L’Almanach international
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20 février : les Chins, peuple des montagnes de Birmanie, célèbre sa fête nationale
Chaque 20 février, depuis 1951, le peuple Chin fête son État. Un pays, un peu plus grand que la Belgique, situé dans le nord de la Birmanie, à la frontière de l’Inde.
Chaque 20 février, depuis 1951, le peuple Chin fête son État. Un pays, un peu plus grand que la Belgique, situé dans le nord de la Birmanie, à la frontière de l’Inde. Les Chins vivent dans une région montagneuse du nord-ouest de la Birmanie. L’État chin est l’un des sept qui composent théoriquement l’Union birmane (ou Union du Myanmar, selon le nom adopté par la junte militaire), avec la région centrale qui, elle, est peuplée de Bamars (ou Birmans). Beaucoup de Chins ont fui la dictature pour se réfugier en Inde (notamment à New Delhi), voire au Canada ou en Europe. Leur fête nationale est souvent célébrée avec plus de faste dans la diaspora que localement. Tout dépend des circonstances dans le pays. Et cette année, l’ambiance est à l’incertitude politique.
La date du 20 février, fête nationale des Chins, fait référence à la création de la première association politique des populations chins en 1928. En 1938, toujours un 20 février, elle présentait aux occupants anglais une série de revendications. Le 20 février 1948, l’Assemblée générale du peuple chin abolissait le régime féodal et adoptait un mode démocratique de désignation de ses dirigeants. Cette portion des Indes anglaises avait été gérée distinctement par les Anglais («Loi de régulation de 1896 des Chin Hills») du reste de l’Union birmane qui venait d’obtenir son indépendance, le 4 janvier 1948. Des représentants des Chins avaient assisté à la Conférence de Panglong, le 12 février 1947, qui prévoyait un État fédéral où chaque peuple aurait son autonomie. On sait qu’il n’en a rien été, la junte birmane arrivée au pouvoir en 1961 et qui n’a jamais vraiment quitté le pouvoir depuis, n’a jamais reconnu l’autonomie qui avait été accordée aux peuples périphériques. Au lieu de cela, elle ne reconnaît pas moins de 135 peuples ! (Sauf les Royhinga, bien sûr). Et comme on ne peut pas créer 135 États autonomes à l’intérieur du pays, autant dire qu’elle n’en reconnaît aucun. Les représentants du peuple majoritaire, les Bamars, sont tous sur la même ligne, Aug San Suu Kyi, en fait partie. Même si l’an dernier, elle a assisté à la fête nationale des Chins, la Dame de Rangoon est, tout autant que les militaires, partisane d’un pouvoir centralisé. Pas question de parler d’un Chin State Day et de pouvoir locaux.
Depuis, l’accord de cessez-le-feu signé en 2012, avec l’armée birmane, l’État Chin peut célébrer ouvertement sa fête nationale. Cela n’a pas toujours été le cas. La fête avait été interdite par la junte et les Chins avaient repris les armes en 1988.
La junte militaire qui a récemment confisqué la totalité du pouvoir en Birmanie a invité le président de la Ligue nationale Chin pour la démocratie (CNLD) à rejoindre le Conseil d’État. Celui-ci a, bien sûr, décliné l’invitation. Les Chins se méfient de l’armée Birmane. Suite au coup d’État du 1er février 2021, quelques milliers de Chins ont déjà trouvé refuge dans l’État indien voisin, le Mizoram.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
24 novembre : en Turquie, drôle de fête pour les professeurs
Alors que depuis le coup d’État de 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie fête ses professeurs, comme chaque 24 novembre. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leur professeurs…
Alors que depuis 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie, comme chaque 24 novembre, fête ses professeurs. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leurs professeurs, lesquels reçoivent des fleurs, parfois des cadeaux de la part des parents, et cette reconnaissance dépasse aujourd’hui les murs de l’école. La fête est récente, elle ne date que de 1981, quand on a fêté le centenaire de Mustapha Kemal, le fondateur de la Turquie moderne. Le 24 novembre 1928, il avait été désigné officiellement comme le premier des professeurs de Turquie.
Ce jour-là, il avait fait ouvrir les écoles publiques pour permettre aux adultes de venir y apprendre le nouvel alphabet turc, emprunté à l’alphabet latin pour remplacer celui qui avait été hérité des Arabes. En 1934, à nouveau un 24 novembre, Mustapha Kemal était honoré du patronyme d’Atatürk, le « Turc-père ». Créée par le très kémaliste général Evren, quelques mois après avoir pris le pouvoir par le putsch de 1980, cette Fête des professeurs (Öğretmenler Günü) a, paradoxalement, conservé toute sa vigueur sous la majorité islamo-conservatrice de l’AKP, arrivée au pouvoir au début des années 2000.
Depuis juillet 2016, des dizaines de milliers d’enseignants, militants de gauche, sympathisants pro-kurdes ou encore fidèles supposés de l’imam Fethullah Gülen, le "cerveau" du putsch selon Ankara, se sont ainsi retrouvées sur des listes et limogés par simple décret. Certains d’entre eux sont désormais tenus à l’écart de la société. Leur sécurité sociale a été annulée, leurs passeports confisqués, ils sont condamnés à une mort sociale. Même ceux qui travaillent à l’étranger ne sont pas à l’abris. En mars 2018, six professeurs en poste au Kosovo ont été enlevés ramenés de force en Turquie à bord d'un avion privé affrété par le ministère turc de l’Intérieur.
Fondateur du mouvement turc Hizmet (Service), Fethullah Gülen prône un islam ouvert à l’éducation. Cet enseignement était suivi par des millions d’adeptes (et près de 10% de la population turque avant 2016 !). Le mouvement possédait un réseau éducatif international comptant des milliers d’établissements à travers le monde, cibles du régime d’Erdoğan, partout où ils trouvent. Beaucoup ont fermé depuis le début des persécutions.
À l’échelle internationale, c’est le 5 octobre que l’on célèbre les enseignants.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde