L’Almanach international
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7 avril : la mémoire du génocide tutsi au Rwanda
Il y a 30 ans, commençait un génocide qui allait faire disparaître, en trois mois, un million de personnes dans un pays de moins de 7 millions d’habitants, le Rwanda. En dépit des commémorations annuelles, un lourd silence pèse sur le génocide des Tutsis. Le pays a mis beaucoup de temps à le faire entrer dans les manuels d’Histoire. C’est fait à présent, mais le Rwanda est un pays très jeune : 70% de la population a moins de 30 ans et n’a pas vécu le génocide.
Il y a 30 ans, jour pour jour, commençait un génocide qui allait faire disparaître, en trois mois, un million de personnes dans un pays de moins de 7 millions d’habitants, le Rwanda.
Tutsi et de Hutu sont des appartenances fixées par les colonisateurs allemands et belges. À l’époque coloniale, les Européens ont voulu catégoriser les populations soumises en ethnies bien identifiables. Dans le cas du Rwanda, cette construction était très largement artificielle, car Tutsis et Hutus habitent le même territoire, partagent la même langue et ont adopté la même religion, le catholicisme. L’ethnie figurait sur les cartes d’identité, c’est ce qui facilita les massacres, car comment identifier à coup sûr les individus à éliminer ?
En 1962, le colonisateur belge après avoir favorisé les Tutsis pendant des décennies, avait laissé le pouvoir à un mouvement radical Hutu (Parmehutu), aussitôt des massacres de Tutsis se sont produits. En 1973, quand Juvénal Habyarimana prend le pouvoir à la suite d’un coup d’État, les Tutsis ne seront plus désormais que des citoyens de seconde zone ce qui engendrera la création du FPR (Front patriotique rwandais) pour combattre le dictateur. Ce mouvement rebelle, implanté dans les pays voisins, est composé de Tutsis et de Hutus modérés qui ont fui leur pays. Le dictateur Juvénal Habyarimana fini par accepter un partage du pouvoir (accord d’Arusha, en août 1993) mais en même temps le pouvoir de Kigali laissait se développer une propagande anti-tutsi aux accents meurtriers. La radio Mille collines qui appelle quotidiennement à éliminer tous les Tutsis du pays est fondée en juillet 1993. Par ses discours de haine, elle joua un grand rôle pendant le génocide. Le 6 avril 1994, l’avion présidentiel est abattu par un missile, on n’a jamais su qui avait tué Juvénal Habyarimana, mais la propagande hutue désigne aussitôt les Tutsis. Le 7 avril 1994, commence des massacres qui ne s’achèveront que le 17 juillet par la prise de contrôle du pays par le FPR et la fuite des extrémistes Hutus au Zaïre (aujourd’hui RDC).
Le FPR a pris le pouvoir en juillet 1994. Depuis, son leader Paul Kagamé est l’homme fort du pays. Il appartient à une famille de Tutsis qui s’était réfugiée en Ouganda, bien avant le génocide. Son régime est autoritaire, mais le pays a retrouvé la paix et a prospéré sous son règne.
Le Rwanda organise tous les ans, le 7 avril, une commémoration du génocide mais sans pour autant avoir cherché à identifier les coupables et les victimes. La mention de l’ethnie sur les cartes d’identité a été enlevée dès août 1994, officiellement, il n’y a plus de Hutus ni de Tutsis, rien que des Rwandais. Néanmoins, la cohabitation entre victimes et bourreaux pose de grandes difficultés à la reconstruction du pays. Dans un souci de réconciliation nationale, les victimes ont été enjointes de pardonner à des bourreaux qui ont rapidement débité un texte de contrition. Un lourd silence s’est imposé. Le pays a mis beaucoup de temps à faire entrer le génocide dans les manuels d’Histoire. C’est fait à présent, mais pour une très large partie de la population, ce n’est plus qu’un fait historique. Le Rwanda est un pays très jeune : 70% de la population a moins de 30 ans et n’a pas vécu le génocide.
De commémorations en commémorations, les choses évoluent à l’international. En 2021, le président Macron, mettait un terme au déni de la France et admettait des responsabilités dans le déroulement du génocide du fait d’un soutien coupable à la dicature extrémiste hutue (la fourniture d’armes aux autorités rwandaises pendant les massacres). En 2024, en vue de ce 30e anniversaire, le président français a affirmé que la France, « avec ses alliés occidentaux et africains » aurait ou arrêter le génocide mais n’en a pas eu, à l’époque, la volonté. Il a rappellé que, « quand la phase d'extermination totale contre les Tutsis a commencé, la communauté internationale avait les moyens de savoir et d'agir, par sa connaissance des génocides que nous avaient révélée les survivants des Arméniens et de la Shoah ». Le Vatican, en revanche n’a jamais fait le moindre commentaire sur l’aveuglement de l’Église face à ce génocide.
En l’an 2000, le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, avait été beaucoup plus clair : « J’assume ici devant vous la responsabilité de mon pays, des autorités politiques et militaires belges, et au nom de mon pays, je vous demande pardon pour cela. » La même année, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait juste exprimé des remords : « Au nom de l’ONU, je reconnais cet échec et j’exprime mon profond remords. » Remords d’avoir, pendant le génocide, retiré 90% des casques bleus présents au Rwanda… En 2003, l’ONU institue le 7 avril comme la Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda qui deviendra, en 2018, la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Chaque année, à cette date ou aux alentours de cette date, l’Organisation des Nations Unies organise des manifestations commémoratives à son siège, à New York, et dans ses bureaux dans le monde entier.
Le Rwanda a deux jours fériés pour commémorer le génocide. La période de deuil national débute avec Kwibuka (“se souvenir”, en kinyarwandais), la commémoration nationale du 7 avril et se termine avec le Jour de la libération (Kwibohora), le 4 juillet.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 avril 2024
7 avril : Zanzibar commémore l’assassinat de son premier président
Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. La sanglante révolution de 1964 dont il est l’un des initiateurs lui a permis de devenir président de Zanzibar. Avec l’aide de la Chine, il a redistribué les terres et fait construire nombreuses maisons. Il n’a, en revanche, pas ménagé ses opposants. Son fils qui a été élu par deux fois président au tout début du XXIe siècle, cultive sa mémoire.
Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. Fils d’une esclave originaire du Malawi, il est arrivé à Zanzibar alors qu’il était encore un enfant. L’île était alors dominée par une classe politique arabo-persanne qui s’était imposée à l’époque où l’archipel de Zanzibar était une colonie arabe, dépendant du sultanat d’Oman et pratiquant le commerce des esclaves africains. Ce rôle plaque tournante de l’esclavage a duré jusqu’à son abolition, très tardive, en 1890, quand l’île est devenue une colonie britannique.
Abeid Karume est entré en politique en 1954 en devenant maire de la capitale et en adhérant au parti pro britannique Afro-Shirazi, militant contre la domination arabe. Dix ans plus tard, il participe à la très sanglante révolution du 12 janvier 1964 qui renverse le dernier sultan. Karume devient alors le premier président de la république de Zanzibar. Cette révolution d’inspiration socialiste s’attaque à la classe dirigeante arabe qui contrôle toutes les terres. Certaines familles sont largement dépossédées par la redistribution des terres à la population swahilie locale. Ce sont d’ailleurs de jeunes officiers arabes, issus de familles locales humiliées et persécuté Karume, qui ont abattu le président le 7 avril 1972, mettant fin à un régime autoritaire et prochinois. Le cheikh Karume, qui avait récemment changé son titre de président de Zanzibar en président du Conseil révolutionnaire, se trouvait au siège de son parti Afro-Shirazi lorsque des hommes armés ont fait irruption dans la pièce et l'ont tué avec des mitraillettes.
Président de Zanzibar, il était aussi le vice-président de la Tanzanie dont l’île est une composante depuis que Abe Karume et Julius K. Nyerere ont fondé la Tanzanie. Ce dernier a assisté à ses funérailles et la décrété que le 7 avril serait désormais le Karume Day, un jour férié et chômé dans tout le pays, pas seulement à Zanzibar. Ce président autoritaire qui pourchassait les opposants de manière impitoyable, a aussi laissé une œuvre sociale. Il a établi un système d'éducation et de services de santé gratuits pour tous les Zanzibaris, quelle que soit leur race, leur couleur ou leur appartenance ethnique. En dehors de cela, il s'est engagé dans la construction de nombreuses maisons mises à la disposition des habitants de Zanzibar à des loyers très abordables. Karume demeure très populaire. Sa mémoire a été grandement cultivée par son fils. Son premier fils, Amani Abeid Karume, lui a succédé à la présidence pour deux mandats successifs de 2000 à 2010 obtenus démocratiquement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
7 avril : aux États-Unis, c'est le Jour de la bière
Aujourd'hui, les Américains fêtent la bière en souvenir de la loi Cullen-Harisson (1933) qui levait l'interdiction des boissons alcoolisées jusqu'à 4°, et autorisait, de fait, la bière, pas encore le vin. On s'acheminait vers la fin de la Prohibition.
Grace à la vaccination, la vie reprend aux États-Unis et les cafés et brasseries rouvrent. Mais, la fête a-t-elle l’ampleur de celle du 7 avril 1933 ? Aujourd'hui, les Américains fêtent la bière en souvenir de la loi Cullen-Harisson (1933) signée par le Président Roosevelt et qui amendait la loi Volstead de 1919. En levant l'interdiction des boissons alcoolisées jusqu'à 4°, on autorisait, de fait, la bière, pas encore le vin, et on s'acheminait vers la fin de la Prohibition. Le 6 avril 1933, les gens faisaient la queue devant leurs bars préférés pour se préparer à engloutir leur premier breuvage légal en 13 ans. Cette nuit sera à jamais connue sous le nom de New Beers Eve. Le 7 avril 1933, 1,5 million de barils de bière ont été consommés…
Aujourd'hui, le 7 avril est reconnu aux États-Unis comme la Journée nationale de la bière (National Beer Day). Ne pas confondre avec la Journée de l’abrogation (de la prohibition), marquée chaque 5 décembre, ni avec le International Beer Day qui sera fêté le 6 août prochain. #NationalBeerDay
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde