniques (Kokborok Sahitya Sabha, Kokborok tei Hukumu Mission, Movement for Kokborok, etc.) préfèrent l'utilisation de l'écriture romaine. Récemment, la Fédération des étudiants de Twipra (TSF) a encore manifesté à Agartala pour cette seconde écriture. Les deux écritures sont désormais utilisées dans l’enseignement ainsi que dans les cercles littéraires et culturels.

La Mission Kokborok tei Hukumu (KOHM) est une organisation apolitique et non religieuse, créée en 1993, dont la mission est de promouvoir le développement et la préservation de la littérature, de la culture, de la tradition et du patrimoine tripuri.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 janvier 2025

Avec un écriture…

…ou une autre.

 
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2008, Palestine, Israël, 19 janvier, cessez-le-feu Bruno Teissier 2008, Palestine, Israël, 19 janvier, cessez-le-feu Bruno Teissier

19 janvier : journée de Gaza en Iran

Leș autorités iraniennes qui ne manquent pas une occasion de conspuer Israël, les États-Unis et l’Occident en général, observent chaque 19 janvier, une Journée de Gaza en Iran. Cette année où Gaza est en train d’être totalement détruite par l’armée israélienne, la journée prend en Iran une dimension particulière qui s’inscrit dans la propagande du régime et son soutien au Hamas, aux houthis, au dictateur de Damas, au Hezbollah libanais… alors que ce matin l’Iran bombarde le Kurdistan !

 

Leș autorités iraniennes qui ne manquent pas une occasion de conspuer Israël, les États-Unis et l’Occident en général, observent chaque 19 janvier, une Journée de Gaza en Iran (روز غزه در ایران). Cette année où Gaza est en train d’être totalement détruite par l’armée israélienne, la journée prend en Iran, comme ailleurs, une dimension particulière qui s’inscrit dans la propagande du régime et son soutien au Hamas, aux houthis, au dictateur de Damas, au Hezbollah libanais… alors que ce matin l’Iran bombarde le Kurdistan !

Cette journée de soutien à Gaza fait référence à une autre guerre que celle d’octobre 2023. Il s’agit de l’opération Plomb Durci, lancée par  Israël en réaction à des frappes du Hamas. elle a commencé le 27 décembre 2008 par des frappes aériennes, suivi d’une  invasion terrestre le 2 janvier 2009. Le 11 janvier, Tsahal commençait à pénétrer dans la ville de Gaza. Mais, le 17 janvier, Israël déclarait un cessez-le-feu unilatéral qui est entré en vigueur le lendemain. Le lendemain du cessez-le-feu, l'Assemblée consultative islamique (le parlement iranien) déclarait le 19 janvier « Journée de Gaza » pour exprimer « la solidarité du peuple iranien avec les Palestiniens ».

Le Jour de Gaza est un jour de commémoration annuel observé en Iran le 29 dey du calendrier solaire hégirien, qui coïncide, en principe, avec le 19 janvier du calendrier grégorien.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2024

 
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2007, Turquie, Liberté de presse, 19 janvier Bruno Teissier 2007, Turquie, Liberté de presse, 19 janvier Bruno Teissier

19 janvier : Hrant Dink, martyr de la liberté de presse

Quelques milliers de personnes défilent dans les rues d’Istanbul, des cérémonies ont lieu aussi à Paris, Lyon, Marseille, Bruxelles, Erevan... à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. L’AKP, au pouvoir, a jusqu’à présent, bloqué toute enquête sur ce crime.

 

Des cérémonies ont lieu aussi à Istanbul, à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 à 15 heures par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. Des rassemblements ont également lieu chaque année à Paris, Marseille, Bruxelles, Erevan... à Lyon, c’est rue Hrant Dink dans le 2e arrondissement.

Hrant Dink s'est fait connaître en fondant Agos, un journal paraissant en turc et en arménien, abordant des sujets jusque-là tabous. Il était haï par les nationalistes turcs pour avoir qualifié de génocide les massacres dont les Arméniens ont été les victimes pendant entre 1915 et 1917 sous l'Empire ottoman. Aujourd’hui encore, les autorités turques refusent toujours de reconnaître la réalité génocide. Hrant Dink a été déclaré « héros de la liberté de la presse » par l’International Press Institut (IPI).

Le journal Agos, devant lequel Hrant Dink a été tué de trois balles a aujourd’hui déménagé. Ses bureaux, rue Halaskârgazi district de Şişli à Istanbul, sont devenus un simple lieu de mémoire, ouvert au public depuis juin 2019, sous le nom “23.5 Lieu de mémoire Hrant Dink 23,5” '. Le lieu tire son nom d’un article titré 23,5 Avril publié par Hrant Dink le 23 avril 1996 dans Agos. Le 23 Avril, est la veille du 24 (le fameux 24 avril 1915), jour de sinistre mémoire pour les Arméniens. Hrant Dink s’était marié un 23 avril et le couple avait conçu son premier enfant dans la nuit qui a suivi, d’où le 23,5.

Ailleurs dans le monde, notamment dans les villes où vivent des Arméniens, le combat de Hrant Dink pour la mémoire est toujours célébré chaque 19 janvier. Par exemple, ce dimanche à Bruxelles, après un requiem à la mémoire de Hrant Dink joué en l’Église arménienne, rendez-vous est donné à 13 heures devant le monument dédié au génocide des Arméniens, Square Henri Michaux, 1050 Ixelles. Ou encore à Londres, à 18 heures, St Yeghiche Armenian Church 13b Cranley Gardens, Kensington Londres SW7 3.

Le tireur, Ogun Samast, 17 ans au moment des faits, a avoué le meurtre et a été condamné à près de 23 ans de prison en 2011. Mais l'identité de ses commanditaires continue de faire l'objet de polémiques et spéculation. Le combat n’est pas terminé pour faire éclater la vérité sur les circonstances du meurtre. À l’occasion de ce 16e anniversaire, l'Association des journalistes de Turquie (TGC) a réagis en demandant une enquête. La proposition du HDP (part d’opposition) d'"enquêter sur le meurtre de Hrant Dink sous tous ses aspects" a été rejetée récemment par les votes des députés AKP et MHP (la coalition au pouvoir) à l'Assemblée générale de la Grande Assemblée nationale de Turquie.

Expliquant sa proposition, le député du HDP Diyarbakır, Garo Paylan, a déclaré : (…) « Hrant Dink faisait la une des journaux sur le fait d'affronter le passé. Le 6 février 2004, le journal Agos a rapporté l'allégation selon laquelle Sabiha Gökçe [la fille adoptive de Mustafa Kemal Atatürk] était une orpheline arménienne. L'apocalypse a éclaté dans le pays concernant l'affirmation selon laquelle un orphelin était arménien. Cependant, dans le passé, une personne sur cinq était arménienne, et des centaines de milliers d'orphelins ont été laissés derrière pendant que le peuple arménien était expulsé de ces terres. Il a été affirmé que Sabiha Gökçen pourrait également être une orpheline arménienne. À ce moment-là, tout l'enfer s'est déchaîné. L'état-major général a publié une déclaration très dure et pris pour cible Hrant Dink. L'état-major a considéré l'affirmation selon laquelle Sabiha Gökçen était arménienne comme une menace majeure. Ce n'était pas suffisant, deux jours plus tard, Hrant Dink a été appelé au poste de gouverneur et a été menacé par deux responsables du MİT. Il a été dit : "Attention, marche sur tes pieds". Ce n'était pas assez, Ülkü Ocakları s'est réuni devant la présidence du district de MHP Şişli, Il s'est présenté devant le journal Agos avec un discours de haine. "Hrant Dink est notre cible", a déclaré le président provincial de l'Ülkü Ocakları devant le journal Agos. Ce n'était pas suffisant, la justice a pris des mesures. Le pouvoir judiciaire a intenté une action en justice contre Hrant Dink avec l'allégation d'insulte à la turcité, ce que Hrant Dink n'a jamais voulu ou ne pouvait pas dire dans un article. Hrant Dink a été condamné, bien que certaines personnes aient dit : « Une telle chose ne peut pas arriver ».

Selon eux, Hrant Dink était désormais un ennemi déclaré des Turcs et il visait. Certains acteurs appelés « Ergenekonists » ont ciblé Hrant Dink devant le journal Agos. La presse ciblait Hrant Dink dans le linge, le titre et les gros titres. Hrant Dink a écrit l'article "Mon humeur est un malaise de pigeon" une semaine avant son assassinat le 19 janvier 2007, en disant "Je suis maintenant sur la cible". Il a expliqué dans tous les détails pourquoi il était visé, mais l'AKP était au pouvoir à ce moment-là et n'a rien fait. Il n'a pas protégé Hrant Dink. Bien que toutes les agences de renseignement de l'État savaient que Hrant Dink serait assassiné, elles n'ont pas surveillé Hrant Dink, mais le gang qui est parti de Trabzon Pelitli et les a amenés au journal Agos.» (…) Garo Paylan (député turc d'origine arménienne)

Le site du Mémorial Hrant Dink et celui du journal Argos

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2023

 
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