L’Almanach international
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20 octobre : la démocratie perdue du Guatemala
Le Guatemala célèbre aujourd’hui les 80 ans de sa révolution démocratique. Mais la démocratie ne dura que 10 ans. En 1954, Les États-Unis renversèrent le président élu démocratiquement pour le remplacer par une junte militaire. Il avait eu le tort de s’attaquer aux intérêts commerciaux américains…
Le Guatemala célèbre aujourd’hui sa révolution de 1944 qui a mis fin à une dictature. Mais la démocratie ne dura que 10 ans. En 1954, Les États-Unis renversèrent un président élu démocratiquement par une junte militaire. Il avait eu le tort de s’attaquer aux intérêts commerciaux américains.
La Révolution guatémaltèque de 1944 , également appelée Révolution d’octobre ou du 20 octobre, est un mouvement civilo-militaire qui s’est déclenché au Guatemala le 20 octobre 1944, mené par des militaires, des étudiants et des travailleurs, qui ont renversé le gouvernement de facto du général Federico Ponce Valdes. Cela a donné lieu aux premières élections libres dans ce pays et inauguré une période de dix ans de modernisation de l'État au profit des majorités de la classe ouvrière. L'historiographie qualifie cette période des « dix années de printemps » et parle d’un « âge d'or » au Guatemala. En 1945, Juan José Arévalo, président nouvellement élu, lancera une politique sociale ambitieuse visant à réformer le Code du travail en instaurant le droit de grève et accordant des droits aux indigènes. En 1954, son successeur, Jacobo Árbenz Guzmán, instaurera une taxe sur les exportations et mène une réforme agraire qui contraint la United Fruit Company (entreprise bananière américaine) à céder ses terres en friche. C’est ce qui signera sa perte. Un coup d’État organisé par la CIA reverse Árbenz et met en place une junte militaire. Le Guatemala vira ensuite 25 ans de guerre civile et de répression qui feront 200 000 morts.
Le 20 octobre est aujourd’hui une fête nationale dans ce pays d'Amérique centrale, commémoré comme le Jour de la révolution de 1944 (Día de la Revolución de 1944).
Cette année pour le 80e anniversaire de la Révolution, le gouvernement du Guatemala a organisé une série d'activités gratuites tout au long du mois d'octobre, parmi lesquelles une promenade nocturne (à partir de 18h) à travers les points emblématiques du centre historique et du centre civique, dont les façades seront éclairées par des projections cartographiques. Ce dimanche 20 octobre, un concert est donné devant le Palais national de la culture, auquel participeront l'orchestre symphonique et l'orchestre Marcial. Grâce au site Revolución Viva, le ministère de la Culture et des Sports (MCD) a programmé une série d'événements qui auront lieu jusqu’au 31 octobre.
Le jour férié tombant le dimanche, la journée de lundi 21 octobre a aussi été déclarée fériée et chômée.
Après des mois d'incertitude et des tensions politiques, l’entrée en fonction, le 15 janvier 2024, de Bernardo Arévalo, un président de la République élu avec plus de 60% des suffrages une ère nouvelle au Guatemala. Bien qu’assez conservateur, sur le plan sociétal, et libéral en matière économique, Bernardo Arévalo se dit social-démocrate. Il moins marqué à droite ou à l’extrême droite que ses prédécesseurs et s’applique à rétablir l’État de droit et les libertés publiques bien malmenés dans ce pays depuis 80 ans et de lutter contre une corruption endémique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 octobre 2024
15 septembre : la fête d’indépendance des États d’Amérique centrale
La date du 15 septembre ne concerne ni le Panama ni le Bélize, mais tous les autres États d’Amérique centrale fêtent leur indépendance le même jour en souvenir du 15 septembre 1821, jour où la capitainerie générale du Guatemala, qui chapeautait l’Amérique centrale au nom de la Couronne espagnole, a déclaré son indépendance. Une grande course à la torche parcourt les cinq États de l’isthme pour commémorer l’événement.
La date du 15 septembre ne concerne ni le Panama ni le Bélize, mais tous les autres États d’Amérique centrale fêtent leur indépendance le même jour en souvenir du 15 septembre 1821, jour où la capitainerie générale du Guatemala, qui chapeautait l’Amérique centrale au nom de la Couronne espagnole, a déclaré son indépendance. Ce Día de la Independencia, correspond dans chacun d’eux à la fête nationale.
En vérité, les différente composante de cette entité politique ont obtenu leur indépendance à l’égard de Madrid mais sont restées regroupée au sein d’une entité politique plus vaste. Après avoir été très brièvement intégré à l’Empire mexicain d'Iturbe, les anciens territoires de la capitainerie générale du Guatemala ont formé les Provinces Unies d'Amérique centrale, une république fédérale basée sur le modèle des États-Unis, avec pour capitale d’abord Guatemala puis San Salvador. Formée en 1823, elle a duré jusqu’en 1839. Le Nicaragua déclara son indépendance dès 1838. Le Costa Rica et le Honduras lui ont emboîté le pas et la République s’est effondrée avec le départ du Salvador puis du Guatemala en novembre 1839, date de la véritable indépendance de chacun des cinq États concernés.
La célébration commence un jour avant la fête réelle – le 14 septembre avec l’"Antorcha de la Independencia" – un relais de torche commémorant un événement historique datant de 1821 quand María Dolores Bedoya a couru dans les rues du Guatemala portant une torche comme symbole de la liberté future. Aujourd'hui, cinq pays d'Amérique centrale reconstituent l'acte héroïque. Au Guatemala, le relais implique toutes les régions alors que les coureurs sont encouragés par de grandes foules qui se rassemblent le long de la route. Le sommet de la célébration tombe le 15 septembre – le jour même de l'indépendance. La course de la torche part du Monument aux Próceres ubicado au Guatemala, et se termine au Costa Rica, dans la ville de Cartago, qui était la capitale du Costa Rica, à l’époque.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 septembre 2024
7 décembre : en Colombie, des bougies en hommage à la Vierge ; au Guatemala, on chasse le diable
La veille de la fête catholique de l’Immaculée conception, les Colombiens ont pris l’habitude d’allumer des lampions pourvus d’une petite bougie à placer devant sa maison. Au Guatemala, chaque 7 décembre, les familles se rassemblent à 18h devant leurs maisons et font des feux de joie pour brûler des effigies de Satan.
La veille de la fête catholique de l’Immaculée conception, les Colombiens ont pris l’habitude d’allumer des lampions pourvus d’une petite bougie. L’usage veut que ces bougies et lanternes puissent être vues partout. Chaque 7 décembre, au soir, on les installe devant les maisons, sur les porches, les balcons, les fenêtres, les rues, les trottoirs, les places, les parcs. Dans certaines villes, c’est un véritable de lanternes et de bougies sont organisés par les municipalités. Cette veille du 8-Décembre est connue comme El día de las velitas ou noche de las velitas, car les festivités ont lieu la nuit qui précède la fête de l'Immaculada Concepción de la Virgen María, jour férié comme dans la plupart des pays d’Amérique latine. Cette fête marque le début de la saison de Noël, on prépare les premier buñuelo (beignet de Noël). Bogota est entièrement décorée, et de nombreuses familles passent la soirée dans les rues à admirer les éclairage de Noël et à visiter des crèches des églises, des concerts de chants de Noël et d'autres spectacles ont lieu en plein air. Les magasins, centres commerciaux, musées et autres lieux publics prolongent généralement leurs heures d’ouverture le soir du 7 décembre.…
En France, la ville de Lyon organise chaque 8 décembre, une fête des lumières qui, à l’origine, se limitait à quelques bougies sur le rebord des fenêtres mais qui a prix l’allure d’un festival attirant deux millions de visiteurs.
Au Guatemala, cette veillée s’est transformée en une célébration magico-religieuse : le feu du Diable (Quema del diablo). Chaque 7 décembre, les familles se rassemblent à 18h devant leurs maisons et font des feux de joie pour brûler des effigies de Satan. On pense que ce rituel purifie les maisons du mal. On laisse les enfants jouer avec le feu, les marchands de feu d’articice envahissent les rues. Ce soir-là, on brûle un peu tout et n’importe quoi ce que dénoncent les écologistes locaux.
La tradition de brûler le diable semble être apparue à l’époque coloniale, plusieurs siècles avant que l’Église n’invente la fête qui sera célébrée demain. En effet, la fête de l'Immaculada Concepción de la Virgen María, repose sur un dogme qui fut proclamé comme tel par le pape Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854. On peut citer ailleurs dans le monde d’autres cérémonials de purification comme Tchaharchanbé-Souri , Trndez ou Walpurgis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2023
12 octobre : la fête de l'Espagne et du monde hispanique
Christophe Colomb ayant « découvert », sans le savoir, l’Amérique un 12 octobre, cette date a été choisie pour célébrer l’Hispanité. C’est un jour férié en Espagne, mais c’est aussi une célébration contestée par les descendants des populations autochtones qui, eux, célèbrent cette année 530 ans de résistance.
« L’orgueil d’être Espagnol » affirme un slogan, « Il n’y a rien à célébrer » répond un autre, les deux affiches, l’une espagnole, l’autre latino-américaine, font figurer la silhouette d’une caravelle, celle de Christophe Colomb « découvrant », sans le savoir, l’Amérique le 12 octobre 1492. Cette date a été choisie pour célébrer l’Hispanité, dès 1914 en Espagne (Día de la Fiesta Nacional de España y Día de la Hispanidad), en 1917 en Argentine, puis dans tous les pays de langue espagnole. En 1958, le régime de Franco en fait une célébration officielle : le Dia de la Raza (race). En 1987, le 12 octobre devient la fête nationale de l’Espagne, pays dont l’identité est indissociable de son rapport au monde hispanophone. Parlée dans de très nombreux États, la langue espagnole est la deuxième langue la plus influente au monde. Ainsi, cette fête est à la fois celle de l’Espagne et celle de sa culture exportée par-delà les mers. Au cours du XXe siècle, 12 octobre est même devenu un jour férié dans toute l’Amérique de langue espagnole. Un renversement de perspective a commencé à s’opérer en 1992, l’année du 5e centenaire de la découverte. La découverte de quoi ? et pour qui ? s’est interrogée une partie de la population du sous-continent qui commence, cinq siècles après le traumatisme de la conquête, à réémerger. Au Mexique, la date est marquée par des manifestations contradictoires qui se sont souvent terminées par des violences. En Argentine, le Dia de la Raza est devenu, prudemment, celui de « la diversité culturelle ». Au Venézuela, comme au Guatemala, c’est depuis 2002, celui de la « résistance indigène »…
Ce Jour de l’hispanité (Dia de la hispanidad) est donc férié en Espagne mais, du fait de l’ambiguïté de la date choisie, la gauche espagnole aurait préféré comme fête nationale de l’Espagne le 6 décembre, en référence à ce jour de 1978 où fut adoptée la constitution qui a mis définitivement fin à la dictature du général Franco.
En dépit des critiques, la date du 12 octobre est, depuis 1987, la fête nationale de l’Espagne sous l’appellation de Fiesta de España y la Hispanidad. Chaque année une région est invitée à Madrid (cette année, les villes autonomes de Ceuta et Melilla) ainsi qu’un pays marqué par la culture hispanique est invité, en 2022, c’est le Mexique. Bien que cela ait peu à voir avec la célébration, un défilé militaire est organisé ce jour-là, auquel participent le roi, les pouvoirs de l'État et de nombreux chefs régionaux, bien qu'il y ait aussi des absences notables parmi ces derniers.
Depuis 1980, le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA-Nitassinan) célèbre chaque année une Journée de solidarité avec des représentants autochtones des trois Amériques. Un hommage sera fait aux victimes de 530 ans de résistance dans les Amériques. À Paris, cette année 2022, elle sera célébrée le 16 octobre à 15h, salle Jean Dame, 17 Rue Léopold Bellan, Paris 2e. Elle se déroulera dans le cadre des célébrations des 15 ans de l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones par les Nations Unies et de la Première année de la Décennie internationale des langues autochtones de l’UNESCO (2022 - 2032).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 octobre 2022
30 juin : le Guatemala fête son armée
La date du 30 juin n’a rien de militaire à l’origine, elle célèbre l’anniversaire d’un coup d’État libéral qui, en 1871, a mis fin à une dictature
La date du 30 juin n’a rien de militaire, à l’origine, elle célèbre l’anniversaire d’un coup d’État libéral qui a mis fin à une dictature : celle mise en place par le président Rafael Carrera et poursuivie par son successeur, le maréchal Vincente Cerna. Cette administration dite de la Conservadora a été renversée par les dirigeants libéraux Miguel Garcia Granados et Justo Rufino Barrios le 30 juin 1871.
La date est associée à un bon souvenir puisque le coup d'État a ouvert la voie à la présidence Justo Rufino Barrios. Celui-ci a mis en œuvre de vastes réformes agraires, qui ont conduit à l'épanouissement national. 12 ans d’une présidence réussie. L'anniversaire du soulèvement de 1871 a été longtemps célébré comme le Jour de la Révolution.
Plus tard, le 30 juin a été renommé Jour de l'Armée (Día del Ejército) car le général Justo Rufino Barrios a aussi fondé et organisé les Forces armées guatémaltèques, dotant le pays d'une académie militaire avec formation d'officiers professionnels. Il est également à l’origine de l’École polytechnique, fondée en 1873. La célébration de la Journée de l'armée est marquée par un défilé militaire annuel, généralement organisé à Guatemala City.
Ce jour est férié. Les Guatémaltèques peuvent cette année profiter d'un long week-end à l'occasion de la fête du 30 juin, jour de l'armée.
15 septembre : 200 ans d'indépendance en Amérique centrale
Cinq États d’Amérique centrale (Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua et Costa Rica) fête aujourd’hui le bicentenaire de leur indépendance.
Aujourd’hui, cinq États d’Amérique centrale (Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua et Costa Rica) fêtent le bicentenaire de leur indépendance. Chacun a, d’ailleurs, fait du 15 septembre sa fête nationale.
Le 15 septembre 1821, le Chiapas proclamait son indépendance par rapport à l'Espagne. Cette décision est aussitôt imitée par la province du Guatemala, puis par les autres provinces qui deviendront les États que nous connaissons aujourd’hui. L’ensemble va être très vite absorbé par l’Empire du Mexique. Ensuite tous, sauf le Chiapas, vote pour se séparer du Mexique et forment, le 15 septembre 1824, les Provinces-Unies d’Amérique centrale qui éclatera en 1838 à l’issue d’une guerre civile. C’est ce dernier conflit qui a véritablement fait apparaître les cinq États sur la carte du monde. Néanmoins, c’est la date du 15 septembre 1821 qu’ils ont tous retenu comme date d’indépendance. Dans chacun des cinq pays, ce Día de la Independencia est un jour férié, occasion de manifestations patriotiques tant officielles que populaires.
Cependant, les historiens invitent à relativiser l’élan populaire de 1821. La séparation politique d'avec l'Espagne découlait principalement des intérêts économiques d'une élite urbaine, qui ignorait le reste de la population.
Ce soir, le Mexique, célèbre lui aussi le « premier cri » de son indépendance, mais en référence à ce même jour de l’année 1810, un autre 15 septembre qui inspirera, onze ans plus tard, ses petits voisins.
29 décembre : drôle de paix au Guatemala
Comme chaque 29 du mois, dans une cour du palais présidentiel, la rose de la paix est échangée avec une fleur fraiche. Une personnalité a été spécialement invitée pour cela, elle repartira avec l’ancienne rose, fanée, et le titre d’ambassadeur de la Paix…
Comme chaque 29 du mois, dans une cour du palais présidentiel, la rose de la paix est échangée avec une fleur fraiche. Une personnalité a été spécialement invitée pour cela, elle repartira avec l’ancienne rose, fanée, et le titre d’ambassadeur de la Paix. Des personnages comme le Dalaï Lama ou Bam Ki Moon se sont prêtées au jeu, car l’évènement est d’importance. Il s’agit de commémorer les accords de paix du 29 décembre 1996 qui ont mit fin à 36 ans d’une sanglante guerre civile qui a fait quelque 200 000 morts et 45 000 disparus, et ravagé le Guatemala.
En ce jour anniversaire, la cérémonie est complétée par un office catholique, une cérémonie maya et un grand concert, en soirée, organisé par le ministère de la Paix. Ce jour est aussi l’occasion de tirer le bilan de 22 ans le paix. Certes les massacres ont cessé, mais les responsable n’ont pas été jugé, pas même Oscar Mejita, l’ancien dictateur. Les injustices sociales sont toujours criantes, plus de la moitiés des Guatémaltèques vivent sous le seuil de pauvreté et même 80% chez les Mayas. Les cartels de trafiquant de drogues font régner une autre sorte de guerre, toute aussi sanglante.